Différences culturelles à connaître avant d’expatrier en Roumanie

Publié le 15 septembre 2025 et rédigé par Cyril Jarnias

S’expatrier en Roumanie, c’est plonger dans un pays où les traditions ancestrales se mêlent harmonieusement à la modernité européenne. Toutefois, avant de faire ses valises, il est essentiel de comprendre certaines nuances culturelles clés qui peuvent faire toute la différence dans votre expérience quotidienne.

De l’importance des salutations formelles aux coutumes locales autour de la table, chaque interaction devient une opportunité d’apprentissage. Connaître ces subtilités vous aidera non seulement à vous intégrer plus facilement mais aussi à apprécier la richesse d’une culture parfois méconnue qui recèle de précieux trésors sociétaux.

Comprendre les traditions roumaines

La culture roumaine s’ancre dans un riche héritage de traditions et de coutumes, omniprésentes dans la vie quotidienne, les fêtes, les rituels familiaux et les manifestations artistiques.

Fête/Tradition	Date/Fréquence	Signification/Rituel principal	Région d’influence
Journée Nationale	1er décembre	Commémoration de l’unification de la Roumanie (1918), défilés, concerts	National
Mărțișor	1er mars	Offrande d’amulettes rouges et blanches pour la santé et le renouveau	Moldavie, Valachie, national
Dragobete	24 février	Fête de l’amour, rituels de fertilité, danses et chants	Valachie, sud Transylvanie
Sânziene	24 juin	Solstice d’été, couronnes de fleurs, danses nocturnes, prédictions	Rural, partout
Noël (Crăciun)	24-25 décembre	Chants « colinde », repas festif, plats traditionnels	National
Pâques (Paște)	Variable (avril/mai)	Messe orthodoxe, œufs peints, partage du gâteau « cozonac »	National
Doina	Fin d’été/début d’automne	Fête des moissons, chants mélancoliques, gratitude à la terre	Moldavie, Transylvanie

Pratiques religieuses et fêtes orthodoxes

• Les grandes fêtes orthodoxes comme Pâques rythment l’année. La messe de minuit, la bénédiction des mets, le partage des œufs peints et du cozonac symbolisent la renaissance et la solidarité familiale.
• Les traditions de Noël incluent la visite de maison en maison pour chanter des « colinde », renforçant les liens communautaires.

Coutumes familiales, mariages et rites de passage

• La famille occupe une place centrale. Les repas dominicaux réunissent plusieurs générations et les enfants participent dès le plus jeune âge aux rituels et fêtes.
• Les mariages se distinguent par des cérémonies fastueuses, danses (hora), chants, costumes traditionnels, et coutumes comme l’enlèvement symbolique de la mariée.
• Les rites de passage à l’âge adulte, bien que plus discrets aujourd’hui, subsistent dans les villages, avec des rituels de bénédiction et de transmission des valeurs.

Arts populaires : musique, danse et festivals

• La musique folklorique et la danse traditionnelle (notamment la hora et le călușari) sont au cœur des festivités. Les festivals comme celui de Sibiu ou du Maramureș célèbrent ces arts à travers spectacles, ateliers et marchés artisanaux.
• Les costumes brodés, le tissage et la sculpture sur bois sont transmis de génération en génération, chaque motif ou objet racontant une histoire propre à sa région.

Hospitalité roumaine

L’hospitalité est un trait distinctif : il est courant d’inviter spontanément les visiteurs à partager un repas ou un café, même lors d’une simple visite. Dans les villages, offrir du pain et du sel symbolise l’accueil et la bienveillance.

Anecdote contemporaine : Lors des fêtes, il n’est pas rare de voir des voisins déposer des plats traditionnels chez les personnes âgées ou isolées, perpétuant l’entraide et la convivialité.

Différences régionales

Région	Traditions et particularités
Transylvanie	Influence saxonne, costumes brodés aux motifs géométriques, danses lentes et cérémonies de mariage élaborées
Moldavie	Rituels liés à la fertilité, chants doina, importance du tissage et de la broderie, célébration marquée du Mărțișor
Maramureș	Sculptures sur bois, églises en bois classées UNESCO, fêtes de village très animées, transmission vivace des rites anciens
Dobroudja	Influence grecque et turque dans la cuisine et les fêtes, diversité ethnique célébrée lors des festivals locaux

À travers ces traditions, la Roumanie affirme son identité, oscillant entre respect du passé et adaptation à la modernité, chaque région apportant sa couleur particulière à ce patchwork culturel.

Les normes sociales à maîtriser

Conventions de salutation en Roumanie

• La poignée de main ferme, accompagnée d’un contact visuel direct, est la forme la plus courante et considérée comme un signe de respect, surtout lors des premières rencontres professionnelles ou sociales.
• Les bises sur les joues sont réservées aux relations personnelles ou familiales proches ; elles ne s’appliquent généralement pas dans le contexte professionnel.
• Il est important d’attendre que l’aîné ou la personne occupant une position hiérarchique supérieure initie le geste (salutation, poignée de main).

Règles de politesse lors des repas

• Il est apprécié d’arriver avec un petit cadeau pour l’hôte : fleurs (en nombre impair), chocolat, vin ou spécialités locales.
• Lors du toast (« noroc »), il convient de lever son verre en regardant brièvement les convives dans les yeux.
• On attend généralement que l’hôte commence à manger avant de se servir.

Situation	Attitude recommandée
Arrivée chez quelqu’un	Offrir un cadeau à l’hôte
Toast	Dire « noroc », regarder les invités
Repas	Attendre que l’hôte commence

Ponctualité

Dans le cadre professionnel, la ponctualité est essentielle et arrivez quelques minutes à l’avance.

Pour les événements sociaux informels (repas entre amis), une légère flexibilité existe mais il reste préférable d’éviter tout retard significatif.

Contact visuel et gestes

Un contact visuel franc indique la sincérité et le respect ; éviter le regard peut être perçu comme un manque d’assurance.

Les gestes excessifs peuvent être considérés comme déplacés : gardez vos mains visibles mais discrètes sur la table ou posées sur vos genoux lors des réunions.

Posture corporelle

Adopter une posture droite montre votre engagement ; s’affaler peut être interprété négativement.

Valeurs culturelles fondamentales

• La famille occupe une place centrale, souvent élargie aux grands parents, oncles et cousins. Les décisions importantes se prennent en concertation familiale.
• Le respect envers les aînés se manifeste par des formules honorifiques (« domnul » pour monsieur / « doamna » pour madame) et par leur consultation avant toute prise de décision majeure.
• La hiérarchie sociale reste marquée au travail : on respecte scrupuleusement les titres et grades professionnels.

Valeur	Manifestation concrète
Famille	Consultation collective, soutien mutuel
Hiérarchie	Respect du titre/grade au travail
Aînés	Prise en compte prioritaire

Hospitalité & modestie

L’accueil chaleureux fait partie intégrante du mode de vie roumain : il n’est pas rare qu’on propose spontanément café/thé même lors d’une visite imprévue.

La modestie s’exprime par la retenue dans ses propos concernant ses succès personnels ; éviter toute attitude ostentatoire qui pourrait gêner votre interlocuteur.

• Toujours remercier après avoir reçu quelque chose (« mulțumesc »).
• Éviter d’aborder directement des sujets sensibles tels que politique ou religion sans y avoir été invité par votre interlocuteur roumain.

Astuces pour éviter les faux pas culturels

Salutations appropriées

• La poignée de main ferme est la norme lors des rencontres formelles ou professionnelles. Elle s’accompagne souvent d’un contact visuel direct.
• Entre amis proches ou membres de la famille, un léger baiser sur la joue (généralement une fois de chaque côté) peut être échangé, surtout entre femmes ou entre une femme et un homme.
• Les formules de politesse varient selon le moment de la journée :
  • Bună dimineața (bonjour, le matin)
  • Bună ziua (bonjour, la journée)
  • Bună seara (bonsoir)
  • Noapte bună (bonne nuit)
• Pour montrer le respect, on ajoute souvent Domnule (Monsieur) ou Doamnă (Madame) après la salutation.
• Anecdote : Lors d’une première rencontre professionnelle, une poignée de main trop molle peut être perçue comme un manque de confiance ou de respect.

Règles de savoir-vivre lors des repas

• Il est d’usage d’apporter un petit cadeau lors d’une invitation chez des amis, comme des fleurs (toujours en nombre impair) ou une bonne bouteille de vin.
• Attendre que l’hôte commence le repas ou fasse un toast avant de toucher à la nourriture.
• Les toasts (« Noroc ! » pour « Santé ! ») sont fréquents, et il est poli de regarder les autres convives dans les yeux en trinquant.
• Exemple concret : Arriver chez des amis sans petite attention peut être mal perçu, tandis qu’une simple boîte de chocolats est toujours appréciée.

Gestes à éviter

• Ne jamais pointer quelqu’un du doigt, ce geste est considéré comme impoli.
• Éviter de croiser les bras ou de mettre les mains dans les poches lors d’une conversation formelle.
• Certains gestes des mains, comme montrer la paume vers l’avant (similaire au « stop »), peuvent être perçus comme offensants.
• Anecdote : Un touriste ayant utilisé le geste de « stop » pour refuser une proposition a été mal compris et a mis son interlocuteur mal à l’aise.

Ponctualité et rendez-vous

• La ponctualité est appréciée dans les contextes professionnels. Arriver en retard sans prévenir peut être considéré comme un manque de respect.
• Dans un cadre amical, un léger retard (jusqu’à 15 minutes) est généralement toléré, mais il reste conseillé de prévenir en cas de retard.
• Exemple : Lors d’un entretien d’embauche, être à l’heure est un signe de sérieux.

Respect des traditions locales et participation aux festivités

• Prendre part aux fêtes traditionnelles, comme le Mărțișor (1er mars, où l’on offre un petit talisman pour célébrer le printemps), est un signe d’intégration et de respect envers la culture.
• Lors de fêtes religieuses ou familiales (Noël, Pâques, mariages), il est apprécié de se conformer aux coutumes locales, comme partager des plats traditionnels.
• Exemple : Porter un mărțișor ou en offrir à ses collègues le 1er mars crée une atmosphère conviviale et renforce les liens.

Sujets de conversation à aborder prudemment

• Aborder la politique, l’histoire récente (période communiste) ou certains stéréotypes nationaux peut être délicat.
• Il est préférable d’attendre que le sujet soit amené par un interlocuteur local avant de donner son opinion.
• Les discussions sur la famille, la gastronomie, la culture ou le sport sont généralement bienvenues.
• Anecdote : Un expatrié ayant évoqué la politique locale lors d’un dîner a constaté un malaise soudain parmi les convives.

Hiérarchie et relations professionnelles

• Le respect de la hiérarchie est important : utiliser les titres (Monsieur, Madame, Docteur) jusqu’à ce qu’on vous invite à passer au tutoiement ou au prénom.
• Prendre l’initiative de tutoyer un supérieur peut être perçu comme un manque de respect.
• Lors des réunions, laisser la parole en priorité aux personnes les plus âgées ou occupant un rang plus élevé.
• Exemple concret : Dans une entreprise roumaine, un jeune cadre qui a directement interpellé un directeur par son prénom a été recadré pour manque de formalité.

Situation	À faire	À éviter
Rencontre formelle	Poignée de main ferme, regard dans les yeux	Baiser sur la joue (hors contexte proche)
Invitation chez des amis	Apporter fleurs ou vin, complimenter le repas	Venir les mains vides
Toasts et repas	Attendre le toast, trinquer en regardant les yeux	Commencer à manger sans l’hôte
Communication gestuelle	Gestes ouverts et modérés	Pointer du doigt, gestes brusques
Ponctualité	Être à l’heure en affaires	Retard sans prévenir
Conversation	Parler culture, sport, gastronomie	Politique, stéréotypes historiques
Relations professionnelles	Utiliser titres, respecter la hiérarchie	Tutoyer ou utiliser le prénom sans accord

En résumé : Un mélange de courtoisie, de petites attentions, de respect des traditions et de prudence dans la communication permet d’éviter la plupart des malentendus culturels en Roumanie.