Le marché du travail en Autriche : un terrain d’opportunités pour les expatriés

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

S’insérer sur le marché du travail en Autriche, c’est mettre un pied dans l’une des économies les plus stables et les plus qualifiées d’Europe, mais aussi dans un environnement très structuré, exigeant et fortement régulé par des conventions collectives. Pour un expatrié, les opportunités sont réelles, parfois même supérieures à celles offertes par de grands pays voisins, à condition d’en maîtriser les codes : langue, secteurs porteurs, systèmes de rémunération, règles de séjour et de travail.

Bon à savoir :

Cet article détaille les aspects essentiels pour un candidat étranger : les niveaux de salaires, les secteurs en tension, l’importance de la langue allemande, le coût de la vie, les dispositifs de visas spécifiques et les aides disponibles sur place. Il fournit une analyse complète et chiffrée du marché du travail autrichien.

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Un marché dynamique, sous tension mais encore très porteur

Le marché du travail autrichien se distingue par un paradoxe apparent : un chômage globalement faible au regard de la moyenne européenne, mais des entreprises qui peinent à recruter dans de nombreux métiers. Plus de 4,7 millions de personnes participent au marché du travail et le taux d’emploi avoisine 74 %, un niveau supérieur de près de quatre points à la moyenne de l’UE.

49000

Le PIB par habitant de l’Autriche dépasse 49 000 euros, soit près de 40 % au-dessus de la moyenne européenne.

Ce dynamisme se traduit par un taux de postes vacants nettement supérieur à la moyenne européenne dans l’industrie, la construction et les services. En 2023, le taux de vacance atteignait 4,7 %, quand l’UE tournait autour de 2,8 %. Dans certains secteurs comme la construction, l’hôtellerie-restauration ou les services administratifs, les entreprises ont parfois du mal à pourvoir leurs besoins de main-d’œuvre, y compris peu qualifiée.

730000

Plus de 730 000 entreprises en Autriche, dont 99,8 % sont des micro-sociétés et des PME.

Pour les expatriés, l’autre donnée structurante est la place des étrangers dans la population active. Plus d’un travailleur sur cinq est de nationalité étrangère et, à Vienne, près d’un tiers des actifs n’ont pas la nationalité autrichienne. Au total, près de 20 % des habitants sont étrangers et plus d’un quart de la population a des origines étrangères. Le pays a donc l’habitude de recruter au‑delà de ses frontières, même si les exigences – notamment linguistiques – restent élevées.

Salaires, 14e mois et niveau de vie : quel pouvoir d’achat pour un expatrié ?

L’Autriche est régulièrement présentée comme offrant des salaires supérieurs à ceux de la France, avec un coût de la vie un peu plus élevé mais compensé par un pouvoir d’achat net plus confortable. Plusieurs jeux de données convergent : le salaire brut annuel moyen avoisine 52 000 euros (environ 4 333 euros par mois), alors que la moyenne française tourne plutôt autour de 38 000 euros. En net, un salarié autrichien gagne généralement entre 3 000 et 3 200 euros par mois, contre environ 2 500 euros en France.

Pour une vision plus fine, les données récentes montrent une progression rapide des rémunérations. Le salaire brut mensuel moyen est passé d’un peu plus de 4 000 euros en 2019 à près de 4 800 euros en 2023, tandis que le net moyen est passé d’environ 2 700 à plus de 3 200 euros. Sur la même période, les autres pays de l’UE ont aussi vu leurs salaires augmenter, mais l’Autriche conserve une avance significative.

Le système des 14 salaires et les déductions

L’un des éléments qui surprend le plus les nouveaux arrivants est le système des 14 paiements annuels. Dans la plupart des secteurs, les conventions collectives prévoient deux « mois supplémentaires » :

un 13e salaire versé en novembre (prime de Noël)

un 14e salaire versé en juin (prime de vacances)

Bon à savoir :

En plus du salaire annuel, deux mensualités supplémentaires (« Monatsgehälter ») bénéficient d’un taux d’imposition réduit. Le montant net perçu dépasse souvent celui d’un mois standard, améliorant significativement le pouvoir d’achat sur l’année, bien que cela rende les comparaisons internationales avec les systèmes à 12 mois moins directes.

Les déductions – impôts et cotisations sociales – restent néanmoins significatives. Selon le niveau de revenu et la situation familiale, la différence entre brut et net se situe souvent entre 40 % et 45 %. Le barème de l’impôt sur le revenu est progressif, avec un taux maximal qui peut monter jusqu’à 55 % pour les très hauts revenus (au‑delà d’un million d’euros annuels). En pratique, la plupart des salariés de classe moyenne se situent sur des tranches intermédiaires, entre 20 % et 48 %.

Pas de SMIC national mais des minima sectoriels élevés

L’Autriche se distingue aussi par l’absence de salaire minimum légal unique. Les rémunérations minimales sont fixées par branche, dans le cadre de conventions collectives (Kollektivverträge) qui couvrent environ 98 % des salariés. Dans la quasi-totalité des secteurs, des planchers salariaux ont été négociés, souvent révisés chaque année.

Astuce :

Pour un emploi à temps plein, le salaire minimum conventionnel se situe généralement entre 1 700 et 2 000 euros bruts mensuels. Dans la plupart des branches professionnelles, le minimum pour la catégorie la plus basse est proche de 1 500 euros. Il est essentiel de consulter sa convention collective, car chaque branche définit sa propre grille salariale en fonction du métier, du niveau de formation et de l’ancienneté du salarié.

Pour un expatrié, comprendre sous quelle convention son poste est classé et à quel niveau de la grille il est rattaché est essentiel pour évaluer si l’offre est correcte. Les annonces doivent indiquer le salaire minimum prévu par la convention ; ce montant est négociable en fonction de l’expérience et des compétences, et les entreprises le mentionnent parfois comme une base susceptible d’être dépassée.

Pouvoir d’achat et coût de la vie

Si l’on tient compte des prix, l’Autriche apparaît légèrement plus chère que la France, mais les salaires plus élevés compensent cette différence. Sur l’ensemble du pays, le coût de la vie est environ 4 à 5 % au‑dessus du niveau français, mais le salaire net moyen est environ 3 % plus élevé, et le salaire brut 20 à 25 % supérieur. Les comparaisons détaillées montrent que, une fois les dépenses courantes payées, le pouvoir d’achat net est souvent supérieur de 10 à 15 % à celui d’un salarié français de profil comparable.

Attention :

Vienne est environ 9 % plus chère que la moyenne nationale autrichienne et 20 % plus chère que la moyenne française. Cependant, les salaires y sont également plus élevés que dans les autres Länder. Des estimations de budgets mensuels peuvent fournir un ordre de grandeur utile.

ProfilBudget mensuel total estimé (Vienne)Budget hors logementObservations
Célibataire1 900 à 2 200 €± 1 000 à 1 100 €Studio ou 1 pièce en périphérie
Couple2 800 à 3 500 €± 1 500 à 1 800 €2 pièces ou petit 3 pièces
Famille (2 enfants)3 800 à 5 200 €± 3 700 €3 pièces, quartier bien desservi

Ces montants incluent le loyer, les charges, la nourriture, les transports, les communications et les loisirs. Dans les villes moyennes comme Graz, Linz ou Klagenfurt, le coût de la vie peut être 10 à 15 % plus bas, ce qui allège d’autant le budget logement.

Côté logement, les données moyennes illustrent bien l’écart entre centre et périphérie :

Type de logementVienne centreVienne périphérieMoyenne Autriche centreMoyenne Autriche périphérie
1 pièce~1 050 – 1 100 €~750 – 800 €~866 €~707 €
3 pièces~2 000 – 2 050 €~1 350 – 1 400 €~1 600 €~1 260 €

À cela s’ajoutent des charges (chauffage, eau, électricité, ordures) de l’ordre de 200 à 280 euros par mois pour un appartement moyen, et un dépôt de garantie équivalant à deux ou trois mois de loyer. La colocation (Wohngemeinschaft ou WG) est très répandue, notamment à Vienne, et permet de réduire nettement la facture.

Une protection sociale dense et des conditions de travail régulées

Pour un expatrié, l’un des atouts majeurs de l’Autriche est la solidité de son système social. L’accès à une assurance santé publique de bonne qualité, des retraites relativement généreuses et des congés payés abondants contribuent à la réputation de « haute qualité de vie » du pays.

Le système de sécurité sociale repose sur des cotisations obligatoires prélevées à la source, partagées entre l’employeur et le salarié. Au total, les contributions sociales tournent autour de 39 % du salaire brut, dont un peu plus de 18 % à la charge du salarié et environ 21 % pour l’employeur. Ces contributions couvrent la santé, les accidents du travail, l’assurance vieillesse et le chômage.

Temps de travail, congés et télétravail

La semaine de travail standard est de 40 heures, mais certains accords collectifs ramènent cette durée à 38,5 heures. La législation sur le temps de travail fixe un plafond quotidien de huit heures, avec des possibilités d’extension jusqu’à 12 heures dans certains régimes d’horaires flexibles. Les heures supplémentaires doivent être rémunérées avec majoration ou compensées en temps.

Bon à savoir :

Les salariés bénéficient d’au moins cinq semaines de congés payés par an, portées à six semaines après 25 ans de service. S’ajoutent les jours fériés et parfois des conventions sectorielles plus avantageuses. La culture professionnelle privilégie l’équilibre vie privée/vie professionnelle, bien que certains secteurs comme le consulting, la finance ou l’hôtellerie puissent avoir des horaires plus exigeants.

Le télétravail gagne du terrain : la part de travailleurs exerçant « habituellement » depuis chez eux est passée d’environ 10 % à presque 11 % en quelques années, et ceux qui télétravaillent « parfois » représentent désormais près de 17 % des actifs. Ce mouvement est particulièrement visible dans l’IT, les services, l’ingénierie et les fonctions support.

Assurance maladie et système de soins

L’inscription dans le système de santé public est automatique dès lors que l’on travaille et que l’employeur fournit la déclaration nécessaire. Le coût de l’assurance est intégré aux cotisations sociales, sans que le salarié ait à gérer des démarches complexes. Une consultation chez un généraliste conventionné est généralement prise en charge à 100 % ou remboursée intégralement, ce qui fait de la santé un poste de dépenses relativement prévisible.

Bon à savoir :

Les consultations chez les médecins privés et les soins dentaires avancés peuvent être coûteux et ne sont que partiellement remboursés. Il est donc conseillé aux expatriés, notamment ceux ayant des besoins spécifiques ou une famille à charge, d’envisager de souscrire une assurance santé complémentaire privée.

Un environnement très favorable… à condition de parler allemand

L’obstacle le plus sous-estimé par beaucoup de candidats étrangers reste la langue. L’allemand est la langue de travail quasi exclusive dans la majorité des entreprises et administrations, même si des poches d’anglophonie existent, notamment dans l’IT, les start-up internationales ou les organisations supranationales basées à Vienne.

B2/C1

Niveau de français minimum exigé pour les professions réglementées comme la santé, l’enseignement ou le droit, avec une certification souvent obligatoire.

La combinaison idéale pour un expatrié reste le trio allemand–anglais–français, très apprécié dans les entreprises internationales, les sièges de groupes, les fonctions commerciales tournées vers l’Europe francophone ou les services clients trilingues. De nombreuses grandes entreprises proposent des cours de langues internes, mais il serait illusoire de compter uniquement sur cela pour atteindre un niveau professionnel : investir en amont dans l’apprentissage de l’allemand est quasiment indispensable.

Pour les candidats qui souhaitent faire reconnaître officiellement leurs compétences linguistiques, le diplôme de langue autrichien (Österreichisches Sprachdiplom Deutsch) constitue une référence, tout comme les certificats Goethe ou TestDaF.

Secteurs en tension : où les expatriés ont vraiment leur carte à jouer

Même si l’Autriche affiche globalement un marché de l’emploi tendu, toutes les professions ne se valent pas pour un expatrié. Certaines sont nettement excédentaires (par exemple certains profils culturels ou juridiques), tandis que d’autres peinent à recruter, parfois massivement. Les autorités publient régulièrement des listes de métiers en pénurie, qui ouvrent d’ailleurs droit à des facilités de visa pour les ressortissants hors UE.

Santé, soins et social : un besoin massif de personnel

Le secteur de la santé et des soins est probablement le plus structurellement en tension. Les projections officielles estiment qu’il faudra recruter environ 76 000 personnes supplémentaires dans le secteur du care entre 2017 et 2030, avec une hausse de la demande de soins infirmiers de près de 80 % d’ici 2030, et potentiellement plus de 300 % à l’horizon 2050. Cela se traduit déjà par un besoin annuel de plusieurs milliers de nouveaux professionnels (infirmiers, aides-soignants, personnels d’accompagnement).

Près de 20 % des infirmiers en activité ont été formés à l’étranger, une proportion nettement supérieure à la moyenne de l’UE. Les médecins étrangers restent plus rares (moins de 5 % du total), mais leur part augmente. Les pays fournisseurs principaux de professionnels de santé sont l’Allemagne, la Hongrie, la Roumanie ou encore les Balkans, mais l’Autriche regarde de plus en plus loin pour combler ses besoins.

Bon à savoir :

Pour exercer en Allemagne, les infirmiers et médecins expatriés doivent obligatoirement faire reconnaître leur diplôme (procédures de Nostrifizierung ou d’équivalence) et justifier d’un niveau d’allemand élevé (souvent B2 minimum, parfois C1). Ces démarches, qui peuvent prendre plusieurs mois et coûter entre 1 000 et 3 000 €, sont un investissement ouvrant sur des perspectives de carrière attractives et des salaires dépassant largement la moyenne nationale, notamment pour les spécialistes ou médecins cadres.

IT, ingénierie et métiers techniques : des salaires élevés, des profils rares

L’informatique, l’ingénierie et les métiers techniques figurent en tête des listes de métiers en pénurie. Développeurs, spécialistes cybersécurité, data scientists, ingénieurs logiciels, experts en automatisation industrielle, techniciens électriciens, mécaniciens, conducteurs de trains, techniciens en énergie : la palette est large.

Les rémunérations y sont particulièrement attractives. Un ingénieur logiciel peut dépasser 75 000 à 80 000 euros de salaire annuel brut, certains profils seniors montant bien au‑delà. Dans l’IT, des postes de développeurs « rares » (Go, Java haut niveau, spécialistes mobile iOS, etc.) peuvent atteindre des salaires bruts mensuels supérieurs à 5 000 ou 6 000 euros. Des postes de management dans l’IT ou l’ingénierie peuvent culminer largement au‑dessus des 100 000 euros annuels, surtout dans les grandes entreprises ou les filiales de groupes internationaux.

Bon à savoir :

Dans l’industrie, les secteurs de la construction métallique, de l’électricité, de la maintenance et de la mécanique de précision recrutent activement. Les besoins concernent tous les niveaux : ingénieurs, techniciens confirmés et ouvriers hautement qualifiés (soudeurs, menuisiers, charpentiers, plombiers, électriciens). La maîtrise de l’allemand technique et la reconnaissance des diplômes (apprentissage, CAP, BTS) par les employeurs sont des atouts cruciaux. La demande étant forte, les candidats expérimentés trouvent généralement un emploi assez rapidement.

Hôtellerie, restauration, tourisme : de nombreuses places, surtout en saison

Le tourisme représente un pilier de l’économie autrichienne, avec plus de cent millions de nuitées étrangères par an et des stations de montagne très fréquentées en hiver comme en été. L’hôtellerie-restauration (HORECA) souffre de pénuries chroniques : cuisiniers, serveurs, chefs de rang, barmen, personnel de ménage, réceptionnistes, portiers.

Les offres se multiplient tout particulièrement dans les régions touristiques (Tyrol, Salzbourg, Vorarlberg, Carinthie) et dans la capitale. Ceux qui ne maîtrisent pas encore bien l’allemand peuvent parfois trouver des postes dans des environnements très touristiques où l’anglais joue un rôle important, mais les opportunités les plus intéressantes restent réservées à ceux qui parlent déjà la langue du pays.

Exemple :

Dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, les salaires de base sont souvent proches des minima conventionnels. Cependant, la rémunération globale peut être significativement améliorée par des éléments comme les heures supplémentaires, les pourboires et, dans certains cas, un hébergement fourni par l’employeur. De plus, l’activité connaît des variations saisonnières marquées, avec des périodes de haute saison très actives alternant avec des phases plus calmes. Cette cyclicité peut convenir à des travailleurs itinérants ou recherchant spécifiquement des emplois saisonniers.

Logistique, transport, commerce, agroalimentaire : des besoins stables et variés

Grâce à sa position centrale en Europe, l’Autriche est un hub logistique pour les échanges entre l’Europe occidentale et centrale. Transport routier, entreposage, logistique urbaine, ferroviaire : ces secteurs recherchent régulièrement des conducteurs, agents de quai, préparateurs de commandes, opérateurs de tri, agents administratifs.

Le commerce de gros et de détail constitue le premier pourvoyeur d’emplois du pays. Les chaînes de distribution, la grande consommation, la vente spécialisée recrutent vendeurs, chefs de rayon, responsables de magasin, commerciaux itinérants. Les profils francophones peuvent tirer leur épingle du jeu dans certaines entreprises tournées vers les marchés français, suisses ou belges, mais le cœur du travail se fait presque toujours en allemand.

L’agroalimentaire, en particulier le bio et les circuits de qualité, est un autre domaine qui progresse. Des postes d’ingénieurs agronomes, de spécialistes qualité, de techniciens de production y sont régulièrement proposés, notamment dans les régions rurales ou agro-industrielles (Styrie, Haute-Autriche, Burgenland).

Qui peut travailler en Autriche et sous quelles conditions ?

Pour un citoyen de l’Union européenne, de l’Espace économique européen ou de Suisse, l’accès au marché du travail autrichien est libre. Aucun permis de travail n’est requis, les seules obligations étant administratives : déclaration de domicile auprès de la commune (formulaire Meldezettel) dans les trois jours suivant l’emménagement, puis, au‑delà de trois mois de séjour, obtention d’un certificat d’enregistrement du droit de séjour.

Les choses se compliquent davantage pour les ressortissants de pays tiers, qui doivent naviguer dans le système des cartes de séjour-travail, dominé par la carte Rouge-Blanc-Rouge (Rot-Weiß-Rot-Karte).

La carte Rouge‑Blanc‑Rouge : le sésame pour les travailleurs qualifiés hors UE

La carte Rouge‑Blanc‑Rouge est un permis combiné de séjour et de travail, valable en principe deux ans et lié à un employeur donné. Elle vise différents publics : travailleurs hautement qualifiés, métiers en pénurie, autres travailleurs clés, diplômés autrichiens non européens, fondateurs de start-up, travailleurs clés indépendants.

Bon à savoir :

Pour être éligible, les candidats doivent obtenir un nombre de points suffisant. Ce système évalue les diplômes, l’expérience professionnelle, les compétences linguistiques (allemand, anglais, et d’autres comme le français ou l’espagnol), l’âge, et parfois les études réalisées en Autriche.

Selon la catégorie, le seuil varie : un travailleur hautement qualifié doit viser 70 points sur 100 pour un visa de recherche d’emploi, alors qu’un travailleur dans un métier en pénurie ou un « autre travailleur clé » doit atteindre au moins 55 points sur 90. Les métiers en pénurie bénéficient d’une procédure simplifiée et sont listés chaque année par le gouvernement ; la liste récente comprend une cinquantaine de professions allant des ingénieurs et techniciens à certains artisans qualifiés (soudeurs, charpentiers, plombiers, etc.).

La rémunération proposée doit en outre respecter des seuils à la fois légaux et conventionnels. Pour certains profils « autres travailleurs clés », un salaire brut mensuel minimal d’environ 3 000 euros est exigé ; pour la carte bleue européenne, un seuil annuel plus élevé s’applique. L’office public de l’emploi (AMS) vérifie souvent qu’aucun travailleur autrichien ou européen n’est disponible pour le poste, sauf dans les catégories explicitement exemptées (pénurie, Blue Card, diplômés autrichiens).

Astuce :

Une fois la première carte Rot‑Weiß‑Rot obtenue, la carte **Rot‑Weiß‑Rot Plus** offre un accès plus libre au marché du travail, sans être restreint à un employeur unique.

Autres titres de séjour-travail pour les non‑européens

En marge de la carte Rouge‑Blanc‑Rouge, plusieurs dispositifs complètent l’arsenal migratoire autrichien :

– la carte bleue européenne, destinée aux très hauts profils diplômés avec un contrat respectant un seuil salarial spécifique, valable généralement deux ans ;

– le visa de chercheur d’emploi (Job Seeker Visa), qui permet à des profils très qualifiés de venir en Autriche pendant six mois pour y chercher un emploi, sous réserve de cumuler suffisamment de points. En cas de succès, le visa peut être converti en carte Rouge‑Blanc‑Rouge ;

– les titres liés aux études : les étudiants non européens peuvent travailler jusqu’à 20 heures par semaine. À la fin des études, le titre peut être prolongé d’un an pour chercher un emploi ou lancer une activité ;

– des régimes spécifiques existent pour les transferts intra‑groupe, les saisonniers (agriculture, tourisme) ou encore les travailleurs transfrontaliers dans les régions frontalières.

Pour tous ces titres, la procédure est détaillée sur le portail officiel d’immigration autrichien, avec un calculateur de points en ligne et des indications sur les délais de traitement, qui oscillent en pratique entre quatre semaines et plusieurs mois.

Comment chercher un emploi : réseaux, plateformes et codes de candidature

En Autriche, le marché de l’emploi est souvent décrit comme « étroit » et fortement basé sur les réseaux. Beaucoup de postes se pourvoient par bouche-à-oreille, recommandations et candidatures spontanées, en parallèle des annonces en ligne.

Les canaux officiels et privés

Le service public de l’emploi, l’AMS (Arbeitsmarktservice), joue un rôle majeur. Il gère plusieurs outils, dont le moteur de recherche « alle jobs » et la plateforme eJob‑Room, qui agrègent des annonces publiées par les employeurs, les administrations et certains sites privés. Pour l’utiliser pleinement comme demandeur d’emploi inscrit, il faut en principe avoir déjà travaillé au moins six mois en Autriche ou transférer ses droits depuis un autre pays de l’UE.

Portails d’emploi en Autriche pour expatriés

Principales plateformes et sites spécialisés pour rechercher un emploi en Autriche, classés par type.

Grands portails généralistes

Les plateformes privées les plus utilisées pour une recherche large : Karriere.at, StepStone.at, Indeed Autriche, Jobs.at et LinkedIn.

Rubriques emploi de la presse

Les offres d’emploi publiées dans les principaux quotidiens autrichiens, comme Der Standard ou Die Presse.

Sites spécialisés par secteur

Portails ciblant des niches spécifiques : Brutkasten pour les start-up, Gastrojobs pour l’hôtellerie-restauration.

Portail pour jeunes diplômés

La plateforme Absolventen.at, spécialement dédiée aux jeunes diplômés à la recherche de leur premier emploi.

Plusieurs plateformes et structures ciblent directement les francophones. Le dispositif Emploi Francophone en Autriche (EFA), développé avec la Chambre de commerce franco‑autrichienne, met en relation entreprises et candidats parlant français. Des associations comme Vienne Accueil ou le Business Club France‑Autriche organisent également des ateliers, rencontres et événements de networking.

La candidature « à l’autrichienne »

Les attentes des recruteurs en matière de candidature diffèrent sensiblement de ce qui se pratique en France. L’allemand est la langue de référence pour la quasi-totalité des dossiers, sauf indication explicite contraire dans l’annonce. Même pour un poste anglophone, envoyer son CV en allemand peut être perçu comme un signe d’intégration et de sérieux.

Le dossier de candidature (Bewerbungsmappe) est complet et souvent plus détaillé que ce qui se fait ailleurs. Il comprend traditionnellement :

Exemple :

En France, un dossier de candidature complet comprend généralement un CV structuré, parfois sur plusieurs pages, avec une photo professionnelle, la date de naissance, la situation familiale et les hobbies. Il est accompagné d’une lettre de motivation très personnalisée, qui va au-delà d’un simple exercice rhétorique. Le candidat joint aussi des copies de ses diplômes, certificats de travail et attestations de stages. Parfois, il peut inclure un tableau de compétences détaillé, un portfolio ou des lettres de référence.

Le CV se présente souvent sous forme de tableau, avec les données personnelles et la photo en tête, puis l’expérience professionnelle, la formation, les compétences et les langues. La signature manuscrite figurant au bas du CV est une particularité locale encore répandue. Les loisirs, activités associatives ou bénévoles sont jugés révélateurs de la personnalité et méritent d’être mentionnés.

Les recruteurs attachent une grande importance à la cohérence entre le parcours, la lettre et la manière de se présenter en entretien. L’authenticité, la ponctualité et la clarté dans la communication sont valorisées, tandis que les sujets sensibles (argent, religion, politique) restent généralement à l’écart des conversations professionnelles informelles, du moins au début.

Reconnaissance des diplômes et professions réglementées

Pour nombre d’expatriés qualifiés, l’accès au marché ne dépend pas seulement d’un visa ou d’un niveau de langue, mais aussi de la reconnaissance de leurs qualifications. L’Autriche distingue plusieurs dispositifs selon qu’il s’agit de diplômes universitaires, de titres professionnels ou d’apprentissages.

Pour les professions strictement réglementées – santé, services sociaux, enseignement, architecture, génie civil, justice, pharmacie, certaines activités d’ingénierie – une reconnaissance formelle est souvent indispensable avant d’exercer. Elle relève de diverses autorités : universités médicales pour les médecins, ministères pour les enseignants ou les infirmiers, ordres professionnels ou administrations sectorielles pour certaines professions techniques.

Bon à savoir :

Pour les diplômes universitaires, le centre ENIC‑NARIC Autriche propose des évaluations de comparabilité, utiles auprès des employeurs mais sans valeur juridique stricte. Pour une reconnaissance formelle, des procédures de *Nostrifizierung* existent, pouvant nécessiter des examens complémentaires ou des stages.

Dans la formation professionnelle, il est même possible, dans certains cas, de faire reconnaître un diplôme étranger comme équivalent à un certificat d’apprentissage autrichien et d’accéder ainsi directement à l’examen final d’apprentissage. Des accords particuliers existent avec l’Allemagne, la Hongrie ou le Tyrol du Sud, mais pas uniquement.

Pour les métiers non réglementés, les employeurs restent libres d’apprécier la valeur d’un diplôme étranger. Dans la pratique, beaucoup se fient aux grilles internes de classification prévues par les conventions collectives, qui reposent souvent sur une combinaison de niveau de formation et d’expérience.

Vie quotidienne et perspectives de carrière : ce que l’Autriche offre réellement aux expatriés

Au-delà des chiffres, s’installer et travailler en Autriche, c’est entrer dans un environnement où la qualité de vie est au cœur du contrat social. Les grandes villes, en particulier Vienne, Graz ou Innsbruck, cumulent des transports publics efficaces, une criminalité faible, de vastes espaces verts et un accès facile à la nature, en particulier la montagne et les lacs alpins.

Le système éducatif public est gratuit, de l’école primaire à l’université pour les citoyens de l’UE, hormis des frais administratifs modestes. De nombreuses universités proposent des programmes en anglais, surtout au niveau master, ce qui attire une proportion élevée d’étudiants étrangers – environ un quart des effectifs. Les crèches et jardins d’enfants publics sont souvent peu coûteux, même si l’offre privée, notamment internationale, peut être très chère.

Pour un expatrié, le sentiment général est celui d’une société où le revenu permet non seulement de couvrir les dépenses essentielles – logement, alimentation, transport – mais laisse aussi de la marge pour les loisirs, les vacances, la culture ou l’épargne. C’est ce qui explique que l’Autriche, et Vienne en particulier, apparaissent régulièrement dans les classements des pays « les plus heureux » ou des villes ayant la meilleure qualité de vie.

Expatrié en Autriche

En revanche, le marché du travail reste exigeant. La présence très forte des conventions collectives structure les carrières, les progressions salariales et les droits sociaux. Les spécialisations sont valorisées, de même que les parcours linéaires et cohérents. Les postes de direction restent difficiles d’accès pour les candidats étrangers qui ne maîtrisent pas parfaitement la langue et les codes locaux.

En résumé : un pays très attractif pour les expatriés… bien préparés

Pour qui envisage une expatriation professionnelle, l’Autriche coche beaucoup de cases : salaires supérieurs à la moyenne européenne, filet social dense, infrastructures publiques – transports, santé, éducation – très développées, environnement sûr et propre, et un tissu économique diversifié. Les secteurs en tension – santé, IT, ingénierie, construction, logistique, tourisme – offrent de vraies opportunités aux candidats étrangers, y compris pour certains profils peu diplômés mais motivés.

En contrepartie, la barrière de la langue, la technicité des procédures de reconnaissance de diplômes et la complexité du système de visas pour les non‑européens imposent une préparation minutieuse. Une stratégie réaliste pour un expatrié consiste à :

Bon à savoir :

Pour réussir son installation professionnelle en Autriche, il est essentiel d’investir sérieusement dans l’apprentissage de l’allemand avant le départ. Il faut cibler les secteurs en pénurie et adapter son CV aux codes locaux. Pour les professions réglementées, la reconnaissance des titres doit être anticipée. Le réseau (AMS, EURES, chambres de commerce, associations) est plus efficace que les seules annonces en ligne. Enfin, une évaluation budgétaire réaliste doit inclure le coût du logement, les spécificités salariales (13e et 14e mois) et la qualité des services publics.

Pour les profils qualifiés et mobiles, le marché du travail autrichien offre, aujourd’hui encore, un terrain d’opportunités rare en Europe : un pays où l’on peut envisager une carrière solide, au sein d’entreprises souvent stables, dans un cadre de vie difficile à égaler. À condition d’en accepter les règles du jeu et de s’y préparer sérieusement, l’Autriche peut devenir bien plus qu’une étape : un véritable projet de vie.

Pourquoi il est préférable de me contacter ? Voilà un exemple concret :

Un retraité de 62 ans, disposant d’un patrimoine financier supérieur à un million d’euros bien structuré en Europe, souhaite transférer sa résidence fiscale en Autriche afin d’optimiser sa charge imposable, diversifier ses investissements et conserver un lien fort avec la France. Budget alloué : 10 000 € pour l’accompagnement complet (conseil fiscal, formalités administratives, délocalisation et structuration patrimoniale), sans vente forcée d’actifs.

Après étude de plusieurs destinations (Grèce, Chypre, Maurice, Autriche), la stratégie retenue vise l’Autriche pour sa stabilité politique et fiscale, son système de santé performant, son appartenance à la zone euro et son cadre de vie sécurisé (Vienne régulièrement classée parmi les villes les plus agréables au monde). La mission inclut : audit fiscal pré‑expatriation (exit tax, report d’imposition), obtention de la résidence avec achat d’une résidence principale, coordination CNAS/CPAM, transfert de résidence bancaire, plan de rupture des liens fiscaux français, intégration à un réseau local francophone/anglophone, et adaptation patrimoniale (restructuration, préparation de la succession) pour maîtriser risques de double imposition et contrôles fiscaux.

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A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Expert en gestion de patrimoine internationale depuis plus de 20 ans, j’accompagne mes clients dans la diversification stratégique de leur patrimoine à l’étranger, un impératif face à l’instabilité géopolitique et fiscale mondiale. Au-delà de la recherche de revenus et d’optimisation fiscale, ma mission est d’apporter des solutions concrètes, sécurisées et personnalisées. Je conseille également sur la création de sociétés à l’étranger pour renforcer l’activité professionnelle et réduire la fiscalité globale. L’expatriation, souvent liée à ces enjeux patrimoniaux et entrepreneuriaux, fait partie intégrante de mon accompagnement sur mesure.

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