Histoire du pays Turquie : découvertes et évolutions

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

Située au carrefour de deux continents, l’histoire millénaire de la Turquie est un récit fascinant de civilisations entrelacées et de cultures en constante évolution. Depuis les vestiges des Hittites jusqu’à l’héritage imposant de l’Empire ottoman, ce territoire est le témoin silencieux d’influences gréco-romaines, byzantines et islamiques qui ont façonné son identité complexe.

Aujourd’hui, en tant que république moderne, la Turquie continue de se développer, tout en préservant ses traditions profondes et sa riche mosaïque de diversités. Laissez-vous entraîner dans un voyage captivant au cœur de cette terre où l’Orient rencontre l’Occident, explorant ses dynamiques historiques, sociales et culturelles qui résonnent encore dans ses paysages, ses monuments et sa population.

Des origines à l’émergence de la Turquie moderne

Principales périodes historiques menant à la Turquie moderne

Déclin de l’Empire ottoman

Au XVIe siècle, l’Empire ottoman atteint son apogée sous Soliman le Magnifique. Par la suite, une série de sultans moins compétents et une centralisation défaillante affaiblissent progressivement le pouvoir impérial.

  • L’autorité du sultan se délite au profit du grand vizir, ce qui fragilise la cohésion politique.
  • Les réformes militaires (devşirme et janissaires) bouleversent les équilibres traditionnels, réduisant l’influence de la noblesse turque et privant l’État d’importantes ressources fiscales.

Réformes du Tanzîmât (XIXe siècle)

Le Tanzîmât (« réorganisation ») désigne un vaste mouvement de modernisation entre 1839 et 1876 visant à adapter les structures politiques, juridiques et administratives de l’empire :

  • Abolition des privilèges fiscaux traditionnels
  • Réforme du système judiciaire
  • Égalité juridique pour tous les sujets
  • Modernisation militaire inspirée des modèles européens
DomaineMesures prises
AdministrationCentralisation accrue
JusticeNouveau code civil
ArméeRecrutement & formation
FiscalitéUniformisation des impôts
Objectifs majeurs des réformes Tanzîmât

Malgré ces efforts, le pouvoir reste contesté par divers groupes sociaux ; certaines élites réclament davantage d’autonomie ou une constitution.

Première Guerre mondiale & dissolution

Engagé aux côtés des Empires centraux pendant la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman subit plusieurs défaites militaires décisives.

À partir de 1918, il est progressivement démantelé par les puissances alliées. Les nationalistes turcs rejettent le traité de Sèvres qui prévoit sa partition.

Mustafa Kemal Atatürk : fondation et modernisation

Mustafa Kemal Atatürk organise la résistance nationale lors de la guerre d’indépendance turque (1919-1922).

En octobre 1923 est proclamée la République de Turquie, dont Ankara devient capitale.

  • Abolition du califat (1924)
  • Instauration d’un État strictement laïc : séparation complète religion/État
  • Adoption du code civil suisse remplaçant le droit islamique
  • Introduction du suffrage universel masculin puis féminin ; droits civiques étendus aux femmes
  • Réforme linguistique avec passage à un alphabet latinisé en lieu et place de l’alphabet arabe ottoman
  • Développement massif d’un système éducatif public moderne
AxeExemples concrets
PolitiqueMultipartisme limité
SocialDroit à l’éducation pour tous
ÉconomiqueIndustrialisation soutenue
Axes majeurs des réformes kémalistes

Défis politiques et sociaux dans les premières décennies

  • Opposition religieuse face à la sécularisation rapide
  • Tentatives multiples de coups d’État militaires en réaction aux tensions politiques internes ou au multipartisme naissant (années 1960-1980)

Évolution contemporaine de l’identité nationale turque

L’identité turque moderne se construit autour des principes suivants :

  • Laïcité institutionnelle malgré une société partiellement conservatrice sur certains aspects religieux.
  • Primauté accordée à « l’héritage kémaliste » mais contestation croissante depuis les années 2000 avec un retour relatif du fait religieux dans certains espaces publics.
  • Affirmation diplomatique régionale tout en maintenant un équilibre entre héritage occidental/modernisateur et particularismes anatoliens/ottomans.

La trajectoire vers « la Turquie moderne » oscille ainsi entre continuité révolutionnaire héritée d’Atatürk — centralisée sur unité nationale —et adaptations successives face aux mutations sociales internes comme aux enjeux géopolitiques contemporains.

Bon à savoir :

L’histoire de la Turquie moderne trouve ses racines dans la fin de l’Empire ottoman, marqué par son déclin progressif et les réformes de Tanzîmât au XIXe siècle, qui visaient à moderniser l’empire sous l’influence européenne. La Première Guerre mondiale précipite sa dissolution, suite à laquelle Mustafa Kemal Atatürk joue un rôle central en fondant la République de Turquie en 1923. Atatürk introduit des réformes radicales pour transformer la société turque, telles que la sécularisation de l’État, l’abolition du califat, la modernisation du système éducatif, l’adoption de l’alphabet latin et l’émancipation des femmes. Malgré ces avancées, les premières décennies républicaines sont marquées par des tensions politiques et sociales, exacerbées par des débats sur l’identité nationale turque, opposant valeurs traditionnelles et idéaux réformateurs. Aujourd’hui, l’héritage d’Atatürk demeure puissant et continue d’influencer la scène politique et sociale, malgré les défis contemporains qui mettent à l’épreuve cette identité nationale en constante évolution.

De l’Empire ottoman à la République turque

L’Empire ottoman, fondé à la fin du XIIIᵉ siècle, a dominé une vaste région s’étendant de l’Europe du Sud-Est jusqu’à l’Afrique du Nord et au Moyen-Orient, avec Constantinople (Istanbul) comme capitale à partir de 1453. À son apogée sous Soliman le Magnifique (1520-1566), il représente la principale puissance politique, militaire et économique de la Méditerranée orientale et des Balkans. L’empire se distingue par sa diversité religieuse et ethnique ainsi que par un système administratif décentralisé qui assure sa longévité.

Principaux éléments structurants de l’influence ottomane

  • Contrôle des routes commerciales entre l’Europe et l’Asie.
  • Modèle d’administration basé sur les millets (communautés religieuses autonomes).
  • Rayonnement culturel mêlant influences turques, arabes, persanes et européennes.
  • Capitulations accordées aux puissances occidentales pour favoriser le commerce.

Le déclin et la décadence

La décadence commence au XVIIᵉ siècle avec une série de crises internes (politiques, financières), des défaites militaires contre les puissances européennes (notamment lors du siège raté de Vienne en 1683 puis la paix de Karlowitz en 1699) ainsi que la montée des nationalismes dans les Balkans. L’affaiblissement se poursuit tout au long du XIXᵉ siècle sous le poids :

  • Des guerres contre la Russie.
  • De pertes territoriales progressives dans les Balkans.
  • Des mouvements indépendantistes arméniens, arabes ou grecs.

Événements clés menant à la dissolution

DateÉvénement cléImpact principal
1878Congrès de BerlinPerte massive de territoires balkaniques
1908Révolution Jeunes-TurcsConstitutionnalisation limitée
1912–1913Guerres balkaniquesNouvelle perte territoriale
1914–1918Première Guerre mondialeDéfaite totale
octobre 1918Armistice de MoudrosFin officielle des hostilités
août 1920Traité de SèvresDémembrement prévu

Au lendemain du conflit mondial : Le démantèlement est accéléré par les occupations étrangères — dont celle d’Istanbul — alors que se développe une résistance nationale menée par Mustafa Kemal Atatürk.

Rôle d’Atatürk dans la fondation républicaine

  • Organisation d’un mouvement nationaliste depuis Samsun en mai 1919 puis Ankara.
  • Victoire militaire face aux forces grecques lors de la guerre d’indépendance turque (1919–1922).

Dates majeures de la transition

  • Abolition du sultanat : novembre 1922
  • Proclamation officielle : République turque le 29 octobre 1923
  • Abolition du califat : mars 1924

Réformes modernisatrices d’Atatürk

Politiques

  • Instauration d’un régime républicain parlementaire
  • Adoption d’une constitution séculière
  • Suppression des ordres religieux soufis

Sociales

  • Remplacement complet du droit islamique par un code civil inspiré par celui suisse
  • Interdiction vestimentaire pour symboliser rupture avec tradition ottomane (exemple : port obligatoire du chapeau occidental)
  • Introduction massive scolarisation filles/garçons

Économiques

  • Nationalisation partielle banques/infrastructures clés
  • Incitations industrielles ; création grandes entreprises publiques

Effets majeurs sur la société turque

  • Passage brutal à un État-nation centralisé sur base linguistique/culturelle turque
  • Sécularisation profonde institutions étatiques & éducatives
  • Tensions persistantes entre défenseurs tradition islamique & partisans réformes kémalistes

Personnages marquants

  • Mustafa Kemal Atatürk – chef fondateur & premier président
  • İsmet İnönü – bras droit militaire/politique durant guerre indépendance puis successeur présidentiel

La période marque donc une rupture radicale avec plusieurs siècles héritage impérial ottoman pour forger un nouvel État moderne cherchant son identité entre Orient et Occident.

Bon à savoir :

La transition de l’Empire ottoman à la République turque est marquée par la révolution de 1908 et l’entrée dans la Première Guerre mondiale aux côtés des puissances centrales, ce qui conduit à la dissolution de l’Empire après sa défaite en 1918. Mustafa Kemal Atatürk joue un rôle central dans la Guerre d’indépendance turque (1919-1923), menant à la fondation de la République de Turquie le 29 octobre 1923. Atatürk initie une série de réformes radicales pour moderniser le pays : abolition du califat en 1924, adoption du système légal occidental, réforme de l’éducation, et changement de l’alphabet arabe pour le latin en 1928. Ces mesures transforment profondément la société turque, favorisant la laïcité et accélérant l’industrialisation, tandis que la réforme vestimentaire et l’égalité des femmes, avec l’octroi du droit de vote en 1934, modifient les dynamiques sociales et culturelles.

Influences coloniales et dominations historiques

Le territoire de l’actuelle Turquie a connu plusieurs périodes majeures de domination étrangère, chacune ayant laissé des traces profondes dans son développement culturel, économique et politique.

Principales périodes de domination et influences étrangères :

  • Antiquité :
    • Domination hittite, perse, grecque puis romaine sur l’Anatolie.
    • L’Empire romain d’Orient (Byzance) fait de Constantinople une capitale rayonnante.
  • Empire byzantin (IVᵉ–XVᵉ siècle) :
    • Domination chrétienne orthodoxe sur la région.
    • Développement urbain et architectural (églises, palais).
    • Transmission du droit romain et influence durable sur l’administration.
  • Conquête turque seldjoukide puis ottomane (XIᵉ–XVe siècle) :
    • Arrivée progressive des Turcs d’Asie centrale.
    • Chute définitive de Constantinople en 1453 par Mehmed II.
Empire/puissancePériode approximativeInfluence principale
Hittites/perses/grecs/romainsAntiquitéUrbanisme antique, syncrétisme religieux
ByzantinsIVe–XVe s.Orthodoxie, centralisation administrative
SeldjoukidesXIe–XIIIe s.Introduction progressive de l’islam
OttomansXVe–début XXe s.Islamisation profonde, centralisation impériale

L’impact des empires byzantin et ottoman :

Culturel :

  • Héritage byzantin visible dans les monuments comme Sainte-Sophie à Istanbul.
  • Les Ottomans transforment la ville en carrefour multiculturel ; coexistence partielle entre musulmans, chrétiens et juifs.
  • Richesse artistique : calligraphie ottomane, mosquées monumentales.

Économique :

  • Contrôle stratégique des routes commerciales entre Orient et Occident sous les deux empires.
  • Croissance urbaine spectaculaire d’Istanbul sous les Ottomans.

Politique :

  • Centralisation extrême du pouvoir, mais aussi autonomie relative pour certaines communautés religieuses sous le système dit du millet chez les Ottomans.

Rôle des puissances européennes à partir du XVIIIᵉ siècle :

Pressions économiques croissantes via dettes extérieures contractées par la Sublime Porte auprès d’États européens occidentaux.

Interventions militaires directes ou indirectes lors du « Grand Jeu » avec la Russie ou au cours des guerres balkaniques.

Après la Première Guerre mondiale :

  • Occupation alliée temporaire d’Istanbul (1918–1923), démembrement planifié via le traité de Sèvres en 1920.
  • Implication directe dans le déclin final ottoman ainsi que dans le partage projeté du territoire turc après-guerre.

Naissance de la République turque moderne :

Liste synthétique des étapes clés :

  • Guerre d’indépendance menée par Mustafa Kemal Atatürk contre Grecs puis Alliés occidentaux.
  • Signature du traité de Lausanne (1923), fixant définitivement les frontières nationales modernes.
  • Proclamation officielle de la République avec Ankara pour capitale ; adoption rapide d’institutions séculières inspirées par l’Europe occidentale.

Traces contemporaines majeures laissées par ces dominations multiples :

Liste non exhaustive :

  • Patrimoine architectural mêlant églises byzantines transformées en mosquées ottomanes ;
  • Cuisine métissée issue tantôt grecque/balkanique qu’arabo-persane ;
  • Pluralité ethnique persistante malgré politiques homogénéisatrices au XXᵉ siècle ;
  • Institutions républicaines modernes, héritières à la fois du jacobinisme français promu par Atatürk et certains cadres administratifs hérités des Byzantins/Ottomans ;
  • Espace public marqué autant par symboles islamiques qu’occidentaux (laïcité officielle vs pratiques sociales variées) ;
  • Dynamiques géopolitiques où subsiste un rapport ambivalent vis-à-vis tantôt de l’Europe que du monde arabo-musulman — reflet direct d’un passé multiséculaire partagé entre influences orientales comme occidentales.

Les dynamiques sociopolitiques actuelles sont encore traversées par ce double héritage impérial – oscillant entre conservatisme islamo-nationaliste issu notamment du legs ottoman, et aspiration séculière inspirée largement par le modèle européen importé au début XXème siècle.

Bon à savoir :

Le territoire de l’actuelle Turquie a été marqué par de nombreuses dominations étrangères, dont les plus influentes furent celles de l’Empire Byzantin et de l’Empire Ottoman, qui ont considérablement façonné son développement culturel, économique et politique. L’Empire Byzantin, héritier de l’Empire Romain d’Orient, a préservé et transmis nombre de ses valeurs et structures gouvernementales, laissant des monuments emblématiques comme Sainte-Sophie à Istanbul, tandis que l’Empire Ottoman, au sommet de sa puissance, a unifié et diversifié la région, introduisant une administration centralisée et des échanges commerciaux dynamiques dans toute l’Europe et l’Asie. Les puissances européennes, dont la France, l’Angleterre et la Russie, ont aussi joué un rôle crucial, surtout lors du déclin de l’Empire Ottoman, contribuant à sa partition par le Traité de Sèvres en 1920. Ces interventions ont jeté les bases de la République de Turquie, fondée en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk, qui a entrepris une série de réformes modernisatrices radicaux pour occidentaliser le pays, dont l’adoption de l’alphabet latin et la laïcisation de l’État. Aujourd’hui, ces diverses influences se manifestent dans la richesse du patrimoine culturel de la Turquie, son architecture variée et son mélange de traditions ottomanes et républicaines, ainsi que dans les défis sociopolitiques modernes liés à la coexistence de ces héritages contrastés.

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A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Cyril Jarnias est un expert indépendant en gestion de patrimoine internationale avec plus de 20 ans d'expérience. Expatrié, il se consacre à aider les particuliers et les chefs d'entreprise à construire, protéger et transmettre leur patrimoine en toute sérénité.

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