Investir dans l’immobilier en Papouasie-Nouvelle-Guinée : potentiel, risques et modes d’emploi

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

L’immobilier en Papouasie-Nouvelle-Guinée est souvent décrit comme l’un des derniers « marchés frontières » d’Asie-Pacifique. Derrière l’image d’un pays complexe, marqué par une géographie difficile et une économie très dépendante des ressources naturelles, se cache un marché foncier à la fois tendu, prometteur et, pour les investisseurs avertis, potentiellement très rentable. Mais investir dans la pierre en Papouasie-Nouvelle-Guinée suppose de bien comprendre trois réalités : la structure foncière dominée par la coutume, la forte pression démographique urbaine, et un cadre juridique et financier parfois déroutant pour un investisseur étranger.

Un marché en tension, entre pénurie de logements et boom des projets

Le point de départ est paradoxal : la Papouasie-Nouvelle-Guinée affiche une urbanisation encore faible, avec seulement 13 à 14 % de la population vivant en ville, alors que le pays compte environ 9,4 à 10,7 millions d’habitants. Pourtant, les grandes agglomérations comme Port Moresby et Lae sont déjà confrontées à une grave pénurie de logements décents. La demande de logements explose sous l’effet de la croissance démographique (environ 2,7 % par an) et de l’exode rural, alors que l’offre formelle reste limitée et chère.

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Le pourcentage que peut atteindre le remboursement hypothécaire par rapport au revenu à Port Moresby, illustrant un écart abyssal entre le coût du logement et les salaires.

Cette pression se traduit par une expansion spectaculaire des établissements informels. Dès 2010, un profil urbain de l’ONU-Habitat estimait à environ 45 % la part de la population de Port Moresby vivant dans des quartiers non planifiés. Ces secteurs, installés tantôt sur des terres de l’État, tantôt sur des terres coutumières, souffrent d’un manque d’eau, d’électricité, de routes et de sécurité juridique. Aujourd’hui encore, la demande de logements « abordables » dépasse largement l’offre, ce qui alimente la hausse des prix et la progression continue des bidonvilles.

Bon à savoir :

Le marché immobilier en Papouasie-Nouvelle-Guinée suit les cycles des grands projets d’extraction. Le projet PNG LNG (2010-2015) a provoqué une flambée des prix (15-20% par an) et des loyers très élevés, suivie d’un ajustement à la baisse jusqu’en 2019 puis d’un tassement pendant la pandémie. Depuis 2023, de nouveaux projets (Papua LNG, Wafi-Golpu) relancent le marché, avec des projections de +5 à 8% d’appréciation annuelle à Port Moresby, et plus dans les zones des chantiers.

Une structure foncière unique : 97 % de terres coutumières

Pour comprendre ce marché, il faut d’abord saisir la spécificité du système foncier. La Papouasie-Nouvelle-Guinée se distingue par une prépondérance presque totale de la propriété coutumière : environ 97 % des terres appartiennent à des clans ou des tribus, en vertu de règles traditionnelles variables selon les régions. Ces terres ne peuvent, en principe, ni être vendues définitivement, ni être détenues en pleine propriété par des étrangers. À l’inverse, seules environ 3 % des terres sont dites « aliénées » : ce sont les parcelles passées sous le régime formel de l’État, soit comme terres domaniales, soit comme titres privés ou baux de longue durée.

Astuce :

Pour un investisseur immobilier, il existe deux univers distincts : les terres de l’État, souvent en milieu urbain, louables via des baux de 99 ans (State Leases) enregistrés dans un système de type Torrens, et les vastes terres coutumières, où l’investissement direct est complexe, voire impossible pour un étranger sans recourir à un mécanisme d’enregistrement ou d’intermédiation.

L’État a tenté, au fil des années, d’ouvrir une partie de ce foncier à l’économie formelle. Des dispositifs comme l’Incorporated Land Group (ILG) et le Voluntary Customary Land Registration (VCLR) ont été mis en place pour permettre aux groupes coutumiers de s’incorporer, d’enregistrer leurs parcelles, puis de signer des baux ou des partenariats avec des investisseurs. Théoriquement, ces outils peuvent générer un développement « gagnant-gagnant » : les propriétaires coutumiers sécurisent leurs droits et monétisent leurs terres, l’État voit se développer logements et infrastructures, les investisseurs obtiennent un cadre juridique plus clair.

Attention :

Le processus de VCLR, avec jusqu’à 17 étapes et 7 agences impliquées, peut durer de plus d’un an à quatre ans. Les litiges, les systèmes d’information incomplets et les risques de corruption (ventes multiples, titres dupliqués) poussent les promoteurs à privilégier les terrains de l’État, malgré des prix élevés et de longs délais administratifs.

Un cadre juridique en évolution, mais encore fragile

Sur le plan légal, la Papouasie-Nouvelle-Guinée combine une constitution qui protège fortement les droits fonciers, un ensemble de lois spécifiques (Land Act, Land Registration Act, Land Disputes Settlement Act, Investment Promotion Act, etc.) et un recours fréquent au droit coutumier. La Constitution, adoptée à l’indépendance, reconnaît les droits fonciers coutumiers et interdit la privation arbitraire de propriété. Le Land Act de 1996 organise l’acquisition de terres par l’État et l’octroi de baux, tandis que le Land Registration Act de 1981 encadre l’enregistrement des titres.

Exemple :

Les projets Duran Farm et certaines initiatives de logements publics à Port Moresby illustrent les risques liés à l’absence de cadre réglementaire. Ils se caractérisent par des objectifs ambitieux, des difficultés de réalisation, des soupçons sur les titres fonciers et des retards colossais, laissant les acheteurs sans recours clair en cas d’abandon de chantier ou de faillite du promoteur.

Ensuite, le manque de politique nationale d’aménagement du territoire et d’habitat. Si un National Urbanisation Policy 2010-2030 a été adopté et que le pays travaille avec l’ONU-Habitat dans le cadre de programmes de rénovation des quartiers précaires, il n’existe toujours pas de politique nationale du logement pleinement appliquée, ni de politique d’utilisation des sols actualisée et opérationnelle. Cela se traduit sur le terrain par des constructions qui contournent les règlements d’urbanisme et les codes de construction, même lorsqu’ils existent, et par une incapacité de l’État à maîtriser l’expansion des établissements informels.

Bon à savoir :

Le gouvernement a lancé la numérisation du registre foncier au DLPP pour limiter fraudes et erreurs. Une loi sur la copropriété (strata titles) a été préparée pour permettre la vente et la gestion d’unités individuelles dans un immeuble, facilitant ainsi le développement résidentiel et la protection des acheteurs, malgré des retards dus à la pandémie.

Foreigners et accès à la propriété : bail, sociétés et certification

Pour un investisseur étranger, la règle clé est simple : seule une citoyenne ou un citoyen de Papouasie-Nouvelle-Guinée peut détenir directement du foncier en pleine propriété. Les étrangers ne peuvent ni acheter de terres coutumières, ni – sauf cas historiques très limités – posséder du freehold. En pratique, trois voies principales s’offrent à eux pour investir dans l’immobilier :

Exemple :

En Papouasie-Nouvelle-Guinée, l’État peut octroyer des baux domaniaux (State Leases) d’une durée allant jusqu’à 99 ans à des personnes physiques ou morales, y compris étrangères sous autorisation. Ces baux, susceptibles d’être cédés ou sous-loués avec l’accord du ministre des Terres et souvent du Land Board, constituent le mécanisme principal de développement des grands ensembles résidentiels privés, comme l’illustrent les projets EDAI Town ou Harbour City à Port Moresby.

La deuxième consiste à constituer une société de droit papou, parfois en coentreprise avec un partenaire local. Le droit des investissements, via l’Investment Promotion Act, impose aux « foreign enterprises » d’obtenir un certificat délivré par l’Investment Promotion Authority (IPA). Cette certification suppose un investissement minimum – typiquement autour de 100 000 kina – et interdit d’intervenir dans certains secteurs réservés aux nationaux. Une fois la société enregistrée, celle-ci peut détenir des baux, acheter des immeubles, signer des contrats de location, etc.

Attention :

La troisième voie, plus sensible, concerne les projets sur terres coutumières via des ‘business leases’ ou le National Land Development Program (NLDP). Ces montages, associant ILG, enregistrement volontaire (VCLR) et bail domanial de reversion, exigent une expertise juridique fine, une médiation solide avec les communautés et un suivi administratif serré pour éviter les contestations ou revendications de compensation ultérieures.

Dans tous les cas, un investisseur non-résident doit obtenir une certification de l’IPA, faire approuver les transactions importantes par le ministre des Terres, et respecter les contrôles de change gérés par la Banque centrale. Les opérations supérieures à un certain seuil en devises font l’objet de procédures de diligence renforcées, notamment depuis de nouvelles directives de contrôle des changes.

Étude de cas : EDAI Town, une ville nouvelle privée

Au milieu de ce paysage complexe, certains projets illustrent ce qu’un partenariat bien structuré peut produire. EDAI Town, au nord-ouest de Port Moresby, en est un exemple emblématique. Porté par JC-KRTA Consulting Group (PNG) Ltd en association avec les propriétaires coutumiers du village de Boera, ce projet de ville nouvelle est développé sur des terres domaniales situées à environ 22 kilomètres de la capitale, entre le dockyard de PNG (9 km) et le site du projet PNG LNG (6 km).

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Durée en années des baux d’État octroyés pour le développement d’EDAI Town en 2014.

Le montage financier repose sur un mécanisme de Lessor/Sub-Lease juridiquement contraignant, proposé aux acheteurs. Ce mécanisme ouvre droit, pour les acquéreurs éligibles, au First Home Ownership Scheme Loan de Bank South Pacific (BSP), un programme public de prêts immobiliers abordables. Pour un package terrain + maison de deux chambres à EDAI Town, le prix cible pouvait atteindre 420 000 kina, montant finançable dans le cadre du dispositif. Une étude a montré que, pour la première phase, les infrastructures primaires (routes, réseaux, etc.) représentaient environ 30 % du coût total du projet, soit plus de 12 millions de kina. Ces chiffres donnent une idée du poids des coûts d’infrastructure dans un pays où la quasi-totalité des matériaux et des équipements sont importés et où l’électrification reste très partielle.

Bon à savoir :

Ce type de projet met en lumière plusieurs éléments essentiels : l’importance stratégique de la localisation (à proximité d’un grand projet gazier et d’un dock industriel), le rôle clé des baux domaniaux de longue durée, la possibilité de lier promotion immobilière privée et programmes publics de financement, et la nécessité d’investir massivement dans les réseaux de base pour rendre viables des lotissements de grande taille.

Prix, loyers et rendements : un marché dual

Les données disponibles montrent un marché profondément segmenté. Dans les quartiers centraux de Port Moresby – le « Town » historique, Touaguba Hill, Paga Hill, Ela Beach – les prix de vente pour des résidences de haut standing peuvent aller de 4 à 8 millions de kina pour une villa ou un appartement de grand luxe. À Boroko ou Korobosea, un pavillon de trois chambres peut se négocier entre 800 000 et 2 millions de kina. Dans des quartiers plus populaires comme Gerehu ou Hohola, une maison de trois chambres « modeste » peut encore coûter entre 900 000 et 1,5 million de kina, selon des témoignages récents d’acteurs locaux.

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Loyer mensuel médian pouvant dépasser 13 000 kina pour un appartement trois chambres au centre-ville en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Les tableaux ci-dessous donnent un aperçu de quelques ordres de grandeur, en synthétisant plusieurs sources récentes.

Ordres de grandeur des prix de vente par type de bien (Port Moresby et Lae)

Zone / VilleType de bienFourchette indicative de prix (PGK)
Touaguba / Paga Hill (Port Moresby)Résidence haut de gamme4 000 000 – 8 000 000
Waigani / Hohola (Port Moresby)Immeuble de bureaux3 000 000 – 15 000 000
Boroko / Korobosea (Port Moresby)Maison 3 chambres800 000 – 2 000 000
Gerehu / Hohola (Port Moresby)Maison 3 chambres « standard »900 000 – 1 500 000 (témoignages)
Lae (Eriku / Top Town)Maison ou immeuble résidentiel600 000 – 1 500 000
Lae (zones industrielles)Entrepôt / bâtiment industriel1 200 000 – 3 000 000

Niveaux de loyers mensuels observés (Port Moresby, tendances agrégées)

Type de bien / localisationLoyer mensuel médian (PGK)Fourchette courante (PGK)
1 chambre – centre-ville9 000 – 12 8004 000 – 20 500
1 chambre – hors centre2 0001 000 – 3 000
3 chambres – centre-ville13 000 – 14 4004 500 – 50 000
3 chambres – hors centre3 000 – 3 5001 500 – 5 500

Sur le plan des rendements, les estimations varient selon les segments. Certains travaux mettent en avant des rendements bruts faibles (autour de 1,4 à 2,5 %) si l’on compare les prix surélevés aux loyers moyens. D’autres, en particulier dans des guides destinés aux investisseurs étrangers, annoncent des niveaux bien plus élevés, allant de 8 à 12 % pour le résidentiel premium à Port Moresby, jusqu’à 18 à 25 % et plus pour des hébergements de personnel dans les zones de projets miniers ou gaziers. Cette divergence reflète la dualité du marché : d’un côté des produits surcotés, parfois acquis pour la spéculation ou par des entreprises cherchant des solutions rapides pour leurs employés ; de l’autre des segments plus rationnels où le rendement locatif est effectivement très élevé, mais souvent assorti de risques opérationnels plus forts (sécurité, isolement, dépendance à un site extractif unique).

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Montant en kina pour lequel des simulations montrent qu’un loyer attractif peut conduire à une trésorerie négative si le taux d’occupation est insuffisant.

Financement : un marché dominé par le cash et quelques dispositifs ciblés

Autre spécificité majeure : la rareté des financements immobiliers, surtout pour les développeurs privés et les investisseurs étrangers. Les banques locales – Bank South Pacific (BSP), Kina Bank, ANZ, Westpac PNG – proposent des crédits immobiliers, mais les conditions sont souvent exigeantes : taux d’intérêt de l’ordre de 8 à 15 % l’an, apport personnel de 30 à 50 %, garanties solides. Pour les non-résidents, l’accès au crédit local est très limité ; la plupart des transactions d’investisseurs internationaux se font au comptant ou via des financements obtenus à l’étranger, ce qui implique de composer avec les restrictions de change et les délais d’approbation de la Banque centrale.

Bon à savoir :

Le programme principal est le First Home Ownership Scheme (FHOS), géré par BSP. Il propose des prêts de 200 000 à 400 000 kina à un taux fixe de 4% sur 40 ans, sous conditions : apport de 10%, emploi stable et résidence principale. Fin 2019, il avait aidé environ 850 bénéficiaires pour 1 000 maisons. D’autres options existent (prêts à ~6,95% chez Kina Bank, avances des caisses de retraite), mais les prix excluent encore la majorité de la population.

Les développeurs, eux, se heurtent à un autre mur : peu de programmes de financement bancaire dédiés aux projets résidentiels privés, des coûts de construction élevés liés à la main-d’œuvre qualifiée importée et à l’absence d’industries locales de matériaux, des frais de transaction gonflés par l’insécurité juridique et la nécessité de diligences approfondies. Il n’est pas rare que plus de dix ans s’écoulent entre l’acquisition d’un terrain vierge et la mise en vente des lots résidentiels, ce qui accroît les besoins de trésorerie et la vulnérabilité aux cycles économiques.

Fiscalité et coûts de transaction : un environnement à bien chiffrer

Du point de vue fiscal, l’investissement immobilier en Papouasie-Nouvelle-Guinée repose sur quelques grands piliers. D’abord les droits de timbre (stamp duty) prélevés sur les transferts de propriété ou les cessions de bail. La grille est progressive : autour de 2 % pour les faibles montants, puis 3, 4 et 5 % au-delà de 140 000 kina. Pour un investisseur étranger, on retient généralement un taux de 2 % sur les transferts simples, et 1 % pour les cessions de bail, mais les modalités doivent être vérifiées au cas par cas auprès de l’Internal Revenue Commission.

Bon à savoir :

Les sociétés résidentes sont imposées à 30% sur leurs revenus locatifs, avec des taux plus élevés pour les secteurs minier et pétrolier. Les particuliers sont soumis à un barème progressif pouvant atteindre 42%. Il n’existe pas d’impôt spécifique sur les plus-values, mais une cession répétée de biens immobiliers peut être requalifiée en activité commerciale, rendant les gains imposables au titre de l’impôt sur le revenu.

À cela s’ajoutent un loyer foncier annuel versé à l’État, généralement autour de 5 % de la valeur non améliorée du terrain (unimproved value), la taxe sur les biens et services (GST) de 10 % applicable aux locations commerciales, et divers frais annexes : honoraires d’avocat, commissions d’agence immobilière (avec une échelle glissante de 5 % sur les premiers paliers, puis 3 %, puis de nouveau 5 % sur le solde), frais d’enregistrement – modestes en eux-mêmes mais à additionner –, coûts de levés topographiques et de bornage.

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Les coûts de transaction pour un investisseur étranger sont estimés entre 5 et 10 % du prix d’achat, hors coûts d’exploitation récurrents.

Risques structurels : foncier, sécurité, gouvernance

L’immobilier en Papouasie-Nouvelle-Guinée peut offrir des rendements théoriques très supérieurs à ceux de marchés mûrs, mais il expose aussi à une série de risques spécifiques que les études insistent à ne pas sous-estimer.

La « mentalité de compensation » est souvent évoquée : des descendants réclament réparation des années après des transactions légalement conclues, au motif que leurs ancêtres n’auraient pas perçu un prix équitable. Les terrains coutumiers sont encore plus exposés, surtout lorsque tous les membres du clan n’ont pas donné leur consentement exprès.

Observateurs des enjeux fonciers

Vient ensuite l’environnement institutionnel. Le pays a reculé dans certains classements internationaux sur la facilité de faire des affaires, et la lourdeur bureaucratique est régulièrement soulignée. La rotation fréquente des ministres, la réorganisation des services fonciers, les lenteurs d’examen des dossiers au Land Board ou au DLPP peuvent allonger considérablement les délais. Dans certains cas, une simple modification de gouvernance au sein d’un ministère a conduit à la révision ou au redémarrage de multiples demandes en cours.

Attention :

La situation sécuritaire dans les grandes villes, marquée par une criminalité élevée, des violences intertribales et des tensions sociales, impose comme standard pour les biens destinés aux expatriés ou aux cadres la mise en place de systèmes de sécurité robustes (gardiens 24/7, clôtures électriques, caméras, contrôle d’accès), ce qui alourdit considérablement les charges d’exploitation.

Enfin, la dépendance de l’économie aux cycles des matières premières crée une volatilité propre au marché immobilier. Un projet minier majeur ou un chantier de LNG peut propulser brutalement la demande pour des logements de qualité dans une région donnée, faire grimper les loyers et les valeurs, avant qu’un ralentissement, un différend fiscal ou un changement de prix mondiaux ne renverse la tendance. Les investisseurs qui misent sur un seul projet ou un seul secteur géographique s’exposent ainsi à un risque de vacance ou de baisse de valeur significatif.

Des stratégies d’atténuation des risques pour les investisseurs

Face à ces défis, les analyses disponibles convergent sur plusieurs bonnes pratiques. En amont, la priorité absolue reste la diligence raisonnable (due diligence) sur les titres. Toute acquisition devrait être précédée d’une recherche exhaustive au registre foncier, de vérifications auprès du DLPP ou du Registrar of Titles, et, pour les terrains coutumiers, d’investigations approfondies sur l’historique des droits et les composantes du clan propriétaire. L’accompagnement par un cabinet d’avocats papou expérimenté en investissements étrangers est considéré comme indispensable, et des firmes internationales disposent d’implantations ou de partenariats locaux pour ce type d’opérations.

Astuce :

Pour se prémunir contre les fluctuations de la monnaie locale (kina), il est recommandé de protéger les flux de revenus. Cela peut se faire, dans le respect de la réglementation des changes, en négociant des loyers indexés sur le dollar américain ou facturés en devises étrangères auprès d’entreprises expatriées. Parallèlement, il est conseillé de diversifier son portefeuille immobilier à la fois géographiquement (Port Moresby, Lae, centres régionaux) et par type d’actifs (résidentiel, bureaux, entrepôts, logements de personnel) afin de lisser l’impact des cycles économiques.

Sur le plan opérationnel, l’embauche d’un gestionnaire immobilier local compétent peut faire la différence, en assurant un taux d’occupation correct, un entretien régulier et une interface efficace avec les administrations (permis, taxes, conformité). Les investissements dans les services de base – générateurs, citernes d’eau, contrôles d’accès – sont coûteux mais contribuent à sécuriser la valeur des actifs, notamment dans les quartiers où les infrastructures publiques restent défaillantes.

Bon à savoir :

Pour les projets d’envergure, plusieurs outils peuvent renforcer la sécurité : l’assurance risque politique, la participation à des partenariats public-privé (PPP), ou encore s’adosser à des acteurs locaux établis comme les fonds de pension (ex: Nambawan Super), les grandes entreprises (ex: Steamships) ou d’autres institutions. Ces partenaires apportent leur connaissance du terrain et leur poids institutionnel.

Urbanisation, pression sociale et rôle de l’habitat abordable

Au-delà des considérations strictement financières, la question du logement en Papouasie-Nouvelle-Guinée revêt une dimension éminemment sociale. Les études menées par le National Research Institute et les enquêtes de portails comme Hausples montrent une perception très nette : plus de 80 % des résidents jugent le marché résidentiel « très » ou « modérément » inabordable. Dans le même temps, une proportion significative de ménages, malgré les prix, se déclare en recherche active d’un bien à acheter, souvent dans une fourchette de 200 000 à 400 000 kina, considérée localement comme le seuil de l’« abordable ».

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C’est la part, en pourcentage, des locataires attirés par les appartements à Port Moresby, selon l’enquête.

Cette tension accentue la pression sur le système de solidarité traditionnel, le « wantok ». Dans ce modèle, un membre de la famille qui parvient à accéder à la propriété se retrouve souvent sollicité par de nombreux proches, que ce soit pour l’hébergement ou l’aide financière. Les chercheurs notent que le manque de logements abordables et la rareté des propriétaires parmi les classes moyennes amplifient ce phénomène, générant frustrations et sur-occupation des logements. Dans ce contexte, un développement plus large de l’habitat abordable – avec un éventail plus large de propriétaires – pourrait répartir la pression sociale et atténuer certaines tensions.

Attention :

Pour les pouvoirs publics, la mobilisation de foncier (y compris coutumier) pour le logement et l’encadrement des marchés pour développer des segments intermédiaires sont des enjeux clés. Les programmes pilotes sur les terres coutumières, les réformes des baux et le NLDP sont des réponses, mais leur mise en œuvre nécessite un suivi rigoureux.

Infrastructures, zones économiques spéciales et effets d’entraînement

Un autre moteur essentiel de la dynamique immobilière en Papouasie-Nouvelle-Guinée est la vague de programmes d’infrastructures actuellement en cours. Le plan Connect PNG, d’un montant d’environ 5,5 milliards de dollars américains, vise à améliorer les routes, les ports, les réseaux électriques et les infrastructures de base. À cela s’ajoutent des soutiens extérieurs de grande ampleur, notamment de l’Australie, qui finance routes, ports régionaux et projets sociaux à travers divers dispositifs (prêts concessionnels, subventions, investissements via l’AIFFP).

Bon à savoir :

Les investissements en infrastructures (routes, ports, zones industrielles) modifient la carte des opportunités immobilières. Ils génèrent une demande croissante pour des entrepôts, bureaux, logements de personnel, hôtels et résidences de long séjour, notamment autour des projets d’extension et de modernisation comme le port de Lae, celui de Kavieng, le Sasiva Industrial Park près du port de Motukea, ou la zone Port Moresby North Port.

Les zones économiques spéciales, pour leur part, offrent des incitations fiscales (exonérations temporaires d’impôt sur les sociétés, facilités douanières) et peuvent accueillir des projets immobiliers variés : bureaux, centres commerciaux, hôtels, résidences pour travailleurs. Un investisseur attentif peut ainsi repérer les corridors où les investissements publics se concentrent, et cibler des acquisitions de terrains (sous réserve de titres sûrs) ou des projets de construction à proximité des futures infrastructures clés.

Vers une professionnalisation progressive du secteur

Enfin, le secteur immobilier papou, longtemps caractérisé par une absence de données structurées, voit émerger depuis quelques années des acteurs qui contribuent à sa professionnalisation. Le portail Hausples collecte et publie chaque année des enquêtes sur le résidentiel, et a lancé un volet dédié au commercial. Le National Research Institute produit des études détaillées sur l’évolution des prix, les déterminants des loyers et les comportements des agents immobiliers. Des cabinets de conseil comme PwC accompagnent les investisseurs étrangers en audit, fiscalité et due diligence.

Bon à savoir :

La profession d’évaluateur est réglementée par le Valuation Act de 1967, qui établit le poste de Valuer General, définit les normes professionnelles et rend obligatoire l’enregistrement des praticiens. Des cabinets expérimentés réalisent des centaines de milliers d’évaluations pour divers actifs (résidentiel, mines, infrastructures). L’expertise croissante des intermédiaires, la numérisation des registres et de nouveaux outils législatifs (comme le futur régime de copropriété) contribuent à une plus grande transparence du marché.

La table suivante résume quelques traits structurants du marché et du système foncier, utiles à garder en tête pour tout projet d’investissement.

Synthèse des caractéristiques foncières et de marché

Élément cléSituation en Papouasie-Nouvelle-Guinée
Part de terres coutumièresEnviron 97 % du territoire
Part de terres aliénées / ÉtatEnviron 3 %, concentrées en zones urbaines et projets spécifiques
Droit de propriété des étrangersPas de pleine propriété ; accès via baux d’État (jusqu’à 99 ans) et sous-baux
Organisme d’investissementInvestment Promotion Authority (certification obligatoire pour les étrangers)
Principales villes immobilièresPort Moresby (≈85 % du marché), Lae (≈10 %), puis Hagen, Madang, Kokopo
Financement localTaux élevés (8–15 %), apports importants (30–50 %), programmes citoyens ciblés
Rendements potentielsDe 1–3 % à plus de 15–20 % selon segment et zone (données divergentes)
Principaux risquesInsécurité foncière, cycles matières premières, sécurité, gouvernance, FX

Conclusion : un marché d’opportunités exigeant une approche de spécialiste

Investir dans l’immobilier en Papouasie-Nouvelle-Guinée ne ressemble ni à un placement passif dans une capitale occidentale, ni à une simple diversification dans un pays émergent classique. C’est un marché de frontière, où des rendements bruts impressionnants peuvent coexister avec des coûts d’exploitation lourds, où la rareté de l’offre formelle fait monter les prix mais accroît aussi le risque d’illiquidité, et où chaque parcelle de terrain renvoie à une histoire complexe de droits coutumiers, de décisions administratives et de rapports de force locaux.

Bon à savoir :

Pour réussir, l’investisseur doit comprendre la logique foncière coutumière, identifier des partenaires locaux fiables (cabinets d’avocats, agences, développeurs, communautés), constituer une société locale certifiée avec une structure juridique solide, et anticiper les délais administratifs, les risques de change et la cyclicité du secteur extractif.

Dans un pays où la majorité de la population urbaine ne peut toujours pas accéder à un logement formel, où la demande de logements abordables structurés reste immense, et où de grands projets d’infrastructure redessinent progressivement les cartes économiques, l’immobilier ne se résume pas à un produit financier. C’est aussi un levier potentiel de transformation urbaine et sociale. Les investisseurs qui sauront conjuguer rentabilité, patience, compréhension du terrain et volonté de contribuer à l’offre de logements décents seront sans doute ceux qui tireront le mieux parti, à long terme, des opportunités offertes par la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Pourquoi il est préférable de me contacter ? Voilà un exemple concret :

Un chef d’entreprise français d’environ 50 ans, avec un patrimoine financier déjà bien structuré en Europe, souhaitait diversifier une partie de son capital dans l’immobilier résidentiel en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour obtenir du rendement locatif et une exposition à la monnaie locale (kina). Budget alloué : 400 000 à 600 000 dollars, sans recours au crédit.
Après analyse de plusieurs zones (Port Moresby, Lae, Kokopo), la stratégie retenue a consisté à cibler une maison individuelle ou un petit immeuble dans un quartier sécurisé de Port Moresby, combinant rendement locatif brut cible de 10 %plus le rendement est grand, plus le risque est important – et potentiel de valorisation à moyen terme, avec un ticket global (acquisition + frais + travaux légers) d’environ 500 000 dollars.

La mission a inclus : sélection du marché et du quartier, mise en relation avec un réseau local (agent immobilier, avocat, fiscaliste, spécialiste du droit foncier coutumier), choix de la structure la plus adaptée (propriété directe ou via société locale) et définition d’un plan de diversification dans le temps. Ce type d’accompagnement permet à l’investisseur de profiter des opportunités du marché papou tout en maîtrisant les risques juridiques, fonciers, fiscaux et locatifs.

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A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Expert en gestion de patrimoine internationale depuis plus de 20 ans, j’accompagne mes clients dans la diversification stratégique de leur patrimoine à l’étranger, un impératif face à l’instabilité géopolitique et fiscale mondiale. Au-delà de la recherche de revenus et d’optimisation fiscale, ma mission est d’apporter des solutions concrètes, sécurisées et personnalisées. Je conseille également sur la création de sociétés à l’étranger pour renforcer l’activité professionnelle et réduire la fiscalité globale. L’expatriation, souvent liée à ces enjeux patrimoniaux et entrepreneuriaux, fait partie intégrante de mon accompagnement sur mesure.

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