S’installer en Corée du Sud pour travailler, entreprendre ou évoluer dans sa carrière, c’est entrer dans l’une des économies les plus dynamiques au monde, dominée par des géants comme Samsung, Hyundai, LG ou SK Group, mais aussi par un écosystème foisonnant de start-up, de PME et d’institutions publiques très structurées. Dans ce paysage ultra-compétitif, le réseau – l’inmaek – n’est pas un simple « plus », c’est l’ossature de toute trajectoire professionnelle durable.
Pour un expatrié, la clé d’accès aux opportunités (postes cachés, missions, partenariats, financements, accès aux décideurs, mentorat) réside dans la capacité à construire un réseau solide, en respectant les codes locaux tout en valorisant son profil international.
Cet article propose une stratégie concrète et réaliste pour développer son réseau professionnel en Corée du Sud, en s’appuyant sur la culture locale, les acteurs structurants (chambres de commerce, associations, programmes de mentorat), et les outils numériques qui comptent vraiment.
Comprendre le terrain de jeu : culture, hiérarchie et relations en Corée du Sud
Avant de « réseauter », il faut saisir le cadre dans lequel les relations professionnelles se tissent. La Corée du Sud est moderne, digitalisée, tournée vers l’innovation, mais son fonctionnement reste largement façonné par les valeurs confucéennes.
Hiérarchie, sunbae–hoobae et importance du titre
La société comme l’entreprise sont profondément hiérarchiques. L’âge, l’ancienneté et surtout le poste occupé structurent les rapports. Le titre professionnel est presque une carte d’identité sociale. Dans une réunion, la personne la plus senior parle en premier, s’assoit à la place d’honneur et donne le tempo.
Le rapport sunbae–hoobae (senior–junior) imprègne la vie professionnelle : le senior conseille, protège, ouvre des portes ; le junior montre loyauté, respect et diligence. Pour un expatrié, se positionner comme un hoobae curieux, respectueux et bosseur, tout en apportant une expertise spécifique, est souvent le meilleur point de départ.
Kibun, nunchi, jeong : trois clés pour ne pas se brûler les ailes
Trois notions résument l’art de la relation en Corée du Sud :
Pour réussir dans les interactions professionnelles et sociales en Corée, il est essentiel de comprendre trois concepts fondamentaux. Le *Kibun* (기분) désigne la nécessité de préserver la dignité et l’honneur de chacun ; un « non » trop direct ou une critique publique peut ainsi briser une relation. Le *Nunchi* (눈치) est l’art de « lire la pièce », c’est-à-dire de capter les non-dits et les signaux sociaux pour ajuster son comportement, une compétence cruciale en réunion ou en négociation. Enfin, le *Jeong* (정) représente le lien affectif profond qui se construit dans la durée grâce à des gestes répétés de confiance et de fidélité, transformant un simple contact en allié durable.
Le réseau en Corée du Sud n’est donc pas qu’un empilement de cartes de visite ou de connexions LinkedIn : c’est un tissage lent de jeong, en respectant le kibun de chacun avec beaucoup de nunchi.
Temps, ponctualité et étiquette de base
La culture est dite « fluid-time » mais, paradoxalement, la ponctualité est sacrée en affaires. Arriver 10 à 15 minutes en avance à un rendez-vous montre que l’on respecte le temps de l’autre. Les réunions formelles sont très codifiées : salutation par une légère révérence, parfois combinée à une poignée de main douce (jamais écrasante), titres utilisés systématiquement, et échanges de cartes de visite quasi obligatoires.
Les repas d’affaires (*hoesik*) sont centraux pour établir la confiance et permettre des conversations franches. Pour renforcer une image de sérieux et de respect, il est essentiel de maîtriser certains codes : attendez que la personne la plus senior commence à manger ou à boire, servez les autres en tenant la bouteille ou la carafe à deux mains, et détournez légèrement la tête lorsque vous buvez en présence d’un supérieur. Ces gestes, bien que subtils, sont très significatifs.
Premier pilier : maîtriser l’art de la carte de visite (myeongham)
En Corée du Sud, la carte de visite (myeongham) n’est pas un gadget : elle symbolise littéralement le « visage » professionnel d’une personne. Une carte mal conçue ou mal manipulée peut envoyer un mauvais signal dès la première minute.
Concevoir une carte de visite adaptée au marché coréen
Il est fortement recommandé de faire imprimer des cartes bilingues, avec une face en anglais et l’autre en coréen (en Hangul). La qualité du papier et de l’impression compte : une carte légère, froissée ou tachée donne une impression de négligence, voire d’irrespect envers la personne à qui on la remet.
Les éléments essentiels à inclure sont :
Pour une signature professionnelle complète et correcte, veillez à inclure les éléments suivants : votre nom complet, votre titre exact (en accordant une attention particulière à la traduction pour refléter précisément le niveau hiérarchique), le nom de votre entreprise, vos coordonnées (numéro de téléphone avec l’indicatif international et adresse e-mail professionnelle), ainsi que le logo de l’entreprise.
La face coréenne jouera un rôle clé dans la perception de votre statut. Pour certaines fonctions, il vaut mieux se faire aider d’un traducteur professionnel ou d’un service spécialisé dans la traduction de cartes pour le marché asiatique, qui sait adapter les titres aux usages locaux.
Rituel d’échange de cartes : un moment stratégique
L’échange se déroule debout, dans les premières minutes d’une rencontre, généralement après une brève présentation de soi et de son entreprise.
Quelques règles simples mais décisives :
Présentez votre carte des deux mains, le texte coréen face à votre interlocuteur, avec une légère révérence. Recevez une carte avec les deux mains, lisez-la attentivement (environ 30 secondes) et prononcez le nom et le titre, en ajoutant « -nim » pour le respect. Disposez les cartes reçues sur la table selon la hiérarchie. Ne pliezz, n’écrivez pas sur, ni ne rangez une carte dans une poche arrière. Utilisez un étui dédié (*myeonghamjip*) pour la conserver.
Même si vous aviez déjà l’email ou le numéro de votre interlocuteur, ignorer ce rituel serait perçu comme une grave erreur de codes.
Tableau : éléments clés d’une bonne myeongham
| Élément | Recommandation pour expatriés en Corée du Sud |
|---|---|
| Langues | Bilingue : une face en anglais, une face en coréen (Hangul) |
| Qualité du papier | Épais, finition soignée, sans pli ni trace d’usure |
| Titre | Traduction adaptée à la hiérarchie locale, vérifiée par un natif si possible |
| Coordonnées | Inclure indicatif international, email professionnel, éventuellement Kakao ID |
| Logo & identité visuelle | Image haute définition (200–300 DPI), respect de la charte graphique |
| Usage | Présenter et recevoir avec les deux mains, lire attentivement, ne pas annoter devant l’autre |
Deuxième pilier : s’ancrer dans les réseaux structurés – chambres de commerce et associations
La Corée du Sud est l’un des pays d’Asie où les chambres de commerce et associations bilatérales sont les plus actives. Pour un expatrié, ces structures sont des accélérateurs de réseau incomparables, car elles réunissent dirigeants, cadres, diplomates, avocats, investisseurs, consultants et entrepreneurs.
Le rôle central de la Korea Chamber of Commerce and Industry (KCCI)
La Korea Chamber of Commerce and Industry (KCCI), fondée en 1884, représente plus de 200 000 entreprises et plus de 700 associations sectorielles. Elle joue un rôle d’interface entre le monde économique et les autorités coréennes.
Parmi ses missions :
Les principales missions et activités pour soutenir les entreprises et façonner l’environnement économique
Proposer et mettre en œuvre des réformes de régulation pour moderniser le cadre économique
Accompagner les entreprises sur les enjeux Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG)
Organiser des événements d’échange comme les petits-déjeuners CEO, le forum d’été à Jeju et la cérémonie annuelle de la Journée du Commerce et de l’Industrie
Gérer des comités bilatéraux de coopération économique avec 51 pays pour développer les échanges
Animer un « Regulatory Sandbox Support Center » pour aider les innovations à naviguer dans un environnement réglementaire complexe
Pour un expatrié, participer aux événements de la KCCI ou de ses chambres locales, même en tant qu’observateur au début, permet de sentir les grands sujets du moment, de rencontrer des acteurs-clés du marché, ou de repérer des opportunités de collaboration.
Chambres de commerce bilatérales : votre « hub » naturel
Pour la plupart des nationalités, il existe une chambre bi‑nationale active à Séoul. Elles organisent des séminaires, des cocktails, des cercles sectoriels, des groupes thématiques (RH, finance, tech, ESG, etc.) et jouent un rôle d’appui business.
Quelques exemples parmi les plus structurés :
| Chambre / Organisation | Rôle principal pour les expatriés |
|---|---|
| American Chamber of Commerce in Korea (AMCHAM Korea) | Plus grande chambre étrangère (≈1 800 membres individuels, ~900 entreprises), forte visibilité, nombreux événements |
| French Korean Chamber of Commerce and Industry (FKCCI) | Plateforme franco-coréenne active depuis 1986 : événements, études de marché, networking sectoriel |
| British Chamber of Commerce in Korea (BCCK) | Réseau business UK–Corée, séminaires, publications, soutien aux entreprises britanniques |
| German–Korean Chamber (KGCCI) | Pont majeur pour l’industrie allemande, comités sectoriels, événements économiques |
| Italian Chamber (ITCCK), Spanish (ESCCK), Swedish (SCCK), Belgian, Dutch, Swiss, Norwegian… | Réseaux par communautés nationales, accès privilégié aux décideurs coréens et européens |
| Kiwi Chamber (New Zealand) & CanCham (Canada) | Communautés très soudées, utiles pour les profils de PME, start-up et cadres mobiles |
La plupart proposent différents niveaux d’adhésion (individuel, entreprise, start-up) et offrent :
Découvrez les principaux bénéfices offerts à nos membres pour développer leur activité et leur réseau.
Accédez à des événements réservés aux membres pour échanger et apprendre.
Bénéficiez d’une visibilité dans nos publications et annuaires spécialisés.
Profitez d’une mise en relation ciblée avec des partenaires locaux pertinents.
Recevez une veille réglementaire et sectorielle pour anticiper les changements.
Jouez un rôle actif en accueillant et intégrant les nouveaux arrivants.
Comment tirer parti des chambres en pratique
Une démarche efficace pourrait ressembler à ceci :
1. Choisir 1 ou 2 chambres prioritaires liées à votre pays ou à votre marché cible. 2. Participer à quelques événements ouverts (petits-déjeuners, séminaires, afterworks) avant même d’adhérer, pour sentir le style et l’intérêt réel. 3. Engager des conversations ciblées, en préparant un pitch clair : qui vous êtes, ce que vous faites, ce que vous cherchez (postes, missions, partenaires…). 4. Vous impliquer dans un comité thématique (tech, RH, finance, start-up, énergie…) pour voir les mêmes personnes régulièrement et passer du statut de « visage inconnu » à celui de « membre actif ». 5. Proposer, à terme, une intervention (webinaire, témoignage, article) sur votre expertise : c’est l’un des moyens les plus rapides d’être identifié comme ressource crédible.
Troisième pilier : s’insérer dans les communautés expatriées et locales
Au-delà des institutions, un réseau efficace en Corée du Sud repose aussi sur une multitude de communautés informelles : groupes d’expatriés, meetups, clubs, forums en ligne, espaces de coworking. Ils jouent un double rôle : soutien humain et tremplin professionnel.
Groupes d’expatriés : soutien, information, premiers contacts
Sur Facebook, de grands groupes anglophones structurent la vie des étrangers :
– « Every Expat in Korea » (plusieurs dizaines de milliers de membres) : questions pratiques, recommandations, annonces.
– « Seoul Expats », « Daegu Peeps », « Busan Social Meetup » : ancrage local.
– « Expat Women in Korea » : groupe privé très actif, avec une dimension entraide professionnelle et autorisation de se promouvoir certains jours.
Des plateformes internationales complètent ce paysage :
– InterNations : communauté mondiale de 1,7 million de membres, avec des événements mensuels à Séoul (afterworks, dîners, activités culturelles). Des témoignages soulignent son efficacité pour trouver des contacts business et s’intégrer rapidement, y compris par affinités culturelles (par exemple entre Scandinaves).
– Expat.com, KoreaBridge, Dave’s ESL Cafe, KoreaBridge, Reddit r/korea : lieux d’échange d’informations, de retours d’expérience et parfois de contacts pro.
Ces espaces en ligne sont utiles pour les retours d’expérience et les conseils, mais il est crucial de vérifier les informations sensibles (visas, fiscalité) auprès de sources officielles, de se méfier des offres d’emploi trop vagues ou insistantes, et de protéger sa vie privée.
Langue et réseau : les échanges linguistiques comme passerelle
S’investir dans des échanges linguistiques est l’un des moyens les plus efficaces de créer des liens avec des Coréens tout en progressant en langue. À Séoul, l’offre est impressionnante :
– YNA Language Exchange (Hongdae) : l’un des plus grands rassemblements de ce type, avec 30–40 participants en semaine et jusqu’à 80–100 le week-end, sur la base de tables de 4–6 personnes, changement de groupe toutes les 40 minutes, et after‑party au bar. L’anglais, le coréen, le japonais et le chinois y sont praticables. L’entrée, autour de 10 000 KRW, inclut une boisson.
– GSM (Global Seoul Mates) : plateforme très active en Gangnam et Hongdae, proposant des rencontres linguistiques quotidiennes, un « Korean Gym » (programme de tutorat), et de grandes soirées thématiques le week-end.
– Culcom, Somoim, HelloTalk, Tandem, Hi Local : cafés d’échange, applications mobiles et plateformes de mise en relation pour pratiquer le coréen avec des natifs, parfois dans d’autres villes comme Busan, Incheon, Daegu ou Daejeon.
En Corée du Sud, certains cafés et espaces publics servent de micro-hubs où les professionnels locaux viennent pratiquer l’anglais et rencontrer des étrangers. Ces interactions, souvent initiées par une curiosité authentique pour l’international, peuvent naturellement mener à des discussions sur les études, les secteurs d’activité ou des projets professionnels. Sans aborder directement le sujet du travail dès la première conversation, ces échanges débouchent parfois sur des mises en relation ou des recommandations utiles.
Espaces de coworking, tech meetups et start-up communities
Pour les indépendants, les profils tech ou marketing, les espaces de coworking et communautés start-up offrent un cadre très porteur :
– WeWork (Seolleung, Yeoksam, Yeouido), FastFive, D.CAMP, Maru180 : espaces où se côtoient start-ups, fonds, freelances, marketers. Des ateliers, conférences et afterworks y sont organisés régulièrement.
– Seoul Startup Exchange, BusanStartups, Bitcoin Korea, Seoul AI, Seoul Real Estate Investing Meetup, Food Tech Seoul, Coffee and Code : groupes thématiques qui permettent de se retrouver autour de centres d’intérêt professionnels précis (IA, blockchain, foodtech, immobilier, etc.).
– Korea Startup Forum, K‑Startup : écosystème institutionnel pour les créateurs d’entreprise, avec des programmes d’accompagnement, des concours, des sessions de pitch.
Certaines statistiques associées à ces lieux montrent leur potentiel : par exemple, D.CAMP indique qu’environ 70 % des participants à leurs ateliers ont trouvé une opportunité (emploi, évolution, projet) dans les six mois ; Maru180 annonce que 85 % des participants évaluent la qualité de leurs formations très positivement. En clair : y mettre un pied, c’est déjà entrer dans le radar du microcosme local.
Quatrième pilier : tirer pleinement parti du networking numérique (LinkedIn & co.)
Contrairement à une idée reçue, LinkedIn compte aujourd’hui plusieurs millions d’utilisateurs en Corée du Sud et devient un outil central pour les profils internationaux. Bien utilisé, il peut devenir votre « pont » entre monde local et monde global.
Construire un profil qui parle aux recruteurs coréens et internationaux
Un profil LinkedIn complet agit comme une poignée de main digitale. Pour le marché coréen, il est pertinent de :
– Ajouter un titre (headline) orienté vers le poste ou le secteur que vous visez, avec des mots-clés repérables par les recruteurs (par exemple : « Product Manager – Fintech – Payments – Korea/Global »).
– Rédiger un résumé (« À propos ») clair, en mettant en avant années d’expérience, domaines d’expertise, réalisations mesurables, et ce que vous cherchez aujourd’hui.
– Mélanger anglais et coréen dans certaines sections (headline, résumé, expérience) si vous avez un niveau suffisant : cela augmente votre visibilité côté local sans perdre le public international.
– Obtenir quelques recommandations et validations de compétences, qui renforcent votre crédibilité.
Un profil optimisé augmente les chances d’être approché pour certaines opportunités de plus de 70 %.
Stratégie de connexion : qualité avant quantité
Construire un réseau LinkedIn utile en Corée du Sud, ce n’est pas envoyer des invitations massives à des inconnus. Des coachs spécialisés sur le marché coréen recommandent de :
– Commencer par connecter collègues actuels, anciens collègues, camarades d’université, professeurs, mentors.
– Utiliser les filtres de recherche (localisation = Corée du Sud, ville = Séoul/Busan, entreprise, école, poste) pour cibler des personnes proches de vos objectifs (managers dans votre secteur, RH, fondateurs de start-up, alumni de votre école présents en Corée, etc.).
– Privilégier les connexions de 2e degré (vous avez un contact en commun), plus susceptibles d’accepter.
– Engager avec le contenu d’une personne (likes, commentaires pertinents) avant de lui envoyer une invitation personnalisée. Cela augmente nettement les taux d’acceptation.
Une invitation peut être brève mais ciblée, par exemple :
Message de mise en relation professionnelle, je suis [Votre nom], [votre rôle/secteur] basé à Séoul. Je m’intéresse beaucoup à [domaine commun] et j’ai particulièrement apprécié votre post sur [référence précise]. Je serais ravi(e) de me connecter pour suivre vos publications et mieux comprendre le marché local. » »]
Publier et interagir : se rendre visible, sans se vendre en permanence
En Corée du Sud comme ailleurs, les recrutements passent de plus en plus par la visibilité sur les réseaux. Plusieurs success stories locales montrent des personnes ayant obtenu des postes dans des start-up coréennes (y compris avec sponsoring de visa) ou à l’étranger simplement grâce à un profil soigné et à une activité régulière sur LinkedIn.
Quelques bonnes pratiques :
– Poster 1 à 2 fois par semaine : retours d’expérience, analyses de tendance, mini études de cas, réflexions sur le marché coréen, retours d’événements.
– Rédiger parfois en anglais, parfois en coréen (ou mélange), pour toucher les deux publics.
– Utiliser des hashtags pertinents (par exemple #KoreaTech, #ESG, #Fintech, #MarketingKorea…) pour apparaître dans les recherches.
– Interagir systématiquement avec les commentaires reçus, et commenter de manière constructive les posts de leaders d’opinion locaux.
L’objectif n’est pas de se transformer en « influenceur », mais de devenir identifiable dans votre niche : « la personne étrangère qui connaît bien le marché coréen dans [votre spécialité] ».
Tableau : écosystème numérique utile pour réseauter en Corée du Sud
| Plateforme / Outil | Usage principal pour l’expatrié |
|---|---|
| Marque personnelle, recherche d’emploi, accès aux recruteurs, groupes pro internationaux | |
| KakaoTalk (et open chats) | Communication quotidienne, groupes de travail, communautés locales |
| Naver Café / Band | Clubs et communautés thématiques, souvent en coréen (nécessite traduction) |
| Facebook groups | Groupes d’expats, annonces d’événements, offres d’emploi, feedback sur employeurs |
| Reddit (r/korea) | Veille, retours d’expérience, questions générales sur la vie en Corée |
| HelloTalk / Tandem | Langue + réseau amical/professionnel, notamment avec jeunes actifs coréens |
Cinquième pilier : activer le levier du mentorat
Dans une culture où la relation sunbae–hoobae structure les échanges, le mentorat est un accélérateur puissant. Il permet d’apprendre les codes, d’éviter des erreurs coûteuses et de s’ouvrir des portes.
Pourquoi chercher un mentor en Corée du Sud
Des études internationales montrent que 75 % des dirigeants attribuent un rôle déterminant à leurs mentors dans leur carrière. Dans certaines entreprises, plus de 80 % des participants à des programmes de mentorat rapportent une amélioration des relations entre départements. Une statistique interne à une grande chaîne d’information indique que 91 % des salariés ayant un mentor se disent satisfaits de leur travail, contre des scores nettement inférieurs chez ceux qui n’en ont pas.
En tant qu’expatrié, un mentor local (coréen ou étranger très intégré) peut :
– Vous expliquer la « vraie » façon dont les décisions se prennent au-delà des organigrammes.
– Vous aider à décoder comportements, silences, refus implicites.
– Vous présenter progressivement à son propre réseau.
– Vous conseiller sur la manière de présenter vos projets de façon culturellement acceptable.
Types de programmes et réseaux de mentorat disponibles
Plusieurs dispositifs formalisent ce mentorat :
Découvrez une sélection de programmes structurés destinés à accompagner les jeunes professionnels et les experts dans leur développement de carrière en Corée du Sud, avec des formats variés allant du mentorat individuel aux ateliers collectifs.
Programme pilote de six semaines pour jeunes diplômés (3 à 5 ans d’expérience) en Corée du Sud, combinant réunions virtuelles et présentiel, ateliers et networking. Conduit en anglais, il vise des professionnels aux objectifs de carrière clairs.
Destiné aux membres CFA et aux professionnels de l’investissement visant un rôle managérial, une reconversion ou le lancement d’une entreprise financière. Inclut des ateliers de coaching spécialisé et une sélection des participants par un comité.
Programmes axés Asie/Asie-Pacifique offrant des formats de mentorat individuel et de groupe, des ateliers et un accompagnement sur 1,5 à 6 mois. Leurs méthodes sont une source d’inspiration transférable pour d’autres contextes.
Au-delà des programmes formels, il est possible de pratiquer le « mentoring up » : prendre l’initiative, en tant que mentoré, pour structurer la relation.
Construire une relation mentorale qui fonctionne
Certains travaux de recherche (par exemple publiés dans le FEBS Journal sur la façon de bâtir et maintenir des interactions de mentorat) mettent en avant quatre « C » essentiels dans une relation de mentorat :
Pour qu’une relation de mentorat soit efficace, elle doit reposer sur quatre piliers : une Communication régulière, honnête et respectueuse via un canal clair ; une Connection humaine basée sur la confiance et la compréhension mutuelle ; une Clarté sur les attentes partagées (fréquence, objectifs, confidentialité) ; et un Engagement réciproque à investir du temps et de l’énergie.
Concrètement, en tant que mentoré expatrié :
– Préparez vos rencontres (questions, sujets, retours).
– Tenez un mini journal de vos objectifs de développement individuel (IDP).
– Soyez transparent sur ce que vous attendez (compréhension culturelle, retours sur votre style de communication, introduction à certains milieux, etc.).
– Exprimez votre gratitude (messages de remerciement, mise en valeur de l’aide reçue).
Si la relation ne fonctionne pas (abus, manipulation, absence totale de suivi), il est important de savoir y mettre fin avec tact, en expliquant que vos objectifs ont évolué ou que vos contraintes de temps changent.
L’erreur fréquente de certains expatriés est de se fondre totalement dans les usages, au point de gommer leur différence – alors que c’est précisément cette différence qui peut constituer une valeur ajoutée sur le marché coréen.
Respecter les codes sans s’effacer
Respecter les normes hiérarchiques et relationnelles ne signifie pas renoncer à toute initiative ou à toute franchise. La clé est de formuler ses idées dans un registre compatible avec le kibun et l’importance de l’harmonie :
– Remplacer les formulations catégoriques par des tournures plus diplomatiques (« Peut-être pourrions-nous envisager… », « Une option serait de… »).
– Donner des feedbacks en tête‑à‑tête plutôt que devant un groupe.
– Proposer des alternatives sans ridiculiser une approche existante.
Dans les réunions, il peut être plus efficace de partager un désaccord ou une proposition innovante en privé avec un collaborateur senior de confiance. Cette personne pourra ensuite relayer et porter l’idée au niveau hiérarchique approprié, facilitant ainsi son adoption.
Valoriser son profil d’expatrié
Dans un marché en quête constante d’internationalisation (export, partenariats, R&D, investissements), un expatrié peut se distinguer par :
– Sa connaissance de plusieurs marchés (Europe, Amérique du Nord, Moyen-Orient, Afrique…).
– Sa capacité à traduire non seulement la langue, mais aussi les attentes culturelles de clients, investisseurs ou sièges étrangers.
– Son réseau dans d’autres hubs (Singapour, Dubaï, Hong Kong, etc.), souvent recherché par les entreprises coréennes qui se développent à l’international.
– Sa maîtrise de normes ou de pratiques (juridiques, ESG, digitales) moins répandues localement.
Les entreprises ayant adopté une stratégie de diversité et d’inclusion ont historiquement mieux résisté aux crises financières et se révèlent plus innovantes. Un expatrié issu de cette « diversité » peut donc objectivement contribuer à la performance.
Gérer les défis structurels : longues heures, hiérarchie, genre
La Corée du Sud reste marquée par des horaires longs (en moyenne 17 % au‑dessus de la moyenne OCDE), un leadership très top‑down et un écart de rémunération entre hommes et femmes parmi les plus élevés des pays développés. Les expatriés, notamment femmes, ou issus de minorités, doivent souvent composer avec ces réalités.
Cependant, la culture évolue :
– Certaines entreprises pilotes (notamment dans la tech et les services) ont instauré la semaine de quatre jours.
– Les débats sur le droit à la déconnexion et l’équilibre vie pro/vie perso se multiplient.
– De plus en plus de femmes se tournent vers l’entrepreneuriat, contournant les plafonds de verre traditionnels.
S’inscrire dans des réseaux qui portent ces transformations (chambres, associations sectorielles, groupes de femmes professionnelles, meetups tech) permet de ne pas rester seul face à ces défis.
Septième pilier : entretenir et structurer son réseau dans la durée
Le plus difficile n’est pas de collecter des cartes ou de multiplier les événements, mais de transformer ces rencontres en liens durables. La logique coréenne du jeong implique un investissement dans le temps.
Suivi : l’art de la relance subtile
Après chaque rencontre significative (événement, déjeuner, rendez-vous individuel), prendre l’habitude de :
– Envoyer un court message de remerciement (email ou KakaoTalk), mentionnant un point précis de la discussion.
– Proposer, si cela a du sens, un second contact (café, déjeuner, visite d’un événement, webinaire que vous animez).
– Partager un contenu utile (article, rapport, événement pertinent pour la personne).
Un tableau simple, par exemple sur Google Sheets, avec les colonnes « Nom », « Entreprise », « Sujet de rencontre », « Dernier contact » et « Prochain pas », permet d’organiser et de maintenir activement son réseau professionnel en évitant que les relations ne s’étiolent par manque de suivi.
Donner avant de recevoir : la logique de la réciprocité
Un réseau solide repose sur la réciprocité. Même en tant que nouvel arrivant, vous pouvez :
– Aider un collègue coréen à revoir un email ou une présentation en anglais.
– Introduire un contact étranger à un partenaire coréen, ou l’inverse.
– Partager vos retours sur un marché étranger que l’entreprise souhaite attaquer.
– Recommander un événement, une formation, un outil utile.
Dans une relation de mentorat comme dans une relation professionnelle, l’échange gagne à être mutuel : vous recevez des clés culturelles et des introductions ; vous apportez des perspectives, des compétences ou un accès à des réseaux que l’autre n’a pas.
Structurer ses cercles : local, régional, global
Avec le temps, votre réseau en Corée du Sud peut être vu comme un ensemble de trois cercles :
Les réseaux peuvent être classés en trois niveaux géographiques. Au niveau **local**, on trouve les collègues, clients, fournisseurs, partenaires et les membres de communautés locales (liées à la langue, aux loisirs, au voisinage ou aux écoles des enfants). Au niveau **régional** (par exemple en Asie de l’Est ou Asie-Pacifique), les contacts sont souvent établis via des conférences, des programmes régionaux ou des chambres de commerce couvrant plusieurs pays. Enfin, au niveau **global**, le réseau inclut les anciens collègues, les camarades d’études rencontrés à l’étranger et les communautés internationales en ligne.
La force de la Corée du Sud, 12e ou 13e économie mondiale selon les classements et cœur industriel de l’Asie du Nord‑Est, est justement d’être un nœud entre ces trois niveaux. Un expatrié capable de tisser ces cercles entre eux devient naturellement une personne‑ressource.
Conclusion : construire un réseau professionnel durable en Corée du Sud
Développer son réseau professionnel en tant qu’expatrié en Corée du Sud n’est ni un sprint ni une simple « chasse au job ». C’est un travail patient de compréhension culturelle, de présence régulière, de tact, et de générosité.
En résumé, une stratégie robuste repose sur :
Pour s’intégrer efficacement en Corée, il est essentiel de maîtriser les codes culturels locaux (kibun, nunchi, hiérarchie, rituels). Utilisez les structures existantes (KCCI, chambres de commerce) et intégrez-vous progressivement via les communautés d’expatriés et locales. Exploitez les outils numériques (LinkedIn, KakaoTalk) pour votre réseau, et envisagez un mentorat pour accéder aux réseaux informels. Enfin, apportez une valeur internationale tout en respectant profondément la culture coréenne.
En combinant ces dimensions, un expatrié ne se contente pas de « survivre » au système coréen : il peut y construire une trajectoire professionnelle riche, durable, et ancrée dans un réseau qui, au fil du temps, deviendra l’un de ses plus grands actifs, en Corée du Sud comme au‑delà.
Un retraité de 62 ans, disposant d’un patrimoine financier supérieur à un million d’euros bien structuré en Europe, souhaite changer de résidence fiscale vers la Corée du Sud pour optimiser sa charge imposable, accéder à de nouveaux marchés asiatiques et conserver un lien fort avec la France. Budget alloué : 10 000 euros pour un accompagnement complet (conseil fiscal international, formalités de visa long séjour, installation à Séoul ou Busan, structuration patrimoniale), sans vente forcée d’actifs.
Après étude de plusieurs destinations (Portugal, Thaïlande, Émirats, Corée du Sud), la stratégie retenue consiste à cibler la Corée du Sud pour son réseau de conventions fiscales, la possibilité de structurer des revenus via des sociétés locales, son écosystème financier et technologique avancé et un système de santé performant. La mission comprend : audit fiscal pré‑départ (exit tax, report d’imposition), obtention du visa adapté (D‑visa ou F‑visa), ouverture de comptes bancaires locaux, organisation de la rupture des liens fiscaux français (séjour >183 jours, centre des intérêts économiques en Corée), coordination avec un réseau local (avocat, immigration, conseiller francophone) et optimisation patrimoniale (placements asiatiques, transmission, immobilier coréen), tout en maîtrisant les risques de double imposition et de contrôles français.
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