Les différences culturelles à connaître avant de s’expatrier au Royaume-Uni

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

S’expatrier au Royaume-Uni ne se résume pas à changer de climat et de devise. C’est aussi entrer dans un univers de codes implicites, de conventions sociales très ancrées et d’habitudes du quotidien qui surprennent même les voyageurs chevronnés. Derrière une réputation de politesse et de flegme, la société britannique repose sur des normes culturelles parfois très éloignées de celles des pays francophones.

Bon à savoir :

Avant de vous installer au Royaume-Uni, il est crucial de vous familiariser avec les spécificités locales pour une intégration réussie. Cela concerne de nombreux aspects de la vie quotidienne : les codes sociaux (comme les manières à table), le sens de l’humour, la publicité, le système de santé, le monde du travail et les transports. Prendre le temps de comprendre ces différences vous évitera des malentendus, des gaffes involontaires et des moments d’isolement.

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Politesse, réserve et communication au quotidien

Le Royaume-Uni est souvent décrit comme une société libérale et tolérante, mais aussi très attachée à la discrétion et à la retenue. Cela se ressent dès les premiers échanges, que ce soit avec un voisin, un collègue ou un commerçant.

Exemple :

Au Royaume-Uni, la communication privilégie l’indirect et la nuance. Critiquer ouvertement, poser des questions trop personnelles ou exprimer des émotions vives en public est souvent jugé inapproprié. Les Britanniques ont tendance à adoucir leurs désaccords et à formuler les critiques avec une grande politesse. Par exemple, une phrase comme « That’s an interesting idea » (C’est une idée intéressante), selon le ton employé, peut poliment signifier « Je ne suis pas du tout convaincu », servant ainsi à exprimer un désaccord sans confrontation directe.

Le langage corporel reste mesuré : on maintient une distance d’environ un bras entre deux personnes, on évite les gestes amples, on ne touche pas spontanément ses interlocuteurs. Même le sourire est dosé : sourire légèrement, de façon occasionnelle, est bien vu, mais un large sourire permanent pourra sembler artificiel.

Dans les échanges formels (lettres, mails professionnels), les salutations et formules de politesse ont leur importance. On commence en général par “Dear [Nom]” et on conclut par “Kind regards”, “Best wishes” ou, dans les lettres plus officielles, “Yours sincerely” / “Yours faithfully”.

L’art de la queue : un pilier de la vie publique

Pour un expatrié, peu de choses symbolisent autant l’étiquette britannique que la queue (le “queuing”). Attendre son tour de manière ordonnée est presque un marqueur identitaire, un prolongement de valeurs comme le respect, l’équité et la patience.

Attention :

Dans les lieux publics, il est socialement inacceptable de doubler dans une file d’attente (queue-jumping), un acte souvent sanctionné par des remarques ou des regards désapprobateurs. Il est également de coutume de maintenir une distance raisonnable avec la personne devant soi, pour ne pas l’importuner ni créer de confusion sur la longueur réelle de la file.

Il est admis que quelqu’un garde une place pour une personne supplémentaire, mais réserver la queue pour tout un groupe est ressenti comme injuste. En cas de confusion, la formule type reste très polie : “I’m so sorry, I’m in the queue – you’ll find the end over there.”

L’humour britannique : subtil, ironique et… déroutant

Pour beaucoup de nouveaux arrivants, l’humour est à la fois ce qui fascine le plus au Royaume-Uni… et ce qui déroute le plus. Il constitue un ciment social, omniprésent dans le quotidien, au travail comme entre amis.

L’humour britannique repose largement sur l’ironie, l’understatement (le fait de minimiser les choses), la dérision et surtout l’auto‑dérision. On se moque volontiers de soi-même, de ses échecs, de ses maladresses, avant de se permettre éventuellement de taquiner les autres. Cette “self-deprecation” est un moyen de ne pas paraître arrogant et de créer une connivence.

Astuce :

L’humour britannique utilise souvent un ton deadpan : les blagues sont énoncées avec un visage sérieux, ce qui peut les rendre difficiles à détecter pour un francophone. Un propos sarcastique peut sembler blessant si l’on ne perçoit pas le second degré. Cependant, dans de nombreux contextes amicaux ou professionnels, ce sarcasme est un signe de proximité. La ‘banter’, une joute verbale où l’on se charrie gentiment, est ainsi courante entre amis ou au sein des équipes de travail.

Ce registre inclut aussi un goût pour l’absurde, le noir, l’innuendo (sous-entendus, parfois sexuels), et une grande tolérance pour les sujets tabous… à condition de maîtriser le contexte et le ton. En milieu professionnel ou avec des personnes que l’on connaît peu, il vaut mieux rester prudent, privilégier l’humour léger, l’auto-dérision, et observer avant de se lancer.

Mœurs, société et diversité culturelle

Le Royaume-Uni d’aujourd’hui est une société multiculturelle, marquée par des vagues d’immigration successives. Cela se traduit dans la cuisine, la langue, les quartiers, mais aussi dans les débats publics sur la discrimination, l’égalité et l’accueil des réfugiés.

Les valeurs mises en avant sont la tolérance, le fair-play, une vision plutôt libérale des relations (acceptation relativement élevée de l’homosexualité, du divorce ou des relations hors mariage) et un certain stoïcisme – le fameux “stiff upper lip”, cette retenue émotionnelle valorisée lors des moments difficiles.

La question de la classe sociale reste pourtant très présente. Beaucoup de Britanniques se définissent encore comme ‘working class’ ou ‘middle class’, avec des codes, des références et parfois des accents associés. Parler avec un accent ‘standard’ (Received Pronunciation) peut encore faciliter l’accès à certains milieux, même si le paysage médiatique et social s’est beaucoup diversifié.

Observateur de la société britannique

Sur le plan religieux, le pays reste majoritairement chrétien, mais la part de personnes sans religion augmente, tout comme la visibilité de l’islam, de l’hindouisme et d’autres confessions, selon les régions.

Accents, dialectes et choc linguistique

Imaginer qu’il existe “un” accent britannique est une erreur classique. Le Royaume-Uni est l’un des pays anglophones où la diversité d’accents est la plus marquée : Cockney à Londres, Scouse à Liverpool, Geordie à Newcastle, Brummie à Birmingham, écossais, gallois, nord-irlandais… Sans compter les variantes locales à quelques dizaines de kilomètres d’écart.

Received Pronunciation et accent “standard”

Le Received Pronunciation (RP), parfois appelé “Queen’s English” ou “BBC English”, reste l’accent de référence dans les manuels. Il est traditionnellement associé au sud-est de l’Angleterre, aux classes moyennes supérieures et à l’enseignement privé d’élite. En réalité, seule une petite fraction de la population le parle comme accent natif.

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Il se caractérise par deux traits phonétiques majeurs : la non-rhoticité et la distinction vocalique entre les mots ‘bath’ et ‘trap’.

Une mosaïque d’accents régionaux

Dans le sud de l’Angleterre, on croise le Cockney populaire de l’East End, avec ses glottales et son argot rimé, l’Estuary English qui mélange RP et Cockney autour de la Tamise, ou encore un anglais multiculturel, nourri par les communautés immigrées, particulièrement à Londres.

Accents du Nord de l’Angleterre

Présentation de quelques traits caractéristiques et exemples notables des accents anglais du Nord, réputés pour leurs spécificités phonétiques.

Prononciation du ‘a’ court

Dans la plupart des accents du Nord, le ‘a’ dans des mots comme ‘bath’ reste court, contrairement à l’anglais standard (RP) où il est allongé.

Fusion de certains sons

Ces accents ont tendance à moins distinguer certains sons de voyelles qui sont clairement séparés en Received Pronunciation (RP).

L’accent Scouse (Liverpool)

Accent de Liverpool, fortement influencé par l’immigration irlandaise. Réputé pour être difficile à comprendre pour les non-initiés.

L’accent Geordie (Newcastle)

Accent de Newcastle et de la région du Tyneside. Considéré comme l’un des accents les plus distinctifs et ardus à saisir au premier abord.

En Écosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord, l’anglais est façonné par les langues locales (scots, gaélique, gallois, irlandais), ce qui influe sur le vocabulaire, l’intonation et la prononciation. Un Écossais pourra par exemple dire “yous” pour le pluriel de “you”, un Gallois parler de “cwtch” pour un câlin, et un locuteur nord-irlandais raccourcir drastiquement “Northern Irish”.

Pour un nouvel arrivant, la clé est d’accepter que l’on ne comprendra pas tout immédiatement, de demander de répéter sans gêne, et de laisser l’oreille s’habituer. Les Britanniques sont en général fiers de leur accent et ravis d’en parler si on les interroge avec curiosité.

Bien se tenir à table : les codes incontournables

Les bonnes manières à table occupent une place centrale dans la culture britannique. Elles sont inculquées très tôt et perçues comme un test silencieux de la “bonne éducation”.

Invitations, RSVP et ponctualité

Lorsqu’on vous invite à dîner, un “RSVP” sur le carton n’est pas décoratif : il faut répondre. Ne pas se manifester du tout est considéré comme très impoli. Pour les événements formels (mariages, réceptions), on attend une réponse écrite avant la date limite et, une fois que l’on a accepté, revenir en arrière sans raison sérieuse est très mal vu.

La ponctualité compte plus qu’on ne le croit : pour un dîner, on essaie d’arriver à l’heure ou dans les 10–15 minutes qui suivent, mais pas davantage. Arriver nettement en retard sans prévenir est un impair, tout comme venir trop tôt alors que l’hôte est encore en pleine préparation.

S’habiller pour l’occasion

Le principe implicite : mieux vaut être un peu trop habillé que pas assez. Les invitations peuvent mentionner un dress code allant du très formel (White Tie, Black Tie) au plus souple (Lounge Suit). Dans la plupart des cas, on évitera les tongs, les shorts, les casquettes de base-ball ou les maillots de sport. Pour les tenues féminines, la pudeur reste la norme dans les contextes familiaux ou professionnels.

Cadeau pour l’hôte et boissons d’accueil

Apporter un petit cadeau lorsqu’on est invité chez quelqu’un est attendu : une bouteille de vin, des chocolats, des noix, un petit produit fait maison fonctionnent bien. Les fleurs sont plus délicates : un bouquet à mettre immédiatement en vase peut créer du stress logistique pour l’hôte. Une solution appréciée consiste à faire livrer un arrangement floral la veille ou le lendemain.

À l’arrivée, l’hôte propose en général une boisson immédiatement, pas forcément parce qu’il pense que vous avez soif, mais comme marque d’attention. Cela peut être de l’eau, du thé, une bière, un soda, ou un apéritif sec (Champagne, gin tonic, etc.).

Maniement des couverts et règles de base

La manière britannique/européenne consiste à tenir la fourchette dans la main gauche, dents vers le bas, le couteau dans la droite, sans alterner d’une main à l’autre. On coupe la nourriture bouchée par bouchée et on évite de “pelleter” la nourriture avec la fourchette. Le couteau sert à pousser délicatement les aliments sur les dents de la fourchette.

Bon à savoir :

Pour utiliser les couverts correctement, commencez par ceux les plus éloignés de votre assiette. En cas de pause, posez-les en ‘position de repos’ sur l’assiette. Une fois le repas terminé, alignez-les parallèlement au centre de l’assiette pour signaler au service que vous avez fini.

Pain, soupe, boissons chaudes et nappe

Les petits pains ne se coupent pas au couteau, on les rompt à la main en morceaux. On beurrera seulement le morceau que l’on s’apprête à manger. La soupe se déguste en penchant légèrement le bol à l’opposé de soi et en ramenant la cuiller vers l’extérieur, sans souffler dessus.

Le thé et le café ne se boivent pas à la cuiller : on remue, on dépose la cuiller, puis on boit. La serviette (serviette/napkin) se pose sur les genoux dès qu’on s’assoit, ne se coince ni dans le col de chemise ni dans la ceinture, et ne sert ni de mouchoir ni de chiffon à vaisselle. En fin de repas, on la laisse pliée grossièrement à gauche de l’assiette.

Conversation, téléphone et posture

Autour de la table, on privilégie les sujets légers : météo, télévision, voyages, nourriture, sport… Les débats politiques ou religieux peuvent surgir, mais mieux vaut laisser les autres les ouvrir. On évite les questions intrusives sur l’argent, la vie privée, la religion, le poids ou la situation familiale.

Attention :

Le téléphone doit être rangé ou en mode silencieux. Photographier les plats, scroller ou répondre continuellement aux messages est très mal perçu. Pour un appel urgent, il faut s’excuser et s’éloigner de la table.

La posture compte : pas de coudes sur la table lorsque les plats sont servis, pas de chaise basculée en arrière, on évite de se pencher ou de se vautrer. On garde ses mains sur les genoux lorsqu’on ne mange pas, on ne se recoiffe pas ni ne se maquille à table, et, dans la plupart des contextes, on ne fume pas pendant le repas.

Pourboires et addition

Au restaurant, le pourboire n’est pas aussi systématique qu’en Amérique du Nord, mais il reste courant. Si aucun “service charge” n’est mentionné sur la note, on laisse souvent entre 10 et 12,5 % du montant. Dans les pubs, on ne laisse généralement pas de pourboire pour un simple verre.

La règle tacite veut que celui qui invite paie, et on évite de se disputer sur l’addition devant le serveur. Si l’on partage, il est de bon ton de diviser de façon simple (à parts égales) ou d’utiliser une application, plutôt que de chipoter sur chaque plat.

Pub culture : comprendre le salon collectif des Britanniques

Pour s’intégrer au Royaume-Uni, comprendre la culture des pubs est presque aussi important que maîtriser l’anglais courant. Ces “public houses” sont depuis des siècles des lieux de socialisation, de rencontres, de débats et même, autrefois, de décisions officielles.

Le pub, une “deuxième maison”

On parle souvent de son “local”, ce pub de quartier où l’on a ses habitudes. On y vient pour boire évidemment, mais aussi pour discuter, regarder un match, jouer aux fléchettes, participer à un quiz, ou simplement sortir de chez soi. Les pubs modernes vont du petit établissement de village à la chaîne de centre-ville, en passant par les gastropubs qui servent une cuisine soignée.

Beaucoup de pubs ont une histoire longue, avec des noms hérités de la royauté, de batailles ou de symboles héraldiques (“The Red Lion”, “The Crown”, etc.). Derrière cette tradition, la réalité économique est plus fragile : des milliers de pubs ont fermé depuis le début du XXIᵉ siècle.

Commander au bar et respecter l’ordre implicite

Contrairement à de nombreux pays, il n’y a pas (ou peu) de service à table dans un pub. On se lève, on va au bar, on commande et on paie sur-le-champ. L’ensemble du groupe ne se masse pas au comptoir : une ou deux personnes suffisent pour représenter tout le monde.

Bon à savoir :

Dans certains bars, la file d’attente est implicite et gérée par le barman. Il est très mal vu d’attirer l’attention par de grands gestes, des cris ou en claquant des doigts. Il faut attendre un regard ou un signe discret du serveur. Si vous remarquez qu’une personne était présente avant vous, il est poli de le signaler au barman.

Le système des “rounds”

Autre point clé : les “rounds”. Il est d’usage, dans un groupe, que chacun achète successivement une tournée pour tout le monde. profiter des tournées des autres sans jamais prendre la sienne est un moyen sûr de se faire une mauvaise réputation. Il est admis qu’on puisse se retirer du système (par exemple si l’on boit beaucoup moins ou pas du tout), mais il faut le dire clairement.

Astuce :

Évitez de systématiquement commander la boisson la plus chère lorsque ce n’est pas votre tour de payer, ou de vous éclipser au moment de régler un round. Il est également important de savoir que la pression sociale à consommer de l’alcool, bien que présente dans certains groupes, est de plus en plus questionnée. Refuser un verre d’alcool ou modérer sa consommation ne devrait pas poser de problème si cela est annoncé calmement et clairement.

Boissons, mesures et alternatives

Les bières sont servies en pintes (un peu plus d’un demi-litre) ou en demi-pintes. Le terme “beer” est trop vague pour une commande : on précisera lager, ale, stout, IPA, etc. Il est parfaitement courant de demander un petit échantillon à goûter avant de choisir. Le cidre à base de pommes (ou de poires pour le perry) occupe une place à part, surtout dans certaines régions.

Bon à savoir :

Les vins sont servis en verres de différentes tailles et les spiritueux en doses standard de 25 ml ou 35 ml. Les boissons non alcoolisées (sodas, jus, café, thé) sont disponibles partout. De nombreux pubs proposent également une large gamme de bières ou cocktails sans alcool, permettant de participer à la vie sociale sans consommer d’alcool.

Tipping, horaires et ambiance

Dans un pub, laisser un pourboire n’est ni automatique ni attendu. La forme traditionnelle consiste plutôt à dire “and one for yourself?” au moment de payer, ce qui signifie que l’on offre au barman une boisson (il prendra alors généralement la valeur d’une petite consommation en plus sur la note).

Les horaires restent relativement stricts : beaucoup de pubs ferment autour de 23h, parfois minuit le week-end. Le dernier service (“last orders”) est annoncé environ vingt minutes avant la fermeture ; on a ensuite un court délai pour finir son verre avant de devoir partir.

L’ambiance doit être respectée : un pub de quartier calme n’est pas le lieu pour hurler, filmer tout le monde ou imposer sa musique sur haut-parleur. On ne fume pas à l’intérieur, on évite le bruit excessif des téléphones, et on ne filme ni ne photographie les employés sans leur consentement.

Manger au Royaume-Uni : bien plus qu’un “fish and chips”

La réputation de la cuisine britannique a longtemps souffert à l’étranger, mais la réalité contemporaine est bien plus nuancée. Le pays conjugue une tradition de plats roboratifs (rôtis, tourtes, puddings) avec une scène culinaire très cosmopolite.

Cuisine traditionnelle et plats emblématiques

Certains plats constituent de véritables institutions. Le fish and chips – poisson frit en beignet avec frites – reste un classique, tout comme le “Sunday roast”, le rôti du dimanche servi avec pommes de terre, légumes, sauce et Yorkshire pudding.

Exemple :

Dans les pubs, on retrouve des plats emblématiques comme les ‘bangers and mash’ (saucisses-purée), les pies garnies de bœuf à la bière, les shepherd’s ou cottage pies (hachis de viande recouvert de purée), ou encore des scampi and chips. Le ‘full English breakfast’ est également un repas complet comprenant œufs, bacon, saucisses, haricots, champignons, tomate, toasts, et parfois du boudin noir.

Les desserts traditionnelssticky toffee pudding, treacle tart, puddings vapeur – témoignent d’une cuisine pensée pour tenir au corps dans un climat humide et frais.

Une scène très internationale

La multiculturalité se voit dans l’assiette. Les currys indiens, les restaurants chinois, italiens, thaïlandais, turcs, mexicains ou japonais font désormais partie du paysage quotidien. Le fameux chicken tikka masala est d’ailleurs souvent présenté comme “plat national officieux”, tant il est populaire.

Bon à savoir :

Pour de nombreux ménages, manger au restaurant est toujours considéré comme un plaisir ou une occasion spéciale. Cette perception persiste malgré la banalisation des livraisons et des repas rapides, particulièrement dans les grandes villes.

Thé, “afternoon tea” et alcool

La boisson chaude par excellence reste le thé noir avec du lait. En entreprise, proposer de faire thé ou café pour les collègues est une marque de sociabilité. L’“afternoon tea” avec scones, petits sandwichs et pâtisseries, servi dans certains hôtels ou salons de thé, constitue une expérience culturelle à part entière.

Côté alcool, la consommation reste importante même si la part de non-buveurs augmente, notamment chez les jeunes. Les Britanniques parlent volontiers de binge drinking, mais l’alcool est aussi très encadré (horaires, contrôles d’identité, campagnes de santé publique).

Travailler au Royaume-Uni : hiérarchie souple, politesse ferme

Le Royaume-Uni attire de nombreux expatriés pour des raisons professionnelles. Sa culture de travail mélange tradition et modernité : un environnement généralement informel en apparence, mais où les règles implicites demeurent fortes.

Horaires, équilibre vie pro/vie perso et flexibilité

Le schéma classique reste la semaine de 40 heures, environ 9h–17h, du lundi au vendredi. En pratique, la durée moyenne de travail tourne autour de 36–37 heures, avec un plafond légal à 48 heures hebdomadaires (sauf exceptions). La loi garantit 5,6 semaines de congés payés par an pour un salarié à temps plein, ce qui inclut souvent les jours fériés.

Depuis la pandémie, le travail flexible et hybride s’est fortement développé. Beaucoup d’entreprises acceptent le télétravail partiel et la possibilité d’aménager ses horaires. La majorité des employeurs reconnaissent l’importance de la flexibilité pour attirer et retenir les talents, dans un contexte où les enjeux de santé mentale et de burn-out sont de plus en plus pris au sérieux.

Hiérarchie, décisions et style managérial

La plupart des organisations gardent une structure hiérarchique claire : les managers et la direction ont le dernier mot sur les grandes décisions, mais ils sollicitent volontiers l’avis des équipes, surtout dans les secteurs créatifs ou de services.

Bon à savoir :

Les managers doivent allier leadership, organisation, prise de décision et maintien d’une bonne cohésion d’équipe. Le travail collaboratif est privilégié, et les salariés valorisant le succès collectif plutôt que la performance individuelle sont particulièrement appréciés.

Cela n’empêche pas des formes de pouvoir très réelles : critiquer ouvertement un supérieur en réunion, contester publiquement une consigne ou adopter un ton trop direct peut être mal vécu. L’art consiste à formuler les désaccords sous forme de questions, de suggestions (“Perhaps we could consider…”), ou de réserves diplomatiques.

Réunions, e-mails et communication professionnelle

Les réunions suivent en général un ordre du jour défini à l’avance. Elles débutent souvent par un court small talk (météo, week-end, sport) avant d’entrer dans le vif du sujet. On évite de monopoliser la parole, on ne coupe pas ses interlocuteurs, et l’on tient compte d’un ordre implicite où les personnes plus senior s’expriment en premier ou concluent.

Après la réunion, il est courant d’envoyer un compte rendu récapitulant les décisions prises et les actions à mener. La traçabilité écrite est importante : beaucoup de choses sont confirmées par e-mail pour minimiser les malentendus.

Bon à savoir :

La rédaction des courriels professionnels doit être soignée : utilisez des salutations formelles, un ton courtois, des phrases claires et une orthographe irréprochable. Évitez les anglicismes techniques et le jargon excessif, surtout pour un premier contact. Il est recommandé de répondre dans les 24 heures pendant les jours ouvrés, ne serait-ce que pour accuser réception.

Diversité, égalité et humour au bureau

Les grandes entreprises mettent en avant leurs politiques de diversité, d’équité et d’inclusion. La législation interdit les discriminations fondées sur le genre, l’origine, la religion, l’orientation sexuelle, etc., et oblige les employeurs à fournir un environnement sûr, notamment dans le sillage du mouvement #MeToo.

Dans la pratique, des inégalités persistent (écart de rémunération entre hommes et femmes, moindre accès aux promotions), coût élevé de la garde d’enfants, mais le sujet est largement discuté et documenté. Les salariés sont encouragés à signaler les discriminations via des procédures internes, des syndicats ou des organismes spécialisés.

L’humour fait partie intégrante de la vie professionnelle. Il sert à détendre, à renforcer la cohésion, voire à faire passer un message. L’auto-dérision est le registre le plus sûr. Le sarcasme dirigé vers autrui, en revanche, peut être mal interprété par un expatrié et ne doit jamais porter sur l’apparence, la famille, la religion ou des caractéristiques personnelles sensibles.

Fêtes, jours fériés et vie sociale

Les jours fériés au Royaume-Uni sont appelés “bank holidays”. Leur nombre et leurs dates exactes varient selon les nations (Angleterre, Écosse, Pays de Galles, Irlande du Nord). Ils structurent l’année mais ne correspondent pas automatiquement à des congés payés supplémentaires : tout dépend des contrats de travail.

Exemple :

De nombreux Britanniques posent des congés pour créer des ‘ponts’ et prolonger leurs week-ends autour de jours fériés. Ces périodes sont souvent associées à des événements culturels importants, tels que Noël et son traditionnel dîner au rôti, Pâques et ses œufs en chocolat, la Bonfire Night (le 5 novembre) ou le Remembrance Sunday. Les fêtes nationales régionales, comme la Saint-Patrick (Irlande), la Saint-David (Pays de Galles) et la Saint-André (Écosse), sont également des occasions marquantes.

La vie sociale se déroule beaucoup dans les espaces publics : pubs, cafés, parcs, événements sportifs, concerts, cinéma. Inviter rapidement quelqu’un chez soi n’est pas systématique : les amitiés se nouent souvent autour d’activités partagées (sport, clubs, sorties), ce qui peut surprendre des expatriés habitués à des invitations domestiques plus rapides.

Santé : décoder le NHS et les attentes culturelles

Le système de santé britannique, le National Health Service (NHS), est un élément central de la vie quotidienne et un sujet permanent de débat public. Il repose sur le principe de la gratuité au point d’utilisation pour les résidents, financé par l’impôt.

S’enregistrer et utiliser le système

Pour accéder à la plupart des services, il faut s’inscrire auprès d’un médecin généraliste (GP). Cette inscription donne un numéro NHS et fait du GP votre interlocuteur principal pour les problèmes non urgents. Les consultations sont courtes (environ 8–10 minutes) et jouent un rôle de filtre : pour voir un spécialiste, il faut en général une lettre de recommandation du GP.

Bon à savoir :

Pour une urgence vitale, composez le 999. Pour un problème urgent mais non grave, contactez le 111 ou utilisez leur site web. Pour les petits bobos du quotidien, vous pouvez vous rendre dans une pharmacie ou un centre de soins de proximité.

Ce qui est gratuit, ce qui ne l’est pas

Pour les résidents remplissant les critères, la plupart des soins médicaux sont pris en charge. En revanche, certains domaines sont payants ou partiellement payants, comme les prescriptions en Angleterre, les soins dentaires ou l’optique, avec toutefois de nombreuses exceptions (enfants, femmes enceintes, faibles revenus, certaines pathologies).

Bon à savoir :

Pour réduire les temps d’attente en consultation spécialisée ou pour certains traitements non urgents, une partie de la population et des expatriés optent pour une assurance santé privée. Cette option permet souvent d’obtenir des rendez-vous plus rapides, d’accéder à des chambres individuelles et de bénéficier d’un choix plus large de spécialistes, en contrepartie de primes annuelles parfois élevées.

Attentes et perceptions

Le NHS est à la fois source de fierté nationale et cible de critiques récurrentes. Beaucoup de Britanniques se plaignent des délais et du manque de moyens, tout en considérant le principe même d’un système public universel comme non négociable.

Pour un expatrié venu de pays à forte culture de recours immédiat à des spécialistes ou d’accès direct aux urgences, la logique de tri par le GP peut être déroutante. S’adapter implique d’accepter de passer par ce filtre, d’anticiper les besoins non urgents et, si l’on en a les moyens, d’envisager un complément privé.

Transports, déplacements et codes de conduite

Le Royaume-Uni dispose d’un réseau de transports publics dense, mais inégal selon les régions. La voiture reste dominante en dehors des grandes villes, tandis que Londres et quelques métropoles comptent sur des systèmes ferroviaires et de bus très utilisés.

Train, métro, bus et cartes de transport

Le réseau ferré relie les grandes villes et une multitude de bourgs. Le métro de Londres (la “Tube”), l’un des plus anciens au monde, constitue l’épine dorsale des déplacements dans la capitale, complété par les fameux bus rouges, le DLR, les trains de banlieue et les tramways.

Bon à savoir :

Les titres de transport peuvent être payés en espèces, par carte bancaire sans contact, par téléphone ou via des cartes prépayées comme l’Oyster à Londres. Des réductions importantes sont disponibles via des abonnements, des Railcards, des pass étudiants, ainsi que des cartes seniors ou pour personnes handicapées.

Les tarifs, notamment pour les trains, surprennent souvent par leur niveau élevé par rapport à d’autres pays européens. Acheter ses billets en avance, utiliser des applications de “split-ticketing” ou profiter des heures creuses fait partie des stratégies courantes pour réduire la note.

Étiquette dans les transports

Les transports publics sont un prolongement de la culture de la queue et de la discrétion. On laisse descendre les passagers avant de monter, on laisse sa place aux personnes âgées, enceintes ou à mobilité réduite, et on évite les conversations trop bruyantes.

La musique se consomme au casque, les appels téléphoniques sont brefs et discrets, et l’on respecte les zones calmes dans les trains. Les comportements agressifs, intrusifs ou bruyants sont très mal tolérés, surtout aux heures de pointe.

Ce qu’un expatrié doit vraiment garder en tête

S’expatrier au Royaume-Uni, c’est accepter d’entrer dans une société qui valorise la politesse, la retenue et le respect des règles implicites. Cela passe par des détails très concrets : ne pas couper la queue, répondre aux invitations, dire “please”, “thank you” et “sorry” plus souvent qu’on ne le ferait ailleurs, s’habiller en tenant compte du contexte, modérer son volume de voix en public, ou encore apprendre à lire entre les lignes dans les emails professionnels.

Pour rendre ces différences plus lisibles, quelques tableaux synthétiques peuvent aider à fixer les repères.

Politesse et communication : quelques contrastes utiles

AspectPratique courante au Royaume-UniRisque de malentendu pour un francophone
Dire “sorry”Très fréquent, même sans faute réellePeut sembler excessif ou ironique
Critique / désaccordExprimé de façon indirecte, par sous-entendusLe message réel peut passer inaperçu
Small talkQuasi systématique en début d’échange (météo, week-end, sport)Peut être pris pour du bavardage inutile
Questions personnellesÉvitée (revenus, religion, politique, vie privée)Poser ces questions peut paraître intrusif
Émotions fortes en publicGénéralement réprouvéesRisque de paraître “dramatique” ou peu professionnel

À table : gestes qui passent et gestes à éviter

SituationComportement attendu au Royaume-UniÀ éviter absolument
Utilisation du téléphoneRangé, silencieux, sortie limitée et discrèteFilmer chaque plat, répondre aux messages en continu
Pain et beurreRompre à la main, beurrer morceau par morceauCouper au couteau, tartiner tout le pain d’un coup
CouvertsFourchette main gauche, couteau main droite, pas de changement de mainMettre le couteau en bouche, “pelleter” avec la fourchette
Début du repasAttendre que tous soient servis et/ou le signal de l’hôteSe servir et commencer à manger en premier
Voix et postureTon modéré, dos droit, pas de coudes sur la tableParler fort, s’affaler, se balancer sur la chaise

Pub : codes essentiels pour ne pas passer pour un touriste perdu

SituationCe qui se faitCe qui choque
CommanderAller au bar, attendre le tour, connaître sa commandeClaquer des doigts, appeler le serveur en criant
PaiementPayer chaque tournée au fur et à mesureDemander l’addition à la fin d’heures de boisson au comptoir
Rounds (tournées)Participer, proposer son tour, communiquer si l’on se retire du systèmeProfiter des tournées sans jamais payer la sienne
PourboireOptionnel, souvent via “and one for yourself?”Laisser de grosses sommes ostentatoires comme en Amérique du Nord
ComportementDiscussion, humour, modération relative du volume sonoreIvresse bruyante, agressivité, filmer sans consentement

Au travail : attentes implicites fréquentes

DomaineAttentes au Royaume-Uni
PonctualitéArriver 5–10 minutes en avance aux réunions
E-mailsTon poli, concis, sans fautes, réponse sous 24 h ouvrées
Critiquer une idéePar questions, suggestions, formulations atténuées
HorairesNe pas s’en vanter si l’on reste tard, valoriser l’efficacité plutôt que la présence
HumourAuto-dérision bienvenue, sarcasme ciblé à manier avec prudence

Bon à savoir :

S’intégrer au Royaume-Uni ne signifie pas abandonner sa culture, mais plutôt développer une forme de ‘bilinguisme culturel’. Cela implique de comprendre le sens réel des expressions courantes, de décrypter l’ironie et de respecter les non-dits, tout en apportant sa propre sensibilité et son regard personnel.

En observant, en posant des questions avec curiosité, en acceptant de ne pas tout saisir immédiatement, et en adoptant quelques réflexes clés – file d’attente, politesse, discrétion, humour auto‑dirigé – un expatrié découvre vite que derrière la réserve britannique se cachent souvent chaleur, loyauté et un humour férocement réjouissant.

Pourquoi il est préférable de me contacter ? Voilà un exemple concret :

Un retraité de 62 ans, avec un patrimoine financier supérieur à un million d’euros bien structuré en Europe, souhaitait changer de résidence fiscale vers le Royaume-Uni pour optimiser sa charge imposable, profiter du régime des resident non-domiciled (non-dom) et diversifier ses investissements, tout en conservant un lien fort avec la France. Budget alloué : 10 000 euros pour l’accompagnement complet (conseil fiscal international, formalités d’immigration post-Brexit, délocalisation et structuration patrimoniale), sans vente forcée d’actifs.

Après analyse de plusieurs destinations attractives (Royaume-Uni, Grèce, Chypre, Maurice), la stratégie retenue a consisté à cibler le Royaume-Uni pour son régime non-dom (imposition limitée sur les revenus de source étrangère non remises au UK), l’accès à une place financière mondiale (Londres) et un environnement juridique stable. La mission a inclus : audit fiscal pré-expatriation (exit tax ou non, conventions FR-UK), obtention du statut de résident (visa approprié, résidence principale), détachement CNAS/CPAM, transfert de résidence bancaire, plan de rupture des liens fiscaux français (183 jours/an hors de France, centre des intérêts économiques), mise en relation avec un réseau local bilingue (avocat, immigration, notaire) et intégration patrimoniale globale.

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A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Expert en gestion de patrimoine internationale depuis plus de 20 ans, j’accompagne mes clients dans la diversification stratégique de leur patrimoine à l’étranger, un impératif face à l’instabilité géopolitique et fiscale mondiale. Au-delà de la recherche de revenus et d’optimisation fiscale, ma mission est d’apporter des solutions concrètes, sécurisées et personnalisées. Je conseille également sur la création de sociétés à l’étranger pour renforcer l’activité professionnelle et réduire la fiscalité globale. L’expatriation, souvent liée à ces enjeux patrimoniaux et entrepreneuriaux, fait partie intégrante de mon accompagnement sur mesure.

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