Acheter un bien en Belgique en tant qu’étranger n’a rien d’un parcours du combattant… à condition de connaître les règles du jeu. Le pays n’impose quasiment aucune restriction aux non‑résidents, le marché est relativement stable, et le cadre juridique protège bien les acheteurs. En revanche, les exigences bancaires sont nettement plus strictes pour les étrangers et les coûts annexes sont souvent sous‑estimés.
Ce guide explique le processus étape par étape, incluant les règles spécifiques, les taxes applicables, les pratiques bancaires et les principaux pièges à éviter pour les non-résidents.
Un marché ouvert… mais exigeant pour les non‑résidents
La première bonne nouvelle pour un investisseur étranger est simple : un non‑Belge dispose des mêmes droits de propriété qu’un citoyen belge. Il peut acheter un appartement, une maison, un immeuble de rapport, des bureaux ou un terrain, sans limite de nombre, de valeur ou de localisation, et sans avoir à obtenir d’autorisation spécifique liée à sa nationalité ou à son statut de résident.
La Belgique se distingue ainsi d’autres pays européens qui imposent des quotas, des autorisations préalables ou des programmes spéciaux pour les non‑résidents. Ici, il n’existe ni minimum d’investissement, ni régime fiscal spécifique pour les étrangers. L’égalité de traitement est la règle : mêmes procédures, mêmes taxes, mêmes protections.
En toile de fond, le marché belge se caractérise par : développement économique, diversité culturelle, présence de nombreuses entreprises internationales, infrastructure de transport développée, et transformation numérique croissante.
– une forte culture de la propriété (environ 71,3 % des habitants sont propriétaires, au‑dessus de la moyenne de l’UE) ;
– une économie stable, membre fondatrice de l’Union européenne et de l’OTAN, avec un crédit souverain AA ;
– une croissance des prix régulière mais sans bulles spectaculaires : un appartement de 100 m² qui valait 247 000 € il y a cinq ans se vend en moyenne 305 000 € aujourd’hui ;
– une demande locative solide dans les grandes villes, alimentée par les institutions européennes, les universités et les grands employeurs.
En 2019, le prix moyen d’une maison dans la Région de Bruxelles-Capitale était d’environ 425 000 €.
Les grandes villes à la loupe
Pour un étranger, l’une des premières questions est souvent : où investir ? Les données de prix au mètre carré et de rendement brut offrent quelques repères utiles.
| Ville / Région | Prix moyen appartement (€/m²) | Rendement locatif brut approximatif |
|---|---|---|
| Bruxelles | ≈ 3 520 | 3,5 % à 4,5 % |
| Anvers | ≈ 2 934 | 4 % à 5 % |
| Gand | 2 920 à 2 950 | 4,5 % à 5,2 % |
| Liège | ≈ 2 426 | 5 % à 6 % |
| Bruges | ≈ 2 991 | 3,8 % à 4,2 % |
| Flandre (moyenne) | 277 775 (prix appart moyen, non au m²) | Rendements moyens ≈ 4 % |
| Wallonie (moyenne) | 203 535 (prix appart moyen) | Souvent > 4,5 % |
Dans les quartiers prisés de Bruxelles comme le Quartier européen, Ixelles ou Saint‑Gilles, les rendements tournent autour de 4 % avec une demande soutenue de la part des fonctionnaires européens, diplomates et cadres expatriés. À Gand ou Leuven, la masse d’étudiants (plus de 65 000 rien qu’à Gand, plus de 64 000 à Leuven) tire fortement la demande locative, souvent avec des rendements bruts supérieurs à 4,5 %. Liège ou Charleroi, plus abordables, offrent parfois 5 à 6 % de rendement brut, au prix d’un risque légèrement plus élevé ou de perspectives de valorisation plus incertaines.
Droits de propriété, résidence et visas : ce que permet (et ne permet pas) l’achat
Acheter un logement ou un immeuble en Belgique ne donne pas droit à un titre de séjour. Il n’existe pas de « Golden Visa » ou de programme de résidence contre investissement immobilier. Le bien acheté n’ouvre ni raccourci vers la citoyenneté, ni droit automatique de résidence.
En pratique :
Un citoyen de l’UE doit s’enregistrer à la commune pour un séjour de plus de trois mois. Un non-UE doit obtenir un visa de long séjour (type D) avant d’entrer, pour des motifs comme le travail ou les études. Après 3 à 5 ans de séjour légal, la résidence permanente peut être demandée. Après 5 ans de résidence légale, la naturalisation est possible sous conditions (langue, intégration, participation à la vie économique ou sociale).
La propriété immobilière reste néanmoins un atout indirect : elle démontre une installation durable, une stabilité financière et des attaches locales, autant d’éléments appréciés dans un dossier de séjour.
Budget global : combien prévoir réellement pour acheter en Belgique ?
L’un des pièges les plus fréquents pour les étrangers est de ne budgéter que le prix d’achat, en oubliant les taxes et frais annexes. Or, en Belgique, l’addition est salée : il faut prévoir globalement 15 à 25 % de plus que le prix du bien, en particulier pour les non‑résidents, qui doivent souvent mobiliser davantage de fonds propres.
Les études convergent vers un besoin de cash initial représentant entre 25 % et 30 % du prix, l’extrémité haute (30 %) étant la norme pour un étranger financé par une banque belge. Cette enveloppe inclut :
Lors du financement d’un achat immobilier, il est crucial de budgéter, en plus de l’apport personnel (généralement 10 à 30 % du prix), plusieurs autres frais : les droits d’enregistrement ou la TVA pour le neuf, les frais de notaire et administratifs, les éventuels frais d’hypothèque (taxe, acte de crédit), ainsi qu’une marge de sécurité de 2 à 3 % pour les imprévus.
Illustration chiffrée : achat d’un bien existant à 300 000 € en Flandre
Les chiffres varient selon la région et le régime (première résidence, investissement, ancien ou neuf), mais un exemple type permet de se situer.
| Poste de coût | Hypothèse indicative | Montant approximatif |
|---|---|---|
| Prix d’achat | Maison existante en Flandre | 300 000 € |
| Apport / acompte (20 %) | Financement à 80 % par la banque | 60 000 € |
| Droits d’enregistrement | Taux réduit possible (par ex. 2 à 3 % si première résidence) – pour l’exemple : 2 % | 6 000 € |
| Honoraires de notaire (env. 1,6 %) | Barème dégressif moyen | 4 800 € |
| Frais administratifs divers | Recherches, registres, publications, certificats | 1 000 à 1 500 € |
| Taxe hypothécaire (0,3 % du prêt) | Sur 240 000 € de crédit | ≈ 720 € |
| Frais de dossier bancaire | 300 à 500 € | ≈ 400 € |
| Expertise / évaluation | Visite obligatoire par l’expert de la banque | 200 à 600 € |
Dans un cas de figure similaire, un acheteur étranger doit donc immobiliser autour de 75 000 à 80 000 € de liquidités pour un bien à 300 000 €, sans compter d’éventuels travaux ou ameublement.
Droits d’enregistrement, TVA et frais de notaire : un système régionalisé
La Belgique est un État fédéral : les droits d’enregistrement (taxe de transfert immobilière) varient selon les trois Régions – Flandre, Wallonie et Bruxelles‑Capitale – et selon la destination du bien (résidence principale ou investissement).
Les grandes lignes des droits d’enregistrement
Pour une résidence principale, les Régions ont progressivement réduit les droits afin de compenser la disparition des anciens avantages fiscaux sur les intérêts d’emprunt.
| Région | Résidence principale (1er/unique logement) | Autres biens (investissement, 2e résidence, etc.) |
|---|---|---|
| Flandre | Taux réduit autour de 2 % à 3 % (réformes 2025) | ≈ 12 % |
| Wallonie | ≈ 3 % sur première habitation, avec abattement partiel sur une tranche du prix | ≈ 12,5 % |
| Bruxelles‑Capitale | Taux standard 12,5 %, avec abattement sur les premiers 175 000 à 200 000 € sous conditions | 12,5 % |
Pour un étranger qui n’occupe pas lui‑même le bien comme résidence principale (usage locatif, pied‑à‑terre occasionnel, investissement pur), c’est en principe le tarif « investissement » qui s’applique, soit 12 à 12,5 % dans la plupart des cas.
TVA sur les constructions neuves
Pour les biens neufs (bâtiments de moins de deux ans ou assimilés), le régime est différent :
– le bâtiment est soumis à une TVA de 21 % ;
– le terrain reste soumis aux droits d’enregistrement régionaux.
Le montage financier d’un projet neuf augmente significativement son coût d’acquisition comparé à un bien existant. Cependant, cet investissement plus important s’accompagne généralement d’une garantie décennale sur la construction pour l’acheteur.
Les honoraires de notaire
Les frais de notaire sont strictement encadrés par la loi. Ils suivent un barème dégressif en fonction de la valeur du bien : le pourcentage appliqué diminue à mesure que le prix grimpe. Dans la pratique, la plupart des transactions se situent autour de 1 à 1,6 % du prix pour la partie « honoraires », auxquels s’ajoutent :
– la TVA (21 %) sur ces honoraires ;
– des frais administratifs fixes (800 à 1 500 €) pour les recherches, extraits cadastraux, inscriptions, publications, etc. ;
– les taxes de transcription et droits fixes sur les actes.
Les frais de notaire sont fixés par un barème officiel et ne sont pas négociables. Changer de notaire ne permet pas de réduire ces coûts. Il est donc conseillé de privilégier un notaire expérimenté, notamment avec une clientèle internationale, pour la qualité de son accompagnement.
Financement : comment les banques belges traitent les étrangers
Si le droit de propriété est totalement ouvert, le crédit immobilier l’est beaucoup moins. Les banques belges exigent en général :
– un apport plus important dès qu’il s’agit d’un non‑résident ;
– une documentation financière complète, parfois traduite et légalisée ;
– un niveau de revenus et une stabilité professionnelle démontrés.
Les grands acteurs mentionnés comme actifs auprès des étrangers sont notamment BNP Paribas Fortis, KBC Bank, ING Belgium, Belfius, Crelan, parfois complétés par des assureurs et quelques banques internationales pour les patrimoines élevés.
Apport minimum et ratios de financement
Les recherches détaillent des politiques différenciées selon le profil du demandeur.
| Profil de l’acheteur | Ratio prêt/valeur (LTV) typique | Apport minimum demandé |
|---|---|---|
| Résident belge | 80 % à 90 % | 10 % à 20 % |
| Résident UE | 80 % à 85 % | 15 % à 20 % |
| Non‑résident UE | 70 % à 80 % | 20 % à 30 % |
| Non‑UE (non‑résident) | 60 % à 75 % | 25 % à 40 % |
| Investissement locatif (tous profils) | 60 % à 70 % | 30 % à 40 % |
Il n’existe aucun plafond légal de LTV, mais dans les faits, les financements à 100 % ont quasiment disparu. Les banques limitent généralement l’ensemble des mensualités (crédit immobilier inclus) à 35‑40 % des revenus nets.
Les étrangers doivent souvent présenter :
Pour constituer un dossier de prêt complet, les emprunteurs doivent fournir plusieurs documents justificatifs. Ces pièces permettent d’évaluer la situation financière et la solvabilité.
Fiches de paie ou bilan d’entreprise sur 3 ans pour les travailleurs indépendants.
Contrats dont la durée couvre plusieurs années au‑delà de la fin prévue du prêt.
Relevés bancaires détaillés pour analyser les flux financiers.
Attestations de crédit et rapports de solvabilité du pays d’origine.
Preuves documentées de l’origine des fonds propres pour la lutte anti‑blanchiment.
Les documents étrangers sont fréquemment exigés avec traduction assermentée et apostille, ce qui allonge les délais.
Taux d’intérêt et types de prêts
En 2023, le taux moyen des crédits hypothécaires en Belgique tournait autour de 3,6 %, inférieur à la moyenne européenne de 4,7 %. En 2025, les données disponibles indiquent :
Aperçu des conditions générales de financement pour l’acquisition immobilière, incluant les fourchettes de taux, les durées et les spécificités pour les profils d’emprunteurs.
Les taux d’intérêt varient généralement entre **2,5 % et 5,5 %**. Cette fourchette dépend principalement de la durée du prêt, du profil de l’emprunteur et du type de prêt souscrit.
Pour les dossiers d’emprunteurs considérés comme solides (apport stable, revenus réguliers), les offres se situent le plus souvent **entre 3,2 % et 4,5 %**.
La grande majorité des prêts immobiliers sont conclus à **taux fixe**. Les durées de remboursement s’étendent généralement de 10 à 25 ans, avec une possibilité d’étendre jusqu’à 30 ans dans certains cas.
Les emprunteurs non-résidents en France font souvent l’objet d’une **sur‑prime de 0,2 à 0,5 point** de pourcentage, ajoutée au taux de base négocié.
Les produits proposés se déclinent principalement en :
– taux fixe sur toute la durée ;
– taux variable (révision périodique indexée) ;
– taux mixte, combinant périodes fixes et variables.
Certaines banques offrent des « green mortgages » avec taux préférentiels pour les bâtiments très performants énergétiquement (labels A ou B). La Région de Bruxelles‑Capitale propose également des prêts verts à taux zéro ou réduit pour financer des rénovations énergétiques.
Frais liés à l’hypothèque
Au coût du crédit lui‑même s’ajoutent plusieurs postes :
– frais de dossier bancaire : 300 à 500 € ;
– évaluation / expertise du bien : 250 à 600 € ;
– taxe hypothécaire : 0,3 % du montant du prêt ;
– acte de crédit chez le notaire, avec barème distinct de celui de l’acte d’achat.
Certains établissements recourent à des montages de « mandat hypothécaire » pour limiter les droits de registre, mais ils exigent en contrepartie plus de garanties personnelles.
Étapes juridiques : de l’offre à la remise des clés
Pour un étranger, il est crucial de bien comprendre la chronologie d’une transaction belge, d’autant plus que de nombreuses démarches peuvent se faire à distance via procuration.
1. Définir son budget et se faire pré‑approuver
Avant même de visiter des biens, il est recommandé de :
– obtenir un numéro d’identification fiscale belge (numéro BIS ou BCE/BTW) ;
– consulter une ou plusieurs banques, voire un courtier spécialisé dans les dossiers internationaux ;
– demander une pré‑approbation de prêt si un financement est envisagé.
Cette préparation renforce considérablement la crédibilité de votre offre auprès des vendeurs et réduit le risque d’échec de financement après signature.
2. Chercher un bien et analyser sa situation
La recherche passe beaucoup par les portails en ligne (Immoweb, Logic‑Immo, Zimmo, Immovlan, Immoscoop, Biddit), par les agences locales ou par des chasseurs immobiliers. Lors des visites, il est central de s’intéresser non seulement au bien, mais aussi :
– à l’état général et aux éventuels travaux de mise aux normes (électricité, isolation, chauffage) ;
– au certificat de performance énergétique (EPC) ;
– aux risques environnementaux (zone inondable, pollution des sols, présence d’amiante, cuve à mazout) ;
– aux règles d’urbanisme et à la destination autorisée (résidentiel, mixte, commerce) ;
– au règlement de copropriété et aux charges communes si l’on achète un appartement.
3. Formuler une offre… vraiment engageante
En Belgique, l’offre d’achat, même envoyée par e‑mail ou signée sur un formulaire d’agence, est juridiquement contraignante dès qu’elle est acceptée par le vendeur. Se rétracter sans motif prévu peut entraîner des dommages et intérêts, souvent proches de 10 % du prix. Dans un marché encore tendu, il reste courant de proposer une offre en dessous du prix affiché – typiquement 5 à 10 % de moins – mais cela se discute au cas par cas.
Un réflexe essentiel pour un acquéreur étranger est d’insérer une clause suspensive d’obtention de crédit dans le compromis de vente. Cette clause doit préciser un délai, par exemple de 4 à 6 semaines, pour présenter une attestation bancaire. Sans cette protection, en cas de refus de prêt, l’acheteur reste en principe redevable de la pénalité prévue au contrat.
4. Signer le compromis de vente / koopovereenkomst
Une fois l’offre acceptée, les parties signent un avant‑contrat appelé « compromis de vente » (en français) ou « koopovereenkomst » (en néerlandais). Il contient :
– la description détaillée du bien et des annexes (cave, parking, jardin, etc.) ;
– le prix convenu et les modalités de paiement ;
– la date cible de signature de l’acte authentique chez le notaire ;
– les conditions suspensives (obtention de crédit, exercice éventuel d’un droit de préemption, absence de servitudes particulières, etc.) ;
– la mention d’un acompte de 10 % du prix, généralement versé sur le compte tiers du notaire.
La loi prévoit souvent un délai de réflexion (cooling-off) d’environ une semaine. Durant cette période, l’acheteur peut se rétracter sans pénalité, selon les cas.
5. Acompte, séquestre et contrôles du notaire
L’acompte de 10 % ne va pas directement sur le compte du vendeur : il est déposé chez le notaire, qui agit comme tiers séquestre. Pendant ce temps, le notaire entreprend une série de vérifications :
– consultation des registres hypothécaires pour vérifier le titre de propriété et l’absence de dettes ou d’hypothèques non apurées ;
– vérification de l’urbanisme : conformité des constructions aux permis délivrés, absence d’infractions majeures ;
– contrôle des certificats obligatoires (EPC, électricité, sol, amiante, cuve à mazout, conformité de l’installation de gaz, etc.) ;
– consultation du cadastre pour confirmer la superficie, la description officielle et le revenu cadastral ;
– examen de la situation locative (baux en cours, droits éventuels de préemption de locataires ou d’autorités publiques).
La liste des documents à produire par le vendeur est particulièrement fournie.
| Principal document exigé du vendeur | Rôle dans la transaction |
|---|---|
| Titre de propriété / acte antérieur | Prouver la propriété et retracer l’historique du bien |
| Certificat EPC | Informer sur la performance énergétique |
| Certificat électrique | Vérifier la conformité de l’installation > 25 ans |
| Attestation de sol (selon la Région) | Détecter pollutions éventuelles, obligations de dépollution |
| Certificat amiante (bâtiments anciens) | Détection et gestion d’éventuels matériaux dangereux |
| Informations urbanistiques | Confirmer l’usage autorisé, l’absence d’infraction majeure |
| Plan cadastral et extrait | Délimiter précisément le bien et ses dépendances |
| Documents de copropriété (appartements) | Règlement, actes de base, PV d’AG, fonds de réserve |
| Preuve de paiement du précompte immobilier | S’assurer de l’état des taxes locales |
Le notaire centralise ensuite toutes les informations nécessaires à la rédaction de l’acte authentique.
6. Finaliser le financement
En parallèle, l’acheteur doit transformer sa pré‑approbation de crédit en offre ferme, soumise à l’analyse définitive de la banque. Le processus d’octroi d’un emprunt à un étranger dure en moyenne 4 à 8 semaines, voire jusqu’à 10 semaines pour les dossiers complexes (par exemple les ressortissants américains soumis aux contraintes FATCA).
Une fois l’offre de prêt acceptée par l’emprunteur, le notaire organise la signature. Il fixe la date pour signer l’acte de crédit, généralement en même temps que l’acte d’achat du bien immobilier ou à une date très proche de celle-ci, afin de coordonner les deux étapes juridiques.
7. Signature de l’acte authentique et enregistrement
La vente ne devient opposable aux tiers et pleinement effective qu’au moment de la signature de l’acte notarié. Cette étape se déroule :
– en présence de l’acheteur et du vendeur, ou de leurs représentants munis d’une procuration notariée (solution fréquemment utilisée par les étrangers) ;
– au cabinet du notaire, dans la langue de la région (français ou néerlandais), éventuellement avec traducteur.
Le jour de l’acte :
– la banque verse le montant du crédit sur le compte du notaire ;
– l’acheteur complète avec ses fonds propres par virement (les paiements au‑delà de 3 000 € doivent obligatoirement transiter par voie bancaire) ;
– le notaire règle le vendeur, les droits d’enregistrement et autres taxes, puis facture ses frais.
Il dispose ensuite d’un délai (en principe quatre mois à compter du compromis) pour faire enregistrer l’acte au bureau de la Sécurité juridique (anciennement bureau des hypothèques) et assurer la transcription aux registres. À l’issue de cette étape, l’étranger devient officiellement propriétaire, avec un droit inscrit et public.
Coûts récurrents et fiscalité du propriétaire étranger
Une fois propriétaire, l’investisseur étranger doit s’acquitter de plusieurs charges annuelles et comprendre le traitement fiscal de son bien en Belgique.
Précompte immobilier et autres coûts annuels
Le principal poste de dépense est le précompte immobilier (onroerende voorheffing). Il s’agit d’un impôt local calculé sur le revenu cadastral, c’est‑à‑dire une estimation administrative de la valeur locative nette du bien, basée sur des références anciennes (1975) mais régulièrement indexées.
Dans la pratique, l’impôt annuel représente environ 1,5 à 2,5 % de la valeur économique du bien, tous suppléments régionaux et communaux compris. Pour un appartement, la facture type tourne souvent autour de 500 à 1 200 € par an, selon la localisation.
S’y ajoutent :
C’est le coût annuel en euros des assurances bâtiment pour un propriétaire.
Imposition des loyers
Pour un non‑résident qui loue son bien belge, l’imposition se fait en Belgique. La logique est particulière : ce n’est pas le loyer réel qui sert de base, mais le revenu cadastral, indexé puis majoré de 40 %, sur lequel s’appliquent des taux progressifs de 25 % à 50 %, plus les centimes additionnels locaux. Le taux effectif dépend de la situation globale du contribuable.
Lorsque l’acheteur étranger devient à son tour résident fiscal belge, il doit déclarer ses revenus mondiaux, y compris ceux provenant d’éventuels biens détenus à l’étranger. Depuis une réforme imposée par la Cour de justice de l’UE, les biens étrangers se voient aussi attribuer un revenu cadastral belge afin de ne plus les taxer directement sur le loyer de marché, jugé discriminatoire.
Plus‑values immobilières
Pour les particuliers, la Belgique est relativement clémente en matière de plus‑values immobilières :
La fiscalité sur la plus-value immobilière varie selon le type de bien et la durée de détention. La vente de la résidence principale est exonérée si elle a été occupée au moins un an, dont six mois dans l’année précédant la cession. Pour une seconde résidence ou un investissement, une taxe de 16,5% (plus taxes locales) s’applique si la vente a lieu dans les 5 ans suivant l’acquisition, puis l’exonération intervient après cette période. Pour les terrains non bâtis, la taxation est de 33% dans les 5 ans, 16,5% entre 5 et 8 ans, avec une exonération au-delà de 8 ans.
La base imposable est calculée sur la différence entre prix de vente et prix d’achat, avec possibilité de majorer ce dernier d’un forfait pour frais (25 %) et de 5 % par année de détention, ainsi que d’y ajouter les travaux réalisés par des entrepreneurs enregistrés.
Spécificités pour les non‑résidents et risques typiques
Un étranger qui achète en Belgique suit le même processus légal qu’un Belge, mais fait face à des risques ou complications supplémentaires.
Parmi les points d’attention les plus fréquents :
Il est crucial de ne pas sous-estimer les coûts totaux (droits d’enregistrement, TVA, frais de notaire, etc.), de ne pas surestimer ses chances d’obtenir un crédit sans clause suspensive adaptée, d’ignorer la diversité régionale des règles (fiscales, énergétiques), de négliger le contrôle de l’urbanisme (extensions non autorisées) et de signer un compromis sans traduction ni conseil juridique.
Il faut également tenir compte de mécanismes parfois mal connus, comme les droits de préemption de certaines autorités publiques ou de locataires, notamment à Bruxelles. Ceux‑ci peuvent retarder la transaction ou, dans certains cas, obliger à céder le bien en priorité à un tiers légitime.
Bien ancien ou construction neuve : deux logiques de coût et de risque
Pour un étranger, la tentation est grande de se tourner vers un appartement neuf « clé en main », conforme aux dernières normes énergétiques. Mais il faut comparer soigneusement avec un bien existant.
Les recherches montrent que : les résultats sont significatifs et permettent de mieux comprendre le phénomène étudié.
Un bien existant est soumis à des droits d’enregistrement (de 2‑3 % à 12‑12,5 %) et permet une occupation immédiate, mais peut nécessiter d’importants travaux de rénovation. Un bien neuf est soumis à la TVA de 21 % sur la partie construction, ce qui augmente l’investissement initial, mais offre une garantie décennale sur la structure et de meilleures performances énergétiques.
Les projets neufs sont aussi associés à un risque de livraison : paiement par tranches au fur et à mesure du chantier, dépendance au promoteur, incertitude sur les délais. La loi Breyne, spécifique à la Belgique, offre toutefois des garde‑fous aux acheteurs de constructions « sur plan ».
Acheter à distance : procuration, notaire et transferts internationaux
Un avantage important pour un investisseur étranger est la possibilité de mener l’entièreté de l’opération à distance :
Lors d’un achat immobilier en Belgique par un non-résident, plusieurs démarches spécifiques s’appliquent. Les documents clés (offre, compromis, acte authentique) peuvent être signés par un représentant muni d’une procuration authentique établie au pays d’origine, puis apostillée et traduite si nécessaire. Le notaire belge assure la coordination des flux financiers : versement des fonds, rémunération du vendeur et paiement des taxes. Les transferts internationaux (apport personnel et montant du crédit) doivent transiter par des canaux bancaires réglementés. Pour optimiser les coûts, il est conseillé de comparer les services : des plateformes spécialisées (comme Wise) appliquent souvent le taux de change du marché avec des frais transparents, pouvant s’avérer plus compétitives que les banques traditionnelles.
Ce schéma permet à un cadre expatrié ou à un investisseur non‑résident de sécuriser un achat sans jamais prendre l’avion, à condition de bien anticiper les délais de légalisation des procurations et de traduction des documents étrangers.
Louer son bien : réglementations pour les bailleurs étrangers
Un non‑résident peut librement mettre en location son bien belge, qu’il s’agisse d’une location classique de plusieurs années, d’un bail étudiant ou d’une location meublée. Mais il doit :
Pour louer un bien en Belgique, il est impératif de respecter le droit locatif régional, souvent plus protecteur du locataire. Il faut également s’assurer de la conformité énergétique et de sécurité du logement (détecteurs de fumée, certificat EPC, installations aux normes). Enfin, pour les locations de courte durée à caractère touristique, il est essentiel de se conformer aux règles spécifiques et strictes en vigueur, notamment à Bruxelles et dans les villes touristiques.
Les baux sont généralement organisés sur des durées de 3 à 9 ans en Flandre, avec des conditions de résiliation encadrées et un encadrement des indexations annuelles, en particulier pour les logements mal isolés.
Le revenu locatif doit être déclaré en Belgique. Pour un non‑résident, les conventions fiscales internationales prévoient souvent que l’imposition principale du revenu immobilier revient au pays de situation de l’immeuble, évitant une double imposition économique.
Comment limiter les risques : professionnels clés et bonnes pratiques
Pour un étranger, la clé d’un achat réussi en Belgique réside souvent dans l’équipe qu’il s’entoure :
Le notaire, obligatoire et neutre, assure la sécurité juridique et est rémunéré selon un barème légal. Un avocat spécialisé peut le seconder pour des aspects complexes, avec des honoraires horaires libres (150 à 300 €). L’agent immobilier, généralement payé par le vendeur (3 à 5 % du prix), assiste dans la recherche et la négociation. Un courtier en crédit peut faciliter l’obtention d’un prêt, notamment pour les étrangers, en optimisant le dossier auprès des banques.
Par ailleurs, quelques réflexes de prudence s’imposent :
– exiger systématiquement les certificats obligatoires et les analyser avec un professionnel ;
– vérifier les plans, les permis et la conformité urbanistique, particulièrement pour les biens ayant subi des transformations ;
– éviter les paiements en liquide au‑delà des seuils autorisés et refuser tout schéma qui viserait à dissimuler une partie du prix ;
– se méfier des engagements signés trop vite, notamment des offres et compromis sans clauses suspensives de financement.
En résumé : un cadre attractif mais technique pour les étrangers
Le processus d’achat immobilier pour les étrangers en Belgique conjugue ouverture et rigueur. Sur le plan juridique, un non‑résident bénéficie d’un accès presque illimité à la propriété, de la même protection que les Belges grâce au système notarial et d’un marché relativement stable, bien pourvu en acheteurs et locataires.
En contrepartie, il doit composer avec :
L’achat d’un bien immobilier en Belgique implique une fiscalité de transaction lourde, comprenant des droits d’enregistrement ou la TVA. Les non-résidents hors Union Européenne doivent respecter des exigences bancaires strictes, nécessitant un apport personnel de 25 à 40 %. De plus, il faut tenir compte d’une mosaïque de règles régionales distinctes concernant les droits d’enregistrement, l’environnement, la performance énergétique et le droit locatif.
Pour un investisseur étranger prêt à se faire accompagner par des professionnels rompus aux dossiers internationaux, la Belgique offre néanmoins un cocktail rare en Europe : sécurité juridique élevée, marché profond mais sans excès spéculatifs, demande locative solide et rendements bruts souvent compris entre 3,5 % et 6,5 % selon les villes.
Comprendre, en amont, chaque étape – du financement aux taxes de transfert, de la rédaction du compromis à l’enregistrement de l’acte – permet d’aborder ce marché en position de force, et de transformer un projet immobilier à l’étranger en un actif réellement maîtrisé sur le long terme.
Un chef d’entreprise français d’environ 50 ans, avec un patrimoine financier déjà bien structuré en Europe, souhaitait diversifier une partie de son capital dans l’immobilier résidentiel en Belgique pour rechercher du rendement locatif et une exposition à un autre marché européen. Budget alloué : 400 000 à 600 000 euros, sans recours au crédit.
Après analyse de plusieurs marchés (Bruxelles, Anvers, Gand), la stratégie retenue a consisté à cibler un appartement ou une maison de ville dans un quartier dynamique de Bruxelles ou d’Anvers, combinant un rendement locatif brut cible de 5 à 6 % – plus le rendement est grand, plus le risque est important – et un potentiel de valorisation à moyen terme, avec un ticket global (acquisition + frais + rafraîchissement léger) d’environ 500 000 euros. La mission a inclus : sélection précise de la ville et du quartier, mise en relation avec un réseau local (agent immobilier, notaire, conseiller fiscal), choix de la structure la plus adaptée (propriété directe ou via société patrimoniale belge) et définition d’un plan de diversification progressif.
Ce type d’accompagnement permet à l’investisseur de bénéficier des opportunités du marché belge tout en maîtrisant les risques juridiques, fiscaux et locatifs et en intégrant cet actif dans une stratégie patrimoniale globale cohérente.
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