Entrer sur le marché immobilier de la Corée du Sud fascine de plus en plus d’expatriés. Le pays cumule économie robuste, cadre politique stable, marché très liquide dans les grandes villes et cadre juridique relativement transparent pour les étrangers. Mais derrière cette image séduisante, la réalité est plus contrastée : prix très élevés à Séoul, fiscalité dense, règles spécifiques pour les non-résidents, systèmes locatifs atypiques comme le jeonse, et, depuis peu, des restrictions ciblées sur les achats étrangers dans la région capitale.
Avant de s’engager, un expatrié doit comprendre les mécanismes liés à l’achat d’un logement, que ce soit pour y habiter, pour le louer ou pour préparer une résidence à long terme.
Un marché attractif, mais fortement polarisé
La Corée du Sud compte environ 51,7 millions d’habitants, dont 92 % en zone urbaine, et un PIB proche de 1 800 milliards de dollars. L’économie est diversifiée (semi‑conducteurs, automobile, électronique, construction navale, culture et divertissement) et le pays bénéficie d’une notation AA avec perspective stable chez S&P. Dans ce contexte, l’immobilier reste un pilier du patrimoine des ménages : plus de 75 % de leurs actifs sont composés de biens réels, principalement des logements.
Pourtant, la dynamique du marché n’est pas homogène. Les dernières données montrent une Corée du Sud à deux vitesses.
Prix : Séoul contre le reste du pays
En février 2025, l’indice national des prix des logements progressait à peine de 0,31 % sur un an. Corrigé de l’inflation (2,3 %), cela équivaut même à une baisse réelle d’environ 1,67 %. Dans le même temps, le marché de Séoul se comporte comme une planète à part : la capitale affichait une hausse annuelle de 3,63 %, et la région métropolitaine (Séoul, Incheon, Gyeonggi) environ 1,68 %. En dehors de ce cluster urbain, les prix reculent depuis trois ans.
Les chiffres de prix au mètre carré illustrent ce fossé.
Comparaison des prix moyens au m² (février 2025)
| Ville / Région | Prix moyen au m² (KRW) | Prix moyen au m² (USD, env.) |
|---|---|---|
| Séoul | 13 396 000 | 9 272 |
| Moyenne nationale | 5 763 000 | 3 989 |
| Région capitale (global) | 8 531 000 | 5 905 |
| Incheon | 5 644 000 | 3 906 |
| Gyeonggi | 6 554 000 | 4 536 |
| Busan | 6 690 000 | 4 630 |
| Daegu | 6 713 000 | 4 646 |
| Autres villes régionales | 4 605 000 | 3 187 |
L’OCDE considère d’ailleurs que la Corée du Sud présente le plus grand écart de prix de logement entre grandes et petites villes parmi ses membres. Pour un expatrié, cela signifie que l’exposition au risque de correction est très différente selon que l’on achète dans Séoul intra‑muros, dans une ville portuaire dynamique comme Busan, ou dans une ville moyenne en déclin démographique.
Cycle, transactions et construction
Après une flambée alimentée par des taux bas et des politiques accommodantes en 2020‑2021 (près de 10 % de hausse nominale en 2021), les prix ont nettement corrigé en 2022 et 2023, avant de se stabiliser. Le Korea Housing Market Institute estime que le point bas a probablement été touché début 2023 et anticipe une phase de reprise progressive, mais avec un recul moyen national encore attendu autour de ‑0,5 % en 2025, masquant la résistance de Séoul (+1,7 % projeté) et la baisse hors capitale (‑1,4 %).
642 576 ventes résidentielles ont été enregistrées en 2024, soit une hausse de 15,77 % sur un an.
Côté offre, la situation est plus tendue. En 2024, 449 835 logements ont été achevés (+3,16 %) et 305 331 mises en chantier ont été lancées (+26,07 %), surtout via des programmes publics. Mais ces chiffres restent insuffisants pour couvrir une demande estimée autour de 450 000 unités par an. L’Institut du marché du logement anticipe même une baisse d’environ 30 % de l’activité résidentielle en 2025 par rapport aux moyennes historiques, ce qui renforce le risque de pénurie ciblée, notamment dans la région capitale.
Contexte macroéconomique et taux
La Banque de Corée a ramené son taux directeur à 2,75 %, après des baisses cumulées de 75 points de base. Les analystes envisagent encore des assouplissements vers 2,25 % si la croissance, attendue autour de 1,5 %, reste molle. Le taux moyen pondéré des nouveaux prêts hypothécaires s’établit néanmoins à près de 4,23 %, ce qui pèse sur la capacité d’emprunt des ménages, d’autant que l’encadrement du ratio service de la dette (DSR) a été renforcé.
Pour un expatrié investisseur en Corée du Sud, une analyse fine du marché est cruciale. Il faut distinguer le marché de prime à Séoul, qui montre une bonne résistance, des autres régions du pays qui peuvent être en recul. Prenez également en compte le contexte financier local : l’accès au crédit est plus contraint pour les résidents coréens et les taux d’intérêt, bien qu’ayant baissé, restent relativement élevés par rapport à la période qui a suivi la crise sanitaire. Ces facteurs influencent directement la dynamique des prix et les opportunités d’investissement.
Droits de propriété des étrangers : un cadre globalement ouvert, mais plus strict autour de Séoul
Un des atouts majeurs de la Corée du Sud, comparée à plusieurs pays asiatiques, est d’autoriser les étrangers à acheter quasiment tous les types de biens, y compris des terrains. Les droits de propriété des non‑nationaux sont dans l’ensemble similaires à ceux des citoyens : possibilité de vendre, louer, développer, transmettre, sous réserve de respecter le droit local.
Il n’existe pas de seuil minimum d’investissement pour simplement acquérir un bien, ni d’obligation de résidence. En revanche, la résidence n’est pas automatiquement accordée à l’achat ; elle relève de procédures de visa séparées.
Le cadre légal de base
Plusieurs lois se combinent pour encadrer les acquisitions étrangères :
– le Foreigner’s Land Acquisition Act (FLAA), qui définit les conditions d’achat de terrains par des étrangers ;
– l’Act on Report on Real Estate Transactions, qui impose de déclarer l’acquisition aux autorités locales dans un délai généralement de 60 jours après la signature du contrat ;
– le Registration of Real Estate Act, qui régit la publicité foncière ;
– le Foreign Exchange Transactions Act (FETA) et ses règlements, qui encadrent les transferts de fonds transfrontaliers pour l’immobilier.
En droit coréen, la propriété d’un bien immobilier n’est transférée ni par la simple signature du contrat de vente (매매계약서) ni par le paiement. Le transfert effectif nécessite une inscription au registre foncier national, qui fait foi. Ce registre public indique le titulaire des droits, sauf dans le cas d’une fiducie immobilière où le trustee (souvent une banque) apparaît comme propriétaire enregistré.
Zones restreintes et obligations de déclaration
Certaines catégories de terrains nécessitent une autorisation préalable : périmètres de protection de sites militaires, zones de protection du patrimoine, réserves naturelles ou écologiques, certaines terres agricoles (pour lesquelles un certificat d’acquisition agricole n’est délivré qu’en cas d’exploitation effective). Pour les appartements résidentiels classiques hors zones sensibles, l’achat se fait en principe sur simple déclaration.
Tous les acheteurs étrangers doivent toutefois déclarer la transaction auprès de la mairie ou du gu-office compétent dans les 60 jours suivant le contrat. Les non‑résidents doivent en parallèle remplir des obligations spécifiques au titre du Foreign Exchange Transactions Act quand ils transfèrent des fonds depuis l’étranger.
Durcissement ciblé dans la région capitale
Une évolution majeure pour les expatriés concerne les nouvelles règles de type régime de permis pour les achats étrangers dans le Grand Séoul, entrées en vigueur à l’été 2025. Ces « Foreign Land Transaction Permit Zones » couvrent :
– la totalité de Séoul (25 arrondissements) ;
– 23 villes et comtés de la province de Gyeonggi ;
– 7 districts d’Incheon.
Tous les logements résidentiels y sont concernés (appartements, villas, maisons mitoyennes, multi‑logements, à partir de 6 m²). Les officetels, en revanche, en sont exclus. Pour acheter dans ces zones, un étranger doit désormais :
– obtenir avant la signature du compromis un permis de la collectivité locale ;
– joindre ce permis au contrat officiel ;
– s’engager à emménager dans les quatre mois suivant l’achat et à occuper le bien pendant au moins deux années consécutives.
L’investissement purement locatif (sans occupation) a donc peu de chances d’être autorisé dans ces zones pendant la durée du dispositif. Le respect des obligations d’occupation est contrôlé via les consommations d’électricité, d’eau, de gaz et des visites de contrôle. En cas de non‑conformité, l’acheteur risque des amendes pouvant atteindre 10 % de la valeur du bien et, dans les cas extrêmes, la nullité du contrat.
Pour l’expatrié qui envisageait d’acheter un appartement à Gangnam pour le louer intégralement, ce durcissement change la donne. Il devient crucial de distinguer les zones soumises à permis, les secteurs libres, ainsi que les actifs non couverts (officetels, usages commerciaux).
Où investir ? Cartographie des principales villes et régions
La Corée du Sud offre un éventail de marchés très différents, tant en termes de prix que de rendement et de profil de risque. L’essentiel des investissements étrangers se concentre dans la région capitale (environ 69 % des biens détenus par des non‑nationaux), mais d’autres villes et zones émergentes attirent de plus en plus d’attention.
Séoul : cœur financier, technologique et marché prime
La capitale reste le premier choix pour beaucoup d’expatriés, car elle combine :
– forte demande locative, notamment autour des universités, des pôles technologiques et des quartiers d’affaires ;
– rareté foncière chronique, ce qui soutient la valeur à long terme ;
– infrastructures de transport ultradenses (métro, lignes express GTX en développement, gares à grande vitesse) ;
– immeubles intelligents et bâtiments durables de plus en plus recherchés.
Les prix y sont logiquement les plus élevés du pays. Selon les différentes sources rassemblées, on retrouve :
– une fourchette générale souvent citée entre 10 et 25 millions de KRW/m² pour des appartements dans Séoul, avec des quartiers prime comme Gangnam pouvant atteindre 40 à 70 millions de KRW/m² pour l’ultra‑luxe ;
– un prix moyen observé à 13,396 millions de KRW/m² (février 2025).
Les rendements bruts moyens pour les appartements à Séoul se situent autour de 4,3 %.
Pour un expatrié, Séoul offre donc un profil typique de marché de croissance patrimoniale, davantage qu’un marché de cash‑flow immédiat.
Busan : grande ville portuaire et destination touristique
Deuxième ville du pays, Busan est un port majeur, une destination balnéaire (Haeundae, Gwangalli) et une ville universitaire. Le marché y est plus accessible qu’à Séoul, tout en restant liquide. Les prix au m² vont, selon les sources, de 6 à 12 millions de KRW pour des quartiers standards, jusqu’à 15‑25 millions de KRW dans des zones premium.
Les rendements locatifs y sont généralement plus attractifs, avec des attentes autour de 4 à 6 % pour du locatif longue durée et 6 à 8 % pour des locations de courte durée dans les secteurs touristiques. Les données sur les plateformes de type Airbnb montrent par exemple un tarif moyen journalier autour de 90 à 100 000 KRW, un taux d’occupation d’environ 60 % et plus de 200 nuits louées par an pour une annonce type.
La ville bénéficie d’une forte croissance touristique, d’une importante demande étudiante et de projets de modernisation (smart city, quartiers zéro énergie). C’est un marché à considérer pour un investissement locatif combiné à des séjours.
Incheon et la couronne de Séoul : hubs logistiques et villes nouvelles
Incheon, avec son aéroport international et ses zones économiques spéciales, attire investisseurs logistiques, entreprises internationales et résidents à la recherche d’alternatives plus abordables à Séoul. Des quartiers comme Songdo International Business District ou Cheongna International City combinent immeubles neufs, bureaux, résidences services et avantages fiscaux.
Les prix au m² vont globalement de 5 à 10 millions de KRW, jusqu’à 13‑20 millions de KRW dans des quartiers premium comme Songdo. Les rendements locatifs attendus se situent autour de 4 à 5,5 % en location longue durée, un peu plus pour le court séjour.
Dans la grande banlieue de Séoul, des pôles comme Pangyo Techno Valley (Seongnam), Dongtan New Town (Hwaseong) ou Gwanggyo (Suwon) illustrent le développement de centres économiques secondaires. Ils tirent parti d’infrastructures de transport performantes, telles que les lignes GTX, SRT et les tramways, et bénéficient d’une forte concentration d’entreprises technologiques. Ces pôles offrent des prix immobiliers légèrement inférieurs au centre de Séoul et présentent un potentiel de valorisation lié au développement continu de ces nouvelles infrastructures.
Daegu, Daejeon, Gwangju, Ulsan : grandes villes régionales
Ces métropoles régionales offrent des prix nettement inférieurs à Séoul, généralement entre 4 et 8 millions de KRW/m² pour Daegu, par exemple, avec des rendements bruts souvent annoncés entre 4,5 et 6 % pour les appartements.
Elles souffrent toutefois davantage de la stagnation actuelle et de tendances démographiques parfois moins favorables. Pour un expatrié qui n’a pas de raison professionnelle d’y vivre, ces marchés relèvent davantage de la diversification à rendement plutôt que de la résidence principale.
Jeju Island : villas de vacances et résidences de tourisme
Jeju est la carte « plaisir + rendement » par excellence. L’île attire touristes coréens et étrangers, avec un marché tourné vers les résidences secondaires, les maisons de vacances et les complexes de luxe. Les prix au m² oscillent typiquement entre 7 et 15 millions de KRW, avec des rendements locatifs longue durée de 5 à 7 %, et jusqu’à 7‑10 % pour les locations saisonnières bien gérées.
Surtout, Jeju propose un programme de visa spécifique lié à l’investissement immobilier : un visa F‑2 valable deux ans, renouvelable, pour un achat d’au moins 500 millions de KRW dans des projets désignés. Pour un expatrié en quête d’un pied‑à‑terre touristique avec une dimension immigration, c’est un outil à intégrer dans la réflexion.
Types de biens et structures locatives spécifiques
Les étrangers peuvent en principe acheter des appartements en copropriété, des maisons individuelles, des villas (petits immeubles bas), des lots de terrain et des immeubles commerciaux. Mais la structure du parc coréen, en particulier à Séoul, est dominée par les grands ensembles d’appartements et les officetels (unités hybrides bureau/logement).
Deux éléments culturels pèsent fortement sur la valeur d’un logement : l’orientation sud (recherchée pour l’ensoleillement) et l’étage (les étages intermédiaires étant souvent les plus prisés). Ces critères, presque codifiés, peuvent faire varier sensiblement le prix à surface équivalente.
Le système jeonse et ses évolutions
Impossible de parler immobilier en Corée du Sud sans évoquer le jeonse, ce système de location par dépôt massif unique. Le principe est simple en apparence : au lieu de payer un loyer mensuel, le locataire verse une énorme caution (souvent 50 à 80 % de la valeur du bien), ne paie aucun loyer pendant deux ans et récupère intégralement sa mise à l’issue du contrat. Le propriétaire utilise ce capital comme une sorte de prêt à taux zéro qu’il réinvestit (immobilier, marchés financiers, remboursement de dettes, etc.).
Historiquement, ce mécanisme a permis de loger des millions de ménages à une époque où le crédit hypothécaire était peu développé et les taux d’intérêt très élevés. Pour les ménages coréens, le jeonse a aussi servi de tremplin vers la propriété : beaucoup économisent ainsi pour constituer leur apport d’achat.
Mais il porte des risques considérables pour les locataires : si le propriétaire est surendetté, que l’immeuble est saisi ou vendu aux enchères, la caution peut ne pas être récupérée intégralement. Des scandales retentissants de fraude et de sur‑leverage ont éclaté ces dernières années, affectant des dizaines de milliers de locataires et pour plusieurs milliers de milliards de won de dépôts.
Les autorités ont réagi : renforcement des protections via la Housing Lease Protection Act, mise en place de systèmes d’assurance caution (HUG, Seoul Guarantee Insurance), plafonnement de la hausse des dépôts à 5 % lors des renouvellements dans certains cas, encouragement explicite à passer vers des systèmes à loyer mensuel (wolse).
Résultat : la part de contrats jeonse dans les nouveaux baux recule nettement. En 2022, pour la première fois, les locations au mois ont dépassé les jeonse. Dans certains segments, plus de 60 % des nouveaux baux sont désormais au wolse.
Wolse et banjeonse : des schémas plus familiers aux expatriés
Le wolse est à mi‑chemin entre le modèle « classique » occidental et le jeonse : le locataire verse un dépôt (souvent entre 10 millions et 50 millions de KRW pour un officetel ou une villa ordinaire) et paie un loyer mensuel. La relation entre les deux est généralement négociable : plus le dépôt est élevé, plus le loyer est réduit, et inversement. Les annonces sont souvent présentées au format « dépôt / loyer mensuel » (par exemple « 50/100 » pour 50 millions de KRW de dépôt et 1 million de KRW par mois).
Le banjeonse est un système de location hybride en Corée du Sud, combinant un dépôt de garantie plus élevé que pour un wolse classique (mais inférieur à celui d’un jeonse) avec un loyer mensuel réduit. Il est particulièrement adapté aux expatriés salariés ou étudiants, car il est bien plus accessible que le jeonse pur, lequel exige souvent à Séoul des dépôts moyens de plusieurs centaines de millions de wons, des montants généralement hors de portée.
En pratique, la plupart des expatriés se tourneront vers : les services de relocation, les réseaux sociaux, les forums en ligne et les organismes spécialisés pour obtenir des informations et un soutien adaptés à leurs besoins.
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Pour un expatrié investisseur bailleur, l’essor du wolse représente un changement important : les flux de loyers mensuels deviennent plus prévisibles et intéressent désormais aussi des investisseurs institutionnels étrangers, qui montent des véhicules dédiés au locatif résidentiel.
Niveaux de loyers et rendements
Les loyers varient évidemment selon les quartiers. À Séoul, des ordres de grandeur indicatifs pour des appartements sont les suivants :
– dépôts medios nationaux de jeonse autour de 231,8 millions de KRW, mais 444,8 millions de KRW à Séoul ;
– loyers mensuels moyens (wolse) environ 1,122 million de KRW dans Séoul, 946 000 KRW en Gyeonggi, 807 000 KRW à Incheon ;
– à Gangnam, un T2 se loue fréquemment 2,5 à 3 millions de KRW par mois ;
– à Mapo (zone Hongdae), de petites surfaces se négocient entre 1 et 1,5 million de KRW mensuels.
Les rendements bruts attendus varient typiquement :
– 3,5 à 5 % sur des appartements « standard » à Séoul ;
– 2 à 4 % pour des biens du Grand Séoul plus généraux ;
– 1,5 à 2,5 % pour des biens ultra‑prime (Gangnam, complexes de luxe) ;
– 4 à 6 % pour des appartements dans des villes régionales (Busan, Daegu, etc.) ;
– 3,5 à 5,5 % pour des officetels bien situés ;
– 5 à 7 % pour des résidences de vacances à Jeju, voire davantage en courte durée.
Après prise en compte des charges, taxes, gestion, entretien, les rendements nets chutent logiquement (autour de 2‑3 % net à Séoul selon les estimations disponibles).
Financement, fiscalité et coûts d’acquisition pour un expatrié
La Corée du Sud autorise les étrangers à recourir au crédit immobilier local, mais les conditions sont généralement plus strictes que pour les résidents permanents. En parallèle, le système fiscal est complet, avec de multiples couches de taxes à l’achat, à la détention et à la revente.
Accès au crédit pour étrangers
Les principales banques (KB Kookmin, Shinhan, KEB Hana, Woori, Industrial Bank of Korea) proposent des produits hypothécaires aux étrangers, et la Korea Housing Finance Corporation (KHFC) dispose de produits spécifiques. Toutefois, les conditions typiques sont :
– apport plus élevé : les non‑résidents doivent souvent fournir 30 à 50 % de la valeur du bien en fonds propres ;
– LTV limité : ratio prêt/valeur souvent plafonné à 40‑70 % pour les étrangers, parfois moins dans les zones jugées spéculatives ;
– preuve de revenus : fiches de paie, déclarations fiscales, relevés bancaires, contrats de travail, compréhensifs si les revenus viennent de l’étranger ;
– historique bancaire local : possession d’un compte en Corée avec un historique de transactions.
Les taux varient selon la formule :
– taux fixes usuels entre 3,5 et 5 % ;
– taux variables autour de 5,3 à 5,8 % ;
– maturités pouvant aller de 10 à 40 ans.
Des pénalités de remboursement anticipé existent (formules proportionnelles au montant remboursé et au temps restant) et des frais de retard pouvant monter jusqu’à 11 % par an en cas de défaut de paiement.
Coûts d’acquisition : une facture significative
Le coût global d’une acquisition immobilière en Corée du Sud ne se limite pas au prix affiché. Pour un acheteur étranger, il faut additionner :
Le taux maximum de la taxe d’acquisition pour certains achats immobiliers en Corée du Sud, notamment par des sociétés dans des zones surchauffées.
Les estimations synthétiques indiquent des coûts totaux à l’achat pour l’acquéreur compris entre 1,9 et 13,6 % de la valeur du bien, auxquels s’ajoutent 0,3 à 0,5 % pour le vendeur (commission principalement). Au total, le coût aller‑retour (achat + revente) peut ainsi représenter entre 2,2 et 14,1 % du prix du bien.
Pour un investissement locatif, les frais d’entrée (notaire, agence) et de sortie (frais de vente) sont élevés. Sur un horizon court ou moyen terme, ils réduisent significativement le rendement, surtout si la plus-value est limitée. Il est donc conseillé de privilégier un investissement à long terme et/ou de cibler des biens avec un fort potentiel de valorisation pour amortir ces coûts.
Fiscalité récurrente et à la revente
Pendant la détention, le propriétaire paie plusieurs impôts :
– Property Tax annuelle : 0,15 à 0,5 % de la valeur fiscale pour la plupart des logements, avec des taux pouvant atteindre 4 % pour certains types (villas, hôtels) ;
– Comprehensive Real Estate Holding Tax (CRET) : impôt additionnel progressif (0,5 à 5 %) si la valeur cumulée des biens détenus dépasse certains seuils (typiquement 600 M KRW pour l’habitat, 1,2 Md pour un propriétaire unique, 500 M pour certains terrains), assorti d’une surtaxe pour le développement rural de 20 % du montant de la CRET ;
– Local Education Tax : 20 % du montant de la property tax.
Les résidents fiscaux sont imposés sur leurs revenus locatifs dans le cadre de l’impôt global sur le revenu, selon un barème progressif allant de 6 à 45 %, plus surtaxe locale de 10 %. Les non‑résidents, eux, ne sont imposés en Corée que sur leurs revenus de source coréenne.
Pour les loyers, deux méthodes de calcul coexistent :
Deux méthodes principales pour déclarer les revenus fonciers et optimiser votre imposition.
Option avec un abattement forfaitaire pour charges (de 20% à 66%) applicable aux revenus locatifs annuels inférieurs à 15 000 €.
Option par déduction des charges réelles (intérêts d’emprunt, frais de gestion, travaux…). Les taux d’abattement standard sont plus faibles pour les revenus élevés.
Côté plus‑values immobilières, le régime est particulièrement dur pour les opérations spéculatives. Les gains sont taxés séparément, sur la base :
– prix de vente – (coût d’acquisition + frais nécessaires + éventuelles dépenses d’amélioration) ;
– moins un abattement standard de 2,5 millions de KRW par an de détention ;
– moins une déduction supplémentaire pour détention longue (de 10 % du gain net pour 3‑4 ans de détention à 30 % au‑delà de 10 ans).
Les résidents se voient appliquer le barème progressif (6‑45 %) sur la plus‑value pour les biens détenus au moins deux ans, mais des taux punitifs s’appliquent aux détentions très courtes (jusqu’à 60‑70 %) pour un bien revendu avant deux ans, selon les cas. Pour les non‑résidents et sociétés étrangères sans établissement en Corée, la règle est la suivante :
– impôt égal au plus bas de 11 % du prix de vente brut (incluant surtaxe locale) ou 22 % de la plus‑value nette.
Un mécanisme de retenue à la source peut alors s’appliquer : si l’acheteur est une société coréenne, elle doit retenir l’impôt et le reverser au fisc, le vendeur étranger restant tenu de déposer une déclaration pour régularisation.
Résidence par investissement : les visas F‑2 et F‑5 liés à l’immobilier
Pour un expatrié envisageant de s’installer durablement, la dimension immigration est souvent aussi importante que le rendement financier. La Corée du Sud ne donne pas automatiquement de visa de résidence aux acheteurs immobiliers, mais certains dispositifs lient investissement et droit au séjour.
Visa F‑2 (résidence à long terme) lié à l’immobilier
Un schéma de visa F‑2 permet d’obtenir une résidence à long terme sous certaines conditions d’investissement immobilier, généralement dans des projets urbains désignés par le gouvernement. Les montants requis sont significatifs (de l’ordre de plusieurs centaines de milliers de dollars, parfois autour de 1,5 milliard de KRW pour certains programmes d’investissement immobilier donnant accès au F‑2‑10).
Le principe :
Un investisseur étranger peut obtenir un visa F-2 en investissant dans un projet qualifié, souvent via un achat immobilier. La procédure implique le dépôt d’une demande de visa accompagnée de preuves de l’investissement, des documents de propriété et des justificatifs financiers. Si la demande est approuvée, l’investisseur reçoit un titre de séjour F-2, généralement valable deux ans. Ce visa est renouvelable tant que l’investissement initial est maintenu.
Ce type de visa peut servir de tremplin vers la résidence permanente F‑5, voire la naturalisation, moyennant des exigences supplémentaires de durée de séjour, de maîtrise de la langue et d’intégration culturelle.
Programme spécial de Jeju
Jeju propose un schéma plus accessible quantitativement pour l’achat de biens dans certaines zones : un visa F‑2 spécifique lié à un investissement immobilier d’au moins 500 millions de KRW dans l’île, valable deux ans et renouvelable, en principe conditionné au maintien de l’investissement.
Pour un expatrié qui envisage de combiner qualité de vie, placement touristique et perspective de résidence, ce type de dispositif peut être particulièrement attractif, à condition d’accepter de concentrer l’investissement sur une zone géographique donnée.
Risques spécifiques et pièges à éviter
Investir dans l’immobilier en Corée du Sud quand on est expatrié ne se résume pas à remplir quelques formulaires. Plusieurs risques structurels doivent être pris au sérieux.
Coûts élevés et fiscalité lourde
Les frais de transaction et la fiscalité sur les plus‑values sont parmi les plus élevés au monde, particulièrement pour les détentions courtes et les situations de multi‑propriété dans les zones dites spéculatives. Pour un investisseur à la recherche d’un aller‑retour rapide, le risque de voir le gain net laminé par les impôts est majeur. Les projets doivent donc être pensés avec un horizon de détention suffisamment long.
Risques liés au jeonse et à la structure de la dette
Même si les expatriés recourent rarement eux‑mêmes au jeonse comme locataires, ce système pèse sur l’équilibre global du marché et peut affecter la liquidité de certains segments. Les scandales de fraude ont montré que des immeubles très endettés pouvaient plonger leurs locataires dans des situations dramatiques.
Pour un propriétaire bailleur, financer son portefeuille en recyclant les dépôts de jeonse d’un logement à l’autre expose à des risques systémiques en cas de baisse des prix immobiliers ou de durcissement des conditions de crédit.
Vieillissement démographique et disparités régionales
La Corée du Sud se dirige vers une société « super‑âgée », avec un vieillissement accéléré et l’un des taux de natalité les plus bas du monde. À long terme, cela peut peser sur la demande de logement dans de nombreuses villes régionales en déclin démographique, rendant la revente plus difficile et limitant l’appréciation des prix.
À l’inverse, certains segments pourraient bénéficier de la démographie : résidences pour seniors, logements adaptés, quartiers proches des hôpitaux et infrastructures de soins.
Complexité réglementaire et barrières linguistiques
Le système juridique et administratif est dense : déclarations multiples, délais stricts (60 jours pour l’enregistrement et la déclaration d’acquisition), règles de permis dans certaines zones, fiscalité à plusieurs niveaux, etc. L’essentiel de la documentation est en coréen, et les usages de négociation reposent largement sur des codes culturels implicites, où la relation personnelle et le respect des hiérarchies jouent un grand rôle.
Pour un expatrié qui ne maîtrise pas la langue, l’accompagnement par un avocat local et un agent immobilier aguerri au travail avec des étrangers n’est pas un luxe, mais une quasi‑nécessité.
Stratégies possibles pour un expatrié investisseur
À partir de ce paysage, plusieurs profils d’investissement typiques se dessinent pour un expatrié.
Un expatrié résident à Séoul, travaillant dans les technologies ou la finance, pourrait envisager :
– l’achat d’un appartement dans un quartier émergent (Mapo, Seongsu‑dong, certains secteurs de Yongsan) pour y habiter, en pariant sur une appréciation régulière liée aux infrastructures ;
– ou l’achat d’un petit officetel, éventuellement hors des zones à permis, pour le louer à des étudiants ou jeunes actifs, avec une gestion professionnelle.
Un expatrié orienté rendement locatif pourrait se tourner vers :
Deux stratégies principales pour investir en Corée du Sud, offrant un bon équilibre entre rendement et potentiel de croissance.
Appartements dans des villes nouvelles bien connectées comme Dongtan, Gwanggyo ou certaines parties de Seongnam. Offre un compromis rendement/risque acceptable.
Biens où les rendements bruts sont supérieurs, avec un important potentiel touristique ou étudiant.
Un investisseur en quête de diversification internationale et d’un visa potentiel pourrait privilégier :
– un projet d’investissement admissible pour un visa F‑2 dans un développement urbain désigné ;
– un bien sur Jeju dans une zone éligible au programme F‑2 insulaire, combinant usage personnel et location saisonnière.
Dans tous les cas, trois prudences s’imposent :
– bien intégrer l’impact de la fiscalité et des coûts dans le business plan ;
– éviter les zones à dynamique démographique négative si l’horizon de détention est long ;
– anticiper les évolutions réglementaires, notamment autour des restrictions aux achats étrangers, qui peuvent être prolongées ou étendues.
En conclusion
L’immobilier en Corée du Sud offre aux expatriés un terrain d’investissement riche en opportunités, mais aussi en pièges. La force économique du pays, la vitalité de Séoul, la demande locative soutenue et l’ouverture relative du cadre juridique jouent en faveur d’un projet bien préparé. À l’inverse, la polarisation extrême des prix, la fiscalité lourde, les règles nouvelles visant les acheteurs étrangers dans la région capitale et les risques liés à certains mécanismes locaux (jeonse, marchés régionaux en déclin) imposent une approche méthodique.
Pour un expatrié, l’essentiel est de définir son objectif précis (usage personnel, patrimoine, revenus locatifs, visa) avant de sélectionner rigoureusement la localisation et le type de bien. Il est recommandé de s’appuyer sur un réseau professionnel local expert en droit et pratiques immobilières pour le choix du mode de détention (direct, société, REITs).
C’est à ce prix – au sens figuré comme au sens strict – que l’investissement immobilier en Corée du Sud peut devenir, pour un expatrié, un véritable levier de stabilisation patrimoniale et de projet de vie à long terme.
Un chef d’entreprise français d’environ 50 ans, avec un patrimoine financier déjà bien structuré en Europe, souhaitait diversifier une partie de son capital dans l’immobilier résidentiel en Corée du Sud pour rechercher du rendement locatif et une exposition au won coréen. Budget alloué : 400 000 à 600 000 dollars, sans recours au crédit.
Après analyse de plusieurs marchés (Séoul, Busan, Incheon), la stratégie retenue a consisté à cibler un appartement dans un immeuble récent dans un quartier en croissance comme Gangnam (Séoul) ou Haeundae (Busan), combinant un rendement locatif brut cible de 7–8 % – « plus le rendement est grand, plus le risque est important » – et un bon potentiel de valorisation à moyen terme, avec un ticket global (acquisition + frais + éventuels rafraîchissements) d’environ 500 000 dollars. La mission a inclus : sélection du marché et du quartier, mise en relation avec un réseau local (agent immobilier, avocat, fiscaliste coréen), choix de la structure la plus adaptée (propriété directe ou société locale) et définition d’un plan de diversification international dans le temps.
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