Les opportunités d’investissement dans l’immobilier commercial Belgique

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

Pendant longtemps, l’immobilier belge a été perçu comme un marché discret mais solide, loin des emballements spectaculaires de certains voisins. Aujourd’hui, l’« immobilier commercial Belgique » attire pourtant de plus en plus les capitaux institutionnels et privés, locaux comme étrangers. Raison principale : un équilibre rare entre stabilité macroéconomique, cadre juridique sécurisé, rendement correct et profondeur de marché, le tout dans un pays qui reste le cœur administratif de l’Union européenne.

Bon à savoir :

L’investisseur peut accéder au marché via plusieurs véhicules : actifs directs, REIT (SICAFI/SIR/B‑REIT) ou fonds spécialisés (SREIF/FIIS). Les opportunités couvrent des segments variés comme la logistique, les bureaux, le retail, le résidentiel locatif, la santé, l’immobilier « living » ou des niches comme le self‑storage et le logement étudiant. L’analyse s’appuie sur des données et études récentes pour une approche pratique.

Sommaire de l'article masquer

Un environnement macro et réglementaire taillé pour les investisseurs

L’attrait de l’immobilier commercial Belgique tient d’abord au contexte général. L’économie est diversifiée (services, industrie, logistique), le pays affiche une notation souveraine AA avec perspective stable, une inflation revenue autour de 2–3 % et une croissance attendue autour de 1–2 % par an jusqu’en 2028. La population est très urbanisée (98 %) avec une forte présence de main‑d’œuvre internationale, en particulier à Bruxelles.

Le cadre légal est réputé transparent et protecteur : droit civil structuré, jurisprudence fournie, institutions stables. Les droits de propriété sont solides (score de 92/100 à l’International Property Rights Index, largement au‑dessus de la moyenne mondiale), la corruption est limitée et les recours judiciaires restent d’un volume modéré. Pour un investisseur étranger, la Belgique ne prévoit pas de traitement discriminatoire : pas de restriction de propriété, mêmes droits qu’un résident, et un réseau étendu de conventions de non‑double imposition.

Des structures d’investissement dédiées à la pierre

L’une des spécificités du marché belge est la richesse de ses véhicules immobiliers réglementés.

SICAFI, SIR, B‑REIT : l’épine dorsale cotée

Le marché local des REIT est ancien à l’échelle européenne : le régime SICAFI (Société d’Investissement en Immobilier à Capital Fixe) a été introduit dès 1995, inspiré des REIT américains. Aujourd’hui, ces structures ont été modernisées sous la forme de SIR/B‑REIT, mais la logique reste la même : sociétés à capital fixe, cotées, très encadrées par la FSMA (autorité des marchés), avec obligation de distribuer au moins 80 % du résultat opérationnel, levier limité (dette maximale 65 % des actifs, seuil de 50 % imposant un plan financier), et régime fiscal favorable (base imposable quasi nulle, taxée principalement sur les avantages anormaux et frais non déductibles).

Attention :

Les SICAV immobilières belges offrent une transparence recherchée grâce à des obligations strictes : inscription FSMA, cotation avec un free-float minimum de 30%, évaluation trimestrielle indépendante des portefeuilles et règles de diversification (limite de 20% par actif).

Historiquement, ces véhicules ont délivré : historical significance

un rendement total supérieur à long terme,

un couple rendement / risque favorable,

une corrélation modérée avec le marché actions belge, utile pour la diversification.

30

Prime de rendement atteinte par les SICAFI/SIR sur leur valeur nette d’inventaire lors de la phase d’euphorie en 1999.

Par capitalisation, le marché belge des REIT est le deuxième plus ancien et le cinquième plus important d’Europe, avec une capitalisation sectorielle de près de 5,8 milliards d’euros pour 16 REIT au milieu des années 2010. Aujourd’hui encore, 72 % des investisseurs institutionnels interrogés considèrent le secteur coté belge comme un « refuge » en période de turbulences.

SREIF / FIIS : fonds immobiliers spécialisés pour investisseurs qualifiés

Au‑delà des REIT cotés, la Belgique a développé une autre brique clé : le Fonds d’Investissement Immobilier Spécialisé (FIIS / SREIF – GVBF), réservé aux investisseurs institutionnels ou professionnels. Ces fonds non cotés bénéficient d’un régime fiscal dérogatoire : rente locative et plus‑values sont en principe non imposées au niveau du fonds, seule une taxe annuelle de 0,01 % sur les actifs nets belges étant due. En contrepartie, ils respectent une liste d’actifs éligibles (droits réels immobiliers, actions de sociétés immobilières, etc.) et une gouvernance spécifique.

Astuce :

Pour un family office ou un investisseur institutionnel souhaitant mutualiser plusieurs actifs immobiliers, comme un portefeuille logistique ou un parc de retail parks, tout en bénéficiant d’une fiscalité optimisée, la SCPI (Société Civile de Placement Immobilier) est devenue un véhicule d’investissement incontournable depuis 2016.

Un marché jugé « safe haven » par les institutionnels

Les principales maisons de conseil (CBRE, JLL, BNP Paribas Real Estate, Cushman & Wakefield) décrivent un marché belge « stable et mature », avec des cycles moins violents que dans d’autres pays européens. Après le choc du Covid et la hausse rapide des taux, le segment commercial s’est ajusté mais sans krach. Les banques centrales ont commencé à réduire les taux directeurs, les rendements obligataires se stabilisent autour de 2,5–3,2 % sur l’OLO 10 ans, et les investisseurs immobiliers sondés par CBRE et JLL annoncent un regain d’appétit pour 2025.

Un sondage CBRE Belgique auprès de 25 grands investisseurs et développeurs montre ainsi une intention d’allouer 3,7 milliards d’euros à l’immobilier commercial Belgique en 2025, soit près de 150 millions par acteur. Ce même panel prévoit 2,3 milliards de cessions, ce qui laisse présager un marché animé mais équilibré, avec des arbitrages nombreux et une montée en puissance des stratégies value‑add et opportunistes.

Où se situent les meilleures opportunités sectorielles ?

L’immobilier commercial Belgique ne se résume pas aux bureaux bruxellois. Logistique, semi‑industriel, retail de périphérie, résidentiel géré, santé, hôtels ou encore self‑storage affichent des dynamiques très différentes. Les enquêtes de sentiment comme les flux de capitaux permettent de hiérarchiser ces segments.

Logistique et entrepôts : le moteur de la décennie

Si un secteur fait consensus, c’est bien la logistique. Le pays joue naturellement le rôle de hub européen, pris en tenaille entre le port d’Anvers‑Bruges, la dorsale Anvers–Bruxelles–Liège et la frontière néerlandaise. La logistique et le warehousing représentent un marché de 16,2 milliards d’euros (logistique au sens large) et environ 5,5 milliards pour la seule activité d’entreposage en 2025. Le secteur belge de l’entreposage se classe :

8e en Europe par les revenus,

5e en Europe en chiffre d’affaires en 2023,

avec un CAGR de 5,2 % entre 2020 et 2025.

Le plan d’action logistique national 2020‑2025 a injecté environ 300 millions d’euros dans les infrastructures et l’innovation, tandis que l’entrée en vigueur du nouveau code des douanes de l’Union a amélioré de 9 % les délais de dédouanement à Anvers.

Un marché en croissance, malgré un léger rééquilibrage

Les volumes de prise en occupation (take‑up) restent élevés : plus de deux millions de m² ont été absorbés sur une année récente, un record historique pour la Belgique, et 3 millions de m² d’entrepôts de grande taille ont été construits entre 2013 et 2019. Après cette phase très tendue (taux de vacance autour de 1 % en 2020‑2021), le marché se normalise.

Quelques repères chiffrés récents :

Indicateur logistique BelgiqueValeur récenteCommentaire
Take‑up logistique 2024927 000 m²-30 % vs année précédente, mais toujours élevé
Take‑up H1 2025 (log + semi‑ind.)686 590 m²326 327 m² logistique, 360 263 m² semi‑industriel
Vacance logistique H1 20254,79 %<3 % sur l’ensemble de l’entrepôt, 2,16 % sur l’axe Bruxelles–Anvers
Pipeline en construction H1 2025563 204 m²28,7 % encore disponibles à la commercialisation

Les loyers « prime » ont fortement progressé : un loyer de 55 €/m²/an à Bruxelles en 2020 est passé à 60 puis 64 €/m² en 2022, et atteint désormais 75 €/m²/an fin 2024 puis 80 €/m² au premier semestre 2025 sur Bruxelles intra‑muros. Sur l’axe A12/E19, on se situe à 68 €/m²/an, Liège 65 €/m², Charleroi 50 €/m².

Côté valorisation, le rendement prime logistique a touché un point bas autour de 4 % en 2022 avant de se détendre à 4,5–5 % avec la remontée des taux, puis de se recomprimer à 4,75 % au premier semestre 2025, signe d’un retour d’appétit des investisseurs pour les meilleurs actifs.

Des drivers structurels puissants

Plusieurs tendances structurelles alimentent ce segment :

Tendances Clés de la Logistique en Belgique

Panorama des principales évolutions structurelles et stratégiques qui façonnent le secteur logistique belge aujourd’hui.

Explosion de l’E‑commerce

Plus de 75 % des consommateurs belges ont acheté en ligne en 2023, ce qui impose des réseaux de distribution denses pour la livraison rapide.

Chaînes d’Approvisionnement Complexes

Stratégies de « nearshoring » et de stockage de sécurité se développent en réponse aux enseignements de la période post‑Covid.

Hubs Multimodaux Stratégiques

Les ports d’Anvers‑Bruges et de Liège agissent comme portes d’entrée majeures, avec un développement du transport multimodal (rail + barge ≈ 18 % du fret).

Transition ESG Accélérée

Plus de 35 % des nouvelles surfaces logistiques livrées en 2023 sont certifiées « vertes », avec un objectif de plus de 50 % de bâtiments green‑certified d’ici 2029.

Les grands noms du secteur (WDP, Montea, CTP, VGP, DHL Supply Chain, DSV, H.Essers, CEVA Logistics, DB Schenker) continuent d’étendre leurs plateformes : par exemple, DHL a ajouté plus de 50 000 m² près d’Anvers, DSV a agrandi son site de Gand, H.Essers investit 40 millions d’euros à Genk.

Pour un investisseur, les opportunités sont multiples : acheter des boîtes logistiques existantes (avec souvent une valeur ajoutée via la modernisation énergétique), s’associer à des développeurs sur des projets built‑to‑suit, ou passer par des SIR logistiques comme WDP ou Montea.

Bureaux : marché polarisé, mais rendement encore attractif

Les bureaux constituent historiquement le pilier de l’immobilier commercial Belgique, notamment à Bruxelles qui aligne près de 13,8 millions de m² de stock de bureaux. Mais la montée du télétravail et la transition vers des immeubles très performants ont profondément modifié l’équation.

Un segment en phase de digestion

En 2025, les chiffres parlent d’eux‑mêmes :

taux de vacance global à Bruxelles autour de 8–8,7 %, en hausse progressive, avec de fortes disparités : 5,8 % dans le CBD (quartier Léopold/Europe), plus de 12 % en zones décentralisées et près de 16 % en périphérie ;

– prise en occupation H1 2025 autour de 170 000 m², soit 8 % de moins que l’année précédente, malgré plusieurs transactions majeures (Union européenne >40 000 m², Deutsche Bank sur Meeus 29, Loterie Nationale sur Brouck’R) ;

– 75 % des m² loués concernent des bâtiments « Grade A », illustrant une fuite vers la qualité.

Les loyers prime restent pourtant très résilients :

Marché de bureauxLoyer prime (€ / m² / an)Vacance approximative
Bruxelles – CBD (Quartier européen)400~8 % global, 5–6 % sur les meilleurs actifs
Bruxelles – centre ville340–390vacance en hausse légère
Anvers – prime200vacance autour de 4,4 %
Périphérie Bruxelles185vacance dépassant 15 %

Les rendements prime se situent autour de 5,15–5,25 % à Bruxelles pour les baux standards, un peu en‑dessous (environ 4,7 %) pour les baux très longs (>9 ans). Ces niveaux sont restés stables pendant environ 18 mois, le marché cherchant de nouveaux points d’équilibre après le choc des taux.

Hybridation du travail : menace ou opportunité ?

Sur le plan occupier, les études sur les pratiques de travail montrent que le télétravail s’est durablement installé : environ un tiers des travailleurs belges télétravaillent au moins un jour par semaine, 42 % à Bruxelles, avec une fréquence typique de deux à trois jours au bureau. Les salariés plébiscitent la flexibilité et le temps gagné sur les trajets, ce qui pèse sur la demande nette de surfaces.

Exemple :

Les entreprises modernisent leurs bureaux en réduisant les postes individuels au profit d’espaces collaboratifs, de flex-offices, de salles de réunion et de services annexes (restauration, sport, bien-être). Elles privilégient également des immeubles bien desservis par les transports, performants sur le plan énergétique (critères ESG, certifications BREEAM/WELL/LEED) pour attirer les talents.

Pour l’investisseur, cela signifie : un engagement réfléchi et une gestion stratégique des ressources pour maximiser les retours sur investissement.

– un risque de vacance et d’obsolescence sur les immeubles de seconde catégorie (Grade B/C), en localisation routière périphérique ;

– des opportunités value‑add via rénovation lourde, restructuration ou reconversion (en résidentiel, coliving, hôtel, etc.) ;

– une prime de prix pour les actifs core ESG‑compliant au cœur du CBD ou dans les hubs multimodaux.

Les pipelines de développement témoignent de cette bascule : plus de 80 % des projets en cours visent une certification environnementale (BREEAM, WELL, etc.), mais seulement 42 % des m² à livrer d’ici 2026 sont déjà pré‑loués, contre 70 % en moyenne entre 2015 et 2021. Le risque de suroffre de bureaux neufs mal positionnés existe, mais il s’accompagne d’opportunités pour les investisseurs capables de structurer des plans de remise à niveau.

Retail : entre renaissance sélective et prime pour les retail parks

Le commerce de détail a été secoué par la pandémie et la poussée du e‑commerce, mais la Belgique affiche une situation paradoxale : les fondamentaux sont décrits comme « très solides », avec un rebond des surfaces prises à bail et une forte appétence pour les retail parks et les retail warehouses.

Reprise graduelle, mais sélective

En 2024, le take‑up de surfaces commerciales a atteint près de 200 000 m² au premier semestre, avec une progression de 12 % sur les trois premiers trimestres 2025 à 341 000 m². Les taux de vacance restent bas à l’échelle nationale et continuent de baisser dans plusieurs segments. Les loyers prime se maintiennent, voire progressent sur certains emplacements clés :

Segment retailLoyer prime (€ / m² / an)Évolution récente
Meir (Anvers – high street)1 700stable
Rue Neuve (Bruxelles – high street)1 650stable
Retail warehousing Anvers/Bruxelles185+6 à 9 %
Centres commerciaux prime (Wijnegem, Woluwe)1 275–1 300+2 à 6 %

Les investissements se concentrent très nettement sur le retail warehousing, qui représente plus de 80 % des volumes en 2025, avec une croissance de 81 % en un an. Les centres commerciaux, eux, reviennent sur le devant de la scène de manière opportuniste, portés par des opérations spectaculaires comme la reconversion d’anciens hypermarchés Cora par Mitiska et l’arrivée de nouvelles enseignes (Lululemon, Medi‑Market, groupes de mode, etc.).

En revanche, l’investissement dans les high streets reste plus timide, les investisseurs opérant une sélection extrême des rues et des numéros, et intégrant le risque structurel lié à la montée du digital.

Pourquoi les retail parks plaisent aux investisseurs

Plusieurs caractéristiques rendent les retail parks belges particulièrement attractifs :

parkings abondants, accès routiers faciles, loyers au m² inférieurs aux centres‑villes ;

– mix privilégiant l’alimentaire, les enseignes de bricolage, équipement de la maison et discount, moins sensibles aux ventes en ligne ;

– coûts d’exploitation plus faibles et CAPEX de reconfiguration maîtrisés, facilitant l’adaptation de l’offre ;

résistance prouvée durant la crise sanitaire, avec un taux de vacance resté limité.

Les rendements prime du retail (hors high street très prime) tournent autour de 4,7 % pour les meilleurs actifs, mais peuvent être nettement plus élevés sur des parcs secondaires offrant un potentiel de repositionnement.

Residential « living », santé, student housing : la montée des actifs opérationnels

Le segment « living » au sens large est devenu le deuxième choix des investisseurs derrière la logistique dans les sondages JLL/UPSI‑BVS. La combinaison de la croissance démographique, de la pénurie locative dans les grandes villes, du vieillissement de la population et de la demande de logements étudiants crée un socle de demande robuste.

Pour 2025, les capitaux prévus à l’investissement en logement collectif (multifamily) en Belgique sont estimés à 460 millions d’euros, avec des rendements attendus pouvant descendre à 4,5 % pour les investisseurs les plus agressifs. But : sécuriser des flux locatifs stables et indexés dans un environnement de taux réels bas.

Les SIR spécialisées illustrent ces tendances :

Société / SIRSpécialisationValeur de portefeuille (≈ fin 2023)
AedificaImmobilier de santé (maisons de repos, soins)5,85 Md€ pour 617 sites
Care Property InvestImmobilier de santé uniquement1,25 Md€
CofinimmoSanté (≈75 %) + bureaux6,2 Md€
Home Invest BelgiumRésidentiel locatif (Bruxelles, Flandre, Wallonie, NL)704,9 M€
XiorLogement étudiant dans plusieurs pays européens3,22 Md€

Ces acteurs bénéficient souvent de régimes fiscaux avantageux sur les dividendes (taux de précompte réduit à 15 % pour certains actifs de santé) et d’une demande très peu cyclique. Les niches comme le logement étudiant ou les résidences services seniors affichent par ailleurs des taux d’occupation élevés et une capacité à indexer les loyers.

Pour un investisseur, il est possible de se positionner : sur des actions, sur des obligations, dans l’immobilier, dans des fonds d’investissement, dans des matières premières, ou dans des cryptomonnaies.

– soit via ces SIR spécialisées, pour une exposition diversifiée et liquide ;

– soit via des acquisitions directes (immeubles résidentiels à Bruxelles, Anvers, Gand, Louvain, Liège, Charleroi) en profitant d’une pression locative très forte, en particulier sur les produits rénovés et efficaces énergétiquement.

L’angle fiscal, réglementaire et financier : atout majeur mais complexe

Au‑delà du choix sectoriel, l’attractivité de l’immobilier commercial Belgique se joue aussi sur trois plans : fiscalité, incitants publics et conditions de financement.

Un régime fiscal compétitif mais technique

En matière d’impôt des sociétés, le taux standard est de 25 %, avec un taux réduit à 20 % sur les premiers 100 000 € de bénéfice pour les PME. Mais nombre de véhicules immobiliers bénéficient de régimes dérogatoires (SIR, SREIF, etc.) qui neutralisent l’impôt sur les revenus immobiliers et les plus‑values, au prix de contraintes de distribution et de levier.

Pour l’investisseur actionnaire :

– les dividendes de SIR publiques sont en principe soumis à un précompte de 21 % (25 % pour les SIR institutionnelles), avec des réductions possibles (0 % si la SIR investit plus de 60 % dans le résidentiel belge d’habitation privée) et des exonérations en vertu de la directive mère‑fille pour les actionnaires européens éligibles ;

– les plus‑values mobilières réalisées par un particulier résident sont en général exonérées si elles relèvent de la gestion normale de patrimoine et ne sont pas spéculatives ;

– pour un actionnaire société belge, la déduction RDT (95 %) peut s’appliquer, voire l’exonération complète des plus‑values sur actions remplies les critères de participation.

Sur les acquisitions d’actifs en direct, les droits d’enregistrement restent conséquents (souvent 10–12,5 %, voire 10,4 % sur certains actifs commerciaux), même si la Flandre a introduit un taux réduit de 3 % pour l’habitation propre et des abattements. Pour l’immobilier commercial, il faut tenir compte également de la TVA (21 % sur le neuf, avec possibilité de régime TVA sur la location pour certains immeubles de bureaux ou logistiques).

Droits d’enregistrement et TVA sur les acquisitions immobilières

Les régimes d’investissement thématiques fédéraux apportent un surcroît d’attrait pour les projets durables : déductions majorées pour les investissements en efficacité énergétique, renouvelables, mobilité bas carbone, digitalisation. À partir de 2025, une déduction thématique de 30 % est introduite pour certains investissements verts et digitaux, cumulable avec le report indéfini des fractions non utilisées.

Les régions (Flandre, Wallonie, Bruxelles‑Capitale) complètent cet arsenal par des primes directes (rénovation énergétique, écologie industrielle, décarbonation, renolution bruxelloise), des réductions de précompte immobilier pour les bâtiments performants, et des abattements ciblés sur les équipements.

Une finance immobilière en phase d’assouplissement

Après la phase de tension 2022–2023, le marché du crédit immobilier commercial retrouve des eaux plus calmes. Les taux des swaps 5 ans se stabilisent autour de 2,1 %, l’ECB a abaissé ses taux à plusieurs reprises et les marges bancaires ont commencé à se contracter.

Les grandes tendances observées :

Bon à savoir :

Les banques sont très actives, notamment sur le résidentiel et la logistique. Pour les actifs prime bien notés ESG, les marges sont d’environ 120–130 points de base pour le résidentiel, 130 bps pour la logistique et 150–170 bps pour les bureaux. Les ratios LTV (Loan to Value) restent prudents, souvent ≤ 55% pour les banques, mais certains prêteurs alternatifs peuvent monter à 70–80%. Enfin, les banques ont adapté leurs critères face aux difficultés de refinancement, privilégiant des solutions sur mesure plutôt que des ventes forcées, ce qui a évité les ventes sous contrainte.

L’entrée en vigueur de Bâle 4 en 2025 pousse cependant les banques à utiliser davantage de modèles standardisés de risque et à se baser sur des valeurs prudentielles, ce qui pourrait renchérir le coût du capital pour certains projets, au bénéfice des fonds de dette et assureurs, plus flexibles.

Pour les investisseurs, le marché offre par ailleurs une gamme complète de produits :

crédits d’investissement classiques (jusqu’à 20 ans) ;

leasing immobilier (notamment via KBC) ;

crédits relais et financements bridge via des acteurs spécialisés (Fiduciam, Swishfund) ;

partenariats en joint‑venture, dette structurée via les départements Debt & Structured Finance des grandes maisons de conseil.

La lame de fond ESG : du label « vert » au risque « brun »

Impossible d’analyser l’immobilier commercial Belgique sans évoquer la révolution ESG. Les réglementations européennes (directive performance énergétique des bâtiments, paquet Fit for 55) imposent une montée en gamme massive du parc bâti, responsable d’environ 40 % de la consommation d’énergie et de 36 % des émissions de CO₂. Les autorités régionales fixent des obligations de rénovation, des minima de performance, et les grands utilisateurs corporates se dotent de trajectoires Net Zero ambitieuses.

Certifications et performance : plus qu’un bonus marketing

En Belgique, la certification dominante est BREEAM, mais on voit aussi se multiplier les labels LEED, WELL, DGNB, HQE, voire NABERS pour la performance opérationnelle. Les études internationales convergent :

6-8

Selon la littérature académique, les bâtiments certifiés « verts » bénéficient d’un surcroît de loyer de 6 à 8 % par rapport aux bâtiments non certifiés.

À mesure que les certifications se généralisent, la « prime verte » tend à s’estomper pour laisser place à une « décote brune » : l’enjeu devient de ne pas se retrouver dans le quartile des actifs obsolètes, énergivores, exposés à des risques de vacance prolongée et de CAPEX explosifs.

Dans ce contexte, la Belgique a développé ses propres outils, complémentaires aux standards internationaux :

TOTEM, qui mesure l’impact environnemental des matériaux de construction ;

– la méthode GRO, guide de durabilité flamand pour projets de construction et d’urbanisme ;

– le référentiel Ref‑B, cadre national pour évaluer et certifier des bureaux et logements durables.

Pour l’investisseur, ces instruments permettent de calibrer la stratégie de rénovation et de communiquer avec les locataires et les prêteurs, de plus en plus attentifs aux trajectoires de décarbonation.

Du bureau au dépôt : l’ESG partout

La dimension ESG traverse désormais tous les segments de l’immobilier commercial Belgique :

Exigences environnementales par secteur immobilier

Panorama des principales tendances et mesures durables impactant différents segments du marché immobilier, de la logistique au résidentiel spécifique.

Logistique

Montée des entrepôts certifiés, avec des objectifs de 50% « green‑certified » d’ici 2029. Déploiement de toitures photovoltaïques, d’éclairage LED et de flottes de livraison électrique ou GNV.

Bureaux

Demande croissante pour des immeubles « Net Zero ready ». Pénurie relative d’actifs alignés sur les trajectoires CRREM, pouvant entraîner une pression haussière sur les loyers et valeurs des meilleurs produits.

Commerce (Retail)

Exigences accrues en matière de confort, de qualité de l’air et d’efficacité énergétique. Primes régionales pour rénovations et intérêt croissant pour les bâtiments à énergie quasi neutre (NZEB).

Santé & Résidences Services

Importance accrue de la qualité de l’enveloppe du bâtiment, de la gestion de l’eau, de la qualité de l’air intérieur et de l’accès à la mobilité douce pour les résidents et patients.

Résidences Étudiantes

Priorité donnée à la performance énergétique de l’enveloppe, à la qualité de l’air intérieur, à une gestion durable de l’eau et à la promotion de la mobilité douce auprès des résidents.

Les bailleurs qui anticipent ces évolutions en intégrant les rénovations énergétiques dans leurs business plans captent non seulement des économies de charges, mais aussi un accès plus aisé au financement et à des locataires de meilleure qualité.

Comment se positionner concrètement sur l’immobilier commercial Belgique ?

La diversité des véhicules et des segments impose de clarifier sa stratégie. Les principaux axes de choix portent sur le degré d’implication opérationnelle, l’horizon d’investissement, l’appétence au risque et la taille de ticket.

Investissement coté : SIR et REIT belges

Pour un investisseur qui souhaite une exposition diversifiée, liquide et fiscalement optimisée, la bourse de Bruxelles offre un panel complet de SIR :

logistique (WDP, Montea) ;

bureaux et santé (Cofinimmo) ;

santé pure (Aedifica, Care Property Invest) ;

résidentiel locatif (Home Invest Belgium) ;

retail (Retail Estates, Wereldhave Belgium, Vastned Belgium, Ascencio, Qrf) ;

logement étudiant (Xior) ;

petites capitalisations mixtes (Immo Moury).

4 à 6

Rendement brut historique des dividendes versés par ces sociétés, servant de référence face au taux des OLO 10 ans (environ 3 %).

Actifs en direct : entre core et value‑add

Pour l’investisseur plus entrepreneurial, plusieurs stratégies sont envisageables :

core / core+ : acquisition d’immeubles de bureaux ou logistiques récents, bien loués, ou de retail parks bien ancrés, offrant un rendement net initial modéré mais stable ;

value‑add : achat d’actifs secondaires (bureaux B/C, retail secondaire, actifs logistiques obsolètes) pour les repositionner : rénovation lourde, reconfiguration, changement d’usage, amélioration énergétique, obtention de certifications ;

opportuniste : développement de projets neufs ou conversions lourdes (bureaux en résidentiel, friches urbaines en mixte) dans des zones de renouvellement (canal de Bruxelles, quartiers en reconversion à Charleroi, Liège, Louvain).

Bon à savoir :

Les marchés immobiliers des régions secondaires belges présentent des prix d’entrée 20 à 30 % inférieurs à ceux de Bruxelles. Ces zones offrent un potentiel de plus-value intéressant, particulièrement dans les villes universitaires et technologiques comme Louvain et Gand, ainsi que dans les villes en cours de régénération, telles que Charleroi et la zone du canal.

Indicateurs à surveiller avant d’investir

Les études de marché mettent en avant plusieurs indicateurs de sélection pour les REIT et les actifs physiques :

niveau de prime/décote par rapport à la NAV ;

rendement net de dividende ou de loyer, et taux de distribution ;

– ratio d’endettement (45–50 % étant souvent vu comme un compromis acceptable) ;

– qualité et localisation du portefeuille ;

– sensibilité aux taux d’intérêt et capacité à refinancer ;

– degré d’alignement ESG (étiquette énergétique, certifications, trajectoire de décarbonation).

Dans le contexte actuel, où les taux semblent avoir atteint un plateau et où la BCE alimente des perspectives de baisse graduelle, les actifs à revenu long terme indexé reprennent des couleurs, en particulier lorsqu’ils sont couplés à une bonne histoire ESG.

Un marché stable mais pas sans risques

L’immobilier commercial Belgique n’est pas exempt de risques. Les investisseurs interrogés citent en tête : risque de récession, retour de l’inflation, instabilité politique, choc macroéconomique global (par exemple via la remise en cause du commerce international ou l’introduction de droits de douane élevés par de grands partenaires).

D’autres risques spécifiques concernent :

Attention :

L’investissement immobilier est confronté à plusieurs défis majeurs : la mutation structurelle du bureau et la hausse des taux de vacance dans certaines zones ; la pression réglementaire environnementale, qui peut rendre certains actifs non conformes sans investissements lourds ; la complexité fiscale et réglementaire d’un pays fédéral, où les règles varient selon les régions (droits d’enregistrement, primes, permis, taxation) ; et la sensibilité aux taux d’intérêt, qui influence à la fois la valeur des actifs et le coût de la dette.

Ces risques sont toutefois contrebalancés par plusieurs éléments :

– la profondeur d’un système bancaire solide, désormais plus prudent mais toujours actif ;

– un marché de capitaux développé (SIR cotées, fonds spécialisés, investisseurs institutionnels) capable de recycler les actifs ;

– une demande locative portée par la position géopolitique (UE, OTAN, multinationales, port d’Anvers, hubs logistiques) ;

– un socle de rendements réels encore attractifs en comparaison des obligations publiques.

Conclusion : pourquoi l’immobilier commercial Belgique reste une option sérieuse pour 2025 et au‑delà

Pour un investisseur en quête de revenus récurrents, de diversification géographique et de résilience, l’« immobilier commercial Belgique » offre une combinaison d’atouts peu fréquente :

Bon à savoir :

Le marché immobilier belge est considéré comme un refuge sûr, soutenu par une économie stable et intégrée à l’UE. Il bénéficie d’un cadre juridique et fiscal transparent, avec des véhicules d’investissement spécialisés et des incitations. Des segments dynamiques comme la logistique, le résidentiel géré et la santé sont portés par des tendances structurelles. Le financeur retrouve un équilibre favorable aux stratégies à long terme.

L’enjeu pour l’investisseur n’est plus de savoir s’il faut être exposé à l’immobilier commercial Belgique, mais plutôt comment y être exposé : via quels segments, quels véhicules, avec quel niveau de risque et de valeur ajoutée. Dans un monde où la prime aux actifs réellement durables et adaptés aux nouveaux usages ne fera que croître, le marché belge apparaît comme un terrain d’investissement à la fois robuste et riche en angles d’arbitrage pour qui accepte de travailler finement la sélection des actifs et la stratégie ESG.

Pourquoi il est préférable de me contacter ? Voilà un exemple concret :

Un chef d’entreprise français d’environ 50 ans, avec un patrimoine financier déjà bien structuré en Europe, souhaitait diversifier une partie de son capital dans l’immobilier résidentiel en Belgique pour rechercher du rendement locatif et une exposition à un autre environnement fiscal et réglementaire de la zone euro. Budget alloué : 400 000 à 600 000 euros, sans recours au crédit.

Après analyse de plusieurs marchés (Bruxelles, Anvers, Liège), la stratégie retenue a consisté à cibler un appartement ou un petit immeuble de rapport dans un quartier en développement à Bruxelles ou Anvers, combinant un rendement locatif brut cible de 5 à 6 % (« plus le rendement est grand, plus le risque est important ») et un potentiel de valorisation à moyen terme, avec un ticket global (acquisition + frais de notaire + éventuels travaux) d’environ 500 000 euros. La mission a inclus : sélection du marché et du quartier, mise en relation avec un réseau local (agent immobilier, notaire, comptable-fiscaliste), choix de la structure la plus adaptée (propriété directe ou société de droit belge) et définition d’un plan de diversification dans le temps, permettant d’intégrer cet actif dans une stratégie patrimoniale globale.

Vous recherchez de l'immobilier rentable : contactez-nous pour des offres sur mesure.

Décharge de responsabilité : Les informations fournies sur ce site web sont présentées à titre informatif uniquement et ne constituent en aucun cas des conseils financiers, juridiques ou professionnels. Nous vous encourageons à consulter des experts qualifiés avant de prendre des décisions d'investissement, immobilières ou d'expatriation. Bien que nous nous efforcions de maintenir des informations à jour et précises, nous ne garantissons pas l'exhaustivité, l'exactitude ou l'actualité des contenus proposés. L'investissement et l'expatriation comportant des risques, nous déclinons toute responsabilité pour les pertes ou dommages éventuels découlant de l'utilisation de ce site. Votre utilisation de ce site confirme votre acceptation de ces conditions et votre compréhension des risques associés.

RETROUVEZ-MOI RÉGULIÈREMENT DANS LA PRESSE

Découvrez mes dernières interventions dans la presse écrite, où j'aborde divers sujets.

A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Expert en gestion de patrimoine internationale depuis plus de 20 ans, j’accompagne mes clients dans la diversification stratégique de leur patrimoine à l’étranger, un impératif face à l’instabilité géopolitique et fiscale mondiale. Au-delà de la recherche de revenus et d’optimisation fiscale, ma mission est d’apporter des solutions concrètes, sécurisées et personnalisées. Je conseille également sur la création de sociétés à l’étranger pour renforcer l’activité professionnelle et réduire la fiscalité globale. L’expatriation, souvent liée à ces enjeux patrimoniaux et entrepreneuriaux, fait partie intégrante de mon accompagnement sur mesure.

Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux :
  • LinkedIn
  • Twitter
  • YouTube
Nos guides :