S’installer en Autriche, c’est entrer dans un pays où les montagnes et les palais baroques côtoient un paysage religieux étonnamment diversifié. Pour un expatrié, comprendre ce cadre spirituel – ses règles, ses coutumes, ses sensibilités – est indispensable pour éviter les faux pas, mais aussi pour s’intégrer pleinement à la société. La religion n’y domine pas la vie publique comme autrefois, mais elle continue de structurer le calendrier, l’éducation, une partie de la vie sociale… et même certaines démarches administratives.
Un pays officiellement neutre mais culturellement catholique
L’Autriche est juridiquement un État laïque et neutre sur le plan religieux. La Constitution et plusieurs lois historiques encadrent très clairement la liberté de conscience et de culte. Dès la fin du XVIIIᵉ siècle, les Patentes de tolérance de Joseph II ont posé les premières bases de cette liberté, renforcées ensuite par la Loi fondamentale de 1867 sur les droits généraux des nationaux, le Traité de Saint‑Germain (1919) et la Convention européenne des droits de l’homme.
En pratique, cela signifie pour un expatrié que la liberté de croyance est pleinement garantie, que l’on appartienne à une communauté religieuse reconnue, à une autre confession… ou à aucune. L’État ne se réclame d’aucune religion, ses missions sont séculières, et les communautés de croyants sont considérées comme des partenaires sur un pied d’égalité.
Bien que la domination institutionnelle de l’Église ait disparu, la culture autrichienne reste profondément marquée par le catholicisme. Cet héritage, forgé sous la monarchie des Habsbourg qui a défendu la foi catholique et réprimé les protestants, se manifeste aujourd’hui dans les jours fériés du calendrier catholique, les processions, les croix dans les bâtiments, les formules de politesse comme « Grüß Gott », et le rôle central des paroisses dans la vie locale.
Les chiffres montrent bien ce mélange entre héritage religieux et sécularisation progressive. En 1951, près de 89 % de la population était encore catholique ; en 2021, environ 55 % se déclaraient membres de l’Église catholique, et les statistiques de 2024 indiquent que, pour la première fois, moins de la moitié des habitants sont officiellement inscrits comme catholiques. Dans le même temps, la part des personnes sans affiliation religieuse est passée de 4 % au début des années 1970 à plus de 22 % aujourd’hui.
Pourcentage de la population se rattachant à une Église chrétienne, faisant du christianisme la religion majoritaire.
Des communautés religieuses juridiquement reconnues
Pour bien comprendre les pratiques locales, il est utile de savoir que l’Autriche distingue deux niveaux juridiques : les « Églises et sociétés religieuses légalement reconnues » et les « communautés confessionnelles enregistrées ». Les premières disposent d’un statut de droit public très protecteur ; les secondes peuvent, sous certaines conditions de durée et de taille, espérer accéder à ce statut après une vingtaine d’années d’existence.
Parmi les communautés reconnues figurent notamment : les autochtones, les minorités ethniques, les groupes linguistiques, et les communautés religieuses.
| Type de communauté | Exemples de religions reconnues |
|---|---|
| Chrétiennes | Église catholique, Églises protestantes (Augsbourg, Helvétique), Églises orthodoxes (grecque, serbe, roumaine, russe, bulgare), Église vieille‑catholique, Église méthodiste, Église de Jésus‑Christ des saints des derniers jours, Église néo‑apostolique, Églises évangéliques libres (Freikirchen) |
| Non chrétiennes | Communauté religieuse israélite, Communauté religieuse islamique, Communauté alévie, Société bouddhiste autrichienne, Témoins de Jéhovah |
Ce statut ouvre des droits très concrets : organisation d’un culte public, autonomie interne, gestion de leurs biens, possibilité de fonder des écoles privées reconnues, et surtout enseignement religieux confessionnel dans les écoles publiques financé par l’État. Pour un expatrié, cela se traduit par un environnement où la religion peut apparaître dans le quotidien scolaire des enfants, sans pour autant que l’école publique soit confessionnelle.
Où et comment se pratique la religion au quotidien ?
La pratique religieuse varie fortement selon les régions et les générations. La campagne reste généralement plus attachée aux traditions catholiques, tandis que les grandes villes, et tout particulièrement Vienne, affichent une plus grande diversité religieuse… et une proportion élevée de personnes sans religion.
En 2021, la capitale se distinguait ainsi par une répartition très différente du reste du pays :
| Région | Chrétiens | Musulmans | Sans religion |
|---|---|---|---|
| Vienne | 49,0 % | 14,8 % | 34,1 % |
| Tyrol | 73,2 % | 8,7 % | 17,8 % |
| Burgenland | 80,3 % | 2,2 % | 16,8 % |
Pour un expatrié, cela signifie que la vie religieuse sera très différente selon l’endroit où l’on vit. À Vienne, on croise facilement mosquées, synagogues, gurdwaras sikhs, temples hindous ou centres bouddhistes, tandis que dans un village alpin, la paroisse catholique reste souvent la seule structure religieuse visible.
Le poids discret mais réel de la contribution d’Église
Un aspect surprenant pour de nombreux étrangers est la « Kirchenbeitrag », la contribution obligatoire à l’Église pour les chrétiens inscrits (catholiques et protestants principalement). Elle représente environ 1 % du revenu et est perçue comme un impôt ecclésial. Les expuls ou naturalisés qui ont été baptisés catholiques peuvent se voir réclamer cette contribution, même s’ils ne pratiquent pas : seule une démarche formelle de sortie de l’Église (Kirchenaustritt) permet d’y échapper.
En Allemagne, la contribution religieuse (Kirchensteuer) finance un réseau étendu de paroisses, d’écoles, de crèches et d’œuvres sociales. Pour les résidents, ce n’est pas un privilège mais un mode de financement d’institutions ancrées dans le tissu social. Pour un expatrié, il est crucial de comprendre ce mécanisme pour anticiper son impact sur la déclaration fiscale et éviter toute surprise.
Éducation, enfants et religion : ce que doit savoir un parent expatrié
En Autriche, la relation entre enfants, parents et religion est très encadrée. La loi sur l’éducation religieuse des enfants fixe des seuils d’âge précis. Jusqu’à 10 ans, les parents décident de l’appartenance religieuse de l’enfant. Entre 10 et 12 ans, ils doivent consulter leur enfant avant toute décision. De 12 à 14 ans, on ne peut plus changer sa religion contre sa volonté, et à partir de 14 ans, chaque jeune est considéré comme « religieusement majeur » et choisit librement sa confession, indépendamment de celle de ses parents.
Dans les écoles publiques, les élèves appartenant à une communauté religieuse reconnue ont droit à un cours de religion dans leur confession, financé par l’État. Les autres élèves peuvent soit ne pas suivre de cours de religion, soit, selon l’offre locale, suivre un enseignement éthique.
Les familles expatriées choisissant une école privée catholique doivent savoir que ce droit s’étend aussi à ces établissements : un élève musulman peut y bénéficier de cours de religion islamique si le nombre d’élèves le permet. Beaucoup de parents, quelle que soit leur religion, choisissent ces écoles pour leur réputation de sérieux et leur sensibilité aux questions spirituelles plutôt que par conviction doctrinale.
S’adapter aux codes de conduite dans les lieux de culte
Que l’on soit croyant ou simplement curieux, visiter une église baroque, une mosquée ou une synagogue est presque inévitable en Autriche. Mais ces lieux ne sont pas de simples monuments : ce sont des espaces vivants de prière. Quelques règles implicites permettent de respecter la sensibilité locale.
Dress code : la modestie plutôt que la rigidité
Dans la vie quotidienne, la tenue est plutôt décontractée, même si les Autrichiens ont tendance à s’habiller de manière soignée et assez conservatrice. En revanche, dès que l’on franchit la porte d’un bâtiment religieux, un principe s’impose : sobriété et respect.
Dans les églises et cathédrales, les codes sont proches de ceux du reste de l’Europe :
| Élément de tenue | Recommandation générale dans les églises |
|---|---|
| Épaules | À couvrir (éviter débardeurs, bretelles fines) |
| Genoux | À couvrir (shorts courts, minijupes déconseillés) |
| Décolleté / ventre | Éviter les vêtements très échancrés ou crop tops |
| Chaussures | Propres, éviter les tongs de plage |
| Chapeau (hommes) | À enlever à l’intérieur |
| Foulard (femmes, orthodoxes) | Parfois recommandé, rarement obligatoire |
L’Autriche est généralement un peu moins stricte que l’Italie ou l’Espagne dans l’application de ces règles, mais se présenter en tenue de plage dans une église reste très mal vu. Garder dans son sac un foulard léger ou une étole permet de se couvrir les épaules au besoin, et beaucoup d’expatriés adoptent ce réflexe au bout de quelques semaines.
Dans les mosquées, il faut couvrir épaules et jambes (les femmes doivent aussi se couvrir les cheveux dans la salle de prière) et se déchausser avant d’entrer. Dans les synagogues, les hommes doivent se couvrir la tête (kippa, casquette ou chapeau) et les règles pour les femmes dépendent du courant (orthodoxe, libéral…). Un contrôle de sécurité est fréquent, surtout dans les grandes synagogues européennes.
Attitude à l’intérieur : le silence comme langage commun
Une fois à l’intérieur, la règle d’or dans tous les lieux de culte est la même : faire passer le recueillement avant le tourisme. Concrètement, cela implique de parler à voix très basse, de mettre son téléphone en mode silencieux, de ne pas déambuler devant quelqu’un qui prie, et d’éviter de circuler au cœur de la nef pendant une célébration. Il est plus discret d’utiliser les bas‑côtés.
De nombreuses églises en Autriche sont ouvertes la journée, mais ferment brièvement à midi. Pendant les offices religieux (souvent le dimanche matin et certains soirs en semaine), les visiteurs sont tolérés s’ils s’assoient discrètement au fond ou attendent à l’extérieur jusqu’à la fin de la cérémonie.
Deux erreurs typiques d’expatriés proviennent d’un malentendu sur les rites :
– dans les églises catholiques, s’approcher de l’autel au moment de la communion pour recevoir l’hostie alors qu’on n’est pas catholique ou pas pratiquant régulier : officiellement, la communion est réservée aux catholiques en état de pratique. Un non‑catholique peut rester assis ou s’avancer les bras croisés sur la poitrine pour recevoir simplement une bénédiction, si cette coutume existe dans la paroisse ;
– photographier en pleine célébration ou utiliser le flash sur les fresques : le flash est presque toujours interdit pour protéger les œuvres, et beaucoup de lieux de culte bannissent totalement la photo pendant les offices.
Les visiteurs ne sont pas tenus de vénérer les icônes (embrasser, allumer des cierges) mais doivent éviter de se placer directement devant les icônes principales pendant la circulation des fidèles. Il est également conseillé de ne pas s’asseoir les jambes croisées face à l’autel, geste considéré comme impoli dans certaines traditions.
Dans les mosquées, hommes et femmes ont parfois des espaces séparés. Observer la prière depuis le fond de la salle est généralement accepté, tant que l’on reste immobile et silencieux. Pendant la prière du vendredi ou les grandes fêtes comme l’Aïd, l’accès touristique peut être restreint.
Dons, bougies et petites attentions
Les églises autrichiennes qui ne font pas payer l’entrée apprécient les petites contributions déposées dans un tronc : l’électricité, le chauffage et la restauration des orgues baroques ont un coût. Allumer un cierge votif est un geste très répandu, accessible aux visiteurs de toute confession ; il s’accompagne en général d’une pièce d’un montant modeste (souvent entre 0,50 € et 2 €).
Dans les synagogues, la pratique des dons est également courante, mais elle se fait plutôt via la communauté (cotisations, collectes) qu’au moyen de troncs visibles à l’entrée. Dans les mosquées, la zakat et les dons sont souvent gérés en interne, mais un visiteur qui veut soutenir la communauté peut se renseigner auprès de l’administration de la mosquée.
Le calendrier religieux : comprendre les jours fériés et les coutumes
La quasi‑totalité des jours fériés nationaux a une origine religieuse, même si nombre d’Autrichiens les vivent aujourd’hui davantage comme des pauses bienvenues que comme des fêtes de foi. Pour un expatrié, ces dates sont importantes pour planifier déplacements, démarches administratives ou vie sociale, car les administrations et la plupart des commerces sont fermés.
Les grandes dates catholiques visibles dans la vie publique
De Nouvel An à Noël, le rythme de l’année suit le calendrier chrétien :
| Fête (origine) | Impact concret pour un expatrié |
|---|---|
| Épiphanie (6 janvier) | Jour férié : enfants déguisés en Rois mages chantent de porte en porte, collectent des dons et marquent les maisons de « C+M+B » ; risque de fermetures de commerces |
| Pâques (mars/avril) | Semaine sainte marquée par des liturgies, fermetures ponctuelles ; lundi de Pâques chômé, chasse aux œufs, marchés de Pâques |
| Ascension, Pentecôte, Fête‑Dieu | Jeudis fériés au printemps, souvent reliés à des ponts ; processions de Fête‑Dieu (Corpus Christi) avec prêtres, bannières et fanfares en costume traditionnel |
| Assomption (15 août) | Jour férié estival, nombreuses processions mariales en milieu rural |
| Toussaint (1er novembre) | Cimetière fleuri, familles se recueillant sur les tombes, ambiances très silencieuses en soirée |
| Immaculée Conception (8 décembre) | Fête religieuse mais aussi jour d’ouverture exceptionnelle des commerces pour les achats de Noël |
| Noël (25‑26 décembre) | Pays presque à l’arrêt, vie de famille prioritaire, beaucoup de restaurants et sites touristiques fermés |
À ces fêtes nationales s’ajoutent des jours fériés régionaux, liés à des saints patrons ou à l’histoire locale (Saint‑Joseph en Tyrol, Saint‑Florian en Haute‑Autriche, Saint‑Léopold à Vienne et en Basse‑Autriche, etc.). Le dimanche reste globalement un jour de repos, avec magasins fermés et rues plus calmes, même dans les grandes villes.
L’Avent, Noël et la saison des traditions
La période de l’Avent, les quatre semaines avant Noël, est l’une des plus marquantes culturellement. Les couronnes de l’Avent ornent les tables avec leurs quatre bougies, on ouvre chaque jour une case du calendrier de l’Avent, et les marchés de Noël (Christkindlmärkte) s’installent sur les grandes places, notamment à Vienne, Salzbourg ou Innsbruck.
Plusieurs traditions marquent la période de l’Avent en Allemagne. Les « Barbarazweige » sont des branches de cerisier coupées le 4 décembre, censées fleurir pour Noël. Le 6 décembre, Saint-Nicolas rend visite aux enfants, souvent accompagné du Krampus, un personnage effrayant aux cornes et à la fourrure. Enfin, la « lumière de la paix de Bethléem » est distribuée dans les églises.
Le 24 décembre au soir, appelé « Heiliger Abend », concentre le cœur des célébrations familiales : dîner, ouverture des cadeaux apportés par le Christkind (et non par le Père Noël), parfois messe de minuit. Pour un expatrié, c’est souvent une découverte : les rues se vident très tôt l’après‑midi, les transports fonctionnent au ralenti, et l’ambiance extérieure devient presque irréelle de calme.
Le reste de l’année est rythmée par une foule de coutumes, beaucoup ayant gardé une dimension religieuse explicite ou implicite : le carnaval (Fasching) entre Noël et le début du Carême, avec ses défilés et beignets fourrés ; les processions de la Semaine sainte ; les feux de la Saint‑Jean à la mi‑juin, souvent interprétés comme protection contre les mauvais esprits ; les bénédictions de récolte à l’automne (Erntedankfest) ; ou encore les « Almabtriebe », ces descentes de troupeaux décorés depuis les alpages, parfois accompagnées d’une messe d’action de grâce.
Ces fêtes sont avant tout des moments de vie communautaire, non des spectacles pour visiteurs. Pour être bien accueilli, un expatrié doit y participer avec respect : adopter une tenue correcte, saluer les habitants et éviter les prises de photo intrusives.
Diversité religieuse contemporaine : islam, judaïsme, bouddhisme, hindouisme, sikhisme
Si le catholicisme fournit l’arrière‑plan culturel, l’Autriche d’aujourd’hui est loin d’être monolithique. Les flux migratoires des dernières décennies ont profondément transformé le paysage religieux, surtout dans les grandes villes et dans certains Länder.
L’islam, deuxième religion du pays
Avec plus de 745 000 fidèles, soit un peu plus de 8 % de la population, l’islam est la principale minorité religieuse. L’Autriche a une longue histoire juridique avec l’islam : dès 1912, après l’annexion de la Bosnie‑Herzégovine, la religion musulmane a été officiellement reconnue par la loi sur l’islam (Islamgesetz). Une version révisée adoptée en 2015 interdit, entre autres, le financement étranger des mosquées et des imams, tout en garantissant certains droits comme l’accès à une alimentation halal ou l’aumônerie musulmane dans l’armée.
La majorité des musulmans sont sunnites, avec d’importantes communautés d’origine turque et bosniaque, mais aussi des Arabes, des Afghans, des Kurdes et d’autres groupes. Les Alévis, dont une partie se reconnaît à la fois dans l’héritage chiite et dans une identité distincte, disposent de leur propre communauté religieuse reconnue depuis 2013.
À Vienne, le centre islamique, reconnaissable à son dôme et son minaret de 32 mètres, est la mosquée la plus visible. Il propose des prières quotidiennes, des sermons, des cours de Coran pour tous âges et un accompagnement pour les nouveaux musulmans. L’institution affirme publiquement condamner tout extrémisme et promeut activement le dialogue interreligieux.
Pour un expatrié musulman, l’Autriche offre une relative facilité d’accès au culte et à l’alimentation halal, surtout dans les grandes villes où les boucheries et restaurants halal sont nombreux. Il faut toutefois garder à l’esprit certaines lois sensibles, comme l’interdiction de dissimuler le visage en public (visant burqa et niqab), ou les débats politiques récurrents autour du « voile » et de l’enseignement islamique. Malgré ces tensions, les enquêtes montrent qu’une large majorité de musulmans en Autriche se disent attachés au pays.
Judaïsme : petite communauté, grande visibilité symbolique
La communauté juive autrichienne a connu un destin tragique au XXᵉ siècle. Avant la Seconde Guerre mondiale, on comptait plus de 200 000 juifs, principalement à Vienne ; après la Shoah, il n’en restait qu’une poignée de milliers, la plupart ayant été assassinés ou ayant émigré. Aujourd’hui, on estime la population juive à environ 8 000 à 15 000 personnes, majoritairement des arrivants d’après‑guerre.
Malgré sa taille réduite, la communauté juive viennoise est un acteur culturel et mémoriel majeur. Elle est structurée autour de la Communauté israélite de Vienne (IKG), qui gère les lieux de culte, les écoles, les services sociaux et le cimetière. Le Stadttempel, seule grande synagogue à avoir survécu à la Nuit de cristal, est un site symbolique très sécurisé. Le Musée juif de Vienne, sur deux sites, propose des expositions et des programmes éducatifs. Enfin, le « Jewish Welcome Service » aide les descendants de juifs autrichiens et les visiteurs à renouer avec cette histoire.
Pour un expatrié, assister à une visite guidée des lieux de mémoire juive ou à un office (sur inscription et après contrôles de sécurité) peut aider à mieux comprendre ce chapitre central de l’histoire religieuse et politique du pays. La sécurité y est plus visible que dans d’autres lieux de culte, ce qui reflète à la fois la vulnérabilité historique de la communauté et la volonté de l’État de la protéger.
Bouddhistes, hindous, sikhs : minorités organisées et visibles
Le bouddhisme a été reconnu comme religion en 1983, ce qui est relativement précoce en Europe. Des centres de différentes écoles (tibétaines, theravāda, zen, etc.) existent, surtout à Vienne. Une pagode de la paix sur le Danube symbolise ce visage pacifique du bouddhisme. La plupart des pratiquants sont autrichiens, parfois convertis, avec un complément de communautés venues d’Asie (Vietnam, Chine).
L’hindouisme est représenté par une communauté enregistrée, sans avoir encore le statut d’Église pleinement reconnue. À Vienne, un temple hindou sert de point de ralliement pour les fêtes et rituels. Les Sikhs disposent de plusieurs gurdwaras dans la capitale, où le langar (repas communautaire gratuit) est ouvert à tous, indépendamment de la religion, à condition de respecter les règles de base : se couvrir la tête, retirer ses chaussures et adopter une attitude respectueuse.
Ces lieux offrent aux expatriés originaires d’Asie du Sud ou du monde anglophone un repère religieux et social important. Ils sont souvent multilingues (déroulement en pendjabi, hindi ou tamoul, commentaires en allemand ou anglais) et ouverts aux curieux, à condition de se renseigner à l’avance sur les règles spécifiques.
Vienne : une capitale du dialogue interreligieux
Vienne ne se contente pas d’abriter une mosaïque de communautés religieuses ; la ville est aussi l’un des centres européens du dialogue interreligieux. Plusieurs organisations internationales y ont leur siège, notamment un centre dédié au dialogue entre religions et cultures, et de nombreux événements y sont régulièrement organisés autour du thème de l’harmonie entre croyances.
L’Autriche organise et soutient des conférences réunissant divers acteurs (religieux, diplomates, universitaires, militants) sur des thèmes comme la paix et la prévention de l’extrémisme. Cette approche fait partie intégrante de sa politique étrangère, qui finance également des programmes d’échanges, des résidences pour chercheurs et des formations à la médiation en zones de conflit.
Pour un expatrié, cette dynamique se traduit par une offre abondante de conférences publiques, d’expositions, de visites guidées interreligieuses, de concerts spirituels (gospels, chant liturgique, musique soufie…) et d’initiatives de rencontre. Participer à ces événements permet non seulement de mieux comprendre le contexte autrichien, mais aussi de rencontrer d’autres étrangers et des locaux intéressés par ces questions.
Relations interreligieuses, tolérance et tensions : ce qu’il faut garder à l’esprit
Globalement, la société autrichienne se décrit comme respectueuse des différentes confessions, et la loi protège toutes les communautés reconnues contre la diffamation ou la perturbation de leurs offices. Les dialogues œcuméniques entre Églises chrétiennes, les partenariats judéo‑chrétiens ou islamo‑chrétiens, les plateformes multireligieuses témoignent d’une réelle volonté de cohabitation pacifique.
Dans le même temps, comme ailleurs en Europe, des tensions existent : débats sur l’immigration, polémiques autour de la visibilité de l’islam (mosquées, foulard, financement), critiques des « privilèges » de l’Église catholique liées à la contribution ecclésiale et à la gestion d’écoles, ou encore poussées de mouvements néopaïens qui rejettent parfois les grandes religions.
Pour un expatrié, l’essentiel est de :
Pour des dialogues interreligieux harmonieux, il est crucial de reconnaître la sensibilité historique de certains sujets (comme l’Holocauste, l’héritage impérial catholique ou les guerres balkaniques), d’éviter les généralisations sur une communauté liées aux débats politiques actuels, de respecter la sphère privée des croyances en acceptant qu’un interlocuteur puisse ne pas vouloir débattre de sa foi, et de rester attentif aux règles spécifiques de chaque lieu de culte (affiches, annonces, indications) pour éviter tout comportement involontairement choquant.
Les Autrichiens valorisent la politesse, la ponctualité, une certaine réserve dans les conversations, et un grand respect des « Ruhezeiten » (temps de calme) le soir, le dimanche et les jours fériés. Cela vaut aussi pour les manifestations religieuses : les processions ou fêtes de quartier sont bruyantes dans un cadre précis, mais les abords des cimetières à la Toussaint, par exemple, restent extrêmement silencieux.
Intégrer la dimension religieuse dans sa vie d’expatrié
Comprendre le paysage religieux autrichien ne signifie pas nécessairement devenir pratiquant ou assister à tous les offices. Il s’agit plutôt de percevoir comment la religion structure certains aspects de la société, afin de mieux naviguer dans le quotidien.
Vie professionnelle et jours fériés
En entreprise, les grands jours fériés catholiques sont naturellement chômés. Les collègues pratiquants peuvent prendre des congés supplémentaires pour Pâques, des pèlerinages ou des retraites spirituelles, tandis que des salariés musulmans demanderont parfois des aménagements pour l’Aïd ou le début du Ramadan. Les lois autrichiennes permettent, sous certaines conditions, de prendre congé pour des fêtes religieuses spécifiques, même si celles‑ci ne sont pas des jours fériés nationaux, mais tout dépend des accords avec l’employeur.
En tant que manager expatrié, il est recommandé de s’informer sur la diversité religieuse de son équipe. Cela permet d’anticiper les besoins d’aménagement, notamment pour la planification et la restauration lors d’événements comme les séminaires ou les repas d’équipe. Pensez à proposer des options alimentaires adaptées (halal, casher, végétariennes) et à prévoir l’absence d’alcool si nécessaire.
Enfants, école et communauté
Pour les familles, la religion apparaît souvent à travers l’école et les activités parascolaires. Les fêtes religieuses (Saint‑Nicolas, Pâques, Noël, etc.) sont intégrées dans le calendrier scolaire et donnent lieu à des ateliers, spectacles ou petites cérémonies. Les parents expatriés non chrétiens sont parfois surpris de voir leur enfant participer à des activités liées à Noël ou à la Saint‑Nicolas ; selon les écoles, ces événements sont présentés davantage comme des traditions culturelles que comme des célébrations de foi.
Les parents peuvent généralement demander une dispense pour certains aspects religieux (comme l’assistance à un office) tout en permettant à l’enfant de participer aux éléments festifs. Il est essentiel d’engager un dialogue avec l’établissement scolaire pour trouver un équilibre qui respecte les convictions de chacun.
S’impliquer (ou non) dans une communauté religieuse
Enfin, beaucoup d’expatriés trouvent dans une communauté religieuse locale un lieu de soutien et de socialisation. À Vienne, Salzbourg, Linz ou Graz, on trouve des paroisses catholiques, protestantes, évangéliques et d’autres Églises offrant des offices en anglais, en espagnol, en français ou dans d’autres langues. Des communautés musulmanes, juives, bouddhistes, hindoues ou sikhes disposent également d’une offre multilingue pour les nouveaux arrivants.
Quelques exemples typiques de services proposés dans les grandes villes :
| Ville / Communauté | Type de services utiles à un expatrié |
|---|---|
| Paroisses catholiques internationales | Messes en plusieurs langues, groupes de jeunes, aumônerie d’étudiants, accompagnement spirituel, cours d’allemand parfois liés à la paroisse |
| Églises protestantes et évangéliques | Culte bilingue (allemand/anglais), groupes de maison, activités pour familles internationales |
| Centres islamiques régionaux | Prières quotidiennes et du vendredi, cours de langue et de Coran, accompagnement pour les nouveaux arrivants, événements interreligieux (journées portes ouvertes) |
| Communauté juive | Offices, activités culturelles, programmes éducatifs, soutien aux étudiants étrangers juifs, visites organisées du musée et de la ville juive |
| Centres bouddhistes et hindous | Méditations guidées, conférences, fêtes traditionnelles ouvertes au public, parfois enseignement en anglais |
Même sans s’impliquer religieusement, ces lieux sont souvent de bons points d’entrée pour mieux comprendre la société autrichienne et créer des liens au‑delà du milieu strictement professionnel.
En conclusion : sens du détail et respect des sensibilités
La religion en Autriche est à la fois partout et nulle part. Elle se devine dans les jours fériés, dans un salut « Grüß Gott », dans un cortège avec bannières et fanfare, dans les clochers qui rythment le temps, dans un cimetière couvert de bougies à la Toussaint. Mais elle cohabite avec une société largement sécularisée, où près d’un quart de la population se dit sans religion et où l’État se veut neutre.
Pour un expatrié, bien vivre cette dimension suppose surtout trois attitudes :
Pour respecter les pratiques religieuses locales à l’étranger, il est conseillé d’observer les comportements dans l’espace public (comme les fermetures de magasins lors des fêtes), de se renseigner auprès des locaux ou des sites officiels des communautés religieuses, et d’adapter légèrement ses habitudes, par exemple en prévoyant une tenue modeste pour les visites de lieux de culte ou en anticipant l’impact des jours fériés religieux sur son organisation.
En retour, la société autrichienne offre un cadre légal très protecteur, une diversité de lieux de culte rarement visible à première vue, et une riche palette de traditions que les expatriés peuvent partager, qu’ils soient croyants ou non. Comprendre ces pratiques religieuses locales n’est pas qu’un exercice de politesse ; c’est l’une des clés pour saisir en profondeur ce pays apparemment discret, mais d’une grande densité culturelle et symbolique.
Un retraité de 62 ans, avec un patrimoine financier supérieur à un million d’euros, bien structuré en Europe, souhaitait changer de résidence fiscale pour optimiser sa charge imposable et diversifier ses investissements, tout en maintenant un lien avec la France. Budget alloué : 10000 euros pour l’accompagnement complet (conseil fiscal, formalités administratives, délocalisation et structuration patrimoniale), sans vente forcée d’actifs.
Après analyse de plusieurs destinations attractives (Autriche, Grèce, Chypre, Maurice), la stratégie retenue a consisté à cibler l’Autriche pour son cadre fiscal stable, sa convention de non‑double imposition avec la France, sa sécurité juridique, son haut niveau de services publics et sa situation au cœur de l’UE. Vienna présente un coût de la vie plus élevé que Paris, mais compensé par une forte qualité de vie et un environnement économique solide. La mission a inclus : audit fiscal pré‑expatriation (exit tax ou non, report d’imposition), obtention de la résidence avec achat de résidence principale, affiliation au système local de santé, transfert de résidence bancaire, plan de rupture des liens fiscaux français, mise en relation avec réseau local bilingue (avocats, fiscalistes) et intégration patrimoniale globale pour sécuriser la transmission.
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