S’installer au Royaume-Uni implique tôt ou tard une question cruciale : comment se faire soigner, à quel coût et avec quels droits lorsque l’on est expatrié ? Derrière l’image d’un système public universel, le National Health Service (NHS), se cache en réalité un ensemble de règles assez techniques, qui varient selon le statut migratoire, la durée du séjour, le pays d’origine et même la nation où l’on vit (Angleterre, Écosse, Pays de Galles, Irlande du Nord).
Cet article décrypte en français les règles applicables aux expatriés au Royaume-Uni. Il se base uniquement sur les faits d’un rapport de recherche fourni, sans extrapolation, pour constituer un guide pratique, précis et directement utilisable.
Comprendre la logique du NHS : résidence plutôt que nationalité
Le NHS est un système public, financé par l’impôt, censé fournir des soins « gratuits au point d’utilisation » aux personnes qui vivent au Royaume-Uni. Mais l’accès gratuit ne dépend ni du passeport ni des cotisations versées. Tout tourne autour d’une notion clé : la « résidence habituelle », ou ordinarily resident.
Être considéré comme « ordinarily resident » signifie vivre au Royaume-Uni de manière légale, stable, et dans le cadre normal de sa vie quotidienne, pour un certain temps – sans que la loi impose une durée minimale. Ce statut n’a rien à voir, juridiquement, avec la nationalité, la possession d’un NHS number, le paiement de l’impôt britannique ou la propriété d’un logement.
Pour être reconnu comme résident habituel au Royaume-Uni, un expatrié soumis au contrôle migratoire doit généralement disposer d’un statut de résidence durable, tel que l’*indefinite leave to remain* ou un statut dans le cadre du *EU Settlement Scheme*.
Toute personne qui ne répond pas à cette définition est classée dans la catégorie des « overseas visitors » – visiteurs étrangers – et devient en principe redevable des soins hospitaliers, sauf exemptions.
Les règles de facturation des visiteurs étrangers sont fixées par les National Health Service (Charges to Overseas Visitors) Regulations 2015 et leurs amendements, qui s’appliquent spécifiquement à l’Angleterre. L’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord disposent de leurs propres dispositifs, parfois plus favorables, notamment pour certains groupes vulnérables.
Première porte d’entrée : le médecin généraliste (GP)
Pour un expatrié, la bonne nouvelle est que l’accès à la médecine de premier recours est largement ouvert. N’importe quelle personne présente en Angleterre peut s’inscrire dans un cabinet de General Practitioner (GP) et consulter gratuitement, quelle que soit sa situation migratoire ou son pays d’origine. Le GP reste la porte d’entrée principale vers le système de santé : il assure la médecine de famille, la prévention, les renouvellements d’ordonnance, et oriente vers les services hospitaliers.
L’inscription chez un médecin généraliste se fait en remplissant le formulaire standard GMS1. Bien que certains cabinets puissent demander une pièce d’identité ou un justificatif de domicile, cette demande n’est pas une obligation légale. Les médecins n’ont pas le droit de filtrer les patients en fonction de leur statut migratoire ou de l’absence de documents. Un refus d’inscription n’est légal que pour des motifs raisonnables et non discriminatoires, tels qu’une liste de patients déjà complète ou une résidence du patient en dehors de la zone de patientèle définie par le cabinet.
Même en cas de refus, le cabinet doit expliquer sa décision par écrit dans un délai de quatorze jours et assurer, le cas échéant, un traitement « immédiatement nécessaire » gratuitement pendant une durée pouvant aller jusqu’à quatorze jours. Cela vaut pour toute personne se présentant dans la zone de pratique, y compris un visiteur de passage.
Pour un séjour de plus de 24 heures et de moins de trois mois dans une même zone, il est possible de s’inscrire temporairement auprès d’un médecin généraliste (GP). Dans ce cadre, les consultations chez ce médecin et chez les infirmiers restent gratuites.
Il est important de comprendre toutefois qu’être inscrit chez un GP ne garantit pas à lui seul la gratuité des soins hospitaliers. La gratuité intégrale de l’hôpital dépend du statut de résidence ou d’éventuelles exemptions.
Urgences, soins gratuits pour tous et services payants
Le paysage des soins au Royaume-Uni se divise en plusieurs blocs. Certains services sont gratuits pour tout le monde, d’autres restent facturés même aux résidents, et une grande partie des soins hospitaliers peuvent être payants pour les expatriés en fonction de leur statut.
Il est utile de distinguer clairement ces catégories.
Les services toujours gratuits, quel que soit le statut
Plusieurs types de soins sont gratuits pour toute personne présente sur le territoire, qu’elle soit expatriée installée, touriste, étudiant ou même sans titre de séjour, à condition de ne pas avoir voyagé au Royaume-Uni dans le but explicite d’obtenir ce traitement.
Parmi ces services gratuits pour tous, on retrouve notamment : services gratuits pour tous
– Les services des urgences hospitalières (Accident & Emergency, A&E), y compris dans les walk-in centres, unités de soins pour blessures mineures ou urgent treatment centres. L’ensemble du bilan initial, examens compris, reste sans frais. En revanche, si le patient est admis dans un service hospitalier pour un suivi ou une hospitalisation, cette partie bascule dans le champ de la facturation pour les personnes non résidentes.
Le coût des consultations en médecine générale et avec une infirmière en soins primaires est de zéro euro, sans condition liée au statut migratoire.
– Le diagnostic et le traitement de nombreuses maladies infectieuses à déclaration obligatoire, parmi lesquelles la tuberculose, le VIH ou encore certaines infections respiratoires, ainsi que l’ensemble des infections sexuellement transmissibles.
– Les services de planification familiale, dans leur dimension contraceptive (pose de stérilet, pilule, etc.), à l’exclusion de l’IVG et des traitements de l’infertilité.
– Les soins liés à des violences ou traumatismes spécifiques : conséquences de la torture, mutilations génitales féminines, violences domestiques ou sexuelles, à condition que la personne n’ait pas fait le voyage pour rechercher ce soin précisément.
– Les soins palliatifs dispensés par des organisations caritatives enregistrées ou des sociétés d’intérêt communautaire.
– Le service de conseil téléphonique NHS 111, ainsi que NHS 111 online, qui orientent en cas de doute sur la gravité d’un symptôme.
– Tous les services de dépistage, test, traitement et vaccination liés à la COVID‑19, pour lesquels aucune vérification du statut migratoire n’est effectuée.
Les soins jugés immédiatement nécessaires ou urgents ne doivent jamais être retardés ou refusés pour des raisons financières. Même un expatrié redevable de frais hospitaliers doit être pris en charge en priorité en situation d’urgence, le règlement de la facture intervenant ultérieurement.
Les services payants, y compris pour les résidents
Même lorsque l’on est pleinement éligible aux soins gratuits du NHS, certains postes restent à la charge du patient. Les expatriés intégrés au système ne font pas exception.
C’est le cas en particulier :
– Des consultations et traitements dentaires dans le cadre du NHS
– Des prescriptions en Angleterre (mais pas en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord)
– D’une partie des soins optiques (examens de la vue, lunettes, lentilles)
– De certains actes de procréation médicalement assistée
– De traitements purement esthétiques.
Pour les expatriés, il est essentiel de bien distinguer ce qui relève du panier de soins NHS partiellement payant, et ce qui relève du secteur privé (cabinet dentaire privé, clinique privée, etc.), où la tarification est libre et peut être nettement plus élevée.
Hospitalisation, statut de visiteur étranger et facturation majorée
Là où les choses se compliquent pour les expatriés, c’est à l’hôpital. Les établissements du NHS ont l’obligation légale de déterminer si un patient est « ordinarily resident » ou s’il doit être considéré comme overseas visitor. Dans ce second cas, l’établissement est tenu de facturer la prise en charge, sauf si la personne entre dans l’une des nombreuses catégories d’exemption.
Pour les soins programmés, comme une opération de la cataracte, l’hôpital exige généralement le paiement intégral à l’avance ou la signature d’un engagement de paiement avant l’intervention. En revanche, pour une urgence telle qu’une appendicite aiguë, les soins sont dispensés immédiatement et la facturation intervient après le traitement, même si le patient ne peut pas payer au préalable.
La facturation aux visiteurs étrangers se fait sur la base du tarif national du NHS, majoré de 50 %. Concrètement, un expatrié non résident habituel se verra donc facturer 150 % du tarif usuel NHS. Le gouvernement publie un barème de référence, l’Overseas Patient Tariff, qui sert de base à ces calculs.
Tableau récapitulatif des principaux éléments à connaître pour la facturation des soins de santé aux visiteurs étrangers en Angleterre.
Les visiteurs étrangers peuvent être soumis à des frais pour l’utilisation du National Health Service (NHS), sauf dans le cadre d’accords de réciprocité ou pour certains services d’urgence.
Il est fortement recommandé, et souvent exigé pour l’obtention d’un visa, de souscrire une assurance santé privée couvrant le séjour en Angleterre.
Les traitements immédiatement nécessaires aux services d’urgence (A&E) sont généralement fournis sans frais préalables, mais des facturations peuvent intervenir pour la suite des soins.
Un passeport ou une pièce d’identité peut être demandé pour vérifier l’éligibilité aux soins gratuits et éviter des facturations incorrectes.
Certains pays ont des accords avec le Royaume-Uni (comme ceux de l’EEE ou un accord bilatéral) permettant l’accès aux soins nécessaires médicalement urgents.
Il est possible de recevoir une facture après le traitement, même si aucun frais n’a été mentionné sur le moment. Il est crucial de conserver tous les documents.
| Situation du patient à l’hôpital (Angleterre) | Règle de facturation |
|---|---|
| Résident habituel (ordinarily resident) | Soins hospitaliers pris en charge par le NHS (hors franchises habituelles) |
| Détenteur d’un visa avec Immigration Health Surcharge payée | Droits équivalents à un résident habituel pour la durée du visa (hors dental, Rx..) |
| Visiteur étranger sans droit spécifique ni exemption | Facturation à 150 % du tarif national NHS |
| Soins non urgents ou programmés pour visiteur étranger | Paiement complet exigé avant la prise en charge |
| Soins urgents ou immédiatement nécessaires pour visiteur étranger | Traitement effectué, facture émise ensuite |
| Services A&E sans admission | Gratuits pour tous |
En pratique, un hôpital peut renoncer à recouvrer une dette lorsque le patient est manifestement dans l’incapacité de payer, par exemple en situation de grande précarité. Mais cette marge de manœuvre reste discrétionnaire et l’existence d’une dette impayée d’un montant significatif (généralement plus de 500 £ pendant plus de deux mois) peut peser sur de futures demandes de visa ou d’entrée au Royaume-Uni, les informations pouvant être partagées avec le Home Office.
Immigration Health Surcharge : l’« abonnement » santé lié au visa
Pour la grande majorité des expatriés qui s’installent au Royaume-Uni avec un visa de plus de six mois, une pièce maîtresse du dispositif est la Immigration Health Surcharge (IHS). Il s’agit d’une contribution de santé payée en même temps que la demande de visa, en une seule fois pour toute la durée du permis.
Le montant dépend de la catégorie de visa. Selon les données du rapport, plusieurs niveaux ont été en vigueur ces dernières années, mais la logique est constante : un tarif réduit pour les étudiants, les titulaires de visas Youth Mobility et les mineurs, et un tarif plus élevé pour les autres catégories d’expatriés.
On peut résumer ainsi les ordres de grandeur indiqués dans les sources :
| Catégorie de demandeur de visa (séjour > 6 mois) | Niveau de la Immigration Health Surcharge (par an) |
|---|---|
| Étudiants, visas Youth Mobility, enfants de moins de 18 ans | Environ 470–776 £ selon la période réglementaire |
| Autres catégories (travail, famille, etc.) | Environ 624–1 035 £ selon la période réglementaire |
Le principe, lui, est clair : une fois l’IHS payée et le visa accordé, l’expatrié a, pour la durée de validité de son visa, accès aux soins hospitaliers du NHS en Angleterre dans des conditions analogues à celles d’un résident habituel. Il reste toutefois soumis aux mêmes franchises que tout le monde pour les prescriptions, les soins dentaires ou certains actes spécifiques comme l’assistance médicale à la procréation.
Certains groupes, comme les demandeurs d’asile, certaines victimes de traite, les personnes demandant un ‘indefinite leave to remain’ ou d’autres bénéficiant de protections spécifiques, sont dispensés du paiement de la surcharge IHS. En revanche, les titulaires d’un visa de visiteur standard (séjour ≤ 6 mois) n’ont pas à la payer, mais n’ont pas droit à la gratuité des soins hospitaliers au Royaume-Uni ; il leur est donc fortement recommandé de souscrire une assurance santé ou voyage privée.
Européens, accords réciproques et effets du Brexit
Pour les ressortissants de l’Union européenne, de l’Espace économique européen et de la Suisse, le paysage a été profondément remodelé par le Brexit. Toutefois, plusieurs outils garantissent encore un accès, au moins partiel, aux soins du NHS.
EHIC, PRC et S2 : la boîte à outils des séjours temporaires
Un expatrié européen en séjour temporaire au Royaume-Uni peut, sous certaines conditions, utiliser la carte européenne d’assurance maladie (EHIC) délivrée par son pays de résidence. Cette carte donne droit à la prise en charge des soins « médicalement nécessaires » pendant le séjour, y compris pour des affections préexistantes et pour des soins de maternité routiniers, tant que la finalité principale du voyage n’est pas de se faire traiter ou d’accoucher.
En l’absence de carte EHIC, il est possible de solliciter un *Provisional Replacement Certificate* (PRC) auprès de l’organisme d’assurance maladie du pays d’origine, qui jouera le même rôle. À défaut de présenter l’un de ces documents, les soins hospitaliers peuvent être facturés au tarif visiteur étranger, c’est-à-dire à 150 % du tarif NHS.
Conseil pour les soins de santé à l’étranger
Pour des soins planifiés, comme une intervention programmée, l’expatrié européen doit passer par le dispositif S2, qui permet à l’assureur public du pays de résidence de prendre en charge à l’avance un traitement réalisé au Royaume-Uni. Seuls les soins fournis par le secteur public sont couverts et les tickets modérateurs (par exemple les frais de prescription) restent à la charge du patient.
Les visiteurs norvégiens peuvent obtenir des soins médicalement nécessaires en présentant simplement un passeport valide. Pour les ressortissants d’Islande, du Liechtenstein et de Suisse, la situation est plus restrictive : la facturation au tarif visiteur étranger peut s’appliquer, sauf en cas d’accord spécifique couvrant le séjour.
Résidents européens au Royaume-Uni et EU Settlement Scheme
Les citoyens de l’UE, de Norvège, d’Islande, du Liechtenstein ou de Suisse qui vivaient légalement au Royaume-Uni avant la fin de la période de transition du Brexit et ont obtenu, ou demandé à temps, un statut au titre de l’EU Settlement Scheme (pré‑settled ou settled status) peuvent continuer à accéder au NHS gratuitement, à condition d’être considérés comme résidents habituels.
Ceux qui sont arrivés après cette date sont traités comme tout autre ressortissant de pays tiers : pour un séjour de plus de six mois, ils doivent obtenir un visa et payer l’Immigration Health Surcharge. Pour un séjour plus court, ils ne peuvent pas compter sur une gratuité globale des soins hospitaliers et doivent s’assurer contre le risque de facturation.
Les expatriés britanniques de retour et ceux qui vivent à l’étranger
Un élément souvent mal compris par les expatriés eux-mêmes est que l’éligibilité au NHS ne suit pas le passeport. Un citoyen britannique qui a quitté le Royaume-Uni pour s’installer durablement à l’étranger n’est plus automatiquement couvert par le NHS lorsqu’il revient en visite. Il est alors traité comme « overseas visitor » et peut être facturé à 150 % du tarif NHS, sauf s’il bénéficie d’un accord de prise en charge par son pays de résidence (à travers un EHIC, un PRC ou un S2) ou d’un autre dispositif (S1, par exemple, pour certains retraités).
Un citoyen britannique qui revient s’installer de manière stable au Royaume-Uni redevient immédiatement ‘ordinarily resident’ et retrouve le droit aux soins gratuits du NHS. Il doit souvent prouver ce retour durable par des justificatifs tels qu’un contrat de location ou d’achat de logement, un contrat de travail ou la résiliation d’une assurance santé étrangère.
Pour les Britanniques installés dans l’UE ou dans certains pays ayant un accord de réciprocité avec le Royaume-Uni, il existe des mécanismes spécifiques comme le formulaire S1, qui permet au Royaume-Uni de financer leurs soins dans leur pays de résidence tout en préservant un accès au NHS lors de visites temporaires.
Prescriptions, participation financière et règles entre nations du Royaume-Uni
Sur le terrain des médicaments, les expatriés doivent composer avec un paysage à la fois simple et fragmenté. En Angleterre, la plupart des prescriptions sont payantes : un tarif fixe est appliqué par médicament prescrit. Le rapport indique un montant standard de 9,90 £ par médicament en 2025. Ce n’est pas le cas en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord, où les prescriptions sont gratuites pour les patients résidant et enregistrés localement.
Pour les personnes suivant un traitement médicamenteux chronique avec plusieurs médicaments, le dispositif de Prescription Prepayment Certificate (PPC) est une option avantageuse. Il fonctionne comme un abonnement : en échange d’un paiement forfaitaire unique, valable pour une période de trois ou douze mois, il permet de réduire significativement le coût global de toutes les prescriptions médicales durant cette période. Ce système est particulièrement conçu pour alléger la facture des patients ayant de nombreuses ordonnances à renouveler régulièrement.
Certaines catégories sont exonérées de ces frais de prescription en Angleterre : enfants et adolescents en formation à temps plein, personnes âgées de 60 ans et plus, femmes enceintes ou ayant accouché dans les douze derniers mois, personnes atteintes de certaines affections chroniques bénéficiant d’un certificat d’exemption médicale, ou encore personnes éligibles au régime NHS Low Income Scheme.
Le formulaire HC1 permet d’obtenir un certificat HC2 (aide totale) ou HC3 (aide partielle). Cette aide couvre une partie des frais dentaires et autres coûts de santé au-delà des prescriptions, pour les personnes à faibles revenus et certains expatriés en grande précarité sans recours aux fonds publics.
Des règles spécifiques encadrent également les prescriptions « transfrontalières » au sein du Royaume-Uni. Par exemple, un patient gallois ou écossais qui fait exécuter une ordonnance en Angleterre doit payer le tarif anglais, à moins de disposer de cartes d’exemption particulières, tandis qu’un patient anglais présentant son ordonnance au Pays de Galles ou en Écosse peut être soumis au tarif de son pays d’origine, même si l’acte est exécuté dans une autre nation.
Soins dentaires : un terrain souvent difficile pour les expatriés
Les soins dentaires constituent un chapitre à part entière de la vie d’expatrié au Royaume-Uni. En théorie, tout résident, y compris un expatrié établi, peut accéder aux soins dentaires du NHS. En pratique, trouver un dentiste qui accepte de nouveaux patients NHS s’avère parfois très difficile, avec des « déserts dentaires » dans certaines régions, des listes d’attente pouvant atteindre plusieurs années et une forte proportion de dentistes exerçant partiellement ou exclusivement en secteur privé.
Les tarifs des actes réalisés dans le cadre du NHS sont encadrés en Angleterre selon trois grandes bandes de soins, avec un prix fixe par « traitement » plutôt que par acte individuel. Les sources de recherche fournissent plusieurs grilles, qui reflètent des évolutions dans le temps, mais la structure reste similaire :
| Bande de soins dentaires NHS (Angleterre) | Contenu principal (exemples) | Exemple de tarif indicatif* |
|---|---|---|
| Band 1 | Examen, diagnostic, radios, conseils, détartrage si cliniquement nécessaire | ≈ 23–27 £ |
| Band 2 | Tous les soins de Band 1 + obturations, dévitalisations, extractions | ≈ 65–75 £ |
| Band 3 | Tous les soins de Band 1 et 2 + prothèses, couronnes, bridges | ≈ 280–330 £ |
– Les montants précis évoluent régulièrement ; les chiffres ci‑dessus illustrent les ordres de grandeur issus des données citées dans le rapport.
Les urgences dentaires sont généralement facturées selon le tarif de la Band 1. En cas de traumatisme facial sévère ou de douleur extrême avec d’autres symptômes, il faut se rendre au service des urgences (A&E) d’un hôpital, où la consultation d’urgence est gratuite.
Certaines catégories de patients bénéficient de la gratuité totale des soins dentaires NHS : enfants de moins de 18 ans, jeunes de moins de 19 ans en formation à temps plein, femmes enceintes ou ayant accouché (ou ayant subi une fausse couche tardive ou une mortinaissance) dans les douze derniers mois, ainsi que les personnes bénéficiant de prestations sociales précises (Income Support, pensions garanties, certaines allocations chômage ou invalidité, etc.) et leurs ayants droit de moins de 20 ans. Les personnes à faible revenu qui ne sont pas déjà couvertes par ces allocations peuvent demander une aide via le NHS Low Income Scheme.
Pour les expatriés, les cabinets dentaires du NHS ne peuvent pas exiger de justificatifs d’identité, d’adresse ou de statut migratoire, ni refuser un patient en raison de son état dentaire ou d’une caractéristique protégée (genre, origine, religion, orientation sexuelle, handicap, etc.). Cependant, ils peuvent limiter le nombre de patients NHS acceptés, ce qui contribue à des pénuries dans certaines zones.
Dans les faits, de nombreux expatriés se tournent vers les soins privés, activité exercée par environ un cinquième des dentistes uniquement, et par la majorité en mode mixte NHS/privé. Les tarifs y sont beaucoup plus variables, sans plafond réglementaire, mais les rendez-vous sont souvent plus rapides, avec davantage de temps consacré au patient et une disponibilité accrue en soirée ou le week-end. Certaines assurances santé privées, y compris les contrats internationaux pour expatriés, proposent un volet dentaire plus ou moins étendu.
Groupes vulnérables, réfugiés et demandeurs d’asile
Pour des raisons humanitaires, le système britannique prévoit des exemptions larges pour certains profils d’expatriés contraints : réfugiés, demandeurs d’asile, victimes de traite des êtres humains, enfants pris en charge par les autorités locales, détenus, personnes sous traitement psychiatrique obligatoire, etc.
Tous les demandeurs d’asile en cours de procédure et les réfugiés reconnus, ainsi que leurs ayants droit, bénéficient de la gratuité complète des soins NHS, y compris hospitaliers. Les personnes déboutées de l’asile conservent également cet accès gratuit si elles reçoivent certains soutiens publics (hébergement, allocations) prévus par des lois spécifiques. Dans tous les cas, l’accès reste gratuit pour la médecine générale, les urgences (A&E), le traitement des maladies infectieuses et les soins pour victimes de violences.
Des travaux de recherche récents montrent cependant que cette population souffre d’une santé bucco-dentaire dégradée, de douleurs fréquentes, d’un faible recours au dentiste et de nombreuses barrières à l’accès : coût, méconnaissance du système, problèmes linguistiques, horaires peu flexibles, peur de la facturation ou de la stigmatisation.
Pour faciliter l’accès aux soins dentaires, des agences de santé publique au Royaume-Uni ont élaboré un parcours en sept étapes pour orienter les demandeurs d’asile et réfugiés vers un dentiste du NHS. Ce modèle inclut l’usage de médiateurs et de traducteurs professionnels, et recommande une visite dentaire dès le premier mois suivant l’arrivée sur le territoire.
Pour les praticiens, des guides méthodologiques insistent sur l’importance de prendre une histoire orale détaillée (habitudes d’hygiène, alimentation, consommation de tabac et d’alcool), de proposer systématiquement des services d’interprétariat professionnels lorsque la langue fait obstacle, d’éviter de demander des documents de statut migratoire et d’informer les patients sur leurs droits aux soins et leurs possibilités d’exonération financière.
Santé mentale, délais d’attente et recours au privé
Si l’article se concentre principalement sur l’accès général aux soins, il serait incomplet sans un mot sur la santé mentale, très souvent au cœur des préoccupations des expatriés confrontés à l’isolement, au stress professionnel ou à l’adaptation culturelle.
Le NHS offre des services de santé mentale gratuits, allant de la psychothérapie de première intention (programmes de type NHS Talking Therapies en Angleterre) aux consultations de psychiatres et aux hospitalisations. L’accès se fait le plus souvent via le GP, qui oriente vers les bons services, mais des dispositifs d’auto‑orientation existent pour certains troubles (anxiété, dépression, troubles obsessionnels, stress post‑traumatique).
Les délais d’attente pour consulter un spécialiste dans le secteur public peuvent être très longs, dépassant souvent douze semaines. Pour un accès plus rapide aux soins, de nombreux résidents et expatriés se tournent vers le secteur privé ou des associations caritatives. Des assureurs internationaux (Cigna Global, Bupa Global, Allianz, AXA, etc.) proposent des garanties optionnelles en santé mentale, couvrant psychothérapie, consultations psychiatriques et parfois hospitalisation en clinique spécialisée.
Il faut toutefois garder en tête que la santé mentale, comme le reste des soins, reste un champ où le NHS demeure le filet de sécurité principal, notamment pour les cas graves nécessitant un encadrement légal (épisodes psychotiques, risques suicidaires, etc.), couvert par le Mental Health Act.
L’articulation entre NHS et assurance privée pour les expatriés
Le Royaume-Uni n’impose pas de couverture santé privée obligatoire aux expatriés. Toutefois, les pouvoirs publics recommandent fortement à tous les visiteurs et résidents non couverts par le NHS, ou incertains de leur statut, de souscrire une assurance santé ou voyage complète. Cette recommandation est particulièrement insistante pour ceux qui viennent de pays hors UE/EEE sans accord de réciprocité.
Le secteur privé ne remplace pas le NHS pour les urgences vitales, mais il constitue un complément précieux pour :
Les principaux bénéfices offerts par une complémentaire santé pour les résidents au Royaume-Uni, au-delà du service public NHS.
Accéder plus rapidement à des spécialistes, en contournant les listes d’attente du NHS.
Choisir plus librement son hôpital, son chirurgien ou son dentiste.
Bénéficier de chambres individuelles et de conditions d’hébergement plus confortables lors d’une hospitalisation.
Couvrir des soins peu ou pas pris en charge par le NHS : soins dentaires étendus, optique, certaines chirurgies électives, médecine préventive approfondie, etc.
Organiser d’éventuels rapatriements médicaux ou soins à l’étranger.
Les contrats se déclinent en deux grandes familles : les polices « locales » britanniques, qui complètent le NHS pour les résidents, et les assurances internationales pour expatriés, pensées pour couvrir des soins à la fois au Royaume-Uni et dans d’autres pays (y compris le pays d’origine), avec des plafonds élevés, des services multilingues et une grande portabilité.
Un expatrié titulaire d’un visa ayant payé la surcharge santé (IHS) et étant résident habituel peut utiliser son assurance privée pour des consultations rapides, des soins dentaires, optiques ou des opérations non urgentes, tout en s’appuyant sur le NHS pour les urgences et les soins lourds. À l’inverse, un visiteur en court séjour sans IHS doit considérer son assurance privée comme sa couverture principale, car il serait facturé 150 % du tarif NHS en cas d’hospitalisation sans assurance.
Documentation, contrôle du statut et protection des données
Un point qui inquiète parfois les expatriés concerne les contrôles liés à l’immigration lors de l’accès aux soins. Dans la pratique, les cabinets de GP ne sont pas chargés de vérifier le statut migratoire ni de jouer un rôle d’auxiliaire du Home Office. Ils peuvent demander des preuves d’adresse pour des raisons administratives, mais ne devraient pas refuser l’inscription en cas d’absence de papiers, comme l’illustre la doctrine des « Safe Surgeries » promue par certaines ONG.
Les hôpitaux doivent identifier les patients susceptibles de payer des frais en tant que visiteurs étrangers. Pour cela, ils peuvent exiger des documents (passeport, permis de séjour, justificatif de domicile, preuve d’emploi ou d’études) et, dans un cadre réglementé, consulter le Home Office pour vérifier le statut migratoire.
En sens inverse, les établissements doivent, dans certains cas, informer le ministère de la Santé et des Affaires sociales des dettes impayées dépassant un certain seuil et une certaine durée, informations qui peuvent elles‑mêmes être partagées avec le Home Office. Néanmoins, la confidentialité des données médicales reste protégée par le droit britannique et européen : les informations cliniques ne sont pas censées être transmises aux autorités migratoires dans le cadre de ces échanges.
Vivre et se soigner au Royaume-Uni en tant qu’expatrié : ce qu’il faut retenir
Le système de santé du Royaume-Uni, vu depuis l’étranger, peut sembler à la fois généreux et intimidant. Généreux, parce qu’il ouvre largement les portes de la médecine générale et des services d’urgences à tous, sans condition de nationalité ni de statut migratoire. Complexe, parce que la frontière entre gratuité et facturation dépend d’une mosaïque de critères : type de visa, durée du séjour, pays d’origine, statut de résident habituel, appartenance à un groupe vulnérable, existence ou non d’accords bilatéraux, paiement éventuel de l’Immigration Health Surcharge, etc.
Pour un expatrié qui envisage une installation au Royaume-Uni, quelques lignes de force se dégagent des données rassemblées dans le rapport :
Pour sécuriser son accès aux soins au Royaume-Uni, il est crucial d’anticiper plusieurs démarches. Il faut d’abord déterminer rapidement si l’on sera considéré comme « ordinarily resident » et pour quels soins. Ensuite, vérifier si la demande de visa implique le paiement de la « Immigration Health Surcharge » (obligatoire pour un séjour de plus de six mois) et comprendre précisément les droits qu’elle ouvre. Il est également recommandé de s’inscrire sans tarder chez un médecin généraliste (GP), même avec des documents incomplets, pour garantir l’accès aux soins primaires et aux services de prévention (vaccins, dépistages, suivi de grossesse). Selon sa situation (étudiant, travailleur détaché, conjoint de citoyen britannique, retraité, demandeur d’asile…), il faut identifier les exemptions auxquelles on peut prétendre. Il est aussi important de se renseigner sur les règles spécifiques à la nation du Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, Pays de Galles, Irlande du Nord) où l’on s’installe, car les franchises (ex: sur les ordonnances) et les tarifs hospitaliers peuvent varier. Enfin, au-delà du système public NHS, il convient d’évaluer l’utilité d’une assurance santé privée ou internationale, notamment pour réduire les délais d’attente et couvrir les soins dentaires, optiques ou certains traitements non pris en charge.
Le NHS reste, malgré ses fragilités et ses contraintes administratives, un pilier de sécurité pour des millions de personnes, expatriés compris. Mais pour en profiter pleinement, mieux vaut s’y préparer avec une vision claire des règles du jeu, plutôt que de les découvrir au détour d’une facture d’hôpital à 150 % du tarif national.
Un retraité de 62 ans, avec un patrimoine financier supérieur à un million d’euros bien structuré en Europe, souhaitait changer de résidence fiscale vers le Royaume-Uni pour optimiser sa charge imposable et diversifier ses investissements, tout en maintenant un lien avec la France. Budget alloué : 10 000 euros pour l’accompagnement complet (conseil fiscal international, formalités administratives, relocalisation et structuration patrimoniale), sans vente forcée d’actifs.
Après analyse de plusieurs destinations attractives (Royaume-Uni, Grèce, Chypre, Maurice), la stratégie retenue a consisté à cibler le Royaume-Uni pour son régime “resident non-domiciled” permettant, sous conditions, de limiter l’imposition locale sur certains revenus de source étrangère, la profondeur de ses marchés financiers et la sécurité juridique. La mission a inclus : audit fiscal pré-expatriation (exit tax ou non, report d’imposition), obtention du statut de résident, détachement CNAS/CPAM et couverture santé privée, transfert de résidence bancaire, plan de rupture maîtrisée des liens fiscaux français (183 jours/an hors France, centre d’intérêts économiques…), coordination avec un réseau local d’avocats et fiscalistes britanniques, et intégration patrimoniale (analyse et restructuration si nécessaire) afin de réduire significativement la pression fiscale tout en limitant les risques de double imposition via la convention FR–UK.
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