Investir dans l’immobilier à l’étranger : le guide des expatriés pour le Royaume-Uni

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

Investir dans la pierre loin de son pays de résidence séduit de plus en plus d’expatriés. Et parmi les marchés les plus prisés, le Royaume-Uni reste une valeur sûre : cadre juridique solide, marché locatif en tension, villes dynamiques et rendement souvent supérieur à d’autres grandes économies. Mais pour un non‑résident, le terrain de jeu britannique est aussi truffé de subtilités fiscales, réglementaires et financières qu’il faut maîtriser avant de se lancer.

Bon à savoir :

Ce guide pratique détaille le fonctionnement du marché, les villes recommandées, les rendements attendus, les coûts fiscaux réels, les modalités d’obtention de crédit et la gestion à distance d’un bien immobilier au Royaume-Uni.

Sommaire de l'article masquer

Pourquoi le Royaume-Uni reste une place forte pour les expatriés investisseurs

Le marché immobilier britannique est considéré comme l’un des plus stables et les mieux régulés au monde. Il s’est montré résilient après la crise financière de 2008, le référendum sur le Brexit et la pandémie. Depuis 2016, les prix moyens des logements au niveau national ont progressé d’environ 19 %, malgré une forte volatilité de la livre.

15

En 2025, on dénombre plus de 15 demandes pour chaque logement mis en location au Royaume-Uni.

Pour un expatrié, l’attrait tient à plusieurs éléments :

marché mature, moins volatil que les actions ;

– forte protection juridique des droits de propriété et des propriétaires bailleurs ;

– possibilités de rendement brut moyen situées entre 5 % et 8 %, avec des pics bien au‑delà dans certaines villes et codes postaux ;

– potentiel de plus‑value à long terme, notamment dans les grandes métropoles régionales.

Un cadre ouvert aux étrangers, mais sans « visa doré » immobilier

Point clé : il n’existe aucune restriction légale empêchant un non‑résident, qu’il soit citoyen de l’UE ou non, d’acheter un bien au Royaume-Uni. Il n’est pas nécessaire de disposer d’un visa pour acheter, et le simple fait d’être propriétaire ne donne aucun droit automatique de résidence ou de citoyenneté. L’immobilier et l’immigration sont deux univers juridiques séparés.

Attention :

Les étrangers sont soumis aux mêmes règles de propriété que les résidents, mais doivent acquitter une surtaxe spécifique de 2 % sur les droits de mutation (Stamp Duty Land Tax).

Comprendre le marché : du mythe londonien à l’essor des villes du Nord

La première erreur des investisseurs étrangers est souvent de concentrer leur attention sur Londres. La capitale reste un marché de prestige, moteur économique et financier, mais ce n’est pas toujours là que se trouvent les meilleurs rendements.

En 2025, on observe une bascule nette des flux d’investissement vers les villes du nord de l’Angleterre et l’Écosse, où les prix d’achat sont plus abordables et les loyers rapportent davantage.

Londres : capitale mondiale, rendements sous pression

Londres reste l’un des plus grands centres financiers mondiaux, siège de la Bourse de Londres, d’innombrables sièges de multinationales et de grandes universités comme Imperial College ou la London School of Economics. Son réseau de transport (métro, Heathrow, Eurostar, ligne Elizabeth) en fait une ville hyper connectée et extrêmement attractive pour les expatriés et cadres internationaux.

523000–565000

Les prix moyens des logements à Londres dépassent fréquemment 500 000 £, avec des estimations situées entre 523 000 et 565 000 £.

Le problème pour l’investisseur étranger n’est pas tant la solidité du marché que l’équation rendement/prix : les loyers ont atteint un plafond d’accessibilité alors que les valeurs continuent de grimper, ce qui rallonge considérablement la durée de « remboursement » de l’investissement.

La montée en puissance des métropoles régionales

Dans le Nord et les Midlands, le tableau est très différent. Les prix d’entrée y sont nettement plus bas, les programmes de rénovation urbaine colossaux, et la demande locative portée par des économies en pleine mutation (tech, services financiers, industries créatives, enseignement supérieur).

Villes recherchées par les expatriés investisseurs

Aperçu comparatif de quelques grandes destinations prisées pour l’investissement immobilier à l’international.

Londres

Métropole financière historique, offrant un marché immobilier dynamique et une forte demande locative, notamment dans des quartiers comme Mayfair ou Kensington.

Dubai

Ville en croissance rapide, attrayante pour ses projets neufs, son absence d’impôt sur le revenu et un cadre de vie moderne.

Singapour

Pôle économique asiatique stable et sûr, avec un marché immobilier régulé et de haut standing, prisé pour sa connectivité.

New York

Place forte de l’investissement, avec des quartiers emblématiques comme Manhattan, offrant un potentiel de valorisation et des rendements locatifs solides.

Paris

Capitale au patrimoine immobilier prestigieux et recherché, combinant attractivité touristique et stabilité économique malgré un marché réglementé.

Tokyo

Mégapole au marché immobilier vaste et diversifié, caractérisée par une grande liquidité et des opportunités dans les résidences neuves.

VillePrix moyen (approx.)Hausse prix 2020–2025Rendement locatif moyen récentProfil d’investissement dominant
Londres~523–565 k£+11 %≈ 3,5–5,0 %Plus‑value long terme, prime
Manchester~250–270 k£+46 %≈ 6–7 %Rendement + croissance
Birmingham~230–235 k£+28 %≈ 5,5–7 %Croissance + régénération
Liverpool~180–220 k£+56 % (2020–2025)≈ 7–9 %Cash‑flow, hauts rendements
Leeds~210–240 k£+30 %≈ 5,5–6,5 %Rendement équilibré
Bristol~350 k£+24,5 %≈ 5–6,5 %Stabilité, profil « tech & ESG »
Glasgow~185–190 k£+40 %≈ 6–8,5 %Rendement élevé + prix abordables

Ces chiffres illustrent un constat central : pour un même budget, un expatrié peut acquérir un bien nettement plus grand ou mieux situé à Manchester, Liverpool, Leeds ou Glasgow qu’à Londres, tout en percevant un rendement brut sensiblement supérieur.

Où investir au Royaume-Uni quand on est expatrié ?

Plutôt que de raisonner en opposant Londres au reste du pays, il est plus pertinent de distinguer plusieurs profils d’investissement et de choisir la ville en fonction de ses priorités : cash‑flow, plus‑value, diversification, stratégie long terme, etc.

Manchester : la locomotive du Nord

Manchester est souvent citée comme la ville la plus dynamique hors Londres. Elle accueille plus de 200 sièges de multinationales (BBC, Amazon…), abrite plus de 90 000 étudiants et bénéficie d’un aéroport connecté à 210 destinations mondiales. L’arrivée du train à grande vitesse (HS2) la rapproche encore davantage de la capitale.

Les chiffres sont éloquents : les prix moyens sont passés d’environ 175 000 £ début 2020 à près de 256 500 £ mi‑2025, soit une hausse de plus de 46 %. Sur dix ans, la progression dépasse 56 %. Dans le même temps, les loyers ont bondi d’environ 55 %, ce qui tire les rendements vers le haut, souvent entre 5,5 % et plus de 7 % selon les quartiers.

Exemple :

Certaines zones de Manchester, comme M14, M11, M12 ou M18, atteignent des rendements locatifs proches ou supérieurs à 7–9 %. La ville bénéficie également d’un pipeline de projets urbains majeurs (Victoria North, Northern Quarter, East Village) et d’une croissance démographique attendue. Cela en fait un compromis attractif pour un expatrié recherchant à la fois un bon rendement locatif et une valorisation du capital à moyen terme.

Birmingham : deuxième ville, premier potentiel de croissance ?

Birmingham, deuxième plus grande ville du pays, est au cœur des Midlands et profite elle aussi du futur HS2, qui doit réduire fortement le temps de trajet vers Londres. Sa population jeune (plus de 35 % de 18–34 ans), ses 78 000 étudiants et ses secteurs porteurs (industrie avancée, services financiers) alimentent une demande locative soutenue.

Entre 2020 et 2025, les prix moyens ont augmenté d’environ 28 %, mais les loyers ont progressé encore plus vite (près de 56 % en cinq ans), ce qui se traduit par des rendements autour de 5,5–7 % dans les meilleurs secteurs. Les projets de grande ampleur (Smithfield, nouveau quartier sportif, extension du tramway, Digbeth) renforcent le potentiel de plus‑value.

Liverpool : championne des hauts rendements

Pour les expatriés à la recherche de cash‑flow, Liverpool figure en haut de liste. Le prix moyen d’un logement est encore largement inférieur à celui des autres grandes villes (autour de 180 000 £), mais a tout de même progressé de plus de 55 % entre 2020 et 2025. Les rendements bruts se situent fréquemment entre 7 % et 9 %, avec un pic moyen de 8,74 % relevé en 2025.

Astuce :

Les zones L20, L13, L4 et L5 à Liverpool offrent des rendements locatifs élevés, entre 7 et 9%, y compris pour des biens en dessous de 130 000 £. Cette attractivité est renforcée par d’importants projets de réaménagement comme Liverpool Waters et Central Docks, qui créent des milliers d’emplois. La demande locative est également soutenue par un tourisme de masse, avec plus de 6 millions de visiteurs ayant séjourné en 2024.

Leeds, Bristol, Glasgow : la trilogie « rendement + qualité de vie »

Leeds est le deuxième centre financier du pays après Londres, avec une forte concentration de banques et de cabinets juridiques. Les prix y sont encore raisonnables, la demande de jeunes actifs élevée et les rendements tendent vers 5,5–6,5 % en moyenne, avec certains codes postaux (LS2, LS3, LS4, LS6) qui atteignent autour de 8 %.

Bon à savoir :

Surnommée la « Silicon Valley britannique », Bristol allie industries aéronautiques, pôle technologique et scène créative. Les prix immobiliers y sont élevés (moyenne > 350 000 £), mais la forte dynamique économique et l’accent mis sur les critères ESG (habitat durable, mobilité douce) en font une cible privilégiée pour les investisseurs recherchant stabilité et exposition à la transition énergétique. Les rendements locatifs varient de 5 % à 6,5 % selon les quartiers.

Glasgow, enfin, offre un mix rare de prix encore abordables (moins de 190 000 £ en moyenne), d’un important bassin étudiant et d’un rôle de deuxième place financière du Royaume-Uni. Les rendements dépassent souvent 6–8 %, et certaines zones montent au‑delà. La ville profite d’un vaste programme de régénération (Clyde Waterfront, Clyde Gateway, nouveaux quartiers résidentiels) et de la flambée de la demande locative en Écosse.

Les petites villes à très fort rendement : Sunderland, Burnley, Hull…

Au‑delà des grandes métropoles, certains marchés secondaires affichent des rendements théoriques spectaculaires, parfois au‑delà de 8–10 % brut. C’est le cas, par exemple, de :

Ville / RégionPrix moyen approximatifLoyer mensuel moyenRendement brut moyen
Sunderland~84–110 k£~626 £≈ 8,5–9 %
Burnley~85 k£~566 £≈ 8 %
Hull~98–140 k£~612 £≈ 7–7,5 %
Middlesbrough~93 k£~613 £≈ 7,9 %

Ces marchés « cash‑flow » sont intéressants pour des stratégies orientées rendement, mais la progression du capital peut y être plus limitée qu’à Manchester ou Bristol. Ils exigent aussi une analyse locale très fine (qualité des quartiers, vacance locative, risque de dépréciation).

Rendement, plus‑value, risque de change : comment faire ses calculs ?

Pour un expatrié, la colonne « rentabilité » ne se limite pas au rendement brut affiché dans les brochures. Il faut intégrer la fiscalité, les frais de financement, les coûts de gestion, les périodes de vacance, mais aussi la fluctuation de la livre sterling par rapport à sa monnaie de référence.

Calculer le rendement brut et net

La formule classique du rendement brut est :

> Rendement brut (%) = (Loyer annuel / Prix d’acquisition) × 100

Par exemple, un appartement acheté 200 000 £ et loué 1 200 £ par mois (14 400 £ par an) affiche un rendement brut de 7,2 %. Mais les investisseurs chevronnés raisonnent en rendement net, qui tient compte des principaux coûts récurrents :

Attention :

L’investissement locatif implique plusieurs coûts récurrents et ponctuels à budgétiser : les charges de copropriété, l’assurance du bâtiment et du contenu, la taxe locale (council tax, dont la responsabilité de paiement est à vérifier), les frais de gestion locative (généralement 10 à 15 % du loyer pour une gestion complète), l’entretien courant et les réparations, ainsi qu’une provision pour les périodes de vacance locative (souvent estimée à un mois de loyer par an).

Dans de nombreuses villes, l’écart entre rendement brut et net tourne autour de 1,5 à 2 points. Un 8 % brut peut ainsi se transformer en 6–6,5 % net.

Intégrer le risque de change

Un expatrié payé en euros, en dollars ou en dirhams doit surveiller la parité avec la livre sterling. Une baisse de la livre peut rendre l’achat moins coûteux, mais aussi réduire la valeur des loyers et de la revente lorsqu’ils sont convertis dans la monnaie de référence. À l’inverse, une appréciation de la livre gonfle les gains en monnaie d’origine, mais renchérit les mensualités de crédit si elles sont payées depuis l’étranger.

Bon à savoir :

Les banques britanniques appliquent généralement un « stress test » de change pour évaluer les dossiers de prêt basés sur des revenus en devise étrangère. Ce test simule, par exemple, une baisse de 20 % de la devise de l’emprunteur afin de vérifier la solidité financière de sa demande.

Comment financer un achat au Royaume-Uni en tant qu’expatrié

Pour un non‑résident, la partie la plus délicate n’est souvent pas de trouver un bien, mais d’obtenir un prêt adapté.

Des critères plus stricts pour les non‑résidents

Les banques traditionnelles exigent généralement :

un apport plus élevé que pour un résident, souvent entre 25 % et 40 % du prix, soit des ratios prêt‑valeur (LTV) de 60–75 % ;

– des justificatifs de revenus stables, parfois avec un seuil minimum (par exemple 50 000 £ de revenu annuel pour un salarié, 75 000 £ pour un indépendant chez certains prêteurs) ;

– des preuves d’historique de crédit (au Royaume-Uni ou dans le pays de résidence) ;

– un compte bancaire britannique pour prélever les mensualités ;

– des documents d’identité et de domicile certifiés (traductions, légalisations) ;

– la résidence dans un pays « accepté » par le prêteur.

Bon à savoir :

À partir de 2025, le marché des crédits immobiliers s’est ouvert avec une offre plus large de produits spécifiquement conçus pour les expatriés. Cela inclut notamment des prêts de type buy‑to‑let, destinés à l’investissement locatif.

Les prêts buy‑to‑let : l’outil central de l’investisseur expatrié

Un prêt buy‑to‑let (BTL) diffère d’un crédit résidentiel classique :

– il est souvent in fine (intérêts seuls remboursés mensuellement, capital soldé à la revente ou via un plan d’épargne) ;

– le montant empruntable se fonde principalement sur le loyer attendu, pas uniquement sur les revenus de l’emprunteur ;

– l’objectif déclaré doit être la location, non l’occupation personnelle.

Plusieurs banques et établissements spécialisés ciblent cette clientèle (banques internationales, building societies, prêteurs offshore). Des acteurs comme HSBC, Skipton International ou des banques privées proposent des LTV de 60 à 75 %, avec des taux variables selon la durée fixée (2 ou 5 ans) et les frais d’arrangement.

Astuce :

Pour naviguer sur le marché des prêts immobiliers en tant qu’expatrié, l’intervention d’un courtier spécialisé en « expat mortgages » est presque incontournable. Il connaît les prêteurs ouverts aux non-résidents, leurs listes de pays éligibles, leurs tolérances en matière de type de logement (comme les HMO, studios ou immeubles de rapport) et peut optimiser la structure de votre dossier de financement.

Achat au comptant, sociétés et structures

Certains expatriés, notamment haut revenus ou retraités capitalisés, choisissent d’acheter au comptant, supprimant ainsi le risque de refus de prêt et les délais liés au financement. Le levier de crédit étant absent, le rendement sur fonds propres est alors directement celui du rendement net locatif, ajusté des impôts.

Une autre stratégie consiste à acheter via une société (SPV, limited company) pour optimiser la fiscalité, en particulier sur la déductibilité des intérêts d’emprunt. Beaucoup de banques proposent des prêts buy‑to‑let à ces structures, mais les implications fiscales (impôt sur les sociétés, ATED, enregistrement au registre des entités étrangères pour les sociétés non britanniques) nécessitent un accompagnement comptable et juridique.

Le coût réel : droits de mutation, impôts sur les loyers et plus‑values

Un investissement ne peut être jugé qu’en intégrant pleinement le volet fiscal. Le Royaume-Uni dispose d’un système complexe mais relativement lisible, avec plusieurs couches : droits d’acquisition, impôt sur le revenu locatif, taxation des plus‑values, et potentiellement droits de succession.

Stamp Duty Land Tax : la surtaxe de 2 % pour les non‑résidents

En Angleterre et en Irlande du Nord, tout achat résidentiel au‑delà d’un certain seuil supporte la Stamp Duty Land Tax (SDLT). Les taux sont progressifs par tranches de prix. Pour les non‑résidents, une surtaxe de 2 % vient s’ajouter à tous les barèmes résidentiels standards. Si le bien est une résidence secondaire ou un investissement locatif, une surtaxe supplémentaire de 3 % s’applique.

En pratique, un expatrié qui achète un bien locatif paie donc les taux standards + 3 % pour résidence additionnelle + 2 % pour non‑résidence. L’addition peut devenir conséquente pour les budgets élevés.

Bon à savoir :

La surtaxe supplémentaire de 2 % sur la SDLT s’applique si l’acheteur ne réside pas au moins 183 jours au Royaume-Uni sur une période de 365 jours centrée sur la date de transaction. Ce critère est uniquement basé sur la présence physique, indépendamment de la nationalité, du type de visa ou du statut d’immigration de l’acheteur.

Un point important : il est possible de demander un remboursement de cette surtaxe si, après l’achat, on atteint finalement le seuil de 183 jours de présence au Royaume-Uni dans un délai de deux ans autour de la date de transaction. La demande passe par une rectification de la déclaration SDLT initiale.

Impôt sur les loyers : le régime des non‑resident landlords

Qu’un propriétaire soit résident ou non, les loyers perçus au Royaume-Uni sont imposables au Royaume-Uni. Pour les expatriés, un dispositif spécifique, le Non‑Resident Landlord Scheme (NRLS), organise la collecte de l’impôt :

Bon à savoir :

Si le propriétaire vit hors du Royaume-Uni plus de six mois par an, il est considéré comme non-résident. Dans ce cas, l’agent de location (ou le locataire si le loyer dépasse un certain seuil) doit généralement retenir 20% d’impôt sur les loyers bruts avant paiement et les reverser à l’administration fiscale (HMRC). Cependant, le propriétaire peut demander à HMRC l’autorisation de recevoir les loyers sans retenue à la source, s’il est en règle fiscalement. L’impôt reste alors dû et doit être déclaré et payé annuellement par le propriétaire lui-même.

Le taux d’imposition final dépend de la tranche d’impôt sur le revenu britannique dans laquelle se situent les revenus nets fonciers (après déduction des charges admissibles).

Capital Gains Tax : les plus‑values des non‑résidents désormais taxées

Les non‑résidents ne sont plus exonérés de l’impôt sur les gains immobiliers. Toute vente d’un bien résidentiel ou non‑résidentiel situé au Royaume-Uni peut déclencher une Capital Gains Tax :

– pour les biens résidentiels, les taux applicables sont généralement de 18 % (part du gain dans la tranche de base) ou 24 % (part dans les tranches supérieures) ;

– avant 2015, les non‑résidents échappaient largement à cet impôt ; depuis, la quasi‑totalité des biens UK sont dans le champ.

2015

Date de référence (5 avril) pour le calcul du gain sur les biens résidentiels acquis avant les réformes, limitant la taxation aux plus-values postérieures.

Chaque vente doit être déclarée à HMRC dans un délai de 60 jours suivant la completion, et l’impôt dû doit être payé dans le même délai, sous peine de pénalités et d’intérêts.

Héritage, structures et double imposition

Les biens britanniques détenus par un non‑résident entrent en principe dans l’assiette potentielle de l’Inheritance Tax (IHT) britannique. Si la valeur globale du patrimoine taxable dépasse un certain seuil, les héritiers peuvent être soumis à un impôt sur la transmission. Les nouvelles règles sur les « non‑domiciled » tendent d’ailleurs à réduire les possibilités d’optimisation via des structures offshore.

Dans le même temps, la convention fiscale entre le Royaume-Uni et le pays de résidence de l’expatrié peut prévoir des mécanismes de crédit d’impôt ou de répartition de la compétence fiscale pour éviter une double imposition intégrale. D’où la nécessité systématique de consulter un fiscaliste connaissant les deux systèmes.

Le processus d’achat : de l’offre à la remise des clés

Pour un expatrié, la mécanique d’achat est proche de celle d’un résident, avec quelques étapes supplémentaires en matière de vérification d’identité et d’origine des fonds.

En Angleterre et au Pays de Galles (hors Écosse, qui suit un processus différent), la chronologie typique est la suivante :

Exemple :

Le processus comprend : la préparation financière (budget, accord de principe, conseiller fiscal) ; la recherche de biens via portails et agents ; la soumission d’une offre non contraignante ; la nomination d’un solicitor pour les vérifications juridiques et la SDLT ; une expertise (survey) recommandée ; la finalisation du prêt ; l’échange des contrats engageant l’acheteur ; et le completion avec transfert de fonds, paiement des taxes et remise des clés.

Le processus complet prend généralement entre 8 et 12 semaines, parfois davantage pour les transactions complexes ou en chaîne.

Gérer son bien à distance : l’écosystème des property managers

Pour un expatrié, il est rarement réaliste de gérer soi‑même les locataires, les réparations et les obligations réglementaires. C’est là qu’interviennent les agences de gestion locative et property managers spécialisés dans les non‑résidents.

Ce que proposent les agences de gestion

Les offres de gestion « full service » incluent en général :

Services de gestion locative

Découvrez l’ensemble des prestations clés assurées par un gestionnaire de biens immobiliers pour une location sereine et conforme.

Préparation du bien

Mise aux normes, ameublement, réalisation des travaux, prises de photographies professionnelles et création des annonces.

Marketing locatif

Diffusion sur les grands portails immobiliers, réseaux sociaux, base de clients existants et parfois sur des réseaux internationaux.

Sélection des locataires

Organisation des visites, vérification des revenus et références, contrôle de solvabilité et conformité au ‘Right to Rent’.

Gestion du bail

Signature du contrat de location, réalisation de l’état des lieux et gestion du dépôt de garantie.

Gestion courante

Encaissement des loyers, relances, organisation des réparations, interventions d’urgence et contrôles périodiques du logement.

Conformité légale

Coordination pour les certificats de gaz, rapports électriques, détecteurs de fumée et CO, et conformité aux licences locales (HMO, etc.).

Reporting & Comptabilité

Établissement des comptes de gestion, suivi détaillé des dépenses et accompagnement pour les déclarations comptables.

Les honoraires totaux, pour une gestion complète, se situent souvent entre 10 et 15 % du loyer mensuel, avec des offres d’entrée de gamme autour de 35 £ par mois pour de la gestion basique.

Bon à savoir :

En optant pour ce type d’investissement, l’investisseur bénéficie de trois principaux atouts : l’acquisition d’une présence locale sur le marché, la délégation du filtrage professionnel des locataires à un expert, et une réduction des risques liés à la réglementation et à la gestion opérationnelle.

Le Non‑Resident Landlord Scheme en pratique

Pour les expatriés, l’agence joue aussi un rôle central dans l’application du NRLS :

elle s’enregistre auprès de HMRC comme agent agissant pour le compte d’un non‑résident ;

elle prélève le cas échéant l’impôt à la source sur les loyers, effectue les déclarations trimestrielles et reverse les sommes collectées ;

– elle informe le propriétaire des démarches à accomplir pour demander, lorsqu’il y est éligible, l’autorisation de percevoir ses loyers sans retenue à la source.

Cette articulation entre agent, investisseur et administration est d’autant plus précieuse que les sanctions en cas de manquement aux obligations fiscales peuvent être lourdes.

Les risques et comment les maîtriser

Comme tout investissement, l’immobilier britannique comporte des risques. Pour un expatrié, certains sont spécifiques.

Risque réglementaire et politique

Les règles du jeu ont beaucoup évolué : introduction de la surtaxe de SDLT pour les non‑résidents, extension de l’impôt sur les plus‑values aux non‑résidents, limitation des déductions d’intérêts pour les bailleurs individuels, réforme du régime des meublés de tourisme, encadrement locatif accru dans certaines régions…

Bon à savoir :

Le projet de Renters’ Rights Bill renforcera la protection des locataires en limitant certains types d’expulsion et en imposant de nouvelles obligations aux propriétaires. Les marchés immobiliers du Nord, avec des prix d’achat plus bas et des rendements plus élevés, sont généralement mieux préparés à absorber l’impact de ces nouvelles contraintes réglementaires.

Risque de vacance, d’impayé et de dégradation

Même avec une demande locative forte, aucun marché n’est totalement à l’abri de périodes de vacance ou de locataires défaillants. L’éloignement physique accroît l’importance de :

sélectionner soigneusement les locataires ;

souscrire une assurance loyers impayés quand c’est possible ;

constituer une réserve de trésorerie (par exemple l’équivalent de trois mois de loyer) pour faire face aux imprévus.

Risque de marché et de liquidité

Le Royaume-Uni a connu des périodes de baisse marquée des prix, notamment lors de la crise de 2008 (reculs de 20–30 % dans certaines zones). Les biens restent des actifs peu liquides : la vente peut prendre plusieurs mois, et plus encore sur les marchés secondaires.

Astuce :

Pour investir dans l’immobilier, adoptez une vision de long terme et diversifiez votre portefeuille à la fois par ville et par type de bien (studio étudiant, maison familiale, logement neuf, immeuble ancien rénové…). Il est également essentiel d’accepter une certaine volatilité du marché.

Risque de change et de taux

Les expatriés sont doublement exposés : à la variation de la livre, et à celle des taux d’intérêt. Les hausses de taux pèsent sur les mensualités, surtout en buy‑to‑let in fine où toute la mensualité correspond à des intérêts. Le refinancement à l’échéance d’un taux fixe peut se faire dans des conditions moins favorables qu’au moment de l’achat.

Recourir à des outils de couverture de change, étaler ses acquisitions dans le temps et éviter le surendettement permettent de réduire cette exposition.

Stratégies gagnantes pour un expatrié

Face à la densité des informations et à la complexité technique, il est utile de résumer quelques lignes directrices concrètes pour un expatrié qui souhaite investir dans l’immobilier au Royaume-Uni.

1. Choisir sa ville en fonction de son profil d’investisseur

priorité au cash‑flow : regarder du côté de Liverpool, Glasgow, Sunderland, certaines zones de Leeds, Bradford ou Hull, où les rendements bruts dépassent souvent 7–8 % ;

priorité à la plus‑value : cibler Manchester, Birmingham, Bristol ou des quartiers bien reliés de Londres et de sa périphérie, soutenus par de grands projets d’infrastructures et de régénération ;

– priorité à la stabilité et à la liquidité : grandes métropoles universitaires et financières (Londres, Manchester, Bristol, Édimbourg, Leeds), bien desservies et attractives pour les cadres.

2. Diversifier plutôt que tout miser sur une adresse « vedette »

Plutôt que d’acheter un unique appartement onéreux à Londres, de nombreux expatriés préfèrent acquérir deux ou trois biens de taille plus modeste dans différentes villes ou même différentes régions (Angleterre du Nord, Midlands, Écosse). Cela permet :

de lisser le risque local (économie, emploi, régulation municipale) ;

d’équilibrer rendement immédiat et potentiel de valorisation du capital.

3. Structurer son projet fiscalement dès le départ

Avant de signer le moindre compromis, il est prudent de :

Attention :

Une analyse fiscale complète pour un investisseur non-résident doit impérativement : clarifier le statut de résidence fiscale actuel et futur ; analyser l’impact des conventions fiscales entre le Royaume-Uni et le pays de résidence ; comparer les structures d’acquisition (nom propre vs. société) en intégrant l’impôt sur les sociétés, la déductibilité des intérêts, l’ATED et la transmission ; et prévoir le traitement des plus-values à la sortie, notamment via les règles de rebasing.

Cette étape, qui suppose un dialogue entre un fiscaliste du pays de résidence et un spécialiste britannique, conditionne souvent la rentabilité nette réelle.

4. Ne pas sous‑estimer l’importance de la gestion locative

La qualité du property manager et de l’agent local est souvent plus déterminante que quelques dixièmes de pourcent de rendement affiché. Un bon gestionnaire :

Bon à savoir :

La gestion locative par un professionnel sécurise la conformité réglementaire, limite la vacance en fixant des loyers réalistes, filtre les profils à risque et préserve la valeur du bien grâce à un entretien régulier.

Pour un expatrié, il peut être judicieux de visiter au moins une fois l’agence pressentie, de demander à parler à d’autres clients non‑résidents, et de s’assurer de la transparence des rapports fournis.

5. Anticiper plusieurs scénarios de sortie

Un investissement réussi ne se juge pas uniquement sur la phase d’acquisition mais aussi sur les options de sortie :

revente à un autre investisseur (plus simple si le bien est dans un marché liquide et déjà loué) ;

refinancement pour libérer du capital tout en conservant le bien ;

usage personnel à terme (retraite, retour temporaire au Royaume-Uni), sous réserve d’obtenir le bon visa.

En réfléchissant à ces scénarios dès le départ, il est plus facile de choisir un type de bien, une ville et un mode de financement cohérents avec ses projets de vie.

En conclusion

Le Royaume-Uni offre aux expatriés un terrain d’investissement immobilier riche et structuré, avec une combinaison rare de sécurité juridique, profondeur de marché et diversité régionale. Entre la stabilité de Londres, le dynamisme de Manchester, les hauts rendements de Liverpool ou Sunderland et les profils équilibrés de Leeds, Bristol ou Glasgow, il existe un large éventail de stratégies possibles.

Bon à savoir :

L’investissement immobilier au Royaume-Uni implique un système fiscal complexe, incluant la SDLT avec une surtaxe de 2% pour les non-résidents, l’imposition des loyers et des plus-values. Les non-résidents font également face à des conditions de financement plus strictes et doivent composer avec un cadre réglementaire en évolution rapide.

Pour un expatrié, réussir son investissement au Royaume-Uni suppose donc de combiner trois ingrédients :

une analyse fine du marché local, loin des clichés ;

une structuration financière et fiscale solide, pensée en lien avec son pays de résidence ;

un écosystème de professionnels fiables (courtiers, solicitors, gestionnaires, fiscalistes).

Bien préparé, ce marché peut offrir des rendements attractifs et une croissance de valeur à long terme, tout en jouant un rôle clé dans une stratégie de diversification internationale du patrimoine.

Pourquoi il est préférable de me contacter ? Voilà un exemple concret :

Cas pratique exemple : un investisseur français qui diversifie au Royaume-Uni
Un chef d’entreprise français d’environ 50 ans, avec un patrimoine financier déjà bien structuré en Europe, souhaitait diversifier une partie de son capital dans l’immobilier résidentiel au Royaume-Uni pour chercher du rendement locatif et une exposition en livres sterling. Budget alloué : 350 000 à 550 000 GBP, sans recours au crédit.

Après analyse de plusieurs marchés (Londres élargi, Manchester, Birmingham), la stratégie retenue a consisté à cibler un appartement ou une petite maison de ville dans un quartier en développement, par exemple à Manchester ou dans le Grand Londres, combinant un rendement locatif brut cible de 6–7 % (« plus le rendement est grand, plus le risque est important ») et un potentiel de valorisation à moyen terme, avec un ticket global (acquisition + frais + éventuels travaux légers) d’environ 450 000 GBP. La mission a inclus : sélection de la ville et du quartier, mise en relation avec un réseau local (agent, solicitor, fiscaliste), choix de la structure (propriété directe ou via SPV britannique) et définition d’un plan de diversification dans le temps.

Ce type d’accompagnement permet à l’investisseur de bénéficier des opportunités du marché britannique tout en maîtrisant les risques juridiques, fiscaux et locatifs et en intégrant cet actif dans une stratégie patrimoniale globale.

Vous souhaitez vous expatrier à l'étranger : contactez-nous pour des offres sur mesure.

Décharge de responsabilité : Les informations fournies sur ce site web sont présentées à titre informatif uniquement et ne constituent en aucun cas des conseils financiers, juridiques ou professionnels. Nous vous encourageons à consulter des experts qualifiés avant de prendre des décisions d'investissement, immobilières ou d'expatriation. Bien que nous nous efforcions de maintenir des informations à jour et précises, nous ne garantissons pas l'exhaustivité, l'exactitude ou l'actualité des contenus proposés. L'investissement et l'expatriation comportant des risques, nous déclinons toute responsabilité pour les pertes ou dommages éventuels découlant de l'utilisation de ce site. Votre utilisation de ce site confirme votre acceptation de ces conditions et votre compréhension des risques associés.

RETROUVEZ-MOI RÉGULIÈREMENT DANS LA PRESSE

Découvrez mes dernières interventions dans la presse écrite, où j'aborde divers sujets.

A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Expert en gestion de patrimoine internationale depuis plus de 20 ans, j’accompagne mes clients dans la diversification stratégique de leur patrimoine à l’étranger, un impératif face à l’instabilité géopolitique et fiscale mondiale. Au-delà de la recherche de revenus et d’optimisation fiscale, ma mission est d’apporter des solutions concrètes, sécurisées et personnalisées. Je conseille également sur la création de sociétés à l’étranger pour renforcer l’activité professionnelle et réduire la fiscalité globale. L’expatriation, souvent liée à ces enjeux patrimoniaux et entrepreneuriaux, fait partie intégrante de mon accompagnement sur mesure.

Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux :
  • LinkedIn
  • Twitter
  • YouTube
Nos guides :