S’installer en Autriche avec un contrat local, un statut de freelance ou de digital nomad, c’est aussi devoir repenser sa vie bancaire. Entre un système bancaire très dense, une grande place laissée aux paiements en espèces, une fiscalité progressive jusqu’à 55 % et l’essor des néobanques, la gestion de son argent à l’international peut rapidement devenir un casse-tête si l’on arrive sans préparation.
Ce guide couvre l’ouverture de compte, le choix de banque, les paiements quotidiens, les transferts internationaux, la fiscalité, l’immobilier, et propose un accompagnement spécialisé pour les profils complexes comme les Américains, les hauts revenus ou les investisseurs.
Un système bancaire dense, très réglementé et plutôt sûr
L’Autriche dispose de l’une des plus fortes densités bancaires d’Europe, avec près de 600 banques et environ 3 600 agences. Le pays fonctionne sur un modèle de « banque universelle », où les grands établissements combinent banque de détail, financement des entreprises, gestion de patrimoine et services d’investissement. Le secteur est strictement encadré par deux autorités : la Financial Market Authority (FMA) et la Banque nationale d’Autriche (OeNB).
Les dépôts sont protégés par le dispositif européen de garantie à hauteur de 100 000 € par personne et par banque.
Un paysage bancaire très diversifié
Le marché autrichien se structure autour de trois grandes familles d’acteurs : les banques privées ou cotées, les caisses d’épargne (Sparkassen) et les banques coopératives (Raiffeisen, Volksbanken). À cela s’ajoutent les banques étrangères implantées localement et une offre de plus en plus large de néobanques et fintechs.
Voici un aperçu simplifié des principaux types de banques que l’on retrouve en Autriche :
| Type d’établissement | Rôle principal pour un expatrié |
|---|---|
| Banques de détail (retail) | Compte courant, carte, crédit conso, crédit immo, services du quotidien |
| Caisses d’épargne (Sparkassen) | Comptes courants, épargne, services de proximité |
| Banques coopératives (Raiffeisen…) | Forte présence régionale, bon maillage d’agences et DAB |
| Banques privées | Gestion de fortune, conseil patrimonial, investissement |
| Banques d’investissement | Opérations de marché, financement de grands projets |
| Néobanques / fintechs | Comptes en ligne, multi-devises, frais réduits, ouverture rapide |
Les grands noms que croisera un expatrié sont notamment Bank Austria (groupe UniCredit), Erste Bank / Sparkasse, Raiffeisen, Volksbank, BAWAG, Oberbank. Côté internationaux, Deutsche Bank, CitiBank, Santander ou encore des acteurs comme Bank of China sont également présents.
Monnaie, paiements et usages : un pays encore très attaché au cash
La monnaie officielle est l’euro (EUR), avec les coupures classiques de 5 à 500 € et des pièces jusqu’à 2 €. Les cartes de débit et de crédit sont extrêmement répandues : on estime à plus de 11 millions le nombre de cartes de débit en circulation et à environ 3 millions celui des cartes de crédit. En 2020, il s’est effectué 2,24 milliards de transactions sans espèces dans le pays.
Malgré la modernité, l’Autriche reste très attachée aux paiements en espèces. En 2019, le cash représentait encore 54,3 % des transactions et 96 % des achats de moins de 10 €. De nombreux cafés, restaurants et petits commerces imposent un montant minimum pour accepter la carte bancaire. Il est donc prudent pour un expatrié de toujours avoir un peu de liquide sur soi, même dans les grandes villes.
Cartes, DAB et paiements mobiles
Les DAB (Geldautomaten) sont nombreux dans les zones urbaines, un peu moins dans les régions rurales. Toute carte munie d’un code PIN à 4 chiffres, ou portant les logos Cirrus ou PLUS, fonctionne en principe sur les distributeurs autrichiens. Les retraits sont en général gratuits dans le réseau de sa propre banque, mais des frais apparaissent rapidement en dehors.
Pourcentage d’expatriés trouvant facile de payer sans espèces en France, contre une moyenne mondiale de 85 %
Parmi les solutions populaires :
– George, l’application d’Erste Bank / Sparkasse
– RaiPay (Raiffeisen)
– Les wallets Apple Pay, Samsung Pay, Bluecode (QR), PayPal, Amazon Pay
– Les apps de néobanques : N26, Revolut, Wise
Google Pay n’est pas encore généralisé sur tous les réseaux en Autriche, mais la tendance de fond est clairement au paiement mobile.
Ouvrir un compte bancaire quand on est expatrié
L’ouverture de compte est un passage obligé pour qui reste plus de quelques mois. En pratique, la difficulté dépend étroitement de votre statut : résident ou non-résident, UE ou hors UE, salarié, freelance, étudiant, etc.
Qui est considéré comme non-résident ?
Dans le cadre bancaire, est considéré comme « non-résident » un individu dont la résidence principale ou le domicile habituel est situé hors d’Autriche et qui ne séjourne pas dans le pays plus de trois mois consécutifs. Cette distinction est importante : de nombreuses banques réservent leurs comptes « classiques » aux résidents et seront plus exigeantes avec les non-résidents.
Banques qui acceptent les non-résidents
Plusieurs établissements acceptent néanmoins d’ouvrir des comptes à des clients non-résidents, souvent avec conditions ou rendez-vous en agence :
Guide des principales banques et solutions en ligne disponibles pour les non-résidents et expatriés.
Bank Austria (UniCredit) nécessite un rendez-vous en personne. Erste Bank, Raiffeisen Bank, Volksbank, Addiko, Oberbank, DenizBank, Santander et Deutsche Bank proposent des solutions variables selon votre profil de résident.
Alternatives numériques accessibles : N26, Revolut, Wise, Bunq, Monese et Western Union Digital Bank. Ouverture souvent simplifiée sans présence physique requise.
Certaines banques du groupe UniCredit permettent à des clients déjà bancarisés dans une autre filiale d’ouvrir un compte autrichien depuis l’étranger, sur dossier.
Documents à prévoir
La liste précise varie d’une banque à l’autre, mais un expatrié devra en général fournir :
Pour ouvrir un compte bancaire, il est nécessaire de fournir plusieurs documents justificatifs : une pièce d’identité (passeport ou carte nationale pour les citoyens UE/EEE), une preuve d’adresse (Meldezettel en Autriche, bail, facture ou relevé officiel depuis l’étranger), et un justificatif de revenus ou de situation (contrat de travail, fiches de paie, déclarations fiscales). Pour les ressortissants hors UE, une explication du motif d’ouverture est souvent requise. Le numéro fiscal autrichien (Steuernummer) peut également être demandé.
Pour les dossiers en ligne, une procédure d’identification type PostIdent est quasi systématique, avec plusieurs options : identification via ID Austria (identité numérique), envoi d’une photo et d’une courte vidéo, visio avec un agent, ou passage dans un bureau de poste avec coupon.
Types de comptes disponibles
Pour la plupart des expatriés, deux produits sont centraux :
– Le Girokonto – compte courant avec IBAN, carte de débit, prélèvements SEPA, éventuellement autorisation de découvert
– Le Sparbuch – compte d’épargne, parfois encore matérialisé par un livret, ou sous forme de compte à vue rémunéré ou de dépôt à terme
On trouve aussi des comptes joints, des comptes jeunes/étudiants, des comptes titres pour investir, des comptes numérotés à vocation patrimoniale (avec frais élevés), ainsi que des comptes professionnels.
L’Autriche n’est pas une juridiction d’« offshore banking » : les comptes autrichiens entrent dans les mécanismes internationaux d’échange d’informations et de transparence (CRS, registre des bénéficiaires effectifs).
Frais bancaires : un poste à ne pas sous-estimer
Contrairement à certains pays où les comptes courants sont quasi systématiquement gratuits, l’Autriche reste un marché où les frais bancaires sont courants, même pour des services de base.
Les banques facturent généralement : des frais de tenue de compte, des frais de retrait à des distributeurs automatiques non affiliés, des frais de découvert, des frais de transfert d’argent, et des frais pour services de conseil financier.
– Un frais de tenue de compte mensuel ou trimestriel
– Des commissions de mouvements sur certains virements ou prélèvements
– Des frais pour relevés papier, opérations au guichet, carte bancaire, opérations en devises, etc.
Un exemple détaillé provient de la grille tarifaire de Bank Austria pour les clients privés internationaux. Cette grille illustre concrètement la structure des frais et des conditions appliquées par un établissement bancaire à une clientèle spécifique, servant de référence pour analyser les pratiques tarifaires dans le secteur bancaire international.
| Service (Bank Austria) | Niveau de frais indicatif* |
|---|---|
| Tenue de compte (trimestrielle) | 0,03 % des crédits ou débits (le plus élevé), min. 23,85 € |
| Comptabilisation des opérations (trimestre) | 0,68 €/crédit, 0,71 €/débit, min. 15,75 € |
| Relevé de compte sur demande | 0,83 € à 1,67 € selon le type |
| Téléphone banking | 2,19 €/mois, facturés trimestriellement |
| Virements internationaux non-SEPA | Forfait 16 € (0–5 000 €), 32 € (5 000–10 000 €), jusqu’à 109 € |
| Majoration USD/CAD | 8 € de frais supplémentaires |
| Ordre papier | +11 € de frais de traitement |
| Urgence virement | +17,70 € |
| Coffre titres (après 2002) | min. 4,11 €/ligne, 27,57 €/compte titres/an |
| Compte numéroté | 69,09 €/trimestre |
| Achat/vente de billets étrangers | Commission 2,1 % (min. 8,10 €) |
| Commission de change (« Perte ») | 1,7 % (min. 25,40 €) |
Montants fournis à titre d’illustration, susceptibles d’évoluer.
À l’échelle du marché, les fourchettes usuelles sont les suivantes :
| Type de frais | Ordre de grandeur en Autriche |
|---|---|
| Compte courant (mensuel) | ≈ 2,50 € à 10 € (ou l’équivalent trimestriel) |
| Pack de services (trimestriel) | ≈ 1 € à 15 € ou plus |
| Carte de débit | Souvent incluse, parfois jusqu’à 50 €/an |
| Marge de change sur devises | Environ 1 % à 3 % |
| Conservation de titres | ≈ 0,2 % à 0,75 % de l’encours/an |
| Retraits DAB hors réseau | Frais variables, gratuits dans le réseau de sa banque |
Certains établissements ajustent leurs tarifs chaque année en fonction de l’indice des prix à la consommation publié par Statistik Austria. Pour un expatrié, la morale est simple : il est impératif de comparer les grilles tarifaires et de vérifier si une banque digitale ne fait pas mieux pour votre usage quotidien.
Néobanques et comptes sans frais : une alternative intéressante
Pour beaucoup d’expatriés ou de digital nomads, les néobanques européennes constituent un point d’entrée simple et bon marché dans la vie financière autrichienne, notamment lorsqu’on arrive sans Meldezettel ni contrat local.
N26, Revolut, Wise & co.
Plusieurs acteurs se distinguent pour un usage international :
| Fournisseur | Nature du service | Points forts pour expatriés en Autriche |
|---|---|---|
| N26 | Banque mobile allemande avec licence européenne | Compte gratuit ou payant, Mastercard, retraits gratuits limités, app très intuitive, sous-comptes, options d’investissement, assurance voyage sur plans premium |
| Revolut | Banque / fintech britannique-européenne | Compte multi‑devises, taux de change interbancaires en semaine, cartes virtuelles, crypto et actions, eSIM sur certains plans |
| Wise | Établissement de paiement (pas une banque) | Compte multi‑devises, IBAN européen, carte de débit, frais de transfert transparents, taux de change médian |
| Bunq | Banque mobile néerlandaise | Comptes multiples avec IBAN individuels, cashbacks, orientation « green », gestion fine des dépenses |
| Monese, Monzo… | Néobanques UK / UE (accessibles selon résidence) | Comptes mobiles, bons pour freelances et nomades, mais contraintes de résidence à vérifier |
Pour un nouvel arrivant, l’ouverture d’un compte N26 ou Wise depuis son pays d’origine permet de disposer d’un IBAN européen et d’une carte dès l’arrivée en Autriche, sans devoir attendre l’ensemble des démarches de résidence. On peut ensuite ajouter un compte autrichien « classique » pour les besoins locaux (crédit, relation bancaire de proximité, hypothèque, etc.).
Comptes sans frais et offres promotionnelles
Le marché autrichien propose aussi des comptes dits « sans frais » : soit de véritables offres gratuites (souvent chez les néobanques), soit des formules rémunérées mais gratuites la première année. Les avantages peuvent comprendre :
– Tenue de compte gratuite la première année
– Carte de débit sans frais
– Bonus de bienvenue (prime en cash, bons de voyage, etc.)
Les offres en ligne présentent souvent des limitations : gestion exclusivement en ligne, conditions de revenus, frais plus élevés hors offre de base, et gratuité limitée dans le temps. Il est crucial de consulter les conditions générales pour en connaître tous les détails.
Transferts internationaux et gestion multi‑devises
Beaucoup d’expatriés continuent à toucher des revenus, payer un crédit immobilier ou aider financièrement leur famille à l’étranger. La façon de transférer cet argent depuis l’Autriche peut faire la différence entre une gestion fluide ou des centaines d’euros de frais et de mauvais taux de change chaque année.
SEPA, SWIFT et alternatives
Au sein de la zone SEPA (Union européenne, EEE, Royaume-Uni, Suisse, etc.), un virement en euros doit être facturé au même tarif qu’un virement domestique. Concrètement, envoyer de l’argent en euros de Vienne à Paris ou Berlin revient, en frais bancaires, à un virement intérieur. Il suffit en principe du seul IBAN du bénéficiaire.
En dehors de la zone SEPA, les virements transitent par SWIFT et impliquent des frais fixes souvent élevés (parfois plus de 30 €), auxquels s’ajoute une marge de 3 % à 7 % sur le taux de change. Les informations requises sont l’IBAN (ou numéro de compte) et le code BIC/SWIFT.
De nombreux expatriés se tournent alors vers des spécialistes comme Wise, OFX, XE, CurrencyFair, Currencies Direct ou Remitly, voire des opérateurs plus traditionnels comme Western Union ou MoneyGram pour les envois vers certaines régions.
Frais facturés par Wise pour envoyer l’équivalent de 1000$ vers un compte en Autriche, contre plus de 25$ pour les grandes banques américaines.
Comptes multi‑devises : un outil clé pour les profils internationaux
Les comptes multi‑devises proposés par Wise, Revolut, Bunq ou certaines plateformes professionnelles (Airwallex, Statrys) permettent de :
– Détenir et convertir des dizaines de devises (EUR, USD, GBP, CAD, SGD, etc.)
– Recevoir des paiements avec des coordonnées bancaires locales dans plusieurs pays
– Payer dans la devise du pays sans reconversion systématique
– Bénéficier de taux de change proches du taux interbancaire, avec une commission clairement énoncée
Pour un consultant freelance qui facture en dollars, un salarié payé en euros mais qui rembourse un prêt en livre sterling, ou un investisseur avec des revenus locatifs dans plusieurs pays, ce type de compte devient souvent l’outil central de sa gestion de cash internationale.
Fiscalité autrichienne : ce que doit savoir un expatrié
Au-delà de la banque du quotidien, s’expatrier en Autriche oblige à comprendre un minimum le fonctionnement de l’impôt sur le revenu, de la sécurité sociale et des taxes indirectes. Ne pas s’y intéresser, c’est risquer des mauvaises surprises : rappels d’impôts, absence de déductions pourtant accessibles, voire doubles impositions si l’on oublie de coordonner la situation avec son pays d’origine.
Impôt sur le revenu : un barème très progressif
L’Autriche applique un impôt sur le revenu progressif allant de 0 % à 55 %, par tranches de revenus. Les grandes lignes sont les suivantes :
| Tranche de revenu annuel (EUR) | Taux d’imposition approximatif |
|---|---|
| 0 – 13 308 | 0 % |
| 13 308 – 21 617 | 20 % |
| 21 617 – 35 836 | 30 % |
| 35 836 – 69 166 | 40 % |
| 69 166 – 103 072 | 48 % |
| 103 072 – 1 000 000 | 50 % |
| Au‑delà de 1 000 000 | 55 % |
L’Autriche est loin d’être un paradis fiscal, mais le système reste comparable à d’autres pays d’Europe occidentale. L’expatrié moyen, avec un salaire annuel proche de la moyenne nationale (environ 38 450 €), paiera de l’ordre de 7 000 € d’impôt sur le revenu.
Résidence fiscale : 183 jours et notion de domicile
On est considéré comme résident fiscal autrichien dès lors que l’on dispose d’un domicile ou d’un lieu de séjour habituel dans le pays. En pratique, un séjour de plus de 183 jours sur une année fait basculer l’individu en « assujettissement illimité », c’est‑à‑dire imposable sur l’ensemble de ses revenus mondiaux, sous réserve des conventions de non‑double imposition.
Les personnes non-résidentes en Autriche ne sont imposées que sur leurs revenus de source autrichienne. Cela inclut notamment les salaires pour un travail effectué dans le pays et les revenus locatifs de biens immobiliers situés en Autriche. Des règles spécifiques s’appliquent concernant les abattements et les crédits d’impôt auxquels ils peuvent prétendre.
La protection sociale représente un poste important. Les charges totales avoisinent 40 % du salaire brut, réparties entre employeur et employé.
Côté salarié, les principaux taux indicatifs sont :
– Assurance maladie : ~3,87 %
– Assurance pension : ~10,25 %
– Assurance chômage : ~2,95 %
– Autres contributions : ~1 %
L’employeur ajoute de son côté environ 3,78 % de maladie, 12,55 % de pension, 3 % de chômage, 1,2 % d’accident et 0,85 % divers.
La TVA standard est de 20 %, avec des taux réduits de 13 % (par exemple pour certains événements culturels, vols intérieurs) et 10 % (alimentation, livres, pharmacie, transports). Quelques activités ciblées bénéficient d’un taux de 0 %.
Pour les indépendants, un abattement automatique sur le bénéfice peut atteindre 4 950 € par an, ce qui peut soulager significativement la facture fiscale.
Déclarations et obligations
La plupart des salariés voient leur impôt prélevé à la source par l’employeur. Il est toutefois souvent intéressant de déposer une déclaration (Arbeitnehmerveranlagung) via le portail FinanzOnline pour récupérer des déductions (frais de formation, trajets domicile‑travail, etc.) ou déclarer des revenus complémentaires.
Les travailleurs indépendants et les contribuables aux revenus complexes (placements, revenus étrangers, immobilier) doivent effectuer des acomptes trimestriels et une déclaration complète. Les pénalités pour retard ou sous-déclaration peuvent s’élever à 10 % de l’impôt dû, auxquelles s’ajoutent des intérêts de retard et, en cas de fraude, des sanctions pénales.
Double imposition et cas particuliers (Américains, Britanniques…)
L’Autriche a signé des conventions de non‑double imposition avec plus de 80 pays, dont les États‑Unis, la France, l’Allemagne, le Royaume‑Uni, etc. Ces accords déterminent quel pays a le droit de taxer quels revenus (salaires, dividendes, intérêts, plus‑values), et prévoient des mécanismes d’exonération ou de crédit d’impôt.
Pour les citoyens américains, la situation se complique : les États‑Unis imposent leurs citoyens sur leurs revenus mondiaux, même s’ils vivent à l’étranger. Un Américain résident en Autriche doit donc, en principe, déposer chaque année une déclaration au fisc autrichien et une déclaration IRS (Form 1040), éventuellement compléter par :
– Form 2555 (Foreign Earned Income Exclusion)
– Form 1116 (Foreign Tax Credit)
– FBAR (FinCEN 114) dès que le total des comptes étrangers dépasse 10 000 $
– Form 8938 (FATCA) pour des seuils d’actifs financiers supérieurs
L’enjeu est alors de coordonner les deux systèmes pour éviter la double imposition et respecter les obligations de déclaration, sous peine de sanctions lourdes.
Immobilier et crédit : acheter en étant expatrié
Beaucoup d’expatriés de long terme finissent par envisager l’achat d’un appartement à Vienne, Graz ou Salzbourg, soit pour y vivre, soit comme investissement locatif. Le processus de crédit immobilier en Autriche est réputé relativement simple pour les résidents, mais plus lourd pour les non‑UE.
Accès au crédit et exigences des banques
Les banques autrichiennes exigent généralement que l’emprunteur dispose d’un compte courant local et d’un statut de résident (principal ou secondaire) ou d’une structure locale (société). Pour un couple mixte où l’un est résident autrichien et l’autre non, un dossier commun est possible.
Les critères classiques portent sur :
Pour obtenir un prêt, plusieurs critères sont examinés : l’emprunteur doit être majeur (minimum 18 ans) et l’âge maximal de fin de prêt se situe généralement entre 65 et 70 ans. La stabilité et le niveau des revenus (salaires ou revenus d’entreprise) sont essentiels. L’historique de crédit, y compris parfois dans le pays d’origine, est pris en compte. Enfin, le ratio d’endettement est vérifié : la somme des mensualités de crédit et des charges ne doit pas dépasser 30 à 40 % du revenu net.
Pour les indépendants, on demande habituellement 2 à 3 ans de déclarations fiscales. Les non‑UE peuvent devoir présenter 3 à 5 ans d’historique de revenus, un apport plus élevé, voire un garant local ou des sûretés additionnelles.
Apport, taux et coûts annexes
Les prêts à taux fixe sont fréquents, avec des durées courantes de 15 à 30 ans (20 ans typiquement), parfois jusqu’à 35 ans. Les taux hypothécaires tournent historiquement autour de 2–5 %, avec des variations selon la conjoncture (la moyenne ressortait récemment autour de 3,4 %).
L’apport est un point particulièrement sensible pour les étrangers :
– En général, 20–30 % minimum pour un résident européen solvable
– 30–50 % pour un non‑UE, pouvant monter à 50–70 % selon le profil
– Pour les résidences secondaires, un apport moyen de 50 % est courant
En plus du prix d’achat, prévoyez 10 à 15 % de frais supplémentaires, incluant les droits de mutation (3,5 %), l’inscription au registre foncier (~1,1–1,2 %), les honoraires de notaire ou d’avocat (1–3 %) et les frais de dossier bancaire (3–4 % possible). L’assurance bâtiment est obligatoire pour un crédit immobilier, et l’assurance contenu (ménage) est fortement recommandée.
Restrictions pour les étrangers et permis d’acquisition
Certains Länder autrichiens (Tyrol, Salzbourg, Vorarlberg…) imposent des restrictions à l’achat immobilier par des non‑résidents, notamment pour les résidences secondaires ou maisons de vacances. Les non‑UE doivent souvent obtenir un permis auprès de la Grundverkehrskommission ou d’une autorité comparable, en exposant l’usage prévu du bien (résidence principale, investissement, usage commercial…). La procédure coûte en général entre 500 € et 1 100 € et prend 2 à 3 mois.
Attention : le fait de posséder un bien en Autriche ne crée pas de droit automatique à un titre de séjour. Pour rester sur le long terme, il faut passer par les canaux classiques de permis de résidence ou par les dispositifs ciblés (carte Rouge‑Blanc‑Rouge, Blue Card UE, etc.).
Fintech, sécurité et risques numériques
Les fintechs comblent bon nombre de lacunes des banques traditionnelles pour une clientèle mobile et internationale : ouverture de compte à distance, tarifs plus lisibles, multi‑devises, intégration à des outils de facturation, API, etc. Mais leur modèle repose sur une forte dépendance à la technologie, ce qui les expose davantage aux pannes, aux cyberattaques ou aux blocages de compte pour des raisons de conformité.
Les banques autrichiennes sont soumises à une régulation stricte et déploient des mesures de sécurité robustes, incluant le chiffrement SSL, l’authentification forte (via TAN, mots de passe à usage unique ou biométrie) et la surveillance des transactions. Bien que le pays ait connu quelques scandales de blanchiment ou de fraude individuelle, la fraude de masse y est moins fréquente qu’ailleurs. Les clients sont régulièrement sensibilisés aux risques de phishing et aux faux e-mails d’authentification.
Pour un expatrié, la meilleure stratégie consiste souvent à combiner :
– Un compte principal dans une banque autrichienne solide, pour le salaire, le loyer, les crédits et les relations avec l’administration
– Un ou deux comptes multi‑devises et néobanques pour les voyages, les revenus internationaux et les paiements en ligne
Le tout en activant systématiquement la double authentification, en surveillant les notifications de transaction et en disposant d’une solution de secours (carte et banque secondaires) en cas de blocage.
Services spécialisés pour expatriés et investisseurs internationaux
La complexité de certaines situations – notamment pour les Américains, les cadres supérieurs, les investisseurs immobiliers ou les entrepreneurs – a fait émerger une offre de conseil financier spécifiquement tournée vers les expatriés en Autriche.
Conseillers indépendants pour expatriés
Des sociétés comme Invest Expat, basées à Vienne et Innsbruck, se positionnent comme guichet unique pour les expatriés : investissement, immobilier, fiscalité, assurance, aspects juridiques. Leur modèle repose sur un forfait annuel (199 € pour un individu, 299 € pour une famille), éventuellement complété par un taux horaire (250 €/h) ou des frais de gestion de portefeuille compris entre 0,5 % et 2 % par an selon l’encours, avec un ticket d’entrée recommandé d’environ 50 000 € ou 1 000 €/mois. Ils travaillent avec des fiscalistes, avocats et notaires spécialisés dans les problématiques d’expatriation.
Pour les expatriés américains confrontés à la double fiscalité USA/Autriche, des cabinets spécialisés comme EuroAmerican Financial Advisors (EAFA) offrent un accompagnement sur mesure.
Nos conseillers sont certifiés en planification financière américaine (CFP) et européenne (EFP) pour une expertise transatlantique.
Accompagnement spécialisé pour naviguer et optimiser votre situation face aux impôts américains et autrichiens.
Conseils et stratégies financières personnalisées pour sécuriser votre patrimoine et vos projets à l’international.
– La mise en place de portefeuilles d’investissement compatibles avec FATCA et la réglementation autrichienne
– La planification retraite en minimisant les risques de change et la double imposition
– La coordination entre fiscalité américaine et autrichienne, y compris succession, éducation, etc.
– Le transfert d’avoirs vers des comptes de courtage « expatriate‑compliant » sans réaliser de plus‑values imposables
Pour un expatrié constituant un patrimoine, un accompagnement spécialisé est crucial pour éviter des erreurs coûteuses telles que le choix de produits financiers non conformes, la mise en place de structures juridiques inadaptées ou des situations de double imposition.
Banques privées, gestion de fortune et services juridiques
Des banques comme UniCredit Bank Austria disposent de départements de Private Banking offrant gestion de portefeuille sur mesure, allocation d’actifs, sélection de fonds (parfois en partenariat avec de grands gérants internationaux) et outils de profilage du risque élaborés, comme ceux développés avec des instituts de recherche (par exemple Max-Planck). Ces services visent surtout les hauts patrimoines, mais ils restent une pièce du puzzle pour certains expatriés.
En parallèle, des cabinets d’avocats autrichiens se sont spécialisés dans la gestion patrimoniale pour investisseurs étrangers : structuration d’actifs, droit bancaire et fiscal, obtention de permis de séjour, sécurisation juridique d’investissements immobiliers ou d’entreprises.
Concrètement, comment organiser sa gestion financière d’expatrié en Autriche ?
Tout dépend évidemment de votre profil, mais quelques grands principes se dégagent pour la plupart des situations.
Un salarié européen qui s’installe à Vienne aura intérêt à : s’informer sur le système fiscal autrichien afin de comprendre ses obligations fiscales et d’optimiser sa situation financière. Il est également conseillé de se familiariser avec le marché du travail local et de développer un réseau professionnel pour faciliter son intégration.
– Ouvrir rapidement un compte courant dans une banque locale (Erste, Bank Austria, Raiffeisen…), une fois son Meldezettel obtenu
– Conserver un compte multi‑devises type Wise ou Revolut pour les voyages, les revenus annexes et les transferts internationaux
– Se pencher sur la fiscalité locale dès la première année pour optimiser les déductions et éviter les oublis de déclaration
Un indépendant ou digital nomad, lui, aura plutôt besoin :
Un aperçu des services essentiels pour gérer vos finances et vos obligations administratives en tant que travailleur mobile.
Accès à une ou plusieurs néobanques offrant des comptes en plusieurs devises, des outils professionnels de facturation, et des intégrations avec des plateformes comme Stripe ou PayPal.
Ouverture d’un compte local en Autriche pour faciliter le règlement des factures, les démarches de sécurité sociale et renforcer votre reconnaissance administrative.
Accompagnement pour clarifier votre résidence fiscale (règle des 183 jours, conventions internationales) et sécuriser votre situation face aux autorités.
Un investisseur immobilier étranger devra anticiper :
– Les exigences d’apport (souvent 30–50 % pour les non‑UE)
– Les délais et coûts de permis d’achat dans certains Länder
– La fiscalité sur les plus‑values (30 % en général, avec exemptions sous conditions pour la résidence principale)
– Les rendements locatifs moyens (autour de 3,5–4 % à Vienne, pouvant monter à près de 7 % dans certains quartiers)
Dans tous les cas, une planification en amont – idéalement avant le départ – permet de choisir les bonnes combinaisons de banques et de comptes, de préparer les documents et d’éviter les blocages de conformité (KYC/AML) qui deviennent plus fréquents à mesure que les réglementations se durcissent.
Conclusion : un écosystème riche, à apprivoiser méthodiquement
La gestion financière d’un expatrié en Autriche se joue sur plusieurs étages : un système bancaire dense mais tarifé, un pays encore très attaché au cash, une fiscalité avancée mais structurée, et un écosystème dynamique de fintechs et de conseillers spécialisés.
En combinant intelligemment :
– Un compte courant autrichien bien choisi,
– Un ou plusieurs comptes multi‑devises pour la dimension internationale,
– Et, si nécessaire, un accompagnement fiscal et patrimonial adapté,
Il est possible de transformer la complexité des opérations transfrontalières en avantage en optimisant ses coûts bancaires, en sécurisant ses flux financiers internationaux, en limitant les risques de double imposition et en préparant sereinement ses projets immobiliers ou d’investissement à long terme.
L’Autriche offre un cadre stable, des institutions financières solides et des outils digitaux de plus en plus efficaces. À condition d’y entrer avec les bonnes informations et une stratégie claire, la gestion financière à l’international y devient un levier, plutôt qu’une contrainte, dans votre parcours d’expatrié.
Un retraité de 62 ans, avec un patrimoine financier supérieur à un million d’euros bien structuré en Europe, souhaitait changer de résidence fiscale pour optimiser sa charge imposable et diversifier ses investissements, tout en maintenant un lien avec la France. Budget alloué : 10 000 euros pour l’accompagnement complet (conseil fiscal, formalités administratives, délocalisation et structuration patrimoniale), sans vente forcée d’actifs.
Après analyse de plusieurs destinations attractives (Autriche, Grèce, Chypre, Maurice), la stratégie retenue a consisté à cibler l’Autriche pour sa stabilité juridique et fiscale, son appartenance à la zone euro, son réseau de conventions de non‑double imposition, et un cadre de vie de haute qualité (Vienne régulièrement classée parmi les villes les plus agréables au monde), tout en restant au cœur de l’UE. La mission a inclus : audit fiscal pré‑expatriation (exit tax ou non, report d’imposition), obtention de la résidence avec achat de résidence principale en Autriche, détachement CNAS/CPAM, transfert de résidence bancaire, plan de rupture des liens fiscaux français, mise en relation avec un réseau local bilingue et intégration patrimoniale. Ce type d’accompagnement permet à ce futur retraité de sécuriser durablement sa situation fiscale et patrimoniale tout en limitant les risques de contrôles ou de double imposition.
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