Le marché immobilier en Lituanie vit une phase paradoxale: les prix continuent d’augmenter à un rythme soutenable, les loyers restent dynamiques, les taux d’intérêt refluent peu à peu, tandis que la construction montre des signes de ralentissement. En toile de fond, une économie en croissance, une urbanisation accélérée, un afflux de travailleurs étrangers et de réfugiés, ainsi qu’un virage net vers le logement durable et économe en énergie.
Cet ensemble de facteurs dessine un paysage complexe, qui reste cependant attractif pour les investisseurs comme pour les accédants à la propriété. Plongée dans les grandes tendances qui redessinent aujourd’hui le marché immobilier lituanien.
Un marché en phase de stabilisation, mais toujours en hausse
Après les envolées de 2021‑2022, où certaines zones ont connu plus de 20 % de hausse annuelle, la Lituanie est clairement entrée dans une phase de croissance plus modérée. Les prix continuent de progresser, mais à un rythme jugé plus sain.
Les prix de l’immobilier résidentiel ont augmenté d’environ 187 % depuis 2010.
Une simple comparaison permet de mesurer ce changement d’échelle: un appartement de 100 m² qui se vendait environ 160 000 € il y a cinq ans se négocie autour de 254 000 € aujourd’hui. Autrement dit, les propriétaires de longue date ont vu une partie substantielle de leur patrimoine s’apprécier.
Malgré la hausse des prix, les analystes n’évoquent pas une bulle immobilière. Cette valorisation repose sur des fondamentaux économiques solides : croissance du PIB, augmentation des salaires, urbanisation et demande locative soutenue. Le ralentissement du rythme de hausse observé depuis deux ans est considéré comme un signe de normalisation du marché, et non d’un retournement.
Des indices de prix à des niveaux records
Plusieurs indicateurs illustrent cette trajectoire. L’indice national des prix de l’immobilier résidentiel a atteint plus de 247 points (base 2015=100) début 2025, soit une progression d’environ 9 % sur un an et de plus de 2 % sur un trimestre. Un autre indice, calculé sur base 2010=100, culmine au‑delà de 300 points.
L’histoire récente rappelle cependant la volatilité possible du marché lituanien: en 2007, la hausse annuelle dépassait 30 %, avant de s’inverser brutalement à ‑33 % en 2009. Ce souvenir alimente aujourd’hui une grande prudence chez les régulateurs comme chez les acteurs du marché, d’où l’importance accordée à la soutenabilité de la croissance actuelle.
Vilnius, Kaunas, Klaipėda : le trio moteur, mais les « petites » villes accélèrent
Le marché immobilier lituanien est résolument urbain. En 2023, près de 68,4 % de la population vivait déjà en ville et l’urbanisation continue de gagner plus de 1,7 % par an. La demande se concentre très largement sur les cinq grandes agglomérations, tandis que de nombreuses petites villes et les zones rurales voient leur activité stagner, voire reculer.
Pour mesurer l’écart entre les marchés, il suffit de comparer les prix moyens au mètre carré dans les principales villes.
Niveaux de prix dans les grandes villes (résidentiel, appartements)
| Ville | Prix moyen (€/m²) mi‑2025 | Hausse annuelle récente |
|---|---|---|
| Vilnius | ~2 680–2 770 € / m² | +5,8 % |
| Kaunas | ~1 846–1 926 € / m² | +8,4 % |
| Klaipėda | ~1 752–1 816 € / m² | +7,6 % |
| Šiauliai | ~1 172–1 212 € / m² | +7,2 % |
| Panevėžys | ~1 149–1 192 € / m² | +8,1 % |
Vilnius reste de loin le marché le plus cher, notamment dans son centre historique et les quartiers les plus recherchés, où les programmes neufs et haut de gamme dépassent souvent 3 300 €/m² et peuvent même frôler, dans l’élite absolue, les 4 900–5 000 €/m². À l’autre bout du spectre, les immeubles de l’ère soviétique dans certains quartiers périphériques se négocient encore autour de 1 200 à 1 500 €/m².
Les villes de Kaunas et Klaipėda, longtemps considérées comme bien plus abordables, ont enregistré des hausses de prix cumulées de 25 à 30 % sur les cinq dernières années. Elles émergent désormais comme des alternatives urbaines crédibles à la capitale, bien que moins chères, et sont en pleine mutation. Leur dynamisme est porté par l’industrie et la tech pour Kaunas, et par l’activité portuaire et touristique pour Klaipėda.
Fait marquant, ce sont les marchés secondaires de Šiauliai et Panevėžys qui ont, récemment, enregistré les plus fortes progressions annuelles, dépassant 6 % de hausse sur un an. Ces villes offrent encore des prix moyens autour de 1 150–1 200 €/m², ce qui attire une nouvelle vague d’acheteurs cherchant une porte d’entrée plus accessible sur le marché.
Des volumes de transactions en dents de scie, mais un regain en 2025
Si les prix progresseraient encore même en cas de ralentissement des ventes, la réalité est plus nuancée. Après un pic en 2021 avec plus de 55 000 transactions immobilières, le marché s’est nettement refroidi. En 2023, le nombre de ventes de logements est tombé à un peu plus de 30 000, soit l’un des plus bas niveaux de la décennie.
Environ 4 200 logements (3 100 appartements et 1 100 maisons) ont été enregistrés chaque mois au niveau national au premier semestre 2025.
Cette remontée de l’activité s’explique en grande partie par la détente progressive des taux de crédit et par la stabilisation des prix. Après une phase 2022‑2023 marquée par la flambée de l’EURIBOR, les taux hypothécaires moyens ont commencé à refluer en 2024, passant d’environ 5,7 % en début d’année à 4,55 % au quatrième trimestre. En 2025, la moyenne sur les nouveaux prêts tourne autour de 3,7–3,9 %. Dans le même temps, le volume annuel de nouveaux crédits logement a bondi de près de 25 % en 2024 pour atteindre 2,17 milliards d’euros, avec encore une hausse très forte sur les premiers mois de 2025.
Dans ce contexte, le marché s’est remis en mouvement, en particulier dans le neuf à Vilnius où les ventes ont carrément explosé.
Vilnius : un marché neuf très dynamique, mais sous tension côté offre
La capitale concentre l’essentiel des projecteurs. Sur le marché primaire, l’année 2024 marque un tournant: plus de 3 100 logements neufs ont été achetés directement auprès des promoteurs, soit environ 43 % de plus qu’en 2023. Si l’on inclut les réservations, ce sont plus de 3 280 unités qui ont trouvé preneur, avec une accélération particulièrement nette au second semestre.
Paradoxalement, la flambée des ventes intervient alors que la production de nouveaux logements recule fortement. Les promoteurs n’ont mis sur le marché que 2 589 appartements à vendre en 2024, soit une baisse de près de 47 % par rapport à 2023. Pour 2025, les projections sont d’environ 3 300 unités, un niveau toujours inférieur à celui de 2023.
Ce décalage entre une demande redevenue vigoureuse et une offre en repli soulève un risque de tension sur plusieurs segments, notamment les biens neufs de milieu de gamme, qui représentent désormais la majeure partie de la production.
Structure de l’offre neuve à Vilnius en 2024
| Segment de prix | Part dans l’offre nouvelle |
|---|---|
| Économique | ~40 % |
| Milieu de gamme | ~46 % |
| Prestige / haut de gamme | ~14 % |
Le stock de logements neufs disponibles a quand même progressé au fil de 2024, passant d’environ 3 560 à 4 536 unités, car l’offre accumulée s’est étoffée avec la mise en vente de nouveaux projets suivie d’un délai d’absorption. Mais ce matelas de sécurité pourrait s’amenuiser si les ventes continuent sur cette trajectoire et si le flux de nouveaux projets ne suit pas.
L’indice de balance de marché du primaire à Vilnius en 2024, se rapprochant de la zone d’équilibre entre vendeurs et acheteurs.
Kaunas et Klaipėda : offre en plein boom, demande plus prudente
Kaunas présente un scénario quasi opposé. Boostée par les investissements industriels et l’installation d’entreprises technologiques, la ville a connu un véritable boom de permis de construire en 2023. Les promoteurs y ont mis en vente près de 1 500 appartements cette année‑là, soit 45 % de plus que l’année précédente, et environ 1 500 autres logements étaient en préparation – un niveau inégalé depuis 2008.
En 2024, les transactions dans le neuf à Kaunas ont atteint près de 800 ventes, soit une progression d’un tiers par rapport à l’année précédente.
Dans le locatif, cette abondance de nouveaux appartements devrait se traduire par une hausse du taux de vacance et une pression à la baisse sur certains loyers, au moins à court terme. Les mêmes interrogations se posent à Klaipėda, où l’activité de construction de logements reste soutenue, notamment pour répondre à la demande saisonnière et au développement du tourisme littoral.
Une économie robuste comme moteur du marché
L’évolution de l’immobilier lituanien ne peut être dissociée du contexte macroéconomique. Après un net ralentissement en 2023, l’économie est repartie de l’avant. Le PIB a progressé d’environ 2,7 % en 2024 et de 3,2 % en glissement annuel sur la première moitié de 2025. Les prévisions pour 2025 et 2026 oscillent autour de 2,8–3,1 % par an.
Cette croissance repose sur plusieurs piliers: rebond de l’industrie, bonne tenue du commerce de détail (près de 5 % de hausse des ventes en volume en 2024), construction d’infrastructures en forte progression, et surtout dynamique positive des revenus des ménages. À Vilnius, les salaires ont crû de plus de 9 % en moyenne en 2024, dépassant la hausse des prix immobiliers. Une tendance similaire, bien que moins marquée, est observée dans les autres grandes villes.
Un habitant de Vilnius peut acheter en moyenne environ 7 m² d’un appartement de gamme moyenne avec son salaire net annuel.
Sur le front de l’emploi, le taux de chômage reste contenu autour de 7 %, même si certaines catégories, comme les hommes, ont connu un pic temporaire au‑delà de 7,3 % fin 2023. L’augmentation du nombre de postes qualifiés dans la tech, les services financiers et l’industrie exportatrice a contribué à soutenir la demande de logements dans les grands centres urbains.
Urbanisation, migrations et pression démographique sur les villes
L’un des traits les plus marquants du marché lituanien actuel est la reconfiguration démographique du pays. La population globale reste fragile à long terme à cause d’un faible taux de natalité et d’une émigration chronique, mais, depuis 2022, plusieurs forces nouvelles jouent en sens inverse: retour partiel de Lituaniens partis à l’étranger, afflux massif de réfugiés ukrainiens et immigration de travailleurs venus de Biélorussie, de Russie et d’autres pays.
Vilnius a dépassé le seuil symbolique des 600 000 habitants en 2024, avec une croissance de près de 1,7 % sur l’année.
À ce mouvement s’ajoutent deux flux spécifiques très structurants pour le marché immobilier.
D’abord, l’explosion de la communauté expatriée et étudiante à Vilnius. La capitale accueille désormais près de 73 000 expatriés, et les inscriptions d’étudiants internationaux ont grimpé de 20 % entre 2021 et 2023. À l’université de Vilnius, sur plus de 7 300 nouveaux étudiants à la rentrée 2024, plus de 3 000 viennent de l’étranger, alors même que le parc de logements universitaires ne peut loger qu’environ 5 500 étudiants. La différence se reporte logiquement sur le marché locatif privé.
Une brigade allemande d’environ 5 000 personnes (soldats et familles) sera installée près de Vilnius et Kaunas entre 2025 et 2026. Cette arrivée accentuera la pression sur le marché locatif, particulièrement pour les logements modernes de taille moyenne dans les quartiers bien desservis.
Dans le même temps, de nombreuses petites villes et zones rurales voient leur attractivité se réduire. Depuis plusieurs années, la demande y recule, avec des transactions de logements en baisse de plus de 14 % dans certains segments en 2022. Les rendements locatifs y sont attendus en baisse, tandis que les prix progressent beaucoup plus lentement qu’en milieu urbain et restent souvent en‑deçà de 1 000 €/m².
Un marché locatif sous tension, surtout à Vilnius
La combinaison de ces tendances démographiques, de la montée du travail à distance et des coûts d’accession à la propriété explique la vigueur remarquable du marché locatif, particulièrement dans la capitale.
À Vilnius, les loyers ont flambé de près de 27 % en 2022, puis encore de plus de 10 % en 2023, avant de ralentir à environ 3 % de hausse en 2024. Entre janvier et juillet 2024, ils progressaient encore de plus de 6 % en moyenne. Les niveaux atteints sont significatifs: un appartement de deux pièces dans un quartier central se loue souvent autour de 900 € par mois, avec de forts écarts selon la localisation et la qualité du bien. Les logements de haut standing dans les quartiers les plus prestigieux peuvent dépasser 1 500 à 4 000 € mensuels, certaines grandes maisons atteignant même 5 000 à 6 000 €.
Malgré la hausse des prix, la demande de logements à louer reste forte à Vilnius, particulièrement près des quartiers d’affaires et des campus universitaires. En 2023, le nombre d’offres sur le marché secondaire a même légèrement diminué. L’offre professionnelle (résidences et coliving) se développe mais reste insuffisante pour répondre aux besoins.
En 2024, quatre nouveaux ensembles locatifs gérés sont venus s’ajouter, portant le total à environ 2 500 unités, avec seulement 200 unités supplémentaires prévues en 2025. C’est peu face à l’ampleur de la demande alimentée par les jeunes actifs, les étudiants, les expatriés et, bientôt, les militaires et leurs familles.
Rendements locatifs: la Lituanie en haut du podium balte
Cette tension locative se traduit par des rendements bruts encore attractifs à l’échelle régionale. En moyenne nationale, les rendements résidentiels tournent autour de 6,2–6,4 %, avec un léger repli depuis 2023. Vilnius, en raison de prix plus élevés, offre des rendements moyens un peu plus bas, autour de 4,8–5,5 %, mais qui peuvent grimper jusqu’à 8 % pour les plus petits logements bien situés.
Šiauliai affiche des rendements locatifs moyens supérieurs à 8 %, faisant de la Lituanie l’un des marchés les plus rémunérateurs des pays baltes.
Taux d’intérêt en reflux : un bol d’air pour les acheteurs
La trajectoire des taux d’intérêt a été l’un des principaux risques pesant sur le marché lituanien entre 2022 et 2023. Les taux hypothécaires moyens sont passés de moins de 2,5 % à plus de 5,7 % en un peu plus d’un an, suivant la remontée brutale de l’EURIBOR décidée par la Banque centrale européenne. Cette hausse a comprimé la solvabilité des ménages et freiné nombre de projets d’achat.
En septembre 2025, le taux moyen du crédit immobilier en Lituanie se situe autour de 3,9–4,3 %.
Dans la pratique, les banques appliquent le plus souvent un schéma à taux variable, calé sur l’EURIBOR augmenté d’une marge de 1,5 à 2,5 points, même si des offres à taux fixe sur cinq ans existent, généralement un peu plus chères. Les durées de prêt peuvent aller jusqu’à 30 ans, avec un apport exigé autour de 15‑20 % du prix pour les résidents, et souvent 30‑40 % pour les étrangers non résidents.
Conditions types d’un emprunt logement
| Profil | Apport minimal | Durée max. | Taux indicatif |
|---|---|---|---|
| Résident UE | 15–20 % | 30 ans | ~4–5 % (fixe ou var.) |
| Primo‑accédant | 10–15 % | 30 ans | possible subventions |
| Non‑résident hors UE | 30–40 % | 25–30 ans | ~5–6 % et plus |
L’accès au crédit reste strictement encadré: les banques exigent que l’ensemble des charges de remboursement ne dépasse pas 40 à 50 % du revenu net mensuel et requièrent des preuves de revenus stables sur au moins 6 à 12 mois pour les emprunteurs, en particulier pour les étrangers.
Pourcentage d’augmentation des nouveaux prêts immobiliers en 2024, signe d’un appétit d’achat ravivé.
Segmentation de la demande : plus petit, plus moderne, plus vert
La structure de la demande résidentielle change rapidement. La hausse des prix et des taux, la progression des ménages d’une seule personne, l’essor du télétravail et une sensibilité accrue aux questions environnementales ont profondément modifié les critères de choix des acheteurs.
Le marché immobilier neuf montre une nette domination des appartements et maisons de ville de petite taille (1 à 3 pièces), surtout dans les quartiers urbains bien desservis. Les grandes maisons multifamiliales sont en déclin. Les appartements familiaux plus grands restent demandés, mais sous une forme optimisée : des unités de 70 à 90 m² en périphérie immédiate, comprenant obligatoirement un espace extérieur (terrasse, balcon ou petit jardin).
Les acheteurs manifestent une préférence marquée pour les immeubles modernes, économes en énergie et bien équipés. En 2023, plus de la moitié des nouveaux appartements livrés appartenaient déjà à la classe énergétique A+, et la norme A++ est en passe de s’imposer comme standard de référence à partir de 2025. Dans ce contexte, les programmes de rénovation énergétique, soutenus par l’État et la Banque européenne d’investissement, gagnent du terrain, notamment via le programme de modernisation des immeubles collectifs qui subventionne l’amélioration thermique du parc existant.
Près de 60 % des travailleurs pratiquent désormais le télétravail au moins partiellement, ce qui influence fortement le choix du logement. Une pièce supplémentaire ou un coin bureau dédié est devenu un critère prioritaire pour de nombreux acquéreurs et locataires, au point que les plans commerciaux et les argumentaires des agents immobiliers s’adaptent à cette nouvelle demande.
Le tournant durable: labels, bois et énergie verte
Parallèlement aux tendances purement économiques, le marché lituanien est engagé dans une transformation environnementale profonde. Sous l’impulsion de la réglementation européenne et de politiques nationales ambitieuses, la construction se « verdit » à grande vitesse.
Les bâtiments certifiés selon des standards internationaux tels que BREEAM ou LEED se multiplient, d’abord dans les bureaux et la logistique, puis progressivement dans le résidentiel. À Kaunas, l’usine de Continental Automotive a obtenu la certification LEED Or, devenant l’un des symboles de cette nouvelle génération de bâtiments industriels performants, tandis qu’à Vilnius, de plus en plus de projets de bureaux et de commerces visent des labels de durabilité pour répondre aux exigences des grandes entreprises internationales.
La Lituanie a développé son propre référentiel de certification, le LBSAS, conçu pour être plus adapté aux spécificités locales et moins coûteux que les standards internationaux. Ce système évalue les bâtiments sur une série de critères comprenant la performance énergétique, la mobilité, la qualité de l’air intérieur, le choix des matériaux, la gestion de l’eau et des déchets, ainsi que la biodiversité. Actuellement, la majorité des bâtiments certifiés se trouvent dans la capitale, Vilnius, mais les professionnels du secteur anticipent une généralisation progressive de ces exigences environnementales à l’ensemble du marché immobilier du pays.
L’autre grande tendance est le retour en grâce du bois comme matériau de construction, dans le cadre du développement de la bioéconomie. Des études comparatives ont montré que les structures en bois lamellé croisé affichent une empreinte carbone nettement inférieure à celle du béton armé, consomment moins d’énergie et d’eau à la construction et génèrent moins de déchets. À surface égale, une structure bois sur plusieurs niveaux peut ainsi émettre jusqu’à trois fois moins de CO₂ équivalent qu’une structure en béton, tout en stockant du carbone biogénique pendant la durée de vie du bâtiment.
À partir de novembre 2024, au moins 50% des matériaux des nouveaux bâtiments publics devront être en bois ou d’origine organique. Dès 2025, ces bâtiments devront également suivre un schéma de certification environnementale reconnu.
Immobilier commercial : forte sélectivité, domination du retail et de la logistique
Du côté des bureaux, des commerces et des entrepôts, le paysage est plus contrasté. L’année 2024 a été l’une des plus faibles depuis une décennie en matière d’investissement dans l’immobilier commercial en Lituanie, avec un volume d’environ 230 millions d’euros, soit une baisse de plus de 40 % par rapport aux années précédentes. Les grandes transactions, au‑delà de 30 millions d’euros, ont quasiment disparu au profit de deals de taille petite à moyenne, largement dominés par des capitaux locaux.
En 2024, près de 60 % des investissements commerciaux ont été concentrés sur les parcs commerciaux et supermarchés de taille moyenne occupés par de grandes chaînes alimentaires.
Les bureaux, eux, traversent une phase de digestion de l’offre. À Vilnius, le stock de bureaux modernes avoisine 1,2 million de m², dont 41 % en catégorie A. L’année 2024 n’a vu la livraison que de 24 700 m² supplémentaires – le plus faible flux depuis dix ans – mais la demande a aussi fortement fléchi, avec à peine plus de 52 000 m² loués sur l’année, soit 58 % de moins qu’en 2023. Le télétravail, l’optimisation des surfaces et les incertitudes économiques poussent de nombreux occupants à rechercher des baux plus courts et à partager ou sous‑louer une partie de leurs espaces.
Le taux de vacance dans les bureaux modernes de la capitale a grimpé à près de 9 %.
Les entrepôts et locaux logistiques constituent l’autre grand gagnant de cette recomposition. À Vilnius et dans sa région, plus de 120 000 m² d’entrepôts modernes ont été ajoutés en 2024, portant le total à près de 1 million de m², et environ 100 000 m² supplémentaires sont attendus en 2025. Si le taux de vacance commence à remonter, notamment dans les plateformes plus anciennes, la demande pour des espaces modernes, économes en énergie, bien connectés aux grands axes et capables d’accueillir des solutions d’automatisation, demeure très solide.
Marché foncier : volumes en baisse, mais prix stables autour de Vilnius
Le marché des terrains suit sa propre logique. Après un pic de transactions en 2021, les volumes se sont contractés deux années consécutives, de 14 % en 2023 puis encore de 2 % en 2024, ramenant l’activité à des niveaux proches de ceux de 2016. La part des terrains agricoles dans les ventes diminue progressivement, tandis que les parcelles à vocation résidentielle ou mixte gagnent en importance, surtout autour de Vilnius.
Prix au m² en euros des parcelles pour immeubles collectifs dans les banlieues résidentielles de la capitale.
Pour les investisseurs étrangers, l’accès au foncier comporte toutefois davantage de contraintes que l’achat de logements. L’acquisition de terres agricoles ou forestières nécessite des autorisations spécifiques, et certains terrains stratégiques – zones naturelles protégées, sites proches d’infrastructures sensibles – sont strictement encadrés, surtout depuis le durcissement des règles à l’égard des investisseurs russes.
Un cadre réglementaire stable et une ouverture aux capitaux étrangers
Sur le plan juridique, la Lituanie offre un environnement relativement transparent et prévisible. Les étrangers – en dehors de certaines catégories particulières comme les citoyens russes sans résidence locale – peuvent acheter librement des biens résidentiels et commerciaux, les louer et les revendre. Les citoyens de l’UE et de l’EEE bénéficient des mêmes droits que les Lituaniens.
Il n’existe pas de programme de ‘passeport doré’ lié à l’investissement immobilier, mais des permis de séjour ou des facilités de relocalisation peuvent être utilisés pour attirer talents et investisseurs. Le régime fiscal est compétitif : la TVA de 21% s’applique généralement au neuf (incluse dans les prix affichés). Les revenus locatifs et les plus-values sont soumis à l’impôt sur le revenu, avec un taux standard de 15%, pouvant atteindre 20% au-delà de certains seuils élevés.
Les impôts fonciers sur la résidence principale restent modérés, voire nuls en‑dessous de certains niveaux de valeur, alors que les biens d’investissement ou de luxe sont davantage taxés. La combinaison de ce cadre fiscal et de rendements locatifs encore élevés explique en partie le succès croissant des structures d’investissement immobilier, y compris des fonds et REITs locaux supervisés par la Banque de Lituanie.
Perspectives : une croissance plus lente, plus verte et plus sélective
À moyen terme, tous les indicateurs convergent vers un scénario de poursuite de la hausse des prix, mais sur un rythme plus mesuré qu’au cours de la dernière décennie. La majorité des observateurs anticipent des augmentations annuelles de l’ordre de 5 à 7 % sur la période 2025‑2026, avec de possibles écarts importants selon les segments et les localisations.
Les marchés les plus dynamiques devraient rester:
Panorama des principales tendances et défis immobiliers dans les villes lituaniennes, de la capitale aux villes en rattrapage.
Portée par les secteurs technologiques et des services, l’afflux d’expatriés et d’étudiants génère une forte demande, confrontée au défi de produire suffisamment de logements, notamment locatifs.
Ces villes bénéficient de politiques volontaristes pour attirer les entreprises industrielles et logistiques, avec un risque d’excès d’offre ponctuel sur certains segments de marché.
Ces villes moyennes, encore abordables, connaissent désormais une croissance immobilière plus rapide que celle de la capitale, marquant une phase de rattrapage.
Dans le même temps, de nombreuses zones rurales et petites agglomérations pourraient voir la demande stagner ou reculer, avec une tendance à la stabilisation, voire à la baisse, des loyers et des rendements.
Pour se démarquer, les promoteurs doivent prioriser la performance énergétique (via la rénovation et les matériaux bas-carbone comme le bois), la qualité de vie (intégration d’espaces verts, biophilie, confort acoustique), ainsi que la flexibilité des espaces et l’accessibilité aux transports et services.
Enfin, la montée en puissance du télétravail, du coliving, de la location professionnelle gérée et des plateformes de location de courte durée, notamment sur la côte, continuera de brouiller les frontières traditionnelles entre résidence principale, location longue durée et hébergement touristique.
Dans ce contexte mouvant mais porteur, l’immobilier en Lituanie apparaît comme un marché arrivé à maturité, entrée dans une phase de croissance plus lente mais plus qualitative, avec de solides fondamentaux macroéconomiques, des rendements encore attractifs et un cadre réglementaire stable. Une configuration qui, malgré les incertitudes géopolitiques et les cycles de taux, en fait encore aujourd’hui l’un des marchés les plus surveillés de la région baltique.
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