Affiliation et prestations de la sécurité sociale en Chine

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

Le système de sécurité sociale en Chine est en pleine transformation, répondant aux rapides évolutions économiques et démographiques du pays. Au fil des décennies, le gouvernement chinois a mis en place un cadre complexe d’affiliation et de prestations pour assurer un filet de protection sociale à sa population croissante.

Cependant, la diversité des besoins régionaux et les différences entre zones urbaines et rurales posent des défis uniques. Cet article explore comment la Chine parvient à gérer cette adhésion massive tout en offrant un soutien varié, allant des assurances maladies aux prestations de retraite, dans un environnement social et économique en constante mutation.

Système de protection sociale en Chine

L’évolution historique du système de protection sociale en Chine se caractérise par plusieurs étapes majeures. Jusqu’au milieu du XXe siècle, la protection sociale reposait principalement sur la solidarité familiale, où les enfants prenaient en charge les personnes âgées et inaptes au travail. Ce modèle traditionnel a progressivement cédé sa place à un système institutionnel à partir de 1949 avec l’arrivée au pouvoir de Mao Zedong. Sous le régime maoïste, un système collectif fut mis en place dans les campagnes (mutualisme puis communes populaires dès 1958) et dans les villes via des entreprises d’État offrant une couverture sociale complète aux travailleurs urbains.

À partir des années 1980, la libéralisation économique a entraîné le démantèlement progressif du modèle collectiviste : privatisations et mobilité accrue ont nécessité une réforme profonde du système social. Dès 1997-1998, face à la montée des inégalités entre populations urbaines et rurales (accentuées par le système hukou), l’État chinois a instauré une série de réformes visant à étendre la couverture à l’ensemble de la population. Entre 2001 et 2009, marqués par l’entrée à l’OMC et une urbanisation rapide, d’importants programmes d’assistance ont été lancés pour couvrir aussi bien résidents urbains que ruraux.

Les piliers du système actuel

PilierDescriptionDonnées clés récentes
Assurance maladieSystème distinct pour salariés urbains (Urban Employee Basic Medical Insurance), non-salariés urbains/ruraux ; financement partagé employeurs/employés/État.Taux de couverture : environ 96% (2021)
Assurance vieillesseRégime obligatoire pour salariés urbains ; régimes spécifiques pour ruraux/non-salariés ; fonds national NSSF créé en 2000.Plus de 900 millions affiliés
Assurance chômageCouvre principalement salariés formels urbains avec conditions strictes ; financée via cotisations patronales/salariales.Moins étendue chez travailleurs migrants
Aide sociale (Dibao)Minimum vital garanti aux plus pauvres selon critères locaux ; financée localement mais coordonnée nationalement.Environ 40 millions bénéficiaires

Niveaux de gestion

La gestion s’effectue selon trois niveaux :

  • Au niveau national, élaboration des grandes orientations stratégiques (ministère des Affaires sociales), gestion partielle ou totale de certains fonds comme le NSSF.
  • Au niveau régional/provincial, adaptation réglementaire et administration opérationnelle : chaque province module taux/couvertures selon ses ressources économiques.
  • Au niveau local/municipal, identification des ayants droit (notamment pour Dibao/aides ciblées), versement effectif des prestations.

Défis actuels

Les principaux défis actuels incluent :

  • Le fort vieillissement démographique qui accroît mécaniquement les besoins financiers liés aux retraites.
  • Les importantes disparités régionales : provinces côtières riches offrent souvent une meilleure couverture que régions intérieures moins développées.
  • La fragmentation persistante entre systèmes rural/urbain malgré leur rapprochement progressif.

Financement

En ce qui concerne le financement :

  • L’essentiel provient des cotisations sociales obligatoires prélevées sur salaires/employeurs.
  • Le Fonds national NSSF joue un rôle d’amortisseur financier stratégique grâce aux apports budgétaires centraux ainsi qu’à ses investissements.

Impact économique et social

  • Pourcentage couvert par au moins un pilier : plus de 95 % adultes chinois
  • Montant total dépensé annuellement : plusieurs milliers de milliards RMB
  • Effet notable sur la réduction extrême pauvreté urbaine/rurale depuis deux décennies

Les enjeux futurs résident dans l’équilibre budgétaire face au vieillissement accéléré, l’unification effective entre systèmes ruraux/urbains afin d’assurer équité territoriale ainsi que le renforcement durable du filet social face aux mutations économiques rapides.

Bon à savoir :

Le système de protection sociale en Chine, bien qu’étant un pilier central du bien-être des citoyens, a connu plusieurs réformes significatives depuis sa création. Initialement centré sur les travailleurs urbains, il s’est progressivement étendu aux résidents ruraux, notamment après les réformes économiques des années 1980. Ce système repose sur des piliers tels que l’assurance maladie universelle, l’assurance vieillesse, l’assurance chômage, et des programmes d’aide sociale pour les plus démunis. Administré à divers niveaux, le système national élabore des directives, tandis que les régions et les localités ajustent les prestations selon leurs besoins spécifiques, ce qui pose défi de taille avec les disparités régionales existantes. Malgré une couverture étendue, avec environ 95% de la population étant affiliée à une forme d’assurance maladie, le financement reste une préoccupation, notamment face au rapide vieillissement de la population. Ce vieillissement affecte la viabilité économique des programmes de retraite et augmente la pression sur le budget national. Des disparités demeurent également entre les services ruraux et urbains, soulignant la nécessité d’une réforme continue pour maintenir l’équilibre social et économique.

Affiliation et cotisations pour les expatriés

Critères d’admissibilité pour l’affiliation à la sécurité sociale chinoise :

Tout expatrié employé par une entreprise basée en Chine est soumis à l’obligation d’affiliation à la sécurité sociale chinoise.

Les conditions d’emploi incluent :

  • Être âgé d’au moins 18 ans et en bonne santé.
  • Posséder les compétences et l’expérience professionnelle requises pour le poste.
  • Ne pas avoir de casier judiciaire.
  • Avoir un employeur en Chine et un passeport ou document de voyage valide.

L’affiliation concerne toutes les branches de la sécurité sociale, sauf exceptions prévues par certains accords bilatéraux.

Les auto-entrepreneurs et travailleurs indépendants ne sont généralement pas concernés par cette obligation.

Procédures d’enregistrement et documents requis :

L’employeur est responsable de l’enregistrement du salarié expatrié auprès des autorités locales de sécurité sociale.

Documents habituellement nécessaires :

  • Passeport ou document de voyage
  • Permis de travail valide
  • Contrat de travail
  • Formulaire d’inscription à la sécurité sociale rempli
  • Photographies d’identité
  • Attestation de résidence ou de logement

Selon la province ou la municipalité, des documents complémentaires peuvent être exigés.

Types de prestations accessibles aux expatriés affiliés :

Branche de la Sécurité SocialeDroit pour les expatriés
Assurance retraiteOui
Assurance maladieOui
Assurance chômageOui
Assurance maternitéOui
Assurance accident du travailOui
Fonds de logement (Housing Fund)Non (exemptés)

Les expatriés bénéficient donc des principales couvertures : retraite, maladie, chômage, maternité, accident du travail.

Le fonds de logement n’est pas obligatoire pour les étrangers.

Obligations de cotisation :

Les taux de cotisation s’appliquent sur la même assiette que pour les salariés chinois, mais varient selon la région.

Répartition indicative des cotisations :

ContributeurTaux moyen de cotisation
Employeur~32 %
Employé~10 %

Les modalités précises (taux, plafonds, assiettes) diffèrent selon la ville (ex : Pékin, Shanghai, Canton).

Différences selon le statut de résident ou d’emploi :

Les expatriés titulaires d’un contrat local sont soumis à l’intégralité des obligations de cotisation.

Les travailleurs détachés ou employés de filiales étrangères peuvent, sous certaines conditions (accords bilatéraux), être exemptés de cotisation à certains régimes.

Le régime ne s’applique pas toujours de la même manière aux expatriés selon leur type de visa, leur contrat ou leur durée de séjour.

Exceptions et accords bilatéraux :

Certains pays bénéficient d’accords bilatéraux permettant d’éviter la double cotisation (exonération temporaire ou partielle).

En l’absence d’accord, l’affiliation est obligatoire et s’applique à l’ensemble des branches de la sécurité sociale chinoise.

Il est conseillé de vérifier la situation auprès de l’ambassade ou du service RH de l’entreprise.

À retenir :

L’affiliation à la sécurité sociale chinoise est une obligation légale pour la majorité des expatriés salariés en Chine. L’employeur gère l’enregistrement et le versement des cotisations, qui ouvrent droit à des prestations similaires à celles des salariés chinois, à l’exception du fonds de logement. Les modalités et taux varient selon la région, et des exceptions existent en présence d’accords internationaux.

Bon à savoir :

Pour s’affilier à la sécurité sociale en Chine, les expatriés doivent généralement avoir un contrat de travail avec une entreprise enregistrée localement, remplissant ainsi les critères d’admissibilité. La procédure d’enregistrement nécessite la soumission de documents tels que le passeport, le permis de travail, et une preuve de résidence. Une fois affiliés, ils peuvent bénéficier de prestations comme l’assurance maladie et retraite, mais les cotisations sont obligatoires à la fois pour l’employeur et l’employé, avec des taux variant selon la province. Les distinctions existent pour les résidents temporaires qui peuvent être exemptés ou soumis à des accords bilatéraux, influençant leur obligation de cotisation. Par exemple, un expatrié sous contrat avec une entreprise située dans une zone à statut spécial pourrait bénéficier d’une réglementation différente concernant la sécurité sociale.

Prestations sociales en Chine : un aperçu

Le système de prestations sociales en Chine s’articule autour de cinq principales assurances obligatoires et d’un fonds de logement, avec une couverture qui s’étend à la majorité des travailleurs urbains et, progressivement, aux populations rurales. Ces dispositifs visent à offrir une protection sociale fondamentale face aux principaux risques de la vie.

Composantes majeures du système chinois

PrestationDescription
Assurance retraiteVersement d’une pension après l’âge légal (généralement 60 ans pour les hommes, 55 ans pour les femmes) financée par des cotisations partagées entre employeur et salarié.
Assurance maladiePrise en charge partielle ou totale des frais médicaux (consultations, hospitalisation), avec différents régimes pour urbains salariés, non-salariés et ruraux.
Assurance chômageAllocation temporaire en cas de perte involontaire d’emploi sous conditions d’affiliation préalable.
Assurance maternitéCouverture financière pendant le congé maternité comprenant indemnités journalières et remboursements médicaux associés à la grossesse/naissance.
Accidents du travailIndemnisation en cas d’accident ou maladie professionnelle liée au poste occupé ; prise en charge médicale spécialisée et compensations financières selon la gravité du préjudice subi.
Fonds logementCotisation obligatoire permettant l’accès facilité à un crédit immobilier ou au paiement direct du logement principal.

Financement et administration

  • Les prestations sont principalement financées par des cotisations obligatoires :
    • L’employeur supporte généralement une part plus importante que le salarié.
    • Les taux varient considérablement selon les villes (par exemple : Pékin vs Shanghai), mais oscillent fréquemment entre 30% et 40% du salaire brut répartis sur l’ensemble des assurances.
  • Le système est administré localement sous supervision nationale :
    • Chaque municipalité gère ses propres fonds sociaux via les bureaux locaux de sécurité sociale.
    • L’État central édicte le cadre réglementaire général (Social Insurance Law), mais laisse une grande autonomie aux provinces concernant l’application concrète.

Disparités régionales

  • La couverture est quasi universelle dans les grandes villes côtières ; elle demeure lacunaire dans certaines zones rurales ou peu développées.
  • Le montant réel des pensions ou allocations varie fortement : un retraité urbain peut percevoir jusqu’à dix fois plus qu’un retraité rural.
  • Environ 1 milliard de personnes bénéficiaient début 2025 d’au moins une forme d’assurance sociale officielle ; cependant, seule environ 60 % disposent encore aujourd’hui d’une assurance santé complète couvrant soins ambulatoires ET hospitaliers.

Défis actuels & réformes récentes

Principaux défis :

  • Vieillissement rapide (plus de 280 millions de Chinois ont plus de 60 ans).
  • Financement structurellement fragile dans certaines régions pauvres : déséquilibre entre cotisants actifs / bénéficiaires croissant.
  • Disparités persistantes ville/campagne malgré plusieurs vagues successives «d’égalisation» depuis les années 2010.

Réformes récentes marquantes :

  • Extension progressive aux travailleurs migrants internes («mingong»), longtemps exclus du plein bénéfice social.
  • Développement accéléré des services publics pour personnes âgées (objectif : >80 % lits médicalisés dans tout nouvel établissement).
  • Introduction dès juillet 2025 d’un nouveau régime social harmonisé pour expatriés travaillant officiellement sur place — alignement progressif sur le droit commun national afin de renforcer attractivité internationale.

À retenir

Le modèle chinois reste très centralisé quant au pilotage stratégique mais laisse subsister une forte hétérogénéité locale tant sur la générosité que sur la gestion administrative quotidienne — ce qui explique nombre des tensions sociales actuelles autour notamment du vieillissement démographique rapide.

Comparaison succincte avec quelques autres pays

PaysModèle dominantSpécificités
ChineAssurances multiples publiques locales + fonds logementHétérogénéité régionale forte ; extension progressive rurale
FranceSécurité sociale nationale universelleCentralisée ; financement mixte État/employeurs/salariés
États-UnisSystème fragmenté public/privéFilets publics limités hors retraites/familles modestes

Les disparités interrégionales font partie intégrante du paysage chinois actuel alors que se poursuit l’effort politique vers davantage « d’équité territoriale ».

Bon à savoir :

Le système de prestations sociales en Chine comprend l’assurance maladie, l’assurance chômage, les prestations de retraite et l’aide sociale, principalement administrées par des institutions gouvernementales et financées par des cotisations des employeurs, des employés et des subventions publiques. Bien que des réformes récentes aient cherché à améliorer sa couverture, des défis subsistent, notamment des disparités significatives entre les zones urbaines et rurales, où l’accès aux services sociaux peut varier grandement. Par exemple, en 2022, la couverture d’assurance maladie urbaine atteignait 90% de la population en milieu urbain, tandis que les zones rurales peinaient à atteindre le même niveau. Comparé à des pays scandinaves, le système chinois est encore en développement et cherche à renforcer son efficacité et sa portée. Les réformes récentes visent parfois à centraliser les ressources pour réduire les inégalités et améliorer les services, mais ces efforts doivent faire face à des contraintes budgétaires et à une population vieillissante croissante.

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A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Cyril Jarnias est un expert indépendant en gestion de patrimoine internationale avec plus de 20 ans d'expérience. Expatrié, il se consacre à aider les particuliers et les chefs d'entreprise à construire, protéger et transmettre leur patrimoine en toute sérénité.

Sur son site cyriljarnias.com, il développe son expertise sur l’immobilier international, la création de société à l’étranger et l’expatriation.

Grâce à son expertise, il offre des conseils avisés pour optimiser la gestion patrimoniale de ses clients. Cyril Jarnias est également reconnu pour ses interventions dans de nombreux médias prestigieux tels que BFM Business, les Français de l’étranger, Le Figaro, Les Echos ou encore Mieux vivre votre argent, où il partage ses connaissances et son savoir-faire en matière de gestion de patrimoine.

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