S’expatrier en Corée du Sud, ce n’est pas seulement changer de pays : c’est entrer dans un univers social régi par des codes subtils, hérités à la fois du confucianisme, de l’histoire tourmentée de la péninsule et d’une modernité ultra-connectée. Beaucoup d’expatriés sous-estiment ces écarts culturels et découvrent sur place que ce qui semblait n’être qu’un “détail” – la façon de dire non, de s’adresser à un supérieur, d’offrir un cadeau – peut avoir un impact direct sur leurs relations, leur carrière et même leur confort au quotidien.
Ce guide présente les principales différences culturelles à connaître avant de s’installer en Corée du Sud. Son objectif est d’aider à éviter les faux pas, à gagner plus rapidement la confiance des Coréens et à comprendre les nuances dans la vie professionnelle et privée.
Comprendre les piliers de la culture coréenne
Avant d’entrer dans les situations concrètes, il faut saisir quelques notions clés qui structurent la société coréenne. Sans elles, une grande partie des comportements quotidiens reste incompréhensible.
Confucianisme, collectivisme et hiérarchie
La culture coréenne moderne mélange un mode de vie globalisé avec un socle de valeurs traditionnelles toujours très influentes. Le confucianisme y tient une place centrale. Il valorise :
– le respect des aînés et des figures d’autorité
– la hiérarchie dans la famille comme dans l’entreprise
– la loyauté et le travail acharné
– la modestie et la retenue
La société coréenne est fortement collectiviste : le “nous” (uri) prime souvent sur le “je”. On attend des individus qu’ils s’adaptent au groupe, que ce soit dans l’entreprise, la famille ou un cercle amical. Maintenir l’harmonie collective (inhwa) est une priorité, parfois au détriment de l’expression individuelle.
Un autre concept fondamental est celui de *Kibun*, qui désigne l’état émotionnel, la dignité et le « visage » d’une personne. Il est crucial d’éviter tout ce qui pourrait humilier, mettre mal à l’aise ou rompre l’harmonie. Guider ses comportements pour préserver un bon Kibun, tant pour soi que pour les autres, est une clé des interactions sociales.
Nunchi, Jeong et Han : le triptyque émotionnel coréen
Trois notions souvent présentées comme “intraduisibles” permettent de comprendre la vie émotionnelle coréenne.
Nunchi (눈치) est l’art de “lire la pièce” : capter les signaux non verbaux, saisir ce qui n’est pas dit, sentir l’atmosphère et ajuster son comportement. Dans une culture très “à contexte élevé”, où beaucoup d’informations passent par le ton, les silences et les regards, le nunchi est une compétence sociale cruciale. Être perçu comme “sans nunchi” (nunchi eoptta) est l’une des critiques les plus sévères.
Le jeong (정) est un lien affectif profond, forgé par le temps et les expériences partagées. Il se manifeste par exemple lorsqu’un restaurateur offre spontanément un petit extra à un client habitué, ou lorsqu’on conserve un attachement pour une personne malgré une relation compliquée (miun jeong). Ce sentiment est considéré comme le ciment émotionnel de nombreuses relations sociales en Corée, y compris dans le milieu professionnel.
Han (한) renvoie à une émotion collective de tristesse, de ressentiment et de résilience, nourrie par les siècles de guerre, de colonisation et de division de la péninsule. On retrouve ce han dans la littérature, le cinéma, les chansons traditionnelles, et jusque dans certains mouvements sociaux contemporains. Il nourrit une créativité puissante, mais aussi une sensibilité particulière à l’injustice.
Ces trois concepts – nunchi, jeong, han – ne sont pas des théories abstraites : ils influencent concrètement la façon de communiquer, de conclure un accord, de gérer un conflit ou de tisser des liens.
Dire sans dire : le style de communication coréen
Pour beaucoup d’Occidentaux, la première grande différence en Corée du Sud est la communication. Là où les cultures plus directes valorisent la clarté et la franchise, les Coréens privilégient la nuance et l’implicite.
Une culture à “haut contexte”
La communication en Corée du Sud est dite “à haut contexte” : le sens ne se trouve pas seulement dans les mots, mais dans la situation, la relation entre les interlocuteurs, le ton, les pauses, la gestuelle. Un “oui” peut signifier “je comprends”, et non “je suis d’accord”. Un “c’est un peu difficile” ou “il faudra voir” peut être un non poli.
Une étude récente indique qu’environ 68 % des jeunes adultes coréens préfèrent les approches indirectes dans leurs relations personnelles.
Pour un expatrié, cela signifie qu’il faut apprendre à guetter les signaux faibles : un soupir discret, un regard fuyant, une phrase comme “je ferai de mon mieux” peut en réalité vouloir dire “ce n’est pas faisable”.
Sauver la face et préserver le Gibun
Le concept de Chemyeon (la “face”) est proche de ce que l’on trouve dans d’autres cultures d’Asie de l’Est. Critiquer quelqu’un en public, le contredire frontalement devant ses pairs, mettre en doute ses compétences devant d’autres, tout cela est extrêmement délicat. Le Gibun (Kibun), c’est-à-dire l’équilibre émotionnel de chacun, doit être préservé.
Cela se ressent particulièrement dans la façon de donner un feedback ou de gérer un désaccord. Les remarques négatives sont souvent enveloppées dans des compliments, glissées en privé, ou formulées comme une suggestion : “Peut-être qu’on pourrait aussi envisager…”.
Observation sur la communication en milieu professionnel
Les études sur les couples coréens montrent d’ailleurs l’envers de cette médaille : plus les partenaires s’appuient uniquement sur des signaux implicites, plus la satisfaction relationnelle a tendance à baisser avec le temps. Les malentendus liés à des messages trop vagues sont fréquents.
Quelques réflexes à adopter
Pour s’adapter, un expatrié gagne à : s’informer sur la culture locale, apprendre la langue, établir des contacts avec d’autres expatriés, et rester ouvert aux nouvelles expériences.
– adoucir son langage : plutôt que “non”, utiliser “ce sera compliqué” ou “je ne suis pas sûr que ce soit possible”
– accepter les silences sans les remplir à tout prix
– observer le langage corporel, les hésitations, le ton
– comprendre qu’insister pour obtenir une réponse nette peut être vécu comme agressif
En pratique, mieux vaut écouter davantage qu’on ne parle au début, et demander ensuite à un collègue de confiance comment interpréter certaines réactions.
S’il y a une chose que la plupart des expatriés sous-estiment, c’est l’importance de l’âge et du rang dans la vie quotidienne. En Corée du Sud, même un an de différence peut suffire à changer la manière de s’adresser à quelqu’un.
L’obsession de l’âge et la notion de “ami”
Dès une première rencontre, la question “Tu as quel âge ?” arrive très vite. Elle n’est pas intrusive : elle permet de situer la relation. Deux personnes nées la même année peuvent se considérer comme de véritables “amis” (chingu), se tutoyer et employer un langage familier (banmal). En revanche, si un écart d’âge existe, la relation s’inscrit d’emblée dans un rapport hiérarchique : l’un sera le “grand frère” (oppa ou hyeong), l’autre le “petit”.
En Corée, le terme ‘ami’ a une portée bien plus restreinte que dans de nombreuses cultures occidentales. Une grande proximité avec une personne, même si elle est plus âgée ou plus jeune, n’implique pas nécessairement de l’appeler ‘ami’ ni d’utiliser un langage informel avec elle.
Les honorifiques : un système linguistique sophistiqué
La langue coréenne dispose d’un système d’honorifiques très élaboré, qui reflète la hiérarchie sociale. On distingue plusieurs niveaux de langage selon :
– le degré de formalité de la situation
– le statut de l’interlocuteur
– la personne dont on parle
On parle de jondaetmal pour le langage poli. Un niveau largement utilisé dans la vie quotidienne est le registre en -yo (haeyo-che), perçu comme poli mais pas excessivement formel. Pour les contextes très institutionnels, un registre plus formel encore (hasipsio-che) est mobilisé, notamment dans les annonces publiques et les médias. Le langage familier (banmal), lui, est réservé aux proches ou aux personnes plus jeunes, et son emploi suppose généralement un accord explicite.
Au-delà des terminaisons, il existe des verbes, des noms et des particules d’honorification. Par exemple, “manger” pourra se dire différemment selon la personne dont on parle : meokda en version neutre, deusida ou japsusida en version très honorifique. Il est strictement inapproprié d’utiliser ces formes élevées pour soi-même, au risque d’apparaître arrogant.
Ne pas respecter les codes de politesse, comme employer un ton trop familier avec un supérieur ou omettre le suffixe respectueux *-nim*, peut être perçu comme un manque d’éducation, même pour un étranger.
La place des aînés dans la vie quotidienne
La priorité donnée aux aînés ne se limite pas au langage. Elle règle des gestes et des comportements très concrets :
– dans le métro, les jeunes sont attendus au tournant sur la cession de leur siège aux personnes âgées, enceintes ou handicapées
– à table, c’est l’aîné qui commence à manger, l’aîné qui est servi en premier
– dans une pièce, on se lève à l’arrivée d’un “ancien”
La notion de piété filiale (gyeongrosasang) reste vive : prendre soin de ses parents âgés est un devoir moral, ce qui explique aussi la faible présence des Coréens âgés en maison de retraite.
Pour un expatrié, adapter ces réflexes – céder sa place, laisser les aînés parler d’abord, recevoir et donner avec deux mains – est un moyen rapide de gagner du respect.
Le monde du travail : hiérarchie, longues heures et non-dits
La Corée du Sud est souvent citée pour la puissance de ses grands groupes industriels comme Samsung, Hyundai, LG ou SK Group, des chaebols qui structurent une partie de l’économie et diffusent un certain style de management.
Une hiérarchie forte, même dans les entreprises modernes
Dans la plupart des entreprises coréennes, la structure reste très hiérarchisée. La décision vient du sommet, les longues chaînes de validation sont la norme, et le respect de la ligne hiérarchique est crucial. Remonter directement une information à un dirigeant en court-circuitant son supérieur immédiat est rarement apprécié.
Une étude du Korea Labor Institute montre que plus de 80 % des entreprises privilégient encore l’ancienneté dans leurs promotions. Salaire et responsabilités progressent souvent avec les années de service. Cela peut créer des tensions : les jeunes, très diplômés, peinent parfois à se voir confier des responsabilités à la hauteur de leurs compétences techniques.
Certaines entreprises technologiques ou créatives expérimentent des modèles plus horizontaux, mais même là, la culture générale du respect de la séniorité perdure.
Le poids des heures de travail et du “pali-pali”
La réputation de la Corée du Sud en matière de longues journées de travail n’est pas usurpée. Le pays figure régulièrement parmi ceux qui affichent le plus d’heures annuelles par salarié au sein de l’OCDE. Une réforme plafonnant la semaine à 52 heures (40 heures plus 12 heures supplémentaires) a été introduite pour tenter de rééquilibrer la vie professionnelle et personnelle. Mais dans la pratique, la présence prolongée au bureau reste fréquente, en particulier dans les grandes entreprises.
Comprendre les attentes en matière de réactivité et de rapidité dans le contexte professionnel local.
La célérité dans l’accomplissement des tâches est une valeur centrale et attendue.
Il est important de répondre promptement aux communications. Une absence de réponse peut parfois signifier un refus poli.
La disponibilité en dehors des heures de travail formelles est souvent une pratique courante.
Une absence systématique de réactivité sera perçue comme un manque de sérieux et d’engagement.
Hoesik, noraebang et alcool : la “seconde journée”
Les soirées d’équipe, les dîners d’entreprise (hoesik) et les sorties au karaoké (noraebang) jouent un rôle central dans la construction des relations de travail. C’est souvent autour d’un barbecue arrosé de soju que les barrières se desserrent, que les supérieurs se montrent plus accessibles, que la confiance se construit.
Traditionnellement, refuser les invitations sociales du travail pouvait être perçu comme un manque d’implication. Aujourd’hui, les entreprises, influencées par les critiques sur les excès et une génération plus soucieuse de l’équilibre de vie, encouragent des formats plus raisonnables. Pour un expatrié, y participer occasionnellement reste néanmoins stratégique pour créer des liens.
Il est important de connaître quelques règles : ne jamais se servir soi-même en alcool, mais remplir le verre des autres (et laisser les autres remplir le sien), tourner légèrement la tête et couvrir sa bouche en buvant face à un aîné, éviter de vider entièrement son verre si l’on ne souhaite pas être resservi. En cas de refus de boire, une raison claire (médicale, religieuse, etc.) sera plus facilement acceptée.
Tensions et évolutions : travail, genre, bien-être
La culture de travail coréenne est aujourd’hui sous forte pression. Le pays cumule longues heures, faible natalité (taux de fécondité parmi les plus bas au monde), stress et phénomènes de harcèlement hiérarchique (gapjil). Plusieurs lois ont été adoptées pour limiter les abus, et de grands groupes lancent des programmes de bien-être et de santé mentale.
La question de l’égalité hommes-femmes est également au cœur des débats. La Corée du Sud figure parmi les pays de l’OCDE où l’écart salarial de genre est le plus marqué, et de nombreuses femmes perçoivent encore des obstacles dans les promotions.
Pour les expatriés, ces enjeux ne sont pas théoriques : ils influencent l’ambiance de bureau, la disponibilité des collègues, et les discussions informelles.
La politesse du geste : salutations, contact physique et espace personnel
Au-delà des grandes notions, ce sont souvent les détails du quotidien qui trahissent un manque de familiarité avec la culture locale. Gestes anodins pour un Européen ou un Nord-Américain, ils peuvent déranger à Séoul.
Saluer, serrer la main, s’incliner
Le salut traditionnel est la révérence, plus ou moins profonde selon l’importance de l’interlocuteur. Dans un contexte professionnel, il est très fréquent de combiner une légère inclinaison avec une poignée de main. Celle-ci doit être relativement douce ; il est d’usage de soutenir son avant-bras droit avec la main gauche pour marquer le respect, surtout envers un aîné ou un supérieur.
Les femmes peuvent préférer un simple hochement de tête accompagné d’un sourire. Il est généralement recommandé de laisser l’initiative du contact physique à la personne coréenne, particulièrement lors d’une première rencontre.
Contact physique : moins entre inconnus, plus entre proches du même sexe
La norme coréenne n’encourage pas le contact physique entre personnes qui ne se connaissent pas bien, et encore moins entre sexes opposés. Une tape sur l’épaule, un “hug” amical à l’occidentale peuvent mettre mal à l’aise. Toucher la tête de quelqu’un, en particulier d’un adulte, est perçu comme très déplacé.
En revanche, entre amis du même sexe, le registre est beaucoup plus tactile : bras enlacés, mains tenues en marchant, proximité physique importante. Il ne faut pas y voir un signe de relation romantique, mais plutôt l’expression du jeong.
Dans un contexte professionnel ou avec une personne plus âgée, il est recommandé de maintenir une distance appropriée, d’éviter de croiser les jambes de manière ostentatoire et d’adopter une posture formelle, par exemple en évitant de mettre les mains dans les poches.
Espace personnel et densité urbaine
Avec une métropole comme Séoul qui dépasse les 25 millions d’habitants dans sa région, la vie quotidienne implique une forte densité. Dans le métro aux heures de pointe, dans certains marchés, la promiscuité est extrême. Les bousculades ne sont généralement pas perçues comme une agression personnelle, mais comme une conséquence inévitable de la foule.
En revanche, dans une interaction sociale – discussion, rendez-vous, réunion – empiéter excessivement sur l’espace de l’autre, parler trop près ou toucher sans nécessité est vu comme intrusif. On retrouve ici la capacité des Coréens à “cohabiter serrés” dans le silence et la retenue : sur un quai de métro bondé, chacun se fait discret, évite les éclats de voix et laisse vivre la “bulle invisible” de ses voisins.
Manger, boire, être invité : le protocole du quotidien
Les repas et les boissons sont au cœur des interactions en Corée du Sud, et l’étiquette qui les entoure est riche. S’y conformer est un moyen simple de montrer son respect et sa volonté de s’intégrer.
À table : ordre, gestes et tabous
Un repas coréen typique se caractérise par le partage : plusieurs plats au centre de la table, accompagnés de nombreuses petites assiettes de banchan (kimchi, légumes marinés, etc.). On ne “possède” pas vraiment son plat, on picore ici et là.
Quelques règles essentielles :
Attendre que la personne la plus âgée ou de rang le plus élevé commence à manger. Éviter les sujets dégoûtants et se moucher à table. Utiliser la cuillère pour le riz et les soupes, les baguettes pour le reste. Ne jamais planter ses baguettes dans le bol de riz, car cela évoque les rites funéraires. Les reposer sur la table ou un repose-baguettes, pas sur le bol.
En fin de repas, une formule de remerciement – jal meogeosseumnida (“j’ai bien mangé”) – est souvent utilisée pour remercier la personne qui a payé ou préparé.
Le rituel de l’alcool
L’alcool, en particulier le soju, est omniprésent dans les dîners de travail et de famille. Le premier principe : on ne se sert pas soi-même. On remplit le verre de ses voisins, en commençant par les aînés. Quand on reçoit un verre, on le tient avec deux mains et l’on se tourne légèrement pour boire si la personne qui sert est plus âgée ou plus haut placée.
Dans un contexte social, un verre vide est souvent automatiquement rempli. Pour modérer sa consommation, il est conseillé de garder son verre partiellement plein. Refuser un verre sans explication peut être mal perçu. Il est préférable de justifier calmement son refus, par exemple pour des raisons médicales ou religieuses, ce qui est généralement respecté.
Visiter un foyer coréen
Être invité chez quelqu’un est un signe de confiance. On enlève ses chaussures à l’entrée, parfois pour enfiler des chaussons. Arriver les mains vides serait mal vu : on amène généralement des fruits, un gâteau, des boissons ou un petit produit de son pays d’origine.
Une fois encore, on laissera l’hôte ou la personne la plus âgée s’asseoir en premier et commencer le repas. L’observation reste la meilleure boussole : regarder comment font les autres avant d’agir.
Offrir et recevoir : l’art du cadeau en Corée du Sud
La culture du cadeau est particulièrement développée en Corée du Sud, tant dans la sphère privée que professionnelle. Elle obéit à des logiques de respect, de réciprocité et de maintien du lien.
Valeurs, codes et faux pas à éviter
Offrir un cadeau, c’est montrer de l’attention, reconnaître une relation, et parfois remercier pour un service rendu. Mais ce geste crée presque toujours une obligation de réciprocité. Un présent trop onéreux pourra embarrasser le destinataire, qui se sentira obligé de rendre un cadeau d’une valeur comparable.
L’intention et la pertinence comptent souvent plus que le prix. Un produit de son pays d’origine, un bel aliment, un objet artisanal sont généralement bien reçus.
Certains choix, en revanche, sont déconseillés :
– objets tranchants (couteaux, ciseaux), perçus comme pouvant “couper” la relation
– ensembles de quatre pièces, le chiffre 4 évoquant la mort
– chapeaux verts, associés à l’infidélité du conjoint
– usage de l’encre rouge pour écrire un nom, liée au monde des morts
De manière générale, les cadeaux s’offrent et se reçoivent à deux mains. Il est courant que la personne ne les ouvre pas immédiatement, surtout dans un contexte formel, pour ne pas créer de gêne si la valeur ne correspond pas aux attentes.
Occasions clés de cadeaux
Certaines fêtes et événements s’accompagnent quasiment systématiquement de présents. Pour un expatrié, comprendre ces moments évite beaucoup de flottements.
Voici un aperçu synthétique de quelques grandes occasions et de leurs cadeaux typiques :
| Occasion | Type de cadeau le plus courant | Particularités culturelles |
|---|---|---|
| Mariage | Argent liquide dans une enveloppe | Montant ajusté au lien (50 000 à 100 000 KRW et plus pour les proches) |
| Funérailles | Argent liquide | Montant variable, geste de soutien envers la famille |
| Premier anniversaire d’un enfant | Argent, vêtements, bagues en or, couverts | Fête doljanchi très symbolique, jeu de prédiction de l’avenir de l’enfant |
| Anniversaires 60/70/80 ans | Argent, produits de santé (ginseng), alcool, paniers alimentaires | Célébrations marquant longévité et respect filial |
| Pendaison de crémaillère (jip-deu-ri) | Papier toilette, lessive, produits ménagers, fruits, fleurs | Le papier toilette symbolise que tout “se déroulera bien” |
| Chuseok & Seollal | Coffrets de fruits, bœuf de qualité, sets de Spam, huile, soins | Priorité aux parents, beaux-parents, patrons, enseignants |
| Noël | Cosmétiques, vêtements pour le couple, jouets pour les enfants | Fête plus romantique que strictement familiale |
| Parents’ Day / Teachers’ Day | Fleurs (œillets), petits cadeaux symboliques | Cadeaux aux enseignants encadrés par une loi anti-corruption |
Les dépenses pour certaines fêtes peuvent être importantes. Des études récentes indiquent que les Coréens dépensent en moyenne plusieurs centaines de milliers de wons pour les cadeaux de Chuseok, avec des montants plus élevés pour les parents et beaux-parents.
Cadeaux au travail et lois anticorruption
En entreprise, les cadeaux servent à marquer les événements personnels (mariages, naissances, deuils) ou de carrière (promotions, départs). Il est courant par exemple d’offrir des gâteaux de riz aux collègues pour annoncer un mariage ou la naissance d’un enfant.
La loi ‘Kim Young-ran’ régit strictement l’acceptation de cadeaux dans les secteurs publics pour prévenir la corruption et les conflits d’intérêts.
La loi s’applique aux fonctionnaires, aux élus, aux enseignants et aux journalistes, ainsi qu’à leurs conjoints.
La valeur d’un cadeau ou d’un repas ne doit généralement pas excéder 50 000 wons (environ 35 euros).
Éliminer les pots-de-vin déguisés et maintenir l’intégrité et la confiance dans les services publics.
– les cadeaux offerts ouvertement d’une valeur inférieure à 30 000 KRW sont généralement autorisés
– au-delà de 100 000 KRW, le risque disciplinaire est sérieux
Pour les enseignants, offrir un coffret de thé ou de biscuits à partager en salle des professeurs, plutôt qu’un cadeau individuel, permet de respecter l’esprit de la loi tout en montrant sa reconnaissance.
Pour un nouvel arrivant, il est judicieux de se renseigner auprès de collègues sur les habitudes de l’entreprise, car chaque structure développe sa propre “culture du cadeau”.
Ne pas (trop) laisser de pourboire : le rapport à l’argent et au service
Autre surprise fréquente pour les expatriés : le pourboire n’est pas une pratique ancrée en Corée du Sud. Laisser de l’argent sur la table après un repas peut même mettre le serveur dans l’embarras, voire être perçu comme une manière de “monnayer” sa gentillesse.
Les prix affichés incluent généralement les taxes et, souvent, les frais de service. Il n’est pas systématiquement attendu de laisser un pourboire, même dans les établissements haut de gamme comme les hôtels ou les restaurants gastronomiques.
Les seules situations où un geste financier est parfois accepté :
– dans certains salons de coiffure ou de beauté, sous forme de petit billet discret
– en taxi, sous la forme d’un “gardez la monnaie”
– dans des restaurants situés sur des bases militaires américaines, où la norme américaine du pourboire s’applique
Pour des déménageurs ou livreurs, offrir des boissons, des snacks, voire une petite enveloppe pour le déjeuner est souvent plus approprié qu’un “tip” explicite.
Fêtes et jours fériés : quand le pays change de rythme
La Corée du Sud compte un nombre de jours fériés comparable aux pays européens, mais deux d’entre eux ont un impact massif sur la vie quotidienne : Seollal (Nouvel An lunaire) et Chuseok (fête des récoltes, souvent décrite comme l’équivalent de Thanksgiving).
Seollal : nouvel an, nouvelle année d’âge
Lors de Seollal, les familles se réunissent massivement. Des millions de personnes quittent Séoul pour regagner la ville d’origine de leurs parents. Résultat : bouchons monstrueux sur les routes, trains et bus complets, vols d’avion saturés, commerces fermés dans les quartiers résidentiels.
Les célébrations du Nouvel An coréen (Seollal) incluent des cérémonies dédiées aux ancêtres (charye), le port du costume traditionnel hanbok pour certains, et le partage du plat emblématique tteokguk, une soupe de gâteaux de riz. Consommer ce plat symbolise le fait de « prendre une année de plus », au point que l’expression « Tu as mangé combien de fois le tteokguk ? » est couramment utilisée pour demander poliment l’âge d’une personne.
Pour un expatrié, ces jours offrent paradoxalement une ville parfois étonnamment calme, à condition de rester à Séoul plutôt que de tenter de voyager. De nombreux sites culturels peuvent alors être visités dans une atmosphère presque apaisée.
Chuseok : gratitude et déplacements massifs
Chuseok suit le même schéma de grandes transhumances, mais à l’automne. Les familles se rendent sur les tombes de leurs ancêtres, entretiennent les sépultures, préparent des plats de saison comme les songpyeon (gâteaux de riz en demi-lune cuits sur des aiguilles de pin). Les magasins débordent de coffrets-cadeaux : fruits de luxe, bœuf de race coréenne, sets de produits alimentaires ou cosmétiques.
Pour les entreprises et les expatriés, les périodes du Nouvel An chinois et de la Fête nationale (semaine d’or) entraînent un ralentissement général de l’activité et la fermeture de nombreux bureaux. Il est crucial de planifier à l’avance les aspects logistiques et d’éviter de programmer des rendez-vous importants ou d’engager des démarches administratives de dernière minute durant ces célébrations.
Autres jours marquants
D’autres jours fériés structurent l’année, comme la Journée des enfants, la Journée de la Constitution, la Fête de la Fondation nationale, la Journée de l’alphabet coréen (Hangul Day) ou Noël, davantage vécu comme une fête romantique ou commerciale que strictement religieuse.
Pour les expatriés travaillant avec des partenaires coréens depuis l’étranger, connaître ce calendrier permet d’anticiper les périodes de réponse ralentie et de congés massifs.
La Corée du Sud possède une véritable “culture des couples” : plusieurs dates du calendrier sont devenues des occasions de célébrer son couple, au-delà des traditionnels anniversaire ou Saint-Valentin.
Saint-Valentin, White Day et autres “couples’ days”
Le 14 février, ce sont les femmes qui offrent des chocolats ou des fleurs aux hommes. Un mois plus tard, le 14 mars, lors de White Day, les hommes “rendent” l’attention avec des bonbons, chocolats ou cadeaux sucrés. Ces deux journées ne sont que la partie visible d’une multiplicité de jours “de couple”, souvent marketés, où il est presque attendu de poster des photos sur les réseaux sociaux.
C’est le pourcentage de détenteurs de smartphones en Corée du Sud qui utilisent l’application de messagerie KakaoTalk.
Indirect et romantisme : un mélange déroutant
Les études montrent que plus un couple coréen s’appuie exclusivement sur des messages implicites, plus les risques de malentendus augmentent. Pourtant, beaucoup continuent de privilégier cette voie pour ne pas blesser l’autre ou casser l’ambiance.
Pour un expatrié engagé dans une relation amoureuse avec un(e) Coréen(ne), accepter ce jeu de signaux – où un “ça va, ne t’inquiète pas” peut vouloir dire “je suis contrarié(e)” – est un réel défi. La clé consiste à combiner un effort d’écoute du non-verbal avec la mise en place de moments de discussion un peu plus explicites sur le ressenti de chacun.
Habitudes urbaines et petits chocs culturels du quotidien
Certaines pratiques étonnent au premier abord, mais deviennent vite familières.
Le rôle du papier toilette
Le papier toilette, par exemple, est utilisé pour de multiples usages : serviettes de table improvisées, mouchoirs, torchons. En offrir lors d’une pendaison de crémaillère n’a donc rien de bizarre ; au contraire, c’est un symbole de fluidité et de bonne fortune.
Comportements dans l’espace public
Dans le métro, parler fort au téléphone, manger ou boire tout en marchant peut être mal vu, surtout par les générations plus âgées. Se moucher bruyamment en public est jugé grossier ; renifler est paradoxalement mieux toléré. On évitera aussi de se maquiller de manière très voyante dans les transports, ce qui reste encore controversé pour certains.
En Corée du Sud, les files d’attente sont généralement respectées. Cependant, un stéréotype persiste autour des *ajummas* (femmes d’âge mûr), souvent décrites comme déterminées et prêtes à se frayer un chemin à tout prix, ce qui alimente un cliché sur leur comportement dans les queues.
Gestes à bannir
De simples réflexes occidentaux doivent être corrigés :
– pointer du doigt quelqu’un ou quelque chose est jugé impoli : on privilégie toute la main, paume tournée vers le haut
– écrire le nom d’un vivant en rouge est un tabou majeur
– croiser les jambes de façon trop décontractée face à un supérieur peut passer pour un manque de respect
Ces détails, accumulés, façonnent l’image que renvoie un expatrié.
Stratégies pour bien s’intégrer en Corée du Sud
Face à cette multitude de codes et de nuances, l’objectif n’est pas d’atteindre la perfection mais de montrer un effort sincère.
Quelques axes structurants peuvent guider les expatriés.
Observer, demander, ajuster
La première compétence à développer ressemble à une forme de nunchi appliqué à l’interculturel : observer avant d’agir, noter comment les collègues se saluent, s’installent en réunion, interagissent avec leurs supérieurs.
Poser des questions à un collègue de confiance (“Dans ce cas-là, qu’est-ce qui est considéré comme poli ici ?”) permet d’éviter les malentendus récurrents. Les Coréens apprécient en général qu’un étranger manifeste de la curiosité pour leurs usages (et ne se contente pas de juger).
Apprendre quelques mots et respecter les hiérarchies
Maîtriser quelques expressions de base en coréen – formules de politesse, salutations, remerciements – a un effet disproportionné sur la perception que l’on donne. Savoir dire annyeonghaseyo correctement, utiliser -nim après un titre, ou répondre par une formule polie au restaurant donne le signal que l’on ne se contente pas de vivre “en bulle d’expat”.
Pour éviter les tensions, il est important de reconnaître explicitement le rôle de la hiérarchie. Cela implique de ne pas contredire brutalement un supérieur en public, de valoriser le travail d’un aîné et de privilégier l’utilisation du titre professionnel plutôt que du prénom pour s’adresser à ses supérieurs.
Accepter ce qui ne changera pas… et ce qui change
Certaines caractéristiques de la société coréenne – la forte hiérarchie, l’importance des aînés, la centralité des heures supplémentaires – ne disparaîtront pas du jour au lendemain. Les jeunes générations contestent, certes, mais le changement est graduel.
La société française évolue rapidement avec une redéfinition des modèles de genre, une sensibilité accrue des jeunes à l’espace personnel, une tendance à refuser les soirées trop arrosées et une critique plus forte des abus de pouvoir. Pour un expatrié, cela se traduit par des attitudes très diverses selon les milieux, les régions, les secteurs d’activité et les générations.
Bâtir un réseau local
Enfin, rien ne remplace la construction d’un réseau de relations coréennes : collègues, voisins, partenaires d’échange linguistique, membres d’associations ou de groupes d’intérêts communs. C’est par ces liens, nourris de jeong, que l’on découvre vraiment la Corée du Sud au-delà des clichés – et que l’on dépasse le simple statut d’étranger “toléré” pour devenir un acteur à part entière de la vie locale.
S’expatrier en Corée du Sud, c’est apprendre à déchiffrer un système de signes où chaque silence, chaque inclinaison de tête, chaque cadeau a sa valeur. Ceux qui prennent le temps de s’approprier ces codes y trouvent souvent, derrière la façade parfois rigide de la hiérarchie et de la réserve, une société d’une chaleur humaine remarquable, où la loyauté et les liens durables continuent de compter énormément.
Un retraité de 62 ans, avec un patrimoine financier supérieur à un million d’euros bien structuré en Europe, souhaitait changer de résidence fiscale pour optimiser sa charge imposable et diversifier ses investissements, tout en maintenant un lien avec la France. Budget alloué : 10000 euros pour l’accompagnement complet (conseil fiscal, formalités administratives, délocalisation et structuration patrimoniale), sans vente forcée d’actifs.
Après analyse de plusieurs destinations attractives (Corée du Sud, Thaïlande, Singapour, Émirats arabes unis), la stratégie retenue a consisté à cibler la Corée du Sud pour son régime favorable aux revenus de source étrangère, son écosystème financier développé et son niveau de sécurité élevé, tout en offrant un coût de la vie inférieur aux grandes capitales européennes hors Séoul. La mission a inclus : audit fiscal pré‑expatriation (exit tax ou non, report d’imposition), obtention du visa long séjour et de la résidence, détachement CNAS/CPAM, transfert de résidence bancaire, plan de rupture des liens fiscaux français (183 jours/an hors France, centre d’intérêts économiques), mise en relation avec un réseau local bilingue (avocat, immigration, banque privée) et intégration patrimoniale pour réduire durablement la pression fiscale et préparer la transmission.
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