Comment louer un bien immobilier à long terme en Belgique

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

Louer un logement pour plusieurs années en Belgique peut sembler complexe au premier abord. Entre les règles qui varient selon les régions, les différents types de baux, les garanties, l’indexation du loyer et les obligations de chacun, il est facile de s’y perdre. Pourtant, le marché locatif belge est bien encadré et plutôt favorable aux locataires, à condition de comprendre les grandes lignes du système.

Bon à savoir :

Cet article fournit un guide complet et pratique pour louer un bien immobilier à long terme en Belgique. Il s’adresse aux résidents, aux nouveaux arrivants ainsi qu’aux investisseurs souhaitant mettre un bien en location.

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Comprendre le marché locatif belge

Le marché locatif belge est très réglementé, avec des règles claires pour les propriétaires comme pour les locataires. Une grande partie de la population loue son logement, en particulier dans les grandes villes. À Bruxelles, environ la moitié des habitants sont locataires, alors que la moyenne nationale tourne autour de 30 %. La capitale attire de nombreux expatriés et fonctionnaires européens, ce qui dynamise le marché et explique des loyers plus élevés que dans le reste du pays, tout en restant inférieurs à ceux de Londres ou Paris.

Astuce :

La plupart des logements se louent sur une base de moyen ou long terme, avec des durées standard de trois ou neuf ans, voire davantage. Les contrats très courts (moins de six mois) existent, mais sont plus fréquents pour des séjours professionnels ou étudiants.

Régions et cadres juridiques

La Belgique est divisée en trois régions, chacune avec ses propres règles locatives pour les résidences principales :

Région de Bruxelles-Capitale (Code bruxellois du Logement)

Région flamande (Décret flamand sur la location de logement / Code du Logement flamand)

Région wallonne (Code wallon du Logement et de l’Habitat durable)

Attention :

Le droit fédéral, comme le Code civil, continue de s’appliquer pour les aspects du bail non réglementés par les régions. Ainsi, la structure générale des baux reste similaire, mais des détails comme la durée, le renouvellement, le dépôt de garantie, l’indexation et les préavis varient selon la région.

Pour un bail de longue durée, le plus courant est le bail de neuf ans de résidence principale, souvent appelé « bail 3‑6‑9 ». Le principe : le contrat est conclu pour neuf ans, avec des possibilités de résiliation ou de révision à chaque tranche de trois ans.

Où et comment chercher un logement à louer

Louer un bien à long terme en Belgique commence presque toujours par une recherche en ligne, complétée, au besoin, par l’aide d’une agence.

Portails immobiliers et annonces

Les biens sont massivement publiés sur des portails immobiliers. Les principales plateformes mentionnées dans les sources sont notamment :

Immoweb

Immovlan

Zimmo

Spotahome

Des sites spécialisés pour les étudiants (kots)

Les annonces détaillent généralement la surface en m², le nombre de pièces, le type de bien (studio, appartement, maison), les équipements (cuisine équipée, balcon, cave, parking…), le loyer et souvent les charges. Beaucoup d’offres sont pour des logements non meublés, parfois quasi vides (sans luminaires, rideaux ni électroménagers).

Des annonces paraissent aussi dans la presse locale ou sur des panneaux d’affichage communautaires. Pour le public international, le magazine The Bulletin diffuse des locations ciblées.

Agence, propriétaire privé ou chasseur de logements

Trois grandes options s’offrent à vous :

Comment trouver un bien à louer ?

Découvrez les trois principales méthodes pour trouver un logement locatif, chacune avec ses avantages spécifiques.

Agence immobilière classique

Passer par une agence mandatée par le propriétaire pour bénéficier d’un accompagnement professionnel et d’une sélection de biens vérifiés.

Location directe auprès d’un propriétaire

Louer directement auprès d’un propriétaire privé, souvent pour des démarches simplifiées et sans frais d’agence.

Mandater un chasseur de biens

Faire appel à un agent de recherche qui travaille exclusivement pour vous afin de dénicher le logement idéal selon vos critères.

En Belgique, pour une location résidentielle classique, l’agence est en général rémunérée par le propriétaire. Un locataire ne devrait donc normalement pas payer de commission à une agence qui présente des biens au nom des propriétaires. Si un agent vous demande des frais pour simplement visiter, la prudence s’impose.

En revanche, si vous mandatez un agent de recherche indépendant pour qu’il trouve un logement selon vos critères, vous lui verserez des honoraires, souvent compris entre un forfait (par exemple 250 €) et l’équivalent d’un mois de loyer. Ce type de service peut être utile pour les expatriés qui n’ont que peu de temps sur place.

Bon à savoir :

Pour exercer légalement, les agents immobiliers doivent être inscrits à l’Institut professionnel des Agents Immobiliers (IPI/BIV). Il est conseillé de vérifier leur autorisation via le registre en ligne public de cet organisme.

Visiter et évaluer un bien

Une fois quelques annonces repérées, la visite est incontournable, surtout pour un bail de longue durée. Elle permet de vérifier :

L’état général du logement (humidité, électricité, chauffage, isolation)

Le quartier et ses services (commerces, transports, écoles)

Le niveau de bruit, la luminosité, la sécurité de l’immeuble

Ce qui est inclus ou non dans le loyer (charges communes, chauffage collectif, eau, etc.)

Pendant la visite, il est recommandé de demander :

Le montant exact des charges et ce qu’elles couvrent

L’estimation des factures d’énergie (gaz, électricité)

– Le certificat de performance énergétique (PEB/EPC), indicateur clé de la consommation du logement

– Le montant du dépôt de garantie et la forme prévue (compte bloqué, garantie bancaire, etc.)

Pour un bail de plus de trois ans, le contrat devra être enregistré auprès de l’administration, ce qui est une obligation légale.

Les types de logements et niveaux de loyers

Le parc locatif est varié : appartements non meublés, maisons de ville, studios étudiants, colocations, appartements meublés ou « serviced » pour séjours professionnels. Le choix du type de logement influe fortement sur le loyer, la durée du bail et le montant de la garantie.

Appartements non meublés

Le format le plus courant, surtout pour une installation à long terme, reste l’appartement non meublé. Souvent installés dans d’anciens immeubles transformés, ils sont fréquemment loués « nus » :

Pas de meubles

Parfois pas de luminaires, ni de rideaux

Cuisine plus ou moins équipée selon l’âge du bien

Dans les immeubles récents (par exemple à Ixelles, Auderghem, Nieuw Zuid, Het Eilandje), on trouve plus souvent une cuisine équipée et des luminaires intégrés.

Appartements meublés et « serviced apartments »

Les appartements meublés ou « serviced » sont surtout destinés aux séjours courts ou moyens (un à six mois, parfois jusqu’à trois ans). Ils incluent le mobilier et souvent des services comme le wifi, le nettoyage ou des réparations. Les loyers y sont plus élevés que dans le non-meublé, et la garantie demandée est souvent limitée à un mois.

Maisons et maisons de ville

Les maisons de ville à deux étages, ou les maisons unifamiliales avec jardin, sont très recherchées par les familles, notamment dans les communes résidentielles des grandes villes ou en périphérie (Uccle à Bruxelles, Berchem à Anvers, quartiers résidentiels de Gand, etc.). Les loyers sont généralement plus élevés, mais l’espace et la qualité de vie y sont supérieurs.

Colocation et logement étudiant

La colocation et le co‑living connaissent un succès croissant, en particulier auprès des jeunes actifs et des étudiants. L’avantage est évident : réduire les coûts et rompre l’isolement. Pour les étudiants, la chambre en colocation (le fameux kot) reste une institution, aux côtés des studios privés et des résidences universitaires. Ces dernières proposent souvent des baux de dix mois, alignés sur l’année académique, tandis que le privé est plutôt sur douze mois.

Niveaux de loyers : quelques repères

Les loyers varient fortement selon la région, la ville, le quartier, la surface et le type de bien. Les données synthétisées dans les rapports donnent une bonne idée des ordres de grandeur.

Loyer moyen mensuel par région (tous types de biens, 2023)

RégionLoyer moyen mensuel
Flandre853 €
Wallonie779 €
Bruxelles-Capitale1 188 €
Moyenne Belgique949 €

À Bruxelles, la fourchette générale constatée pour un logement se situe souvent entre 750 € et 1 500 € par mois, avec des montants supérieurs pour les grands logements centraux.

Exemples de loyers à Bruxelles (non meublé)

Type de bienFourchette indicative de loyer mensuel
Studio500 – 800 €
Appartement 1 chambre700 – 1 000 €
Appartement 2–3 chambres1 000 – 1 800 €
Maison 3 chambres1 500 – 2 000 €

Les studios sont généralement sous les 1 000 € et les grandes maisons ou appartements familiaux en centre‑ville dépassent régulièrement les 2 000 € mensuels.

2000-2800

C’est la fourchette de prix mensuelle pour un appartement meublé de trois chambres à Bruxelles.

Charges et dépenses annexes

Aux loyers, il faut ajouter : les charges locatives, les taxes foncières, et éventuellement les frais d’entretien.

Exemple :

Pour un appartement de cette taille, les charges communes (ascenseur, entretien, chauffage central) s’élèvent généralement entre 50 et 100 € par mois. Les dépenses en énergie et eau représentent en moyenne 200 € mensuels. S’ajoutent à cela les frais d’Internet et de télécommunications, dont le coût varie selon le fournisseur et les options, ainsi qu’une assurance incendie obligatoire pour le locataire, coûtant en moyenne 8 à 10 € par mois. Certaines taxes locales ponctuelles peuvent également être à la charge du locataire.

Choisir le bon type de bail pour une location de longue durée

Pour louer à long terme, il faut comprendre les principales catégories de baux d’habitation. Le vocabulaire varie parfois, mais la logique reste identique sur tout le territoire.

Les grandes catégories de baux résidentiels

On distingue généralement :

Très courte durée : moins de 6 mois (par exemple, séjour temporaire)

Court terme : de 6 mois à 3 ans

Long terme (bail de résidence principale classique) : généralement 9 ans

Bail à vie : valable jusqu’au décès de l’une des parties, assez rare

Un bail conclu pour une durée fixe entre 3 et 9 ans (par exemple 5 ans) est, dans certains régimes, assimilé à un bail de neuf ans, avec les mêmes règles de résiliation.

Le bail de neuf ans (bail 3‑6‑9)

C’est le standard pour une résidence principale à long terme. Ses grandes caractéristiques :

Durée initiale : 9 ans

Résiliation possible à l’initiative du locataire à tout moment, sous conditions de préavis et d’indemnité au début du bail

Possibilités de résiliation pour le propriétaire dans des cas précis (occupation personnelle, gros travaux, sans motif mais avec indemnité)

– Renouvellement automatique si aucun congé n’est donné à l’échéance

En fin de bail, s’il n’est pas résilié, il se prolonge automatiquement pour un nouveau cycle (généralement trois ans) aux mêmes conditions. À chaque triennat, certaines options de résiliation ou de révision du loyer sont ouvertes.

Les baux de courte durée (jusqu’à 3 ans)

Pour une installation prévue sur un à trois ans, certains optent pour un bail de courte durée (par exemple 1, 2 ou 3 ans). Les règles de fin de bail et de renouvellement sont plus rigides, et si l’on dépasse trois ans (par renouvellements successifs), le bail se transforme automatiquement en bail de neuf ans.

Bon à savoir :

Les conditions pour mettre fin à un bail avant son terme, notamment pour le locataire, ne sont pas les mêmes dans toutes les régions. Il est essentiel de se renseigner sur la législation locale en vigueur.

– En Flandre, un locataire qui met fin prématurément à un bail de courte durée doit respecter un préavis de trois mois et payer une indemnité dégressive (1,5 mois de loyer la première année, 1 mois la deuxième, 0,5 mois la troisième). Le propriétaire, lui, ne peut pas y mettre fin avant l’échéance.

– À Bruxelles et en Wallonie, la fin anticipée d’un bail de courte durée par le locataire suppose en général trois mois de préavis et une indemnité d’un mois de loyer.

Pour un projet clairement long terme, le bail de neuf ans reste souvent plus souple sur la durée.

Le contrat de bail : ce qu’il doit contenir

En Belgique, le principe est que tout bail d’habitation doit être écrit et signé par les parties. Un bail verbal peut être valide en théorie, mais il est fortement déconseillé, car source de conflits.

Un bail bien rédigé doit comporter au minimum :

Attention :

Un bail de location en Belgique doit impérativement contenir les informations suivantes : l’identité des parties, la description et l’adresse du bien, sa destination, la durée du contrat, le montant et le mode de paiement du loyer (incluant ses modalités d’indexation), le montant et la forme de la garantie locative, la répartition des charges, les conditions de résiliation, ainsi que les règles spécifiques (travaux, animaux, etc.). À Bruxelles, il est également pertinent de mentionner le loyer de référence régional, le propriétaire devant justifier un loyer dépassant ce référentiel de plus de 20 %.

Le bail doit respecter les règles impératives de la région concernée. Les clauses contraires aux dispositions protectrices du locataire sont réputées non écrites et ne produisent pas d’effet.

Langue et forme à Bruxelles

Dans la Région de Bruxelles-Capitale, le contrat doit être établi en français ou en néerlandais (ou les deux). Les notaires comme les administrations sont très attentifs à ce point. Il n’est pas obligatoire de passer devant notaire pour un bail résidentiel classique, sauf pour les baux de plus de neuf ans.

La garantie locative (caution) : montants, formes et règles

La garantie locative, appelée aussi caution ou garantie de loyer, est quasiment systématique. Elle vise à couvrir les manquements éventuels du locataire : dégâts immobiliers au‑delà de l’usure normale, loyers ou charges impayés.

Montant maximum de la garantie

Les règles ont évolué et varient selon les régions et les types de contrats, mais l’idée centrale est la limitation du montant, afin d’éviter des exigences déraisonnables.

Les principales pratiques observées :

Baux résidentiels classiques : en règle générale, la garantie ne peut excéder deux ou trois mois de loyer.

– En Flandre, il est explicitement permis de demander jusqu’à trois mois de loyer pour la garantie dans certains schémas (par exemple par garantie bancaire).

– Pour les logements étudiants, la garantie maximale est également de deux mois de loyer.

– Des réformes récentes à Bruxelles imposent un plafond de deux mois de loyer pour les baux conclus ou renouvelés à partir de novembre 2024.

Bon à savoir :

Pour les appartements meublés ou serviced apartments, la caution demandée est généralement d’un mois de loyer. Cela s’explique par la durée plus courte des baux et une prise en charge différente des équipements par le propriétaire.

Formes autorisées de garantie

La Belgique se distingue par l’obligation de séparer la garantie des fonds privés du propriétaire. Les formes classiques sont :

Compte bancaire bloqué au nom du locataire

Garantie bancaire (le locataire rembourse progressivement la banque, qui se porte garante)

Garantie via des fonds publics (CPAS/OCMW, Fonds du Logement, Vlaams Woningfonds, SWCS en Wallonie)

Produits d’assurance‑caution proposés par certains organismes privés

Il n’est pas permis au propriétaire d’exiger que la garantie soit versée en espèces ou directement sur son compte personnel. Le schéma habituel consiste à ouvrir un compte épargne bloqué spécifique, alimenté du montant de la garantie, qui restera indisponible jusqu’à la fin du bail.

Bon à savoir :

Le locataire reste propriétaire de la somme versée en guise de caution ainsi que des intérêts qu’elle génère. Ces montants lui sont intégralement restitués lors de la libération de la caution, à la fin du bail.

Exemple de schéma de compte bloqué

ÉlémentDescription
Titulaire du compteLocataire
GestionnaireBanque ou institution (éventuellement mandatée)
Accès aux fonds pendant le bailAucun accès unilatéral (ni bailleur ni locataire)
IntérêtsCapitalisés et reversés au locataire à la clôture
LibérationSur document signé par les deux parties ou jugement

Restitution et litiges

À la fin du bail, si tout est en ordre (loyers payés, pas de dégradations importantes), la garantie doit être libérée, capital et intérêts, au bénéfice du locataire. Les textes prévoient un délai raisonnable ; des retards excessifs peuvent exposer le propriétaire à des pénalités (par exemple, une indemnité mensuelle de 10 % du loyer dans certains régimes si la restitution tarde sans raison valable).

En cas de désaccord sur les dégâts ou des loyers impayés, le propriétaire peut demander qu’une partie de la caution soit conservée. Cela doit être justifié par l’état des lieux de sortie et éventuellement des devis ou factures. Si le locataire conteste, l’affaire peut être portée devant le juge de paix, qui tranchera et ordonnera la répartition de la garantie.

L’état des lieux : un document clé pour les deux parties

L’état des lieux (ou « plaatsbeschrijving » en néerlandais) est un pilier du système locatif belge. Il s’agit d’un inventaire détaillé de l’état du logement au début du bail, puis d’un constat à la fin.

Pourquoi l’état des lieux est indispensable

La loi impose la réalisation d’un état des lieux écrit, joint au bail et enregistré avec lui. Sans ce document, la présomption joue contre le locataire : on considère alors que le logement a été reçu en bon état, et toute dégradation est en principe mise à sa charge, même si elle préexistait.

Inversement, un état des lieux précis protège aussi le propriétaire, en objectivant l’état initial et en facilitant la preuve de dommages éventuels.

Quand et comment le réaliser

L’état des lieux d’entrée doit être établi soit avant la remise des clés, soit durant le premier mois d’occupation. Passé ce délai, aucune des parties ne peut contraindre l’autre à le faire, ce qui fragilise la position de tous.

Il peut être :

Réalisé à l’amiable par le propriétaire et le locataire, à l’aide d’un modèle ou d’une check‑list

Confié à un expert indépendant (géomètre, architecte, expert immobilier)

En Région de Bruxelles-Capitale, lorsque l’on fait appel à un expert, la règle est le partage des frais à 50/50 entre propriétaire et locataire, quelle que soit l’initiative. En Flandre, la pratique est plus souple : la partie qui demande seule l’expert peut se voir imputer la totalité des honoraires, sauf accord contraire. En Wallonie, le partage à parts égales est aussi la référence, avec un plafond indicatif (par exemple 2 % du loyer mensuel).

150-450

Le coût moyen d’un état des lieux professionnel, variant selon la taille du logement et la présence de mobilier.

Contenu d’un bon état des lieux

Le document doit être extrêmement précis :

Description pièce par pièce (sols, murs, plafonds, fenêtres, portes, équipements sanitaires, cuisine, etc.)

Relevés des compteurs (eau, gaz, électricité)

– Liste des clés, badges, télécommandes remises

– Mention d’éventuels défauts (taches, fissures, rayures…)

– Série de photos datées, voire vidéos à l’appui

De plus en plus, les états des lieux sont numériques, avec signatures électroniques (eID, itsme). Les tribunaux acceptent les photos comme preuves à part entière, à condition qu’elles soient datées et conservées de manière fiable.

En fin de bail, l’état des lieux de sortie compare la situation actuelle avec celle décrite à l’entrée. La différence, déduction faite de l’usure normale, sert de base aux retenues éventuelles sur la garantie.

Les droits et obligations du locataire et du propriétaire

La location à long terme repose sur un équilibre entre la protection du locataire et la sécurité juridique du bailleur. En Belgique, le droit est considéré comme relativement favorable au locataire, tout en imposant de vraies responsabilités à chacun.

Obligations du propriétaire

Le bailleur doit notamment : respecter les obligations prévues dans le contrat de bail, s’assurer de la décence du logement, effectuer les réparations nécessaires, et garantir la jouissance paisible du bien.

Astuce :

Le bailleur a l’obligation de fournir un logement sain, sûr et conforme aux normes minimales (stabilité, électricité, chauffage, ventilation, eau potable, sanitaires, absence d’humidité et de moisissures excessives). Il doit remettre un certificat de performance énergétique (PEB/EPC) valide, assurer l’immeuble contre l’incendie et effectuer les grosses réparations ainsi que celles dues à l’usure normale ou à un vice de construction. Il doit garantir la jouissance paisible du logement (pas de visites injustifiées, respect de la vie privée), enregistrer le bail et l’état des lieux dans les délais légaux, fournir un décompte clair et justifié des charges une fois par an si elles sont provisionnelles, et respecter les procédures et délais de préavis pour toute résiliation ou augmentation de loyer.

La non‑conformité peut avoir des conséquences graves : injonction de travaux, interdiction de louer, amendes administratives élevées (plusieurs milliers d’euros) et, en cas de mise en location d’un logement insalubre, nullité du bail.

Obligations du locataire

Le locataire est tenu :

Bon à savoir :

En tant que locataire, vous devez : payer le loyer et les charges à temps ; utiliser le logement avec soin et de manière raisonnable ; assurer l’entretien courant et les petites réparations ; souscrire une assurance locative (souvent obligatoire) ; prévenir rapidement le propriétaire en cas de problème grave ; restituer le logement dans son état initial (hors usure normale) ; et respecter le règlement de l’immeuble ainsi que la tranquillité des voisins.

Le locataire ne peut pas unilatéralement suspendre le paiement du loyer même en cas de litige ; il doit plutôt saisir le juge de paix ou tenter une médiation.

Sous‑location et colocation

La sous‑location d’un logement entier sans l’accord écrit du propriétaire est interdite. La sous‑location d’une chambre peut être permise, mais là encore, l’aval du bailleur est presque toujours requis, sauf cas particuliers (par exemple, certains étudiants en échange à l’étranger).

En colocation, les contrats peuvent être rédigés soit avec un bail commun, soit avec des baux séparés. Les modalités de départ d’un colocataire, l’entrée d’un remplaçant et la répartition de la garantie doivent être réglées avec soin dans le bail ou dans une convention de colocation.

Indexation du loyer : comment les augmentations sont encadrées

En Belgique, les hausses de loyers sont réglementées et passent surtout par l’indexation annuelle, destinée à suivre l’évolution du coût de la vie. On ne peut pas augmenter le loyer n’importe quand ni n’importe comment.

L’index santé comme référence

L’indexation des loyers résidentiels se base sur l’« indice santé », un indicateur dérivé de l’indice des prix à la consommation, mais excluant certains postes comme l’alcool, le tabac et les carburants. Cet indice est calculé chaque mois par le SPF Économie et publié sur le site de Statbel.

La formule légale de base est la suivante :

> Loyer indexé = Loyer de base × (nouvel index / index de départ)

Bon à savoir :

Le loyer de base à indexer est celui indiqué dans le bail initial, hors charges. L’index de départ est l’indice santé du mois précédant la signature ou l’entrée en vigueur du bail (sous réserve de règles régionales spécifiques). Le nouvel index à utiliser pour le calcul est celui du mois précédant chaque anniversaire annuel de l’entrée en vigueur du bail.

L’indexation ne s’applique qu’une fois par an, à la date anniversaire du contrat.

Demande écrite obligatoire

Contrairement à une idée répandue, l’indexation n’est pas automatique : le propriétaire doit la demander par écrit au locataire. Sans notification, le locataire n’a pas l’obligation de verser le nouveau montant.

Le propriétaire ne peut remonter en arrière que sur une période limitée (généralement trois mois avant sa demande). Il dispose d’un délai d’un an après l’anniversaire du bail pour exercer ce droit d’indexation.

Certaines clauses peuvent exclure l’indexation ou limiter son application, ce qui est autorisé si cela avantage le locataire. Une clause prévoyant une indexation plus élevée que l’index santé serait inopérante.

Lien avec la performance énergétique (PEB/EPC)

Les régions ont, ces dernières années, lié l’indexation aux performances énergétiques des logements afin d’encourager la rénovation. Les règles diffèrent, mais l’idée générale est que les biens les plus énergivores (PEB/EPC D, E, F, G) subissent des restrictions ou une indexation corrigée.

Exemple :

Par exemple : il s’agit d’une illustration de la manière de structurer un bloc de contenu spécifique en suivant des paramètres prédéfinis, comme le titre et la description, pour intégrer des exemples pertinents dans un article.

– En Flandre, un moratoire avait temporairement bloqué l’indexation pour les logements D, E, F ou sans certificat. Depuis octobre 2023, l’indexation est à nouveau possible, mais via une formule adaptée avec facteur de correction.

– À Bruxelles, les restrictions sur les PEB E, F, G ont été assouplies à l’automne 2023, avec une formule d’indexation corrigée et une interdiction d’indexer en l’absence de certificat.

– En Wallonie, un mécanisme spécifique avec facteur correctif pour les PEB D, E, F est également en place.

Ces règles sont techniques, mais les régions mettent à disposition des calculateurs officiels (par exemple la « Vlaamse Huurcalculator ») pour aider propriétaires et locataires à vérifier les nouveaux montants.

Enregistrer son bail : une étape obligatoire et protectrice

L’enregistrement du bail est une formalités administratives, mais elle a des conséquences juridiques importantes.

Qui doit enregistrer et dans quels délais ?

Pour un bail de résidence principale, l’enregistrement est obligatoire et gratuit. En principe, c’est au propriétaire de s’en charger dans un délai de deux mois (parfois mentionné à quatre mois dans certains textes) après la signature.

L’enregistrement se fait :

En ligne via la plateforme fédérale (MyRent)

Par courrier en envoyant une copie signée du bail et de l’état des lieux

– À l’administration compétente

Bon à savoir :

En Région de Bruxelles-Capitale, un enregistrement régional sur la plateforme Irisrent (via IRISbox) est progressivement rendu obligatoire, en plus de l’enregistrement fédéral. Il requiert des données détaillées sur le logement et sa performance énergétique (PEB). Bien qu’un contentieux soit en cours devant la Cour constitutionnelle, les deux enregistrements coexistent actuellement en pratique.

Effets d’un bail non enregistré

Les conséquences sont significatives :

– Le propriétaire perd certains droits, notamment l’indexation du loyer dans certaines régions, tant que le bail n’est pas enregistré.

– Le bail n’a pas de « date certaine » et est moins opposable aux tiers (par exemple, un nouveau propriétaire en cas de vente).

– Le locataire dispose parfois du droit de résilier le bail à tout moment, sans préavis ni indemnité, si l’enregistrement fait défaut après mise en demeure non suivie d’effet.

Ces sanctions incitent les propriétaires à respecter les délais. Le locataire peut également enregistrer lui‑même le bail à titre conservatoire, même si ce n’est pas son obligation.

Résilier un bail de longue durée : préavis, indemnités et procédure

L’un des grands atouts d’un bail de neuf ans pour le locataire est la possibilité de partir à tout moment, sous réserve de préavis et, au début, d’une indemnité.

Résiliation à l’initiative du locataire

Pour un bail de neuf ans :

– Le locataire peut mettre fin au bail à tout moment

– Il doit respecter un préavis de trois mois

– S’il quitte dans la première année, il paie en plus une indemnité de trois mois de loyer

– S’il part durant la deuxième année, l’indemnité tombe à deux mois de loyer

– Durant la troisième année, une indemnité d’un mois de loyer est due

– À partir de la quatrième année, il n’y a plus d’indemnité, seulement le préavis de trois mois

Bon à savoir :

La durée du préavis pour un bail longue durée varie selon la région : en Flandre, elle est souvent de trois mois pour le locataire, tandis qu’à Bruxelles et en Wallonie, des délais de six mois peuvent s’appliquer dans certains cas spécifiques. Une règle constante est celle des indemnités de 3, 2 puis 1 mois au cours des trois premières années de location.

Le préavis doit toujours être donné par écrit, idéalement par recommandé. La période de préavis commence le premier jour du mois qui suit la réception de la lettre.

Résiliation à l’initiative du propriétaire

Le propriétaire a des possibilités plus limitées de mettre fin à un bail de neuf ans :

Bon à savoir :

Pour occuper personnellement le logement (pour lui-même ou un proche), le propriétaire doit donner un préavis de six mois et ne peut le faire qu’à des moments spécifiques du bail, comme la fin d’une période de trois ans, sous réserve de nuances régionales. Pour entreprendre de gros travaux de transformation ou de rénovation, les mêmes règles de préavis et de timing s’appliquent. Sans motif légitime, la résiliation n’est possible qu’à la fin d’un triennat, avec un préavis de six mois et le versement d’une indemnité importante au locataire (par exemple, neuf mois de loyer à la fin du premier triennat, six mois à la fin du second).

Dans tous les cas, la loi encadre strictement ces possibilités, et les clauses plus sévères que la loi sont réputées non écrites.

En cas de décès du locataire

Les règles varient, mais on trouve globalement trois schémas :

– En Flandre, le décès du locataire n’entraîne pas automatiquement la résiliation ; le bail se poursuit, sauf impayés prolongés ou absence d’occupants.

– À Bruxelles, le contrat peut prendre fin automatiquement deux mois après le décès, moyennant une indemnité d’un mois de loyer dans certains régimes.

– En Wallonie, la fin intervient trois mois après le décès, sans indemnité.

La situation est différente si d’autres membres de la famille sont domiciliés dans le logement ; ils peuvent parfois poursuivre le bail.

Après l’emménagement : démarches pratiques et conformité

Une fois le bail signé, la garantie versée et l’état des lieux réalisé, quelques formalités restent à accomplir, surtout pour les nouveaux arrivants.

Enregistrement à la commune

Les personnes qui s’installent en Belgique doivent s’inscrire à la commune de résidence dans un délai assez court (dans certains cas, huit jours après l’arrivée pour les étrangers). Le bail sert souvent de justificatif pour l’inscription au registre de la population ou au registre des étrangers.

Ouverture des compteurs et abonnements

Dans un logement non meublé, c’est généralement au locataire de conclure les contrats d’énergie (gaz, électricité) et de télécommunications (internet, téléphone). Les compteurs doivent être relevés à l’état des lieux.

Bon à savoir :

Dans les immeubles équipés d’un chauffage collectif ou de compteurs divisionnaires, les charges d’énergie sont généralement gérées par le propriétaire ou le syndic. Elles sont ensuite refacturées au locataire sous forme de provisions mensuelles, suivies d’un décompte annuel pour régulariser les montants.

Assurance et sécurité

Le locataire doit prendre une assurance couvrant sa responsabilité (incendie, dégâts des eaux, éventuellement responsabilité civile privée). À Bruxelles, la souscription d’une assurance incendie par le locataire est désormais une obligation légale pour les baux de résidence principale.

Le propriétaire doit pour sa part assurer le bâtiment. Dans certains montages, il inclut une « abandon de recours » dans son contrat d’assurance et refacture une partie de la prime au locataire.

Les installations électriques et de gaz doivent être conformes ; des certificats d’inspection sont requis, surtout en cas de mise en location d’un bien ancien.

En cas de conflit ou de difficulté de paiement

Même dans un système bien encadré, des conflits peuvent surgir : désaccord sur des dégâts, charges incompréhensibles, troubles de voisinage, loyers payés en retard.

Rôle du juge de paix et des associations de locataires

Le juge de paix (justice de paix / vredegerecht) est la juridiction compétente pour les litiges locatifs. Il peut être saisi par le locataire ou le propriétaire, que ce soit pour des problèmes de paiement, de travaux, de résiliation ou de dépôt de garantie.

Avant d’en arriver là, il est recommandé de :

Bon à savoir :

En cas de conflit avec l’autre partie (locataire ou propriétaire), il est conseillé de : d’abord formaliser les demandes par écrit, de préférence par lettre recommandée ; puis de chercher une solution amiable, éventuellement avec l’aide d’un service de médiation ; et enfin, de contacter une association spécialisée (comme un syndicat des locataires ou une association de propriétaires) pour obtenir des conseils juridiques et un accompagnement.

Il est important pour un locataire de ne pas cesser de payer le loyer de son propre chef, même en cas de problème sérieux, car cela l’expose à une action en résiliation pour défaut de paiement.

Retards de loyer et expulsion

Les tribunaux ne prononcent pas une expulsion pour un simple retard ponctuel. Il faut en général plusieurs mois d’impayés (souvent trois) pour que le propriétaire engage une procédure de résiliation. L’expulsion ne peut intervenir que sur décision du juge, au terme d’une procédure qui peut durer de nombreux mois, voire plus d’un an.

Le juge peut ordonner des plans d’apurement, réduire certaines indemnités ou accorder des délais, surtout si le locataire est de bonne foi.

Louer à long terme comme investisseur : quelques repères

Pour ceux qui envisagent d’acheter un bien afin de le louer à long terme, la Belgique offre un marché relativement stable.

5.5

C’est le rendement locatif brut moyen pour certains segments de biens à Bruxelles, porté par la demande des expatriés, des institutions européennes et des entreprises.

Les logements étudiants peuvent atteindre des rendements supérieurs à 6 %, au prix d’une gestion plus active (turn‑over élevé, baux de courte durée, exigences spécifiques en matière de confort et de sécurité).

Pour rassurer les investisseurs, il existe enfin des formules de mise en location via des agences sociales de location (AIS / SVK), qui garantissent un loyer régulier, prennent en charge la gestion quotidienne et offrent dans certains cas des avantages fiscaux, en échange de loyers modérés.

Conclusion : louer à long terme en Belgique, une démarche exigeante mais sécurisée

Louer un bien immobilier à long terme Belgique, que ce soit comme locataire ou comme bailleur, demande un minimum de préparation : comprendre le type de bail adapté, les contraintes régionales, la mécanique de l’indexation, le fonctionnement de la garantie locative et le rôle central de l’état des lieux.

Astuce :

Le cadre législatif belge, bien que dense, protège locataires et propriétaires et garantit des logements décents. Pour une location sereine et durable, il est essentiel de se familiariser avec ces règles, de documenter chaque étape (bail écrit, état des lieux, enregistrement, correspondances) et d’utiliser les outils officiels comme les calculateurs d’indexation et les références de loyer. En cas de besoin, n’hésitez pas à solliciter l’aide des associations spécialisées.

Pour un expatrié ou un nouvel arrivant, l’accompagnement par une agence spécialisée ou un chasseur de logement peut constituer un vrai plus. Pour un propriétaire, s’assurer de la conformité du bien, de la clarté du contrat et du respect des formalités d’enregistrement reste la meilleure protection à long terme.

Au final, un bail de longue durée réussi repose sur la même base que toute relation contractuelle : la transparence, l’anticipation des problèmes et le respect des règles du jeu fixées par la loi.

Pourquoi il est préférable de me contacter ? Voilà un exemple concret :

Un chef d’entreprise français d’environ 50 ans, avec un patrimoine financier déjà bien structuré en Europe, souhaitait diversifier une partie de son capital dans l’immobilier résidentiel en Belgique pour rechercher du rendement locatif et une exposition à un marché voisin, stable et réglementé. Budget alloué : 400 000 à 600 000 euros, sans recours au crédit.

Après analyse de plusieurs marchés (Bruxelles, Anvers, Gand), la stratégie retenue a consisté à cibler un immeuble résidentiel ou un appartement de standing dans un quartier en développement, par exemple à Etterbeek ou près du port d’Anvers, combinant rendement locatif brut cible de 5–6 % – en gardant en tête que « plus le rendement est grand, plus le risque est important » – et potentiel de valorisation à moyen terme, avec un ticket global (acquisition + frais + éventuels travaux) d’environ 500 000 euros. La mission a inclus : sélection du marché et du quartier, mise en relation avec un réseau local (agent immobilier, notaire, fiscaliste), choix de la structure la plus adaptée (propriété directe, société patrimoniale belge) et définition d’un plan de diversification dans le temps, en intégrant les spécificités fiscales franco-belges.

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A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Expert en gestion de patrimoine internationale depuis plus de 20 ans, j’accompagne mes clients dans la diversification stratégique de leur patrimoine à l’étranger, un impératif face à l’instabilité géopolitique et fiscale mondiale. Au-delà de la recherche de revenus et d’optimisation fiscale, ma mission est d’apporter des solutions concrètes, sécurisées et personnalisées. Je conseille également sur la création de sociétés à l’étranger pour renforcer l’activité professionnelle et réduire la fiscalité globale. L’expatriation, souvent liée à ces enjeux patrimoniaux et entrepreneuriaux, fait partie intégrante de mon accompagnement sur mesure.

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