Le marché des propriétés de luxe en Inde : une nouvelle géographie de la richesse

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

Le marché des propriétés de luxe en Inde vit une phase d’expansion spectaculaire. Longtemps cantonné à quelques quartiers de Mumbai ou de Delhi, il s’est mué en un véritable moteur de la croissance immobilière nationale, porté par une explosion du nombre de riches particuliers, l’appétit des Non-Resident Indians (NRIs) et une redéfinition profonde de ce que signifie « vivre dans le luxe ». Derrière les gratte-ciel scintillants et les villas surdimensionnées, se joue aujourd’hui un enjeu économique majeur : la montée en puissance d’un secteur qui pourrait peser plus de 100 milliards de dollars d’ici la fin de la décennie.

Un marché qui change d’échelle

L’une des caractéristiques les plus frappantes du marché des propriétés de luxe en Inde est sa vitesse de croissance. Les estimations varient selon les cabinets, mais toutes vont dans la même direction : une trajectoire exponentielle.

Plusieurs mesures de la taille du marché coexistent, ce qui reflète la diversité des périmètres étudiés (résidentiel pur, luxe élargi, etc.). Les ordres de grandeur restent toutefois cohérents.

IndicateurValeur actuelle estiméeProjectionHorizonSource(s) du rapport
Taille du marché résidentiel de luxe~38–45 milliards USD (2024)98–105 milliards USD2030Divers cabinets (Mordor Intelligence, autres)
Autre estimation 2025–203057,87 milliards USD (2025)98,04 milliards USD2030Scénario alternatif
Projection haute124,20 milliards USD2030Estimation sectorielle
Croissance annuelle (CAGR)11–15 % (scénarios centraux)jusqu’à 21,81 %2024–2029/2030Selon hypothèses retenues

Quelle que soit la méthodologie retenue, la conclusion est claire : le marché des propriétés de luxe en Inde connaît une croissance à deux chiffres, nettement supérieure à celle de la plupart des autres segments résidentiels.

1000

La valeur totale projetée du secteur immobilier indien d’ici 2030 est d’environ 1 000 milliards de dollars.

Explosion des ventes haut de gamme

La dynamique de la demande se lit très nettement dans les chiffres de ventes, qui montrent une montée en puissance constante des biens premium et luxe au sein du marché résidentiel global.

En première ligne, les logements au-dessus de 1 crore de roupies, soit l’équivalent d’environ 120 000 dollars. En l’espace de quelques mois, leur part a littéralement changé de visage.

Segment de prixPart dans les ventes résidentiellesPériode
≥ ₹1 crore30 % des ventes1er semestre 2023
≥ ₹1 crore41 % des ventes1er semestre 2024
≥ ₹1 crore62 % des ventes1er semestre 2025

Cette bascule vers le haut de gamme est encore plus spectaculaire si l’on zoome sur la véritable « tranche luxe », c’est-à-dire à partir de ₹4 crore et plus. Dans les sept plus grandes métropoles indiennes, les ventes de ces biens ont bondi :

Croissance des Ventes

Analyse de la performance des ventes sur plusieurs périodes clés, montrant une croissance significative et constante.

Semestre 1 2024

+27 % avec près de 8 500 unités écoulées.

Janvier à Septembre 2024

+37,8 % avec 12 625 unités vendues contre 9 160 un an plus tôt.

Trimestre 1 2025

+28 % avec un passage d’environ 1 510 à 1 930 unités.

Les propriétés ultra-luxueuses, au-delà de ₹5 crore, progressent encore plus vite : ce segment a enregistré une croissance d’environ 80 % d’une année sur l’autre sur certains millésimes récents. Les biens extrêmement haut de gamme, compris entre ₹10 et 20 crore (environ 1,2 à 2,3 millions de dollars), ont vu leurs ventes plus que doubler en 2024 pour atteindre environ 360 unités.

30

Sur les neuf premiers mois de 2025, près de 30 % des logements vendus dans les sept principales villes appartenaient au segment luxe.

En parallèle, les ventes totales de logements dans les grandes métropoles ont atteint des records : plus de 350 600 unités ont été écoulées en 2024, soit le plus haut niveau depuis douze ans, et plus de 177 000 logements ont été vendus rien qu’au second semestre de cette année-là. Même lorsque le volume global de ventes a légèrement reculé en 2025, les biens au-dessus de ₹10 millions ont continué à progresser de 4 % sur les neuf premiers mois, tandis que les propriétés de ₹1,5 crore et plus voyaient leurs parts grimper.

Prix en forte hausse : le luxe tire tout le marché

La flambée de la demande ne tarde pas à se refléter dans les prix. Sur le segment des propriétés de luxe, l’Inde enregistre depuis 2022 une hausse nettement supérieure à celle des logements abordables.

Sur les sept principales villes indiennes, les prix des logements luxe ont progressé d’environ 40 % entre 2022 et 2025, contre 26 % pour le segment abordable. Les biens de milieu de gamme et premium, situés entre ₹40 lakh et ₹1,5 crore, ont eux aussi presque suivi le rythme avec une hausse moyenne de 39 %, preuve que toute la courbe des prix se déforme vers le haut.

Quelques chiffres-clés permettent de mesurer cette revalorisation.

MarchéPrix moyen luxe (2022)Prix moyen luxe (2025)Hausse 2022–2025
Delhi-NCR₹13 450 / sq.ft₹23 100 / sq.ft+72 %
Mumbai MMR₹28 044 / sq.ft₹40 200 / sq.ft+43 %
Bengaluru₹11 760 / sq.ft₹16 700 / sq.ft+42 %

Delhi-NCR est emblématique : en trois ans, les prix moyens du luxe y ont bondi de 72 %, alors même que l’ensemble des valeurs immobilières de la région enregistraient déjà une progression d’environ 49 % sur une seule année récente. Mumbai et Bengaluru ne sont pas en reste, avec des hausses supérieures à 40 % sur la même période pour les biens supérieurs à ₹1,5 crore.

Bon à savoir :

Les analystes prévoient une poursuite de la hausse des prix. Un sondage Reuters anticipe une augmentation moyenne de 6,5 % en 2025, puis de 7,5 % en 2026 dans les grandes villes. Historiquement, les propriétés de luxe en Inde ont généré une appréciation annuelle moyenne de 10 à 12 %, en faisant un actif attractif pour la préservation et la croissance du capital des ménages aisés.

Dans ce contexte, Mumbai reste la ville la plus chère du pays sur le segment prestige, avec un prix moyen autour de ₹61 800 par pied carré dans certains sous-segments ultra-primes, tandis que Delhi-NCR suit avec environ ₹35 500 par pied carré dans ses micro-marchés les plus exclusifs. À l’intérieur même de ces métropoles, des projets iconiques comme Palais Royale à Mumbai ont déjà déclenché une envolée des valeurs en revente allant jusqu’à +40 % pour certaines unités de très grande superficie.

Une géographie du luxe en recomposition

Le marché du luxe en Inde ne se limite plus à quelques codes postaux prestigieux. S’il reste fortement concentré dans quelques régions, on assiste à une diffusion vers de nouveaux pôles métropolitains et vers des villes de rang intermédiaire.

Les grands bastions : Mumbai, Delhi-NCR, Bengaluru

Mumbai concentre à elle seule environ un tiers des ventes de biens premium au niveau national. En 2024, la région métropolitaine de Mumbai a atteint plus de 47 000 unités vendues au premier semestre, soit une hausse de 16 % d’une année sur l’autre, et les ventes de maisons de plus de ₹2 crore représentent désormais près d’un quart des enregistrements dans la ville. Le marché des résidences de marque y est particulièrement bouillonnant : les ventes de biens estampillés par des enseignes internationales ou hôtelières, dans la fourchette 2,3 à 5,78 millions de dollars, ont bondi de 143 % en un an.

49

C’est la part, en pourcentage, des ventes de logements de luxe (≥ ₹4 crore) captée par Delhi-NCR au premier trimestre 2025.

Bengaluru s’affirme comme le troisième pôle incontournable. La ville, portée par ses pôles technologiques et sa population de cadres supérieurs, a enregistré plus de 27 000 ventes résidentielles au premier semestre 2024, en hausse de 4 % sur un an. La part des unités haut de gamme y a grimpé de 36 à 47 % entre deux périodes comparables, et la ville offre les rendements locatifs bruts les plus élevés du pays, autour de 4,45 %. Les secteurs Sud et Est de Bengaluru dominent la demande, totalisant ensemble plus des deux tiers des ventes récentes.

Les autres métropoles : Hyderabad, Pune, Chennai, Kolkata, Goa

Hyderabad, dopée par une croissance économique rapide, affiche l’un des taux de croissance les plus élevés du pays, avec une trajectoire de l’ordre de 13 % de CAGR projeté pour son marché immobilier. La ville a enregistré une hausse de 117 % des ventes d’unités au-dessus de ₹1 crore au premier semestre 2024, et la part des logements haut de gamme y est passée de 36 à 47 % en un an. Les quartiers de Banjara Hills, Jubilee Hills ou Gachibowli constituent les vitrines de cette montée en puissance.

Exemple :

La ville de Pune a vu ses ventes de logements de luxe multipliées par près de six en un an, atteignant environ 1 100 unités, avec 825 ventes rien qu’en 2024 selon certains décomptes. Les quartiers les plus prisés sont Koregaon Park, Kalyani Nagar, Baner, Kharadi et Hinjawadi, qui combinent une bonne connectivité, un emploi qualifié et un haut standard de vie. Le marché immobilier de la ville devrait en outre connaître une croissance annuelle d’environ 15 % au milieu de la décennie.

Chennai, avec des quartiers établis comme Boat Club, Poes Garden ou Adyar, voit les logements à plus de ₹1 crore représenter déjà 28 % des ventes, contre 21 % un an plus tôt. La ville a écoulé près de 8 000 unités au premier semestre 2024, soit une progression d’environ 12 %.

Attention :

La ville, longtemps en retrait, connaît une forte croissance avec plus de 9 000 unités vendues au premier semestre 2024 (+25 % sur un an). Ses prix du luxe, parmi les plus bas des grandes métropoles (environ ₹14 200 par pied carré), en font une option « value » pour les investisseurs.

Enfin, Goa occupe un statut à part. Destination de villégiature par excellence, elle attire un flux croissant d’acheteurs fortunés en quête de résidences secondaires et de villas en communauté fermée. Les rendements locatifs saisonniers y sont particulièrement attractifs, oscillant entre 5 et 8 %, voire davantage pour des locations de courte durée bien gérées.

L’essor des villes de rang 2 et 3

Au-delà des grandes métropoles, un phénomène structurel se dessine : la montée en gamme de villes de rang 2 et 3. Coimbatore, Lucknow, le trio Chandigarh–Mohali–Panchkula, Ahmedabad, Kochi, Indore, Amritsar, Ayodhya, Dwarka ou Surat enregistrent une hausse rapide des prix et des volumes sur le segment premium.

Plusieurs facteurs expliquent ce mouvement : amélioration des infrastructures (autoroutes rapides, nouveaux aéroports, métros), généralisation des modes de travail hybrides, attrait pour un retour aux racines chez de nombreux NRIs, et pouvoir d’achat qui permet d’obtenir, dans ces villes, une villa spacieuse pour le prix d’un simple appartement milieu de gamme à Mumbai ou Delhi. Des promoteurs comme Trident Realty misent clairement sur ces marchés, notamment dans la zone du « Tri-city » du nord de l’Inde.

Qui achète le luxe en Inde ?

Le profil des acheteurs illustre à quel point la pyramide de la richesse indienne est en train de se transformer.

Explosion du nombre de riches particuliers

L’Inde est aujourd’hui l’un des pays où la richesse progresse le plus vite. Selon divers rapports cités dans l’étude :

– Le nombre de billionnaires a plus que doublé en dix ans, pour atteindre environ 185–191 individus, ce qui place l’Inde au troisième rang mondial derrière les États-Unis et la Chine.

– Le pays compte déjà plus de 850 000 High-Net-Worth Individuals (HNIs) au sens large, et ce chiffre pourrait grimper à 1,65 million d’ici 2027.

– Les Ultra-High-Net-Worth Individuals (UHNIs), au nombre d’environ 13 600 en 2024, devraient connaître une croissance de 50 % d’ici 2028, soit l’un des taux les plus élevés au monde.

– L’Inde représente près de 3,7 % de la population mondiale des très riches et se classe quatrième pour le nombre total d’individus fortunés.

32

Les UHNIs indiens allouent environ 32 % de leurs investissements à l’immobilier résidentiel.

L’âge de ces acheteurs évolue lui aussi rapidement. Plus de 15 % des HNIs avaient moins de 30 ans en 2024, environ 20 % moins de 40 ans, et la part des moins de 40 ans pourrait atteindre 25 % d’ici 2030. Une enquête spécifique menée auprès de la « Next Gen » indienne (18–35 ans, revenus supérieurs à ₹1 crore) révèle que 89 % d’entre eux préfèrent posséder plutôt que louer, 65 % envisagent de surclasser leur résidence dans l’année, et près de 28 % souhaitent investir dans des biens haut de gamme.

HNIs, UHNIs, NRIs : moteurs de la demande

Les acheteurs de luxe sont majoritairement des Indiens résidents : cadres dirigeants, entrepreneurs de la tech, professionnels de la finance, fondateurs de start-ups. Les NRIs, qui représentent environ 20 % des transactions en volume selon un rapport, pèsent en revanche beaucoup plus lourd en valeur, notamment sur les segments luxe et ultra-luxe qui concentrent environ 40 % de leurs dépenses immobilières en Inde.

14.9

Les investissements des NRI dans l’immobilier résidentiel indien pourraient atteindre près de 14,9 milliards de dollars en 2025.

Plusieurs enquêtes convergent : environ 60–71 % des HNIs et UHNIs déclarent vouloir investir dans l’immobilier de luxe en Inde au cours des 12 à 24 prochains mois. Leur motivation principale est désormais la plus-value en capital (cité par environ 55 % des personnes interrogées, contre 44 % l’année précédente), suivie de la diversification de portefeuille, de la recherche de revenus locatifs et d’objectifs plus émotionnels (ancrage familial, patrimoine à transmettre).

Parallèlement, 54–55 % des riches acheteurs se disent intéressés par une résidence secondaire, souvent située en bord de mer ou en montagne. Une majorité souhaite cependant que cette maison de vacances reste accessible en quatre heures de route, ce qui explique la popularité de destinations comme Goa, Lonavala, Alibaug, Dehradun ou Rishikesh.

Une nouvelle définition du luxe : durable, connecté, orienté bien-être

Longtemps synonyme de marbre, de dorures et de surfaces hors norme, le luxe résidentiel en Inde se redéfinit profondément. Trois axes se détachent : la durabilité environnementale, l’intégration technologique et le bien-être.

L’ascension de « l’éco-luxe »

Le marché des bâtiments verts en Inde est en plein essor. Les projets certifiés par des labels comme IGBC, LEED ou GRIHA se multiplient, au point que le pays occupe la troisième place mondiale pour les surfaces homologuées LEED. On recense :

Environ 370 projets certifiés LEED couvrant 8,5 millions de mètres carrés.

– Plus de 7 000 projets labellisés IGBC, représentant quelque 1 370 millions de pieds carrés.

Au total, plus de 11 000 projets « green » pour plus de 10,27 milliards de pieds carrés de surface bâtie.

Ce n’est pas un simple affichage marketing : les bâtiments certifiés verts consomment en moyenne 20–30 % d’énergie de moins et 30–50 % d’eau en moins qu’un immeuble standard. Pour les occupants, cela se traduit par des économies opérationnelles de l’ordre de 20–30 % et, sur le plan patrimonial, par des primes de valorisation en revente estimées entre 7 et 13 %, ainsi que des loyers environ 7 % plus élevés.

58

des ménages aisés dans les métropoles placent la durabilité parmi leurs trois priorités clés

La demande porte sur des équipements très concrets : systèmes de récupération des eaux de pluie (que 72 % des acheteurs en zone métropolitaine jugent désormais indispensables), panneaux solaires, matériaux bas carbone (bambou, bois recyclé, pierre reconstituée), dispositifs de gestion intelligente de l’énergie, isolation performante. Les projets dotés de systèmes de récupération des eaux de pluie peuvent ainsi capter un supplément de 5–8 % sur les prix.

La maison intelligente comme nouveau standard

L’autre grande révolution vient de la technologie. L’Inde est en passe de devenir l’un des marchés les plus dynamiques au monde pour les maisons connectées. Selon les données reprises dans le rapport :

Astuce :

Le marché indien de la maison connectée est estimé à environ 6,5 milliards de dollars en 2024 et progresse d’environ 25 % par an. La pénétration devrait passer de 10,7 % des foyers en 2024 à 22 % en 2028. Le pays comptait déjà 13 millions d’installations domotiques en 2022, avec une nouvelle hausse anticipée de plus de 12 % en 2025. Selon certains scénarios, l’Inde pourrait atteindre près de 442 millions d’appareils connectés résidentiels d’ici 2025.

Les acheteurs les plus fortunés sont en tête de ce mouvement : 75 % d’entre eux exigent des systèmes de domotique intégrés, plus de 70 % des nouveaux projets de luxe sont livrés avec automatisation de la maison en standard et environ 60 % citent l’efficacité énergétique comme priorité. Les solutions vont des thermostats intelligents aux serrures biométriques, en passant par les caméras à reconnaissance faciale, les rideaux motorisés, les systèmes audio multiroom, les assistants vocaux et les plateformes IoT qui interconnectent l’ensemble.

Les avantages ne sont pas que de confort. Des analyses de JLL et d’autres acteurs cités indiquent que des systèmes intelligents de gestion de l’énergie peuvent réduire les consommations de 30–35 %, et que la combinaison « green + smart » permet de diminuer les factures de l’ordre de 10–20 %. Du point de vue de la valeur d’actif, l’intégration de technologies avancées et de principes de construction durable peut renchérir le prix de vente jusqu’à 20 % par rapport à un bien comparable non équipé.

Le bien-être, nouveau marqueur de standing

Troisième pilier de cette redéfinition du luxe : le bien-être. Près de 92 % des Indiens interrogés dans une enquête sur le logement et la santé considèrent que le bien-être dans la maison est aussi important que la propriété elle-même. Dans le haut de gamme, les acheteurs n’attendent plus seulement une piscine ou une salle de sport, mais un véritable écosystème de bien-être : espaces de méditation, spas, saunas, parcours de jogging, jardins thérapeutiques, lumière naturelle abondante, systèmes de purification de l’air, espaces de yoga, zones de coworking calmes.

Exemple :

Selon India Sotheby’s International Realty, en 2024, 60 % des acheteurs de luxe recherchaient spécifiquement des espaces de bien-être personnalisés ou des jardins privés. En réponse, les promoteurs intègrent désormais des équipements comme des pavillons de méditation, des « wellness pavilions », des murs végétalisés et même des façades de type « forêts verticales » dans leurs projets emblématiques.

L’essor du travail à distance renforce cette tendance : les acquéreurs exigent des pièces polyvalentes pouvant faire office de bureau, de salle de sport ou de salle de projection, ainsi que des connexions internet ultra-rapides. La maison de luxe devient un univers complet de vie, de travail et de loisirs.

Un environnement porteur : croissance, réformes et infrastructures

Si le luxe immobilier se porte si bien, c’est aussi parce que l’environnement macroéconomique et réglementaire est relativement favorable.

L’économie indienne affiche une croissance solide, projetée entre 6 et 6,5 %. Le secteur immobilier est le deuxième employeur du pays après l’agriculture, avec un effet d’entraînement sur plus de 270 industries connexes. Les marges de construction en Inde sont, selon certaines études, environ deux fois supérieures à la moyenne mondiale, ce qui incite les développeurs à investir massivement.

Réformes et politiques publiques

Depuis quelques années, une série de réformes ont renforcé la transparence et la confiance :

Bon à savoir :

Le marché immobilier de luxe en Inde est encadré par plusieurs lois et mesures clés. La loi RERA sécurise les transactions en imposant l’enregistrement des projets et la gestion séquestre des fonds. La GST a unifié la fiscalité en remplaçant plusieurs taxes par un taux unique. Les investissements étrangers sont facilités, avec une possibilité de participation à 100% dans les projets. Des politiques nationales, comme les guichets uniques et les incitations pour les projets verts, simplifient les démarches et encouragent le développement qualitatif. Enfin, des mesures fiscales ciblées, telles que des exonérations sur les plus-values et des déductions d’intérêts, soutiennent la demande.

Les budgets successifs ont par ailleurs fait de l’infrastructure une priorité. Le Gouvernement central a alloué plus de 128 milliards de dollars (environ 3,4 % du PIB) à l’infrastructure dans un budget récent, et près de ₹10 lakh crore à des programmes d’habitat urbain. Ces investissements se traduisent par des projets comme le pont Atal Setu (Mumbai Trans Harbour Link), les prolongements de métro, les nouveaux aéroports, les expressways comme la Dwarka Expressway à Delhi ou les corridors logistiques, qui ont un effet immédiat sur l’attractivité des corridors résidentiels premium.

Capital étranger et véhicules d’investissement

Le marché indien attire aussi des flots croissants de capitaux étrangers. Les investissements directs étrangers dans l’immobilier ont atteint environ 4,5 milliards de dollars en 2023 (+18 % sur un an), tandis que les fonds de private equity internationaux ont engagé plus de 3,1 milliards de dollars en 2024–25, contre 2,6 milliards la période précédente. Sur la période 2017–2021, les flux d’investissements étrangers dans l’immobilier indien ont été multipliés par trois pour atteindre 23,9 milliards de dollars, la part des capitaux étrangers passant de 37 % à 82 % des financements sectoriels.

89

C’est le pourcentage des investissements institutionnels concentrés par les États-Unis, le Japon et Hong Kong dans un trimestre récent.

Les SM-REITs, par exemple, imposent que 95 % des fonds soient investis dans des actifs achevés et générateurs de revenus, et permettent à des HNIs de co-détenir des biens haut de gamme pour des tickets d’entrée de l’ordre de ₹10 lakh (ou un peu plus de 100 000 dollars dans certains modèles), avec des rendements visés de 8–12 %. Parallèlement, le marché de la copropriété fractionnée, estimé à environ 500 millions de dollars d’actifs, se développe rapidement, porté par des plateformes comme Strata ou hBits.

Les promoteurs et les projets qui façonnent le paysage

Le boom du luxe s’accompagne de l’émergence (ou de la consolidation) de grands groupes immobiliers, qui multiplient les projets-phare dans les principales villes.

Parmi les acteurs les plus souvent cités figurent DLF, Lodha Group, Godrej Properties, Oberoi Realty, Prestige Group, Brigade Group, Sobha Realty, Hiranandani, Tata Housing, Mahindra Lifespaces, K Raheja Corp ou encore Panchshil Realty. Ces sociétés rivalisent pour développer des résidences spectaculaires, souvent en partenariat avec des marques internationales.

Exemple :

DLF a lancé un projet de luxe près de Delhi évalué à environ ₹4 000 crore, vendant ses 173 unités en quelques semaines. Pour DLF Privana South à Gurugram, les réservations ont atteint ₹7 200 crore et le projet était épuisé avant son lancement officiel. Des réalisations comme The Camellias et The Crest sont devenues des références nationales, cette dernière étant l’une des plus grandes résidences LEED Platinum au monde.

À Mumbai, Lodha Group multiplie les tours haut de gamme, comme Lodha Adrina à Worli, un immeuble de 60 étages proposant des appartements avec des prix d’entrée autour de plusieurs dizaines de milliers de dollars. Oberoi Realty a quant à elle acquis 81 acres de terrain à Alibaug pour développer un complexe de villas et un hôtel de luxe, avec environ 150 villas prévues, illustrant la montée en puissance du segment « resort résidentiel ».

Les promoteurs comme Godrej Properties, Mahindra Lifespaces, Shapoorji Pallonji ou Sobha intègrent systématiquement des standards élevés de durabilité et de technologie dans leurs projets, qu’il s’agisse de Mahindra Eden (présenté comme le premier projet résidentiel net-zéro énergie du pays) ou de complexes comme Godrej Parkridge à Pune ou Park West à Bengaluru.

Rendements, risques et contrastes

Pour les investisseurs, les propriétés de luxe en Inde combinent plusieurs atouts : appréciation rapide du capital, potentiel de revenus locatifs, statut symbolique. Les rendements locatifs bruts sur le résidentiel de luxe se situent généralement entre 2,5 et 4 %, mais peuvent monter à 5–6 % dans certains segments (serviced apartments, biens très bien placés) et jusqu’à 8–12 % pour des résidences secondaires exploitées en location saisonnière, notamment dans des destinations comme Goa.

4.45

C’est le rendement locatif moyen offert par les villes technologiques comme Bengaluru, combinant croissance des loyers et des valeurs.

Mais le paysage n’est pas sans défis. Les principales contraintes identifiées dans le rapport sont :

Bon à savoir :

L’investissement dans l’immobilier de luxe présente des défis spécifiques : des coûts d’acquisition et de maintenance très élevés, un accès au crédit plus restrictif avec des taux et garanties exigeants, et une complexité réglementaire (multiplicité d’autorités, titres fonciers litigieux, règles variables). Il faut aussi considérer la possible saturation de certains micro-marchés ultra-primes, ainsi que des vulnérabilités aux cycles économiques, à la volatilité des taux et aux risques climatiques croissants, notamment dans les villes côtières, ce qui peut augmenter les coûts d’assurance.

Enfin, la forte concentration des investissements sur le luxe accentue un contraste de plus en plus visible : celui qui oppose l’envolée du haut de gamme à la pénurie d’offre abordable. L’Inde souffre d’un déficit estimé à plus de 10 millions de logements dans les segments accessibles, tandis que les loyers augmentent rapidement dans de nombreuses villes, pesant sur le pouvoir d’achat des ménages modestes et de classe moyenne.

Vers quel avenir pour le marché des propriétés de luxe en Inde ?

Tout porte à croire que le segment luxe continuera de surperformer le reste du marché immobilier indien au cours des prochaines années. La démographie de la richesse, avec une population de HNIs et UHNIs appelée à presque doubler d’ici la fin de la décennie, constitue un socle solide. Le retour en force des NRIs, attirés par la faiblesse relative de la roupie, l’amélioration des standards de construction et les perspectives de rendement, soutient également la demande.

65

Représente la part, en pourcentage, des villas et maisons avec terrain dans le marché de l’immobilier de luxe.

Dans le même temps, de nouveaux modèles d’investissement – copropriété fractionnée, REITs spécialisés, SM-REITs – vont sans doute ouvrir ce marché à une plus large base d’investisseurs fortunés, sans nécessairement passer par la propriété en pleine propriété d’un seul actif très cher. Pour beaucoup de HNIs et d’UHNIs, l’immobilier de luxe en Inde devient un pilier structurant du portefeuille, aux côtés de la bourse, des fonds et des actifs alternatifs.

Bon à savoir :

La croissance du marché immobilier de luxe en Inde doit être gérée pour éviter d’aggraver les déséquilibres sociaux. Il est crucial que le développement du haut de marché ne compromette pas l’accessibilité pour la majorité. Une croissance durable nécessite que ce secteur serve à la fois de vitrine économique et de laboratoire pour des standards d’habitat durable, connecté et axé sur le bien-être.

Vous recherchez de l'immobilier rentable : contactez-nous pour des offres sur mesure.

Décharge de responsabilité : Les informations fournies sur ce site web sont présentées à titre informatif uniquement et ne constituent en aucun cas des conseils financiers, juridiques ou professionnels. Nous vous encourageons à consulter des experts qualifiés avant de prendre des décisions d'investissement, immobilières ou d'expatriation. Bien que nous nous efforcions de maintenir des informations à jour et précises, nous ne garantissons pas l'exhaustivité, l'exactitude ou l'actualité des contenus proposés. L'investissement et l'expatriation comportant des risques, nous déclinons toute responsabilité pour les pertes ou dommages éventuels découlant de l'utilisation de ce site. Votre utilisation de ce site confirme votre acceptation de ces conditions et votre compréhension des risques associés.

A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Cyril Jarnias est un expert indépendant en gestion de patrimoine internationale avec plus de 20 ans d'expérience. Expatrié, il se consacre à aider les particuliers et les chefs d'entreprise à construire, protéger et transmettre leur patrimoine en toute sérénité.

Sur son site cyriljarnias.com, il développe son expertise sur l’immobilier international, la création de société à l’étranger et l’expatriation.

Grâce à son expertise, il offre des conseils avisés pour optimiser la gestion patrimoniale de ses clients. Cyril Jarnias est également reconnu pour ses interventions dans de nombreux médias prestigieux tels que BFM Business, les Français de l’étranger, Le Figaro, Les Echos ou encore Mieux vivre votre argent, où il partage ses connaissances et son savoir-faire en matière de gestion de patrimoine.

Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux :
  • LinkedIn
  • Twitter
  • YouTube
Nos guides :