S’installer en Corée du Sud attire de plus en plus de professionnels étrangers. Mais derrière le dynamisme de Séoul ou de Busan se cache un système fiscal dense, très structuré, qui peut surprendre un nouvel arrivant. Entre impôt sur le revenu, choix du régime pour salariés étrangers, taxation des loyers, imposition à la revente d’un bien ou encore taxe foncière locale et impôt national sur la détention de biens immobiliers de grande valeur, la facture peut vite grimper si l’on s’organise mal.
La fiscalité pour les expatriés en Corée du Sud se structure principalement autour de l’impôt sur le revenu et de la taxation immobilière, qui inclut les impôts sur la détention et les transactions. Comprendre ces mécanismes permet d’anticiper sa charge fiscale et d’identifier les points nécessitant un accompagnement spécialisé.
Comprendre son statut fiscal : résident, non‑résident, « short‑term resident »
Avant même de parler de taux, la question clé pour un expatrié est celle du statut fiscal. La Corée du Sud distingue clairement résidents, non‑résidents, et une catégorie particulière de résidents étrangers récents.
La règle de base repose sur le fameux seuil des 183 jours. Une personne est considérée comme résidente si elle a un domicile en Corée du Sud ou si elle y réside au moins 183 jours au cours d’une année fiscale, l’année fiscale étant calée sur l’année civile (du 1er janvier au 31 décembre). Les jours d’arrivée et de départ sont comptés dans le total. À partir de 2026, il sera même possible d’être considéré résident sur la base de 183 jours consécutifs chevauchant deux années fiscales.
La notion de domicile fiscal en Corée du Sud dépasse la simple adresse et s’appuie sur le centre de vie. Elle inclut la présence de la famille, l’occupation durable d’une propriété, une activité professionnelle requérant une présence d’au moins 183 jours, ou la détention d’actifs importants dans le pays. Ainsi, un cadre détaché, un fonctionnaire ou un salarié envoyé à l’étranger peut conserver sa résidence fiscale coréenne.
Celui qui ne répond à aucun de ces critères est traité comme non‑résident. La conséquence est essentielle : le résident est imposé sur l’ensemble de ses revenus mondiaux, tandis que le non‑résident n’est imposé que sur ses revenus de source coréenne (salaires, loyers d’un bien situé en Corée, dividendes de sociétés coréennes, etc.).
Les étrangers ayant résidé en Corée du Sud pendant cinq ans ou moins au cours des dix dernières années sont considérés comme résidents de court terme. Leur revenu de source étrangère n’est taxable en Corée que s’il est payé par une entité coréenne ou s’il est effectivement transféré dans le pays, offrant une certaine souplesse fiscale pendant les premières années d’expatriation.
Pour les personnes qui se retrouvent potentiellement résidentes à la fois en Corée et dans leur pays d’origine, les conventions fiscales signées par la Corée du Sud (près d’une centaine) prévoient des règles de « tie‑breaker » : logement permanent, centre des intérêts vitaux, lieu de séjour habituel, voire nationalité servent à trancher le pays de résidence fiscale principale.
Impôt sur le revenu : fonctionnement général et barème progressif
Une fois le statut clarifié, il faut comprendre comment est calculé l’impôt sur le revenu. La Corée du Sud applique un système progressif, avec plusieurs tranches et un impôt additionnel local appelé taxe d’habitant ou impôt local sur le revenu.
Le barème national actuel pour les personnes physiques est structuré en huit tranches. Les taux suivants s’appliquent au revenu imposable (après déductions et abattements) :
| Tranche de revenu imposable (KRW) | Taux d’impôt national | Surtaxe locale (10 %) | Taux cumulé effectif |
|---|---|---|---|
| 0 – 14 000 000 | 6 % | 0,6 % | 6,6 % |
| 14 000 001 – 50 000 000 | 15 % | 1,5 % | 16,5 % |
| 50 000 001 – 88 000 000 | 24 % | 2,4 % | 26,4 % |
| 88 000 001 – 150 000 000 | 35 % | 3,5 % | 38,5 % |
| 150 000 001 – 300 000 000 | 38 % | 3,8 % | 41,8 % |
| 300 000 001 – 500 000 000 | 40 % | 4,0 % | 44,0 % |
| 500 000 001 – 1 000 000 000 | 42 % | 4,2 % | 46,2 % |
| Plus de 1 000 000 000 | 45 % | 4,5 % | 49,5 % |
Le barème s’applique aussi bien aux résidents qu’aux non‑résidents, la seule différence étant la base imposable (revenu mondial versus revenu coréen uniquement). À ces taux s’ajoute parfois un mécanisme d’impôt minimum alternatif pour certains revenus professionnels, destiné à empêcher que l’accumulation d’avantages fiscaux ne réduise l’impôt en dessous d’un seuil plancher. Cet « AMT » ne concerne toutefois pas les salaires ordinaires.
En pratique, la majorité des salariés n’ont pas à déposer une déclaration complète eux-mêmes. L’employeur prélève l’impôt à la source chaque mois, puis procède à un « règlement de fin d’année » en intégrant les déductions et crédits d’impôt auxquels le salarié a droit, sur la base des justificatifs fournis en janvier ou février. Ces informations sont ensuite centralisées par l’administration fiscale. La date limite officielle de dépôt de la déclaration reste fixée au 31 mai de l’année suivante.
Les indépendants, les personnes ayant plusieurs sources de revenus (loyers, intérêts, dividendes, revenus de classe B, etc.) ou les expatriés qui quittent le pays en cours d’année doivent déposer une déclaration globale (« Global Income Tax Return ») via le portail Hometax et régler le solde dû dans le même calendrier.
Revenus de travail : classes A et B, flat tax pour expatriés
Pour les étrangers, la fiscalité des revenus d’emploi en Corée du Sud présente deux particularités majeures : la distinction entre revenus de « Classe A » et de « Classe B », et la possibilité d’opter pour un taux forfaitaire réduit au lieu du barème progressif.
Les salaires versés ou supportés par une entité coréenne – y compris la succursale locale d’un groupe étranger – relèvent de la Classe A. L’employeur coréen retient l’impôt à la source chaque mois selon les barèmes et prend en charge la régularisation de fin d’année. C’est le cas le plus courant pour un expatrié embauché localement.
Le crédit d’impôt maximum annuel pour l’adhésion à une association de contribuables en Corée du Sud est de 1 million de KRW.
Au‑delà de cette mécanique de perception, la grande question pour un expatrié salarié est le choix entre barème progressif et régime forfaitaire spécifique. La Corée du Sud permet en effet aux travailleurs étrangers de choisir une imposition à taux unique de 19 % sur leur revenu d’emploi de source coréenne. En ajoutant la surtaxe locale de 10 %, le taux effectif atteint 20,9 %.
Ce régime attractif pour les hauts revenus a été assoupli. Les personnes ayant commencé à travailler avant fin 2023 pouvaient en bénéficier pendant 5 ans consécutifs. Pour les recrutements plus récents, la durée est étendue à 20 ans à compter du premier jour de travail, si l’activité a débuté au plus tard le 31 décembre 2026. Le choix du régime doit être formalisé auprès de l’employeur (pour ajuster la retenue à la source) ou dans la déclaration annuelle.
Ce taux réduit a cependant une contrepartie de taille : il exclut toute autre déduction ou crédit d’impôt. Impossible de profiter des déductions pour conjoint et enfants, des crédits pour dépenses médicales, des avantages liés aux cotisations de retraite personnelle ou aux dons si l’on reste dans ce régime. Pour un expatrié avec une famille et des dépenses importantes, le calcul mérite donc une véritable simulation chiffrée.
Démarches, délais et pénalités : ce qu’un expatrié doit anticiper
Le calendrier fiscal coréen impose plusieurs jalons importants. L’année fiscale coïncide avec l’année civile. Les salariés fournissent habituellement leurs justificatifs de dépenses déductibles à l’employeur entre mi‑janvier et fin février afin que celui‑ci procède au calcul définitif de l’impôt dû au titre de l’année précédente, qu’il transmet à l’administration avant le 10 mars.
La déclaration annuelle des revenus doit être effectuée entre le 1er et le 31 mai. Les personnes quittant définitivement le pays doivent soumettre une déclaration finale couvrant la période du 1er janvier à leur date de départ, et ce, avant de quitter le territoire. Les non-résidents percevant des revenus de source coréenne sont généralement soumis au même calendrier de déclaration.
Le système étant déclaratif, l’administration coréenne sanctionne les omissions ou retards. L’absence de dépôt d’une déclaration dans les délais peut entraîner une pénalité allant jusqu’à 20 % de l’impôt non acquitté. Le retard de paiement donne lieu à des intérêts journaliers calculés sur la base d’un taux par jour (plus de 0,02 % par jour selon les périodes), auxquels peuvent s’ajouter des pénalités pour insuffisance de déclaration. En cas de montants importants ou de fraude caractérisée, des poursuites pénales sont possibles.
Les résidents sud-coréens détenant plus de 500 millions de KRW sur un compte financier à l’étranger doivent le déclarer. Le non-respect, surtout pour des montants dépassant 5 milliards de KRW, est passible de jusqu’à 2 ans d’emprisonnement ou d’amendes de 13% à 20% des avoirs non déclarés. Les autorités utilisent l’Offshore Compliance Enforcement Center et les informations bancaires transmises à la Korea Finance Intelligence Unit.
Deductions, abattements et crédits : comment réduire légalement la facture
Le système coréen prévoit un ensemble dense de déductions et crédits d’impôt, même si les expatriés optant pour le taux forfaitaire de 19 % doivent y renoncer. Pour ceux qui restent au barème progressif, ces mécanismes permettent d’ajuster l’impôt au plus près de la situation familiale et des charges réelles.
Le premier étage concerne la déduction pour revenus d’emploi. Une fraction du salaire brut est automatiquement déduite selon un barème interne, avec un plafond autour de 20 millions de KRW. Viennent ensuite les déductions personnelles de base : 1,5 million de KRW pour le contribuable, 1,5 million pour le conjoint répondant aux critères, et 1,5 million par personne à charge éligible.
Des compléments existent pour certaines situations : 2 millions de KRW supplémentaires pour chaque personne handicapée, 1 million pour les membres du foyer âgés d’au moins 70 ans, 500 000 KRW pour une femme mariée en dessous d’un certain seuil de revenus, 1 million pour un parent isolé.
Les cotisations obligatoires (retraite, maladie, chômage) sont entièrement déductibles. Les dépenses professionnelles légitimes (loyers, frais de déplacement, automobile, représentation) sont également déductibles, à condition d’être justifiées.
Sur le volet crédit d’impôt, la Corée du Sud a mis en place un système particulièrement détaillé. On y trouve par exemple un crédit pour enfants et petits‑enfants à partir de 8 ans, avec un montant croissant selon le nombre d’enfants. Les dépenses de scolarité ouvrent droit à un crédit de 15 % dans certaines limites : 9 millions de KRW par enfant à l’université, 3 millions pour les niveaux de la maternelle au lycée, sans plafond pour la formation du contribuable lui‑même.
Les dons à des organismes reconnus donnent droit à un crédit d’impôt de 15 % jusqu’à 10 millions de KRW, puis de 30 % au-delà, avec un bonus supplémentaire de 10 % possible pour les montants très élevés certaines années. Les primes d’assurance éligibles offrent un crédit de 12 %, sous plafond. Pour les dépenses médicales, un crédit de 15 % est applicable sur la part excédant 3 % du revenu d’emploi, généralement plafonnée à 7 millions de KRW. Ce plafond est supprimé pour les cas particuliers : personnes âgées, handicapées ou jeunes enfants.
Pour les contribuables aux revenus plus modestes ou ceux dont les dépenses spécifiques sont faibles, un crédit standard d’environ 130 000 KRW est prévu lorsque aucune autre réduction particulière n’est sollicitée.
Les pertes professionnelles (hors locations) peuvent être imputées sur d’autres catégories de revenus, avec une possibilité de report sur dix ans si elles ne sont pas entièrement utilisées. Les pertes sur loyers ne peuvent s’imputer que sur les revenus locatifs, et les pertes en capital ne s’imputent que sur les gains en capital, sans report possible vers les années suivantes.
Revenus du capital : plus‑values, dividendes et intérêts
Pour un expatrié investissant en Corée du Sud, la fiscalité des gains en capital constitue un autre pan important. Les plus‑values sont imposées séparément du revenu global. La méthode classique consiste à retrancher du prix de vente les coûts d’acquisition, d’amélioration et de cession, puis à appliquer les taux et abattements prévus.
Un abattement de base de 2,5 millions de KRW par an s’applique à l’ensemble des gains. S’y ajoute un dispositif de majoration pour détention de long terme sur l’immobilier : une propriété conservée plus de dix ans peut par exemple bénéficier d’une déduction allant jusqu’à 30 % du gain, avec des pourcentages intermédiaires progressifs dès la troisième année de détention.
Les plus-values sur la vente de biens immobiliers peuvent être fortement taxées, notamment en cas de détention de moins d’un an ou de multipropriété dans les zones régulées comme Séoul. Les réformes depuis 2020 ont relevé les taux pour les cessions spéculatives, pouvant entraîner des taux effectifs très élevés avec les surtaxes locales.
Pour les non‑résidents qui cèdent des biens situés en Corée du Sud, le mécanisme est plus simple : l’impôt correspond au moindre entre 10 % du prix de vente brut (11 % avec surtaxe locale) et 20 % du gain net (22 % avec surtaxe). Certaines opérations sont exonérées, par exemple la vente de la résidence principale lorsque des conditions de durée de détention et d’occupation sont remplies, ou la cession de certaines terres agricoles ou de titres cotés par des actionnaires non majoritaires.
Les dividendes et intérêts perçus en Corée du Sud sont généralement soumis à une retenue à la source d’environ 15,4 %. Si ces revenus annuels sont inférieurs à 20 millions de KRW, cette retenue peut parfois constituer l’imposition définitive. Pour un montant annuel supérieur à 20 millions de KRW, ils doivent être déclarés et s’ajoutent au revenu global pour être imposés selon le barème progressif, avec un crédit d’impôt pour la retenue à la source déjà effectuée.
Pour les étrangers, la durée de résidence joue à nouveau un rôle. Ceux qui ont résidé en Corée plus de cinq ans sur les dix dernières doivent inclure leurs dividendes et intérêts étrangers dans leur revenu mondial ; ceux qui ont un historique plus court n’intègrent ces revenus étrangers que lorsqu’ils sont versés par une entité coréenne ou rapatriés dans le pays.
Taxation de la propriété : de l’acquisition à la détention
Dès qu’un expatrié envisage d’acheter un appartement à Séoul ou une maison sur l’île de Jeju, une autre couche du système fiscal coréen entre en jeu : la fiscalité immobilière, qui dépasse largement la seule « taxe foncière » au sens étroit.
Le taux maximum de l’impôt d’acquisition pour un logement, pouvant s’appliquer dans des cas spécifiques comme l’achat par une société.
À cette taxe d’acquisition s’ajoutent des surtaxes locales : une taxe spéciale pour le développement rural autour de 0,2 % de la valeur, et une taxe pour l’éducation locale représentant environ 20 % du montant de la taxe d’acquisition. S’y ajoutent encore, côté formalités, des droits d’enregistrement, un droit de timbre sur les documents (parfois présenté comme environ 0,2 % de la valeur), voire l’obligation d’acheter des obligations nationales dans certains cas, notamment pour les résidents coréens.
Le coût total des transactions immobilières, incluant taxes et frais, peut atteindre près de 14 % du prix de vente pour les dossiers complexes.
Les étrangers peuvent acquérir de l’immobilier en Corée du Sud à des conditions proches de celles des nationaux, même sans statut de résident, sous réserve de certaines obligations déclaratives et de restrictions dans les zones sensibles (zones militaires, sites patrimoniaux, zones écologiques). L’enregistrement au registre foncier national formalise juridiquement la propriété, et l’on peut transmettre la plupart des impôts courants (taxe foncière, par exemple) au locataire via une clause contractuelle, même si la responsabilité légale reste celle du propriétaire.
Taxe foncière locale : la property tax annuelle
Une fois le bien acquis, le propriétaire s’acquitte chaque année d’un impôt local sur la propriété qui s’apparente à une taxe foncière. Il s’agit d’un impôt municipal calculé sur la valeur officielle du bien (valeur cadastrale révisée périodiquement).
Les taux oscillent selon la nature et l’usage du bien. Pour les logements ordinaires, on trouve des taux typiques compris entre 0,1 % et 0,4 % de la valeur officielle. Certains tableaux mentionnent une fourchette plus large allant de 0,07 % à 0,5 %, reflétant les différentes catégories : terres agricoles, terrains à usage d’affaires, logements, bâtiments industriels, installations de loisirs de luxe comme les terrains de golf.
Pour donner un aperçu d’ensemble, on peut résumer ainsi plusieurs taux usuels de taxe foncière locale :
| Type de bien / usage | Base indicative de taux annuel sur valeur officielle |
|---|---|
| Maison / logement standard | ~0,1 % – 0,4 % |
| Logement unique d’un seul foyer | ~0,05 % – 0,35 % |
| Terrain non agricole à usage non professionnel | ~0,2 % – 0,5 % |
| Terrain affecté à une activité professionnelle | ~0,2 % – 0,4 % |
| Terres agricoles / vergers | ~0,07 % |
| Bâtiments usuels (bureaux, commerces) | ~0,25 % |
| Usines | ~0,5 % |
| Villas de luxe, lodges, golf, loisirs haut de gamme | ~4 % |
À cette taxe foncière de base s’ajoute une taxe locale d’éducation représentant en général 20 % du montant de la property tax. Certains terrains ou bâtiments peuvent enfin être surtaxés, notamment les usines nouvellement construites ou agrandies dans les zones d’hyper‑concentration de la région de Séoul, pour lesquelles la taxe peut être multipliée par cinq pendant cinq ans.
Des allègements sont prévus pour les entreprises étrangères investissant dans des secteurs ciblés ou des zones de développement spéciales (Foreign Investment Zones, Free Economic Zones, etc.), qui peuvent bénéficier d’une exonération totale de taxe foncière pendant plusieurs années, suivie de réductions partielles.
Impôt national sur la détention d’immeubles de grande valeur : le CRET
Au‑delà de la taxe foncière locale, la Corée du Sud a instauré un impôt national complémentaire sur la détention de biens immobiliers de valeur élevée : le Comprehensive Real Estate Holding Tax, souvent comparé à un « super‑impôt foncier » réservé aux gros patrimoines.
Cet impôt s’applique lorsque la valeur officielle agrégée des biens dépasse certains seuils. Pour les logements, le seuil est généralement de 600 millions de KRW de valeur cadastrale par foyer, avec une tolérance pouvant atteindre environ 900 millions de KRW pour les propriétaires occupant leur unique résidence principale. Pour les terrains soumis à la taxation générale, le seuil est de 500 millions de KRW, et il peut monter jusqu’à 8 milliards de KRW pour certains terrains associés à des commerces.
Au‑delà de ces seuils, un barème progressif s’applique, avec des taux compris en pratique entre 0,5 % et jusqu’à environ 5 % (voire 6 % pour les logements dans certaines configurations). Le calcul tient compte de la valeur excédant le seuil, appliquée à une fraction de la valeur de marché (ratio de 60 % à 100 % selon les années et les catégories), puis vient en déduction l’impôt foncier local déjà payé sur les mêmes biens, afin d’éviter une double imposition trop marquée.
Un propriétaire de plus de 60 ans, détenteur de sa résidence principale depuis plus de cinq ans, peut bénéficier de crédits d’impôt spécifiques sur le CRET (Contribution Relative à l’Épargne-Terrain). Cette mesure vise à éviter qu’un fardeau fiscal excessif ne pèse sur les retraités qui, bien que possédant un patrimoine immobilier conséquent, disposent de revenus plus limités.
Une surtaxe nationale dédiée au développement rural s’ajoute à ce dispositif : une taxe spéciale correspondant à 20 % du montant du CRET, supportée par les détenteurs de gros patrimoines immobiliers.
Les réformes fiscales de 2020 ont durci ce régime, en augmentant les taux et en modifiant la manière de calculer la base imposable, notamment pour les sociétés détenant des logements, qui ne bénéficient plus de certains abattements sur cet impôt. Les investisseurs qui structurent leurs acquisitions via des véhicules de type REITs ou fonds immobiliers doivent donc analyser attentivement l’impact du CRET dans leur modèle.
Revenus locatifs : taxation et choix de structure pour les expatriés
Pour l’expatrié qui met un appartement en location, les loyers perçus sont classés dans les revenus globaux et soumis au barème progressif, après déduction des charges. Le calcul de la base taxable se fait en retranchant des loyers bruts les dépenses admissibles (frais d’entretien, intérêts d’emprunt, charges supportées par le propriétaire, etc.) et les pertes reportées des cinq dernières années. La Corée ne prévoit pas de « franchise » exonérée pour les revenus locatifs : tout loyer est théoriquement imposable dès le premier won.
Le système coréen propose deux méthodes pour déterminer les charges déductibles des revenus locatifs. Pour un loyer annuel inférieur à 24 millions de KRW, un taux forfaitaire (entre 20% et 66% selon le type de location) peut être appliqué. Au-delà de ce seuil, l’utilisation des dépenses réelles est généralement requise et plus avantageuse, avec des ratios de charges spécifiques (de 15% à 48%) pour chaque poste (salaires, achats, sous-location…). Important : les pertes locatives ne sont imputables que sur les revenus locatifs de même nature et ne sont pas transférables à d’autres catégories de revenus.
Les non‑résidents qui souhaitent investir dans l’immobilier locatif peuvent choisir de détenir le bien directement à leur nom ou via une structure sociétaire légère de type société à responsabilité limitée (YooHan hoesa). Dans certains schémas, notamment pour les investissements purement locatifs, les revenus de loyers perçus par une entité non résidente peuvent être soumis à un taux d’imposition forfaitaire autour de 22 %, retenue incluse, avant distribution éventuelle aux actionnaires. Une fois l’impôt versé, les revenus peuvent être rapatriés à l’étranger, sous réserve des règles de change et de déclaration.
Ce type de structuration via un véhicule dédié peut simplifier la gestion fiscale, mais il impose des obligations supplémentaires comme une immatriculation fiscale, des obligations comptables et potentiellement le paiement de l’impôt sur les sociétés. Il est crucial de solliciter un conseil spécialisé pour arbitrer entre une détention directe et l’utilisation d’un véhicule dédié, particulièrement à partir de certains volumes d’investissement.
Autres impositions autour de l’immobilier : acquisition, revente, TVA
En plus de la taxe d’acquisition et de la taxe foncière, l’immobilier en Corée du Sud peut être affecté par d’autres prélèvements.
Lors de l’achat d’un bien, une TVA de 10% peut s’appliquer sur la valeur du bâtiment (hors terrain) si le vendeur y est assujetti (promoteur, société). Pour l’habitation principale modeste, des exonérations existent sous conditions. Un entrepreneur assujetti à la TVA peut récupérer cette taxe si le bien est utilisé pour son activité économique. Pour un particulier expatrié achetant un logement pour y vivre, la TVA n’est généralement pas récupérable.
Au moment de la revente, la plus‑value immobilière est imposée, comme vu plus haut. S’ajoutent parfois des droits de mutation, des frais d’agence (typiquement 0,3 % à 0,5 % côté vendeur, 0,4 % à 0,6 % côté acheteur) et des droits d’enregistrement. Dans le cas où un non‑résident vend un bien à une société coréenne, celle‑ci peut être tenue d’opérer une retenue à la source sur la plus‑value, mécanisme qui a toutefois été assoupli pour les acheteurs personnes physiques.
Le rendement locatif brut annuel maximum pour certains actifs immobiliers en Corée du Sud, un niveau relativement faible qui accentue l’impact des taxes comme la TVA sur la rentabilité.
Les expatriés salariés en Corée du Sud sont en général intégrés au système local de sécurité sociale, ce qui a un double impact : cotisations obligatoires partagées entre employeur et employé, et déductibilité fiscale de ces cotisations.
Le taux de cotisation total imposé par le National Pension Scheme, réparti à parts égales entre employeur et salarié.
Ces contributions sont pleinement déductibles du revenu imposable pour le salarié. Dans certains cas, notamment pour les expatriés venant de pays ayant signé un accord de sécurité sociale avec la Corée du Sud, comme les États‑Unis, un accord de totalisation peut permettre d’éviter la double cotisation et de faire reconnaître les périodes contribuant aux droits à pension. Pour un expatrié américain, par exemple, l’accord bilatéral peut permettre de rester affilié au système américain sur une période limitée tout en étant dispensé des cotisations coréennes, sous conditions.
Cas particulier des expatriés américains
Les citoyens américains et les détenteurs de carte verte restent imposables aux États‑Unis sur leurs revenus mondiaux, même lorsqu’ils résident de longue durée en Corée du Sud. Ils doivent donc articuler deux systèmes : la fiscalité coréenne, payée dans le pays de résidence, et l’impôt fédéral américain, le cas échéant atténué par des mécanismes comme l’exclusion des revenus gagnés à l’étranger (Foreign Earned Income Exclusion) ou le crédit d’impôt étranger (Foreign Tax Credit).
Ce traité, en vigueur depuis la fin des années 1970, a deux objectifs principaux. Il évite la double imposition en fixant des plafonds pour la retenue à la source : 15% (voire 10% dans certaines relations mère-fille) pour les dividendes, et des taux pour les intérêts et redevances. De plus, un accord de totalisation coordonne les cotisations de sécurité sociale pour empêcher de cotiser intégralement dans les deux pays pour un même emploi.
Du côté américain, les expatriés doivent aussi respecter les obligations de reporting comme le FBAR pour les comptes bancaires, ou le formulaire FATCA 8938 pour les actifs financiers étrangers, en fonction de seuils de patrimoine.
Penser sa stratégie fiscale d’expatrié en Corée du Sud
Entre le barème progressif pouvant monter jusqu’à un taux effectif de près de 50 %, le régime forfaitaire intéressant pour les hauts revenus, les mécanismes de déduction assez généreux, la taxation parfois lourde des plus‑values immobilières et l’empilement de taxes foncières locales et nationales, la Corée du Sud figure parmi les systèmes fiscaux détaillés et exigeants.
Pour un expatrié, l’enjeu est moins de devenir spécialiste de chaque article de loi que de saisir quelques lignes directrices :
Pour une gestion fiscale optimale en tant qu’expatrié en France, il est crucial de : bien documenter sa situation de résidence et, si l’on est dans les cinq premières années, de profiter du régime particulier sur les revenus étrangers non rapatriés ; simuler précisément l’arbitrage entre le taux forfaitaire de 19 % et le barème progressif, en intégrant le coût d’opportunité lié au renoncement aux déductions familiales et aux crédits d’impôt (santé, scolarité, retraite individuelle) ; anticiper toutes les implications d’un investissement immobilier, comme la taxe d’acquisition, la fiscalité annuelle (property tax et CRET éventuel) et la fiscalité sur la plus-value, au-delà du simple prix d’achat ; et enfin, structurer correctement les revenus de Classe B ou les investissements locatifs via des véhicules adaptés, tout en respectant scrupuleusement les obligations déclaratives locales et internationales.
La Corée du Sud offre un environnement économique attractif, des infrastructures solides et une forte sécurité juridique pour les investissements. Mais la contrepartie réside dans un degré élevé de sophistication fiscale et de contrôle. Pour un expatrié, intégrer cette donnée dès la préparation du projet d’installation ou d’investissement est souvent la meilleure façon de transformer une expatriation en Corée du Sud en expérience réussie, plutôt qu’en succession de mauvaises surprises fiscales.
Un retraité de 62 ans, avec un patrimoine financier supérieur à un million d’euros bien structuré en Europe, souhaitait changer de résidence fiscale vers la Corée du Sud pour optimiser sa charge imposable, accéder à de nouveaux marchés asiatiques et diversifier ses investissements, tout en conservant un lien avec la France. Budget alloué : 10 000 euros pour l’accompagnement complet (conseil fiscal international, formalités migratoires, structuration patrimoniale), sans vente forcée d’actifs.
Après analyse de plusieurs destinations attractives (Corée du Sud, Singapour, Thaïlande, Émirats), la stratégie retenue a consisté à cibler Séoul pour son environnement fiscal stable, la convention fiscale France–Corée limitant les doubles impositions, un écosystème financier développé et un coût de la vie encore inférieur à Paris pour certains postes. La mission a inclus : audit pré‑expatriation (exit tax, reports d’imposition), obtention du visa long séjour/visa investisseur, installation avec achat ou location de résidence principale, ajustement couverture santé (CPAM, assurance privée internationale), transfert de résidence bancaire, organisation de la rupture des liens fiscaux français (séjour >183 jours en Corée, centre des intérêts économiques), mise en relation avec un réseau local bilingue (avocat, fiscaliste, agent immobilier) et restructuration patrimoniale internationale.
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