Les erreurs courantes lors de l’achat de biens immobiliers aux Maldives

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

Acheter un bien immobilier aux Maldives fait rêver: villas sur pilotis, îles privées, résidences de luxe au cœur d’un lagon turquoise. Mais derrière les images de carte postale se cache un environnement juridique et financier très particulier. Pour un investisseur étranger, la moindre approximation peut se transformer en problème lourd et coûté: contrat invalide, droits trop limités, impossibilité de revendre ou de transmettre, frais sous‑estimés, dépendance totale à un exploitant en difficulté.

Bon à savoir :

Cet article identifie les principales erreurs des acheteurs, explique comment les éviter en se basant sur le cadre légal réel, les pratiques du marché local et les risques documentés.

Ne pas comprendre qu’aux Maldives il n’y a (pratiquement) pas de pleine propriété pour les étrangers

Le premier malentendu, et sans doute le plus dangereux, consiste à croire que l’on peut y acheter une île ou une villa « en pleine propriété » comme en Europe ou en Amérique du Nord. La Constitution maldivienne est pourtant claire: la propriété foncière est réservée aux citoyens maldiviens. Les étrangers ne peuvent pas détenir de terrain en freehold.

Astuce :

Pour un investisseur non maldivien, l’accès à la propriété immobilière se fait presque exclusivement via des droits de location de longue durée. Ces formules incluent des baux pouvant aller jusqu’à 99 ans, ou des droits dits « strata » (ou sectionnels). Ces droits portent sur une villa, un appartement ou une unité au sein d’un complexe touristique, à condition que ce complexe soit lui-même titulaire d’un bail principal avec l’État maldivien.

Ne pas intégrer cette réalité mène à plusieurs erreurs en chaîne: surestimer la valeur de long terme de l’actif, ignorer que la valeur décroit à mesure que la durée restante du bail se réduit, ou croire à tort qu’une transmission « comme une propriété classique » sera simple.

Un point central est souvent oublié: le gouvernement reste propriétaire ultime de la terre. Le droit de jouissance de l’investisseur est juridiquement adossé au bail principal détenu par un développeur ou un exploitant. Si ce bail principal est mal rédigé, non conforme, ou s’il arrive à terme sans renouvellement, les droits du petit investisseur s’effondrent mécaniquement.

Sous‑estimer la complexité du cadre légal et des autorisations

Le système juridique maldivien est un mélange de droit civil, de droit commun et de droit islamique (charia). Cette hybridation se retrouve dans les règles de propriété, de succession, de contrats et d’investissement étranger. Croire que les usages seront identiques à ceux d’un pays anglo‑saxon ou européen est une erreur courante.

Plusieurs textes s’appliquent aux investissements immobiliers étrangers: Foreign Investment Act (dans sa version rénovée de 2024), Tourism Act pour les projets touristiques, Special Economic Zones Act pour certains grands projets, Land Act pour les questions foncières, sans oublier les politiques de Foreign Direct Investment (FDI) et les réglementations sectorielles (intégré tourisme, zones spéciales, etc.).

Attention :

Toute opération avec un investisseur étranger nécessite une approbation formelle de l’État. Le ministère du Développement économique et du Commerce est l’autorité principale, tandis que le ministère du Tourisme supervise les projets de resorts, hôtels ou développements intégrés. Se fier à une simple promesse orale est une faute grave. Sans cet accord, l’opération peut être annulée pour non-conformité à l’intérêt national, entraînant un risque de perte totale de l’investissement.

Un élément souvent négligé est l’influence du droit islamique sur les questions d’héritage et de succession. Les règles de dévolution des droits réels et des parts sociales peuvent diverger fortement des pratiques occidentales. Ne pas se faire expliquer ces conséquences par un avocat local peut bloquer une succession ou compliquer gravement une transmission aux héritiers.

Confondre « île privée à vendre » et véritable droit cessible

Les annonces internationales évoquent régulièrement des « private islands for sale » aux Maldives. Beaucoup d’acheteurs en déduisent qu’ils vont devenir propriétaires de l’île elle‑même. Dans les faits, il s’agit presque toujours de concessions, baux de longue durée ou cessions de parts dans une société détentrice d’un bail principal avec l’État.

L’erreur consiste à ne pas analyser précisément ce que l’on achète: terrain, bâtiments, actions d’une holding, quote‑part d’un bail existant, ou simple droit contractuel d’usage. Ne pas disséquer l’architecture juridique revient à acheter à l’aveugle.

Exemple :

Lors de l’achat d’une île privée, l’acquéreur peut être confronté à deux risques majeurs. Premièrement, il peut croire à tort posséder des actifs qui ne sont pas inclus dans la vente, comme le fonds marin ou le lagon adjacent. Deuxièmement, il peut méconnaître les droits détenus par d’autres parties : des co-investisseurs, des établissements prêteurs, des créanciers, ou même l’État. Ce dernier peut en effet conserver des prérogatives importantes concernant l’usage du terrain, les possibilités d’extension ou les conditions de revente de l’île.

Toute promesse de « propriété totale » d’une île doit donc être lue à la lumière du droit maldivien. Ce n’est pas le slogan commercial qui compte, mais l’intitulé du droit dans les documents officiels: bail de 50 ou 99 ans, concession, strata title, accord de gestion, etc.

Négliger la vérification du bail principal et des titres

Sur le terrain, beaucoup de projets destinés aux étrangers reposent sur un schéma en cascade: l’État accorde à un développeur ou à une société locale un bail principal sur une île ou une parcelle; ce titulaire de bail vend ensuite des unités en sous‑bail ou en copropriété sectionnelle à des investisseurs individuels.

L’une des erreurs les plus fréquentes est de se concentrer uniquement sur le contrat de vente de la villa ou de l’appartement, sans demander à voir, ni à analyser, le bail principal. Or, les droits de l’investisseur sont entièrement conditionnés par les termes et la validité de ce bail principal: durée, conditions de renouvellement, obligations environnementales, loyer de bail gouvernemental, sanctions en cas de non‑respect, etc.

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Nombre d’années restantes sur un bail foncier pouvant drastiquement limiter la valeur future d’une villa.

Un contrôle de base devrait inclure: vérification auprès du Land Registry et des ministères compétents, confirmation de l’absence de litiges ou de sanctions, analyse de la chaîne de propriété sur plusieurs décennies pour détecter les transferts irréguliers, emprunts ou nantissements. Accepter comme seule preuve un plan approximatif ou une carte dessinée à la main, sans relevé GPS récent ni validation officielle, est une autre erreur qui alimente les disputes de limites ou de superficie.

Ignorer les contraintes d’usage: ce ne sont pas (toujours) des résidences privées au sens classique

Autre malentendu fréquent: supposer que l’on achète une maison de vacances que l’on pourra occuper librement toute l’année, inviter qui l’on veut, louer librement sur les plateformes de son choix, ou transformer en résidence principale. Aux Maldives, une grande partie des biens accessibles aux étrangers sont intégrés à des projets touristiques réglementés.

Encadrement de l’usage dans les projets

Dans les programmes de location gérée, l’utilisation des unités est soumise à plusieurs règles visant à garantir la cohérence et la rentabilité de l’opération.

Programme de location obligatoire

L’unité doit participer au programme de location géré par l’opérateur de la résidence.

Limitation d’occupation personnelle

La durée d’occupation personnelle du propriétaire peut être restreinte.

Réservation haute saison

Certaines périodes de haute saison peuvent être exclusivement réservées aux clients payants.

Uniformité des aménagements

Les aménagements extérieurs ou intérieurs peuvent être réglementés pour maintenir l’uniformité de marque.

Ne pas lire attentivement le règlement de copropriété, le contrat de gestion hôtelière et les clauses d’usage conduit à des déconvenues: impossibilité d’habiter sur place toute l’année, interdiction de sous‑louer directement, obligations de maintenance coûteuses imposées par l’opérateur, restrictions sur les animaux de compagnie ou les travaux.

L’Integrated Tourism Model introduit en 2019, qui autorise les projets mixtes avec composante résidentielle, offre de nouvelles opportunités, mais reste soumis à la logique touristique et commerciale. Assimiler ces produits à des résidences « libres de toute contrainte » est une erreur d’interprétation.

Mal lire les contrats de vente, de bail et de gestion

Aux Maldives, comme ailleurs, le contrat est la pièce maîtresse qui fixe les droits et obligations des parties. Mais le contexte local ajoute plusieurs spécificités: importance de la langue (dhivehi et anglais), présence de clauses complexes liées au tourisme, au droit islamique, et à la réglementation des investissements étrangers.

Attention :

Beaucoup d’acheteurs signent des contrats complexes sans les faire vérifier par un avocat spécialisé en droit immobilier maldivien, se fiant uniquement aux traductions ou résumés fournis par l’agent. Cette pratique expose à de nombreux risques : clauses autorisant des modifications unilatérales du projet par le promoteur, pénalités sévères pour retard de paiement, absence de clause de sortie explicite, imprécision sur la résolution des litiges et la loi applicable, ainsi que des conditions de renouvellement de bail floues ou discrétionnaires.

La loi maldivienne sur les contrats (Contract Act) exige les éléments classiques (offre, acceptation, capacité, consentement, contrepartie). Les tribunaux peuvent invalider ou corriger certains déséquilibres manifestes, mais compter sur la justice à posteriori est une mauvaise stratégie d’investissement. Il est bien plus efficace de faire corriger en amont les clauses problématiques: calendrier de paiement indexé sur des jalons de construction vérifiés, pénalités pour retard du développeur, mécanismes de révision des loyers de bail et des frais de gestion basés sur des indices transparents.

Bon à savoir :

Lors de la signature d’un contrat aux Maldives, il est crucial d’exiger une version bilingue (dhivehi/anglais) si vous ne lisez pas la langue locale. En cas de litige, c’est souvent la version en dhivehi, la langue nationale, qui fait foi juridiquement. Signer sans comprendre cette version déterminante équivaut à s’engager à l’aveugle.

Oublier le coût réel de l’opération: taxes, frais et charges récurrentes

La focalisation sur le prix affiché de la villa ou de l’appartement conduit de nombreux acheteurs à minimiser l’impact des frais annexes. Pourtant, aux Maldives, les coûts de transaction et d’exploitation peuvent représenter entre 8 % et 12 % du prix d’achat, parfois davantage selon la structure du projet.

Bon à savoir :

L’acquisition immobilière implique plusieurs coûts : la Goods and Services Tax (GST) sur la transaction, les droits d’enregistrement du bail, la stamp duty (pourcentage de la valeur), les honoraires d’avocats (5 000 à 15 000 $ pour un dossier complexe), les commissions d’agents (2 à 5 % du prix), les frais éventuels de création d’une société locale ou d’une entité spécifique, ainsi que les frais bancaires ou de change.

Ensuite viennent les coûts récurrents: loyer annuel du bail principal reversé à l’État ou au propriétaire foncier, taxe foncière ou taxes spécifiques au tourisme, frais de gestion hôtelière ou de copropriété, charges d’entretien des équipements, contribution aux infrastructures (eau dessalée, électricité, traitement des déchets). Dans les resorts, la dépendance à des services importés, à la logistique maritime et à une main‑d’œuvre spécialisée fait grimper la facture.

Un investisseur qui ne budgète que le prix facial du bien et néglige ces flux récurrents risque de découvrir, après coup, que la rentabilité nette est très inférieure aux projections optimistes fournies par le promoteur. L’environnement fiscal international ajoute une couche supplémentaire : la plupart des pays n’ont pas de convention de non‑double imposition avec les Maldives, ce qui expose certains investisseurs à une fiscalité cumulée sur les revenus locatifs ou les plus‑values.

Conseil aux investisseurs

Exemple comparatif des principaux coûts d’acquisition

Pour mieux visualiser le poids de ces frais, on peut synthétiser les postes principaux mentionnés dans les textes de référence.

Poste de coûtNatureOrdre de grandeur typique*
GST sur l’achatTaxe indirecteEnviron 6 % du prix d’acquisition
Droits d’enregistrement du bailFrais gouvernementaux1 000 à 3 000 USD
Stamp dutyTaxe de mutation% du prix / valeur du bail
Honoraires juridiquesFrais professionnels5 000 à 15 000 USD
Commission d’agentFrais d’intermédiation2 à 5 % du prix
Frais de due diligence techniqueÉtudes, inspections, audits1 000 à 5 000 USD
Coût total de transaction (fourchette)Agrégation de tous les postes8 à 12 % du prix d’achat

Les chiffres sont indicatifs: chaque projet possède sa propre structure de coûts.

Se fier aveuglément au développeur ou à l’agent sans vérifier sa réputation

Les Maldives attirent des acteurs internationaux réputés, mais aussi des promoteurs beaucoup plus fragiles. S’en remettre uniquement à la brochure commerciale ou au discours d’un vendeur est une erreur récurrente, particulièrement pour les projets en pré‑construction ou sur des îles isolées.

Les études de comportement immobilier montrent que la réputation du promoteur est déterminante pour une large majorité d’acheteurs. Pourtant, dans la pratique, beaucoup ne vérifient ni les projets livrés, ni les retards passés, ni les litiges antérieurs. Il est indispensable de consulter le portefeuille de réalisations, de visiter des projets terminés si possible, de parler à des propriétaires existants et de rechercher les décisions de justice ou les articles de presse négatifs.

Attention :

Pour les projets en concession insulaire, la logistique maritime, la préservation du corail et l’adaptation à la montée des eaux sont des défis techniques majeurs. L’absence d’expérience spécifique du développeur accroît significativement les risques de problèmes structurels, de retards importants et de non-conformité environnementale.

L’erreur typique est d’accepter un contrat qui ne prévoit ni compte séquestre indépendant pour les paiements, ni audit externe de l’avancement des travaux, ni pénalités claires en cas de retard. Dans le cas d’un projet en plan, les versements devraient être liés à des jalons de construction certifiés par un tiers, et non à un calendrier fixe laissé à la seule appréciation du promoteur.

Sous‑estimer les risques environnementaux et climatiques

Les Maldives sont l’un des pays les plus exposés au changement climatique. La quasi‑totalité des terres émergées se situe à moins d’un mètre au‑dessus du niveau de la mer, et les projections de montée des eaux à l’horizon 2100 sont inquiétantes. Ignorer ce contexte au moment d’acheter une propriété côtière ou sur une île est une erreur de fond.

L’exposition n’est pas seulement théorique. Des événements passés comme le tsunami de 2004 ou la tempête Ockhi de 2017 ont déjà provoqué des inondations, des destructions d’infrastructures et une contamination durable des nappes phréatiques. De nombreuses îles ont dû recourir à des ouvrages de protection rigides (digues, brise‑lames), avec des effets parfois négatifs sur les écosystèmes et les plages.

Bon à savoir :

Pour une évaluation complète des risques, il est essentiel de prendre en compte l’élévation du terrain, les protections côtières, la structure des bâtiments et leur résilience aux tempêtes. De plus, la vulnérabilité des récifs coralliens au réchauffement des océans constitue un risque économique majeur : leur dégradation menace directement l’attrait touristique et, par conséquent, la valeur locative des resorts et résidences qui en dépendent.

Une due diligence sérieuse devrait inclure au minimum: examen des études d’impact environnemental déjà réalisées, consultation des autorités sur les risques connus (érosion, inondations), vérification de la conformité du projet aux normes de construction et aux règles de recul par rapport au rivage, intégration d’une assurance couvrant les catastrophes naturelles.

Négliger la procédure officielle, le registre foncier et les obligations de conformité

Une fois le contrat signé et les fonds versés, certains investisseurs considèrent l’opération comme achevée. C’est une vision très dangereuse dans un pays où la sécurité juridique dépend fortement de l’enregistrement formel des transactions.

Aux Maldives, l’inscription du bail ou du droit de strata au registre officiel (Land Registry) est indispensable pour opposer ses droits aux tiers. Omettre cet enregistrement, ou laisser le développeur s’en charger sans suivi, expose à des situations où le droit n’est pas reconnu par les autorités, ou où un tiers peut prétendre à un droit prioritaire.

Astuce :

La législation sur l’investissement étranger impose des obligations strictes de « Know Your Customer » (KYC) et de transparence sur le bénéficiaire effectif. L’absence d’un dossier de conformité complet, incluant passeport, justificatif d’adresse, preuves de l’origine des fonds et lettres bancaires, peut entraîner le blocage de virements, retarder l’approbation d’un investissement ou, dans les cas les plus graves, attirer l’attention des autorités de lutte contre le blanchiment d’argent.

Les investisseurs qui cherchent à contourner les règles en utilisant des montages opaques, des prête‑noms locaux non déclarés ou des sociétés écrans non conformes prennent un risque disproportionné. La moindre irrégularité peut servir de base pour remettre en cause l’opération entière. À l’inverse, un montage transparent, approuvé par les ministères compétents et correctement enregistré, offre une bien meilleure sécurité.

Mal appréhender les risques financiers: devises, financement, fiscalité

Un autre piège courant consiste à raisonner uniquement en dollars ou en euros sans tenir compte de la monnaie locale, des contraintes de change et des règles de rapatriement des revenus. La monnaie maldivienne, la rufiyaa, est arrimée au dollar, mais la réglementation des changes évolue, notamment avec l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi sur les devises qui impose la conversion d’une partie des recettes en monnaie locale.

Attention :

Ne pas se renseigner sur les règles de détention de comptes en devises, sur la possibilité de recevoir les loyers en dollar et sur les obligations de conversion peut affecter la rentabilité réelle de l’investissement. Les investisseurs non‑américains ou non‑dollarisés courent aussi un risque de change entre leur monnaie d’origine et le dollar, puis entre le dollar et la rufiyaa.

S’ajoute à cela la difficulté d’obtenir un financement local. La plupart des acheteurs étrangers financent leurs acquisitions en numéraire, les banques maldiviennes étant peu enclines à prêter à des non‑résidents pour des biens en bail. Certains développeurs proposent des financements internes, mais souvent avec un apport initial élevé (30 à 50%) et des taux d’intérêt supérieurs à ceux des marchés développés.

Astuce :

Le volet fiscal international est souvent négligé lors d’un investissement immobilier aux Maldives. Bien que les Maldives n’appliquent pas systématiquement une taxe spécifique sur les plus-values immobilières, ces profits peuvent être soumis à l’impôt sur les bénéfices des entreprises. De plus, l’absence de convention fiscale entre les Maldives et l’État de résidence de l’investisseur peut entraîner une double imposition des revenus locatifs et des plus-values. Il est donc crucial de consulter un fiscaliste spécialisé avant de structurer l’investissement pour maîtriser sa fiscalité et éviter des erreurs coûteuses.

Synthèse des principaux risques financiers

Pour clarifier les enjeux, on peut résumer les principaux risques financiers auxquels s’expose un acheteur mal informé.

Type de risqueExemple de conséquence pour l’investisseur
Dépréciation du bailBaisse de la valeur de revente lorsque la durée restante diminue
Monnaie et changePerte sur conversion MVR / USD / devise d’origine
Financement limitéObligation de financer en cash ou via crédit développeur coûteux
Double imposition potentielleTaxation dans le pays de résidence et aux Maldives
Coûts sous‑estimésRendement net inférieur aux projections commerciales

Croire que la revente sera facile et rapide

Séduits par la notoriété internationale des Maldives comme destination de luxe, beaucoup d’investisseurs supposent qu’ils pourront revendre rapidement leur bien si besoin. C’est une extrapolation hasardeuse. Le marché de revente pour les propriétés en bail détenues par des étrangers est nettement plus étroit que celui des résidences principales dans les grandes capitales.

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Le nombre de facteurs limitant le nombre d’acheteurs potentiels de biens immobiliers pour étrangers en France.

En pratique, les délais de revente peuvent être significatifs, parfois de six à douze mois ou davantage, surtout lorsque l’unité est située dans un projet de niche ou dans un atoll moins connu. Ne pas intégrer cette illiquidité relative dans sa stratégie d’investissement est une erreur majeure. Un investisseur qui prévoit un horizon de cinq ans, sans étudier l’impact de la réduction de la durée de bail à la revente ni la profondeur réelle du marché secondaire, risque de réaliser une moins‑value.

Oublier que l’on dépend souvent d’un gestionnaire pour les revenus locatifs

La plupart des produits immobiliers proposés aux étrangers aux Maldives sont intégrés à des resorts, hôtels ou complexes gérés par une marque internationale ou un opérateur local. Les revenus locatifs sont généralement mutualisés dans un « pool » géré par l’exploitant, qui reverse une part aux propriétaires, après prélèvement de frais de gestion et de charges d’exploitation.

Attention :

Une erreur classique consiste à se focaliser sur les rendements bruts annoncés (4% à 12%) sans décrypter les hypothèses sous-jacentes ni analyser en détail le contrat de gestion. Il est crucial d’examiner la structure des frais, la durée, les conditions de résiliation, les garanties de performance, la politique d’entretien et le calendrier des rénovations majeures. La forte dépendance vis-à-vis du gestionnaire signifie qu’un échec de sa stratégie commerciale, une baisse de la qualité de service ou une dégradation de la réputation du resort impacte immédiatement les revenus du propriétaire.

Il est essentiel d’examiner la solidité financière de l’opérateur, son expérience dans la gestion de produits similaires, l’historique de performance sur d’autres sites et les mécanismes de contrôle ou de reporting prévus. Un contrat qui donne à l’opérateur le pouvoir de modifier unilatéralement les principales conditions, d’augmenter les frais de gestion sans plafond ou de restreindre l’usage des propriétaires est un signal d’alarme.

Vouloir tout faire soi‑même sans équipe locale compétente

Aujourd’hui, il est possible de repérer un projet aux Maldives, de contacter un agent, de recevoir un projet de contrat et même de verser un acompte sans quitter son pays. Cette facilité apparente pousse certains investisseurs à traiter un achat international complexe comme une simple réservation de vacances. C’est une erreur de perception.

Bon à savoir :

Pour un investissement immobilier aux Maldives, il est crucial de constituer une équipe locale comprenant : un avocat spécialisé en droit immobilier maldivien et des investissements étrangers, un conseil fiscal maîtrisant les interactions avec la fiscalité de votre pays de résidence, un géomètre ou ingénieur pour les vérifications techniques, et des consultants environnementaux pour les sites sensibles. Prévoir également des médiateurs ou arbitres compétents en cas de litige.

Percevoir ces honoraires comme une « dépense inutile » plutôt que comme une assurance contre les erreurs lourdes est une autre faute psychologique fréquente. Sur un investissement à plusieurs millions de dollars, économiser quelques milliers en réduisant la due diligence est rarement rationnel.

Rôle des principaux intervenants dans un achat sécurisé

Pour comprendre concrètement les apports de chacun, on peut les présenter de manière synthétique.

IntervenantContribution principale
Avocat local spécialiséAnalyse contractuelle, conformité légale, négociation
Fiscaliste internationalStructuration optimisée, prévention de la double imposition
Géomètre / ingénieurVérif. des limites, qualité de construction, risques physiques
Consultant environnementalAnalyse érosion, montée des eaux, impact écologique
Agent immobilier expérimentéAccès au marché, filtrage de projets sérieux
Conseil en gestion hôtelièreAnalyse des modèles de revenus et des contrats d’exploitation

Mal structurer la détention du bien

Une autre source d’erreurs vient du choix du véhicule de détention. Certains investisseurs acquièrent le droit en leur nom propre, d’autres via une société maldivienne, parfois conjuguée à une structure étrangère (holding, trust). Chacune de ces options présente des conséquences en termes de responsabilité, de fiscalité, de succession et de conformité.

Attention :

La législation maldivienne impose des conditions spécifiques pour les sociétés, comme la présence de dirigeants résidents, avec des dérogations pour les investisseurs étrangers. Elle fixe également des plafonds de participation étrangère par secteur, autorisant jusqu’à 100% dans certains projets touristiques, mais avec des exigences de capital minimum élevé. Le non-respect de ces règles peut entraîner des structures inefficaces ou irrégulières.

Par ailleurs, la structuration doit anticiper la transmission: comment léguer ou céder le droit au sein d’une famille internationale? Comment éviter une double imposition lors de la cession des parts de la société détentrice? Faut‑il opter pour une détention directe ou par l’intermédiaire d’une société de patrimoine dans une autre juridiction? Sans analyse experte, l’investisseur découvre trop tard que sa structure complique la succession ou renchérit l’impôt en sortie.

Conclusion: rêver des Maldives, mais investir comme un professionnel

Les Maldives offrent un cadre naturel et touristique exceptionnel, et le pays a mis en place des mécanismes sophistiqués pour attirer les investissements étrangers, notamment via les baux de longue durée, les modèles de résidences de marque, les projets intégrés et les programmes de résidence par investissement.

Attention :

Le cadre juridique, combiné aux contraintes constitutionnelles, à la vulnérabilité climatique et au droit local, crée un environnement exigeant. Des erreurs courantes (comme croire à la pleine propriété, négliger le bail principal, sous-estimer les coûts, se fier au discours du promoteur, ignorer les risques environnementaux ou mal structurer la détention) peuvent détruire la rentabilité d’un projet et générer des pertes sévères.

Investir intelligemment aux Maldives signifie accepter la complexité et y répondre par une approche rigoureuse: vérifications systématiques, conseil juridique local, lecture attentive des contrats, évaluation conservatrice des revenus et valorisation, prise en compte des risques climatiques et réglementaires. L’image de carte postale doit être le point de départ du projet, pas son seul argument.

En somme, les Maldives peuvent être un terrain d’investissement attractif pour qui est prêt à regarder au‑delà du lagon et à traiter chaque étape comme le ferait un professionnel: avec méthode, prudence et lucidité.

Pourquoi il est préférable de me contacter ? Voilà un exemple concret :

Un chef d’entreprise français d’environ 50 ans, avec un patrimoine financier déjà bien structuré en Europe, souhaitait diversifier une partie de son capital dans l’immobilier résidentiel aux Maldives pour profiter d’un rendement locatif lié au tourisme haut de gamme et d’une exposition en dollars. Budget alloué : 400 000 à 600 000 dollars, sans recours au crédit.

Après analyse de plusieurs îles (Malé, Hulhumalé, atolls touristiques majeurs), la stratégie retenue a consisté à cibler une villa ou une petite guesthouse dans une zone en forte fréquentation touristique, combinant rendement locatif brut cible de 10 %plus le rendement est grand, plus le risque est important – et potentiel de valorisation à moyen terme, avec un ticket global (acquisition + frais + aménagements) d’environ 500 000 dollars. La mission a inclus : sélection de l’île et du quartier, mise en relation avec un réseau local (agent, avocat, fiscaliste), choix de la structure (propriété directe ou société locale) et définition d’un plan de diversification dans le temps, en intégrant les risques juridiques, fiscaux et de gestion locative.

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A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Expert en gestion de patrimoine internationale depuis plus de 20 ans, j’accompagne mes clients dans la diversification stratégique de leur patrimoine à l’étranger, un impératif face à l’instabilité géopolitique et fiscale mondiale. Au-delà de la recherche de revenus et d’optimisation fiscale, ma mission est d’apporter des solutions concrètes, sécurisées et personnalisées. Je conseille également sur la création de sociétés à l’étranger pour renforcer l’activité professionnelle et réduire la fiscalité globale. L’expatriation, souvent liée à ces enjeux patrimoniaux et entrepreneuriaux, fait partie intégrante de mon accompagnement sur mesure.

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