Histoire Et Évolution Du Pays Albanie

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

L’Albanie, ce petit pays des Balkans au riche passé, recèle une histoire captivante qui remonte à l’Antiquité. Pour les expatriés qui s’installent dans ce pays, comprendre son histoire permet de mieux saisir sa culture et son identité. Plongeons ensemble dans l’épopée albanaise, des premiers peuplements jusqu’à l’ère moderne.

Les racines antiques : L’Illyrie, berceau de l’Albanie

L’histoire de l’Albanie plonge ses racines dans un lointain passé. Les premières traces de peuplement remontent au Paléolithique moyen, il y a environ 100 000 ans. Cependant, c’est au Néolithique, entre 6000 et 2600 av. J.-C., que l’on observe une densification significative de la population sur le territoire albanais. Des fouilles archéologiques dans la région de Korçë ont mis au jour pas moins de 12 sites d’habitation datant de cette période.

L’arrivée des Indo-Européens et la naissance des Illyriens

Le tournant majeur dans l’histoire ancienne de l’Albanie survient au début du IIIe millénaire av. J.-C. avec l’arrivée des populations indo-européennes. De leur fusion avec les populations locales naît un nouveau peuple : les Illyriens. Ces derniers s’imposent comme les ancêtres directs des Albanais modernes.

Au IIe millénaire av. J.-C., les Illyriens occupent une vaste zone des Balkans occidentaux, s’étendant de l’Istrie jusqu’à l’Épire. Ils se distinguent par leur maîtrise de la métallurgie du fer et leurs compétences agricoles. Les Illyriens jettent les bases des premières cités-États, protégées par d’impressionnantes forteresses aux murs cyclopéens.

L’émergence du royaume d’Illyrie

C’est au IIIe siècle av. J.-C. que l’Illyrie atteint son apogée politique. Le roi Bardylis (448-358 av. J.-C.) parvient à fédérer plusieurs tribus illyriennes au sein du puissant royaume de Dardanie, avec Shkodra comme capitale. Allié au tyran grec Denys l’Ancien de Syracuse, il étend son influence jusqu’en Épire. Cependant, l’expansion illyrienne se heurte bientôt à la montée en puissance du royaume de Macédoine.

Bon à savoir :

Les Illyriens sont considérés comme les ancêtres directs des Albanais modernes. Leur culture et leur langue ont jeté les bases de l'identité albanaise actuelle.

De l’Empire romain à Byzance : L’Albanie au carrefour des civilisations

L’histoire de l’Albanie prend un nouveau tournant avec l’arrivée des Romains. Au IIe siècle av. J.-C., le territoire albanais est intégré à l’Empire romain. Il devient partie intégrante des provinces de Dalmatie, de Macédoine et de Mésie supérieure.

L’héritage romain

La domination romaine laisse une empreinte durable sur le territoire albanais. Les Romains développent les infrastructures, construisent des routes et fondent de nouvelles villes. C’est à cette époque que le christianisme commence à se répandre en Illyrie. Saint Paul lui-même aurait prêché l’Évangile « de Jérusalem jusqu’en Illyrie », comme il l’écrit dans son épître aux Romains.

L’Albanie byzantine

Avec la partition de l’Empire romain en 395, l’Albanie se retrouve dans la sphère d’influence de l’Empire romain d’Orient, plus tard connu sous le nom d’Empire byzantin. Cette période voit une christianisation massive des populations illyriennes au IVe siècle.

La domination byzantine n’est cependant pas incontestée. Du IXe au XIVe siècle, l’Albanie passe successivement sous le contrôle de différentes puissances : Bulgares, Normands, Angevins, Serbes et Vénitiens. Ces changements fréquents de domination contribuent à forger l’identité particulière du peuple albanais.

Bon à savoir :

C'est durant la période romaine et byzantine que le christianisme s'implante durablement en Albanie, façonnant profondément la culture du pays.

L’émergence de l’Albanie médiévale : Entre principautés et résistance

Le XIVe siècle marque un tournant dans l’histoire albanaise avec l’émergence de plusieurs principautés albanaises. Ces formations politiques s’étendent de Tivar et Prizren jusqu’à Kostur et Vlora. Dans le sud, la région conserve le nom historique d’Épire, qui deviendra souvent synonyme d’Arbëri, l’ancien nom de l’Albanie.

Les principautés albanaises

  • Le despotat de Gjergj Balsha de Shkodër, une puissante famille catholique albanaise qui règne sur l’empire de Zeta
  • Le despotat des Aranit, qui contrôle les territoires de Topia, de Durrës à Ohrid
  • Le despotat d’Arta, qui s’étend jusqu’au golfe de Corinthe
  • La principauté des Zenevisi, basée à Gjirokastër
  • La principauté des Muzaka, qui règne de Berat à Kastoriá en Macédoine

L’apparition du nom « Albanie »

C’est à cette époque que le nom « Albanie » commence à être utilisé pour désigner le pays. Le géographe grec Ptolémée mentionne au IIe siècle une tribu des Albanoi dont la capitale serait Albanopolis. Ce nom deviendra progressivement celui de l’ensemble du territoire.

Bon à savoir :

L'ancien nom de l'Albanie était "Arbëri" ou "Arbani". Le nom actuel "Shqipëri" n'apparaît qu'à la fin du XVIIe siècle, mettant l'accent sur le lien entre la nation et la langue albanaise, appelée "shqip".

L’ère de Skanderbeg : Le héros national et la résistance contre les Ottomans

Le XVe siècle voit l’émergence de la figure la plus emblématique de l’histoire albanaise : Gjergj Kastrioti, plus connu sous le nom de Skanderbeg. Né vers 1405, ce fils d’un seigneur albanais devient le symbole de la résistance contre l’expansion ottomane dans les Balkans.

La ligue de Lezhë et la résistance albanaise

En 1443, Skanderbeg unifie les principautés albanaises au sein de la Ligue de Lezhë. Pendant 25 ans, il mène une résistance acharnée contre les armées ottomanes, infligeant de nombreuses défaites aux sultans Mourad II et Mehmet II. Ses exploits lui valent le surnom de « Champion du Christ » de la part des papes Nicolas V et Pie II.

L’héritage de Skanderbeg

Bien que Skanderbeg ne parvienne pas à empêcher définitivement la conquête ottomane, sa résistance héroïque marque profondément l’identité nationale albanaise. Il devient un symbole de l’unité et de l’indépendance du pays, célébré jusqu’à nos jours comme le héros national par excellence.

Bon à savoir :

Skanderbeg est considéré comme le père de la nation albanaise. Son histoire est enseignée dans toutes les écoles du pays et sa statue orne la place centrale de Tirana.

L’Albanie ottomane : Cinq siècles sous le croissant

Après la mort de Skanderbeg en 1468, l’Albanie tombe progressivement sous la domination de l’Empire ottoman. Cette période, qui durera près de cinq siècles, marque profondément l’histoire et la culture du pays.

L’islamisation partielle de l’Albanie

Sous la domination ottomane, une partie importante de la population albanaise se convertit à l’islam. Cependant, cette conversion n’est pas totale : de nombreux Albanais conservent leur foi chrétienne, qu’elle soit catholique ou orthodoxe. Cette diversité religieuse demeure une caractéristique de l’Albanie moderne.

L’Albanie dans l’Empire ottoman

Malgré la domination ottomane, les Albanais conservent une certaine autonomie, notamment dans les régions montagneuses. Les autorités turques peinent à imposer leur autorité dans ces zones reculées, où les traditions et le droit coutumier albanais continuent de prévaloir.

Au XVIIIe siècle, l’affaiblissement du pouvoir central ottoman permet l’émergence de puissants seigneurs locaux, comme Ali Pacha de Janina, qui règne sur le sud de l’Albanie et le nord de la Grèce de 1788 à 1822.

Bon à savoir :

La période ottomane a laissé une empreinte durable sur la culture albanaise, visible notamment dans la cuisine, l'architecture et certaines traditions.

Le réveil national et l’indépendance : L’Albanie moderne émerge

Le XIXe siècle voit l’émergence d’un mouvement national albanais, la Rilindja Kombëtare (Renaissance nationale). Ce mouvement culturel et politique vise à affirmer l’identité albanaise et à obtenir l’indépendance vis-à-vis de l’Empire ottoman.

La Ligue de Prizren et les premières revendications nationales

En 1878, la Ligue de Prizren est fondée pour défendre les intérêts albanais face aux ambitions territoriales des pays voisins. Bien que réprimée par les Ottomans en 1881, elle marque le début d’une prise de conscience nationale.

La proclamation de l’indépendance

Le 28 novembre 1912, profitant de l’affaiblissement de l’Empire ottoman durant la Première Guerre balkanique, l’Albanie proclame son indépendance. Ismail Qemali hisse le drapeau national à Vlora, marquant la naissance de l’État albanais moderne.

Cependant, les frontières du nouvel État sont contestées par ses voisins. La Conférence des Ambassadeurs de Londres en 1913 reconnaît l’indépendance de l’Albanie, mais lui attribue des frontières qui laissent de nombreuses populations albanophones en dehors du pays.

Bon à savoir :

Le 28 novembre, jour de la proclamation de l'indépendance, est célébré comme la fête nationale albanaise.

L’Albanie au XXe siècle : Entre monarchie, occupation et dictature communiste

Le XXe siècle est une période tumultueuse pour l’Albanie, marquée par des changements de régime, des occupations étrangères et une longue période d’isolement sous la dictature communiste.

La principauté et le royaume d’Albanie

En 1914, le prince allemand Guillaume de Wied est choisi pour diriger la principauté d’Albanie. Son règne est cependant de courte durée, interrompu par le déclenchement de la Première Guerre mondiale.

En 1925, Ahmed Zogu prend le pouvoir. Il se proclame roi en 1928 sous le nom de Zog Ier. Son règne est marqué par des efforts de modernisation, mais aussi par une dépendance croissante vis-à-vis de l’Italie fasciste.

L’occupation italienne et allemande

Le 7 avril 1939, l’Italie de Mussolini envahit l’Albanie. Le roi Zog est contraint à l’exil. L’Albanie devient un protectorat italien jusqu’en 1943, date à laquelle elle passe sous occupation allemande.

L’ère communiste d’Enver Hoxha

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les communistes prennent le pouvoir en Albanie. Sous la direction d’Enver Hoxha, le pays connaît une dictature particulièrement dure et isolationniste. L’Albanie rompt successivement avec la Yougoslavie, l’URSS et la Chine, s’enfermant dans un isolement quasi-total.

Cette période voit néanmoins des progrès en matière d’alphabétisation et d’industrialisation, mais au prix de graves violations des droits de l’homme et d’une pauvreté généralisée.

Bon à savoir :

Sous le régime communiste, l'Albanie était considérée comme le pays le plus fermé d'Europe, surnommé "la Corée du Nord européenne".

L’Albanie contemporaine : Le défi de la transition démocratique

La chute du régime communiste en 1991 marque le début d’une nouvelle ère pour l’Albanie. Le pays s’engage dans un processus de transition vers la démocratie et l’économie de marché, non sans difficultés.

Les défis de la transition

Les premières années de la transition sont marquées par une instabilité politique et économique. La crise des pyramides financières en 1997 plonge le pays dans le chaos, nécessitant une intervention internationale.

L’Albanie sur la voie de l’intégration européenne

Progressivement, l’Albanie stabilise sa situation politique et économique. Le pays adhère à l’OTAN en 2009 et obtient le statut de candidat à l’Union européenne en 2014. Des réformes importantes sont engagées, notamment dans les domaines de la justice et de la lutte contre la corruption.

Aujourd’hui, l’Albanie poursuit ses efforts pour se rapprocher des standards européens, tout en valorisant son riche patrimoine historique et culturel. Le pays s’ouvre de plus en plus au tourisme, attirant de nombreux visiteurs séduits par ses paysages, ses plages et son hospitalité légendaire.

Bon à savoir :

L'Albanie est aujourd'hui considérée comme l'un des pays les plus sûrs des Balkans et connaît un développement touristique important.

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A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Cyril Jarnias est un expert indépendant en gestion de patrimoine internationale avec plus de 20 ans d'expérience. Expatrié, il se consacre à aider les particuliers et les chefs d'entreprise à construire, protéger et transmettre leur patrimoine en toute sérénité.

Sur son site cyriljarnias.com, il développe son expertise sur l’immobilier international, la création de société à l’étranger et l’expatriation.

Grâce à son expertise, il offre des conseils avisés pour optimiser la gestion patrimoniale de ses clients. Cyril Jarnias est également reconnu pour ses interventions dans de nombreux médias prestigieux tels que BFM Business, les Français de l’étranger, Le Figaro, Les Echos ou encore Mieux vivre votre argent, où il partage ses connaissances et son savoir-faire en matière de gestion de patrimoine.

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