Comment le tourisme façonne le marché immobilier aux Maldives

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

Quand on regarde une carte postale des Maldives, on voit surtout des bungalows sur pilotis, des lagons turquoise et des plages de sable blanc. Mais derrière cette image de paradis se cache une mécanique économique puissante : le tourisme qui, en quelques décennies, a totalement remodelé le marché immobilier de l’archipel, jusque dans la manière d’habiter, de construire et d’investir.

Bon à savoir :

Aux Maldives, le marché immobilier est entièrement lié au secteur touristique. La santé et la valeur de l’immobilier dépendent directement de la performance du tourisme.

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Un pays où le tourisme dicte le rythme de l’immobilier

Les Maldives sont un archipel de plus de 1 100 îles coralliennes réparties sur 26 atolls. Environ 1 % seulement de leur territoire de 90 000 km² est constitué de terres émergées. Dans ce décor ultra-fragile, le tourisme est devenu, dès les années 1970, le moteur principal de l’économie.

Le secteur touristique représente directement entre un quart et près de 30 % du PIB, et jusqu’à 70 % si l’on inclut toutes les retombées indirectes. À lui seul, il contribue à plus de 70 % des exportations et alimente près de 70 % des recettes fiscales de l’État via taxes, redevances et impôts spécifiques.

2050000

Le nombre de touristes ayant visité le pays en 2024, dépassant les niveaux d’avant la pandémie.

Tant que les vols se remplissent et que les complexes hôteliers affichent des taux d’occupation supérieurs à 70 %, la demande en terrains, en villas et en infrastructures nouvelles reste soutenue. Inversement, le moindre choc sur le tourisme se répercute immédiatement sur la construction, la valeur des baux et les perspectives des projets immobiliers.

Le modèle « une île, un resort » et ses effets immobiliers

L’un des traits les plus singuliers du tourisme maldivien est le concept « une île, un resort ». Concrètement, une île entière est louée à un opérateur qui y construit un complexe hôtelier privé, souvent positionné sur le segment haut de gamme ou ultra-luxe.

Exemple :

Ce modèle économique ou réglementaire a plusieurs conséquences sur le secteur immobilier. Il peut influencer les prix, la demande, les types de constructions ou les politiques d’aménagement du territoire, selon ses caractéristiques spécifiques.

il dope la valeur des îles et lagons mis en concession, devenus des actifs touristiques à très fort rendement ;

il concentre l’investissement sur des produits immobiliers touristiques (bungalows sur pilotis, villas plage, marinas, résidences intégrées) plutôt que sur du résidentiel classique ;

– il crée une frontière forte entre mondes touristique et local, la plupart des îles-resorts étant séparées des îles habitées.

Entre 2009 et 2022, l’offre de resorts a progressé à un rythme d’environ 5 % par an. En 2019, plus des deux tiers des resorts étaient classés 5 étoiles et près d’un tiers 4 étoiles. Derrière chaque île-hôtel, ce sont des dizaines de villas de luxe, de suites et d’équipements qui s’ajoutent au parc immobilier dédié aux visiteurs.

Une flambée des prix portée par la demande touristique

L’essor du tourisme ne fait pas qu’ajouter des lits d’hôtel. Il tire mécaniquement les prix de l’immobilier vers le haut, en particulier dans les zones les plus connectées et les plus touristiques.

Malé et la région capitale : un marché sous pression

Environ 42 % de la population maldivienne vit dans la capitale Malé, sur à peine 9,3 km², ce qui en fait l’une des villes les plus denses du monde. L’attraction économique du tourisme – emplois directs ou indirects, services, administrations – accentue la concentration humaine autour de Malé et de son extension artificielle, Hulhumalé.

La conséquence est double : pénurie chronique de logements et envolée des prix.

Les données disponibles montrent des niveaux rarement vus dans une économie en développement : à Malé, le prix du mètre carré oscille globalement entre 5 000 et 10 000 dollars, avec des moyennes autour de 11 000 dollars dans les quartiers les plus convoités. Certains relevés font état de plus de 171 000 MVR par mètre carré, soit plus de 11 000 dollars, pour les appartements de standing.

Attention :

La pression immobilière entraîne des loyers très élevés, rendant la propriété inaccessible pour 80% des habitants du Grand Malé. Un logement d’une chambre coûte environ 8 000 MVR par mois, alors que les revenus mensuels de la majorité des ménages se situent entre 3 000 et 6 500 MVR. Conséquence : 72% des ménages sont locataires, souvent en colocation ou en habitat sur-occupé, avec des foyers de six personnes en moyenne.

Le paradoxe est frappant : l’un des marchés immobiliers les plus chers de l’océan Indien se superpose à une population locale souvent incapable de se loger décemment sans aides publiques ou arrangements familiaux.

Villas, îles privées et résidences de luxe : la prime tourisme

En parallèle, sur le segment porté par la clientèle internationale, les prix reflètent directement la valeur perçue des séjours aux Maldives.

Le pays se positionne clairement comme destination haut de gamme. La dépense moyenne par visiteur est largement supérieure à celle de nombreuses destinations concurrentes, et les voyageurs les plus aisés dépensent plus de 1 500 dollars par jour, bien au‑delà de la moyenne d’environ 450 dollars.

Astuce :

Cette capacité à payer se retrouve dans l’immobilier touristique : les investisseurs et les acquéreurs de ce type de biens disposent généralement d’un pouvoir d’achat plus élevé, ce qui peut influencer la dynamique du marché, les prix et les stratégies d’investissement dans ce secteur spécifique.

Zone / ProduitFourchette de prix indicative
Villa sur pilotis – Atoll de Malé NordEnviron 1,8 à 3,5 millions USD
Villa sur pilotis – Malé SudEnviron 1,2 à 2,8 millions USD
Villa de marque – Atoll de BaaEnviron 1,5 à 3,2 millions USD
Villa en front de mer – NoonuEnviron 3 à 9 millions USD
Bail d’île privée – Atoll de BaaEnviron 8 à 25 millions USD (droit de bail)
Île privée – Noonu (exemple)Environ 45 millions USD (valeur annoncée)
Appartement urbain – Grand MaléEnviron 250 000 à 900 000 USD

Les résidences de marque internationale – Aman, Baccarat, Soneva, Samana / Elie Saab, etc. – ajoutent une couche supplémentaire : l’affiliation à une enseigne réputée permet d’appliquer une prime de 20 à 40 % sur les prix. Certaines propriétés se négocient entre 1 et 50 millions de dollars pour des villas ou domaines d’exception.

Une dynamique d’appréciation alimentée par le tourisme

Sur longue période, le marché immobilier maldivien a montré une appréciation régulière, bien corrélée à la montée en puissance du tourisme.

Un historique de l’évolution annuelle donne une idée de cette trajectoire :

PériodeAppréciation moyenne annuelle estimée
2010 – 2015Environ 4 à 5 %
2016 – 2020Environ 6 à 8 %
2020 – 2022Environ 3 à 5 % (période Covid)
2023 – à ce jourEnviron 8 à 10 %

Les projections à cinq ans, dans un scénario de poursuite de la croissance touristique, annoncent encore 5 à 10 % de hausse annuelle selon les atolls et les types de biens, avec des pics attendus dans les zones émergentes.

Dans un pays où les terres sont rares, où la demande de séjours ne faiblit pas, et où l’offre nouvelle est freinée par des coûts de construction élevés et des contraintes environnementales, le marché immobilier profite d’un déséquilibre structurel favorable aux valorisations.

Les règles du jeu : un immobilier dominé par les baux touristiques

Aux Maldives, la Constitution réserve la pleine propriété du foncier aux seuls citoyens. Les étrangers – particuliers ou sociétés – ne peuvent pas acheter de terres en freehold. Toute leur exposition immobilière passe donc par le bail.

Un cadre juridique pensé pour attirer le capital touristique

La principale forme de détention pour les investisseurs étrangers est le bail à long terme, souvent compris entre 50 et 99 ans. Ces baux sont accordés par l’État, enregistrés, et concernent le plus souvent des îles entières destinées à être transformées en resorts, marinas, complexes intégrés ou résidences de tourisme.

Plusieurs lois structurent ce cadre :

la loi sur les investissements étrangers, qui autorise jusqu’à 100 % de détention étrangère dans la plupart des secteurs, notamment touristique ;

– la loi sur les terres (Land Act) et le Tourism Act, qui définissent les conditions de location des îles et lagons ;

– le modèle dit d’Integrated Tourism, qui depuis 2019 permet de combiner hébergement hôtelier, résidences, commerces et loisirs dans une même opération ;

– les régimes de zones économiques spéciales (SEZ), qui offrent des incitations renforcées (fiscalité allégée, assouplissement réglementaire) pour certains grands projets.

Acquisition en Resort

Pour les résidences intégrées à des resorts, un régime spécifique permet aux étrangers d’acquérir un bien immobilier avec des services de gestion hôtelière.

Régime Strata

Permet à des étrangers d’acquérir, pour la durée du bail principal, une villa ou un appartement au sein d’un complexe resort.

Titre de Jouissance

L’acquisition s’accompagne d’un titre de jouissance pour le bien, valable sur la durée du bail.

Gestion Locative Hôtelière

Une gestion locative hôtelière est assurée lorsque le propriétaire n’occupe pas son bien.

Résidence par investissement et visas liés à l’immobilier

La montée en puissance du tourisme de luxe et la volonté de diversifier l’économie ont poussé le gouvernement à lancer des dispositifs de résidence par investissement adossés à l’immobilier.

Un programme de résidence par investissement, mis en place avec un cabinet spécialisé, permet d’obtenir un permis de résidence renouvelable sur cinq ans en échange d’un investissement à partir de 250 000 dollars dans des projets approuvés. D’autres régimes prévoient des visas investisseurs avec des seuils pouvant aller jusqu’à 5 à 10 millions de dollars pour des opérations d’envergure, souvent liées à l’hôtellerie haut de gamme ou aux ensembles intégrés.

Pour les promoteurs, le seuil minimum d’investissement dans l’hôtellerie et les resorts est fréquemment fixé autour d’un million de dollars, tandis que les grands projets de « sustainable townships » intégrant tourisme, résidentiel, santé, éducation et énergies renouvelables nécessitent au moins 500 millions de dollars pour bénéficier de régimes fiscaux préférentiels.

Une fiscalité calibrée pour le tourisme et l’immobilier

Côté fiscal, les Maldives affichent des caractéristiques attractives pour les investisseurs internationaux, tout en tirant une grande partie de leurs recettes du secteur touristique.

On retrouve notamment :

– un impôt sur les bénéfices à taux unique de 15 % au‑delà de 500 000 MVR de profit annuel ;

– une absence de véritable impôt spécifique sur la plus-value immobilière, même si certains montages peuvent être rattrapés par l’impôt sur les bénéfices ;

– une taxe sur les biens et services (GST) de 6 % applicable aux transactions immobilières et aux revenus locatifs ;

– une taxe sur les services touristiques (TGST) plus élevée sur les prestations touristiques ;

– une Green Tax de 6 dollars par personne et par nuit, prélevée sur les séjours touristiques ;

– des loyers de concession (tourism land rent) qui peuvent atteindre 8 à 10 dollars par mètre carré et par an pour les îles resort.

Un futur droit de mutation spécifique pour les townships intégrés est également prévu, allant de 1 % à la première transaction à 4 % à la troisième, sans toucher aux autres taxes touristiques.

Globalement, le message envoyé est clair : la porte est grande ouverte aux capitaux destinés au tourisme et à l’immobilier associé, pourvu qu’ils acceptent le cadre du bail et les obligations environnementales croissantes.

Tourisme et rendement locatif : l’immobilier comme produit d’investissement

Si les prix sont élevés, c’est aussi parce que l’immobilier aux Maldives est devenu, pour une bonne part, un produit de rendement lié au tourisme international.

Des taux d’occupation qui soutiennent les revenus

Les resorts de luxe affichent des taux d’occupation moyens supérieurs à 75 % sur l’année, et au‑delà de 80 % en haute saison. Le pays a remporté plusieurs années de suite le titre de « World’s Leading Destination », ce qui renforce son pouvoir d’attraction sur les clientèles haut de gamme.

Ces taux d’occupation, combinés à des tarifs journaliers en hausse – les prix moyens des resorts de luxe ont progressé d’environ 25 % depuis 2019 – créent un flux de revenus massif : les recettes touristiques dépassent déjà les 3 milliards de dollars certaines années et pourraient franchir le seuil des 5 milliards à l’horizon 2025.

Bon à savoir :

Pour les propriétaires de villas ou de résidences au sein de ces complexes, les rendements locatifs nets sont souvent plus élevés que dans d’autres marchés de villégiature.

Les ordres de grandeur relevés sont les suivants :

Type de bienRendement locatif net estimé
Villa sur pilotis de marque premiumEnviron 5 à 7 %
Villa en front de merEnviron 4 à 6 %
Résidence intégrée (resort + services)Environ 6 à 8 %
Appartements urbains (Grand Malé)Environ 7 à 10 %
Guesthouses sur îles habitéesEnviron 8 à 12 %
Biens très bien placés dans resortsJusqu’à 12 à 15 %

Certains projets vont plus loin en offrant des garanties contractuelles, par exemple 7 % de rendement garanti sur dix ans pour certaines unités, ou des modèles de « rental pool » avec partage à 50 % des bénéfices nets entre exploitant et propriétaire.

Un marché très liquide pour les actifs touristiques

Malgré la petite taille du pays, le marché des resorts et des hôtels est considéré comme l’un des plus liquides au monde pour ce type d’actifs. Des ventes d’hôtels représentant environ 2 milliards de dollars ont été recensées au cours de la dernière décennie.

Plus de 70 % des acheteurs internationaux opèrent en cash, ce qui accélère les transactions et soutient les valorisations. La présence de grandes enseignes internationales rassure les investisseurs, qui y voient des produits standardisés, dotés de contrats de management de long terme.

Investisseurs institutionnels ou fortunés

Une demande d’investisseurs très internationalisée

Les acheteurs de biens immobiliers liés au tourisme sont majoritairement étrangers, avec une répartition approximative où les Européens représentent la moitié des acquéreurs, les Asiatiques environ 30 %, et les Nord‑Américains et Moyen‑Orientaux les 20 % restants. Aux Maldives, cette demande internationale se superpose à l’appétit croissant de conglomérats régionaux, notamment des Émirats arabes unis, qui auraient engagé plus de 3 milliards de dollars d’investissements dans l’archipel à l’horizon 2030.

Cette diversité de profils – fonds d’investissement, promoteurs hôteliers, grandes fortunes cherchant une résidence de prestige ou un refuge climatique – alimente un cercle vertueux pour le marché immobilier haut de gamme, tant que le tourisme reste florissant.

Quand le tourisme bouleverse aussi le logement des habitants

Si l’on se contente de chiffres de rendements et de prix, le tableau semble idyllique. Mais l’impact du tourisme sur l’immobilier maldivien ne se limite pas au segment du luxe : il reconfigure aussi profondément le logement des Maldiviens eux‑mêmes.

Une crise du logement dans la région de Malé

Tandis que des villas à plusieurs millions de dollars sortent de l’eau sur des îles privées, une large partie de la population peine à se loger correctement dans la région capitale.

Les revenus mensuels de la majorité des Maldiviens se situent loin de ce que nécessiterait l’achat d’un bien même modeste. Le prix d’une unité résidentielle « bon marché » est souvent de l’ordre de 2,2 millions de MVR, avec un apport initial de 20 % difficilement accessible en raison de faibles capacités d’épargne. Pour une large part des foyers, même à plusieurs, il est impossible de supporter les mensualités.

Le résultat est une dépendance massive à la location privée, alimentée par :

une offre limitée de terrains dans Malé ;

la concurrence entre usages résidentiels et projets touristiques ou commerciaux ;

la hausse générale des coûts de construction, renchéris par l’insularité et les importations.

30000

Le gouvernement maldivien doit fournir environ 30 000 logements supplémentaires d’ici 2028 pour répondre aux besoins nationaux.

Tourisme, migrations internes et urbanisation

Le tourisme contribue aussi à accélérer les mouvements de population internes. L’essor des resorts, des aéroports régionaux et des services connexes crée des pôles d’emploi qui attirent notamment les hommes en âge de travailler vers les zones touristiques ou la région de Malé. Les données démographiques montrent que le pays pourrait approcher le million d’habitants d’ici 2054, avec jusqu’à 64 % des Maldiviens concentrés dans la capitale selon certains scénarios.

Les atolls moins intégrés au circuit touristique se vident partiellement de leurs forces vives, ce qui entraîne :

Attention :

Les îles moins développées connaissent une augmentation des ménages dirigés par des femmes, une demande accrue de logements urbains pour les travailleurs migrants internes, et une pression croissante sur les infrastructures urbaines (eau, assainissement, transport, écoles, santé).

Dans ce contexte, le tourisme agit comme un aimant qui déforme la géographie du peuplement, et donc les besoins immobiliers, beaucoup plus vite que ne peut suivre la planification.

Le paradoxe des travailleurs migrants du tourisme

Autre effet indirect : la forte dépendance aux travailleurs étrangers dans le tourisme et la construction. Selon le recensement de 2022, les expatriés représentent plus de 60 % de la main‑d’œuvre totale, avec une concentration forte dans les resorts.

Une partie importante de ce personnel vit dans des logements temporaires, parfois dans des conditions précaires sur les îles‑hôtels ou dans des quartiers en périphérie. Le boom touristique crée donc un besoin en hébergements de travailleurs, souvent en marge du marché résidentiel classique, sans toujours déclencher de véritables investissements dans du logement digne et durable pour ces populations.

Là encore, on retrouve ce déséquilibre : la valeur immobilière captée par les investisseurs et les opérateurs touristiques coexiste avec une réalité sociale marquée par l’exiguïté, la précarité ou le surpeuplement pour une partie de ceux qui font tourner l’industrie.

Tourisme, climat et valeur immobilière : un pari risqué

Aucune discussion sérieuse sur l’immobilier et le tourisme aux Maldives ne peut faire l’impasse sur la question climatique. Le pays est l’un des plus vulnérables au monde à la montée des eaux, à l’érosion côtière et au blanchissement des coraux.

Un patrimoine naturel menacé, donc des actifs touristiques fragilisés

Les atouts mêmes qui font la renommée touristique des Maldives – récifs coralliens, plages, lagons – sont directement exposés aux effets du réchauffement. Des épisodes de blanchissement massif ont déjà détruit une part importante des récifs, avec jusqu’à 75 % de coraux perdus lors d’un épisode en 2016. Or ces récifs jouent un triple rôle : attraction touristique, barrière de protection contre les vagues, et fournisseur de sable pour les plages.

Les projections de hausse du niveau de la mer0,5 à 0,9 mètre d’ici 2100 – font peser un risque structurel sur l’ensemble du parc immobilier situé en bord de mer… c’est‑à‑dire presque tout le pays, puisque 80 % de la surface émergée se situe à moins d’un mètre au‑dessus du niveau de la mer. Environ 47 % des logements se trouvent à moins de 100 mètres du rivage.

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Pourcentage des actifs totaux du pays qui pourraient être endommagés par des crues décennales d’ici 2050 selon la Banque mondiale.

Pour l’immobilier touristique, cela se traduit déjà par une hausse des primes d’assurance (de l’ordre de 15 à 20 % par an pour certains resorts) et par l’obligation d’investir dans des ouvrages de protection coûteux ou des solutions d’adaptation innovantes.

Grands projets de remblaiement et villes flottantes

Face à cette menace, l’État maldivien consacre plus de la moitié de son budget à l’adaptation au climat, avec des besoins estimés entre 2 et 4 milliards de dollars rien que pour la montée des eaux et les inondations.

L’une des réponses structurantes a été la construction d’îles artificielles ou agrandies par remblai, comme Hulhumalé, surnommée « City of Hope ». Cette île de 4 km² a été surélevée à environ 2 mètres au‑dessus du niveau de la mer – soit près du double de la hauteur moyenne des autres îles – pour offrir des logements, des infrastructures urbaines et des opportunités d’investissement immobilier (hôtels, centres commerciaux, écoles, hôpitaux), tout en améliorant la résilience face aux inondations.

20 000

C’est le nombre d’habitants que la future cité flottante des Maldives, inspirée des récifs coralliens, est conçue pour accueillir.

Ces projets représentent à la fois une réponse vitale à la pression démographique et à la menace climatique, et un nouveau terrain de jeu pour l’immobilier lié au tourisme (hôtels urbains, résidences flottantes, marinas…). Ils replacent le tourisme au centre du financement de l’adaptation : c’est parce que les Maldives restent attractives pour les voyageurs et les investisseurs que ces infrastructures peuvent être envisagées.

Le coût environnemental caché des infrastructures touristiques

Mais l’adaptation n’est pas sans controverse. Les opérations de remblaiement, les digues, les ports et les nouveaux aéroports régionaux peuvent dégrader les récifs et les habitats marins, affaiblissant au passage la protection naturelle des côtes et la beauté des sites.

Certaines pratiques, comme l’extraction de sable ou la transplantation massive d’arbres depuis des îles habitées vers des resorts, ont été critiquées pour leurs effets sur les communautés locales (perte de ressources, de barrières naturelles, de paysages).

Le tourisme exerce aussi une pression climatique en amont : multiplication des vols, développement d’aéroports, transferts en hydravion ou bateaux rapides. Or, paradoxalement, la survie même des actifs immobiliers créés pour accueillir ces flux dépend de la capacité du pays – et du monde – à limiter le réchauffement.

Vers de nouveaux modèles : intégration, durabilité et tourisme communautaire

Conscientes des limites du modèle « une île, un resort », les autorités maldiviennes tentent désormais d’orienter le développement touristique et immobilier vers des formats plus diversifiés.

Les « sustainable townships » : quand la ville devient produit touristique

Dans le cadre de la stratégie Vision 2040, le gouvernement promeut la création de grands « sustainable townships » : des quartiers ou villes intégrées combinant hôtels, résidences permanentes, cliniques, écoles, commerces, espaces de loisirs et infrastructures d’énergie renouvelable.

L’objectif affiché est multiple :

réduire la dépendance à un tourisme de séjour court et purement balnéaire ;

attirer des résidents de long séjour, des familles, des télétravailleurs, des étudiants, des patients de tourisme médical ;

– créer des pôles de vie moins saisonniers et plus résilients, capables de fonctionner même en cas de choc sur les flux touristiques classiques ;

– offrir de nouveaux espaces de logement pour les Maldiviens, potentiellement mieux intégrés aux services.

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Taux d’imposition sur le revenu appliqué aux investisseurs dans ces townships pendant les dix premières années.

Sur le plan immobilier, ils représentent un changement de paradigme : on passe de l’île‑hôtel isolée à la ville‑destination, où le tourisme n’est plus seul maître des usages. Mais là encore, c’est l’attrait touristique – et la promesse de rendre ces lieux désirables pour les visiteurs fortunés – qui rend possible l’équation financière.

Le tourisme communautaire : un immobilier plus ancré localement

À l’autre bout du spectre, un autre mouvement tente de rééquilibrer les retombées du tourisme sur les communautés locales. Depuis l’ouverture du secteur des guesthouses sur les îles habitées, une part croissante des visiteurs (plus d’un cinquième) choisit de séjourner dans des pensions familiales ou de petits hôtels sur des îles comme Maafushi, Dhigurah ou Thulusdhoo.

Bon à savoir :

Le tourisme aux Maldives favorise la construction et la rénovation de petits hébergements, cafés, restaurants, boutiques et services nautiques détenus par des locaux. Ces biens immobiliers, bien que modestes en superficie, servent moins d’actifs financiers que d’outils pour diversifier les revenus des familles maldiviennes.

Des initiatives comme l’alliance touristique de l’atoll de Horsburgh (Baa Atoll), structurée en coopérative, montrent qu’un modèle de destination gérée localement est possible, avec des mécanismes de contributions volontaires des visiteurs pour financer le nettoyage des plages, la restauration des récifs ou la protection des mangroves. Là encore, la construction de petites infrastructures touristiques – chambres, pontons, centres d’accueil – devient un acte à la fois immobilier, économique et environnemental.

Si l’on compare ces approches avec le modèle des îles‑resorts, une différence majeure apparaît : dans le tourisme communautaire, l’immobilier reste entre les mains des habitants, même si les prix du foncier peuvent aussi monter et la pression sur l’espace s’intensifier.

Une équation macroéconomique de plus en plus serrée

Enfin, un dernier angle relie tourisme, immobilier et vulnérabilité : celui des finances publiques. Les Maldives affichent un niveau d’endettement très élevé, autour de 123 % du PIB, avec des projections pouvant aller encore plus haut à moyen terme. Une grande partie de cette dette est liée à des investissements massifs dans les infrastructures touristiques et de transport – aéroports, ponts, ports, routes, îles artificielles.

Dans un tel contexte, la valeur de l’immobilier touristique joue un rôle implicite de garantie : tant que les resorts, villas et résidences de luxe attirent des acheteurs et des visiteurs, les flux de devises et les recettes fiscales peuvent continuer à financer le service de la dette et de nouveaux projets d’adaptation.

Attention :

La dépendance au tourisme et à la dette rend l’économie vulnérable. Un choc prolongé sur les arrivées touristiques (crise sanitaire, instabilité géopolitique, récession mondiale) ou un événement climatique majeur pourrait déclencher une double crise.

dégrader la valeur de certains actifs immobiliers (baisse de fréquentation, dégâts physiques, hausse des coûts d’assurance) ;

réduire les marges de manœuvre budgétaires de l’État ;

– retarder les investissements nécessaires pour protéger ou relocaliser des infrastructures essentielles, touristiques comme résidentielles.

Pour continuer à attirer les capitaux, les Maldives misent donc sur des réformes structurelles (modernisation du cadre d’investissement, partenariats public‑privé, développement de marchés carbone, plateforme de garanties climatiques avec la Banque mondiale) et sur un renforcement des normes de résilience pour les constructions touristiques.

Conclusion : un marché immobilier à très forte allure, mais sur une ligne de crête

Le tourisme a transformé les Maldives en l’un des marchés immobiliers les plus singuliers de la planète. À la fois vitrine du luxe balnéaire et laboratoire de l’adaptation climatique, l’archipel concentre des tendances mondiales : montée en gamme du tourisme, financiarisation de l’immobilier, quête de résidences de prestige, tensions sur le logement local, expérimentations urbaines et écologiques.

Les retombées positives sont évidentes : un secteur de la construction dynamique, des rendements élevés pour les projets bien positionnés, une appréciation soutenue des actifs, et une capacité d’investissement en infrastructures que peu de petits États insulaires peuvent revendiquer.

Attention :

Le tourisme, bien que vital pour certaines économies, génère des problématiques majeures : il accentue les inégalités d’accès au logement, crée une dépendance économique dangereuse, augmente la vulnérabilité face au changement climatique, exerce une pression sur les écosystèmes marins et côtiers, et peut alourdir la dette publique.

En dernière analyse, l’impact du tourisme sur le marché immobilier maldivien tient autant à ce qu’il crée qu’à ce qu’il oblige à repenser. Le défi des années à venir sera de transformer cette énergie – ces flux de visiteurs, ces capitaux, ces chantiers – en un tissu immobilier plus équilibré, capable de loger dignement les Maldiviens, de rester désirable pour les voyageurs, et de survivre à la montée des eaux.

C’est à cette condition seulement que les cartes postales des Maldives pourront continuer à montrer des villas sur pilotis… sans que leurs fondations économiques, sociales et écologiques ne s’effritent sous les vagues.

Pourquoi il est préférable de me contacter ? Voilà un exemple concret :

Cas pratique : un investisseur français qui diversifie aux Maldives
Un chef d’entreprise français d’environ 50 ans, avec un patrimoine financier déjà bien structuré en Europe, souhaitait diversifier une partie de son capital dans l’immobilier touristique aux Maldives pour capter des revenus en dollars et profiter du dynamisme du secteur hôtelier. Budget alloué : 400 000 à 600 000 dollars, sans recours au crédit.

Après analyse de plusieurs atolls (Malé Nord, Malé Sud, Ari), la stratégie retenue a consisté à cibler une villa ou guesthouse haut de gamme sur une île bien desservie, combinant rendement locatif brut cible de 8 à 10 % – plus le rendement est élevé, plus le risque est important – et potentiel de valorisation lié au tourisme premium, pour un ticket global (acquisition + frais + aménagements légers) d’environ 500 000 dollars.
La mission a inclus : sélection de l’atoll et de l’île, mise en relation avec un réseau local (agent, avocat, expert en droit du bail à long terme), choix de la structure la plus adaptée (propriété via bail emphytéotique, société locale ou joint-venture) et définition d’un plan de diversification progressive.

Ce type d’accompagnement permet de bénéficier des opportunités du marché maldivien tout en maîtrisant les risques juridiques, fiscaux et locatifs.

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A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Expert en gestion de patrimoine internationale depuis plus de 20 ans, j’accompagne mes clients dans la diversification stratégique de leur patrimoine à l’étranger, un impératif face à l’instabilité géopolitique et fiscale mondiale. Au-delà de la recherche de revenus et d’optimisation fiscale, ma mission est d’apporter des solutions concrètes, sécurisées et personnalisées. Je conseille également sur la création de sociétés à l’étranger pour renforcer l’activité professionnelle et réduire la fiscalité globale. L’expatriation, souvent liée à ces enjeux patrimoniaux et entrepreneuriaux, fait partie intégrante de mon accompagnement sur mesure.

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