Comment rénover une propriété en Corée du Sud

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

Rénover un bien immobilier en Corée du Sud, que l’on soit résident ou étranger, n’a plus rien d’un simple « coup de peinture ». Entre explosion des coûts de construction, durcissement des normes énergétiques, essor du marché du home remodeling et influence grandissante du design coréen, chaque projet devient un véritable chantier stratégique. L’enjeu n’est plus seulement esthétique : il touche à la valeur du bien, à sa performance thermique, à son attractivité locative et même à la conformité avec des réglementations parfois complexes.

Bon à savoir :

Ce guide couvre le contexte de marché, le cadre légal, les budgets et les tendances de design, des hanoks traditionnels aux appartements high-tech. Il inclut également les pièges à éviter et les leviers pour optimiser son investissement.

Sommaire de l'article masquer

Un marché de la rénovation en pleine mutation

Le paysage immobilier sud-coréen se transforme rapidement. Pendant longtemps, l’essentiel de la valeur s’est joué sur le neuf : grandes opérations de reconstruction, tours résidentielles, nouveaux quartiers. Désormais, l’équation économique a changé.

12 à 14 millions

Le coût de construction par pyeong (3,3 m²) pour les petits immeubles, ayant plus que doublé en cinq ans.

La dynamique est chiffrée : le marché sud-coréen de la rénovation résidentielle est évalué à environ 3,45 milliards de dollars en 2024 et pourrait atteindre 5,59 milliards à l’horizon 2033, avec une croissance annuelle estimée à plus de 5 %. Les grands chantiers (major renovations) constituent déjà le principal segment du marché. Cette montée en puissance est portée par l’urbanisation, la hausse du niveau de vie et une série de politiques publiques orientées vers la sobriété énergétique et la modernisation du bâti existant.

8,42

À Séoul, les dépenses directes de construction pour la maintenance et le remodeling atteignent en moyenne 8,42 millions de wons par pyeong, en hausse de plus de 12 % sur un an.

Dans ce contexte, la rénovation n’est plus un pis-aller : c’est un outil central de création de valeur, renforcé par des normes énergétiques de plus en plus strictes et par l’essor spectaculaire du design coréen contemporain, largement diffusé par la Hallyu (K-pop, K-dramas, etc.).

Comprendre le cadre légal et administratif

Avant de casser la moindre cloison, il faut se confronter à la couche réglementaire. En Corée du Sud, plusieurs lois s’imbriquent pour encadrer la construction et la rénovation :

– le Building Act, qui régit les travaux substantiels sur les bâtiments ;

– le National Land Planning and Utilization Act, qui encadre l’urbanisme et les usages du sol ;

– la Cultural Heritage Protection Act, pour les bâtiments classés ou situés dans des zones de conservation ;

– des ordonnances locales, par exemple l’Ordonnance sur le bâtiment de la Ville de Séoul.

La plupart des projets non triviaux exigent un permis de construire (building permit) délivré par le maire ou le chef d’arrondissement (Si/Gun/Gu). Dans certains cas plus légers (petits agrandissements ou réparations limitées), une simple déclaration peut suffire.

Rénovation, reconstruction, « major repair » : des distinctions à bien maîtriser

Le droit coréen ne parle pas de « rénovation » de manière vague. Les textes, notamment les décrets présidentiels, opèrent des distinctions très précises :

Terme (traduction libre)Définition juridique essentielleImpact sur le projet
RenovationDémolition de tout ou partie du bâtiment (incluant au moins trois éléments porteurs comme murs, poutres, colonnes, fermes) puis reconstruction dans les mêmes limites de gabaritTraitée comme un chantier lourd, soumis à permis
ReconstructionReconstruction après destruction par catastrophe naturelle ou événement majeur, à gabarit équivalentForte charge réglementaire, diagnostics spécifiques
Major repairRéparation importante sans extension ni reconstruction, mais impliquant démolition d’éléments structuraux dépassant certains seuilsPeut nécessiter un permis, selon surface et ampleur

Ces catégories sont loin d’être symboliques : elles conditionnent le type d’autorisation à obtenir, l’obligation d’études techniques, voire la possibilité de bénéficier de certains régimes fiscaux ou de subventions. Pour un propriétaire étranger, s’entourer d’un architecte local et, souvent, d’un avocat ou d’un consultant habitué à ces subtilités est un investissement prudent.

Le parcours typique d’un projet

La procédure standard s’articule en plusieurs étapes successives, dont le schéma varie légèrement selon la nature et l’envergure des travaux, mais suit en général le même fil :

Astuce :

Le processus de construction en Corée du Sud suit une séquence réglementée : commencez par une consultation initiale en mairie pour vérifier la constructibilité. Vous pouvez demander une détermination préalable officielle sur la faisabilité du projet. Le dépôt du permis de construire nécessite des plans par un architecte coréen agréé et des justificatifs comme un extrait cadastral. L’instruction du dossier implique des consultations croisées entre services publics. Après la délivrance du permis, le chantier doit être dirigé par un architecte et un chef de chantier qualifiés, avec des contrôles obligatoires par un contrôleur certifié. Avant l’occupation, une inspection incendie est requise pour obtenir un certificat, suivi de l’obtention d’un permis d’occupation. Enfin, l’enregistrement du bâtiment au registre foncier, avec paiement des taxes associées, est nécessaire pour finaliser le projet.

La complexité augmente encore si le bâtiment se trouve dans un secteur protégé ou s’il s’agit d’un hanok classé au titre du patrimoine. Dans ce cas, la Cultural Heritage Protection Act impose des contraintes supplémentaires : matériaux, aspect extérieur, interdiction de démolition de certains éléments, obligation de recourir à des artisans spécialisés.

L’explosion des normes énergétiques : un levier, pas seulement une contrainte

La Corée du Sud considère désormais le bâtiment comme un champ de bataille majeur dans la lutte contre le changement climatique. Le secteur consomme près de 20 % de l’énergie nationale et génère plus de 60 % des émissions de gaz à effet de serre dans les villes. D’où un arsenal de normes et de programmes incitatifs qui pèsent directement sur la manière de rénover.

Le code BDCES et les obligations de performance

La pierre angulaire est le Building Design Criteria for Energy Saving (BDCES), un code national qui fusionne plusieurs anciens standards depuis 2001. Il s’agit d’un dispositif prescriptif, comportant des exigences obligatoires (épaisseurs d’isolation, performances des vitrages, etc.) et des critères recommandés. Pour être conforme, un bâtiment doit remplir tous les critères obligatoires et obtenir une note minimale de 60 points sur une grille qui en compte 100.

Exemple :

Les bâtiments les plus performants peuvent bénéficier d’assouplissements de densité (Floor Area Ratio), ce qui leur accorde concrètement le droit de construire une surface supplémentaire. Le dispositif prévoit par exemple des dérogations permettant d’augmenter la surface de plancher autorisée en récompense de leurs performances énergétiques ou environnementales.

Score de performance énergétique« Grade » associéBonus de surface constructible
70–80 points3e grade+2 % sur le gabarit autorisé
80–90 points2e grade+4 %
90–100 points1er grade+6 %

Dans un marché tendu comme Séoul, ce bonus peut peser lourd dans la rentabilité d’une opération.

Pour les projets d’une certaine taille (bâtiments neufs de plus de 500 m²), une Energy Performance Index d’au moins 65 est exigée, calculable via un outil en ligne mis à disposition par l’agence nationale de l’énergie. Le dossier de permis doit être accompagné d’un plan de conservation de l’énergie signé par un architecte, un ingénieur mécanique et un ingénieur électricien.

L’ère des bâtiments zéro énergie et de la rénovation verte

Au-delà du code général, la Corée du Sud pousse le secteur vers les bâtiments à énergie quasi nulle (ZEB). Un système de certification à plusieurs niveaux (grade 5 à grade 1) est en cours de généralisation :

– depuis 2023, les bâtiments publics neufs ou agrandis de plus de 500 m² doivent être certifiés ZEB ;

– à partir de juin 2025, les ensembles résidentiels privés (appartements de plus de 30 logements, bâtiments de plus de 1 000 m²) devront atteindre au moins le grade 5.

Attention :

Pour accélérer la transition, le gouvernement a regroupé le système de notation énergétique et la certification ZEB en une procédure unique. Ce changement réduit le délai de traitement d’environ 80 à 60 jours. Les bâtiments très performants peuvent bénéficier de cette simplification.

de réductions de taxe d’acquisition ;

d’allègements de coefficients de construction ;

de prêts à long terme à taux réduits pour financer les équipements économes (HVAC haut rendement, LED, isolation, énergies renouvelables).

Des programmes ciblés amplifient cet effet pour la rénovation de l’existant, notamment :

ProgrammeType de bâtiment cibléAide proposée
Green Remodeling Programécoles, logements publics, hôpitauxsubvention couvrant 50 à 100 % des coûts
Seoul Building Retrofit Programbâtiments privés à Séoulprêts à taux zéro pour travaux d’efficacité
Voluntary Agreementsgrands consommateurs d’énergieprêts bonifiés, aides techniques, visibilité

Pour un propriétaire, ces dispositifs ne sont pas anecdotiques. Opter pour des fenêtres à haute performance, une isolation renforcée ou un système de gestion d’énergie (BEMS) peut :

réduire la facture énergétique, particulièrement sensible depuis la hausse de près de 46 % des prix de l’électricité entre 2022 et 2023 ;

– améliorer le confort été comme hiver, crucial dans un climat marqué par des étés très chauds et des hivers rigoureux ;

– valoriser le bien sur un marché de plus en plus attentif aux performances énergétiques.

Budgétiser sa rénovation : des coûts à la hausse et des marges de manœuvre à trouver

Sur le terrain, la courbe des coûts n’est pas tendre avec les propriétaires. À Séoul, le prix direct moyen pour des travaux de maintenance ou de remodeling dépasse 8 millions de wons par pyeong, et certains grands projets résidentiels atteignent, voire dépassent, les 10 ou 11 millions de wons par pyeong.

Structure type d’un budget

Même si les montants absolus varient selon la surface, le standing et la complexité, la structure des dépenses suit souvent une répartition proche de :

Poste budgétairePart indicative du budget total
Matériaux~40 %
Main-d’œuvre30–35 %
Frais de conception / honoraires5–15 %
Démolition et préparation du site5–10 %
Permis, inspections et taxes2–5 %
Finitions, meubles, luminaires10–15 %
Imprévus (contingence)10–20 %

Pour un projet classique d’appartement, une enveloppe de contingence de 10 à 15 % est souvent jugée suffisante. Sur des opérations plus anciennes ou techniquement complexes (hanok fragile, structure des années 1970, immeuble mixte), les spécialistes recommandent plutôt 20 %. Pour un étranger gérant le chantier à distance, certains experts vont jusqu’à 20–25 % de marge de sécurité pour absorber les fluctuations de change, les surcoûts de matériaux importés ou les retards de planning.

Les erreurs budgétaires fréquentes

Plusieurs pièges reviennent régulièrement dans les retours d’expérience :

Attention :

Plusieurs facteurs critiques peuvent compromettre un projet de rénovation : la sous-estimation des coûts de main-d’œuvre dans un contexte de hausse des salaires et de normes de sécurité renforcées ; un cahier des charges imprécis générant des surcoûts à chaque modification ; l’absence de fonds de réserve exposant le chantier à un arrêt brutal en cas d’aléa ; et la priorisation de travaux esthétiques (‘plaisir’) au détriment d’opérations structurantes, ce qui peut nuire à la rentabilité future.

Une méthode pragmatique consiste à distinguer systématiquement les besoins essentiels (structure, sécurité, conformité, enveloppe thermique, réseaux) des envies (finitions premium, mobilier design), puis à phaser les seconds sur plusieurs années ou cycles de location.

Utiliser les bons outils de suivi

Dans les grandes opérations, les professionnels s’éloignent des simples tableurs pour utiliser des plateformes dynamiques de gestion de projet, capables de :

Gestion de projet de construction

Optimisez et simplifiez la coordination de votre chantier grâce à ces fonctionnalités clés.

Centralisation des documents

Regroupez et organisez tous vos devis, avenants et factures en un seul endroit sécurisé.

Suivi financier en temps réel

Comparez instantanément les coûts prévisionnels et les dépenses réelles pour un meilleur contrôle budgétaire.

Coordination des intervenants

Facilitez la communication et la collaboration entre architectes, entrepreneurs, fournisseurs et propriétaires, même à distance.

Même sur un projet d’appartement, recourir à un outil numérique de suivi permet de garder la main sur les délais, les paiements et les arbitrages budgétaires.

Faire face au chantier : planning, contrats et gestion des risques

Rénover en Corée du Sud signifie aussi se confronter à un environnement de construction très structuré, avec ses usages, ses clauses contractuelles et ses risques propres.

Sélectionner ses partenaires

L’enregistrement des entreprises de construction est encadré par la Framework Act on the Construction Industry. En pratique, il est recommandé de :

– vérifier l’enregistrement officiel du constructeur ;

– passer au crible son portefeuille de projets (références dans le même quartier, même typologie de bâtiment) ;

– exiger une transparence complète sur la ventilation des coûts (matériaux, main-d’œuvre, marges) ;

– opter pour un schéma de paiements échelonnés : acompte limité, paiements intermédiaires à la validation de jalons, solde après réception.

Bon à savoir :

Pour les grands ensembles immobiliers, les grands groupes de construction (GS Engineering & Construction, Hyundai E&C, Samsung C&T, etc.) sont à privilégier. Pour les appartements individuels ou les petits immeubles, il est préférable de s’adresser aux nombreuses sociétés de design et de rénovation basées à Séoul, comme Collectif B, Design Danaham, D’art Design Seoul, Maumm2 ou Steven Leach Associates, en fonction du niveau de prestation souhaité.

Contrats et responsabilités

Les contrats de travaux doivent idéalement s’inspirer des modèles standard émis par le ministère (conditions générales de travaux privés ou publics). Ils prévoient généralement :

– des clauses de pénalités de retard ;

– des dispositions sur les variations de contrat en cas de découverte de conditions imprévues sur site ;

– une période de garantie des défauts (defect liability period) variant selon les éléments (structure, finitions, équipements), souvent comprise entre 1 et 10 ans ;

– un mécanisme de retenue de garantie (souvent 10 % du prix des travaux) libérée à la fin de la période de garantie.

En cas de litige, la loi prévoit des instances spécifiques, comme le Construction Dispute Mediation Committee ou l’Architectural Dispute Mediation Committee.

Astuce :

Pour les équipes internationales, les malentendus linguistiques et culturels sont fréquents, notamment sur la signification précise d’expressions, les processus de décision hiérarchiques ou la perception des retards. Pour limiter ces frictions, il est recommandé de faire appel à des traducteurs professionnels et de s’appuyer systématiquement sur des plans et descriptifs très détaillés.

Gérer à distance : un défi particulier pour les non-résidents

De plus en plus d’investisseurs gèrent leurs chantiers à distance, en s’appuyant sur :

– un project manager local jouant le rôle d’« yeux et oreilles » sur le terrain ;

– des outils de communication (visioconférences régulières, partage de photos et vidéos du chantier, rapports hebdomadaires) ;

– des paiements liés à des étapes vérifiables (photos datées, visites virtuelles, rapports de contrôle) ;

– des comptes multi-devises et, parfois, des services d’entiercement pour sécuriser les flux financiers.

Les principaux risques à surveiller sont connus : dérives de planning, glissements budgétaires, baisse de qualité, mauvaise coordination entre intervenants. D’où l’importance de définir en amont des protocoles clairs : fréquence des points de suivi, personne décisionnaire en cas d’arbitrage, marges de manœuvre sur les choix de matériaux.

Rénover un hanok : concilier patrimoine, confort moderne et écologie

Rénover un hanok en Corée du Sud, notamment dans un quartier historique comme Bukchon ou Seochon, n’a rien d’une rénovation ordinaire. On touche à un patrimoine architectural dont les codes remontent à la période Joseon, avec une structure bois sans clous, des murs en terre et pierre, des toitures courbes en tuiles, des planchers chauffants ondol et des fenêtres en hanji.

Une architecture traditionnelle résiliente et écologique

Le hanok ne doit pas être perçu comme un caprice de designer. Ses principes répondent à des enjeux de durabilité très actuels :

– structure bois assemblée par tenons et mortaises ;

– matériaux naturels locaux (bois, terre, pierre, chaux, tuiles, paille) presque entièrement recyclables ;

– système ondol pour le chauffage par le sol, avec une masse thermique importante ;

– espace maru, plancher surélevé ventilé pour rafraîchir en été et couper des remontées d’humidité ;

– implantation selon le principe baesanimsu (montagne derrière, eau devant) pour optimiser les flux de vent et l’ensoleillement ;

– capacité de stockage carbone estimée à environ 92 tonnes sur la durée de vie d’un hanok, comparable à une large zone forestière.

1000000

Le parc de hanoks en Corée du Sud est passé de plus d’un million d’unités à seulement quelques milliers.

Les défis concrets de la rénovation de hanok

Sur le terrain, plusieurs difficultés reviennent :

confort et fonctionnalités parfois en décalage avec les attentes contemporaines (salles de bains, isolation sonore, cuisine, réseaux) ;

coûts élevés, en raison du recours à des artisans spécialisés et de matériaux spécifiques ;

entretien régulier des toitures, boiseries et enduits ;

contraintes patrimoniales si le hanok est classé, situé dans un périmètre de protection ou une zone désignée (comme certaines parties de Bukchon ou Seochon).

Les projets réussis montrent cependant qu’il est possible de concilier respect de la structure d’origine et confort moderne. Dans un projet à Bukchon, par exemple, un hanok démoli a été reconstruit sur son empreinte initiale, reprenant le style Joseon tout en introduisant :

des façades de cour entièrement vitrées de sol à plafond ;

– un sous-sol accueillant salon média, cave à vin, dressing et garage ;

un rez-de-chaussée à la fois contemporain et ancré dans les codes traditionnels (Daechong, Anbang revisité, matériaux artisanaux) ;

– une scénographie pensée pour accueillir une collection d’art allant de céramiques anciennes à des œuvres contemporaines.

Exemple :

Dans un projet de bureau partagé, les architectes ont choisi de rendre visibles les différentes strates historiques du bâtiment. Ils ont maintenu la structure d’origine et intégré une poutre métallique ancienne dans le concept. Des ajouts discrets, comme des isolants et des vitrages performants, ont été combinés à la conservation d’éléments traditionnels tels que du hanji (papier coréen) et des techniques artisanales.

Innover sans trahir : matériaux et techniques d’hybridation

La recherche contemporaine explore des pistes originales pour prolonger la vie des hanok ou en inspirer la construction neuve, par exemple :

– intégration de structures secondaires en aluminium pour renforcer la durabilité des parties bois, tout en profitant de la recyclabilité élevée de ce métal et de ses propriétés de conduction thermique (notamment pour l’ondol modernisé) ;

– hybrides bois-béton-verre qui reprennent la logique de cour centrale et de toiture débordante, mais avec des techniques contemporaines.

Ces approches restent expérimentales et exigent de résoudre des défis techniques (dilatation différentielle, jonctions bois-métal, etc.), mais elles témoignent d’une tendance de fond : le hanok n’est plus figé, il devient un laboratoire d’architecture écologique.

Pour un propriétaire, la clé est de s’appuyer sur un architecte ou un studio ayant une réelle expérience des hanok, capable de naviguer entre contraintes patrimoniales, attentes des autorités, exigences de confort moderne et questions budgétaires.

Rénover un appartement : l’art de vivre coréen dans quelques dizaines de mètres carrés

À l’autre extrémité du spectre, la rénovation d’un appartement standard — souvent compact — constitue le quotidien de la plupart des propriétaires. Les surfaces peuvent être modestes, comme cet appartement de 40 m² à Séoul (430 sq ft) visité en 2025 : deux chambres, une cuisine, un séjour, un coin laverie. Pourtant, les marges de manœuvre sont importantes si l’on sait exploiter les codes du design coréen moderne.

Maximiser l’espace : modularité et fluidité

La pression foncière à Séoul a façonné tout un répertoire de solutions pour optimiser les petits intérieurs :

mobilier bas (lits proches du sol, canapés rasants, tables basses) pour dégager le champ visuel et renforcer la sensation d’espace ;

plinthes et plateformes pour délimiter une zone chambre sans cloisonner, tout en dissimulant des rangements ;

– meubles pliables ou convertibles : lits escamotables, bureaux muraux, tables à rallonge intégrant des tiroirs, canapés-lits, îlots de cuisine mobiles ;

– séparations souples comme les écrans textiles ou paravents, qui structurent l’espace sans altérer la lumière.

Bon à savoir :

Pour un appartement en location, il est possible de le personnaliser sans travaux invasifs. L’exemple d’un 40 m² montre l’utilisation de revêtements amovibles pour la crédence, de bandeaux LED adhésifs, d’un îlot indépendant et d’un séparateur de pièce, évitant ainsi tout perçage ou peinture permanente. Cette approche préserve le bien et offre une grande flexibilité, idéale pour les locataires étrangers ou les investisseurs.

La lumière comme matériau central

Les intérieurs inspirés de l’esthétique coréenne contemporaine accordent une attention minutieuse à la lumière :

– grandes baies quand la structure le permet, ou, à défaut, ouverture maximale des cloisons ;

– rideaux voiles plutôt qu’occultants, pour filtrer mais ne jamais étouffer la lumière naturelle ;

– superposition de sources lumineuses douces : suspensions en papier, lampes d’appoint, bandeaux diffus, plutôt que plafonniers agressifs.

Dans certains projets, les architectes intègrent même le concept de Wayu — littéralement « s’allonger et contempler » — en cadrant des vues sur l’extérieur depuis le lit ou un canapé via de grandes fenêtres ou des hublots.

Architectes

Styles et tendances : du minimalisme coréen au Newtro ludique

L’univers du design coréen a beaucoup évolué, au point d’influencer désormais les intérieurs dans le monde entier. Plusieurs courants coexistent et peuvent inspirer une rénovation :

StyleCaractéristiques clés
Minimalisme coréenEspaces épurés, mobilier aux angles arrondis, teintes neutres, sobriété des motifs, fonctionnalité maximale
Korean-ScandiFusion du scandinave et du coréen : bois clair, textiles doux, lumière naturelle, plantes, meubles multifonctions
Soft maximalismPalette adoucie mais expressive (roses poudrés, verts sauge, lavandes sourdes), superposition de textures, asymétrie
NewtroRencontre du rétro et du neuf : influences années 1950–1980, couleurs vives, motifs géométriques, accessoires vintage
AchromatiqueNoir, blanc, gris ; contrastes forts, matériaux nobles (marbre, cuir), formes géométriques, ambiance très graphique
Kawaii / K-QuirkCouleurs pop, références aux personnages de la culture pop (Kakao Friends, etc.), volumes surdimensionnés

Certaines réalisations emblématiques — comme le travail de Genesin Studio sur des intérieurs Soft maximalism ou les projets Newtro de Minjae Kim — servent de réservoir d’idées pour des rénovations résidentielles plus modestes.

Matériaux et textures : la chaleur avant tout

Malgré la diversité des esthétiques, on retrouve quelques constantes :

– un usage généreux du bois (parquets, mobilier, encadrements) pour réchauffer les volumes ;

– l’introduction d’éléments naturels : plantes en pot, bonsaïs, bambou, vanneries ;

– la présence de textiles simples mais qualitatifs (lin, coton, laine) ;

– des surfaces plutôt mates que brillantes, pour éviter l’effet showroom froid.

Les matériaux plus sophistiquésmarbre, cuir haut de gamme, vitrages courbes — apparaissent surtout dans les intérieurs haut de gamme inspirés par des studios comme Burdifilek (Hyundai Seoul) ou par certaines installations présentées aux grands salons de design de Séoul.

Rénovation et smart home : quand la maison devient intelligente

Il est difficile de parler de rénovation en Corée du Sud sans évoquer la vague des smart homes. Le pays est l’un des marchés les plus avancés au monde dans ce domaine : les estimations situent la valeur de ce secteur autour de 5 milliards de dollars en 2023, avec une projection pouvant dépasser largement les 18 à 23 milliards à l’horizon 2030, sur la base d’un taux de croissance annuel d’environ 24 %.

Que peut apporter la domotique à une rénovation ?

Dans un appartement ou une maison rénovée, les dispositifs connectés jouent sur plusieurs registres :

sécurité : serrures intelligentes, interphones vidéo, caméras IP (avec des exigences fortes en matière de cybersécurité) ;

confort : éclairage automatisé, stores motorisés, enceintes connectées, robots domestiques ;

énergie : thermostat et régulation du chauffage, prises mesurant les consommations, scénarios d’extinction automatique ;

santé : capteurs de qualité de l’air, systèmes de purification intégrés aux plafonds, dispositifs de surveillance pour personnes âgées.

Bon à savoir :

Les nouveaux appartements sont souvent équipés de fonctions smart de base. Pour les logements existants, le gouvernement encourage l’aftermarket via un écosystème de produits compatibles et des incitations pour faciliter l’équipement a posteriori.

Paysage technologique et enjeux de compatibilité

Le marché est dominé par les géants locaux (Samsung, LG, opérateurs télécoms) mais attire également les grands noms mondiaux (Google, Amazon, Apple, Schneider, Bosch, etc.). La connectivité repose en majorité sur le Wi-Fi, qui représente plus de 40 % des usages, tandis que les solutions cellulaires bas débit (NB-IoT, LTE-M) progressent rapidement, tirées par la 5G.

Un thème central est celui de l’interopérabilité. Le protocole Matter, standard international qui rassemble plus de 500 entreprises, est au cœur des stratégies publiques coréennes :

– création d’un centre d’accréditation Matter en Corée ;

– renforcement des procédures de certification de sécurité ;

– mise en place d’un système de signalement récompensé des vulnérabilités (bug bounty).

Astuce :

Pour un propriétaire en rénovation, il est crucial de choisir une solution domotique suffisamment ouverte pour éviter de dépendre d’une seule marque ou d’un unique opérateur. Il faut concevoir la domotique comme une couche intégrée au projet architectural, et non comme un gadget isolé.

Sécurité et protection des données : un sujet sensible

L’omniprésence des caméras IP et autres capteurs dans la vie quotidienne coréenne a aussi élevé la vigilance sur les risques de piratage et de fuite d’images. Le gouvernement prévoit notamment :

un contrôle renforcé des plateformes de partage vidéo pour éviter la diffusion de flux privés ;

– des exigences de sécurité accrues pour les nouveaux équipements ;

– la formation d’un vivier de spécialistes de la cybersécurité appliquée aux smart homes.

Dans un projet de rénovation, surtout si l’on vise un usage locatif ou un public international, il devient crucial d’intégrer ces enjeux dès la conception : choix d’appareils certifiés, configuration professionnelle du réseau, politique claire sur la collecte et le stockage des données.

Rénovation de petits immeubles : le levier du « lease planning »

La rénovation ne concerne pas seulement les appartements individuels. En Corée du Sud, de nombreux propriétaires de petits immeubles mixtes (boutiques au rez-de-chaussée, logements au-dessus) se tournent vers le remodeling pour maintenir, voire accroître, leurs revenus locatifs.

Pourquoi rénover plutôt que reconstruire ?

Plusieurs facteurs favorisent le remodeling :

12-14

Le coût de la construction neuve à Séoul est prohibitif, atteignant 12 à 14 millions de wons par pyeong, voire plus.

Les travaux les plus rentables concernent souvent : l’optimisation des processus, l’innovation technologique, et la réduction des coûts.

– les façades et finitions extérieures, qui améliorent l’attrait visuel ;

– le remplacement des fenêtres, améliorant acoustique et isolation thermique ;

– la modernisation des ascenseurs, parkings et sanitaires, très visibles pour les usagers.

Le rôle clé du « lease planning »

Rénover un immeuble n’a de sens économique que si l’on sait attirer ensuite les bons locataires. En Corée du Sud, le graal pour les artères commerciales est résumé par l’acronyme « Ol-Da-Mu » : les grandes enseignes Olive Young, Daiso, Musinsa. Attirer ce type de marque suppose :

Bon à savoir :

Pour s’implanter, les grandes enseignes exigent généralement : une façade bien visible et conforme à leur charte graphique, des locaux aux dimensions (hauteur sous plafond et surface) répondant à leur cahier des charges, ainsi que des prestations techniques adaptées, notamment en matière de climatisation, de puissance électrique et d’accès logistique.

Des profils comme Lee Chung-mook (The Twelve PMC) ou Choi Eun-young (spécialiste de la planification de boutiques) insistent sur cette intégration très en amont : le projet de rénovation doit être pensé conjointement avec la stratégie de location, sous peine de se retrouver avec un immeuble refait mais partiellement vide, comme dans le cas d’un « Building A » à Séoul où un locataire stratégique a cessé son activité peu après l’emménagement.

Naviguer dans les normes locales en tant qu’étranger

Pour un propriétaire étranger, rénover en Corée du Sud ajoute une couche de complexité :

barrière linguistique : contrats, permis, échanges techniques sont essentiellement en coréen ;

codes culturels : les modes de décision peuvent être plus hiérarchiques ; les non-dits, plus nombreux, surtout sur les délais et difficultés ;

écart de pratiques professionnelles : ce qui semble « standard » dans un pays peut être perçu comme inhabituel ou risqué dans un autre.

Les recommandations qui se dégagent sont claires :

Astuce :

Pour assurer une communication fluide et éviter les malentendus dans des projets internationaux, adoptez les pratiques suivantes : recourir à des **traducteurs/interprètes** professionnels lors des réunions importantes et pour la rédaction des contrats ; privilégier les supports visuels comme les plans détaillés, les rendus 3D et les croquis annotés pour clarifier les attentes et lever les ambiguïtés ; documenter systématiquement toutes les décisions prises via des comptes rendus écrits et des e-mails récapitulatifs ; et impliquer, si possible, un **chef de projet bilingue** ou une agence spécialisée ayant l’habitude de travailler avec des clients internationaux.

Sur le plan administratif, il faut également garder en tête qu’il n’existe pas, à proprement parler, de « visa de freelance » pour travailler comme auto-constructeur ou chef de chantier indépendant. Les visas de résident (F-2) ou de création d’entreprise, ou encore la mobilisation d’une structure d’umbrella company, peuvent être nécessaires si l’on souhaite gérer directement des équipes locales en tant qu’employeur.

Rénover en Corée du Sud : se projeter sur la valeur à long terme

Au-delà de la complexité du moment — budgets serrés, normes ambitieuses, négociations avec les entrepreneurs —, la rénovation en Corée du Sud doit se penser en termes de valeur à long terme :

Les valeurs d’une rénovation

Une rénovation bien conçue crée de la valeur à plusieurs niveaux, au-delà de la simple mise à jour esthétique.

Valeur financière

Augmentation du potentiel de loyer et du prix de revente, dans un marché où les performances énergétiques et la finition sont devenues des critères décisifs.

Valeur d’usage

Amélioration tangible du confort quotidien : thermique, acoustique, qualité de l’air et optimisation des espaces de vie.

Valeur culturelle

Préservation de l’héritage architectural, notamment pour les hanok ou bâtiments en zone patrimoniale, contribuant à sauvegarder un patrimoine en danger.

Valeur environnementale

Intégration de matériaux sobres et d’équipements frugaux pour un bâtiment bas carbone, en ligne avec les objectifs nationaux de réduction des émissions.

Dans une ville comme Séoul, où l’on voit coexister des villages hanok restaurés, des immeubles des années 1970 relookés et des tours hyper-connectées visant la certification zéro énergie, chaque rénovation est une pièce de ce puzzle urbain. Bien conduite, elle peut être à la fois un bon investissement, une amélioration tangible de la qualité de vie et une contribution réelle à la transition écologique du pays.

Attention :

Pour s’y retrouver, trois axes d’attention se détachent clairement.

anticiper : se documenter sur les normes, interroger dès le début la mairie, consulter des experts, clarifier son budget ;

s’entourer : architectes, entreprises, conseils juridiques, éventuellement project manager bilingue, tous dûment vérifiés ;

aligner : faire coïncider objectifs financiers, confort, exigences énergétiques et — quand c’est pertinent — préservation du patrimoine.

Dans ce cadre, rénover une propriété en Corée du Sud n’est ni un simple chantier de décoration, ni un parcours du combattant insurmontable. C’est un projet exigeant, mais à forte valeur ajoutée, à condition de l’aborder avec méthode, lucidité et une bonne compréhension des spécificités locales.

Pourquoi il est préférable de me contacter ? Voilà un exemple concret :

Un chef d’entreprise français d’environ 50 ans, avec un patrimoine financier déjà bien structuré en Europe, souhaitait diversifier une partie de son capital dans l’immobilier résidentiel en Corée du Sud pour rechercher du rendement locatif et une exposition au won coréen. Budget alloué : 400 000 à 600 000 dollars, sans recours au crédit.
Après analyse de plusieurs marchés (Séoul, Busan, Incheon), la stratégie retenue a consisté à cibler un appartement dans un quartier en croissance comme Gangnam ou Songdo, combinant rendement locatif brut cible de 8–10 % (« plus le rendement est grand, plus le risque est important ») et potentiel de valorisation à moyen terme, avec un ticket global (acquisition + frais + éventuels rafraîchissements) d’environ 500 000 dollars.

La mission a inclus : sélection du marché et du quartier, mise en relation et prise en charge par un réseau local (agent immobilier, avocat, fiscaliste), choix de la structure la plus adaptée (propriété directe ou véhicule d’investissement local) et définition d’un plan de diversification dans le temps.
Ce type d’accompagnement permet à l’investisseur de bénéficier des opportunités du marché sud-coréen tout en maîtrisant les risques (juridiques, fiscaux, locatifs) et en intégrant cet actif dans une stratégie patrimoniale globale.

Vous recherchez de l'immobilier rentable : contactez-nous pour des offres sur mesure.

Décharge de responsabilité : Les informations fournies sur ce site web sont présentées à titre informatif uniquement et ne constituent en aucun cas des conseils financiers, juridiques ou professionnels. Nous vous encourageons à consulter des experts qualifiés avant de prendre des décisions d'investissement, immobilières ou d'expatriation. Bien que nous nous efforcions de maintenir des informations à jour et précises, nous ne garantissons pas l'exhaustivité, l'exactitude ou l'actualité des contenus proposés. L'investissement et l'expatriation comportant des risques, nous déclinons toute responsabilité pour les pertes ou dommages éventuels découlant de l'utilisation de ce site. Votre utilisation de ce site confirme votre acceptation de ces conditions et votre compréhension des risques associés.

RETROUVEZ-MOI RÉGULIÈREMENT DANS LA PRESSE

Découvrez mes dernières interventions dans la presse écrite, où j'aborde divers sujets.

A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Expert en gestion de patrimoine internationale depuis plus de 20 ans, j’accompagne mes clients dans la diversification stratégique de leur patrimoine à l’étranger, un impératif face à l’instabilité géopolitique et fiscale mondiale. Au-delà de la recherche de revenus et d’optimisation fiscale, ma mission est d’apporter des solutions concrètes, sécurisées et personnalisées. Je conseille également sur la création de sociétés à l’étranger pour renforcer l’activité professionnelle et réduire la fiscalité globale. L’expatriation, souvent liée à ces enjeux patrimoniaux et entrepreneuriaux, fait partie intégrante de mon accompagnement sur mesure.

Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux :
  • LinkedIn
  • Twitter
  • YouTube
Nos guides :