Publié le et rédigé par Cyril Jarnias
S’installer en Autriche, c’est profiter d’un cadre de vie très sûr, d’un environnement propre… et d’un système de santé régulièrement classé parmi les meilleurs au monde. Pour un expatrié, c’est rassurant, mais ce n’est pas pour autant simple à décrypter : carte d’assurance, caisses publiques, médecins privés, numéros d’urgence, assurance internationale, médicaments soumis à des règles strictes… Sans préparation, on se retrouve vite perdu entre Kassenarzt, Wahlarzt et e-card.
Cet article fournit un guide complet et actualisé sur le système de santé autrichien pour les expatriés. Il s’appuie sur des données officielles pour expliquer son fonctionnement, la couverture offerte, les coûts à prévoir et les démarches à effectuer avant et après l’arrivée dans le pays.
Un système de santé public performant… et quasi universel
L’Autriche dispose d’un système de santé mixte, combinant un vaste pilier public obligatoire et un pilier privé optionnel. Dans les faits, entre 99 % et 99,9 % des résidents sont couverts par une assurance maladie, ce qui en fait l’un des systèmes les plus universels d’Europe. L’Organisation mondiale de la santé a classé le pays dans le top 10 mondial, et d’autres classements comme le Legatum Prosperity Index le situent régulièrement parmi les meilleurs systèmes européens.
Le système de santé autrichien repose sur le principe de solidarité, garantissant un accès indépendant de l’âge, du revenu, du genre ou de l’origine. Il est financé principalement par des cotisations sociales obligatoires, avec des contributions complémentaires de l’État fédéral et des provinces, et est supervisé par le ministère fédéral des Affaires sociales, de la Santé, des Soins et de la Protection des consommateurs.
Sur le terrain, l’infrastructure est dense : un peu plus de 260 hôpitaux, dont environ trois cinquièmes dédiés aux soins aigus, un important maillage de cabinets de généralistes et de spécialistes, et une forte densité médicale (plus de 5 médecins pour 1 000 habitants). À Vienne, la densité de médecins dépasse même 7 pour 1 000 habitants.
La qualité ne se limite pas aux soins curatifs. Les conditions sanitaires générales sont excellentes, l’eau du robinet est potable partout, le lait est pasteurisé, la pollution de l’air reste modérée dans la capitale et très faible dans les régions alpines. La vie quotidienne d’un expatrié est donc soutenue par un environnement à la fois sain et bien encadré.
Comment fonctionne l’assurance santé publique
La pierre angulaire de l’accès aux soins en Autriche est l’assurance maladie légale (gesetzliche Krankenversicherung). Pour la très grande majorité des résidents, elle est obligatoire. L’accès dépend d’abord de votre statut de séjour et de votre statut professionnel.
Qui doit être assuré et auprès de qui ?
Toute personne résidant plus de six mois en Autriche est en principe tenue d’avoir une assurance maladie. Les groupes soumis à l’assurance obligatoire sont notamment :
– les salariés,
– les travailleurs indépendants et freelances au-dessus d’un seuil de revenu,
– les pensionnés,
– les demandeurs d’emploi indemnisés,
– les bénéficiaires de certaines prestations sociales,
– leurs ayants droit (conjoint, partenaire enregistré, enfants).
Trois grands assureurs publics, issus d’une réforme structurelle entrée en vigueur en 2020, se partagent le pays :
| Caisse publique | Public principalement couvert | Particularité |
|---|---|---|
| ÖGK – Österreichische Gesundheitskasse | Salariés, apprentis, la majorité des résidents et leurs ayants droit | Plus grand assureur, environ 7,6 millions d’assurés |
| SVS – Sozialversicherungsanstalt der Selbständigen | Indépendants, freelances, professions libérales, agriculteurs | Couvre aussi l’accident et la retraite des indépendants |
| BVAEB – Versicherungsanstalt öffentlich Bediensteter, Eisenbahn und Bergbau | Fonctionnaires, agents publics, cheminots, mineurs | Régime spécifique au secteur public |
Les niveaux de prestations sont globalement comparables, même si certains détails diffèrent (taux de cotisation, prise en charge de certains actes).
Cotisations et prise en charge
Pour les salariés, l’affiliation est automatique : l’employeur vous déclare à la caisse compétente dans les sept jours suivant votre entrée en fonction. Les cotisations sont prélevées directement sur le salaire brut. Le financement est partagé à parts presque égales :
Le taux total de cotisations pour la branche maladie, résultant d’une contribution salariale d’environ 3,87 % et d’une contribution patronale d’environ 3,78 % du salaire brut.
Les retraités cotisent à un taux distinct (environ 5,1 %). Les indépendants paient des contributions minimales mensuelles à la SVS ; le minimum santé se situe autour de 500 € par mois, mais il est ajusté en fonction des revenus.
En échange, la couverture publique prend en charge :
– les consultations chez les médecins conventionnés (Kassenärzte),
– l’hospitalisation en service général (chambres de 4 à 8 lits),
– une grande partie des médicaments prescrits,
– la maternité (suivi de grossesse, accouchement),
– la pédiatrie et la prévention,
– certaines rééducations et cures de convalescence,
– le dentaire de base,
– des prestations de prévention (bilan annuel gratuit à partir de 18 ans).
Certaines prestations impliquent un ticket modérateur : frais de prescription, forfaits hospitaliers journaliers, participation aux aides médicales… mais pour un expatrié correctement affilié, le système public couvre l’essentiel des besoins médicaux standards.
Le rôle clé de l’e-card
Une fois inscrit à l’assurance publique, vous recevez une carte électronique d’assurance : l’e-card. Elle sert de sésame pour les soins dans le système public.
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– prouve que vous êtes assuré,
– contient votre numéro de sécurité sociale et un accès à votre dossier médical électronique (ELGA),
– sert de carte européenne d’assurance maladie (CEAM) au verso pour vos séjours temporaires dans d’autres pays de l’UE/EEE et en Suisse.
Elle est en général envoyée par la poste dans les 2 à 6 semaines suivant l’enregistrement. Depuis l’introduction de la photo obligatoire, les ressortissants non autrichiens doivent souvent se rendre dans un bureau dédié pour y déposer une photo récente, leur passeport et leur justificatif d’adresse.
L’utilisation de l’e-card est simple : vous la présentez chez le médecin, à l’hôpital ou en pharmacie. Le professionnel facture ensuite directement la caisse publique. Pour vous, il ne reste à payer que les éventuels tickets modérateurs.
Il existe une contribution annuelle de service liée à l’e-card (13,80 € en 2025), prélevée automatiquement sur certaines prestations (salaires, pensions). Les personnes à très faibles revenus, les retraités ou certains groupes en sont exemptés.
Public, privé, international : quelles assurances pour un expatrié ?
Un expatrié en Autriche doit composer avec trois grands types de couverture : assurance publique, assurance privée locale et assurance santé internationale. Chacune a un rôle particulier, et l’enjeu est de les combiner intelligemment selon votre situation.
Assurance publique obligatoire
Dès que vous travaillez pour un employeur autrichien, celui-ci vous affilie à la caisse compétente. Vous n’avez en général pas la possibilité de refuser cette couverture. De même, si vous percevez une pension autrichienne ou des allocations chômage, l’affiliation publique est automatique.
Pour vos ayants droit (conjoint, enfants), une coassurance est possible :
| Ayant droit | Conditions habituelles de coassurance | Coût |
|---|---|---|
| Enfant | Jusqu’à 18 ans, puis jusqu’à 21 ans sans emploi, ou 26 ans si en études | Gratuit |
| Conjoint/partenaire sans enfant | Possible, parfois moyennant une cotisation additionnelle (~3,4 % du salaire du titulaire, plafonné) | Payant |
| Conjoint/partenaire avec enfant | Conditions plus favorables, parfois sans surcharge | Variable |
L’affiliation de la famille n’est pas automatique. Il faut déposer une demande spécifique auprès de la caisse (formulaire, justificatifs de lien familial, de résidence, etc.).
Assurance privée complémentaire (Zusatzversicherung)
Environ 38 % des Autrichiens disposent en plus d’une assurance santé privée. Elle ne remplace pas l’assurance publique, mais la complète, en améliorant le confort et en élargissant les prestations.
Les avantages typiques incluent :
Les assurances santé privées en Autriche offrent une série d’avantages significatifs pour une prise en charge étendue et un meilleur confort.
Consultation de médecins non conventionnés (Wahlärzte) sans reste à charge important.
Chambres individuelles ou à deux lits en classe spéciale (Sonderklasse) dans des cliniques ou hôpitaux privés prestigieux.
Temps d’attente raccourcis pour les rendez-vous chez certains spécialistes et pour les interventions chirurgicales.
Meilleure prise en charge pour les prothèses dentaires, implants et équipements optiques.
Couverture de certaines thérapies comme l’ostéopathie ou l’acupuncture.
Extension des soins à l’étranger, rapatriement sanitaire, check-ups avancés et programmes bien-être.
Les primes dépendent de l’âge, de l’état de santé et des modules choisis, et non du revenu. Quelques repères :
| Profil | Fourchette de prime mensuelle indicative |
|---|---|
| Enfant | ≈ 30 € |
| Adulte jeune | ≈ 45–100 € selon options |
| Sénior (≈ 65 ans) | ≈ 450–500 € pour une couverture large |
Souscrire tôt est clairement avantageux : plus vous attendez, plus la prime initiale grimpe, notamment après 45 ans. La plupart des contrats appliquent en outre une sélection médicale. Certaines stratégies (franchise annuelle, combinaison de modules) permettent de réduire sensiblement la prime, parfois jusqu’à -50 %.
Parmi les assureurs privés autrichiens figurent par exemple UNIQA, Generali, Merkur, mais aussi des produits spécifiquement conçus pour étudiants et expatriés comme Care Austria ou FeelSafe.
Assurance santé internationale pour expatriés
Pour les expatriés très mobiles, ou ceux qui ne sont pas immédiatement éligibles à la couverture publique (par exemple au tout début du séjour ou pour certains statuts de visa), une assurance santé internationale joue un rôle clé.
Les grands acteurs mondiaux (Cigna Global, Allianz Care, AXA, APRIL International, Foyer Global Health, NOW Health, entre autres) proposent des plans conçus pour couvrir :
– les soins hospitaliers et ambulatoires,
– les urgences et la réanimation,
– la prise en charge du cancer,
– la santé mentale,
– parfois la maternité, le dentaire, la vision,
– les soins dans plusieurs pays, y compris hors d’Europe,
– la téléconsultation, le deuxième avis médical, voire l’évacuation sanitaire.
Les plafonds annuels sont élevés, souvent entre 1 et 5 millions de dollars, voire illimités sur les formules premium. Pour un expatrié qui voyage fréquemment ou garde des attaches médicales dans plusieurs pays, cette couche internationale permet une continuité de soins que ne garantit pas toujours l’assurance publique d’un seul pays.
Pour un étudiant étranger ou un travailleur non UE qui doit prouver une couverture “tous risques” pour un visa, certains produits comme Care Austria ont même été officiellement reconnus par les autorités pour répondre aux critères des permis de séjour.
Avant et après l’installation : démarches selon votre profil
L’accès au système autrichien dépend fortement de votre nationalité et de votre motif de séjour. Quelques cadres typiques se dégagent.
Citoyens UE/EEE et Royaume-Uni
Pour un expatrié venant de l’UE, de l’EEE ou du Royaume-Uni, deux phases se distinguent.
Pendant un court séjour (tourisme, mission courte), la Carte européenne d’assurance maladie (CEAM) ou la Global Health Insurance Card (GHIC britannique) permet d’accéder aux soins médicalement nécessaires dans le secteur public, aux mêmes conditions que les résidents. Elle ne rend cependant pas tout gratuit : les tickets modérateurs restent à votre charge, et elle ne couvre pas les cliniques privées ni le rapatriement.
Pour une installation durable, il faut :
À votre arrivée en Autriche, trois démarches principales sont à effectuer. Premièrement, vous devez vous déclarer à la mairie (Meldeamt) dans les trois jours suivant votre arrivée. Ensuite, il faut obtenir un enregistrement de séjour. Enfin, vous devez vous affilier à l’assurance publique, généralement via votre employeur. Si vous êtes étudiant, travailleur indépendant ou sans emploi, l’affiliation se fait directement auprès de l’ÖGK.
Les retraités européens peuvent parfois utiliser un formulaire S1 pour transférer la charge de leurs soins à leur pays d’origine tout en résidant en Autriche.
Ressortissants de pays tiers (hors UE/EEE/CH/UK)
Pour les citoyens de pays tiers, une assurance santé est, dans la pratique, un prérequis pour obtenir un visa ou un titre de séjour. Les autorités exigent souvent une police couvrant “tous les risques”, sans délai de carence excessif, plafonds bas ou exclusions majeures.
Une fois sur place :
En Autriche, l’affiliation au système de santé dépend de votre statut. Si vous travaillez pour un employeur autrichien, celui-ci vous affilie automatiquement à la caisse publique (ÖGK). Si vous êtes travailleur indépendant, vous devez vous enregistrer vous-même à la SVS (Sozialversicherung der Selbständigen), mais seulement si vos revenus dépassent un certain seuil. Pour les étudiants, il est possible de basculer vers une assurance étudiante publique (ÖGK) à tarif réduit, à condition de remplir les critères d’études spécifiques. Dans tous les autres cas, vous devez maintenir une assurance privée ou internationale qui répond aux exigences légales pour votre séjour.
Étudiants étrangers
Les étudiants internationaux doivent prouver une couverture minimale (souvent 30 000 € pour la partie médicale) pour obtenir un visa d’études s’ils viennent d’un pays soumis à visa.
Une fois inscrits dans une université autrichienne et munis d’un certificat de résidence, ils peuvent demander une assurance étudiante auprès de l’ÖGK, à un tarif préférentiel (environ 70 € par mois). Ils bénéficient alors des mêmes droits que n’importe quel assuré public.
Travailleurs indépendants et freelances
Les indépendants sont affiliés à la SVS à partir d’un certain niveau de revenus (plus de 6 600 € de revenus annuels environ pour les “nouveaux indépendants”). En dessous de ce seuil, l’affiliation n’est pas automatique, mais il est vivement conseillé de s’assurer volontairement, soit par la SVS (auto-assurance, plus coûteuse), soit par une assurance internationale ou privée remplissant les critères de séjour.
Médecins, hôpitaux, rendez-vous : comment se faire soigner au quotidien
Une fois assuré et muni de votre e-card, reste à comprendre le fonctionnement pratique : à qui s’adresser, à quel coût, et avec quels délais.
Kassenarzt vs Wahlarzt : le choix du praticien
L’Autriche distingue deux grandes catégories de médecins libéraux :
– les médecins conventionnés (Kassenärzte), qui ont un contrat avec les caisses publiques et affichent parfois “Alle Kassen” sur leur plaque,
– les médecins privés électifs (Wahlärzte), qui exercent hors convention.
La différence essentielle :
| Type de médecin | Facturation | Remboursement avec assurance publique |
|---|---|---|
| Kassenarzt (conventionné) | Facture directement la caisse via l’e-card | 100 % du tarif public pour les soins nécessaires |
| Wahlarzt (non conventionné) | Vous payez l’intégralité de la consultation | Remboursement partiel, en général 80 % du tarif public, pas du prix réel |
En pratique, il existe plus de médecins privés que de médecins conventionnés en Autriche, surtout dans les grandes villes. Les consultations privées sont souvent plus longues, plus flexibles (horaires, langues), mais plus chères : environ 50 à 100 € pour un généraliste, 80 à 200 € pour un spécialiste, si vous n’avez pas de couverture complémentaire.
Depuis 2024, les médecins privés peuvent transmettre directement leurs factures à l’ÖGK pour le remboursement, simplifiant ainsi les démarches pour les patients. Cependant, sans une assurance privée complémentaire, un reste à charge substantiel peut subsister.
Prendre rendez-vous et trouver un médecin anglophone
La liberté de choix est large : il n’existe pas d’inscription formelle à un cabinet de généraliste, et vous pouvez consulter le praticien de votre choix. En revanche, beaucoup de cabinets fonctionnent sur rendez-vous, et les spécialistes n’acceptent pas de “walk-in”.
Pour trouver un médecin :
– le portail Gesundheitsportal Österreichs et le site de l’Ordre des médecins (Ärztekammer) référencent les GPs et spécialistes,
– le site Praxisplan, pour Vienne, permet de filtrer par spécialité, secteur et langue,
– des plateformes privées comme DocFinder ou Doctena offrent la prise de rendez-vous en ligne,
– le site de la ville de Vienne recense les médecins, avec filtres par langue — utile pour trouver un praticien anglophone.
La plupart des médecins, surtout en milieu urbain, parlent anglais. De nombreux cabinets se disent même spécialisés dans la prise en charge d’expatriés, comme Health Consult Team, healthPi Medical Center ou le Mind Institute à Vienne.
Médecins et cabinets spécialisés pour expatriés en milieu urbain
Les délais varient : jusqu’à quatre jours pour voir un généraliste conventionné, plusieurs semaines pour certains spécialistes. En privé, les délais sont généralement plus courts.
Hôpitaux publics et cliniques privées
Les hôpitaux publics accueillent les patients de la caisse dans la classe générale : chambres de plusieurs lits, soins entièrement couverts par l’assurance publique, hormis un éventuel forfait journalier (plafonné à un nombre de jours par an et exempté dans certains cas, par exemple maternité).
En parallèle, un réseau de cliniques privées (comme la Privatklinik Döbling à Vienne, Wehrle-Diakonissen à Salzbourg ou la Confraternität Privatklinik Josefstadt) propose un niveau de confort supérieur et une approche plus personnalisée. L’accès se fait habituellement via une assurance privée, ou à vos frais.
En cas d’urgence, il est toujours possible de se présenter directement aux urgences (Notaufnahme) d’un hôpital public, même sans affiliation préalable. Les soins vitaux ne sont jamais refusés.
Coûts et procédures de paiement : à quoi s’attendre
Même dans un système très protecteur, un expatrié doit anticiper certains frais directs et comprendre les procédures de facturation, surtout s’il conserve une assurance de son pays d’origine.
Tickets modérateurs et frais standards
Quelques repères chiffrés utiles :
| Poste de dépense | Montant indicatif (2025) | Remarques |
|---|---|---|
| Forfait e-card annuel | 13,80 € | Prélevé automatiquement, exemptions possibles |
| Médicament sur ordonnance | 7,55 € / boîte | Si prix du médicament inférieur, paiement du prix réel |
| Aide médicale (orthèse, etc.) | 10 % du prix, min. 43 € | 129 € minimum pour des lunettes |
| Forfait hôpital (ex. Vienne) | ≈ 11,90 € / jour | Nombre de jours plafonné par année civile |
Certains publics (enfants, personnes à très faibles revenus, assurés exonérés de ticket modérateur) sont dispensés de ces contributions.
Cas particulier des assurances étrangères (États-Unis, Royaume-Uni, etc.)
Les systèmes d’assurance américains (Medicare, Medicaid) ne couvrent pas les soins en Autriche. La plupart des assurances privées américaines sont peu ou pas reconnues par les prestataires autrichiens. Concrètement :
Les hôpitaux et médecins autrichiens n’acceptent pas la carte d’assurance américaine. Les patients doivent régler directement leurs dépenses (en espèces, par carte ou virement), puis déposer une demande de remboursement auprès de leur assureur aux États-Unis.
Les dépôts exigés à l’admission à l’hôpital peuvent grimper à 500 € ou davantage. Au moment de la sortie, il faut solder l’intégralité des factures. Il est donc crucial de conserver tous les reçus et de demander, si nécessaire, une traduction en anglais des diagnostics et factures pour faciliter les démarches auprès de l’assureur étranger.
Le coût des soins en Autriche reste en général nettement inférieur à celui des États-Unis, mais un séjour prolongé ou des soins complexes peuvent vite atteindre des montants importants. D’où l’intérêt d’une assurance voyage ou internationale solide, incluant idéalement une option d’évacuation sanitaire.
Numéros d’urgence et services de garde : qui appeler et quand
L’Autriche dispose d’un maillage dense de services d’urgence, joignables gratuitement depuis n’importe quel téléphone, fixe ou mobile, parfois même sans déverrouiller l’appareil pour le 112. Pour un expatrié, mémoriser quelques numéros essentiels est un réflexe de sécurité de base.
Les numéros principaux :
| Service | Numéro | Usage |
|---|---|---|
| Numéro d’urgence européen | 112 | Tout type d’urgence, joignable dans l’UE, fonctionne sur téléphone verrouillé |
| Ambulance / secours médicaux | 144 | Urgences médicales graves, accidents |
| Médecin d’urgence / service de garde | 141 | Conseils médicaux, orientation, service d’astreinte en dehors des heures de bureau |
| Ligne santé nationale | 1450 | Conseils médicaux 24/7, tri téléphonique |
| Police | 133 | Urgences de sécurité |
| Pompiers | 122 | Incendies, sauvetage |
| Secours en montagne | 140 | Accidents en montagne |
| Centre antipoison | 01 406 43 43 | Intoxications, en particulier chez les enfants |
| Urgence psychiatrique | 01 313 30 | Crises psychiatriques, risque suicidaire |
| Prévention du suicide | 01 713 3374 | Détresse psychologique, idées suicidaires |
| Enfants et jeunes (aide, écoute) | 147 | Hotline 24/7 pour mineurs |
Des apps comme DEC112 permettent également aux personnes sourdes ou malentendantes de contacter police, pompiers, secours en montagne ou ambulance par messagerie instantanée, y compris via un “appel silencieux” en cas de danger domestique.
En Autriche, en plus des services publics, une large part des transports ambulanciers et de l’aide médicale (y compris en montagne ou lors de catastrophes) est assurée par la Croix-Rouge autrichienne (Rotes Kreuz) et d’autres organisations comme le Samariterbund, les Johanniter, le Grünes Kreuz et les Malteser.
Médicaments, pharmacies et contraintes particulières
Les pharmacies autrichiennes (Apotheken) sont très encadrées et constituent presque l’unique canal pour les médicaments, qu’ils soient sur ordonnance ou en vente libre. Les supermarchés ne vendent pas de médicaments au sens strict.
Un expatrié doit garder en tête plusieurs règles spécifiques.
Apporter ses médicaments personnels
Il est vivement recommandé de venir en Autriche avec au moins une semaine de réserve supplémentaire de vos traitements chroniques. Pour éviter tout problème à la douane :
Pour voyager en Autriche avec vos médicaments, conservez-les toujours dans leur emballage d’origine pour faciliter l’identification. Il est également recommandé de vous munir d’une lettre de votre médecin, rédigée de préférence en anglais ou en allemand, qui explique la nécessité de ces traitements. Enfin, avant votre départ, vérifiez systématiquement que les substances actives de vos médicaments ne sont pas interdites ou strictement contrôlées par la législation autrichienne.
En règle générale, il est toléré d’apporter une quantité correspondant à cinq jours de traitement. Avec une ordonnance transfrontalière adaptée, ce seuil peut monter jusqu’à 30 jours. En revanche, l’envoi postal de médicaments sur prescription depuis l’étranger est en principe interdit.
Obtenir des prescriptions en Autriche
Beaucoup de médicaments qui seraient en vente libre ailleurs nécessitent une ordonnance autrichienne. De plus, certains produits autorisés dans d’autres pays (notamment les États-Unis) sont illégaux ou sévèrement contrôlés en Autriche.
Les médecins sont généralement prudents et évitent les prescriptions systématiques d’antibiotiques. Pour un renouvellement, une consultation avec un médecin généraliste local est souvent nécessaire. Des services comme Mobi Doctor ou Air Doctor permettent d’accéder facilement à des médecins anglophones, notamment via la téléconsultation.
Les pharmacies appliquent un tarif de base uniforme pour les médicaments remboursés, assorti du forfait de prescription (7,55 € par boîte en 2025). En dehors des heures normales, un service de garde est toujours assuré, localisable via la ligne 1455 ou le site de la Chambre des pharmaciens. Une surtaxe peut être appliquée pour les nuits et dimanches.
Si vous consultez un médecin privé, vos ordonnances seront parfois sur papier “privé” : la pharmacie vous demandera alors le prix complet et, le cas échéant, vous devrez solliciter un remboursement partiel auprès de votre caisse.
Prévention, vaccinations et risques spécifiques
L’Autriche investit fortement dans la prévention et les programmes de dépistage. Pour un expatrié, cela se traduit par des droits concrets, à condition d’être affilié.
Bilan de santé annuel gratuit
Tout assuré âgé de plus de 18 ans a droit à un check-up gratuit chaque année. Ce bilan comprend généralement :
– anamnèse détaillée,
– analyses de sang et d’urine,
– contrôle de la tension artérielle,
– éventuellement ECG,
– dépistage de certains cancers selon l’âge et le sexe.
Le nombre d’années d’espérance de vie gagnées en France entre 2000 et 2021, passant d’environ 78 à 81 ans.
Vaccination contre l’encéphalite à tiques
Un risque spécifique à l’Autriche et à l’Europe centrale est l’encéphalite à tiques (TBE), une infection virale transmise par des tiques très présentes dans les zones boisées de basse altitude, y compris dans le Wienerwald (forêt viennoise).
Un vaccin très efficace, développé en Autriche, est disponible. Il est fortement recommandé pour les personnes vivant ou séjournant autour de Vienne et pratiquant des activités comme la randonnée, le VTT ou le camping. De nombreux Autrichiens le reçoivent via des programmes nationaux. Les expatriés doivent se renseigner rapidement auprès de leur médecin généraliste.
Autres recommandations
En plus de la TBE, les autorités préconisent de vérifier les vaccins de base (diphtérie, tétanos, coqueluche, polio, rougeole, oreillons, rubéole, hépatite A et B, COVID-19). Des programmes spécifiques existent pour les enfants dans le cadre du Mutter-Kind-Pass.
En montagne, le risque de mal aigu des montagnes apparaît au-delà de 2 500 mètres d’altitude, ce qui concerne certains massifs comme le Grossglockner. Une acclimatation progressive, une bonne hydratation et la prudence en cas de symptômes (maux de tête intenses, nausées, essoufflement disproportionné) s’imposent.
Santé mentale et soutien psychologique
Le système autrichien prend également en charge la santé mentale, même si l’accès peut parfois souffrir de délais d’attente, particulièrement via le secteur public.
Les professionnels reconnus sont :
– les psychiatres (Psychiater), médecins pouvant prescrire des médicaments,
– les psychologues,
– les psychothérapeutes dûment enregistrés dans le registre officiel.
Montant moyen remboursé par séance de psychothérapie par l’assurance publique en France.
Des associations spécialisées (Pro Mente, PSZ, diverses ONG) et des structures comme le Mind Institute à Vienne ciblent particulièrement les expatriés, avec des thérapeutes anglophones. Des annuaires (ÖBVP, BÖP, Psychology Today, TherapyRoute) permettent de chercher un thérapeute parlant français ou anglais.
En situation de crise aiguë, les lignes d’urgence psychiatrique (01 313 30) et de prévention du suicide (01 713 3374) fonctionnent 24/7. Pour les enfants et adolescents, la ligne 147 (Rat auf Draht) est également disponible en continu.
Ce que les ambassades peuvent – ou ne peuvent pas – faire
Nombre d’expatriés comptent, parfois à tort, sur leur consulat ou ambassade en cas de problème de santé grave. Il est important de clarifier les rôles.
Les ambassades (britannique, américaine, etc.) peuvent :
En cas de difficulté à l’étranger, les services consulaires peuvent vous apporter un soutien concret dans plusieurs domaines essentiels.
Fournir des listes de médecins et d’hôpitaux anglophones et expliquer le fonctionnement local du système de santé.
Vous aider à contacter votre famille et vos proches en cas de besoin.
Intervenir pour des démarches comme la délivrance d’un passeport d’urgence ou d’un laissez-passer.
Vous accompagner dans les démarches en cas de décès (rapport consulaire, contacts avec des pompes funèbres, etc.).
En revanche, elles ne peuvent pas : ne pas respecter les normes de sécurité.
– payer vos factures médicales ou d’hospitalisation,
– négocier vos factures ou écheanciers,
– imposer un rapatriement médical,
– fournir un interprète médical de façon systématique,
– garantir un traitement “préférentiel” par rapport aux résidents locaux.
C’est au patient et à sa famille de régler les coûts, éventuellement en mobilisant des assurances ou en faisant appel à des services de transfert d’argent en cas d’urgence.
Évacuation médicale et rapatriement : un coût à ne pas sous-estimer
Dans la plupart des situations, un expatrié hospitalisé en Autriche pourra rentrer chez lui par avion de ligne classique, parfois avec un certificat médical de non-contre-indication (“Fit to fly” délivré par le médecin). Si l’état de santé l’exige, le médecin peut, au contraire, s’opposer à tout vol commercial.
Dans les situations médicales extrêmes (coma, ventilation artificielle, traumatismes graves), le rapatriement nécessite un avion sanitaire. Le coût d’une telle évacuation entre l’Europe et les États-Unis peut s’élever à 100 000 $, un montant rarement couvert par les assurances voyage bas de gamme. En Autriche, des sociétés privées comme Tyrol Air Ambulance ou FAA Flight Ambulance Austria sont spécialisées dans ce type de vols médicaux.
Pour un expatrié non européen, inclure explicitement le rapatriement médical et l’évacuation dans son contrat d’assurance santé internationale est donc loin d’être un luxe.
Conseils pratiques pour bien gérer sa santé en tant qu’expatrié
Au-delà des structures et des chiffres, quelques réflexes simples facilitent la vie dans le système autrichien.
Dès la préparation du départ, il est judicieux de :
– vérifier que la destination répond à vos besoins médicaux spécifiques (dialyse, suivi oncologique, assistance à la mobilité, etc.),
– souscrire une assurance voyage ou internationale incluant au minimum les urgences, l’hospitalisation, le rapatriement, et si possible une responsabilité civile,
– emporter vos médicaments habituels pour au moins une semaine supplémentaire, avec ordonnances et lettre de votre médecin,
– demander des versions anglaises ou allemandes de vos principaux comptes rendus médicaux.
À l’arrivée, il est utile de :
À votre arrivée à Vienne, priorisez ces démarches essentielles : effectuez rapidement votre déclaration de résidence (*Meldezettel*), vérifiez votre enregistrement auprès de la caisse publique d’assurance maladie et suivez la réception de votre carte vitale (e-card). Pour votre santé, identifiez un médecin généraliste anglophone près de chez vous et prenez un premier rendez-vous de « présentation » si nécessaire. Enfin, notez dans votre téléphone les principaux numéros d’urgence : 112 (urgence générale européenne), 144 (ambulance), 141 (conseil médical urgent), 1450 (conseil santé non urgent), 133 (police) et 122 (pompiers).
Au quotidien, garder votre e-card sur vous, conserver toutes vos factures médicales, et vérifier systématiquement si le médecin ou l’établissement est conventionné avec votre caisse évitera bien des mauvaises surprises sur le plan financier.
Pour les activités de plein air, surtout en montagne ou en forêt, prévoir une assurance ski ou randonnée via une carte bancaire premium ou une police spécifique, et envisager la vaccination contre l’encéphalite à tiques si vous vivez dans une région à risque.
Pour faciliter vos démarches médicales, n’hésitez pas à consulter les outils en ligne tels que les portails officiels (par exemple Gesundheit.gv.at), les annuaires de médecins, les services de téléconsultation, ainsi que les applications d’urgence spécialement conçues pour les personnes sourdes et malentendantes.
Pour un expatrié, les soins de santé en Autriche combinent plusieurs atouts rares : qualité clinique reconnue, quasi-universalité de la couverture, soins préventifs solides et environnement sanitaire globalement très sûr. La contrepartie, c’est une architecture d’assurances parfois complexe, une forte distinction entre secteur public et privé et des règles strictes sur les médicaments.
Avec un minimum d’anticipation – bonne assurance, compréhension des caisses publiques, repérage des médecins anglophones – il est toutefois possible de s’insérer rapidement dans ce système et de bénéficier, en tant qu’expatrié, d’un niveau de protection et de soins équivalent à celui des résidents, voire supérieur si l’on opte pour une couverture privée adaptée.
Un retraité de 62 ans, avec un patrimoine financier supérieur à un million d’euros bien structuré en Europe, souhaitait changer de résidence fiscale pour optimiser sa charge imposable et diversifier ses investissements, tout en conservant un lien fort avec la France. Budget alloué : 10 000 euros pour un accompagnement complet (conseil fiscal, formalités administratives, délocalisation et structuration patrimoniale), sans vente forcée d’actifs.
Après analyse de plusieurs destinations attractives (Autriche, Grèce, Chypre, Maurice), la stratégie retenue a consisté à cibler l’Autriche, combinant stabilité politique, sécurité juridique et haute qualité de vie (Vienne régulièrement classée parmi les villes les plus agréables au monde), accès direct au cœur de l’UE et environnement favorable aux retraités à hauts revenus. La mission a inclus : audit fiscal pré‑expatriation (exit tax ou non, report d’imposition), obtention de la résidence avec achat de résidence principale à Vienne ou en région alpine, détachement CNAS/CPAM, transfert de résidence bancaire, plan de rupture des liens fiscaux français (183 jours/an hors de France, centre d’intérêts économiques), coordination avec un réseau local (avocat, conseil fiscal bilingue, intégration) et restructuration patrimoniale internationale pour limiter les risques de double imposition via la convention fiscale FR‑AT et sécuriser la transmission.
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Expert en gestion de patrimoine internationale depuis plus de 20 ans, j’accompagne mes clients dans la diversification stratégique de leur patrimoine à l’étranger, un impératif face à l’instabilité géopolitique et fiscale mondiale. Au-delà de la recherche de revenus et d’optimisation fiscale, ma mission est d’apporter des solutions concrètes, sécurisées et personnalisées. Je conseille également sur la création de sociétés à l’étranger pour renforcer l’activité professionnelle et réduire la fiscalité globale. L’expatriation, souvent liée à ces enjeux patrimoniaux et entrepreneuriaux, fait partie intégrante de mon accompagnement sur mesure.
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