S’installer en Autriche ne se résume pas à apprendre quelques mots d’allemand et ouvrir un compte bancaire. Le véritable choc, pour beaucoup de nouveaux arrivants, vient du climat au sens large : la météo parfois déroutante, mais aussi le “climat” social, professionnel et administratif dans lequel il faut apprendre à évoluer. Adapter sa garde-robe aux hivers secs de Vienne, comprendre comment fonctionne le chauffage au gaz, décoder un « Schau ma mal » au bureau ou arriver à l’heure pile à un rendez-vous, tout cela fait partie de l’intégration.
Ce guide pratique fournit des repères concrets pour s’adapter au climat, à la culture et aux organisations autrichiennes. Il couvre des aspects essentiels comme les vêtements adaptés, les transports, le logement et les assurances santé, en s’appuyant sur des données locales pour éviter les mauvaises surprises lors de votre expatriation.
Comprendre le vrai climat de l’Autriche
Avant de parler manteaux et bottes, il faut saisir une chose : le temps en Autriche est plus contrasté qu’on ne l’imagine et varie fortement entre villes et zones alpines. Les expatriés qui arrivent avec une image de carte postale “neige permanente et stations de ski” sont souvent surpris.
C’est le nombre d’heures de jour seulement en hiver dans les grandes villes autrichiennes, avec un coucher de soleil vers 16h30 en décembre–janvier.
Dans les Alpes, les températures peuvent être nettement plus basses, mais les dernières années ont aussi montré des hivers étonnamment doux, avec des journées à 5–10 °C dans des villes comme Innsbruck. Cette variabilité rend la préparation d’autant plus importante.
Les saisons de transition – printemps et automne – sont tout sauf linéaires. Au printemps, il n’est pas rare d’alterner journées à 7–13 °C avec averses et épisodes de neige tardive. L’automne est encore plus déroutant : on peut avoir plus de 25 °C en septembre dans certaines vallées… puis des chutes de neige début octobre.
Les données moyennes pour l’automne illustrent le grand écart thermique possible entre les villes et les régions alpines. Par exemple, lorsque la température en plaine atteint 15°C, elle peut déjà avoisiner 0°C en haute altitude, soulignant l’importance de la prise en compte du relief dans les prévisions et les études climatiques saisonnières.
| Ville / Région | Septembre (min–max) | Octobre (min–max) | Novembre (min–max) |
|---|---|---|---|
| Vienne | 12–22 °C | 7–15 °C | 3–9 °C |
| Salzburg | 9–18 °C | 4–14 °C | 0–8 °C |
| Innsbruck | 4–15 °C | 0–10 °C | -5–4 °C |
| Graz | 10–21 °C | 5–15 °C | 2–9 °C |
| Zell am See | 5–15 °C | 1–11 °C | -4–4 °C |
L’été, la donne change complètement. Les températures montent rapidement dans les villes : les valeurs dans les hauts 20 °C, voire au-dessus de 30 °C, ne sont pas rares. Vienne peut devenir étouffante, surtout dans les immeubles anciens sans climatisation. Les après-midis sont souvent ponctués d’orages violents, typiques des climats continentaux.
Pour un expatrié, l’enjeu est double : ne pas sous-estimer l’hiver (qui est froid, sec, glissant et sombre) et ne pas banaliser l’été (qui peut être réellement éprouvant en ville). C’est particulièrement vrai si l’on vient d’un pays au climat plus doux ou plus stable.
S’habiller comme un local : l’art du layering… et de la discrétion
Le premier choc pour beaucoup de nouveaux arrivants : on se rend vite compte que sa garde-robe “de ville européenne” ne suffit pas. Les Autrichiens ont une approche très pragmatique du vêtement, tout en restant attachés à une certaine élégance discrète, surtout à Vienne.
La règle d’or : superposer plutôt que souffrir
Face à un climat aussi changeant, la stratégie la plus efficace reste la superposition de couches. On recommande un système en trois couches, que les Autrichiens appliquent instinctivement :
– Une couche de base près du corps, idéalement en matières techniques ou naturelles comme la laine mérinos, la soie ou l’alpaga. En hiver, ces sous-vêtements thermiques (haut et legging) sont quasiment indispensables, notamment si vous passez du temps dehors ou fréquentez les marchés de Noël.
– Une couche isolante (pull en laine, polaire fine, gilet en duvet léger) pour retenir la chaleur.
– Une couche extérieure coupe-vent et idéalement imperméable. En hiver, un manteau ou parka chaude, isolée et résistante au vent ; pour l’automne et le printemps, un trench ou une veste imperméable légère est très utile.
Ce système vestimentaire permet de passer confortablement d’un environnement chaud (comme un tram surchauffé) à un espace froid (comme un trottoir glacé), ou d’une terrasse ensoleillée à un bureau climatisé. L’astuce consiste à ajouter ou à retirer des couches de vêtements en fonction de la température réelle, qui peut souvent différer des prévisions météorologiques.
Le code vestimentaire local : sobre, soigné, rarement excentrique
Au-delà de l’aspect thermique, il est important de comprendre l’esthétique dominante. En ville, et particulièrement à Vienne, on s’habille plutôt de façon conservatrice, avec une préférence pour les couleurs sombres ou neutres et les motifs discrets. Les tenues très voyantes, les logos énormes ou les vêtements trop courts ou trop décolletés attirent d’autant plus le regard que la population est relativement âgée et attachée à certaines normes de pudeur.
Cela ne signifie pas que l’originalité est mal vue, au contraire : la scène culturelle viennoise et même des comptes comme « Grannies of Vienna » montrent un vrai goût pour les silhouettes fortes. Mais l’originalité s’exprime plus par des pièces de qualité, une coupe particulière ou un accessoire choisi que par la provocation.
Pour des occasions sociales comme un dîner chic, un concert ou l’opéra, une tenue soignée (robe, chemise, chaussures en cuir, veste) est attendue et valorisée, car ces moments sont perçus comme une opportunité de se mettre en valeur avec discrétion et élégance, à l’inverse d’une tenue décontractée comme un jean-baskets.
Chaussures : votre meilleur investissement
La quantité de marches, pavés et trottoirs inégaux en Autriche surprend beaucoup les nouveaux arrivants. Avoir de bonnes chaussures n’est pas un luxe, c’est une condition de survie quotidienne.
En hiver, la priorité absolue est de combiner chaleur, imperméabilité et adhérence. Les trottoirs deviennent vite glissants, et même si les services municipaux salent et déneigent bien, les conditions sont rarement parfaites, en particulier dans les stations de ski. Des bottes en cuir avec semelle épaisse et crantée, ou des bottines imperméables avec isolation, font toute la différence. Certains expatriés optent pour des crampons amovibles type Yaktrax pour affronter les trottoirs verglacés.
En automne et au printemps, des bottines en cuir ou des chaussures de marche urbaines, de préférence imperméables, sont idéales. Pour les randonnées, les chaussures de trek montantes et imperméables sont indispensables, surtout en zone alpine.
En été, les baskets propres sont acceptées en ville, tandis que les tongs sont à réserver pour les lacs et piscines. Pour entrer dans un café chic ou un restaurant, privilégiez des sandales présentables ou des sneakers en bon état.
Accessoires : les petits détails qui changent tout
Dans un climat sec et froid, les accessoires ne sont pas décoratifs, ils sont vitaux. Un bonnet en laine chaude, une grande écharpe et des gants adaptés aux écrans tactiles permettent de profiter des illuminations de l’Avent sans finir les mains gelées. Les chaussettes épaisses, idéalement en laine mérinos, évitent la sensation de froid qui remonte par les pieds.
D’autres accessoires moins évidents facilitent l’adaptation : des lunettes de soleil pour la réverbération sur la neige, une lampe frontale pour les sorties en montagne, une gourde isotherme qui évite de boire de l’eau glacée à l’extérieur, ou encore des chauffe-mains pour les soirées passées aux stands de Glühwein.
Côté peau, l’air hivernal est extrêmement sec. Une crème hydratante plus riche que celle de l’été et un baume à lèvres spécifique sont vite indispensables. Les produits trop aqueux peuvent accentuer la déshydratation au froid ; les pharmacies (Apotheken) autrichiennes vendent des sticks “spécial hiver” autour de 4 euros qui font très bien le travail.
Climat urbain et transports : vivre dehors par tous les temps
L’un des grands atouts de l’Autriche pour les expatriés est la qualité de ses transports publics. Trains, tramways, bus et métros offrent un réseau dense, ponctuel et relativement peu cher. Dans un pays où la marche, le vélo et les transports collectifs dominent, s’adapter au climat, c’est aussi apprendre à circuler intelligemment, quelle que soit la météo.
Se déplacer en ville sans voiture
Dans les grandes villes, et particulièrement à Vienne, posséder une voiture est loin d’être indispensable. Les Viennois utilisent massivement métro, tram et bus, et la capitale dispose du réseau le plus développé du pays, avec cinq lignes de métro, 29 lignes de tram et plus d’une centaine de lignes de bus, y compris de nuit.
Options de billets et abonnements pour les transports publics, adaptés aux besoins des résidents et expatriés.
Valables dans une zone urbaine centrale (ex: Zone 100 à Vienne). Options à la journée, à la semaine, au mois ou à l’année.
Recommandé pour les expatriés qui s’installent. Offre un excellent rapport qualité-prix pour un usage régulier.
Pass national permettant d’utiliser la quasi-totalité des transports publics du pays. Idéal pour une mobilité complète.
Quelques repères pour Vienne illustrent à quel point le réseau favorise un mode de vie piéton :
| Titre de transport (Vienne) | Prix approximatif | Particularités |
|---|---|---|
| Ticket simple | 2,40 € | 80 min, direction unique, correspondances illimitées |
| 24 heures | 8,00 € | Usage illimité dans la zone centrale |
| 48 heures | 14,10 € | Idéal pour un week-end urbain |
| 72 heures | 17,10 € | Très rentable pour les courts séjours |
| Ticket 7 jours flexible | 19,70–22,60 € | Format papier ou digital |
| Ticket senior (65+) | 1,50 € (simple) | Tarif réduit |
| Ticket chien | 1,20 € | Muselière obligatoire |
La rigueur autrichienne s’applique aussi au contrôle : les contrôles de billets sont fréquents, et l’amende pour fraude atteint 105 €. Vouloir “tester” le système coûte donc cher.
Cartes et abonnements pour résister au climat
Quand on vit dans une grande ville autrichienne, l’enjeu n’est pas seulement financier. Un bon abonnement permet de s’adapter mieux au climat en offrant de la flexibilité. Savoir que l’on peut prendre métro, tram ou bus sans se soucier du prix à chaque trajet change la façon dont on vit le froid, la pluie ou les vagues de chaleur.
Quelques formules emblématiques illustrent cette logique :
| Carte / Pass | Portée géographique | Intérêt pour un expatrié |
|---|---|---|
| Vienna City Card | Vienne + réductions | Idéale au début pour explorer et tester équipements |
| KlimaTicket Ö | Toute l’Autriche | Pour ceux qui se déplacent souvent entre régions |
| Réseaux régionaux (VOR, etc.) | Par Land / région | Utile si l’on vit hors des grandes villes |
| Cartes avantage ÖBB | Réseau ferroviaire national | Réductions pour seniors, familles, jeunes, etc. |
Pour un expatrié, adopter ces outils, c’est moins subir le climat : on se donne la possibilité de prendre un tram pour quelques arrêts au lieu de marcher 20 minutes sous la pluie, ou de s’offrir un week-end dans les Alpes pour profiter de la neige plutôt que de la détester en ville.
Vélo, marche et glissades : gérer les risques quotidiens
Les villes autrichiennes ont développé une vraie culture du vélo, même si l’hiver en limite temporairement l’usage. À Vienne, Graz ou Salzburg, les systèmes de vélos en libre-service (Citybike ou WienMobil Rad, par exemple) complètent le réseau de tramways. En tant qu’expatrié, s’y mettre est souvent plus accessible qu’on ne le croit, à condition de respecter les pistes cyclables et d’accepter que, certains jours, la météo dicte ses lois.
Les trottoirs autrichiens peuvent être glissants (verglas) ou boueux. Il est conseillé de porter de bonnes chaussures, éventuellement avec des crampons amovibles, pour éviter les chutes. Ceci est d’autant plus important que, malgré une excellente assurance maladie, les congés maladie sont strictement encadrés en Autriche.
Le logement : chauffages, charges et réalité du marché
S’adapter au climat autrichien, c’est aussi comprendre comment sont conçus les logements, comment ils sont chauffés et isolés, et comment sont facturées les charges. Beaucoup d’expatriés sous-estiment ce volet, alors qu’il pèse lourd sur le budget comme sur le confort.
Un marché tendu, des loyers en hausse
La première découverte, souvent brutale, est la tension du marché locatif, particulièrement à Vienne. Les loyers augmentent régulièrement, avec une hausse d’environ 8,2 % en moyenne en 2023, et même 11 % pour la capitale en 2024. La demande est très forte, et les données moyennes incluent souvent le logement social ou subventionné, peu accessible aux nouveaux arrivants.
Pour se faire une idée, les chiffres suivants (hors charges) donnent un ordre de grandeur des loyers moyens mensuels par Land :
| Land | Loyer moyen mensuel sans charges |
|---|---|
| Vienne | ~390 € |
| Salzbourg | ~450 € |
| Tyrol | ~460 € |
| Vorarlberg | ~500 € |
| Carinthie | ~310–313 € |
| Styrie / Basse-Autriche / Burgenland | ~350 € |
| Haute-Autriche | ~370 € |
En pratique, un studio à Vienne démarre plutôt autour de 500 € et peut facilement atteindre 2 000 € selon l’emplacement et le standing. Pour un expatrié, la recommandation des organismes spécialisés est claire : ne pas dépasser 30–35 % de son revenu net pour le loyer charges comprises.
Un mot-clé à repérer : Betriebskosten
Une particularité du marché autrichien est la façon dont on distingue le loyer de base et les charges. Le montant total que vous payez chaque mois se décompose généralement ainsi :
| Composante | Description |
|---|---|
| Hauptmiete | Loyer de base (souvent réglementé ou indexé sur des valeurs de référence) |
| Betriebskosten | Charges d’immeuble (entretien, eau commune, assurance, taxes locales, etc.) |
| USt (TVA) | Taxe sur la valeur ajoutée, appliquée à l’ensemble |
C’est la somme de ces éléments qui constitue le “loyer brut” annoncé. L’électricité et le gaz, eux, sont souvent facturés à part, directement au locataire, en fonction de sa consommation.
Chauffage, électricité et adaptation au froid
Dans un pays où l’hiver reste long et marqué, l’efficacité du chauffage et l’isolation du logement sont déterminants. Quelques points structurants :
Le chauffage est souvent au gaz ou au chauffage urbain, alimentant aussi l’eau chaude. Les factures combinées électricité et gaz pour un foyer de 2–3 personnes oscillent généralement entre 100 et 200 € par mois, selon le logement. Pour le raccordement, démarrez les formalités au moins deux semaines avant l’emménagement, en ayant à disposition le numéro de compteur (Zählpunktnummer), un relevé et un compte bancaire autrichien.
Quelques exemples de coûts annuels, à consommation donnée, illustrent les écarts entre villes :
| Fournisseur / Ville | Électricité (3 500 kWh/an) | Gaz (15 000 kWh/an) |
|---|---|---|
| Wien Energie (Vienne) | ~1 356 € | ~3 047 € |
| Energie Graz | ~1 457 € | ~2 541 € |
| Linz AG | ~932 € | ~1 871 € |
| Salzburg AG | ~1 203 € | ~1 383 € |
Pour un expatrié, choisir un fournisseur et un contrat adaptés devient vite stratégique. Les plateformes de comparaison jouent ici un rôle utile pour orienter ce choix, d’autant que le marché a été libéralisé et que les offres “vertes” se multiplient.
Meublé, non meublé : un choc culturel
Autre surprise de taille pour de nombreux étrangers : en Autriche, la norme est le logement non meublé, parfois au sens littéral. Non seulement l’appartement est vide, mais il est fréquent qu’il n’y ait ni cuisine équipée ni luminaires fixes.
Les logements entièrement meublés représentent à peine 15 % du parc locatif français.
Fait rassurant : certains coûts sont très encadrés, comme le dépôt de garantie (en général trois mois de loyer, parfois jusqu’à six) qui doit être placé sur un compte sécurisé et restitué en fin de bail, hors défauts majeurs.
Santé et assurance : un système performant à apprivoiser
Un des grands avantages de la vie en Autriche réside dans la qualité de son système de santé, régulièrement classé parmi les meilleurs d’Europe. Mais encore faut-il en maîtriser les règles pour en profiter pleinement, notamment lorsque le climat met votre organisme à rude épreuve.
Une couverture quasi-universelle, obligatoire pour les résidents
Le système autrichien repose sur un principe de solidarité : l’assurance maladie est obligatoire pour les résidents, et environ 99 % de la population est couverte. La plupart des expatriés salarié·es sont automatiquement affiliés à une caisse d’assurance publique dès le début de leur contrat de travail, l’employeur ayant l’obligation de les déclarer dans les sept jours.
Les principaux régimes publics sont :
| Statut | Caisse principale |
|---|---|
| Salariés | Österreichische Gesundheitskasse (ÖGK) |
| Fonctionnaires, chemins de fer, mines | BVAEB |
| Indépendants | SVS (Sozialversicherungsanstalt der Selbständigen) |
Les cotisations sont partagées entre employeur et employé. Pour les salariés, la part de l’employé pour l’assurance maladie tourne autour de 3,87 % du salaire brut, avec un plafond mensuel d’assiette d’environ 6 060 €. Pour les indépendants, le taux global de contributions sociales (santé, retraite, etc.) est plus élevé et réglé trimestriellement.
Une fois affilié, on reçoit une e-card, carte électronique qui sert de preuve d’assurance. Elle intègre aussi la carte européenne d’assurance maladie (CEAM) au verso, utile pour des séjours dans d’autres pays de l’UE.
Concrètement, que couvre l’assurance publique ?
L’assurance maladie obligatoire donne accès à un vaste éventail de prestations :
– Consultations chez les médecins conventionnés (indiqués par la mention “Kassenarzt”)
– Séjours hospitaliers (la participation forfaitaire a été supprimée en 2017 pour certains publics)
– Médicaments prescrits, avec une petite franchise par prescription (7,55 € en 2025, sous conditions d’exonération)
– Soins préventifs, maternité, rééducation, aides médicales
Les ayants droit (conjoint, partenaire enregistré, enfants) peuvent généralement être co-assurés gratuitement ou à faible coût, ce qui est particulièrement intéressant pour les familles expatriées. Les enfants sont couverts jusqu’à 18 ans, voire 26 ans s’ils poursuivent des études.
En cas de maladie de longue durée, l’employeur maintient le versement du salaire pendant une période pouvant aller jusqu’à 12 semaines. Passé ce délai, c’est l’assurance maladie qui prend le relais en versant des indemnités journalières.
Pourquoi certains expatriés ajoutent une assurance privée
Face à un système public performant mais parfois saturé pour certains spécialistes, beaucoup d’habitants – y compris des expatriés – choisissent une assurance santé privée complémentaire. Celle-ci permet par exemple :
– De choisir des médecins non conventionnés ou très demandés
– D’éviter les listes d’attente pour certains examens
– D’avoir une chambre individuelle en hôpital
– De renforcer la couverture dentaire ou optique
– D’inclure des prestations comme l’évacuation médicale internationale
Les primes ne sont pas basées sur le revenu mais sur l’âge, l’état de santé et le niveau de couverture. Elles peuvent aller d’une trentaine d’euros par mois pour un enfant à plus de 450–500 € par mois pour une personne de plus de 65 ans. Plusieurs compagnies locales (FeelSafe, Care Austria, UNIQA…) ou internationales (Allianz Care, Cigna Global, AXA…) se disputent ce marché.
Pour un expatrié, il est crucial d’analyser son mode de vie pour déterminer ses véritables besoins. Cela inclut la pratique intensive d’activités comme le ski ou les sports de montagne, la fréquence des voyages, ainsi que la volonté de consulter systématiquement les meilleurs spécialistes.
Accéder aux soins au quotidien
La recherche de médecins est largement facilitée par des outils en ligne : les sites de l’ÖGK, de l’Ordre des médecins, ou des plateformes comme Praxisplan permettent de filtrer par spécialité, langue parlée (anglais, par exemple) ou localisation. Un permis de résidence valide et une inscription officielle (Meldezettel) sont en revanche nécessaires pour être correctement enregistrés.
Les temps d’attente moyens pour une consultation varient selon les régions – de moins de 10 minutes à Vienne à plus de 17 minutes dans certains Länder – mais restent globalement raisonnables. Les pharmacies (Apotheken), très présentes, complètent le dispositif avec des conseils, des médicaments délivrés sur ordonnance et un large choix de produits de santé en libre accès.
En cas d’urgence, le numéro 144 donne accès aux services médicaux d’urgence, et le 112 fonctionne sur tout le territoire de l’UE.
Travail, horaires et climat professionnel
Au-delà des températures et de la neige, le “climat” que les expatriés ressentent le plus fortement est celui du monde du travail. Le choc culturel est réel : la combinaison d’une forte formalité, d’une hiérarchie claire et d’un attachement profond à l’équilibre vie professionnelle–vie privée peut dérouter.
Punctualité absolue, productivité mesurée
Dans la culture autrichienne, être à l’heure n’est pas une option. Arriver en retard, même de quelques minutes, à une réunion ou un rendez-vous est perçu comme un manque de respect. Il est conseillé d’arriver cinq à dix minutes avant l’heure annoncée, et d’appeler immédiatement si un imprévu empêche la ponctualité.
Les horaires de bureau classiques tournent autour de 9h–17h, même si beaucoup de salariés commencent dès 8h. La semaine de travail standard se situe entre 38 et 40 heures, avec une pause déjeuner d’environ une heure. Travailler régulièrement tard le soir n’est pas considéré comme une preuve de dévouement, mais plutôt comme un signe de mauvaise organisation.
En France, la vie privée et le temps familial sont fortement valorisés, particulièrement le dimanche. De nombreux commerces sont fermés ce jour-là, ce qui nécessite d’anticiper ses courses et rendez-vous pour s’adapter à cette organisation hebdomadaire.
Formalité, hiérarchie et “Gemütlichkeit”
Le monde professionnel reste structuré par des hiérarchies nettes. Les décisions importants se prennent au sommet; il est rare qu’un expatrié fraîchement arrivé soit intégré immédiatement dans ces cercles de décision. La patience est donc de mise, de même que la précision et la préparation : on attend des collaborateurs qu’ils maîtrisent leur dossier dans le détail.
La communication est directe sur le fond – on aime les faits, les chiffres, les arguments structurés – mais enveloppée dans une forme polie. Un “non” pourra être formulé par un « Schauen wir mal » ou un silence appuyé. Un expatrié doit apprendre à lire ces nuances pour adapter sa façon de présenter ses idées.
La convivialité au travail en Allemagne est marquée par la notion de ‘Gemütlichkeit’, un moment de confort partagé. Les pauses café ritualisées sont l’occasion de renforcer les liens entre collègues en discutant de sujets légers comme la météo ou la culture, en évitant soigneusement les thèmes sensibles tels que la politique ou la religion.
S’habiller et se présenter au travail
Même dans un pays moderne et ouvert, l’apparence garde une importance particulière en contexte professionnel. On privilégie des tenues sobres, élégantes, bien coupées. Les costumes foncés pour les hommes, les tailleurs, robes ou ensembles classiques pour les femmes restent la norme dans de nombreux secteurs.
Le port de vêtements trop informels – baskets de sport, leggings, survêtements, sandales type Birkenstock – est mal vu, surtout dans les fonctions en contact avec la clientèle ou dans les milieux plus traditionnels. En cas de doute, il vaut mieux être légèrement trop habillé que l’inverse, notamment lors des premiers jours ou d’un rendez-vous important.
Les titres académiques et professionnels (Dr., Mag., Ing., etc.) sont omniprésents et doivent être utilisés dans la communication écrite comme orale, du moins au début. Le tutoiement ne s’installe qu’après une invitation explicite ; à défaut, le vouvoiement (Sie) s’impose.
Vivre avec les saisons : loisirs, intégration et bien-être
L’une des meilleures façons de s’adapter au climat local, c’est de l’embrasser plutôt que de le subir. Les Autrichiens, passionnés de plein air, montrent l’exemple : ils skient, randonnent, patinent, se baignent dans les lacs alpins, fréquentent les thermes et profitent des cafés pendant les longs hivers.
Hiver : du marché de Noël à la station de ski
L’hiver en Autriche peut se résumer en trois mots : froid, sec, culturellement intense. Les marchés de Noël illuminent les villes, les stands de Glühwein fleurissent, et les montagnes deviennent des terrains de jeu immenses.
Pour profiter pleinement du ski, il est conseillé d’investir dans des vêtements adaptés : une tenue de ski (pantalon imperméable, veste chaude, gants, bonnet, lunettes de soleil ou masque), des chaussettes hautes et des sous-couches thermiques. La plupart des stations de ski proposent la location de matériel (skis, chaussures, casques, raquettes), une solution pratique pour éviter de voyager avec tout son équipement.
Pour ceux qui préfèrent des plaisirs moins sportifs, les thermes et spas sont omniprésents. Un maillot de bain, des tongs et un peignoir confortable suffisent pour transformer un week-end glacé en parenthèse bien-être.
Été : chaleur en ville, fraîcheur en montagne
Les étés, souvent chauds en ville, sont l’occasion rêvée de découvrir l’autre visage du pays : lacs alpins, chemins de randonnée, pistes cyclables, Heurigen (débits de vins) à la campagne. Les températures élevées imposent une autre forme d’adaptation : choisir des vêtements en coton ou en lin, boire beaucoup d’eau (l’eau du robinet, d’excellente qualité, est potable partout), éviter les heures les plus chaudes pour les activités intenses.
Pour échapper aux fortes chaleurs en ville, les Viennois se rendent sur les bords du Danube ou dans les nombreux « Badeseen », des lacs spécialement aménagés pour la baignade.
Entre saisons : apprendre à jongler
Le printemps et l’automne exigent une vraie agilité vestimentaire comme organisationnelle. On peut partir le matin sous une pluie glaciale, déjeuner en terrasse sous un soleil à 20 °C et rentrer le soir avec un vent fort. D’où l’importance du layering, mais aussi de la flexibilité dans les transports et les loisirs.
Pour un expatrié, ces périodes sont parfois plus difficiles moralement que l’hiver lui-même : on oscille entre espoir de beaux jours et retour de la grisaille. Intégrer des activités régulières – club de sport, chorale, groupes de randonnée, associations d’expatriés – aide à garder le moral et à se construire un réseau malgré ces montagnes russes météorologiques.
Utilities, internet et vie numérique au quotidien
Au-delà des vêtements, des transports et du travail, s’adapter au climat de vie autrichien, c’est aussi savoir naviguer dans les aspects pratiques : mise en place de l’électricité, du gaz, de l’eau, de l’internet et du mobile.
Comprendre qui paie quoi
Dans de nombreux contrats de location, une partie des charges (eau, ordures ménagères, entretien des parties communes) est incluse dans les Betriebskosten. L’électricité et le gaz, en revanche, sont très souvent à la charge directe du locataire. Cela signifie ouverture de compte, choix de fournisseur, prélèvement automatique sur un compte bancaire local.
Les montants se décomposent en deux contrats distincts :
– Un contrat avec le gestionnaire de réseau (distribution)
– Un contrat avec un fournisseur d’énergie (commercialisation)
Le découpage des activités sur le marché de l’énergie, issu de la libéralisation, permet de changer de fournisseur assez facilement. Cela offre la possibilité de bénéficier de meilleurs tarifs ou de souscrire à des offres d’électricité « verte ».
Eau : une ressource de grande qualité, rarement un sujet d’inquiétude
L’eau du robinet en Autriche est considérée comme l’une des plus pures d’Europe, majoritairement issue de sources alpines et de nappes souterraines. Environ 90 % de la population – près de 8 millions de personnes – sont raccordés à un réseau centralisé.
La tarification se fait généralement au mètre cube, avec des variations par ville :
| Ville / Fournisseur | Prix approximatif / m³ |
|---|---|
| Vienne – Wiener Wasser | ~2,90 € |
| Graz – Holding Graz | ~2,48 € |
| Linz – Linz AG Wasser | ~1,83 € |
| Salzburg – Salzburg AG | ~2,02 € |
En pratique, pour un ménage, la facture mensuelle d’eau se situe plus souvent entre 20 et 40 €, souvent incluse dans les charges de l’immeuble.
Internet et téléphonie : vitesse et engagement
Pour un expatrié, la première demande après l’emménagement est souvent : “Comment avoir internet rapidement ?”. Bonne nouvelle : l’Autriche dispose d’un réseau rapide, avec une vitesse moyenne de téléchargement autour de 75–80 Mbps. La fibre et le câble se développent, de même que les offres 5G.
Les principaux opérateurs (A1, Magenta, Drei, Liwest, Salzburg AG) proposent des abonnements entre 30 et 50 €/mois. Les contrats comportent souvent un engagement de 24 mois, avec des offres sans engagement disponibles mais plus chères. Comptez 1 à 2 semaines pour la livraison du modem et l’activation de la ligne.
Pour la téléphonie mobile, le marché est très concurrentiel, avec une grande variété de formules prépayées ou avec abonnement. Compter en moyenne 15–30 € par mois pour un forfait avec appels illimités et un volume de données suffisant. Là encore, un IBAN autrichien et un justificatif d’identité sont requis.
Conclusion : apprivoiser le climat, plutôt que le subir
Vivre en Autriche, c’est accepter de composer avec un climat météorologique parfois rude, mais surtout avec un climat social et institutionnel très structuré. Le froid sec de l’hiver, la chaleur de l’été en ville, les transports collectifs omniprésents, la rigueur des horaires, la formalité des relations professionnelles, la force du système de santé et de protection sociale : tout cela forme un ensemble cohérent qui peut dérouter au départ, mais qui offre un confort et une sécurité rares une fois qu’on en a compris les codes.
Pour réussir son adaptation à l’étranger, adoptez des gestes concrets : investissez dans de bonnes chaussures, maîtrisez l’art des couches de vêtements, choisissez judicieusement votre abonnement de transport, apprenez à décoder une offre de location, ouvrez sans stress vos contrats de gaz et d’électricité, comprenez précisément ce que couvre votre assurance maladie, arrivez systématiquement cinq minutes en avance à vos rendez-vous, et acceptez les pauses-café (Kaffeepausen) comme un rituel social essentiel.
S’adapter au climat local, en Autriche, ce n’est pas renoncer à sa culture d’origine. C’est apprendre à composer avec une autre manière d’organiser la vie quotidienne, les saisons et les relations, pour se donner la possibilité de profiter pleinement de ce que le pays offre : une qualité de vie élevée, un environnement exceptionnel, une sécurité rare et un sens discret mais réel de la convivialité.
Un retraité de 62 ans, avec un patrimoine financier supérieur à un million d’euros bien structuré en Europe, souhaitait changer de résidence fiscale pour optimiser sa charge imposable et diversifier ses investissements, tout en maintenant un lien avec la France. Budget alloué : 10 000 euros pour l’accompagnement complet (conseil fiscal, formalités administratives, délocalisation et structuration patrimoniale), sans vente forcée d’actifs.
Après analyse de plusieurs destinations attractives (Autriche, Grèce, Chypre, Maurice), la stratégie retenue a consisté à cibler l’Autriche pour son cadre fiscal stable, son réseau étendu de conventions de non‑double imposition et la possibilité de structurer les revenus financiers via des véhicules européens adaptés, tout en restant au cœur de l’UE. La mission a inclus : audit fiscal pré‑expatriation (exit tax ou non, report d’imposition), obtention de la résidence avec achat de résidence principale, affiliation au système de santé local et coordination avec la CPAM, transfert de résidence bancaire, plan de rupture des liens fiscaux français (183 jours/an hors France, centre d’intérêts économiques…), intégration dans un réseau local bilingue et restructuration patrimoniale si nécessaire, pour sécuriser durablement sa mobilité.
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