S’installer durablement au Royaume-Uni ne se résume plus à prendre un billet d’avion et trouver un logement. Depuis le Brexit et la numérisation accélérée des procédures, vivre, travailler ou étudier sur place implique une série de démarches administratives qui structurent pratiquement toute la vie quotidienne : entrée sur le territoire, droit au séjour, logement, emploi, fiscalité locale, santé, banque, permis de conduire, etc.
Cet article détaille les démarches essentielles en s’appuyant sur des données factuelles. Il permet de comprendre les grandes étapes, d’agir dans le bon ordre et d’éviter les erreurs coûteuses en temps, en argent ou pouvant mener à un refus de droit.
Préparer son arrivée : entrée, visa et Electronic Travel Authorisation
Avant même de penser emploi, logement ou sécurité sociale, il faut d’abord pouvoir entrer légalement au Royaume-Uni. Les règles varient fortement selon la nationalité et le projet (visite, travail, études, installation durable).
Pour les citoyens de l’Union européenne, de la Suisse, de la Norvège, de l’Islande ou du Liechtenstein, les séjours touristiques ou de courte durée sont possibles sans visa. Il reste néanmoins obligatoire de présenter un passeport valable pour toute la durée du séjour. Les cartes nationales d’identité ne sont acceptées que dans des cas bien précis, notamment pour les personnes disposant d’un statut sous le EU Settlement Scheme (settled ou pre-settled status), certains membres de famille ou frontaliers, les détenteurs de certains permis spécifiques ou encore les visiteurs S2 Healthcare.
Les Irlandais conservent un droit d’entrée et de résidence sans visa dans le cadre de la Common Travel Area, ce qui les place à part dans tout le dispositif.
L’Electronic Travel Authorisation (ETA), nouvelle étape incontournable
Le Royaume-Uni déploie progressivement une autorisation électronique de voyage, l’Electronic Travel Authorisation (ETA). Il s’agit d’une permission numérique liée au passeport, valable en principe deux ans (ou jusqu’à l’expiration du passeport) et permettant des séjours répétés jusqu’à six mois pour tourisme, visite familiale ou certains motifs précis.
L’ETA n’est pas un visa et ne garantit pas l’entrée, mais elle devient obligatoire pour de nombreuses nationalités, y compris les citoyens européens. Chaque voyageur, enfant inclus, doit avoir la sienne, sauf les citoyens britanniques, irlandais et les doubles nationaux de ces pays.
La demande se fait via l’application « UK ETA » ou sur le site officiel du gouvernement (gov.uk). Le processus consiste à fournir les données de passeport, des coordonnées, une photo numérique et à répondre à des questions de sécurité, avant de régler les frais (un montant officiel est indiqué par le gouvernement ; d’autres sites non officiels facturent souvent davantage et sont à éviter). Il est recommandé de déposer la demande quelques jours ouvrés avant le départ.
Visa, point system et travail
Pour travailler ou s’installer durablement, l’ETA ne suffit pas. La plupart des ressortissants non britanniques et non irlandais doivent entrer dans un cadre de visa spécifique, le plus structurant étant aujourd’hui le Skilled Worker visa, qui a remplacé l’ancienne catégorie Tier 2 (General).
C’est le nombre de semaines indicatif pour le traitement d’une demande de visa déposée depuis le Royaume-Uni.
Ce point est crucial pour l’organisation globale des démarches : sans visa de travail valable (ou autre voie de séjour autorisant l’activité), il est impossible d’obtenir certains droits connexes (ouverture de compte, emploi déclaré, accès à certaines prestations).
Statut d’immigration, eVisa et installation à long terme
Une fois le visa obtenu, toute la logique administrative britannique s’articule autour du « statut d’immigration » enregistré par UK Visas and Immigration (UKVI), une direction du Home Office.
De la carte BRP à l’eVisa : la dématérialisation du séjour
Le Royaume-Uni a longtemps délivré des Biometric Residence Permits (BRP), cartes plastifiées avec puce, photo, conditions de séjour et parfois numéro de National Insurance. Ces cartes sont désormais abandonnées : elles ont toutes expiré au 31 décembre 2024 et sont remplacées par un statut intégralement numérique, l’eVisa.
L’eVisa est un enregistrement en ligne de l’identité et du droit de séjour (type de visa, durée, conditions). Pour y accéder, il faut créer un compte UKVI sur le site gouvernemental, en renseignant date de naissance, numéro de BRP ou numéro d’application, détails de passeport, mail et téléphone. Une fois connecté, on peut consulter les informations de son statut, actualiser ses coordonnées et générer des « share codes » pour prouver son droit de travailler, de louer un logement ou de voyager.
Avec la numérisation, les employeurs, bailleurs ou universités ne se basent plus sur la présentation d’un document physique pour vérifier le droit au séjour. Ils utilisent désormais les services en ligne ‘view and prove’ du gouvernement, en entrant un code temporaire fourni par la personne concernée, pour consulter et valider son statut de manière sécurisée et instantanée.
Viser le long terme : Indefinite Leave to Remain et settlement
Pour ceux qui envisagent de vivre durablement au Royaume-Uni, la question du statut permanent arrive vite. Le statut clé est l’Indefinite Leave to Remain (ILR), souvent appelé « settlement » ou « settled status » dans le langage courant.
Obtenir l’ILR donne le droit de vivre, travailler et étudier au Royaume-Uni sans limite de temps, d’accéder à certaines prestations sociales et, à terme, de demander la citoyenneté britannique. L’ILR est aussi une passerelle indispensable pour la naturalisation.
Les conditions dépendent de la voie d’immigration :
| Route de séjour | Durée typique avant ILR | Particularités principales |
|---|---|---|
| Long residence | 10 ans de résidence légale continue | Absences strictement encadrées |
| Family / conjoint | 5 ans (ou 10 ans selon le parcours) | Preuve de vie commune, seuils financiers |
| Skilled Worker | 5 ans | Emploi continu chez un sponsor, seuil de salaire |
| Innovator Founder | 3 ans | Critères économiques spécifiques |
| Global Talent | 3 ou 5 ans | Dépend du domaine et du type d’endorsement |
| Private life | 10 ans | Renouvellements réguliers, critères de vie privée |
Quelle que soit la route, la notion de résidence continue est centrale. Selon les cas, les absences du territoire ne doivent pas dépasser un certain nombre de jours par an ou sur l’ensemble de la période (par exemple, pour la long residence, pas plus de 184 jours consécutifs ni 548 jours au total sur dix ans, avec certaines marges de discrétion). Des règles spécifiques existent pour les travailleurs qualifiés, les innovateurs ou les titulaires d’un statut européen post-Brexit.
La demande de résidence permanente (ILR) au Royaume-Uni s’effectue en ligne via des formulaires spécifiques (ex: SET(M) pour les conjoints, SET(O) pour d’autres catégories, SET(LR) pour la résidence longue). Le processus requiert de prouver son identité (via une application ou un rendez-vous biométrique), de fournir des justificatifs de résidence, d’emploi et de relations familiales. Il est également généralement nécessaire de réussir le ‘Life in the UK test’, un examen de 24 questions sur l’histoire, les institutions et la culture britanniques, avec un seuil de réussite de 75 %.
Le coût est élevé : plusieurs milliers de livres par personne (plus de 3 000 £ pour une demande standard, auxquels s’ajoutent potentiellement des services prioritaires pouvant ajouter plusieurs centaines à mille livres). Les délais ordinaires peuvent aller jusqu’à plusieurs mois, même si des services accélérés existent sous réserve de disponibilité.
Travailler légalement : National Insurance number et fiscalité personnelle
Accéder à un emploi déclaré passe par une étape-clé : l’obtention d’un National Insurance number, souvent appelé NI number ou NIN. C’est l’équivalent fonctionnel d’un identifiant social et fiscal unique.
À quoi sert le National Insurance number ?
Le National Insurance number, délivré par le Department for Work and Pensions (DWP), sert à enregistrer correctement les cotisations sociales (National Insurance Contributions) et les impôts sur le revenu auprès de HM Revenue & Customs (HMRC). Il sert également de référence pour certains dispositifs, comme les prêts étudiants via le Student Loans Company.
Une fois attribué, ce numéro reste le même toute la vie, quelles que soient les évolutions de nom, d’adresse ou de situation. L’obtention est gratuite et les seules informations fiables et formulaires officiels se trouvent sur le site gov.uk.
Qui doit demander un NI number, et quand ?
Toute personne qui vit au Royaume-Uni, a le droit d’y travailler et est déjà en emploi, en recherche d’emploi ou détient une offre d’emploi doit demander un NI number si elle n’en a pas. La demande ne peut se faire que depuis le territoire britannique.
Informations essentielles sur les situations où une demande de NINo n’est pas nécessaire ou appropriée.
Il n’est pas possible de déposer une demande uniquement pour toucher des prestations ou un prêt étudiant. D’autres procédures existent et l’administration contactera la personne si un NINo est nécessaire pour le paiement.
Si le numéro figure déjà sur un ancien BRP (Biometric Residence Permit) ou dans un eVisa, il n’y a pas lieu d’en demander un nouveau.
Les résidents britanniques reçoivent normalement leur NI number automatiquement à l’approche de leurs 16 ans, à condition qu’une demande de Child Benefit ait été faite par un parent ou un tuteur. Ceux qui n’ont rien reçu entre 16 et 19 ans doivent d’abord vérifier s’ils ne disposent pas déjà d’un numéro (par exemple sur un document fiscal, un old BRP ou un bulletin de salaire) avant d’entamer une nouvelle procédure.
Procédure et délais
La demande se fait désormais en ligne. Il faut prouver son identité, idéalement en téléversant des photos numériques de son passeport, de son BRP ou de sa carte d’identité (pour certains ressortissants européens), ainsi qu’une photo où l’on tient son passeport à côté du visage. Un smartphone, une tablette ou un appareil photo numérique suffit, et une autre personne peut prendre les clichés. Si l’envoi de photos est impossible, un rendez-vous physique ou l’envoi de copies papier peut être exigé, ce qui rallonge le délai.
Après validation de l’identité, le numéro NI est envoyé par courrier postal à l’adresse déclarée, pour des raisons de sécurité, dans un délai pouvant aller jusqu’à quatre semaines. Il n’est jamais transmis par e-mail. Un e-mail de confirmation avec un numéro de référence est envoyé dès la soumission de la demande, indiquant si des preuves d’identité supplémentaires sont nécessaires.
En cas de non-réception au bout de quatre semaines, de déménagement ou de changement de coordonnées, il faut contacter la ligne d’assistance dédiée, en gardant sous la main le numéro de référence figurant sur l’e-mail de confirmation. Des numéros spécifiques existent pour l’Angleterre, le Pays de Galles, l’Écosse et l’Irlande du Nord, avec également des dispositifs Relay UK et vidéo en langue des signes britannique pour les personnes sourdes ou malentendantes.
Peut-on travailler sans NI number ?
Il est possible de commencer un emploi avant d’avoir obtenu son NI number, à condition de pouvoir prouver son droit au travail (statut d’immigration valide, eVisa, etc.). L’employeur pourra appliquer temporairement un taux d’imposition d’urgence plus élevé ; les trop-perçus d’impôts seront en principe remboursés une fois l’administration informée du numéro, généralement en fin d’année fiscale.
Les cotisations de National Insurance sont obligatoires pour les salariés dont le revenu dépasse un seuil gouvernemental et pour les indépendants au-delà d’un certain niveau de profits. Les taux varient selon la classe (employé, indépendant, volontaire) et financent l’accès aux prestations sociales et à la pension publique. Ces cotisations ne sont pas remboursables, même en cas de départ du Royaume-Uni.
Se loger : Right to Rent, bail et taxe locale (Council Tax)
Trouver un logement ne se limite pas à signer un contrat de location. Deux pans administratifs majeurs entrent en jeu : les vérifications de droit au logement (Right to Rent) et la taxe locale, le Council Tax.
Le Right to Rent : prouver son droit à occuper un logement
En Angleterre, la loi impose aux propriétaires et à certains bailleurs privés de vérifier que les adultes qui s’installent dans un logement ont le droit d’y résider (right to rent). Ce dispositif, instauré par les Immigration Acts de 2014 et 2016, vise à empêcher l’accès au marché locatif privé aux personnes dépourvues de statut migratoire valable.
Le propriétaire (ou l’agent mandaté par écrit) doit effectuer des vérifications pour chaque adulte de plus de 18 ans qui vivra dans le logement comme résidence principale, même s’il n’apparaît pas sur le contrat de location. Certaines catégories de logements (hébergements sociaux, foyers, hôpitaux, structures d’accueil, locations de vacances, baux très longs, etc.) échappent à ce régime.
Il existe plusieurs niveaux de droit à la location : droit illimité (citoyens britanniques et irlandais, titulaires d’ILR ou de settled status, par exemple), droit limité dans le temps (visas temporaires, statuts en cours de renouvellement), absence de droit, et autorisation exceptionnelle (permission to rent) accordée ponctuellement par le Home Office.
Home Office
Trois méthodes de vérification coexistent :
– un contrôle manuel des documents d’identité originaux, avec conservation d’une copie,
– l’utilisation du service en ligne officiel avec un « share code » généré par le locataire (pour les détenteurs d’un eVisa, BRP, statut européen, etc.),
– le recours à un prestataire certifié de vérification d’identité numérique, réservé aux citoyens britanniques et irlandais titulaires d’un passeport.
Les propriétaires doivent conserver la preuve du contrôle et effectuer des vérifications de suivi pour les personnes dont le droit à la location est limité dans le temps. En cas de manquement, les sanctions sont lourdes : amendes par personne hébergée sans droit, et, dans les cas les plus graves (location en connaissance de cause à une personne disqualifiée), risque de poursuites pénales avec peine de prison.
Council Tax : la taxe locale obligatoire
Une fois installé, tout foyer doit en principe s’acquitter du Council Tax, une taxe locale destinée à financer les services de la collectivité (collecte des déchets, bibliothèques, voirie, etc.). Elle concerne l’Angleterre, avec des régimes spécifiques en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord.
Le Council Tax est calculé selon la valeur du logement, classée en bandes de A (la plus basse) à H. Le montant est fixé par la mairie et la facture annuelle, envoyée généralement en avril, couvre l’année entière. Le paiement s’effectue le plus souvent en 10 mensualités, avec la possibilité d’opter pour 12 versements sur demande.
Pour être redevable, il faut qu’un avis (bill) soit émis à son nom, éventuellement conjoint. La personne légalement responsable est le « liable person », généralement tout adulte de 18 ans ou plus qui possède ou loue le logement. Un ordre de priorité s’applique quand plusieurs adultes cohabitent : propriétaire occupant, locataire, sous-locataire, occupant sans titre, ou, si personne ne vit dans le bien, le propriétaire.
Plusieurs situations peuvent conduire à ce que ce soit l’owner, et non les résidents, qui soit redevable : logement occupé uniquement par des mineurs, foyers pour demandeurs d’asile, résidences temporaires type foyers, hôpitaux, maisons de retraite, ou certains logements en colocation considérés comme Houses in Multiple Occupation (HMO).
Pour s’enregistrer, il faut contacter le council de la zone où se situe le logement — le plus souvent via un formulaire en ligne. On y renseigne noms, adresses précédente et actuelle, date d’emménagement, noms des autres occupants de 16 ans ou plus, coordonnées, parfois coordonnées du propriétaire ou de l’agence, et on peut y demander la mise en place d’un prélèvement automatique ou d’une réduction pour personne seule.
Les councils envoient ensuite un numéro de compte, indispensable pour payer et consulter son dossier. Il est essentiel d’informer le council de tout déménagement, pour clôturer un compte et en ouvrir un nouveau.
De nombreuses réductions et exonérations existent : 25 % de réduction pour personne seule, exonérations pour certains logements vides ou occupés par des étudiants à temps plein, certains annexes pour proches dépendants, logements entièrement occupés par des personnes atteintes de troubles mentaux graves, etc. Un régime de Council Tax Reduction vise les foyers à faibles revenus ou bénéficiaires d’aides sociales.
Accès à la santé : Immigration Health Surcharge, NHS et inscription chez le GP
Le système de santé public britannique, le NHS, est au cœur de la vie quotidienne. Y accéder dans de bonnes conditions est un élément majeur de toute installation.
Immigration Health Surcharge : le prix de l’accès au NHS
La plupart des demandeurs de visa d’une durée supérieure à six mois doivent payer, au moment de leur demande, une contribution appelée Immigration Health Surcharge (IHS). Ce paiement, distinct des frais de visa, donne accès à la majorité des services du NHS sur la même base qu’un résident « ordinarily resident » (soins gratuits au point d’utilisation, mais paiement de certaines prestations comme les prescriptions ou les soins dentaires).
L’IHS n’est pas requis pour les visas de visiteur, ni pour les demandes d’indefinite leave to remain, ni pour certains profils précis, par exemple les titulaires d’un visa Health and Care Worker (médecins, infirmiers, professionnels de santé et de soins) et leurs familles, les demandeurs d’asile, des victimes de traite ou de violences domestiques, certains personnels de l’OTAN, ou encore les personnes relevant du EU Settlement Scheme. Les enfants pris en charge par une collectivité sont également exemptés.
Le tarif standard du visa britannique est annuel, avec des réductions pour les étudiants et les jeunes, et une facturation au prorata selon la durée du séjour.
En cas de refus ou de rejet du visa, l’IHS est automatiquement remboursé. En revanche, aucune restitution n’est prévue si le titulaire choisit de quitter le Royaume-Uni avant l’expiration de son visa, ou si celui-ci est écourté par le Home Office.
S’inscrire chez un General Practitioner (GP)
Indépendamment de l’IHS et du statut migratoire, toute personne en Angleterre peut en principe s’inscrire gratuitement dans un cabinet de médecins généralistes (GP). Cette inscription est la porte d’entrée pour accéder aux soins non urgents, aux consultations de routine, aux renouvellements d’ordonnances.
Il est recommandé de s’inscrire auprès d’un cabinet médical le plus tôt possible après votre arrivée, en utilisant le formulaire GMS1 disponible sur place ou en ligne. Le cabinet n’a pas le droit d’exiger des preuves d’identité, de domicile ou de statut migratoire comme condition absolue à l’inscription, bien qu’il puisse demander ces documents à des fins de vérification. La seule obligation légale du praticien est de respecter des critères objectifs et non discriminatoires, tels que la zone géographique couverte et sa capacité d’accueil.
Une fois l’inscription validée, le patient reçoit un numéro NHS. Il est aussi possible de s’enregistrer temporairement pour un séjour entre 24 heures et trois mois dans une autre région. Les cabinets ont l’obligation de fournir, dans leur zone, des soins d’urgence immédiate gratuitement pendant une courte période à toute personne non inscrite.
Certains soins restent payants : prescriptions médicamenteuses (sauf pour les moins de 19 ans en scolarité à temps plein, les plus de 60 ans ou les femmes enceintes, par exemple), soins dentaires avec une tarification par « bands », examens de vue en Angleterre (alors qu’ils sont gratuits en Écosse), lunettes, etc. Pour les personnes considérées comme « overseas visitors » sans IHS ni résidence ordinaire, les soins hospitaliers peuvent être facturés à 150 % du tarif NHS, avec un impact négatif sur les demandes de visa en cas d’arriérés supérieurs à un certain montant.
Gérer son argent : ouvrir un compte bancaire au Royaume-Uni
Vivre au Royaume-Uni tout en conservant uniquement un compte étranger est techniquement possible, mais vite coûteux et compliqué. Frais de conversion, frais de carte à l’étranger, absence d’IBAN local pour le versement des salaires et des factures… tout pousse à ouvrir un compte local.
Pour ouvrir un compte bancaire au Royaume-Uni, vous devez fournir une preuve d’identité et une preuve d’adresse. Les documents acceptés pour l’identité sont : un passeport, un permis de conduire britannique ou européen, ou une carte nationale d’identité d’un pays de l’UE. Pour justifier de votre adresse, vous pouvez présenter une facture de services (gaz, électricité, eau) de moins de trois mois, un contrat de location, un relevé de compte bancaire envoyé à l’adresse britannique, un avis de Council Tax ou un relevé hypothécaire.
Pour les nouveaux arrivants qui n’ont pas encore de factures, certaines banques acceptent des documents alternatifs : lettre de l’université confirmant l’adresse pour les étudiants, courrier de HMRC notifiant un NI number ou un code fiscal, ou encore relevé d’une banque étrangère mis à jour avec l’adresse au Royaume-Uni.
L’absence de « credit history » locale est un obstacle fréquent. Les banques britanniques ne tiennent généralement pas compte des historiques de crédit étrangers. Commencer par un compte courant basique, voire un « basic bank account » sans découvert, ou un compte chez une fintech numérique, peut faciliter l’installation. Les délais de traitement peuvent aller jusqu’à plusieurs semaines selon les établissements et les contrôles (identité, lutte anti-blanchiment, statut migratoire dans certains cas).
Conduire au Royaume-Uni : permis étranger, échange et règles
La question du permis de conduire intéresse rapidement ceux qui souhaitent s’installer en dehors des grandes métropoles, ou pour qui la voiture est un outil professionnel.
Un résident de Grande-Bretagne (Angleterre, Écosse, Pays de Galles) muni d’un permis étranger non européen peut conduire des voitures, motos et petits véhicules pendant 12 mois à partir du moment où il devient résident (en général, dès lors qu’il passe au moins 185 jours par an au Royaume-Uni). Au-delà, il doit soit passer l’examen britannique (théorique et pratique), soit, s’il est originaire d’un pays considéré comme « désigné », demander l’échange de son permis contre un permis britannique sans repasser de test.
Le Driver and Vehicle Standards Agency (DVSA) britannique considère que les systèmes de permis de conduire de plusieurs pays et territoires sont globalement équivalents. La liste des pays désignés comprend, par exemple, l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Japon, la Corée du Sud, l’Afrique du Sud, la Suisse, Singapour, les Émirats arabes unis, Hong Kong, Andorre, Monaco, plusieurs territoires britanniques d’outre-mer, et quelques autres.
L’échange est soumis à de nombreuses conditions : le permis doit être valide, avoir été obtenu directement dans le pays en question (pas par échange depuis un pays non désigné), et la demande doit être faite dans les cinq ans suivant l’installation au Royaume-Uni. De plus, les Britanniques n’accordent l’habilitation à conduire des voitures à boîte manuelle que si le test d’origine a été passé sur ce type de véhicule, preuve à l’appui ; sinon, le permis britannique sera limité aux voitures automatiques.
L’échange d’un permis de conduire étranger pour un permis britannique se fait par courrier à la DVLA. Il nécessite l’envoi du formulaire D1, du permis original (qui ne sera pas restitué), d’une photo, de justificatifs d’identité et de statut, et du paiement des frais. Pour les permis non anglophones, une traduction certifiée est obligatoire. Les délais de traitement sont d’environ trois semaines, mais peuvent être plus longs en cas de vérifications.
Pour les citoyens de l’UE, de l’EEE et de la Suisse, des règles spécifiques offrent souvent la possibilité de conduire jusqu’à l’expiration du permis ou jusqu’à un certain âge avant l’obligation d’échanger. Des règles particulières existent aussi pour l’Irlande du Nord, qui a sa propre autorité de délivrance.
Le travail : de l’offre d’emploi au contrat, via le sponsor licence
Tout projet de vie au Royaume-Uni qui passe par l’emploi salarié doit prendre en compte la structure de la politique migratoire actuelle. L’employeur joue un rôle central. Pour recruter la majorité des ressortissants étrangers, il doit détenir un sponsor licence, obtenu après une demande en ligne, un examen de ses procédures internes (capacité à suivre et déclarer les salariés, à conserver les dossiers, à gérer les changements) et, parfois, une visite de contrôle.
Les employeurs doivent assumer des coûts non négligeables : frais de licence, frais de délivrance des Certificates of Sponsorship, Immigration Skills Charge par année de parrainage. Des règles très strictes interdisent désormais de répercuter ces frais sur les travailleurs, sous peine de perdre la licence.
Nombre de points requis qu’un travailleur doit accumuler pour être éligible à ce type de visa.
À noter que de nombreuses professions à qualification intermédiaire (niveaux RQF 3 à 5) ne sont plus éligibles au parrainage standard depuis la rehausse des seuils de qualification et de salaire. Seules les professions listées sur une Temporary Shortage List peuvent parfois échapper à ces exigences, pour une durée limitée.
À moyen terme, culminer cinq années de séjour sous ce visa, en respectant les seuils de salaire et de présence, peut ouvrir la voie à l’Indefinite Leave to Remain.
Vivre au Royaume-Uni : penser la cohérence de l’ensemble des démarches
Ce qui ressort de l’ensemble des règles et dispositifs, c’est l’interdépendance permanente entre les démarches :
Sans visa ou statut d’immigration clair, une personne rencontre des difficultés majeures pour prouver son droit au travail ou au logement. Cela entraîne une cascade de problèmes : impossibilité d’obtenir un numéro de sécurité sociale (NI), de payer des impôts, d’ouvrir un compte bancaire ou de s’inscrire à la taxe d’habitation (Council Tax). L’accès au système de santé (NHS) devient incertain sans paiement de la surcharge santé (IHS) et sans inscription chez un médecin généraliste (GP). Enfin, l’absence de preuves de résidence (factures, relevés bancaires) complique considérablement toute future demande de résidence permanente (Indefinite Leave to Remain).
L’installation au Royaume-Uni se joue donc autant sur la cohérence d’ensemble que sur chacune des démarches isolées. En s’en tenant aux sources officielles (gov.uk, NHS, DVLA, UKVI, councils locaux) et en respectant scrupuleusement l’ordre logique des étapes — entrée, statut migratoire, logement, travail, NI number, santé, banque, fiscalité locale, permis de conduire — l’expatrié ou l’étudiant a toutes les cartes en main pour transformer un projet de séjour en véritable vie au Royaume-Uni.
Un retraité de 62 ans, avec un patrimoine financier supérieur à un million d’euros bien structuré en Europe, souhaitait changer de résidence fiscale vers le Royaume-Uni pour optimiser sa charge imposable, sécuriser une partie de son capital en devise forte (GBP) et diversifier ses investissements, tout en conservant un lien étroit avec la France. Budget alloué : 10 000 euros pour un accompagnement complet (conseil fiscal, formalités administratives, délocalisation et structuration patrimoniale), sans vente forcée d’actifs.
Après analyse de plusieurs destinations attractives (Portugal, Italie, Grèce, Royaume-Uni), la stratégie retenue a consisté à cibler le statut de résident non domicilié au Royaume-Uni (non-dom) pour bénéficier d’une fiscalité avantageuse sur les revenus de source étrangère, d’un environnement financier de premier plan (Londres) et d’un cadre juridique stable. La mission a inclus : audit fiscal pré‑expatriation (exit tax ou non, report d’imposition), obtention du visa et de la résidence, structuration des flux en « remittance basis », détachement CNAS/CPAM, transfert de résidence bancaire, plan de rupture maîtrisée des liens fiscaux français, mise en relation avec un réseau local (avocats, fiscalistes UK, conseils en immigration) et intégration patrimoniale globale.
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