Comprendre les pratiques religieuses locales au Royaume-Uni : guide terrain pour expatriés

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

S’installer au Royaume-Uni, c’est entrer dans un pays où cohabitent églises médiévales, mosquées ultra‑modernes, temples hindous scintillants, gurdwaras très animés et communautés non religieuses de plus en plus nombreuses. Pour un expatrié, bien comprendre ce paysage religieux – et la manière dont il structure le quotidien, l’école, le travail ou les fêtes publiques – n’est pas un luxe : c’est une condition pour éviter les faux pas, construire de bonnes relations et profiter pleinement de la vie locale.

Bon à savoir :

Cet article fournit un guide pratique sur les croyances, les lieux et fêtes religieux, les comportements à adopter dans les lieux de culte, ainsi que sur le cadre légal concernant la religion au travail et à l’école. Il explique également comment utiliser les réseaux interreligieux pour faciliter l’intégration.

Sommaire de l'article masquer

1. Panorama religieux du Royaume-Uni : un pays chrétien, pluriel… et de plus en plus sécularisé

Sur le papier, le Royaume-Uni reste un pays majoritairement chrétien. Mais les données les plus récentes dessinent une réalité beaucoup plus nuancée, où les « sans religion » progressent rapidement et où les minorités religieuses sont très visibles dans certaines villes.

1.1 Qui croit en quoi ? Les chiffres essentiels

Les derniers recensements montrent un basculement progressif vers une société dite « post‑chrétienne », même si le christianisme demeure la première religion. En Angleterre et au pays de Galles, le recensement de 2021 a fait date : pour la première fois, moins de la moitié de la population s’est déclarée chrétienne.

Voici une synthèse des données les plus structurantes pour un expatrié.

Répartition religieuse – aperçu UK (recensements 2021–2022)

TerritoireChrétien (%)Sans religion (%)Musulman (%)Hindou (%)Sikh (%)Bouddhiste (%)Juif (%)Autres / non déclaré (%)
Royaume-Uni (global)≈46,5≈37,8≈6,0~1–1,7~0,9~0,5~0,5≈6 (autres + non réponses)
Angleterre & pays de Galles46,237,26,51,70,90,50,50,6 autres religions
Écosse38,851,12,2Reste
Irlande du Nord79,717,40,571,3 autres / 1,5 non déclaré

Trois éléments ressortent pour un nouvel arrivant :

2

L’islam est la deuxième religion du Royaume-Uni en nombre de fidèles, après le christianisme.

Le contraste générationnel est frappant : chez les 16–29 ans, des enquêtes indiquent jusqu’à 70 % de jeunes se déclarant « non religieux ». À l’autre bout du spectre, près de 70 % des plus de 60 ans se disent encore chrétiens. Comprendre cette fracture générationnelle aide à interpréter certains échanges : un collègue senior pratiquant pourra vivre la religion très différemment de jeunes collègues largement sécularisés.

1.2 Les grandes familles chrétiennes

Pour un expatrié, il est utile de repérer les grands pôles chrétiens, car ils structurent une bonne partie de la vie sociale et des cérémonies publiques.

Quelques familles chrétiennes majeures

Tradition / ÉgliseParticularités au Royaume-Uni
Église d’Angleterre (anglicane)Église établie en Angleterre, ~16 000 paroisses, archevêque de Cantorbéry comme figure symbolique, présence de l’évêque à la Chambre des Lords.
Église d’ÉcosseÉglise nationale presbytérienne, indépendante de l’État, gouvernée par des assemblées de ministres et d’anciens.
Église catholiqueDeuxième grande famille chrétienne en Angleterre et au pays de Galles, très présente en Écosse et majoritaire numériquement en Irlande du Nord. Forte immigration récente (notamment polonaise) qui ralentit le déclin.
Méthodistes, baptistes, URC, etc.Dénominations protestantes bien implantées, souvent très actives localement (groupes de quartier, œuvres sociales).
Pentecôtistes & Églises africaines / caribéennesCroissance rapide, notamment dans les grandes villes (Londres, Birmingham, Manchester). Célébrations très vivantes, musique et implication communautaire fortes.

Pour un expatrié chrétien, cette diversité signifie qu’il est généralement possible de retrouver une communauté proche de sa sensibilité (liturgie traditionnelle, style évangélique, charismatique, etc.). Pour un expatrié non croyant, cela signifie surtout que beaucoup d’initiatives sociales de quartier (banques alimentaires, clubs jeunesse, visites à domicile) sont portées par des églises.

1.3 Minorités religieuses et cartographie locale

Les minorités religieuses sont très inégalement réparties. À l’échelle nationale, les musulmans représentent environ 6 % de la population, mais dans certains quartiers urbains ils approchent ou dépassent le tiers, voire plus.

Astuce :

Voici quelques repères utiles à connaître et à garder en mémoire pour vous orienter et faciliter vos démarches.

Groupe religieuxPoints de concentration notables
MusulmansFortes proportions à Tower Hamlets (~40 %), Newham, Blackburn with Darwen, Bradford, Birmingham, Leicester, certains quartiers de Manchester et des villes industrielles du Nord.
HindousPrésence significative à Harrow (~25,8 %), Leicester (~17,9 %), Londres en général (temple de Neasden très connu).
SikhsConcentrations à Wolverhampton (~12 %), Sandwell (~11,5 %), Birmingham, Leicester, Londres ouest.
JuifsFortes communautés à Hertsmere (~17 %), Barnet (~14,5 %), quartiers nord‑ouest de Londres, Manchester, Leeds.
BouddhistesPrésence accrue à Rushmoor (~4,7 %) et dans certaines zones urbaines avec immigration d’Asie orientale ou d’Asie du Sud‑Est.

Autrement dit, selon que vous vivez à Londres, Leicester ou dans une petite ville rurale, votre expérience du pluralisme religieux sera très différente. Mais même dans les zones peu diversifiées, les écoles et institutions publiques sont tenues d’aborder plusieurs religions en cours et de respecter des cadres légaux stricts d’égalité.

2. Institutions, lieux de culte et vie religieuse au quotidien

Le Royaume-Uni combine un héritage de religion d’État, une pluralité de structures religieuses puissantes et un secteur non religieux bien organisé (notamment Humanists UK). Comprendre cette architecture aide à décoder la place de la religion dans la vie publique.

2.1 Religion et institutions : une laïcité « à l’anglaise »

À la différence de la France, le Royaume-Uni n’est pas un État laïque au sens strict. L’Église d’Angleterre est « établie » : le monarque en est le gouverneur suprême, des évêques siègent à la Chambre des Lords et certaines cérémonies nationales (couronnements, commémorations) sont explicitement chrétiennes.

En parallèle :

L’Église d’Écosse est reconnue comme Église nationale, mais juridiquement indépendante de l’État.

– Au pays de Galles et en Irlande du Nord, il n’existe plus de religion établie ; plusieurs traditions coexistent, avec un poids historique fort du protestantisme en Irlande du Nord.

– L’État n’emploie pas de test religieux pour l’accès aux fonctions publiques (hors monarchie) et le cadre légal garantit la liberté de religion et de non‑religion.

Exemple :

Un expatrié en Grande-Bretagne observe un paradoxe : d’un côté, des cérémonies publiques fortement empreintes de christianisme (comme Noël ou le Remembrance Sunday), et de l’autre, un environnement professionnel et éducatif qui promeut ouvertement la diversité religieuse. Cela se manifeste par des discussions sur cette diversité au travail, des visites scolaires dans des mosquées et des temples, et la reconnaissance institutionnelle des associations humanistes.

2.2 Lieux de culte : de la cathédrale à la salle polyvalente

La diversité religieuse se lit dans l’architecture du pays. Les grands sites chrétiens – Westminster Abbey, Canterbury, St Paul’s, York Minster, Durham, Iona Abbey, Lindisfarne – sont à la fois monuments historiques et lieux de culte en activité. Il est essentiel de garder à l’esprit qu’ils ne sont pas de simples musées : on y célèbre des offices quotidiens, des mariages, des enterrements.

À côté de ces emblèmes, un foisonnement de lieux plus modestes jalonne le territoire : chapelles rurales quasi désertes, églises Arts & Crafts, meeting houses quakers, églises évangéliques installées dans des bâtiments industriels reconvertis, mosquées de quartier, temples hindous et bouddhistes en milieu urbain, gurdwaras souvent ouverts 7 jours sur 7 avec cuisine communautaire.

Pour s’y retrouver, plusieurs annuaires en ligne sont très utiles :

Ressources pour trouver un lieu de culte au Royaume-Uni

Plusieurs sites et répertoires en ligne permettent de localiser des lieux de culte de différentes confessions à travers le Royaume-Uni.

AChurchNearYou.com

Permet de trouver une paroisse de l’Église d’Angleterre par code postal, avec souvent les horaires des offices et des informations sur les activités (groupes de jeunes, événements familiaux, diffusion des cultes en ligne).

Répertoires chrétiens généraux

Church Finder, UK Christian Web ou The UK Church Directory : répertoires plus larges couvrant de nombreuses églises chrétiennes de différentes dénominations.

Listes locales et sites interreligieux

Répertorient mosquées, synagogues, temples hindous, bouddhistes ou sikhs dans une région donnée (comme celles existant pour Nottingham, Leicester ou d’autres villes).

Pour un expatrié croyant, ces outils sont précieux pour trouver rapidement une communauté d’accueil ; pour un expatrié non croyant, ils sont tout aussi utiles pour identifier les acteurs religieux impliqués dans la vie de quartier, souvent moteurs de projets sociaux ou culturels ouverts à tous.

2.3 Comment se comporter dans les lieux de culte ?

Les lignes directrices sont remarquablement constantes, quel que soit le lieu ou la tradition. Les documents éducatifs britanniques (notamment les consignes de visites scolaires) insistent sur quelques principes simples : respect, modestie, écoute.

En pratique :

Bon à savoir :

Dans les lieux de culte, respectez les codes vestimentaires (épaules et genoux couverts, chaussures enlevées, cheveux couverts pour les femmes dans certains cas). Évitez certains gestes comme pointer les pieds vers des objets sacrés. Acceptez avec gratitude les offrandes alimentaires comme le prashad, sauf contrainte. Demandez toujours l’autorisation avant de photographier. Enfin, observez les rites avec discrétion ; la participation active est souvent réservée aux fidèles, mais des alternatives comme une bénédiction peuvent être proposées.

Les guides de visites scolaires insistent sur le fait que les questions respectueuses sont encouragées : prêtres, imams, rabbins, moines ou responsables laïcs sont généralement ravis d’expliquer les symboles et les rituels, à condition de sentir qu’ils sont écoutés sans provocation.

3. Fêtes, calendrier et vie sociale : ce qui rythme l’année

Vivre au Royaume-Uni, c’est apprendre à jongler entre fêtes religieuses, commémorations civiles et jours fériés officiels (les bank holidays). Comprendre qui célèbre quoi aide à planifier vacances, invitations, meetings et événements d’équipe sans maladresse.

3.1 Bank holidays et héritage chrétien

Le calendrier officiel reste très marqué par le christianisme : Noël, Vendredi saint et lundi de Pâques sont des jours fériés nationaux. Noël (25 décembre) et Boxing Day (26 décembre) sont au cœur d’une période festive qui déborde largement le cadre religieux : décorations de fin d’année, repas familiaux, cadeaux, marchés de Noël, fermeture quasi totale des services publics le 25 (y compris transports à Londres).

Pâques alterne dimension religieuse (culte de la Résurrection, liturgies du Vendredi saint et de la Vigile pascale) et aspects séculiers (œufs et lapins en chocolat, chasse aux œufs, longs week‑ends prolongés à la campagne).

Attention :

Certaines fêtes chrétiennes, bien que n’étant plus des jours fériés nationaux, conservent une importance locale. C’est le cas de la Saint-Georges (patron de l’Angleterre), de la Saint-André (Écosse), de la Saint-David (pays de Galles) et de la Saint-Patrick (Irlande du Nord et communautés irlandaises).

3.2 Principales fêtes non chrétiennes visibles dans l’espace public

Le caractère multi‑religieux du Royaume-Uni se manifeste de plus en plus à travers des célébrations publiques non chrétiennes, notamment dans les grandes villes.

Quelques jalons clés :

Bon à savoir :

Le Ramadan et l’Eid al-Fitr sont très visibles dans les quartiers musulmans, avec des célébrations nocturnes. Pour l’Eid al-Adha, l’abattage se fait en abattoir agréé, la viande étant ensuite redistribuée. Diwali, notamment à Leicester, est une grande fête des lumières. Vesak commémore les événements clés de la vie du Bouddha. Hanoucca est marquée par l’allumage d’une grande menorah à Trafalgar Square.

Pour un manager ou un RH expatrié, intégrer ce calendrier dans la planification de réunions, de grands événements internes ou d’entretiens importants est un signal très fort de respect. Beaucoup d’entreprises affichent désormais un calendrier multi‑foi en intranet ou dans les bureaux.

3.3 Mémoire, commémorations et identité collective

Deux dates civiles prennent une teinte spirituelle ou éthique particulière :

Holocaust Memorial Day (27 janvier) : commémoration nationale de la Shoah et des autres génocides. De nombreuses villes organisent des cérémonies interreligieuses, souvent coordonnées par des conseils inter‑foi. Participer ou au moins en être conscient est très apprécié, en particulier par les communautés juives et les acteurs du dialogue interreligieux.

Remembrance Day (11 novembre) et Remembrance Sunday : mémoire des morts de guerre. Minute de silence à 11 heures, port du coquelicot (poppy), cérémonies aux monuments aux morts et au Cenotaphe de Whitehall. Le ton est à la fois patriotique, solennel et parfois marqué par des prières chrétiennes. Même sans pratique religieuse, beaucoup de Britanniques y tiennent énormément.

S’ajoute un ensemble de traditions folkloriques parfois liées à des racines chrétiennes ou païennesHalloween, Bonfire Night (Guy Fawkes Night), May Day, etc. – qui structurent les animations de quartier, les fêtes scolaires et les conversations au bureau (« Tu fais quoi pour Bonfire Night ? »).

3.4 Fêtes ethno‑culturelles : quand religion et culture se confondent

De nombreuses célébrations sont à la frontière entre fête religieuse et événement culturel :

Nouvel An chinois / Lunaire, célébré en grande pompe à Londres (quartier chinois, défilés, danses de lion).

New Yam Festival dans les communautés igbo nigérianes, fêté, par exemple, par le groupe Ndi Igbo North East England.

Festivals des diasporas caribéennes et africaines, dont le célèbre Notting Hill Carnival à Londres, où l’on retrouve parfois une dimension spirituelle (musique gospel, références rastafari, etc.).

Pour un expatrié, participer – ne serait‑ce qu’en spectateur – est un excellent moyen de découvrir la diversité religieuse vécue en mode festif, bien au‑delà des seuls rituels formels.

4. Religion à l’école : ce qu’il faut savoir pour vos enfants

Si vous arrivez avec des enfants, vous les verrez très vite rentrer de l’école en parlant de mosquées, de Diwali, de Noël ou de visites dans un gurdwara. La religion y est abordée à la fois comme sujet d’étude et comme réalité sociale à respecter.

4.1 L’enseignement religieux est obligatoire… mais pas confessionnel

Dans tout le système public, un enseignement lié à la religion est légalement obligatoire, même s’il porte des noms différents selon les nations :

Religious Education (RE) en Angleterre et en Irlande du Nord ;

Religious and Moral Education (RME) en Écosse ;

Religion, Values and Ethics (RVE) au pays de Galles (nouveau intitulé depuis 2022).

La ligne directrice commune est de préparer les enfants à vivre dans une société diverse. Le programme anglais, par exemple, doit refléter le fait que les traditions religieuses sont « principalement chrétiennes » mais traiter aussi des « autres grandes religions » : en pratique, cela signifie généralement bouddhisme, hindouisme, islam, judaïsme et sikhisme, avec une place croissante pour les visions non religieuses (humanisme, athéisme).

Les cours ne sont pas censés catéchiser, mais informer et développer réflexion morale, compréhension de l’autre, capacité de débat respectueux. Beaucoup de sorties scolaires incluent des visites guidées dans différents lieux de culte, pour habituer les enfants à ces environnements.

Principe de l’enseignement laïque en France

4.2 Droit de retrait et choix des parents

Les parents conservent en principe un droit de retrait de leurs enfants pour tout ou partie de l’enseignement religieux et des activités de culte à l’école (bien que ce droit soit en cours de suppression graduelle au pays de Galles pour le nouvel enseignement RVE).

Ce droit est rarement utilisé, mais il est bon de savoir qu’il existe. Si vous considérez que certains contenus contredisent profondément vos convictions (religieuses ou non), le dialogue avec la direction de l’école est la première étape ; un retrait partiel ou total peut ensuite être envisagé.

Il faut garder à l’esprit que les écoles :

– ne sont pas tenues de fournir un enseignement alternatif financé par elles ;

– doivent simplement assurer la supervision matérielle des enfants retirés ;

– apprécient généralement que les parents exposent clairement leurs attentes et restent ouverts à la discussion.

4.3 Visites de lieux de culte : ce que vivent concrètement les enfants

Les guides à destination des enseignants donnent des instructions très concrètes, qu’il est utile de connaître comme parent expatrié pour rassurer vos enfants et éventuellement les accompagner :

Bon à savoir :

Dans une église : pas de casquette pour les garçons, respect du silence et ne pas franchir les zones réservées au clergé. Dans une mosquée : retirer ses chaussures, les femmes couvrent leurs cheveux et leurs bras, prière souvent séparée, ablutions possibles. Dans un temple hindou : retirer ses chaussures, lavage des mains parfois, ne pas s’approcher de l’autel sans invitation, possibilité de recevoir un prashad. Dans une synagogue : porter une kippa (prêtée), séparation hommes-femmes dans certaines communautés. Dans un gurdwara sikh : retirer ses chaussures, couvrir sa tête et ses jambes, éviter de pointer ses pieds vers les écritures, partage possible d’un repas gratuit au langar.

Savoir cela en amont vous permet d’expliquer le sens des règles à vos enfants, surtout s’ils viennent d’un pays où ces pratiques sont moins familières.

5. Religion au travail : droits, devoirs et bonnes pratiques

Dans la vie professionnelle britannique, religion et croyances sont protégées par un cadre juridique solide, principalement via l’Equality Act 2010 (pour l’Angleterre, l’Écosse et le pays de Galles) et des textes équivalents en Irlande du Nord. Pour un expatrié, il est crucial de comprendre à la fois ce que la loi garantit – et ce qu’elle n’exige pas.

5.1 Ce que protège la loi

La loi britannique interdit la discrimination fondée sur la « religion ou croyance » – et précise que la non‑croyance est tout autant protégée. Sont couverts :

les grandes religions (christianisme, islam, hindouisme, sikhisme, bouddhisme, judaïsme, etc.) ;

– des convictions philosophiques équivalentes à une croyance religieuse sur le plan de la profondeur, de la cohérence et du sérieux (par exemple, certains engagements environnementalistes, l’« éthique vegan », des convictions sur le changement climatique) ;

– le droit de ne pas croire (athéisme, agnosticisme, humanisme).

Attention :

La protection s’applique à toutes les étapes de la relation professionnelle, incluant le recrutement, la promotion, les conditions de travail, la rémunération, le licenciement, tout traitement défavorable, ainsi que les situations de harcèlement telles que les blagues répétées, un environnement hostile ou des remarques dénigrantes.

5.2 Accommodements et limites : ce que l’employeur doit… ou peut faire

Contrairement au handicap, il n’existe pas de devoir légal formel de « reasonable accommodation » pour la religion. Cependant, si un règlement interne pénalise particulièrement les personnes d’une certaine religion, il peut constituer une discrimination indirecte s’il n’est pas justifié par un objectif légitime.

En pratique, beaucoup d’employeurs vont plus loin que les obligations strictes de la loi et mettent en place :

des espaces calmes pouvant servir de salles de prière ou de méditation ;

des horaires flexibles pour permettre la prière du vendredi ou le retour précoce pour des fêtes religieuses ;

– des menus adaptés (halal, kasher, végétarien) lors des événements d’entreprise ;

– des politiques vestimentaires souples, autorisant le port du turban sikh, du voile, de la kippa ou de la barbe pour motif religieux.

Mais la loi reconnaît aussi des limites possibles, si l’employeur démontre un motif sérieux, par exemple :

Bon à savoir :

Les aménagements pour motifs religieux peuvent être limités par des exigences légitimes : la sécurité (ex. : interdiction d’objets dangereux ou incompatibilité avec des équipements de protection), l’efficacité du service (ex. : impossibilité d’accorder systématiquement des congés en cas de sous-effectif) et la neutralité de l’image vis-à-vis de la clientèle, à condition que cette règle soit appliquée de manière cohérente et non discriminatoire.

En tant qu’expatrié, il est raisonnable de : s’adapter aux nouvelles cultures, apprendre la langue locale, respecter les normes et coutumes locales, et établir un réseau social pour faciliter l’intégration.

poser ouvertement vos demandes (aménagement d’horaire pour Yom Kippour, congé pour Eid, possibilité de prier à midi, etc.) en expliquant le sens religieux ;

discuter des alternatives en cas de refus partiel (changer de créneau, télétravail ponctuel, échange de shifts) ;

noter que l’employeur n’est pas obligé d’accéder à toutes les demandes, mais doit montrer qu’il les a évaluées sérieusement.

5.3 Tenue, symboles et apparence

Le Royaume-Uni adopte une approche pragmatique. L’Equality and Human Rights Commission recommande que les codes vestimentaires respectent l’expression religieuse, sauf obstacles sérieux. L’exemple le plus marquant est celui des Sikhs, bénéficiant d’exemptions spécifiques pour porter le turban à la place d’un casque dans la plupart des secteurs, à l’exception de certaines situations militaires ou d’urgence à haut risque.

Plus largement, les tribunaux ont rappelé :

Les tribunaux

qu’interdire tous les symboles religieux visibles peut être légal si c’est appliqué uniformément et justifié (politique de « neutralité ») ;

qu’interdire certains symboles mais pas d’autres est en revanche très problématique juridiquement ;

– que restreindre le voile intégral (niqab) pour des raisons de communication (enseignement, interactions avec des patients) peut être admis, à condition de chercher d’abord des solutions d’aménagement.

Pour un expatrié, le conseil est simple : si vous portez des signes religieux visibles, informez‑vous des politiques internes, et, en cas de difficulté, dialoguez avant de supposer une mauvaise intention. Les grands employeurs britanniques sont habitués à ces questions.

6. Vivre avec la diversité : interreligieux, dialogue et vie associative

La diversité religieuse britannique n’est pas seulement une mosaïque de lieux de culte ; c’est aussi un réseau dense d’organisations de dialogue, de coopérations interreligieuses et d’initiatives de terrain. Pour un expatrié, ces structures sont des portes d’entrée idéales pour comprendre et rencontrer.

6.1 Réseaux interreligieux : comment les utiliser quand on arrive

Longtemps, le Inter Faith Network for the UK (IFN) a servi de plaque tournante nationale pour recenser les structures inter‑foi et diffuser des guides de bonnes pratiques (comme le code « Building Good Relations with People of Different Faiths and Beliefs » ou le livret « Let’s Talk » sur le dialogue). L’IFN a cessé ses activités en 2024, mais son héritage se poursuit à travers :

des réseaux nationaux (Faith & Belief Forum, Council of Christians and Jews, Christian Muslim Forum, Interfaith Scotland, Northern Ireland Inter Faith Forum, etc.) ;

des plateformes régionales (Faiths Forum for London, East of England Faiths Agency, North East Regional Faiths Network, Leicester Council of Faiths…) ;

– une multitude de groupes locaux (Watford Interfaith Association, Bromley 3 Faiths Group, Women’s Interfaith Network, Muslim Jewish Forum de Manchester, etc.).

Pour vous, concrètement, ces structures offrent :

Engagements et rencontres interreligieuses

Découvrez différentes manières de participer à la vie interreligieuse, de la réflexion à l’action concrète, pour favoriser le dialogue et la compréhension mutuelle.

Rencontres et partages

Participez à des conférences, des repas partagés, des « Peace Feasts » ou des iftars multi‑foi pour échanger dans un cadre convivial.

Étude des textes sacrés

Joignez-vous à des groupes de lecture (*Scriptural Reasoning*) pour explorer et discuter les textes fondateurs de différentes traditions.

Programmes pour la jeunesse

Découvrez des initiatives comme The Feast ou Solutions Not Sides, conçues pour impliquer et intéresser les adolescents, notamment expatriés.

Bénévolat et action commune

Engagez-vous sur des causes universelles comme la protection de l’environnement, la lutte contre la haine ou l’accueil des réfugiés.

Beaucoup de ces événements sont gratuits et ouverts à tous, quelle que soit la conviction personnelle. Participer une ou deux fois vous donnera une idée très concrète de la manière dont les Britanniques vivent la diversité religieuse sur le terrain.

6.2 Inter Faith Week : un bon moment pour prendre la température

Chaque année, une Inter Faith Week est organisée au niveau national. Pendant une semaine, institutions, associations, écoles, lieux de culte et conseils locaux montent des événements autour d’un thème fédérateur (par exemple : service à la communauté, valeurs communes, sentiment d’appartenance).

C’est un moment particulièrement riche pour :

Exemple :

Lors d’événements interreligieux, il est possible de visiter librement des lieux de culte, d’assister à des tables rondes sur des thèmes comme la foi face au climat ou à la santé mentale, d’observer des projets scolaires impliquant les élèves, et de rencontrer des voisins issus de différentes communautés.

Pour un expatrié fraîchement arrivé, noter les dates de l’Inter Faith Week locale et parcourir le programme d’événements est une manière rapide de cartographier les acteurs religieux et interreligieux de votre nouvelle ville.

6.3 Religion, valeurs et société : ce que révèlent les chiffres

Les nombreuses enquêtes d’opinion donnent quelques clés de lecture supplémentaires :

– Une majorité croissante de Britanniques se disent « pas religieux », mais nombre d’entre eux restent attachés à certaines traditions (mariage ou funérailles à l’église, célébration de Noël).

– Une large part de la population déclare faire confiance à des personnes d’autres religions, même si une minorité continue de considérer que « seule leur religion est acceptable ».

– L’engagement religieux reste un moteur important de bénévolat et d’action sociale (banques alimentaires, soutien aux sans‑abris, accompagnement des migrants), ce qui explique que des institutions comme le NHS s’appuient sur des aumôneries multiconfessionnelles.

Pour un expatrié, cela signifie qu’il est tout à fait possible d’être non croyant et d’être pleinement intégré ; mais cela signifie aussi que, dans beaucoup de quartiers, les acteurs religieux seront des partenaires incontournables pour comprendre et améliorer la vie locale.

7. Conseils pratiques pour expatriés : se repérer sans se perdre

Au terme de ce panorama, quelques repères pratiques peuvent servir de fil conducteur.

7.1 Observer avant de juger

Le Royaume-Uni porte les traces d’une histoire longue de conflits religieux, de discriminations, puis d’émancipations progressives (lois de tolérance envers les non‑conformistes protestants, émancipation catholique, abolition du délit de blasphème, reconnaissance juridique de traditions minoritaires). L’atmosphère actuelle mélange donc :

de fortes sensibilités sur certaines questions (antisémitisme, islamophobie, discriminations historiques) ;

– un humour parfois très corrosif, y compris sur le religieux ;

un attachement profond à certaines traditions symboliques, même chez des personnes peu pratiquantes.

Astuce :

En tant qu’expatrié, pour éviter les malentendus, il est recommandé d’adopter une attitude d’observation respectueuse. Cela implique de poser des questions, d’écouter activement et d’éviter de comparer systématiquement les situations à celles de son pays d’origine.

7.2 Oser parler de religion… mais avec tact

Contrairement à certains pays où la religion est taboue dans les conversations de travail, les Britanniques peuvent en parler assez librement, surtout dans le contexte d’initiatives sur la diversité ou d’événements interreligieux. Mais la manière de le faire compte beaucoup :

éviter les généralisations sur « les musulmans », « les catholiques », etc. ;

distinguer bien entre convictions personnelles et faits (par exemple, « dans mon Église, on pratique ceci » plutôt que « les chrétiens font cela ») ;

– reconnaître la légitimité des personnes sans religion d’être pleinement présentes dans ces conversations.

Bon à savoir :

Dans de nombreuses entreprises, il existe des réseaux d’employés (employee networks) organisés autour de thèmes comme la religion (chrétiens, musulmans), l’orientation sexuelle (LGBT+) ou la situation familiale (parents). Ces groupes peuvent offrir des espaces de discussion sécurisés pour aborder ces sujets sensibles ou personnels.

7.3 Utiliser les ressources locales

En arrivant, il vaut la peine de :

parcourir les sites d’annuaires religieux (pour identifier les communautés de votre tradition ou celles de vos voisins) ;

repérer l’existence d’un conseil interreligieux dans votre ville (souvent listé sur le site du conseil municipal ou des diocèses) ;

– vous informer sur les jours fériés locaux spécifiques (en Écosse ou en Irlande du Nord, le calendrier n’est pas exactement le même qu’en Angleterre).

Enfin, si vous travaillez dans des secteurs sensibles – santé, éducation, services sociaux – les ressources produites par le NHS ou les autorités éducatives sur la prise en compte de la spiritualité et des croyances sont d’excellents outils pour comprendre les attentes locales.

8. En guise de conclusion : une diversité exigeante, mais riche en opportunités

Le Royaume-Uni n’est ni un bastion de religiosité, ni un désert spirituel : c’est un espace où les grandes traditions religieuses historiques cohabitent avec une montée spectaculaire des « sans religion », où cathédrales monumentales et petits temples de quartier partagent la même rue, où des lois très structurées protègent à la fois la pratique religieuse et le droit de ne pas croire.

Pour un expatrié, cette réalité est à la fois exigeante et féconde :

exigeante, parce qu’elle demande de naviguer entre histoires complexes, sensibilités multiples, et cadre juridique précis ;

féconde, parce qu’elle offre d’innombrables occasions de rencontres, d’apprentissage et de participation, que l’on soit croyant ou non.

En prenant le temps de comprendre cette cartographie religieuse, de respecter les usages des lieux de culte, de connaître vos droits au travail, de prêter attention au calendrier des fêtes de vos collègues et voisins, et éventuellement de franchir la porte d’un événement interreligieux, vous vous donnez les moyens de transformer la différence en ressource plutôt qu’en obstacle.

C’est peut‑être là, au-delà des statistiques, la clé pour « comprendre les pratiques religieuses locales » au Royaume-Uni : voir dans cette diversité non pas une menace pour son identité, mais une invitation à élargir son horizon – sans renoncer pour autant à ce qui vous est propre.

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A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Expert en gestion de patrimoine internationale depuis plus de 20 ans, j’accompagne mes clients dans la diversification stratégique de leur patrimoine à l’étranger, un impératif face à l’instabilité géopolitique et fiscale mondiale. Au-delà de la recherche de revenus et d’optimisation fiscale, ma mission est d’apporter des solutions concrètes, sécurisées et personnalisées. Je conseille également sur la création de sociétés à l’étranger pour renforcer l’activité professionnelle et réduire la fiscalité globale. L’expatriation, souvent liée à ces enjeux patrimoniaux et entrepreneuriaux, fait partie intégrante de mon accompagnement sur mesure.

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