Au premier regard, l’immobilier commercial en Papouasie-Nouvelle-Guinée peut sembler réservé à quelques spécialistes prêts à affronter un environnement complexe. Pourtant, derrière la réputation de marché difficile, se dessine l’un des derniers vrais « marchés frontières » d’Asie-Pacifique, avec des rendements qui dépassent largement ceux des économies développées. Entre croissance portée par les ressources naturelles, explosion de la demande urbaine et programmes d’infrastructures massifs, les opportunités se multiplient pour les investisseurs capables de naviguer entre droit foncier coutumier, cadre réglementaire spécifique et contraintes opérationnelles.
Une économie en expansion qui tire la demande immobilière
L’attrait de l’immobilier commercial en Papouasie-Nouvelle-Guinée s’explique d’abord par un contexte macroéconomique porteur. Le pays affiche un PIB d’environ 27,9 milliards de dollars américains, avec une croissance projetée entre 3 % et 4,5 % par an jusqu’en 2028 selon diverses institutions internationales. Le secteur des ressources – mines, pétrole, gaz – représente plus d’un quart du PIB et 85 % de la valeur des exportations, ce qui crée des poches de demande immobilière très marquées autour des grands projets.
La croissance économique est soutenue par le secteur extractif : reprise de la mine d’or de Porgera, activités de la mine de cuivre Ok Tedi, projet PNG LNG en production, et futurs projets Papua LNG et Wafi-Golpu. Le gouvernement mène également une stratégie de diversification vers l’agriculture commerciale, les services, le tourisme et la transformation industrielle.
Dans ce contexte, le marché immobilier – et en particulier l’immobilier commercial – a connu une séquence très cyclique mais globalement haussière. Les années 2010-2015, portées par la phase de construction du projet PNG LNG, ont enregistré des appréciations annuelles de 15 à 20 %. La correction qui a suivi (2015-2019), avec des variations comprises entre -2 % et +3 %, a davantage ressemblé à un atterrissage qu’à un véritable retournement. La pandémie a entraîné une nouvelle phase de stagnation, voire de recul (-5 % à 0 % entre 2020 et 2022), avant une reprise estimée à 5-8 % par an depuis 2023.
Le marché était estimé entre 1,5 et 2 milliards de dollars en 2023.
Un cadre juridique spécifique pour les investisseurs étrangers
Investir dans l’immobilier commercial en Papouasie-Nouvelle-Guinée, c’est surtout accepter de travailler avec un régime foncier et un droit des investissements très différents des standards occidentaux.
Un droit foncier dominé par la coutume
Environ 97 % du territoire est détenu sous forme de terres coutumières, appartenant à des clans ou communautés. Ces terres ne se vendent pas au sens classique du terme, mais peuvent faire l’objet de baux ou de montages juridiques permettant leur valorisation. Seuls environ 3 % des terres sont « aliénées », c’est-à-dire formellement titrées, principalement en zones urbaines et anciennes plantations.
Seuls les citoyens papou-néo-guinéens peuvent détenir la pleine propriété (freehold) de ces terres, avec quelques exceptions historiques marginales. Les investisseurs étrangers n’ont donc pas accès à la pleine propriété, mais à des droits de type bail emphytéotique d’une durée maximale de 99 ans, souvent renouvelable. Concrètement, l’investissement immobilier étranger passe essentiellement par :
| Forme d’accès | Caractéristiques principales |
|---|---|
| Bail d’État (State Lease) | Bail de 99 ans délivré par l’État sur terre aliénée, forme la plus recherchée par les investisseurs |
| Sous-bail | Cession de droits d’occupation sur un bail existant, souvent en zones urbaines |
| Bail d’affaires sur terre coutumière | Accord avec des groupes coutumiers, souvent via incorporation de land groups et intervention de l’État |
| Structure via société locale | Détention indirecte de droits fonciers par une société enregistrée en Papouasie-Nouvelle-Guinée |
Cette architecture juridique impose une due diligence approfondie sur les titres, l’historique des baux et les éventuelles revendications coutumières. Elle explique aussi pourquoi la plupart des grands projets commerciaux – parcs industriels, parcs logistiques, immeubles de bureaux – sont développés sur terres aliénées avec des baux d’État clairement enregistrés.
L’Investment Promotion Act et la certification des entreprises étrangères
Sur le plan des investissements, la loi pilier est l’Investment Promotion Act de 1992. Elle crée l’Investment Promotion Authority (IPA), organisme central chargé de promouvoir et d’encadrer les investissements. Toute entreprise qualifiée de « foreign enterprise » – c’est-à-dire détenue ou contrôlée à 50 % ou plus par des non-citoyens – doit obtenir un certificat de l’IPA avant de « mener des affaires » dans le pays.
La notion de « carrying on business » au Canada est interprétée de manière extensive. Elle englobe notamment la gestion, la location ou l’administration de biens immobiliers, la tenue d’un bureau, la présence d’un agent ou la réalisation de projets de construction d’une durée supérieure à six mois. En pratique, un investisseur étranger dans l’immobilier commercial doit être particulièrement vigilant, car ces activités peuvent suffire à constituer l’exercice d’une entreprise au Canada, avec les obligations fiscales et réglementaires que cela implique.
– créer une société locale ou enregistrer sa société étrangère,
– déposer une demande de certification (Form 3) auprès de l’IPA,
– fournir les pièces requises (certificat d’incorporation, plan d’affaires, pièces d’identité, justificatifs de capitaux, etc.),
– s’acquitter d’un droit de demande de 2 000 kina.
L’IPA dispose de 35 jours ouvrables pour traiter un dossier complet. La certification détaille les activités, la localisation et les conditions. Toute modification significative de l’actionnariat (10% sur un an ou 25% depuis la certification) nécessite une nouvelle demande. Le non-respect, l’exercice d’activités réservées ou la violation des conditions peut entraîner suspension, annulation ou des amendes allant jusqu’à 100 000 kina.
À cela s’ajoute une réglementation sectorielle : la liste Cottage and Business Activities List (CBAL) réserve aux entreprises citoyennes un ensemble d’activités (petit commerce, artisanat, certaines activités de services de proximité…). L’immobilier commercial de moyenne ou grande taille n’est pas au cœur de ces activités réservées, mais il est essentiel de vérifier au cas par cas.
Fiscalité et obligations financières
Le régime fiscal applicable à l’immobilier commercial présente plusieurs particularités pour les investisseurs :
| Élément fiscal | Paramètres principaux |
|---|---|
| Impôt sur les sociétés | 30 % sur les bénéfices des sociétés résidentes (revenus mondiaux) |
| TVA (GST) | 10 % sur la plupart des biens et services |
| Droit de timbre immobilier | En général 2 % de la valeur de la transaction (transfert) |
| Taxe foncière / loyer de l’État | Environ 5 % de la valeur non améliorée de la terre sur les baux d’État |
| Retenue à la source – Entrepreneurs étrangers | 12 % sur les contrats de construction pour non-résidents |
| Retenue à la source – Fret maritime | 2,4 % sur certains paiements à des navires étrangers |
| Gains en capital | En principe imposés comme revenu ordinaire si liés à une activité commerciale |
À cela s’ajoutent les coûts de transaction (frais juridiques, commissions d’agents, frais d’enregistrement), souvent compris entre 5 % et 10 % du prix pour un acquéreur étranger. Le financement bancaire local étant très limité pour les non-résidents, une grande partie des transactions se fait au comptant, ce qui renforce l’importance de la structuration fiscale en amont.
Port Moresby et Lae : épicentres des opportunités commerciales
L’immobilier commercial papou-néo-guinéen est extrêmement concentré dans quelques pôles urbains. Deux villes dominent nettement : Port Moresby, la capitale politique et économique, et Lae, principal hub industriel et logistique du pays.
Port Moresby : un marché « frontier » en pleine mutation
Port Moresby concentre les institutions gouvernementales, les sièges des grands groupes miniers et pétroliers, les ambassades, les grandes banques et la plupart des organisations internationales. Ce statut renforce la demande pour des immeubles de bureaux modernes, des centres commerciaux, des hôtels et des appartements de standing.
Les données de marché montrent une activité soutenue dans l’immobilier commercial à la location : plus de 100 annonces de bureaux, commerces ou entrepôts à Port Moresby, avec des valeurs locatives élevées et une surface moyenne autour de 380 m². Les secteurs les plus recherchés – Waigani, Gordons, le centre-ville (« Town ») et surtout Harbour City/Konedobu – concentrent la majorité de l’offre.
Exemple de fourchettes de prix pour les actifs commerciaux (ordre de grandeur) :
| Zone de Port Moresby | Type d’actif | Fourchette de prix estimée |
|---|---|---|
| Waigani / Hohola | Immeuble de bureaux | 3 à 15 millions PGK |
| Harbour City / Konedobu | Bureaux et résidentiel haut de gamme | prix élevés, souvent hors marché public |
| Paga Hill / Touaguba | Résidentiel haut de gamme (souvent mixte avec bureaux) | 4 à 8 millions PGK pour des résidences exécutives |
Plusieurs projets emblématiques illustrent le repositionnement de la capitale sur le segment commercial et tertiaire :
Parmi les projets récents notables figurent : l’Harbour Office Complex (près de 19 000 m²) développé par Steamships dans le quartier d’affaires ; l’OPH Tower (près de 10 000 m²) portée par le fonds de pension Nambawan Super ; le complexe Vision City, premier véritable centre commercial d’envergure (environ 45 000 m²) complété par le Raintree Hotel and Suites (plus de 400 chambres) ; et des bâtiments comme Kina Bank Haus, tour de 14 étages en plein centre des affaires accueillant banques, institutions publiques et multinationales.
Autour de Harbour City, de nombreux ensembles d’appartements comme The Edge Apartments ou Solwara Apartments ont été conçus pour une clientèle de cadres expatriés et de classes aisées locales, avec parkings sécurisés, piscines, cafés et banques à proximité. Si ces actifs sont d’abord résidentiels, ils s’inscrivent dans des développements mixtes où commerces, bureaux et services se complètent.
Ces dernières années, le marché a absorbé une correction sur le segment très haut de gamme (baisse de 30 % possible sur certaines locations d’appartements exécutifs et de 10-20 % sur le milieu de gamme après la fin du chantier du PNG LNG). Mais cette détente n’a pas remis en cause l’attractivité globale du marché, portée par de nouveaux projets de ressources, la poursuite de l’urbanisation et d’importants programmes routiers (Connect PNG).
Lae : capitale industrielle et logistique
Deuxième ville du pays, Lae s’impose comme le principal hub industriel et logistique, à la jonction du principal corridor routier vers les Highlands et du plus grand port du pays. La quasi-totalité des grands entrepôts, centres de distribution, ateliers de maintenance et usines de transformation destinés au marché intérieur et aux exportations y sont concentrés.
Le marché de l’immobilier commercial est très tendu, avec une occupation totale des bâtiments industriels, ateliers et entrepôts. L’offre foncière est limitée, ce qui entraîne une pénurie de terrains en zone industrielle. Cette situation encourage la densification et la réhabilitation des sites existants.
Parmi les projets structurants, le Lae Industrial Park se détache : zone industrielle de 350 hectares en front de mer, adossée au port et disposant de dizaines d’hectares de surfaces stabilisées prêtes à accueillir des entrepôts et unités de production. D’autres centres comme Malahang Industrial Centre témoignent de la structuration progressive de l’offre.
Pour les investisseurs, Lae offre des rendements particulièrement attractifs sur l’immobilier industriel et logistique, avec des anticipations d’appréciation de 6 à 9 % par an sur cinq ans, portées par l’augmentation du trafic portuaire, la croissance manufacturière et les grands projets miniers intérieurs qui transitent par la ville.
Des rendements élevés, soutenus par un déséquilibre offre-demande
L’une des caractéristiques les plus marquantes de l’immobilier commercial en Papouasie-Nouvelle-Guinée tient au niveau élevé des rendements bruts attendus, en particulier sur les segments bureaux, logistique et logements de staff liés aux ressources.
| Segment de marché | Rendement locatif brut attendu |
|---|---|
| Bureaux commerciaux | 12 à 18 % |
| Commerces / retail | 10 à 16 % |
| Industriel / entrepôts | 11 à 16 % |
| Compounds de logements de staff | 15 à 20 % |
| Hébergement en zones de projets de ressources | 18 à 25 % et plus |
Ces niveaux de rendement ne sont pas théoriques : ils reflètent un marché où la demande locative, notamment de la part de grandes entreprises minières, pétrolières, de services, de banques et d’agences internationales, se heurte à une offre limitée de surfaces modernes, sécurisées et bien desservies. Le déficit structurel de logements et de bureaux de qualité, combiné à la difficulté de développer de nouveaux projets (accès au foncier, infrastructures, financement, main-d’œuvre), renforce le pouvoir de négociation des propriétaires bien positionnés.
Loyer mensuel maximum pour un appartement de trois chambres en centre-ville à Port Moresby.
Il faut toutefois intégrer que ces rendements élevés s’accompagnent de coûts d’exploitation très supérieurs aux standards occidentaux. La sécurité privée (gardiennage 24h/24, clôtures, vidéosurveillance), les systèmes de secours en eau et électricité (générateurs, cuves, pompes) et la maintenance dans un climat tropical lourd pèsent lourdement sur les charges.
Grands projets, programmes publics et zones économiques spéciales
L’environnement immobilier commercial papou-néo-guinéen est profondément marqué par une série de grands projets privés et publics qui structurent la demande et redessinent les cartes des opportunités.
Les mégaprojets de ressources comme catalyseurs
Le projet PNG LNG a déjà constitué un cas d’école : avec un investissement d’environ 19 milliards de dollars et des milliers de travailleurs, il a déclenché, dès 2009, une explosion de la demande en logements, bureaux et entrepôts, particulièrement à Port Moresby. Les prix de vente et les loyers ont grimpé en flèche dans la capitale et dans certains centres régionaux, avant de corriger après la fin de la phase de construction. Néanmoins, même après cette normalisation, les niveaux restent élevés par rapport aux revenus locaux.
Des projets comme Papua LNG ou Wafi-Golpu, en phase d’avancement, devraient reproduire ce schéma dans d’autres corridors : Morobe pour Wafi-Golpu, la région du Golfe et des Highlands pour certains volets de Papua LNG. Pour un investisseur immobilier, ces projets impliquent :
La phase de construction actuelle offre une fenêtre pour acquérir ou développer des actifs logistiques (entrepôts, bureaux, compounds) sur des sites stratégiques (axes routiers, ports, aéroports). Cependant, il faut anticiper un risque de correction du marché après cette phase, en préparant une seconde vie pour l’actif via la diversification des locataires, un repositionnement pour le marché local ou une reconversion potentielle.
Connect PNG et l’investissement public dans les infrastructures
Parallèlement aux investissements privés, le gouvernement met en œuvre Connect PNG, un vaste programme de modernisation des infrastructures sur plus d’une décennie. Objectif : améliorer les réseaux routiers, portuaires, aéroportuaires, énergétiques et numériques pour désenclaver le pays et soutenir la croissance.
Les montants en jeu sont considérables, avec des milliards de kina destinés aux routes nationales, aux ponts, à la réhabilitation des ports (Lae, Kimbe, Kavieng, Daru, Oro Bay, etc.) et à l’extension des capacités de l’aéroport international de Port Moresby. Des partenaires comme l’Australie, la Banque asiatique de développement ou la JICA financent de nombreux tronçons et projets.
Pour l’immobilier commercial, ces investissements se traduisent par :
– une meilleure accessibilité de certains quartiers (Waigani, Gordons, 6 Mile, 7 Mile, 9 Mile autour de Port Moresby) favorisant la valorisation foncière,
– l’émergence de nouveaux pôles logistiques autour des ports modernisés ou des carrefours routiers,
– la réduction progressive du risque opérationnel lié aux coupures d’accès ou aux routes impraticables.
Parcs d’affaires, zones industrielles et zones économiques spéciales
Au-delà des infrastructures linéaires, plusieurs projets structurants créent de véritables écosystèmes immobiliers commerciaux :
Découvrez les principaux parcs d’affaires et zones industrielles développés, offrant des infrastructures intégrées et des emplacements stratégiques pour divers secteurs.
Situé à Port Moresby sur un bail d’État de 99 ans. Programme mixte : entrepôts, surfaces industrielles, bureaux et retail. Bénéficie d’un accès direct au quai, d’une station-service, d’une clinique, d’un supermarché, d’une banque et de logements modulaires sur site.
Vaste zone industrielle en front de mer avec des dizaines d’hectares viabilisés. Positionnée comme la vitrine de PNG Ports Property pour le développement industriel.
Projets spécialisés tels que la Pacific Marine Industrial Zone (PMIZ) à Madang pour la transformation des produits de la pêche, ainsi que des parcs pétroliers et logistiques dédiés à l’industrie des hydrocarbures.
Le gouvernement, de son côté, pousse le développement de Special Economic Zones (SEZ) offrant incitations fiscales, facilitation douanière et procédures simplifiées. Ces zones visent l’agro-industrie, la pêche, la forêt, la manufacture et les services, et impliquent nécessairement la création d’actifs immobiliers commerciaux : bureaux, entrepôts, usines, hôtels d’affaires, plateformes logistiques.
Pour un investisseur, se positionner tôt dans ou autour de ces zones permet de bénéficier de prix d’entrée plus faibles (les marchés secondaires comme Wewak, Goroka ou Alotau affichent encore des niveaux 30 à 50 % inférieurs à Port Moresby) et de capter la hausse de valeur liée aux travaux d’infrastructures et à l’implantation d’industriels.
Un processus d’investissement exigeant mais balisé
Entrer sur le marché de l’immobilier commercial en Papouasie-Nouvelle-Guinée demande davantage de préparation qu’à Singapour ou Sydney. Mais le cadre, s’il est complexe, est de mieux en mieux connu et documenté.
Un parcours typique comprend : 1. Une étape d’orientation pour établir les objectifs. 2. Un processus d’apprentissage avec des modules théoriques et pratiques. 3. Des évaluations régulières pour mesurer les progrès. 4. Un accompagnement personnalisé pour chaque participant. 5. Un projet final pour mettre en pratique les compétences acquises.
L’investissement immobilier en Papouasie-Nouvelle-Guinée suit un processus structuré. Il débute par une phase de préparation incluant un audit financier et la définition d’une stratégie (bureaux, logistique, mixte, opportuniste). Ensuite, un repérage du marché est effectué, idéalement sur place, avec l’appui d’agences spécialisées (Strickland Real Estate, Hausples, The Professionals, Century 21) et de grands développeurs (Steamships, Curtain Bros, Nambawan Super). Une structure locale doit être mise en place (société enregistrée, obtention du certificat IPA, immatriculation fiscale). La recherche d’actifs est ciblée via des portails, réseaux et appels d’offres, avec une analyse fine de la localisation, de la qualité des baux et des risques de sécurité. Une due diligence juridique approfondie est cruciale, portant sur les baux d’État, les contestations coutumières et les règles d’urbanisme. Viennent ensuite la négociation et la structuration des contrats, incluant souvent des clauses de sécurisation en devises fortes pour les grands locataires, puis la finalisation de la transaction. Enfin, une gestion professionnelle est mise en place, soit en interne, soit via des gestionnaires locaux.
Les délais entre l’offre et la conclusion peuvent atteindre 3 à 6 mois, voire plus d’un an en cas de dossiers complexes. C’est un marché où la patience et la persévérance font partie intégrante de la stratégie d’investissement.
Risques élevés, mais gérables avec une approche structurée
Les rendements à deux chiffres et les perspectives de valorisation ne doivent pas masquer que la Papouasie-Nouvelle-Guinée demeure un marché à risque élevé pour les promoteurs et investisseurs privés. Les principaux risques identifiés sont bien documentés.
Sur le plan politique et réglementaire, le pays connaît des phases d’instabilité, des changements fréquents de ministres et des réformes parfois mal coordonnées. Le cadre de l’investissement étranger évolue, avec un projet de loi (Foreign Investment Regulatory Authority Bill) destiné à remplacer l’Investment Promotion Act par des exigences plus strictes. La sécurité juridique des baux et la cohérence de la politique du logement ont été critiquées par divers rapports nationaux.
Le régime foncier, dominé par la coutume, est source potentielle de conflits d’usage et de litiges, surtout lorsque des terres coutumières sont converties pour des projets urbains. La sécurisation des droits fonciers – via les baux d’État, les mécanismes d’enregistrement des land groups et les programmes nationaux de développement foncier – progresse, mais reste imparfaite.
Régime foncier coutumier
Les risques opérationnels sont également nombreux : insécurité dans certaines zones, nécessité de recourir à des dispositifs lourds de sécurité privée, fiabilité aléatoire de l’électricité et de l’eau, qualité inégale des télécommunications, pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans le BTP, coût élevé des matériaux (souvent importés) et de la logistique.
Les investisseurs doivent anticiper plusieurs risques financiers spécifiques au marché local : la volatilité de la monnaie (kina), les contrôles stricts sur les changes, la rareté des devises étrangères, le coût élevé du crédit local et la faible profondeur du marché pour les actifs de grande taille, ce qui peut considérablement allonger et complexifier les processus de sortie d’investissement.
Pour autant, ces risques ne sont pas insurmontables. Les stratégies les plus fréquemment adoptées par les investisseurs aguerris incluent :
– une focus sur les terres aliénées avec baux d’État clairs,
– le choix de localisations centrales ou d’axes d’infrastructures structurants,
– l’obtention de baux commerciaux fermes avec de grands groupes (mines, pétrole, banques, agences internationales), parfois indexés sur des devises fortes,
– l’investissement massif dans la sécurité et les systèmes de secours (générateurs, réservoirs, surveillance),
– la délégation de la gestion quotidienne à des property managers expérimentés,
– la constitution de partenariats locaux solides, capables de dénouer les blocages administratifs et de gérer les relations avec les communautés.
Vers une structuration financière plus sophistiquée
L’immobilier commercial papou-néo-guinéen est encore largement financé par capitaux propres, avec une faible exposition du secteur bancaire. Mais le pays prépare une évolution de son marché de capitaux immobiliers.
Les autorités boursières, via PNGX Markets, préparent l’ouverture d’un marché obligataire d’entreprise et l’introduction future de Real Estate Investment Trusts (REITs). Ces initiatives visent à permettre aux grands développeurs et fonds de pension de refinancer leurs actifs immobiliers, à offrir aux investisseurs institutionnels et particuliers un véhicule liquide pour investir dans l’immobilier, et à libérer du capital pour financer de nouveaux projets.
Selon les estimations avancées, un secteur des REITs bien structuré pourrait mobiliser plusieurs milliards de kina et amplifier l’effet multiplicateur de l’investissement immobilier sur l’économie (un dollar investi dans l’immobilier générant jusqu’à sept dollars d’activité dans certains pays). Cette évolution, si elle se concrétise avec un cadre fiscal adapté, offrirait aux investisseurs étrangers une voie d’accès plus simple et plus diversifiée à l’immobilier commercial papou-néo-guinéen, par des participations dans des véhicules cotés plutôt que par des acquisitions d’actifs directs.
Un marché difficile mais prometteur pour les investisseurs patients
L’immobilier commercial en Papouasie-Nouvelle-Guinée ne s’adresse pas aux investisseurs à la recherche de « placements tranquilles » dans des environnements parfaitement maîtrisés. Il implique de composer avec un droit foncier singulier, un cadre réglementaire en mouvement, des infrastructures parfois défaillantes et un environnement sécuritaire exigeant. Les coûts d’entrée en expertise – juridique, technique, humaine – sont élevés.
Mais c’est précisément cette complexité qui maintient la concurrence à un niveau relativement réduit et permet, pour les acteurs disposant des bons partenaires locaux et d’un horizon d’investissement suffisamment long, de capter des rendements et des plus-values difficiles à trouver ailleurs dans la région. La combinaison de :
– rendements locatifs bruts à deux chiffres sur les bureaux, l’industriel et les logements de staff,
– perspectives de croissance portées par des projets miniers et gaziers majeurs,
– programmes d’infrastructure publics à grande échelle,
– urbanisation rapide à partir d’une base où seulement 13 % de la population est urbaine,
– déficit structurel de surfaces commerciales, d’entrepôts et de logements abordables,
fait de l’immobilier commercial en Papouasie-Nouvelle-Guinée un terrain de jeu singulier, où le couple risque/rendement reste l’un des plus marqués de la zone Asie-Pacifique.
Pour réussir un investissement immobilier commercial en Papouasie-Nouvelle-Guinée, il est essentiel de comprendre le système foncier coutumier, de s’entourer de conseillers juridiques et techniques locaux, et de construire des relations durables avec les institutions et les communautés. Ce marché frontière, où les infrastructures et les villes se développent et les instruments financiers se modernisent, offre des opportunités de rendements élevés dans un pays riche en ressources et en potentiel de croissance.
Un chef d’entreprise français d’environ 50 ans, avec un patrimoine financier déjà bien structuré en Europe, souhaitait diversifier une partie de son capital dans l’immobilier résidentiel en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour chercher du rendement locatif et une exposition au kina (PGK). Budget alloué : 400 000 à 600 000 dollars, sans recours au crédit.
Après analyse de plusieurs marchés (Port Moresby, Lae, certains hubs miniers), la stratégie retenue a consisté à cibler une maison individuelle sécurisée dans un quartier résidentiel prisé de Port Moresby, combinant rendement locatif brut cible de 10 % – en gardant à l’esprit que « plus le rendement est grand, plus le risque est important » – et potentiel de valorisation à moyen terme, avec un ticket global (acquisition + frais + éventuels travaux) d’environ 500 000 dollars.
La mission a inclus : sélection du marché et du quartier, mise en relation et prise en charge par un réseau local (agent immobilier, avocat, spécialiste du droit coutumier, fiscaliste), choix de la structure la plus adaptée (propriété directe ou société locale) et définition d’un plan de diversification dans le temps afin d’intégrer cet actif dans une stratégie patrimoniale globale tout en maîtrisant les risques (juridiques, fonciers, fiscaux, locatifs).
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