L’ISLANDE intrigue souvent les investisseurs par ses volcans, ses fjords et ses aurores boréales. Mais derrière cette carte postale se cache un marché d’immobilier commercial en pleine montée en puissance, porté par un tissu économique solide, une énergie quasi intégralement renouvelable et un environnement juridique plutôt rassurant. Dans un pays où la population n’atteint même pas 400 000 habitants, les chiffres du secteur immobilier surprennent par leur dynamisme, et les flux de capitaux étrangers s’intensifient.
L’Islande présente un marché de petite taille, une forte dépendance au tourisme et une monnaie volatile, mais offre aussi des rendements intéressants, une stabilité politique et une demande concentrée dans quelques zones clés. Plutôt qu’une spéculation à court terme, une stratégie d’investissement à long terme est recommandée, ciblant des actifs de qualité dans les bureaux modernes, la logistique, l’hôtellerie ou les parcs industriels verts.
Un marché immobilier commercial en forte expansion
D’un point de vue macro, l’ISLANDE coche plusieurs cases que recherchent les investisseurs institutionnels : économie avancée, crédit souverain noté « A » avec perspective stable par les agences internationales, État de droit robuste, et une transparence élevée des transactions immobilières. Le produit intérieur brut tourne autour de 28 milliards de dollars et se projette sur une croissance de 2 à 3 % par an à moyen terme, malgré une légère contraction en 2024 déjà en voie de correction.
Sur ce socle, le marché de l’immobilier commercial a pris de l’ampleur. L’industrie des « activités immobilières directes » pèse environ 2,3 milliards d’euros de revenus en 2025 et se classe 27e en Europe. Entre 2020 et 2025, la taille de ce secteur a progressé à un rythme annuel moyen de 12 %, tandis que le nombre d’entreprises actives grimpait à plus de 7 100, avec un taux de croissance annuel supérieur à 8 %. Autrement dit, non seulement la valeur du parc augmente, mais le nombre d’acteurs — promoteurs, foncières, gestionnaires, intermédiaires — explose également.
Le secteur de la location et du leasing génère près de 378 millions d’euros de chiffre d’affaires, soulignant l’importance du modèle locatif.
Des rendements locatifs compétitifs dans un marché tendu
Même si la plupart des statistiques publiées concernent davantage le résidentiel que le pur commercial, elles donnent une idée assez précise du profil rendement/risque. À l’échelle nationale, les rendements bruts moyens toutes catégories de logements confondues tournent autour de 5,20 %, avec des pointes au-delà de 6 % selon la taille et l’emplacement du bien. À Reykjavik, la fourchette observée se situe entre environ 3,9 % et 5,5 %, pour une moyenne proche de 4,9 %.
Les propriétés commerciales se situent, selon les analyses de marché, entre 5,5 % et 7 % de rendement brut, quand les petits hôtels et maisons d’hôtes peuvent atteindre 7 à 9 %, surtout dans les zones touristiques. Une fois les charges, la fiscalité et l’entretien déduits, les rendements nets se stabilisent généralement entre 3,5 % et 4,5 %. Pour un pays nordique jugé très sûr, ce couple rendement/sécurité est loin d’être négligeable.
L’évolution des prix du marché immobilier montre une trajectoire résiliente et progressive. Après une appréciation annuelle de 3 à 5 % dans la période post-crise (2010‑2016), puis une forte hausse de 8 à 10 % par an durant le boom touristique (2016‑2019), la pandémie a ralenti la progression à 1‑3 %. Depuis 2023, la croissance est repartie à 5‑7 %. Les projections anticipent désormais une augmentation plus modérée, inférieure à 5 % par an, signe d’une phase de maturité du marché plutôt que d’une bulle spéculative.
Un environnement économique globalement porteur
L’économie islandaise s’est diversifiée : aux piliers historiques que sont la pêche et l’aluminium se sont ajoutés le tourisme, l’informatique, les sciences de la vie et les industries créatives. Le marché du travail reste tendu, avec un chômage autour de 5 à 6 % et une part d’étrangers dans la population active proche de 24 %, très présente dans la construction, le tourisme et la pêche.
L’inflation, après avoir culminé à près de 9 %, est redescendue autour de 4 % en 2025, tandis que la Banque centrale a commencé à desserrer sa politique monétaire, abaissant son taux directeur vers 7,75 %. La volatilité de la couronne islandaise demeure une réalité, mais la solidité du système bancaire, l’ampleur des fonds de pension et une supervision prudentielle rigoureuse limitent les risques systémiques.
Une demande en mutation : flexibilité, expérience et durabilité
Pour comprendre les opportunités d’investissement dans l’immobilier commercial en ISLANDE, il faut regarder de près la transformation des usages. Les entreprises et les consommateurs islandais, comme ailleurs, revoient leurs attentes vis‑à‑vis des bâtiments : plus de flexibilité, plus de technologie, plus de durabilité environnementale.
Dans les bureaux, la demande se déplace vers des espaces à plateaux ouverts, modulables, intégrant des solutions numériques avancées et permettant le travail hybride. Les espaces de coworking, les formules de bureaux flexibles et les services partagés (salles de réunion, espaces détente, restauration, parking vélo) gagnent du terrain, notamment dans le centre de Reykjavik et les quartiers d’affaires en développement.
Face à la progression du e‑commerce, les enseignes transforment leurs magasins en lieux d’expérience plutôt qu’en simples points de transaction. Les zones mixtes, combinant commerces, restauration, loisirs et logements, comme le projet Hafnartorg à Reykjavik, illustrent cette tendance.
Sur le plan environnemental, la quête de bâtiments « verts » est particulièrement marquée. La quasi‑totalité de l’électricité et du chauffage proviennent de sources renouvelables (géothermie et hydroélectricité), et la législation, ainsi que les politiques municipales, poussent les promoteurs à intégrer des certifications environnementales, des analyses de cycle de vie et des matériaux à faible empreinte carbone. Des quartiers comme Korputún, en cours de développement, visent ainsi une certification BREEAM Communities à l’échelle d’un district entier.
Où investir : cartographie des zones et segments porteurs
Le marché immobilier islandais est extrêmement concentré géographiquement. Plus de 65 % de la population vit dans la Région de la capitale et une large part de l’activité économique s’y trouve. Pour un investisseur, cette concentration permet de cibler quelques pôles majeurs.
Reykjavik et la Région de la capitale : cœur battant du marché
Reykjavik est logiquement la première destination. Centre politique, économique et culturel du pays, la ville concentre les meilleurs actifs de bureaux, de commerces prime et de projets mixtes. Le centre‑ville (notamment les secteurs de Laugavegur, l’Old Harbour, le front de mer autour d’Harpa) affiche les valeurs les plus élevées et un taux de vacance structurellement faible.
Des espaces de travail modernes et multifonctionnels conçus pour répondre aux besoins évolutifs des entreprises, alliant services, commodités et localisation stratégique.
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Fournit des solutions de travail évolutives et modernes, adaptées aux besoins des petites et moyennes entreprises.
Le tableau ci‑dessous donne un aperçu, à partir d’ordres de grandeur publiés, des fourchettes de prix moyens au mètre carré dans les principales zones urbaines (tous types d’actifs confondus) :
| Zone d’investissement | Prix moyen estimatif (€/m²) | Commentaire principal |
|---|---|---|
| Reykjavik centre (101) | 5 500 – 6 200 | Emplacements prime, forte pression de demande |
| Reykjavik proche centre (105, 107) | 4 500 – 5 500 | Quartiers résidentiels et tertiaires établis |
| Banlieues de Reykjavik (maisons) | 4 000 – 4 800 | Marché familial, accès routier |
| Kópavogur / Garðabær (Région capitale) | 4 000 – 5 000 | Fort développement commercial et retail |
| Hafnarfjörður / Mosfellsbær | 3 500 – 4 200 | Zones mixtes, résidentielles et industrielles |
| Akureyri centre | 3 000 – 3 800 | Deuxième ville du pays |
| Zones touristiques de la Côte sud | 2 800 – 3 500 | Cottages et projets hôteliers |
| Petites villes des Fjords de l’Est | 2 000 – 2 800 | Marché de niche, potentiel vacances |
| Westfjords (villes isolées) | 1 500 – 2 500 | Prix bas, très forte sélectivité |
Dans la Région de la capitale, les centres commerciaux (comme Smáralind à Kópavogur) et les parcs d’affaires périphériques bénéficient de la croissance démographique et de la hausse des revenus. On y trouve également des opportunités dans la logistique urbaine, pour répondre à l’essor du commerce en ligne.
Akureyri et les villes régionales : diversification contrôlée
Akureyri, deuxième ville du pays, se positionne comme un pôle régional en plein développement. Le marché y reste plus abordable, avec des rendements parfois supérieurs à ceux de Reykjavik, notamment dans les actifs hôteliers, les résidences de vacances et les immeubles mixtes. Des projets comme la reconversion de l’ancien centre commercial Sunnuhlíð en pôle de santé et de services médicaux (plus de 4 800 m²) illustrent le potentiel de création de valeur par la transformation d’actifs existants.
D’autres localités islandaises, telles que Selfoss au sud, Húsavík au nord, certaines villes des Fjords de l’Est ou les Westfjords, offrent des opportunités d’investissement. Ces marchés présentent des prix d’entrée plus bas et des niches comme l’écotourisme, mais exigent des investisseurs une plus grande tolérance au risque de liquidité.
Périmètre logistique et hubs de transport
L’ISLANDE bénéficie d’une position géographique stratégique sur l’axe transatlantique, avec le port de Reykjavik comme principale porte d’entrée des marchandises et l’aéroport international de Keflavik comme plate‑forme aérienne majeure. La logistique et l’entreposage connaissent une croissance rapide : le secteur progresse à un rythme d’environ 13 % par an, emploie près de 9 500 personnes et représentait plus de 4 % du PIB dès 2020.
Les principaux hubs se structurent autour de Reykjavik, de Keflavik et de zones comme Ásbrú. Les grandes enseignes et logisticiens prévoient d’augmenter leurs capacités de stockage d’environ 35 %, ce qui devrait créer plus de 1 800 emplois supplémentaires d’ici 2026, et donc une demande additionnelle en surfaces d’entrepôts, de dépôts frigorifiques et de plateformes de cross‑docking.
Les principaux segments d’actifs commerciaux
L’ISLANDE ne propose pas qu’un seul profil d’investissement. Bureaux, commerces, entrepôts, hôtels, parcs industriels verts : chaque segment répond à des moteurs de demande spécifiques et à une structure de risques différente.
Bureaux : flexibilité, technologie et centralité
Les bureaux prime du centre de Reykjavik attirent les banques, cabinets d’avocats, agences créatives et sociétés technologiques. La demande est particulièrement forte pour des espaces :
– modulables, permettant de redimensionner facilement les surfaces occupées ;
– bien connectés, avec fibre optique et infrastructures IT ;
– à haute performance énergétique, tirant parti de la géothermie pour le chauffage et parfois le refroidissement.
La tendance aux bureaux flexibles profite également à des immeubles proposant des postes par personne et par mois, avec services intégrés. Dans des adresses comme L27 ou Hafnartorg, les loyers peuvent être facturés à la place de travail, avec des prestations (salles de réunion, espaces détente, ménage, services IT) mutualisées.
Les rendements sur ce segment se situent, pour des actifs bien placés et bien loués, autour de 5,5 à 6,5 % brut, avec une perspective d’appréciation régulière des valeurs à moyen terme, tant que la croissance économique et la demande tertiaire restent solides.
Commerce de détail : de la rue commerçante aux complexes mixtes
Dans les rues commerçantes du centre de Reykjavik, le commerce capte à la fois les Islandais et les touristes, plus de 95 % des visiteurs étrangers passant par la Région de la capitale. Les dépenses touristiques, notamment en hébergement et restauration, représentent une part significative des revenus locaux.
Les grands centres commerciaux comme Smáralind consolident les enseignes nationales et internationales et offrent des surfaces importantes, mais les projets ayant le plus de potentiel sont souvent ceux qui mélangent retail, restauration, loisirs et bureaux ou logements. C’est le cas du front de mer réaménagé de Reykjavik, où boutiques, cafés, appartements et bureaux coexistent.
La montée en puissance du e‑commerce ne se traduit pas par un effondrement du commerce physique, mais par une reconfiguration : click‑and‑collect, showrooms expérientiels, magasins plus petits et mieux situés. Pour l’investisseur, le sujet devient la qualité du locataire, la flexibilité des surfaces et la capacité à intégrer de nouveaux usages.
Logistique et entrepôts : un secteur en tension
Le segment logistique est peut‑être l’un des plus sous‑offerts. Les données disponibles montrent, par exemple, qu’au printemps 2025, seuls 34 entrepôts étaient disponibles à la location dans tout le pays, pour une surface totale de quelque 72 700 m², alors même que la demande continue de grimper.
Plusieurs catégories d’actifs se distinguent :
– entrepôts standards pour stockage général ;
– entrepôts à température contrôlée, très demandés par l’agroalimentaire et la pharmacie ;
– plateformes de cross‑docking, qui exploitent la position géographique de l’ISLANDE pour des flux rapides ;
– solutions d’entreposage de haute sécurité pour produits sensibles à forte valeur ajoutée ;
– entrepôts frigorifiques, segment à la croissance la plus rapide, en lien avec les exportations de poissons et de produits frais.
Les rendements sur la logistique peuvent atteindre 6 à 7 % brut, voire plus pour des actifs secondairement situés mais bien loués. La pénurie relative d’offre, combinée à des investissements croissants dans l’automatisation, plaide pour une valorisation progressive des meilleurs actifs.
Le tableau suivant résume les rendements et les valorisations typiques observés selon les segments :
| Segment d’actifs | Rendement brut typique | Commentaire de valorisation |
|---|---|---|
| Bureaux centre de Reykjavik | 5,5 – 6,5 % | Valeurs élevées, forte liquidité |
| Bureaux secondaire (périphérie) | 6,0 – 7,0 % | Décote de prix, risque de vacance plus élevé |
| Commerce de détail prime | 5,0 – 6,0 % | Forte exposition au tourisme |
| Retail en centre commercial régional | 6,0 – 7,0 % | Rendement plus élevé, dépendance à l’économie locale |
| Logistique et entrepôts | 6,0 – 7,0 % | Offre limitée, demande en forte croissance |
| Petits hôtels / guesthouses | 7,0 – 9,0 % | Forte saisonnalité, gestion plus complexe |
| Locations touristiques saisonnières | 6,0 – 8,0 % | Revenus variables, très dépendants du tourisme |
Hôtellerie, tourisme et projets mixtes
Le tourisme est l’un des moteurs les plus puissants de la demande immobilière en ISLANDE. Avant la pandémie, les arrivées dépassaient les 2 millions de visiteurs par an, contre moins d’un million au début des années 2010. Après le trou d’air de 2020‑2021, la fréquentation s’est rapidement redressée et les prévisions annoncent de nouveau plus de 2,3 millions de touristes.
C’est le rendement potentiel que peuvent atteindre les hébergements touristiques en Islande grâce à des taux d’occupation et des tarifs élevés.
Dans ce contexte, la municipalité de Reykjavik a même publié un prospectus dédié aux opportunités hôtelières, et plusieurs projets structurants existent dans tout le pays (hôtels côtiers, ensembles de cottages, complexes d’aventure). Les réglementations sur les locations de courte durée (nombre de jours limité, licences obligatoires) ont pour effet de canaliser une partie de la demande vers l’hôtellerie professionnelle, ce qui soutient la rentabilité des établissements bien gérés.
Un cadre légal et fiscal relativement clair, mais sélectif pour les étrangers
Pour un investisseur étranger, l’attractivité d’un marché repose autant sur sa performance que sur la lisibilité de ses règles. L’ISLANDE, membre de l’Espace économique européen et de l’OCDE, applique un régime relativement ouvert mais encadré.
Propriété étrangère : qui peut acheter quoi ?
Les règles de base sont fixées notamment par la loi n°19/1966 sur le droit de propriété et d’usage des biens immobiliers, complétée par la loi foncière n°81/2004 et des textes plus récents. Le principe est que les citoyens islandais et les personnes légalement domiciliées dans le pays peuvent acquérir librement des biens, résidentiels ou commerciaux.
Pour les ressortissants de l’EEE, de l’AELE ou des Îles Féroé, l’accès à la propriété est en grande partie libéralisé, à condition de respecter certaines obligations déclaratives. Pour les investisseurs situés hors de cet espace, un régime de permission est en vigueur : l’acquisition d’un bien requiert l’autorisation du ministre de la Justice, délivrée au cas par cas.
L’obtention d’une autorisation d’achat de terrain est facilitée si l’investissement sert directement une activité économique (hôtel, bureau, centre logistique), avec une surface pouvant atteindre 25 hectares. Pour un achat sans projet économique direct, la surface est limitée à 3,5 hectares et le propriétaire ne peut détenir d’autres biens dans le pays.
L’une des subtilités importantes est la distinction entre terrain agricole et foncier urbain : l’acquisition de terres agricoles est strictement réservée aux citoyens islandais et n’est pas ouverte aux étrangers, même européens. En pratique, la plupart des projets commerciaux ciblent des terrains et bâtiments situés en zone urbaine ou industrielle, ce qui évite cet obstacle.
Procédure d’acquisition : de la due diligence au « kaupsamningur »
Le processus de transaction est très balisé. L’investisseur étranger doit d’abord obtenir un numéro d’identification islandais, le « kennitala », indispensable pour signer tout acte. Un compromis ou contrat d’achat, appelé kaupsamningur, est établi et supervisé par un notaire public (Notarius Publicus), puis enregistré au cadastre national (Þjóðskrá Íslands).
La due diligence doit couvrir :
– la vérification de la chaîne de titres et des éventuelles charges (hypothèques, servitudes, gages) ;
– la conformité du bien avec les règles d’urbanisme (zonage, hauteur, usages autorisés) ;
– les risques géologiques (séismes, activité volcanique, inondations), en s’appuyant sur les cartes de l’office météorologique islandais.
En l’absence de complications (financement au comptant, pas de travaux lourds immédiats), une transaction immobilière peut être finalisée en 3 à 4 semaines. La transparence du registre foncier et la digitalisation des démarches limitent les risques, à condition d’être accompagné par un avocat local expérimenté.
Fiscalité : un cadre compétitif mais à bien intégrer dans les business plans
Sur le plan fiscal, l’ISLANDE applique un impôt sur les sociétés de 20 %, dans la fourchette basse des pays de l’OCDE. Les gains en capital issus de la vente d’un bien immobilier sont imposés à 22 %, tout comme les revenus fonciers nets (après déduction des charges admissibles). Pour le résidentiel loué à long terme, seule la moitié du loyer brut est considérée comme base imposable, ce qui revient à alléger fortement la charge.
Les coûts d’acquisition restent raisonnables par rapport à d’autres marchés européens :
| Poste de coût | Niveau indicatif | À la charge de… |
|---|---|---|
| Taxe de transfert / droit de timbre | 0,8 – 1,6 % de la valeur du bien | Acheteur |
| Frais d’enregistrement | Environ 0,1 % | Acheteur |
| Frais de notaire | Environ 0,1 % | Acheteur |
| Honoraires juridiques | 0 – 1 % ou forfait | Acheteur |
| Commission d’agent immobilier | 1,5 – 2,5 % du prix de vente | Généralement vendeur |
| Frais de permission ministérielle (non‑EEE) | Environ 120 000 ISK | Acheteur concerné |
| Inspection technique | 80 000 – 150 000 ISK | Acheteur |
Au total, le « roundtrip » de transaction (achat + revente) est estimé entre 2,4 % et 5,2 % du prix du bien, ce qui est relativement modéré.
Les biens commerciaux sont soumis à une taxe foncière municipale pouvant aller jusqu’à environ 1,65 % de la valeur cadastrale. La TVA standard sur les biens et services est de 24 %, mais un taux réduit de 11 % s’applique, par exemple, à la location d’hébergements touristiques de courte durée. Les locations résidentielles de long terme sont généralement exonérées de TVA.
Financement et structuration : des conditions exigeantes mais gérables
L’accès au financement local fait partie des sujets les plus sensibles pour un investisseur étranger en ISLANDE. Le système bancaire, dominé par trois grandes banques (Íslandsbanki, Landsbankinn et Arion Bank), reste prudent et applique des critères stricts, notamment pour les acheteurs non résidents.
Il s’agit du ratio prêt/valeur (LTV) maximum typique pour les étrangers acquérant des actifs immobiliers de premier ordre à Reykjavik.
Cette prudence oblige souvent les investisseurs à mobiliser davantage de fonds propres ou à structurer leurs opérations via :
– des financements dans leur pays d’origine (refinancement d’actifs, lignes corporate, etc.) ;
– des partenariats avec des investisseurs islandais (notamment des fonds de pension, très présents au capital des grandes foncières) ;
– des emprunts auprès d’institutions supranationales comme la Banque Nordique d’Investissement (NIB), qui finance actuellement plusieurs projets immobiliers, dont trois opérations de la société islandaise Heimar hf via un prêt de 4,5 milliards ISK.
L’angle « green » et l’avantage énergétique islandais
L’un des atouts les plus différenciants de l’ISLANDE tient à son infrastructure énergétique et à sa politique environnementale. Plus de 99 % de l’électricité et du chauffage proviennent de sources renouvelables, principalement hydroélectriques et géothermiques. Cela se traduit par :
– des coûts énergétiques particulièrement compétitifs pour les utilisateurs intensifs (data centers, industries de transformation, serres, etc.) ;
– une empreinte carbone très faible pour les bâtiments, un argument clé pour les entreprises soucieuses de leurs engagements ESG ;
– une stabilité d’approvisionnement qui réduit fortement le risque d’interruption.
L’État et la ville de Reykjavik visent la neutralité carbone d’ici 2040. Un plan spécifique pour le secteur de la construction prévoit une réduction de 43 % des émissions du bâti d’ici 2030. Des partenariats public-privé, comme « Building a Greener Future », établissent des feuilles de route et encouragent les certifications environnementales (BREEAM, Nordic Swan) pour les nouveaux projets.
Pour les investisseurs, cela se traduit par un double mouvement : d’un côté, des spécifications techniques plus exigeantes (isolation renforcée, choix de matériaux, intégration d’analyses de cycle de vie) qui alourdissent les coûts de construction ; de l’autre, une prime à la valorisation et une meilleure liquidité pour les actifs certifiés « verts », de plus en plus recherchés par les locataires et les financeurs.
Les parcs industriels « éco » en cours de développement, comme le Grundartangi Eco Industrial Park ou le parc géothermique autour des centrales de HS Orka sur la péninsule de Reykjanes, illustrent une nouvelle génération d’immobilier productif. Ils intègrent dès la conception des synergies énergétiques, telles que la valorisation de la chaleur fatale et l’utilisation du CO₂.
Opportunités sectorielles : de la data au tourisme durable
Au‑delà des catégories classiques (bureaux, commerces, entrepôts, hôtels), plusieurs niches offrent des perspectives attractives en ISLANDE.
Les data centers constituent une première piste : grâce à la combinaison d’un climat froid, d’une électricité bon marché et 100 % renouvelable, et d’une connectivité internationale performante (câbles sous‑marins vers l’Amérique du Nord et l’Europe), l’ISLANDE attire des projets d’infrastructures numériques. Ces centres nécessitent des bâtiments techniques, souvent implantés près des centrales géothermiques, ce qui génère une demande spécifique en immobilier industriel spécialisé.
Les régions isolées comme les Westfjords ou la Côte sud développent des projets touristiques durables (lodges, hôtels nature, thermes, loisirs haut de gamme). Bien que l’investissement soit risqué et saisonnier, les rendements peuvent être significatifs pour des concepts bien positionnés.
Enfin, la logistique de la chaîne du froid, liée à la fois à l’exportation des produits de la mer et à l’importation croissante de produits frais, ouvre des perspectives dans les entrepôts frigorifiques, les plateformes portuaires ou aéroportuaires et les installations de transformation.
Risques et limites : un marché à aborder avec méthode
L’ISLANDE n’est pas un eldorado sans contreparties. Plusieurs risques structurants doivent être intégrés dans tout business plan sérieux.
La taille réduite du marché entraîne une liquidité limitée : vendre un actif de plusieurs dizaines de millions d’euros prend plus de temps que dans une métropole européenne majeure, surtout en dehors du centre de Reykjavik. La dépendance au tourisme expose l’économie — et donc une partie du marché immobilier — aux chocs exogènes (pandémies, récessions globales, perturbations du transport aérien).
La forte volatilité de la couronne islandaise (ISK) peut réduire, voire annuler, les rendements des investissements pour les détenteurs de comptes en euros ou en dollars. Un rendement local de 6 % peut ainsi se traduire par une performance bien inférieure après conversion. Une couverture de change (hedging) est recommandée pour les engagements significatifs.
Les risques naturels (séismes, activité volcanique) ne sont pas théoriques, comme l’ont rappelé les récentes éruptions sur la péninsule de Reykjanes, avec l’évacuation de la ville de Grindavík. La qualité de la réglementation et de l’ingénierie locales réduit la probabilité d’un dommage majeur sur un bien bien situé et bien construit, mais incite à une analyse fine de la localisation et à un recours systématique à des études géotechniques.
Enfin, la complexité réglementaire (zonage strict, protection de certains quartiers historiques, normes environnementales élevées) et les contraintes sur le financement imposent un niveau de préparation supérieur à celui exigé sur certains autres marchés plus « liquides ». Une part importante des retards de projets serait liée à des dossiers incomplets ou mal montés.
Comment aborder l’ISLANDE comme investisseur
Pour un acteur étranger, entrer sur le marché islandais de l’immobilier commercial suppose généralement plusieurs choix structurants : s’associer ou non avec un partenaire local, cibler ou non un segment particulier (hôtellerie, logistique, bureaux prime…), et accepter un horizon d’investissement de moyen à long terme plutôt que spéculatif.
Une approche prudente peut consister à :
Pour un investissement réussi en Islande, concentrez-vous d’abord sur la Région de la capitale et Akureyri, où la liquidité et la profondeur de marché sont optimales. Privilégiez des actifs liés aux mégatendances locales comme la croissance du tourisme, le développement logistique et la transition énergétique. Ciblez des immeubles certifiés ou certifiables « verts » pour attirer les locataires et obtenir de meilleurs financements. Structurez l’investissement en couronne islandaise (ISK) tout en mettant en place des couvertures de change pour gérer le risque. Enfin, constituez un réseau local solide incluant avocats, ingénieurs, courtiers, gestionnaires et banques.
En retour, l’ISLANDE offre un profil assez rare : un marché petit mais très transparent, des rendements convenables pour un pays très sûr, un environnement politique stable, une énergie propre et abondante, et une économie en transition vers des secteurs à forte valeur ajoutée.
Pour des investisseurs prêts à accepter la spécificité islandaise — climat rude, logistique particulière, réglementation exigeante — l’immobilier commercial dans ce pays nordique peut constituer un pilier intéressant de diversification, avec des actifs tangibles ancrés dans l’une des économies les plus résilientes et innovantes de la région.
Cas pratique : un investisseur français qui diversifie en Islande
Un chef d’entreprise français d’environ 50 ans, avec un patrimoine financier déjà bien structuré en Europe, souhaitait diversifier une partie de son capital dans l’immobilier résidentiel en Islande pour chercher un rendement locatif solide, une exposition à la couronne islandaise et un actif tangible dans un pays politiquement stable. Budget alloué : 400 000 à 600 000 euros, sans recours au crédit.
Après analyse de plusieurs zones (Reykjavík, Kópavogur, Hafnarfjörður), la stratégie retenue a consisté à cibler un appartement ou une petite maison individuelle dans un quartier dynamique, combinant rendement locatif brut cible de 6–7 % – en gardant à l’esprit que « plus le rendement est grand, plus le risque est important » – et potentiel de valorisation lié au tourisme et à la croissance démographique, avec un ticket global (acquisition + frais + éventuels rafraîchissements) d’environ 500 000 euros.
La mission a inclus : sélection du marché et du quartier, mise en relation avec un réseau local (agent immobilier, avocat, conseil fiscal parlant français ou anglais), analyse des contraintes réglementaires pour les non-résidents, choix de la structure la plus adaptée (propriété directe ou via société islandaise) et définition d’un plan de diversification dans le temps.
Ce type d’accompagnement permet à l’investisseur de bénéficier des opportunités du marché islandais tout en maîtrisant les risques juridiques, fiscaux et locatifs, et en intégrant cet actif dans une stratégie patrimoniale globale.
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