Trouver un logement en Corée du Sud : mode d’emploi complet pour ne pas se perdre

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

S’installer en Corée du Sud, c’est souvent l’excitation d’un nouveau départ… jusqu’au moment où il faut trouver un logement. Marché ultra rapide, annonces trompeuses, système de dépôt unique au monde, contrats en coréen, arnaques au jeonse : pour beaucoup d’étrangers, la recherche d’appartement devient l’étape la plus stressante du projet.

Bon à savoir :

Avec une bonne compréhension du marché et les bons réflexes, il est possible de trouver un logement correct, sécurisé et adapté à son budget, que ce soit pour étudier à Séoul, enseigner à Busan ou travailler à Incheon. Ce guide, basé sur les données récentes du marché et les pratiques locales, propose un mode d’emploi concret et pratique.

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Comprendre le marché du logement en Corée du Sud

Le marché immobilier coréen est aujourd’hui profondément déséquilibré entre la région capitale et le reste du pays. Autrement dit : Séoul et sa banlieue coûtent très cher, le reste du pays beaucoup moins.

Un marché très polarisé autour de Séoul

Les statistiques récentes montrent que la hausse des prix se concentre surtout dans la région métropolitaine de Séoul, tandis que la plupart des autres grandes villes subissent plutôt une baisse ou une stagnation. Le prix de vente moyen d’un appartement neuf à Séoul dépasse 13,39 millions de wons par mètre carré, soit environ 9 272 dollars, quand la moyenne nationale tourne autour de 5,76 millions de wons par mètre carré (environ 3 989 dollars). Autrement dit, le mètre carré à Séoul coûte plus de 2,3 fois la moyenne du pays.

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Nombre d’années de salaire moyen nécessaires pour acheter un appartement à Séoul

Ce contraste se retrouve sur le marché de la location. Le dépôt moyen en jeonse à Séoul dépasse 440 millions de wons pour les appartements, quand la moyenne nationale tourne autour de 230 millions de wons.

Grandes villes et prix : quelques repères

Le tableau ci‑dessous donne un aperçu des prix de vente moyens par mètre carré pour les appartements neufs dans plusieurs grandes villes, ainsi que l’évolution récente des indices de prix :

Ville / RégionVariation indice prix (an)Prix moyen neuf au m² (KRW)Prix moyen neuf au m² (USD, env.)
Séoul (ville)+3,63 %13 396 000~9 272
Région capitale (Séoul + Gyeonggi + Incheon)+1,68 %
Incheon+0,63 %5 644 000~3 906
Gyeonggi+0,32 %6 554 000~4 536
Busan–1,94 %6 690 000~4 630
Daegu–3,87 %6 713 000~4 646
Gwangju–1,13 %6 003 000~4 155
Daejeon–1,07 %5 366 000~3 714
Ulsan–0,11 %5 334 000~3 692
Sejong–5,06 %5 425 000~3 755
Autres villes régionales–0,30 %4 605 000~3 187
Moyenne nationale (appartement neuf)+0,31 %5 763 000~3 989

Pour quelqu’un qui vient s’installer, cette polarisation a une implication simple : vivre dans le cœur de Séoul coûte nettement plus cher qu’habiter dans une ville de province ou même dans les villes satellites de Gyeonggi. Pour un budget identique, on obtient généralement plus d’espace et une qualité de logement supérieure en s’éloignant du centre.

Un marché locatif en transition

La Corée repose sur deux grands systèmes de location : le jeonse (dépôt massif, pas de loyer) et le wolse (dépôt plus faible, loyer mensuel). Historiquement, le jeonse dominait largement, notamment à Séoul. Désormais, les contrats mensuels gagnent du terrain, surtout après plusieurs scandales de fraudes au jeonse.

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L’indice de loyer augmente d’un peu plus de 1 % par an au niveau national, selon les chiffres récents.

Pour les locataires, cela signifie que les loyers restent globalement stables, voire baissent dans certaines régions, mais que les dépôts (key money) et la pénurie dans certains quartiers tendus continuent de rendre l’accès au logement compliqué.

Les principaux types de logements et ce qu’ils impliquent

Le vocabulaire immobilier coréen est très spécifique. Avant même de regarder les annonces, mieux vaut comprendre à quoi correspondent les différents types de logements.

Studios, villas, appartements, officetels, goshiwon

Dans les grandes villes, plusieurs formats dominent :

– Les studios, appelés one‑room (원룸), sont de petits logements où pièce principale, coin cuisine et parfois lit se trouvent dans une seule pièce. C’est l’option la plus fréquente pour étudiants, jeunes actifs et nouveaux arrivants. Les dépôts commencent généralement à 5 millions de wons, avec un loyer mensuel courant entre 300 000 et 1 000 000 wons selon la ville et le quartier.

Les villas (빌라) sont de petits immeubles bas, souvent sans ascenseur, de moins de six étages. Les logements y sont souvent un peu plus spacieux et les charges de gestion moins opaques que dans les grandes tours. Les dépôts tournent souvent entre 10 et 30 millions de wons, avec des loyers de 300 000 à 1,5 million de wons.

Exemple :

En Corée, les appartements (아파트) désignent de grands ensembles résidentiels, souvent des tours, développés par de grands promoteurs comme Hyundai ou Lotte. Ils constituent le logement standard pour les familles et les classes moyennes. Le marché locatif propose deux systèmes principaux : le wolse (loyer avec dépôt de garantie modéré) et le jeonse (loyer sans paiement mensuel mais avec un dépôt de garantie très important). Les dépôts de garantie peuvent varier de 10 à 50 millions de wons pour le wolse, et être bien plus élevés pour le jeonse. Dans les grandes villes, les loyers mensuels en wolse dépassent régulièrement 2 millions de wons.

– Les officetels (오피스텔) mélangent usage résidentiel et de bureau. Il s’agit fréquemment de studios modernes, très appréciés des célibataires et travailleurs urbains. Les dépôts se situent généralement entre 10 et 30 millions de wons, pour des loyers de 400 000 à 1,5 million de wons. Les charges de gestion peuvent être relativement élevées (certaines expériences font état de 250 000 wons de gestion mensuelle dans des bâtiments neufs).

Attention :

Les goshiwon proposent des chambres minuscules (souvent 2m x 3m, parfois sans fenêtre) avec des dépôts de 1 à 5 millions de wons et des loyers de 200 000 à 500 000 wons. Initialement destinés aux étudiants en période de concours, ils constituent la solution d’urgence la moins chère, mais aussi la plus spartiate.

On trouve aussi des colocations (shared houses) avec dépôts de 1 à 10 millions de wons et loyers de 200 000 à 1 million de wons, ainsi que des résidences de co‑living plus modernes, souvent tout compris, qui limitent les dépôts et attirent une clientèle jeune et internationale.

Systèmes de dépôt : jeonse, wolse, ban‑jeonse

Pour bien lire une annonce coréenne, il faut absolument maîtriser les trois grands systèmes :

– Le wolse (월세) est le plus proche du modèle occidental. Le locataire verse un dépôt (보증금, bojeunggeum), généralement de 5 à 20 millions de wons, accompagné d’un loyer mensuel. On voit souvent des annonces indiquées sous la forme « 300/50 », ce qui signifie un dépôt de 3 000 000 wons et un loyer de 500 000 wons par mois. Le rapport entre dépôt et loyer est négociable : en augmentant légèrement le dépôt, on peut souvent réduire le loyer.

Astuce :

Le jeonse (전세) est un système de bail immobilier spécifique à la Corée du Sud, basé sur un dépôt de garantie très important, généralement équivalent à 50-80% de la valeur du bien. Ce dépôt, qui peut dépasser 200 millions de wons pour un appartement moyen et atteindre plusieurs centaines de millions à Séoul, remplace le paiement d’un loyer mensuel. Le propriétaire utilise et investit ce capital pendant la durée du bail (souvent deux ans), puis le restitue intégralement au locataire à la fin du contrat. Cependant, ce système est difficile d’accès pour un étranger sans historique de crédit local et comporte un risque significatif : l’incapacité potentielle du propriétaire à restituer la somme à l’échéance.

– Le ban‑jeonse (반전세) ou banjeonse est un compromis : le dépôt est plus élevé que dans un wolse classique, mais inférieur à un jeonse, et le loyer mensuel est réduit. C’est une option intéressante pour ceux qui disposent d’un peu de capital mais ne souhaitent pas immobiliser la quasi‑totalité de la valeur du bien.

Dans la pratique, la majorité des étrangers optent pour le wolse, plus simple, moins capitalistique et moins risqué. Le jeonse, historiquement majoritaire, se contracte au profit des loyers mensuels, notamment depuis la crise de fraude qui a éclaté en 2022.

Combien coûte un logement selon la ville et le type ?

Au‑delà des grandes tendances, il est utile d’avoir des ordres de grandeur pour bâtir son budget. Les montants varient évidemment selon l’emplacement précis, l’âge du bâtiment, l’état du logement et les équipements, mais les données de marché récentes donnent de bons repères.

Ranges de dépôts et loyers par type de logement

Le tableau suivant synthétise les fourchettes courantes observées sur le marché pour les principaux types de logements en système wolse :

Type de logementDépôt typique (KRW)Loyer mensuel typique (KRW)
Goshiwon1 – 5 M200 000 – 500 000
One‑room / studio5 – 20 M300 000 – 1 000 000
Colocation / shared house1 – 10 M200 000 – 1 000 000
Officetel10 – 30 M400 000 – 1 500 000
Villa10 – 30 M300 000 – 1 500 000
Appartement10 – 50+ M500 000 – 2 000 000+

Pour un étranger qui arrive avec un budget limité, la marche d’entrée la plus difficile n’est pas toujours le loyer, souvent comparable voire inférieur à celui des grandes villes européennes, mais bien le dépôt initial. Même pour un modeste studio, il est courant qu’on demande au moins 5 millions de wons de bojeunggeum. Pour un appartement familial dans Séoul intra‑muros, un dépôt entre 10 et 30 millions de wons n’a rien d’exceptionnel en wolse, et beaucoup plus en jeonse.

Différences de prix entre villes

Les loyers mensuels varient fortement d’une ville à l’autre. Pour un appartement d’une chambre dans le centre‑ville, les études récentes indiquent en moyenne :

Ville (centre‑ville, 1 chambre)Loyer mensuel moyen estimé (USD)Commentaire synthétique
Séoul~750–900 et plusDe loin la plus chère, surtout Gangnam
Seongnam / Bundang / Pangyo~790–800En banlieue sud de Séoul, très recherchée
Incheon~390–414Moins chère que Séoul, bonne desserte
Busan~400–420Grande ville côtière, plus abordable
Daegu~330–420Loyers nettement plus bas
Daejeon~300Ville de recherche, prix modérés
Gwangju~390Coût de logement relativement bas
Ulsan~350Ville industrielle, coûts logés raisonnables

Pour un budget serré, viser une grande ville de province (Daegu, Daejeon, Gwangju, Ulsan) ou une ville satellite de Séoul (Suwon, Ilsan, Yongin, Pyeongtaek) permet souvent de diviser ses dépenses de logement par deux par rapport au cœur de Séoul, tout en restant à portée de train ou de métro.

Charges, utilities et frais cachés

En plus du loyer, il faut prévoir les charges et factures, souvent sous‑estimées par les nouveaux arrivants :

50000-150000

Les charges de gestion mensuelles pour un logement en Corée du Sud s’élèvent généralement entre 50 000 et 150 000 wons.

– Les factures d’électricité et de gaz varient fortement selon la saison. Beaucoup de témoignages parlent d’une facture de gaz inférieure à 10 000 wons certains mois, montant facilement au‑delà de 100 000 wons en hiver à cause du chauffage au sol (ondol). L’électricité, entraînée par la climatisation l’été, peut passer de 10 000–30 000 wons hors saison à des sommes bien plus élevées.

Bon à savoir :

En Corée, l’internet très haut débit est bon marché à l’échelle internationale, avec des forfaits mensuels généralement compris entre 30 000 et 50 000 wons. Les forfaits mobiles, quant à eux, coûtent le plus souvent entre 30 000 et 40 000 wons par mois.

Dans la plupart des grandes villes, un budget d’environ 100 à 130 dollars par mois (environ 130 000 à 170 000 wons) pour l’ensemble électricité + gaz + eau + internet constitue une estimation réaliste pour une personne seule, hors cas de mauvaise isolation extrême.

Où chercher : plateformes, agences, réseaux

La Corée a développé un écosystème très dense de plateformes en ligne et d’agences physiques pour le logement. Encore faut‑il savoir les utiliser sans se perdre.

Les grandes applications coréennes

Pour parcourir les offres, trois acteurs dominent le marché local :

Zigbang (직방) propose un grand volume d’annonces avec filtres détaillés et visites virtuelles. L’application utilise la réalité virtuelle et le traitement de données massives. Les visites virtuelles sont d’ailleurs un véritable phénomène : les annonces qui en proposent obtiennent environ 87 % de vues supplémentaires, se louent plus vite et parfois un peu plus cher, ce qui encourage de plus en plus d’agents à y recourir.

Astuce :

L’application Dabang (다방) propose des fiches détaillées, des mises à jour en temps réel, une messagerie directe avec les agents, un plan interactif et un forum communautaire. Elle a été récompensée par un prix d’excellence sur Google Play. Soyez toutefois vigilant : l’application demande de nombreuses autorisations (téléphone, localisation, stockage, appareil photo). De plus, certains utilisateurs signalent la présence de fausses annonces ou de pratiques de « bait-and-switch », où l’appartement attractif affiché n’est plus disponible et des alternatives moins intéressantes sont proposées sur place.

Naver Real Estate (네이버 부동산) est le portail immobilier du géant coréen Naver. C’est un outil clé non seulement pour trouver un logement mais aussi pour vérifier les prix de transaction récents dans un immeuble ou un quartier. Il permet de savoir si l’on vous propose un loyer ou un dépôt en ligne avec le marché, ou nettement au‑dessus.

À côté de ces mastodontes, d’autres services plus spécialisés existent. Peter Pan, par exemple, met l’accent sur les locations de particulier à particulier, sans commission d’agence, et permet de filtrer par campus universitaire ou station de métro. Han Bang, développé par l’Association coréenne des agents immobiliers, vante une base de 700 000 logements et des fonctions comme la recherche vocale ou les alertes de zone.

Bon à savoir :

Les plateformes immobilières fonctionnent principalement en coréen. Pour faciliter la navigation, il est utile de maîtriser des mots-clés essentiels comme 전세 (jeonse), 월세 (wolse), 보증금 (dépôt de garantie), 관리비 (frais de gestion), 평 (unité de surface), et 층 (étage). L’utilisation d’un traducteur automatique comme Papago ou Google Translate est également recommandée.

Services orientés étrangers et agences classiques

Plusieurs intermédiaires se spécialisent désormais dans l’accompagnement des non‑coréanophones. Ziptoss, par exemple, met en relation les étrangers avec des consultants anglophones via application mobile. Enkostay propose des logements « sans dépôt » ou avec dépôts réduits, avec contrats en anglais reconnus pour l’obtention de la carte de résident (ARC), en gardant l’argent en séquestre jusqu’à l’emménagement effectif et en laissant un délai de 24 heures pour signaler tout problème.

Ces services réduisent la barrière linguistique et le choc culturel, mais les loyers peuvent parfois être un peu supérieurs à une recherche 100 % locale avec un agent de quartier.

Bon à savoir :

Les agences immobilières, appelées 부동산 (budongsan), sont omniprésentes dans chaque quartier, souvent regroupées dans la même rue. Les agents gèrent leurs propres annonces mais collaborent aussi entre agences pour trouver un bien correspondant à vos critères. Ils organisent les visites, rédigent les contrats et ont une responsabilité légale, comme celle de vous informer si le propriétaire est endetté sur le bien loué.

Pour réduire les malentendus, il est fortement conseillé de privilégier les agents licenciés (공인중개사) habitués aux clients étrangers ou inscrits sur les listes de « Global Real Estate Agencies » que certaines villes (Séoul, Busan, Ulsan, Suwon, etc.) publient.

Réseaux sociaux, goshiwon et solutions temporaires

En parallèle, les réseaux sociaux jouent un rôle non négligeable. De nombreuses annonces circulent dans des groupes Facebook d’expatriés où des personnes partant du pays cherchent à transférer leur bail ou trouver un ou une colocataire. Ces offres sont parfois plus souples (pas de signature directe avec le propriétaire, possibilité de rester moins longtemps), mais aussi plus fragiles juridiquement si aucun contrat officiel n’est signé avec le bailleur.

Pour l’hébergement très court ou la phase de recherche, beaucoup optent pour Airbnb ou des goshiwon. Louer un Airbnb ou une chambre d’hôtel pour deux à quatre semaines permet de visiter physiquement les logements avant de se décider, ce qui est vivement recommandé dans un marché où les photos peuvent être très trompeuses.

Le calendrier et le rythme du marché : quand et comment chercher ?

Un choc culturel fréquent pour les nouveaux arrivants est la vitesse à laquelle le marché bouge. En Corée, il est parfaitement possible de trouver un logement en une semaine… et parfaitement inutile de commencer sa recherche trois mois à l’avance.

Ne pas s’y prendre trop tôt… ni trop tard

La plupart des agents refusent de montrer des logements plus d’un mois à un mois et demi avant la date d’emménagement souhaitée, car les biens changent de mains très vite. Beaucoup de locataires coréens commencent leur recherche deux à trois semaines avant la fin de leur bail actuel. Pour un étranger, viser une fenêtre d’un à quatre semaines avant la date souhaitée est en général approprié.

Variation des loyers selon la période

Le marché locatif étudiant connaît des fluctuations saisonnières importantes, influençant les prix et la disponibilité des logements.

Périodes de forte tension

Mars et septembre, alignés sur les rentrées universitaires et les changements de contrat, voient les loyers augmenter de 10 à 20 % et la concurrence s’intensifier.

Périodes plus calmes

De novembre à février, il est généralement plus facile de négocier le loyer et de trouver des offres avantageuses.

Cette dynamique rapide crée aussi un terrain favorable aux tactiques d’urgence de la part de certains agents, qui poussent les étrangers à se décider en quelques minutes sous prétexte que « quelqu’un d’autre va prendre l’appartement ». Il est utile de garder en tête que vous avez le droit de réfléchir, de comparer, et de refuser.

Décrypter les annonces et calculer son budget réel

Devant une annonce coréenne, de nombreuses informations se concentrent en quelques chiffres. Les décrypter correctement évite les mauvaises surprises.

Comment lire les montants : dépôts et loyers

Les loyers wolse s’affichent presque toujours sous forme abrégée, du type « 500/40 » ou « 10000/80 ». La première valeur désigne le dépôt en milliers ou millions de wons, la seconde le loyer mensuel en centaines de milliers.

Ainsi, une annonce « 300/50 » signifie couramment un dépôt de 3 000 000 wons et un loyer de 500 000 wons. Une mention « 5000/40 » se lit comme 50 000 000 wons de dépôt et 400 000 wons par mois. Certaines annonces haut de gamme mentionnent des dépôts à huit chiffres en wons, ce qui représente des dizaines voire des centaines de milliers de dollars.

Bon à savoir :

D’un point de vue financier, il est essentiel de calculer le coût total mensuel implicite du jeonse. Bien qu’il n’y ait pas de loyer mensuel, l’immobilisation d’un important dépôt de garantie (par exemple 400 millions de wons) représente un coût d’opportunité sur la durée du contrat (souvent deux ans). De plus, ce système implique un risque financier, car le locataire dépend entièrement de la capacité et de la bonne foi du propriétaire pour récupérer la totalité de la somme à la fin du bail.

Intégrer les charges et le transport

Au moment de fixer une fourchette de budget, beaucoup se focalisent sur le loyer nu. Or, les autres postes peuvent peser lourd. Pour une personne seule, un budget raisonnable mensuel type en ville peut ressembler à ceci :

PosteOrdre de grandeur (KRW / mois)
Loyer wolse (studio ville moyenne)400 000 – 700 000
Charges de gestion (gwanlibi)80 000 – 150 000
Électricité + gaz + eau60 000 – 150 000 (très saisonnier)
Internet haut débit30 000 – 50 000
Transport (métro / bus)50 000 – 70 000

Le total logement + utilities seul peut donc facilement se situer entre 600 000 et 1 000 000 wons par mois pour un studio correct hors Séoul centre. À Séoul, la dépense logement pour un célibataire dépasse souvent 700 000 wons et peut grimper au‑delà du million.

Pour un couple ou une famille, ces montants augmentent proportionnellement à la surface et à la ville, même si certains postes (internet, charges communes) ne doublent pas pour autant.

Sécurité, arnaques et protections juridiques

La Corée est un pays globalement sûr, mais le logement reste un terrain sensible. Les fraudes au jeonse, en particulier, ont mis sur la paille de nombreux locataires, y compris coréens, ces dernières années. Les étrangers, peu familiers du système et de la langue, sont encore plus vulnérables.

Les formes de fraude les plus courantes

Les autorités et les cabinets d’avocats spécialisés recensent une panoplie de fraudes récurrentes :

Les fausses annonces ou « bait‑and‑switch » consistent à publier une offre très attractive pour attirer les clients, qui découvrent ensuite que le bien n’est pas disponible et se voient proposer des alternatives moins avantageuses.

Les faux propriétaires et usurpations d’identité apparaissent lorsque la personne qui signe le contrat n’est pas le détenteur légal du bien. Sans vérification sur le registre foncier, le locataire n’a en réalité aucun droit.

Exemple :

Il s’agit de biens immobiliers pour lesquels le montant total des prêts hypothécaires bancaires et des dépôts de garantie versés par les différents locataires dépasse la valeur marchande actuelle du bien. Cette situation crée un risque important : en cas de faillite du propriétaire ou de saisie du bien, les fonds disponibles sont insuffisants pour rembourser intégralement tous les créanciers, à savoir la banque et les locataires.

Les baux multiples surviennent quand un même logement est loué simultanément à plusieurs personnes, chacune ayant un « contrat » valide en apparence, mais un seul étant éventuellement enregistré.

Les montages Airbnb voient certains escrocs louer un logement meublé à court terme, se faire passer pour le propriétaire auprès d’une victime, signer un faux contrat de long terme, encaisser un important dépôt, puis disparaître.

Enfin, l’arnaque du « gros dépôt, loyer très bas » repose sur une offre qui paraît trop belle pour être vraie : un loyer ridiculement faible en échange d’un dépôt colossal. Le jour où le propriétaire fait défaut, la perte est dramatique.

Les statistiques montrent que plus de la moitié des cas de fraudes au dépôt concernent des immeubles multi‑logements (type villa) et des officetels. La taille modeste de ces immeubles, mêlée à une structure de propriété complexe, crée un terrain favorable aux abus.

Les réflexes indispensables pour se protéger

La bonne nouvelle, c’est que le droit coréen offre des outils efficaces pour se prémunir, à condition de les utiliser correctement.

Attention :

Avant de signer, exigez une copie à jour du registre foncier (등기부등본). Ce document, peu coûteux, confirme l’identité du propriétaire, révèle les hypothèques, saisies ou dépôts de caution. Refusez de signer si le nom sur le registre diffère de celui sur le contrat, ou si un tiers signe sans procuration valide et certificat de sceau.

Ce registre permet aussi de repérer les biens surendettés. Si la somme de l’hypothèque et des dépôts d’anciens locataires approche ou dépasse la valeur estimée du bien, le risque de ne pas récupérer son dépôt devient très élevé.

Au moment de la signature, il est capital d’utiliser un contrat standard, en coréen, idéalement accompagné d’une version traduite, relue par un ami bilingue, un avocat ou un cabinet spécialisé comme Pureum Law Office. Il ne faut jamais signer un contrat contenant des clauses que l’on ne comprend pas, ni accepter que la signature se fasse entièrement à distance sans visite.

Bon à savoir :

Après l’emménagement, deux démarches juridiques sont essentielles pour garantir une protection décisive au dépôt de garantie. Il est crucial de les effectuer pour sécuriser ce montant.

– La déclaration d’emménagement (전입신고) au centre communautaire (주민센터) du quartier dans les 14 jours. Elle met à jour votre adresse officielle.

– L’obtention d’un cachet de « date fixe » (확정일자) sur le contrat, au même bureau. Ce tampon officialise la date à partir de laquelle vous occupez légalement les lieux et vous accorde une priorité de remboursement sur le dépôt en cas de vente forcée ou faillite du propriétaire, dans le cadre de la loi de protection des baux d’habitation.

Pour aller plus loin, il est possible de souscrire une assurance de restitution du dépôt, notamment auprès de la Housing & Urban Guarantee Corporation (HUG). Cette garantie s’active si le propriétaire ne rend pas le dépôt à la fin du bail. Elle se contracte via plusieurs grandes banques (KB, Shinhan, Woori, NH) et suppose de fournir le contrat et les justificatifs de paiement.

Enfin, tous les paiements doivent être effectués par virement bancaire, jamais en liquide, en conservant les reçus. Ce sont ces preuves qui permettront de faire valoir vos droits en cas de litige.

Le processus complet : de la visite à l’emménagement

Une fois les bases juridiques en tête, le parcours se déroule selon une trame assez standard, que l’on passe par une agence ou une plateforme.

Définir ses priorités et lancer la recherche

La première étape consiste à clarifier son cahier des charges : budget total incluant loyer et charges, type de bail (wolse, éventuellement ban‑jeonse), préférence de quartier, temps de trajet maximal vers le travail ou l’université, taille minimale, acceptation ou non des escaliers (nombre d’étages sans ascenseur), présence d’ameublement, politique animaux.

Ces éléments servent de base à la discussion avec l’agent ou aux filtres utilisés sur les applis. Dans la plupart des cas, les agences présentent une série de biens en rafale, souvent une dizaine dans la même matinée, en laissant peu de temps pour réfléchir. Il ne faut pas hésiter à prendre des photos, à vérifier la luminosité, les bruits de voisinage, l’état de la salle de bain (moisissures fréquentes), la présence d’ondes de chaleur (ondes d’ondol au sol) et l’emplacement des prises.

Questions à poser avant de dire oui

Avant de se décider, il est important d’aborder clairement certains coûts cachés et règles de vie :

Astuce :

Demandez toujours le montant exact des charges mensuelles (관리비) et précisez ce qu’elles incluent. Certains immeubles comprennent l’eau ou le chauffage central, d’autres non. Clarifiez également qui paie pour le nettoyage des parties communes, le salaire du gardien, les frais d’ascenseur, et si la connexion internet est incluse dans ces charges.

Vérifier les frais annexes au déménagement, comme les éventuels frais d’ascenseur pour transporter les meubles, ou les restrictions d’horaires.

Confirmer ce qui reste dans l’appartement : électroménager (frigo, machine à laver), mobilier (lit, armoire), climatisation, plaques de cuisson, rideaux. Tout ce qui n’est pas inscrit dans le contrat peut potentiellement disparaître.

Poser la question des animaux domestiques, car beaucoup de studios et d’officetels n’acceptent pas les chiens ou les chats, et un mensonge à ce stade peut mener à une rupture anticipée du bail.

S’il existe un parking, demander s’il est inclus ou payant, et combien il coûte.

Enfin, demander explicitement si le contrat sera enregistré et si le propriétaire accepte votre inscription d’adresse et le cachet de date fixe (cela peut sembler évident, mais certains bailleurs peu scrupuleux s’y opposent pour des raisons fiscales).

Contrat, dépôt et jour J

Une fois le logement choisi, le processus suit en général ce rythme :

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Le dépôt initial versé par le locataire lors de la signature du bail représente environ 10 % du dépôt total convenu.

Le contrat est édité en trois exemplaires, pour le locataire, le propriétaire et l’agent. Tous doivent apposer leur signature ou leur sceau (도장, dojang). Il est indispensable que le nom du propriétaire apparaisse clairement, avec son numéro d’identification local, et que le numéro de compte bancaire destiné à recevoir le solde du dépôt corresponde bien à ce titulaire.

Le solde du dépôt, appelé 잔금 (jangeum), est en général versé le jour de l’emménagement, tout comme le premier mois de loyer. Ce jour‑là est parfois tendu, car il s’inscrit dans une chaîne : le propriétaire a besoin de ce dépôt pour rendre celui de l’ancien locataire, et ainsi de suite.

Après avoir récupéré les clés (ou le code de porte électronique), il est recommandé de faire un état des lieux détaillé, avec photos datées. Toute trace de moisissure, de fissure, d’appareil défectueux doit être documentée et, si possible, notée dans une annexe du contrat.

Enfin, dans les 14 jours, il faut se rendre au 주민센터 du quartier pour la déclaration d’emménagement et l’obtention du cachet de date fixe sur le contrat.

Adapter sa stratégie selon son profil

Un étudiant qui part un an en échange, un salarié en contrat de trois ans et un digital nomad de passage n’ont ni les mêmes contraintes ni les mêmes marges de manœuvre.

Étudiants et séjours de courte durée

Pour moins d’un an, il est souvent difficile de signer un bail classique de deux ans, beaucoup de propriétaires refusant les contrats plus courts. Les solutions alternatives comme les goshiwon, les résidences universitaires, les colocations ou les résidences de co‑living s’avèrent plus adaptées, avec des dépôts réduits voire inexistants et une plus grande flexibilité sur la durée.

Bon à savoir :

Certaines plateformes spécialisées proposent des studios meublés avec des contrats flexibles à partir d’un mois. Ces offres présentent un loyer au mètre carré plus élevé, mais compensent par un risque réduit et une grande simplicité administrative.

Jeunes actifs et contrats de un à deux ans

Pour un premier poste en Corée, un wolse classique sur un studio ou une petite villa est généralement la solution la plus rationnelle. L’objectif est de trouver un équilibre entre dépôt supportable, loyer raisonnable et position géographique cohérente par rapport au lieu de travail. Les villes de Gyeonggi dotées d’un métro direct vers Séoul (Suwon, Ilsan, Yongin, Pyeongtaek) sont souvent de bons compromis coût / temps de trajet.

À ce stade, se familiariser avec les plateformes coréennes, apprendre quelques mots de vocabulaire immobilier et s’entourer d’un agent expérimenté avec les étrangers permet d’économiser des centaines d’euros par mois.

Longs séjours, familles et projets d’achat

Pour ceux qui se projettent sur le long terme, la tentation du jeonse ou de l’achat peut apparaître. Les projections officielles indiquent que les prix à Séoul devraient encore progresser modérément dans les prochaines années, tandis que de nombreuses villes de province pourraient voir leurs prix reculer. Mais la marche d’entrée reste considérable : on estime qu’il faut aujourd’hui 24 années de salaire moyen pour acheter un appartement standard à Séoul, et les dépôts jeonse atteignent en moyenne plus de la moitié du prix d’achat.

Astuce :

Pour un étranger, le système de location-garantie (jeonse) n’est réellement avantageux que sous plusieurs conditions strictes : disposer d’une épargne importante en wons, maîtriser le droit immobilier local, être prêt à vérifier minutieusement la solidité financière du propriétaire et souscrire une assurance de dépôt. Dans de nombreux cas, une location mensuelle (wolse) bien négociée offre davantage de souplesse pour un risque bien moindre.

Conclusion : trouver un logement en Corée du Sud sans se brûler les ailes

La Corée du Sud combine une densité urbaine record, des prix très élevés dans la région capitale, un système de dépôt déroutant pour les étrangers et un marché ultra rapide. Ajoutez‑y la barrière de la langue, les spécificités juridiques comme la déclaration d’emménagement ou le cachet de date fixe, et l’on comprend pourquoi tant de nouveaux arrivants évoquent la recherche de logement comme la partie la plus difficile de leur installation.

Astuce :

Pour transformer la recherche d’un logement en Corée en démarche maîtrisée, utilisez les outils disponibles : plateformes de recherche puissantes, réseaux d’agences licenciées et services spécialisés pour étrangers. Comprenez les différences entre les contrats (jeonse, wolse, ban-jeonse), apprenez à décrypter les annonces et vérifiez la situation légale du bien. Protégez-vous en vous appuyant sur les cadres juridiques qui sécurisent les dépôts et les assurances publiques, et prenez toujours le temps de finaliser votre contrat en toute sécurité.

La clé réside dans une approche méthodique : arriver avec un budget réaliste, prévoir un hébergement temporaire pour visiter tranquillement, choisir soigneusement son agent, vérifier systématiquement registres et documents, enregistrer son bail et son adresse, puis rester vigilant aux offres « trop belles pour être vraies ». Avec ces réflexes, trouver un logement en Corée du Sud reste un défi, mais cesse d’être une loterie.

Pourquoi il est préférable de me contacter ? Voilà un exemple concret :

Un chef d’entreprise français d’environ 50 ans, avec un patrimoine financier déjà bien structuré en Europe, souhaitait diversifier une partie de son capital dans l’immobilier résidentiel en Corée du Sud pour rechercher du rendement locatif et une exposition au won sud-coréen. Budget alloué : 400 000 à 600 000 dollars, sans recours au crédit.

Après analyse de plusieurs marchés (Séoul, Busan, Daegu), la stratégie retenue a consisté à cibler un appartement dans un quartier en développement de Séoul ou Busan, combinant un rendement locatif brut cible proche de 8–10 % – « plus le rendement est grand, plus le risque est important » – et un potentiel de valorisation à moyen terme, avec un ticket global (acquisition + frais + éventuels travaux légers) d’environ 500 000 dollars. La mission a inclus : sélection du marché et du quartier, mise en relation avec un réseau local (agent immobilier, avocat, fiscaliste), choix de la structure la plus adaptée (propriété directe ou via société locale) et définition d’un plan de diversification dans le temps, afin d’intégrer cet actif dans une stratégie patrimoniale globale.

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A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Expert en gestion de patrimoine internationale depuis plus de 20 ans, j’accompagne mes clients dans la diversification stratégique de leur patrimoine à l’étranger, un impératif face à l’instabilité géopolitique et fiscale mondiale. Au-delà de la recherche de revenus et d’optimisation fiscale, ma mission est d’apporter des solutions concrètes, sécurisées et personnalisées. Je conseille également sur la création de sociétés à l’étranger pour renforcer l’activité professionnelle et réduire la fiscalité globale. L’expatriation, souvent liée à ces enjeux patrimoniaux et entrepreneuriaux, fait partie intégrante de mon accompagnement sur mesure.

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