Longtemps perçu comme un refuge discret pour les grandes fortunes européennes, le marché des propriétés de luxe en Autriche est aujourd’hui l’un des plus singuliers et des plus résilients du continent. Alors que la plupart des pays européens ont encaissé de plein fouet la fin de l’argent bon marché, la hausse des taux et l’inflation, le segment haut de gamme autrichien s’est contenté de lever le pied… sans véritablement dérailler.
Malgré un recul du marché immobilier résidentiel global en 2024, le segment luxe en Autriche connaît une légère croissance. Cette dynamique s’explique par la rareté de l’offre, un environnement politique stable, un niveau de vie élevé et une demande internationale soutenue. Le marché, très compétitif, se caractérise par des biens d’exception (palais viennois, chalets à Kitzbühel, villas lacustres) dont les prix atteignent souvent plusieurs millions d’euros.
Un marché globalement en correction, mais un haut de gamme qui résiste
Le contexte général n’est pourtant pas idyllique. L’économie autrichienne a enchaîné deux années de récession, avec une contraction de 0,8 % en 2023 et de 0,6 % en 2024. Les prix de l’immobilier résidentiel ont reculé pour la première fois après plus d’une décennie de hausse continue : –2,1 % pour les maisons au niveau national en décembre 2024, –0,2 % sur l’ensemble des biens résidentiels pour l’année.
L’indice des prix résidentiels a baissé pendant sept trimestres consécutifs jusqu’à fin 2024. Corrigée de l’inflation, la chute atteint près de –3 % sur l’année. Les maisons individuelles ont décroché de 5,2 %, les terrains de 9,1 %, les appartements de 3,5 % en moyenne. À Vienne, les maisons ont perdu environ 4,4 % au quatrième trimestre 2024, les appartements existants 2,6 %.
Progression du segment haut de gamme de l’immobilier en 2024, alors que tous les autres segments reculaient.
Les prévisions confortent cette impression de “soft landing” : une croissance attendue de 0 à 1 % en 2025, 1 à 2 % en 2026, puis 2 à 3 % en 2027 et 2 à 4 % sur la période 2028‑2030, avec des grandes métropoles clairement appelées à surperformer les zones rurales.
Un environnement macroéconomique en voie de normalisation
Sur le plan macro, les signaux de stabilisation s’accumulent. La Banque nationale (OeNB) anticipe un retour à la croissance en 2025 (+0,8 %) puis en 2026 (+1,6 %). L’inflation, qui a dépassé 8 % en 2022, est revenue autour de 2,9 % en 2024 et devrait se rapprocher de l’objectif de 2 % de la Banque centrale européenne.
Après une période de hausse, les taux hypothécaires se stabilisent et reculent. Fin 2024, le taux moyen des nouveaux prêts est de 3,63 %, en baisse par rapport aux plus de 4 % précédents. Cette tendance suit plusieurs baisses des taux directeurs de la BCE, maintenant sous les 3 %. Malgré la prudence des banques (apport minimum de 20 %, taux d’endettement limité à 40 %, durée maximale de 35 ans), le volume des nouveaux crédits a augmenté de 8,7 % en 2024.
Dans ce contexte, les acteurs institutionnels et les grandes fortunes adoptent une posture d’observation sur certains segments… tout en se repositionnant clairement sur les actifs les plus défensifs : logements haut de gamme en centre‑ville, chalets premium en stations dual‑season, actifs répondant pleinement aux critères ESG.
L’Autriche, marché de luxe discret et refuge patrimonial
Le positionnement de l’Autriche sur le marché européen du luxe repose sur quelques piliers bien identifiés : une économie relativement stable, des institutions solides, une fiscalité immobilière lisible, une qualité de vie exceptionnelle et, surtout, une offre rare en emplacements véritablement prime.
Hausse des prix des maisons à Vienne entre 2015 et 2021, soit 24,6 % en termes réels.
Dans le luxe, la tendance est encore plus nette. À Kitzbühel, les prix ont bondi d’environ 150 % depuis 2012 ; dans le Vorarlberg, ils ont augmenté de 55 % sur les cinq dernières années ; en Carinthie, d’environ 25 % sur la même période. Malgré la parenthèse baissière 2023‑2024, les gains cumulés restent donc considérables.
Qui achète dans le haut de gamme autrichien ?
Sur le segment résidentiel haut de gamme, environ 60 % des acheteurs sont autrichiens. Les 40 % restants viennent majoritairement d’Europe de l’Est (Russie, Ukraine, République tchèque, Slovaquie), mais aussi d’Allemagne, de Suisse, des États‑Unis, du Moyen‑Orient et d’Asie (Hong Kong, Chine, Émirats).
À Vienne, le segment ‘super‑prime’, principalement situé dans l’Innere Stadt, attire une clientèle internationale composée de Suisses, d’Américains, d’acheteurs du Golfe et de familles aisées d’Asie. À Salzbourg, les acheteurs étrangers dans les secteurs prime sont majoritairement allemands et suisses (environ 40% des achats), avec des budgets souvent supérieurs à un million d’euros pour des appartements de luxe ou des maisons familiales.
En montagne, Kitzbühel fonctionne sur un registre proche des grandes stations suisses (St‑Moritz, Zermatt, Davos) : clientèle globale très aisée, budgets à plusieurs millions, rôle de “valeur refuge” en temps de turbulences politiques ou économiques en Europe.
Cartographie du luxe autrichien : Vienne, Alpes et lacs
Derrière l’étiquette “marché du luxe autrichien” se cachent en réalité plusieurs sous‑marchés très différenciés. Les prix, les profils d’acheteurs et les moteurs de la demande n’y sont pas les mêmes, mais un point commun domine : la rareté.
Vienne, capitale du luxe résidentiel
Vienne reste la locomotive du marché haut de gamme. La ville affiche les prix moyens les plus élevés du pays pour les appartements comme pour les maisons. En 2024, le prix moyen au mètre carré pour un logement dans la capitale tourne autour de 5 500 € dans l’ensemble, mais ce chiffre masque de fortes disparités.
Dans la 1re arrondissement – l’Innere Stadt, cœur historique classé à l’UNESCO – on change d’échelle. En février 2025, le prix moyen d’un appartement y atteint environ 24 977 €/m², soit une hausse vertigineuse de 29,8 % sur un an. Dans les cas extrêmes, certaines transactions atteignent voire dépassent les 30 000 €/m². Sur le marché secondaire, les prix d’achat autour de 27 000 €/m² sont désormais la norme pour les biens haut de gamme.
Dans les arrondissements centraux de Vienne, les prix des appartements de standing peuvent atteindre jusqu’à 22 500 €/m² pour les adresses les plus prestigieuses.
À l’ouest de la ville, les arrondissements résidentiels bourgeois – Hietzing (13e), Währing (18e), Döbling (19e) – concentrent villas historiques, grandes propriétés et appartements de luxe avec vue sur les collines boisées.
On peut résumer ainsi quelques ordres de grandeur pour Vienne :
| Zone de Vienne | Prix moyens indicatifs (€/m²) | Fourchettes haut de gamme observées |
|---|---|---|
| Innere Stadt (1er) | ~24 977 (moyenne 2025) | 25 000 – 30 000 |
| 3e–9e arrondissements centraux | 8 000 – 10 500 | jusqu’à 22 500 |
| Hietzing (13e) | ~8 300 – 11 100 | 3 à 14 M€ pour les grandes villas |
| Währing (18e) | ~9 700 | 6 300 – 22 500 |
| Döbling (19e) | ~8 900 | 10 000 – 15 000 (certains secteurs) |
| Districts périphériques recherchés | 3 500 – 5 700 | pointes au‑delà de 6 000 |
Dans ce paysage, la 19e arrondissement (Döbling) a enregistré des transactions emblématiques, avec une propriété vendue à 30 millions d’euros en 2020. Les complexes récents au nord de la ville offrent aujourd’hui des appartements entre 4 et 6 millions, des penthouses pouvant grimper à 10–12 millions d’euros.
Kitzbühel et le Tyrol : le royaume des chalets à plusieurs millions
Si Vienne domine le résidentiel urbain, le Tyrol, et plus précisément la région de Kitzbühel, est la vitrine alpine du luxe autrichien. Kitzbühel est souvent décrite comme la “capitale du luxe” du pays. Les chalets exceptionnels, avec vue panoramique sur les montagnes, figurent parmi les biens les plus chers du territoire.
Les villas et chalets en situation prime démarrent généralement autour de 5 millions d’euros, et certains biens d’exception atteignent 20 à 35 millions. En 2020, un record juste en dessous de 20 millions d’euros a été enregistré, un niveau comparable aux stations mythiques de Suisse.
En 2020, le prix moyen des appartements dans le district de Kitzbühel était de 6 270 €/m², faisant de lui le district le plus cher d’Autriche hors centre de Vienne.
Tyrol reste de manière générale la région la plus coûteuse du pays pour les maisons : un pavillon de 150 m² s’y vend en moyenne plus d’un million d’euros (1 074 519 €, soit 7 163 €/m²), et les prix ont encore progressé d’environ 2 % entre 2023 et 2024, alors que d’autres Länder corrigeaient.
Salzbourg et Salzburger Land : prestige culturel et tension foncière
Salzbourg, deuxième marché le plus cher du pays après Innsbruck pour les maisons, est un autre pilier du luxe autrichien. Dans la ville même, le prix moyen d’une maison individuelle flirtait déjà avec 915 000 € en 2020. En 2024, les valeurs ont globalement corrigé de près de 9,7 %, mais certains segments ne connaissent pas de pause.
Les appartements de standing en centre‑ville se négocient en moyenne autour de 5 700 €/m², avec des pointes qui dépassent 20 000 €/m² dans les meilleurs emplacements (vieille ville, Parsch, Riedenburg). Les grandes villas en situation exceptionnelle peuvent atteindre ou dépasser 17,5 millions d’euros, et une transaction à 9,5 millions d’euros a été enregistrée en 2020 pour un bien d’exception.
Le marché est sous tension en raison d’une offre structurellement faible et d’une forte demande, alimentée par un tourisme important (plus de 7 millions de nuitées par an) et la proximité de Munich. Le centre historique, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est soumis à des règles de construction très strictes, rendant les nouvelles constructions quasi impossibles, ce qui augmente encore la valeur des biens existants.
Les lacs : Wörthersee, Salzkammergut et le club très fermé des propriétés “pieds dans l’eau”
Autre composante clé du très haut de gamme : les villas et appartements sur les grands lacs autrichiens, notamment le Wörthersee en Carinthie et les lacs du Salzkammergut.
Sur le Wörthersee, les biens directement sur les rives ou bénéficiant d’un large accès privé sont extrêmement rares. Dans le district de Klagenfurt‑Land, le prix moyen des appartements atteint 5 000 €/m², nettement au‑dessus du reste de la Carinthie, avec des pointes à plus de 18 000 €/m² pour certaines propriétés. En 2020, une maison individuelle sur le lac s’est vendue 14 millions d’euros.
Dans le Salzkammergut (Attersee, Wolfgangsee, Traunsee, etc.), les fourchettes explosent dès que l’on parle de front de lac. À titre indicatif :
| Zone lacustre prime | Ordre de grandeur des prix (biens très haut de gamme) |
|---|---|
| Attersee (vue + ponton privé) | 7 – 10 M€ (jusqu’à 15–18 M€ pour les plus exclusifs) |
| Wörthersee (Velden, Klagenfurt) | 6 – 14 M€ pour de grandes unités |
| Wolfgangsee | 4 – 5 M€ minimum, avec des biens >10 M€ |
| Millstätter See / Traunsee | 6 – 8 M€ pour les propriétés premium |
Là encore, la contrainte réglementaire joue un rôle déterminant : les terrains avec accès direct à l’eau sont très contrôlés par les pouvoirs publics, l’offre est figée ou presque, et la demande dépasse de trois à quatre fois le nombre d’opportunités disponibles.
Des régions en contraste : de la flambée à la correction
En dehors de ces pôles emblématiques, chaque Land autrichien affiche sa propre trajectoire. Dans l’ensemble, les prix de l’immobilier se sont repliés de façon modérée en 2024, mais l’hétérogénéité est frappante.
Si l’on observe le prix moyen d’une maison de 150 m², on obtient une bonne photographie des niveaux par région :
| Land | Prix moyen maison 150 m² | Prix au m² approx. | Évolution récente signalée |
|---|---|---|---|
| Tyrol | 1 074 519 € | 7 163 €/m² | +2 % en 2024 |
| Vienne | 962 144 € | 6 414 €/m² | +1 % en 2024 |
| Salzbourg | 868 421 € | 5 789 €/m² | +5 % en 2024 |
| Vorarlberg | 825 000 € | 5 500 €/m² | –5 % env. en 2024 |
| Basse‑Autriche | 538 400 € | 3 589 €/m² | hausse forte depuis 2016 |
| Styrie | 474 375 € | 3 163 €/m² | –6 % en 2024 |
| Carinthie | 454 592 € | 3 031 €/m² | légère baisse |
| Haute‑Autriche | 497 144 € | 3 315 €/m² | + (forte croissance ciblée) |
| Burgenland | 363 480 € | 2 423 €/m² | –3 % en 2024 |
Les reculs les plus marqués en 2024 ont été observés dans des régions plus périphériques ou déjà très chères : –12,5 % au Burgenland, –11,5 % au Vorarlberg, –4,4 % à Vienne, –3,1 % en Carinthie. À l’inverse, le Tyrol et Salzbourg ont continué à progresser, respectivement de 2 % et 5 % sur certains segments.
Hausse annuelle des prix dans les micro-marchés immobiliers ultra-rares du luxe sur les meilleurs emplacements.
Location et rendement : un luxe souvent plus patrimonial que rentable
Le paradoxe autrichien, et plus encore viennois, tient au fait que les prix d’achat sont très élevés alors que les rendements locatifs restent relativement contenus. Le pays affiche un taux de propriétaires modéré (environ 54,3 % au niveau national) et une proportion de locataires exceptionnellement élevée à Vienne (près de 75 % des ménages).
Rareté de l’offre locative et encadrement des loyers
Sur le plan locatif, la demande est très forte dans les grandes villes, à commencer par Vienne. La croissance démographique (+1,1 % de population en 2024), la progression des ménages d’une seule personne (17,4 % fin 2023), la hausse continue des étudiants et des jeunes actifs contribuent à mettre la pression sur un parc de logements qui se renouvelle de moins en moins vite. Les mises en chantier de logements sont en forte baisse, et seules environ 1 800 nouvelles locations devraient être livrées à Vienne en 2025, soit presque 60 % de moins qu’en 2024.
Le loyer moyen en France au troisième trimestre 2024 était de 7,40 €/m², en hausse de 4,2 % sur un an.
Rendements : faibles au centre, plus attractifs en périphérie
Pour un investisseur, le rendement brut moyen national tourne autour de 3,5 % au premier trimestre 2025. Mais ce chiffre cache de forts contrastes.
Rentabilité brute minimale des biens immobiliers dans le quartier luxueux de l’Innere Stadt à Vienne, reflétant un achat davantage patrimonial que locatif.
En revanche, dans des arrondissements périphériques ou émergents (Favoriten, Donaustadt, Floridsdorf, Liesing), certains studios ou petits appartements peuvent générer entre 4 et presque 7 % de rendement brut. Dans le 10e arrondissement (Favoriten), un studio peut ainsi approcher 6,87 % de rendement annuel dans certaines configurations.
En province, Salzbourg affiche des rendements bruts compris entre 3,18 et 4,25 % pour les appartements, avec une moyenne autour de 3,66 %. À Graz, la fourchette s’étend de 2 à un peu plus de 3,1 %, avec une moyenne d’environ 2,7 %. Là aussi, les meilleurs rendements se trouvent sur les surfaces les plus petites et dans des quartiers encore en montée.
Règlementation, fiscalité et contraintes pour les acheteurs étrangers
Un autre trait structurant du marché de luxe autrichien est la densité du cadre réglementaire, notamment en ce qui concerne les résidences secondaires, les biens touristiques et l’accès des non‑Européens.
Résidences secondaires et usages touristiques très encadrés
Les autorités autrichiennes, particulièrement dans les régions de montagne et sur les lacs, ont mis en place depuis longtemps des garde‑fous pour éviter la prolifération de “lits froids” qui fragilisent le tissu local. Les biens doivent être clairement catégorisés : résidence principale (Hauptwohnsitz), logement touristique (touristische Vermietung) ou résidence secondaire (Zweitwohnsitz).
Les véritables Zweitwohnsitz sont devenus extraordinairement rares, car la construction de nouvelles résidences secondaires est largement proscrite. Résultat : les biens historiquement enregistrés dans cette catégorie se vendent à des primes très élevées, souvent bien au‑dessus de biens comparables utilisés comme résidence principale.
Dans les résidences à vocation touristique, souvent des programmes neufs, l’acquisition est considérée comme un investissement commercial. Cela permet de récupérer la TVA de 20% sur le prix d’achat, mais impose en contrepartie une obligation de location. Le propriétaire doit respecter des règles d’exploitation strictes, notamment la mise en location du bien pendant une grande partie de l’année et le recours à une gestion professionnelle.
Accès des non‑Européens : restrictions fortes dans les régions les plus demandées
Les citoyens de l’Union européenne, de l’EEE et de la Suisse peuvent acheter en Autriche dans des conditions similaires à celles des Autrichiens. En revanche, pour les acheteurs hors UE/EEE, le parcours est plus escarpé. Chaque Land applique ses propres règles. Les régions les plus touristiques – Tyrol, Vorarlberg, Salzbourg – sont de facto largement fermées à ces acquéreurs, sauf cas très particuliers (structures juridiques spécifiques, permis très encadrés, projets purement commerciaux).
Même dans les Länder plus ouverts comme Vienne ou la Styrie, l’obtention d’un permis d’acquisition nécessite souvent de démontrer un “intérêt social” (installation durable, activité économique, etc.). Les demandes peuvent prendre plusieurs mois à être traitées.
Enfin, l’achat d’un bien, même de prestige, ne confère en soi aucun droit de résidence. Les candidats à l’installation doivent suivre les procédures classiques d’immigration.
Fiscalité des transactions et de la détention
Sur le plan fiscal, l’immobilier de luxe obéit aux mêmes règles que l’immobilier classique, mais avec des montants évidemment plus conséquents.
Les coûts de transaction pour l’achat d’un bien immobilier en Allemagne représentent souvent entre 10 % et 15 % du prix d’achat.
En détention, la taxe foncière, calculée sur des valeurs cadastrales anciennes, reste modérée en proportion du prix réel (souvent quelques centaines d’euros par an pour un appartement, bien davantage pour un domaine ou un grand immeuble). En revanche, les revenus locatifs sont imposés au barème progressif de l’impôt sur le revenu, pouvant atteindre jusqu’à 55 % pour les particuliers à hauts revenus, avec des possibilités d’amortissement (bâtiment amorti à 1,5 % par an, 2 % pour les constructions anciennes) et de déduction des charges (intérêts, entretien, gestion, etc.).
En cas de revente, les plus‑values immobilières sont en principe taxées à un taux forfaitaire de 30 % pour les personnes physiques, avec des exonérations possibles pour la résidence principale sous certaines conditions de durée d’occupation.
ESG, performance énergétique et primes “vertes”
L’une des évolutions les plus marquantes de ces dernières années sur le marché de luxe autrichien est la montée en puissance des critères ESG. Ce qui était perçu comme un bonus est en train de devenir un prérequis.
Certification et valeur des actifs
À Vienne, les grands investisseurs institutionnels considèrent déjà la durabilité comme un standard minimum. Les certifications ÖGNI, klimaaktiv, mais aussi des labels internationaux comme LEED ou BREEAM se multiplient. Les études menées sur le marché local montrent que les immeubles certifiés atteignent des loyers supérieurs et se vendent avec une prime de prix par rapport aux bâtiments comparables non certifiés.
Les biens immobiliers anciens, y compris dans le haut de gamme, sans stratégie claire de rénovation énergétique risquent de devenir des ‘stranded assets’. Mal adaptés aux futures normes, ils pourraient subir une dépréciation et nécessiter des coûts de mise à niveau considérables dans les dix à quinze prochaines années.
Cadre réglementaire favorable à la rénovation et aux constructions performantes
Le gouvernement autrichien a mis en place plusieurs dispositifs pour accélérer la transition : loi sur les énergies renouvelables, objectif de sortie des énergies fossiles dans le chauffage d’ici 2035/2040, incitations pour les bâtiments à énergie quasi nulle (nZEB), subventions pour l’isolation thermique et les systèmes renouvelables. Le pays revendique la plus forte concentration de maisons passives au monde, avec plus de 14 000 bâtiments construits à ce standard depuis 1994.
Dans le secteur immobilier de luxe, notamment pour les chalets dans des régions comme le Tyrol, la demande évolue vers des propriétés vertes. Les critères recherchés incluent l’intégration de panneaux solaires, l’utilisation de pompes à chaleur et de systèmes de chauffage à faibles émissions, une isolation renforcée, une domotique pour optimiser l’énergie, des électroménagers performants et l’emploi de matériaux biosourcés.
Quelles perspectives pour le luxe autrichien ?
Malgré le ralentissement conjoncturel, plusieurs facteurs structurants laissent penser que le marché des propriétés de luxe en Autriche restera dynamique dans les années à venir.
D’un côté, la démographie et l’urbanisation jouent en faveur des grandes villes : la population autrichienne a atteint près de 9,2 millions d’habitants début 2025, avec plus de 59 % vivant en zone urbaine. Vienne continue de gagner des habitants, accueille un nombre croissant d’étudiants et de jeunes actifs, et reste en tête des classements internationaux de qualité de vie. L’offre neuve, elle, se contracte, notamment dans le locatif. Tout concourt donc à maintenir des prix élevés dans les segments rares, tout en limitant les risques de bulle généralisée.
L’Autriche a enregistré près de 140 millions de nuitées touristiques en 2023, soit une hausse de plus de 10 % par rapport à l’année précédente.
Du côté des investisseurs, le rendement pur n’est plus l’argument décisif sur le très haut de gamme. L’Autriche est perçue comme un actif de diversification, un refuge de capital et un marché de long terme. Dans un environnement où les marchés actions sont volatils et où la dette publique européenne reste élevée, un appartement dans l’Innere Stadt ou un chalet à Kitzbühel conservent, pour une frange de la clientèle, une dimension “assurance” autant que “placement”.
Des risques à surveiller
Pour autant, le marché n’est pas exempt de risques. La poursuite de la hausse des coûts de construction, la faiblesse persistante de l’activité économique, l’éventuelle remontée de l’inflation ou un durcissement des réglementations environnementales pourraient fragiliser certains segments – notamment les propriétés de grande taille en périphérie, peu performantes sur le plan énergétique, ou situées dans des régions à faible dynamisme économique.
Dans les zones rurales et les petites villes à faible croissance démographique, les prix de l’immobilier sur le marché secondaire devraient baisser de 5 à 10 %, en particulier dans les régions les moins attractives économiquement. À l’inverse, les métropoles touristiques et économiques maintiennent leur dynamique, ce qui pourrait accentuer l’écart de prix avec les campagnes.
Enfin, l’Autriche n’échappe pas aux débats européens sur l’encadrement des investisseurs étrangers. Des discussions existent déjà sur un durcissement possible de l’accès aux marchés de Tyrol et de Vorarlberg pour les non‑Européens. À terme, des restrictions plus nettes pourraient limiter une partie des flux internationaux vers les biens alpins ultra‑prime.
Conclusion : un marché de connaisseurs, stable et sélectif
Le marché des propriétés de luxe en Autriche ne ressemble ni à celui de la Côte d’Azur, ni à celui de Londres ou de la Costa del Sol. Il est plus discret, plus réglementé, plus conservateur aussi. Mais c’est précisément ce cocktail – stabilité, rareté, cadre juridique dense, exigences élevées en matière de qualité de construction et de durabilité – qui en fait aujourd’hui l’un des marchés les plus recherchés d’Europe par les investisseurs à long terme.
Alors que la plupart des marchés immobiliers européens ralentissent, l’Autriche présente une singularité : les prix ont augmenté de près de 30% en un an dans l’Innere Stadt de Vienne, restent orientés à la hausse dans les stations alpines de prestige et se maintiennent sur les rives des grands lacs.
Pour les acheteurs comme pour les investisseurs, l’enjeu est désormais de naviguer dans un environnement plus technique : intégrer les contraintes d’usage (résidence principale, seconde, touristique), anticiper les exigences ESG, arbitrer entre rendement et valorisation patrimoniale, et accepter que, dans ce pays, le luxe se paie cher, mais se déprécie rarement.
Dans cette optique, l’Autriche continuera très vraisemblablement à jouer son rôle de coffre‑fort alpin pour capitaux patients, avec un marché du luxe moins spectaculaire en volume que d’autres destinations… mais redoutablement solide dans la durée.
Un chef d’entreprise français d’environ 50 ans, avec un patrimoine financier déjà bien structuré en Europe, souhaitait diversifier une partie de son capital dans l’immobilier résidentiel en Autriche pour chercher du rendement locatif et une exposition à l’euro dans un marché stable. Budget alloué : 400 000 à 600 000 euros, sans recours au crédit.
Après analyse de plusieurs marchés (Vienne, Graz, Linz), la stratégie retenue a consisté à cibler un appartement de standing dans un secteur dynamique de Vienne ou de Graz, combinant rendement locatif brut cible de 4 à 5 % – en gardant à l’esprit que « plus le rendement est grand, plus le risque est important » – et potentiel de valorisation à moyen terme, avec un ticket global (acquisition + frais de notaire + éventuels rafraîchissements) d’environ 500 000 euros. La mission a inclus : sélection du marché et du quartier, mise en relation avec un réseau local (agent immobilier, avocat, fiscaliste), choix de la structure la plus adaptée (propriété directe ou via société civile autrichienne) et définition d’un plan de diversification dans le temps.
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