Investir dans l’immobilier dans la ville d’Okinawa : mode d’emploi pour les investisseurs francophones

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

Impossible d’évoquer l’investissement immobilier au Japon sans parler d’Okinawa. Surnommée le « Hawaii du Japon », cette préfecture insulaire attire à la fois touristes, retraités, digital nomads… et désormais de plus en plus d’investisseurs étrangers. La ville de Okinawa et les communes qui l’entourent concentrent une bonne partie de cette dynamique, dans un marché porté par le tourisme, une démographie plus favorable que sur le reste du pays et une flambée des prix du foncier qui dure depuis plus d’une décennie.

Bon à savoir :

Cet article couvre les aspects essentiels pour un investisseur francophone : le cadre légal pour les étrangers, les niveaux de prix et le rendement locatif, les possibilités de financement, les risques climatiques spécifiques, l’impact des grands projets comme le parc JUNGLIA, et les secteurs géographiques à surveiller sur l’île principale.

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Un marché à part dans l’archipel japonais

La préfecture d’Okinawa se compose de l’île principale et d’environ 160 îles satellites, dont Miyako et Ishigaki. La population dépasse 1,4 million d’habitants, avec une concentration forte sur l’île principale et dans l’agglomération autour de la ville de Okinawa et de Naha, la capitale régionale.

16

Les moins de 15 ans représentent plus de 16 % de la population à Okinawa, la préfecture japonaise à la natalité la plus élevée.

L’économie est dominée par les services (près de 80 % du PIB préfectoral) : tourisme, commerce, restauration, construction et activités liées aux bases militaires américaines. L’industrie manufacturière reste marginale. Cette structure économique très tertiarisée rend le territoire sensible aux cycles touristiques, mais crée aussi une forte demande en logements, bureaux, surfaces commerciales et hébergements touristiques.

Sur le plan du cadre de vie, le climat subtropical, avec hivers doux (17–20 °C à Naha) et étés chauds et humides (29–32 °C), l’abondance de plages et de parcs, une criminalité faible et une culture métissée (japonaise, ryukyu, américaine) renforcent l’attractivité résidentielle d’Okinawa, notamment pour les expatriés et digital nomads.

Des prix du foncier en hausse depuis plus de 10 ans

L’un des points clés pour comprendre le marché immobilier dans la ville de Okinawa et dans la préfecture dans son ensemble, c’est la hausse continue des prix des terrains. Depuis douze années consécutives, les statistiques officielles du ministère japonais du Territoire montrent une progression des valeurs foncières.

7.2

En 2025, Okinawa a enregistré la deuxième plus forte croissance annuelle des prix des terrains au Japon, avec une hausse de 7,2 % tous types confondus.

La dynamique n’est pas uniformément répartie. Les zones urbaines déjà établies – Naha, la ville de Okinawa, Chatan, Onna – affichaient déjà des niveaux élevés et continuent d’augmenter, mais ce sont surtout les secteurs du nord de l’île, longtemps considérés comme plus ruraux, qui connaissent désormais les plus fortes variations.

Comparatif sommaire des hausses de prix fonciers

Zone / IndicateurVariation annuelle récenteParticularités
Okinawa (ensemble, toutes natures)+7,2 %2ᵉ plus forte hausse du Japon
Terrain résidentiel (toute la préfecture)+7,3 %1ʳᵉ place nationale
Terrain commercial (toute la préfecture)+7,0 %4ᵉ place nationale
Nago (nord)+6,4 %Impact direct de JUNGLIA
Nakijin (nord)+10,3 %Encore sous la moyenne préfectorale en prix absolu
Onna (résidentiel)+13,2 %Fort attrait balnéaire
Onna (commercial, zone Maeda)+29 %Plus forte hausse commerciale du Japon

Dans certains secteurs centraux de Naha, le prix du terrain commercial dépasse désormais 1 million de yens par tsubo (environ 3,3 m²), soit plus de 300 000 ¥/m². Dans des zones touristiques prisées comme Chatan ou Onna, il n’est pas rare de voir des terrains s’échanger au-delà de 500 000 ¥ le tsubo. Dans les projets premium en front de mer, les nouveaux condominiums peuvent dépasser 1,5 million de yens par mètre carré.

Astuce :

À l’inverse de la moyenne préfectorale, des communes du nord comme Nakijin présentent un prix au tsubo bien inférieur (environ 70 000 ¥ contre plus de 250 000 ¥ en moyenne). Pour un investisseur, cette sous-évaluation suggère un fort potentiel de hausse, notamment grâce au développement de projets structurants comme le parc JUNGLIA et de nouveaux resorts de luxe.

Un marché locatif massif : faible taux de propriétaires, forte part de locataires

Autre spécificité majeure d’Okinawa : la part de logements locatifs est nettement plus élevée que dans le reste du Japon. En 2018, 49,5 % des ménages vivaient en location, contre seulement 35,6 % au niveau national. Le taux de propriétaires plafonne autour de 45 %, loin de la moyenne japonaise (environ 61 %). Les projections officielles annoncent que cette proportion de locataires devrait rester élevée, voire continuer de croître jusqu’au moins 2035.

Pour l’investisseur, cela se traduit par plusieurs réalités :

Bon à savoir :

La demande locative est structurellement forte pour tous types de logements. Les investissements « buy-to-let » (location longue durée ou saisonnière) bénéficient d’un large bassin de clientèle, notamment grâce à la présence d’actifs variés (salariés, militaires, travailleurs du tourisme). Les loyers à Okinawa, Naha, Chatan et Urasoe restent inférieurs à ceux des grandes métropoles japonaises.

Niveaux de loyers et de prix d’achat

En pratique, les loyers à Okinawa restent plus abordables que dans les grandes villes de Honshu, tout en offrant un différentiel intéressant pour des investisseurs qui raisonnement en devise forte (euros, dollars), surtout avec la faiblesse actuelle du yen.

Pour 2025, les ordres de grandeur suivants sont fréquemment cités :

Type de bien / LocalisationLoyer mensuel typique (1LDK)
Naha (ville-centre)55 000 – 80 000 ¥
Ville de Okinawa & Chatan45 000 – 70 000 ¥
Zones rurales de l’île principaleDès 30 000 ¥ (maisons anciennes)

Côté achat, les gammes de prix sont les suivantes :

Type de bien / LocalisationFourchette de prix d’achat
Condo neuf à Naha35 – 50 millions ¥
Maison individuelle à Chatan ou Ginowan28 – 45 millions ¥
Maison ancienne dans une zone rurale10 – 25 millions ¥

À ces montants, il faut ajouter les frais annexes (droits d’enregistrement, taxes d’acquisition, honoraires de notaire japonais – le shiho shoshi), généralement évalués entre 6 % et 10 % du prix d’achat.

Tourisme, bases américaines et digital nomads : les moteurs de la demande

Le profil de la demande immobilière dans la ville de Okinawa est profondément lié au tourisme et à la présence américaine. Avant la pandémie, la préfecture accueillait autour de 10 millions de visiteurs par an. Pour l’exercice 2024, les prévisions tablaient sur 9,95 millions de touristes, soit un retour quasi complet au niveau pré‑Covid. Les années 2010 avaient déjà vu une explosion de l’offre d’hébergements : en dix ans, le nombre de chambres d’hôtels et de ryokan a bondi d’environ 60 %.

40

Taïwan représente environ 40 % des visiteurs internationaux à Palawan, dominant la clientèle étrangère.

Parallèlement, la présence de bases américaines et d’installations de l’armée US crée un micro‑marché très spécifique : villages comme Chatan, Kadena, Yomitan ou Ginowan abritent de nombreuses familles de militaires, civils du Département de la Défense et contractuels. Des agences spécialisées, « DOD approved », gèrent des biens calibrés pour cette population, souvent avec des loyers supérieurs au marché local, car les autorités américaines prennent en charge des montants jugés « market rate ». Pour un investisseur, cela peut être intéressant mais pousse les prix à la hausse dans certains quartiers.

Exemple :

L’essor du télétravail attire à Okinawa une nouvelle clientèle de freelances IT, designers et entrepreneurs du web. Ils recherchent des studios ou 1LDK bien situés, souvent à Naha, Chatan ou Onna, avec un bon accès internet, à proximité de cafés et d’espaces de coworking, dans un environnement balnéaire agréable. Les loyers pour ces petits appartements meublés varient, selon les communes, entre 40 000 et 100 000 ¥ par mois.

Les grands projets qui redessinent le marché : JUNGLIA, resorts de luxe, saf et plus

L’un des éléments les plus structurants pour le futur du marché immobilier à Okinawa est l’arrivée d’un méga‑projet de parc à thème : JUNGLIA Okinawa. Ce parc d’aventures en pleine nature, en construction sur le site d’un ancien golf à cheval sur Nago et Nakijin, doit ouvrir ses portes fin juillet 2025. Il s’agit d’un investissement d’environ 70 milliards de yens, sur un site de 120 hectares dont 60 hectares exploités, soit une surface supérieure à Tokyo Disneyland ou Universal Studios Japan.

Le parc proposera plus de 22 attractions, quinze restaurants, une dizaine de boutiques, un spa, des expériences de type safari de dinosaures, tyrolienne en forêt, montgolfière ou attractions à sensations. Il vise plus d’un million de visiteurs par an, avec des billets annoncés autour de 8 000 ¥ pour le public et 6 300 ¥ pour les résidents japonais.

Impact économique et immobilier de JUNGLIA

Selon une étude de l’université du Kansai, l’effet de ruissellement économique du projet sur 15 ans atteindrait 6,8 billions de yens, avec plus de 880 000 emplois créés directement ou indirectement. Le parc en lui‑même prévoit d’employer 1 300 à 1 500 personnes, auxquelles s’ajouteraient 2 000 à 3 000 emplois supplémentaires dans la restauration, l’hôtellerie, les transports, le commerce et la construction.

Attention :

Cette montée en puissance a déjà des répercussions très visibles sur le marché immobilier du nord de l’île.

– à Nago, le taux de vacance locative est tombé sous les 2 % au printemps 2025, ce qui indique une quasi‑pénurie de logements pour les nouveaux résidents ;

– à Nakijin et Motobu, des terrains qui se négociaient entre 40 000 et 70 000 ¥ le tsubo il y a quelques années se vendent désormais entre 120 000 et 200 000 ¥ ;

– des agences locales comme VILLA IMG rapportent un doublement des demandes de renseignements pour des ventes de terrains et de villas ;

– des projets de petites structures hôtelières, pensions, glamping et villas de luxe se multiplient pour capter le flux de visiteurs à la recherche d’un séjour « comme chez soi ».

Le président de l’Association des experts immobiliers d’Okinawa, Koichi Takahira, résume la situation en parlant explicitement d’« effet JUNGLIA » pour expliquer le boom de la demande à Nago. Il anticipe que cette dynamique va s’étendre progressivement aux communes voisines, ce qui pourrait rapprocher les niveaux de prix du nord de ceux du centre de l’île, notamment Chatan.

Autres grands projets structurants

Outre JUNGLIA, plusieurs projets majeurs contribuent à soutenir les perspectives immobilières :

Développements stratégiques à Okinawa

Panorama des investissements majeurs et projets structurants en cours dans la préfecture, alliant tourisme de luxe, immobilier résidentiel et infrastructures industrielles.

Four Seasons Resort & Residences

Développement d’un complexe hôtelier et résidentiel de luxe à Onna, sur plus de 13 hectares en front de mer. Comprendra 127 chambres d’hôtel, 124 condos et 28 villas, pour un investissement total avoisinant les 100 milliards de yens.

Rihga Royal Resort à Chatan

Projet résidentiel dans le secteur American Village ayant connu un succès commercial fulgurant, avec la vente de ses 209 unités en copropriété en seulement cinq mois, certains lots atteignant 450 millions de yens.

Hôtel-Resort sur l’île de Minna

Projet comprenant un hôtel-resort et un héliport, programmé pour 2028. Ce développement pourrait revaloriser significativement ce marché immobilier ultra-confidentiel.

Production de Carburant Aérien Durable (SAF)

Projet industriel stratégique porté par Taiyo Oil, soutenu par l’État, visant à produire du SAF. Une usine près de Naha est prévue pour une mise en service fin de décennie, renforçant le rôle d’Okinawa comme hub aérien régional et soutenant la croissance du trafic de l’aéroport de Naha.

Tous ces investissements renforcent l’attrait d’Okinawa auprès des investisseurs institutionnels (grands groupes hôteliers, foncières) mais aussi des particuliers haut de gamme à la recherche de villas ou d’unités en copropriété dans des resorts gérés.

Où investir concrètement ? Focus sur quelques pôles

Même si l’on parle souvent de « marché d’Okinawa » au singulier, les réalités locales diffèrent fortement selon les zones. Pour un investisseur francophone qui s’intéresse d’abord à la ville de Okinawa mais aussi à l’ensemble de l’île principale, il est utile de distinguer plusieurs « sous‑marchés ».

La ville de Okinawa et le centre de l’île : marché résidentiel et mixte

La ville de Okinawa (souvent appelée Koza) est la deuxième agglomération de l’île. Elle se situe en zone centrale, à proximité de Chatan, Kadena et Uruma, c’est‑à‑dire dans un corridor densément urbanisé où l’on trouve de nombreux camps américains, centres commerciaux et axes routiers structurants.

Les loyers pour un 1LDK se situent en moyenne entre 45 000 et 70 000 ¥ par mois, ce qui reste raisonnable au regard du niveau de vie local, même si le salaire net moyen à Okinawa tourne autour de 290 000 ¥ mensuels. En achat, les prix médians au mètre carré, toutes typologies confondues, sont de l’ordre de 287 500 ¥, d’après des données récentes, légèrement en retrait par rapport à d’autres villes côtières (Tomigusuku, Naha, Urasoe).

Pour un investisseur, la ville de Okinawa offre plusieurs atouts :

une base de locataires diversifiée : travailleurs locaux, familles, personnels des bases, étudiants, nomades numériques ;

un niveau de prix moins tendu que Naha ou Chatan, ce qui améliore le rendement brut ;

– un environnement déjà développé en commerces, écoles, infrastructures, tout en restant à distance raisonnable en voiture des grandes plages et zones touristiques.

Bon à savoir :

Bien que la valorisation à court terme puisse être inférieure à celle des tout premiers rangs balnéaires, le développement vers le nord et l’ouest devrait continuer à soutenir la demande résidentielle et les valeurs foncières à moyen terme.

Naha et le sud : sécurité locative mais tickets d’entrée élevés

Naha, capitale préfectorale, concentre les pouvoirs administratifs, la plupart des grandes entreprises locales, l’aéroport international et le seul réseau ferré de l’île (le monorail Yui Rail qui relie l’aéroport à Urasoe). Le marché locatif y est très profond, notamment pour les petits appartements, avec des loyers autour de 55 000 – 80 000 ¥ pour un 1LDK bien situé.

Les prix d’achat, en revanche, sont parmi les plus élevés de l’île. Les nouveaux condos au centre se vendent entre 35 et 50 millions de yens, et certains terrains commerciaux dépassent largement le million de yens par tsubo. Le rendement brut sur location longue durée y est donc plus comprimé, mais la liquidité est supérieure : les biens de qualité trouvent généralement preneur, même si la presse locale note depuis 2025 un allongement des délais de vente pour les biens surévalués (notamment les anciens immeubles et les biens de luxe à plus de 100 millions de yens).

Astuce :

Pour un investisseur recherchant un profil « core » (sécurité locative, revente probable, marché profond), la ville de Naha et sa première couronne (Urasoe, Tomigusuku) constituent une option solide. Tomigusuku est notamment classée depuis plusieurs années parmi les villes japonaises à la croissance la plus dynamique, avec de nombreux programmes résidentiels récents.

Chatan, Onna et la « ceinture balnéaire » centrale : resort et expatriés

À une quinzaine de kilomètres de Naha, Chatan est souvent décrite comme la vitrine « américanisée » d’Okinawa. On y trouve l’American Village, un grand complexe de commerces, restaurants, hôtels et promenades en front de mer. La ville se classe régulièrement en tête des classements de « meilleure qualité de vie » au sein de la préfecture. Elle accueille de nombreux étrangers, militaires ou civils, ainsi qu’une clientèle touristique constante.

Les loyers y sont, en conséquence, plus élevés que dans la ville de Okinawa, surtout pour les logements de standing répondant aux normes américaines (grandes surfaces, plusieurs salles de bain, électroménager, parking). Les maisons individuelles ou condos avec vue mer dans ce secteur se négocient entre 28 et 45 millions ¥ à l’achat, parfois beaucoup plus pour des produits très premium.

Attention :

La région d’Onna, réputée pour ses plages et ses complexes de luxe, connaît un développement immobilier intense avec plus de 9 000 chambres d’hôtel en activité ou en projet. Cela entraîne des hausses de prix spectaculaires et un risque de surdéveloppement pointé par les experts. Pour un investisseur, une villa ou un condo peut générer un bon revenu saisonnier, mais le rendement net dépend fortement du taux d’occupation, de la concurrence et de la qualité de la gestion.

Le nord : la nouvelle frontière spéculative

Jusqu’à récemment, les communes du nord – Nago, Nakijin, Motobu, Ogimi – étaient surtout connues pour leur nature, leurs forêts (Yanbaru est classé à l’UNESCO), le célèbre aquarium Churaumi et l’ambiance plus « slow life ». Les prix étaient en conséquence nettement inférieurs à ceux du centre et du sud.

L’arrivée de JUNGLIA, la montée en puissance des villas de luxe, les projets type « Minna Resort » et l’engouement pour les séjours nature accélèrent brutalement la donne. Nago voit son foncier se rapprocher des niveaux de Chatan, Nakijin affiche des hausses à deux chiffres mais part encore de prix bas, et Motobu profite de sa proximité avec l’aquarium et les futures infrastructures touristiques (projet « Motobu Oasis », un pôle d’accueil de visiteurs le long de la route 449).

On peut donc considérer le nord comme une zone à fort potentiel de plus‑value, mais aussi exposée :

– à des contraintes d’infrastructures (routes saturées, autoroute qui s’arrête à Kyoda, congestion chronique de la route 58) ;

– à des limites environnementales (zones forestières protégées, pressions sur la ressource en eau sur certaines îles) ;

– à la cyclicité du tourisme haut de gamme.

Pour un investisseur, il peut être pertinent de cibler des terrains encore sous‑cotés à Nakijin ou Ogimi, avec une stratégie de construction de petite structure d’hébergement (pension, glamping) ou de revente à moyen terme lorsque les aménagements auront progressé.

Cadre légal : un pays ouvert aux propriétaires étrangers

Un avantage majeur pour un investisseur francophone souhaitant acheter dans la ville de Okinawa : le Japon ne fait aucune discrimination en matière de propriété immobilière. Les étrangers, même non‑résidents, peuvent acheter librement des terrains et des bâtiments en pleine propriété (freehold). Les droits de propriété sont identiques à ceux des citoyens japonais, sans limite de durée et avec la possibilité de vendre, transmettre ou donner en héritage.

Quelques points importants toutefois :

Bon à savoir :

L’achat d’un bien n’accorde pas de droit de résidence, qui dépend d’un visa. Des restrictions peuvent s’appliquer près des zones militaires, et une autorisation est requise pour les terres agricoles ou forestières. La transaction doit être réalisée avec un agent immobilier agréé (fudōsan gyōsha) et un officier ministériel (shiho shoshi).

Les étrangers sont soumis aux mêmes taxes d’achat, de possession et de revente que les Japonais. Aucune surtaxe n’est appliquée en raison de la nationalité. En revanche, un non‑résident doit désigner un représentant fiscal au Japon chargé de recevoir les notifications et de s’acquitter des impôts locaux.

Étapes classiques d’une acquisition

L’enchaînement type est le suivant :

Exemple :

L’acquisition d’un bien immobilier au Japon suit une séquence d’étapes bien définies. Elle commence par la sélection du bien et éventuellement d’une banque pour un financement local. Vient ensuite le dépôt d’une offre avec une lettre d’intention et un petit dépôt de garantie symbolique, suivi de la négociation des conditions principales (prix, calendrier, inclusions, travaux). Après la signature du compromis de vente en japonais et le versement d’un dépôt plus conséquent (5–10 % du prix), une période de due diligence permet de vérifier les titres, les diagnostics et la conformité, tout en finalisant le prêt. Le processus s’achève par la signature de l’acte définitif, le transfert des fonds et l’enregistrement du changement de propriétaire auprès du bureau légal compétent.

Il est possible d’acheter depuis l’étranger en mandatant un représentant via procuration, mais la documentation reste en japonais ; une traduction officieuse peut être fournie, mais seul le texte japonais a valeur légale.

Financer un achat à Okinawa en tant qu’étranger

Sur le papier, les banques japonaises n’interdisent pas aux étrangers de contracter un prêt immobilier. Dans les faits, le crédit est surtout accessible aux résidents de longue durée, idéalement titulaires d’une résidence permanente. Les non‑résidents, eux, se voient rarement accorder un « home loan » classique et doivent soit payer comptant, soit se tourner vers des financements dans leur pays d’origine ou via des montages d’entreprise.

Les grandes lignes du marché du crédit au Japon sont les suivantes :

Le marché du prêt immobilier au Japon

Principales caractéristiques et tendances des prêts immobiliers pour les particuliers au Japon, incluant les taux, les types de prêts et les règles de souscription.

Taux d’intérêt historiquement bas

En 2023, la moyenne des grandes banques était d’environ 2,5 % par an, avec des offres promotionnelles de banques en ligne parfois proches de 0,3 % pour des périodes fixes initiales.

Prédominance des taux variables

Une majorité de ménages japonais (environ 75 %) optent pour des prêts à taux variable plutôt qu’à taux fixe.

Durées de remboursement longues

Les durées de prêt s’étalent de 1 à 35 ans, avec une exigence de remboursement complet vers 75–80 ans de l’emprunteur.

Règle prudentielle sur les annuités

Les mensualités ne doivent généralement pas dépasser 25–35 % du revenu annuel de l’emprunteur, selon les règles de prudence des établissements.

Pour les étrangers sans résidence permanente, plusieurs limites apparaissent :

Bon à savoir :

Pour un achat immobilier au Japon, les non-résidents doivent généralement fournir un apport personnel plus élevé (30 à 50 %) que les résidents permanents. Les banques exigent également des preuves de revenus imposables au Japon, une ancienneté professionnelle de 2 à 3 ans, et souvent une maîtrise de la langue japonaise. La présence d’un co-emprunteur ou d’un garant japonais (comme un conjoint ou une société locale) peut être requise.

Illustration : impact de l’apport sur un achat type

ScénarioPrix du bienApport exigéMontant du prêt
Résident permanent (20 % d’apport)30 M ¥6 M ¥24 M ¥
Étranger sans RP (50 % d’apport)30 M ¥15 M ¥15 M ¥

Pour contourner ces obstacles, certains investisseurs créent une société japonaise (KK ou GK) qui contracte un prêt corporate, ou sollicitent des banques de Hong Kong, Taïwan, Singapour ou de leur propre pays qui ont des produits spécifiques pour l’achat de biens au Japon. Ces solutions impliquent toutefois des taux souvent plus élevés que ceux pratiqués dans l’archipel, ainsi qu’une structuration fiscale plus complexe.

Rentabilité et gestion locative à Okinawa

La rentabilité brute d’un investissement dans la ville de Okinawa ou ses environs dépend de multiples facteurs : prix d’acquisition, type de location (longue durée vs courte durée), cible de clientèle (locaux, militaires, touristes, digital nomads), qualité du bien, proximité des plages ou du monorail, etc.

Bon à savoir :

Les loyers permanents sont généralement plus bas qu’à Tokyo ou Osaka, limitant les rendements bruts dans les zones chères comme Onna, Chatan ou Naha. Cependant, le développement du tourisme et du segment haut de gamme (villas, glamping, hôtels design) permet d’obtenir des revenus plus élevés via la location saisonnière meublée, sous réserve de respecter les réglementations minpaku spécifiques à chaque commune.

Coûts et revenus en gestion locative

Pour un propriétaire non‑résident, la gestion est presque systématiquement confiée à une société de property management. Les barèmes constatés sur le marché japonais se déclinent ainsi :

Type de mandat de gestionCommission typique sur loyer mensuelParticularités
Gestion complète (location longue durée)≈ 5 % (fourchette 3–10 %)Suivi des locataires et de l’immeuble
Gestion limitée aux encaissements≈ 3 %Encaissement et relance loyers uniquement
Sous‑location avec garantie de vacance10–20 %Revenu garanti mais net inférieur
Gestion de location saisonnière (meublé touristique)Variable, souvent >20 %Inclut marketing, ménage, accueil

À ces commissions s’ajoutent généralement :

Bon à savoir :

Les propriétaires au Japon doivent anticiper plusieurs frais et taxes : des frais de mise en location (0,5 à 1 mois de loyer), des frais de renouvellement de bail (ex. 0,5 mois en zone Tokyo), des charges de copropriété pour les condos, une assurance bâtiment et responsabilité civile, ainsi que les impôts locaux (taxe foncière à 1,4% et éventuellement taxe d’urbanisme jusqu’à 0,3%).

Pour un investisseur étranger, l’important est de bien demander le détail de ce qui est inclus dans la commission mensuelle (recherche de locataire, visites, états des lieux, petites réparations) et ce qui est facturé séparément (grandes réparations, intervention d’urgence, changement de serrures).

Des acteurs spécialisés, notamment sur les îles périphériques comme Ishigaki, proposent des prestations clé en main, allant de l’audit technique d’un bien (inspection détaillée facturée au mètre carré) à la prise en charge du marketing sur les plateformes internationales, en passant par la comptabilité et la remontée d’états financiers trimestriels.

Risques spécifiques à prendre en compte

L’attrait d’Okinawa ne doit pas faire oublier un ensemble de risques spécifiques qu’un investisseur doit intégrer dans son plan d’affaires.

Typhons, sel et climat

L’archipel est exposé à des typhons plus fréquents et plus violents que la plupart des régions de Honshu. Les constructions modernes sont en général en béton armé et conçues pour y résister, mais cela n’empêche ni les dégâts aux toitures et menuiseries, ni les interruptions temporaires d’activité pour les hébergements touristiques.

Astuce :

La proximité de la mer accélère la corrosion des structures métalliques, des équipements et des façades à cause du sel. Les bâtiments anciens, mal entretenus ou de conception légère peuvent exiger des travaux conséquents. Avant un achat, notamment pour une villa ou une petite pension en bord de mer, il est recommandé de réaliser un diagnostic approfondi de la structure et des équipements (climatisation, menuiseries, étanchéité).

Surévaluation locale et dépendance au tourisme

Dans certains secteurs, notamment Onna, Chatan, Naha centre ou désormais les abords de JUNGLIA, les prix ont grimpé si rapidement que des experts évoquent un début de « bulle ». Les biens affichés à des niveaux 1,5 à 2 fois supérieurs au marché réel peinent à trouver preneur, et les délais de vente dépassent parfois deux ans. Le risque pour un investisseur est d’acheter trop cher, avec un rendement locatif insuffisant et une plus‑value incertaine à la revente.

Par ailleurs, l’économie locale est très dépendante du tourisme. Une nouvelle crise sanitaire, un choc géopolitique ou une récession dans les pays émetteurs (notamment en Asie) pourraient faire chuter la fréquentation, particulièrement pour les segments haut de gamme. Un portefeuille composé uniquement de biens touristiques en zone balnéaire serait donc plus exposé.

Contraintes réglementaires et d’infrastructures

La réglementation des locations de courte durée (minpaku) varie d’une commune à l’autre et peut limiter le nombre de jours de location autorisés ou imposer des conditions strictes (présence d’un gestionnaire sur place, équipements de sécurité, enregistrement administratif). De plus, certaines zones sensibles sur le plan environnemental (forêts protégées, zones côtières classées) imposent des restrictions fortes en termes de constructibilité, de hauteur de bâtiments et de densité.

Attention :

L’autoroute d’Okinawa s’arrête actuellement à Kyoda, obligeant les visiteurs de zones comme JUNGLIA, Motobu ou Nakijin à utiliser des routes nationales souvent congestionnées. Des projets d’extension existent mais font face à des contraintes budgétaires et environnementales, ce qui peut nuire à l’accessibilité perçue des hébergements touristiques, notamment pour la clientèle internationale.

Opportunité pour les investisseurs étrangers : la faiblesse du yen

Depuis 2022, le yen s’est sensiblement déprécié face au dollar et à l’euro, rendant les actifs japonais nettement moins chers pour les investisseurs étrangers. Entre 2021 et 2022, le taux de change moyen USD/JPY est ainsi passé d’environ 109,5 à 131,5, avec un point bas dépassant 150 ¥ pour un dollar à l’automne 2022.

Bon à savoir :

Pour un investisseur utilisant des devises fortes (euro, dollar), l’immobilier à Okinawa peut rester attractif malgré la hausse des prix en yens, notamment lors des phases de dépréciation de cette monnaie. Cette opportunité, déjà exploitée par des investisseurs asiatiques, est accessible aux francophones, à condition de bien intégrer le risque de change dans la stratégie de sortie : une remontée du yen pourrait réduire la plus-value réalisée en devise d’origine, même si le prix de vente en yens a augmenté.

Comment aborder un projet d’investissement dans la ville de Okinawa ?

Pour un investisseur francophone qui découvre ce marché, quelques lignes directrices peuvent aider à structurer la démarche.

D’abord, clarifier l’objectif : s’agit‑il de générer un revenu locatif stable en yen via une location longue durée dans la ville de Okinawa ou à Naha ? De spéculer sur une plus‑value foncière à moyen terme dans le nord, à proximité de JUNGLIA ? De combiner usage personnel (résidence secondaire) et exploitation touristique dans un resort en copropriété ? Chaque stratégie implique un type de bien, un niveau de risque et un montage juridique différents.

Astuce :

Pour un non-résident, l’accès au crédit japonais étant limité, il est crucial de disposer d’un apport important, voire de fonds propres complets. Pour faciliter le projet, il est recommandé d’ouvrir un compte bancaire au Japon, de créer une entité locale si nécessaire, et de se faire accompagner par un courtier spécialisé dans les dossiers des étrangers.

Il est également crucial de s’entourer d’intervenants familiers des investisseurs internationaux : agent immobilier bilingue (japonais/anglais au minimum), société de gestion rodée aux locations à des étrangers (militaires, touristes, expatriés), expert‑comptable ou fiscaliste pour optimiser la structuration (propriété en direct vs société, imposition des revenus fonciers et des plus‑values, conventions fiscales éventuelles avec le pays de résidence de l’investisseur).

Sur le plan opérationnel, un plan d’affaires réaliste doit intégrer :

Attention :

Pour un investissement locatif durable en climat tropical, il est crucial d’adopter une gestion financière prudente. Cela inclut : prévoir un taux d’occupation réaliste, surtout pour les locations saisonnières ; constituer des provisions pour gros entretien plus élevées en raison des dégradations causées par les typhons et le sel marin ; anticiper tous les frais récurrents (gestion, copropriété, assurances, taxes, comptabilité) ; et enfin, maintenir une marge de sécurité en trésorerie pour absorber les périodes de vacance et les imprévus.

Enfin, il est recommandé de visiter physiquement les quartiers ciblés – la ville de Okinawa, Naha, Chatan, Onna, Nago, Nakijin – afin de bien percevoir les nuances qui ne transparaissent pas dans les annonces : qualité des plages, largeur des routes, présence de commerces, ambiance de jour et de nuit, proximité de bases militaires (et le bruit potentiellement associé), exposition du bien au vent et aux embruns, etc.

Conclusion : un marché prometteur, mais qui demande de la méthode

Investir dans l’immobilier dans la ville de Okinawa et plus largement sur l’île principale, c’est s’exposer à un marché en pleine expansion, porté par un tourisme robuste, une démographie plus dynamique que le reste du Japon, et des projets phares comme JUNGLIA ou les grands resorts internationaux. La hausse des prix du foncier depuis plus de dix ans, les signaux de surchauffe dans certains secteurs premium et la dépendance à l’économie touristique appellent toutefois à la prudence.

Bon à savoir :

Pour un investisseur francophone, le marché immobilier japonais présente plusieurs avantages : liberté d’achat pour les étrangers, cadre juridique stable, faiblesse du yen, forte proportion de locataires et possibilité de diversification (location longue durée, saisonnière, résidence secondaire). La réussite nécessite cependant une bonne compréhension des micro-marchés (ex: Okinawa, Chatan, Onna, nord de l’île), une analyse fine du rapport prix/loyer et une gestion rigoureuse des risques (climatiques, réglementaires et de change).

Abordé avec méthode, en s’appuyant sur des professionnels locaux expérimentés, l’immobilier à Okinawa peut constituer une composante attractive d’un portefeuille international, combinant potentiel de rendement, perspective de plus‑value à moyen terme et, ce qui ne gâche rien, la possibilité de profiter soi‑même, de temps à autre, de ce coin de Pacifique que beaucoup surnomment le « Hawaii du Japon ».

Pourquoi il est préférable de me contacter ? Voilà un exemple concret :

Un chef d’entreprise français d’environ 50 ans, avec un patrimoine financier déjà bien structuré en Europe, souhaitait diversifier une partie de son capital dans l’immobilier résidentiel à Okinawa, Japon, pour chercher du rendement locatif et une exposition au yen. Budget alloué : 400 000 à 600 000 dollars, sans recours au crédit.

Après analyse de plusieurs marchés au Japon (Tokyo, Fukuoka, Osaka), la stratégie retenue a consisté à cibler une maison individuelle ou un petit immeuble résidentiel dans une zone dynamique d’Okinawa (Naha, Chatan), combinant un rendement locatif brut cible proche de 8–10 % – plus le rendement est élevé, plus le risque est important – et un potentiel de valorisation à moyen terme, avec un ticket global (acquisition + frais + éventuels travaux) d’environ 500 000 dollars. La mission a inclus : sélection de l’île et du quartier, mise en relation avec un réseau local (agent immobilier bilingue, avocat japonais, fiscaliste), choix de la structure d’investissement (propriété directe, société japonaise ou holding étrangère) et définition d’un plan de diversification patrimoniale intégrant la fiscalité franco-japonaise et la gestion locative à distance.

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A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Expert en gestion de patrimoine internationale depuis plus de 20 ans, j’accompagne mes clients dans la diversification stratégique de leur patrimoine à l’étranger, un impératif face à l’instabilité géopolitique et fiscale mondiale. Au-delà de la recherche de revenus et d’optimisation fiscale, ma mission est d’apporter des solutions concrètes, sécurisées et personnalisées. Je conseille également sur la création de sociétés à l’étranger pour renforcer l’activité professionnelle et réduire la fiscalité globale. L’expatriation, souvent liée à ces enjeux patrimoniaux et entrepreneuriaux, fait partie intégrante de mon accompagnement sur mesure.

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