Acheter un appartement à Vilnius ou une maison de vacances à Palanga fait rêver de plus en plus d’Européens. Marché encore abordable, économie en croissance, rendement locatif souvent supérieur à celui de l’Ouest… Sur le papier, la Lituanie coche de nombreuses cases. Pourtant, derrière cette image séduisante, les acheteurs – surtout étrangers – répètent toujours les mêmes erreurs, parfois très coûteuses.
Cet article identifie les principaux risques lors d’un achat immobilier en Lituanie, en s’appuyant sur le cadre légal, les pratiques du marché et l’expérience de professionnels locaux. Il propose un guide pratique et concret, non théorique, pour vous accompagner.
Mal évaluer le marché lituanien et ses spécificités
Beaucoup d’investisseurs se lancent en Lituanie en pensant que tous les marchés d’Europe centrale se ressemblent. Or le pays a ses propres dynamiques, ses forces mais aussi ses fragilités.
Le marché est globalement stable, porté par une croissance économique régulière, une dette publique modérée et une intégration forte à l’Union européenne et à la zone euro. Les prix ont pourtant flambé ces dernières années : sur cinq ans, les logements ont pris environ 74 %, avec des hausses dépassant 9 % en 2023 dans les grandes villes.
Le prix maximum au mètre carré pour un appartement neuf dans un quartier central ou historique de Vilnius.
Un autre piège est de ne pas tenir compte de la saisonalité. L’activité est nettement plus forte au printemps et à l’automne, avec des pics de ventes d’appartements notamment en avril et septembre. Chercher à acheter “en urgence” en plein pic, sans préparation, conduit souvent à surpayer, surtout dans les zones en tension comme les quartiers centraux de Vilnius ou les stations balnéaires.
Pour mieux visualiser les ordres de grandeur, il est utile de comparer les niveaux de prix par ville et catégorie de bien.
Exemples de fourchettes de prix par mètre carré
| Localisation / type de bien | Prix approximatif au m² |
|---|---|
| Appartement (moyenne Vilnius) | 2 680 – 3 300 € |
| Neuf centre / Vieille Ville de Vilnius | 4 000 – 5 000 € |
| Logements à Kaunas | 1 850 – 2 750 € |
| Logements à Klaipėda | 1 750 – 2 000 € |
| Petites villes (Šiauliai, Panevėžys, etc.) | 1 150 – 1 200 € |
| Neuf en zone rurale (environ) | 1 555 € |
Ne pas connaître ces ordres de grandeur conduit à une seconde erreur : négocier à l’aveugle, sans savoir si l’on paie un prix de marché ou une prime excessive à l’engouement.
Sous-estimer les coûts cachés et la fiscalité
En Lituanie, le prix affiché sur une annonce n’est que le début de l’histoire. Nombre d’acheteurs étrangers découvrent tardivement certains postes de dépenses obligatoires ou quasi indispensables.
Les frais de notaire représentent en général 0,33 à 0,45 % du prix du bien, avec un minimum d’une trentaine d’euros et un plafond autour de 5 000–6 000 €, auxquels s’ajoute la TVA de 21 %. L’enregistrement au registre immobilier (Registrų centras) engendre à son tour des frais, le plus souvent entre 50 et 100 €, parfois calculés en pourcentage de la valeur (0,03–0,5 %). Un avocat facture en pratique de l’ordre de 800 à 2 000 € pour accompagner une transaction simple, davantage pour les dossiers complexes (terrain, immeuble ancien, litiges).
De nombreux acheteurs omettent de chiffrer en amont les dépenses annexes et les coûts récurrents (taxe foncière, charges, entretien, chauffage), ce qui peut entraîner un dérapage budgétaire de plusieurs milliers d’euros.
Illustration des coûts de transaction pour un bien à 200 000 €
| Poste | Montant indicatif |
|---|---|
| Frais de notaire (0,45 % max) | ~900 € + 21 % de TVA |
| Frais d’enregistrement | 50 – 100 € |
| Honoraires d’avocat | 800 – 2 000 € |
| Évaluation bancaire (si prêt) | 150 – 300 € |
| Traductions assermentées | 200 – 600 € (selon quantité de documents) |
| Divers (copie, apostille, etc.) | 100 – 200 € |
En pratique, il faut tabler sur 2 à 4 % du prix du bien en frais annexes, parfois plus si l’on ajoute des travaux de rénovation, des mises aux normes ou des coûts de mise en location.
Les erreurs sur la fiscalité sont tout aussi fréquentes. La Lituanie ne pratique pas un “droit de timbre” massif comme certains pays, mais la taxation peut vite devenir significative si l’on n’anticipe pas les règles :
L’imposition des biens immobiliers en France comprend plusieurs volets. La taxe immobilière annuelle (taxe foncière) exonère généralement les résidences principales de valeur modérée. Les seuils d’exonération sont d’environ 150 000 € pour une personne seule et 220 000 € pour les familles nombreuses. Au-delà, un taux de 1 à 1,5 % s’applique sur la fraction excédentaire. Les revenus locatifs sont imposés à un taux de 15 à 20 %, selon le régime fiscal et le statut de résident ou non-résident, et sont calculés sur le loyer brut ou le bénéfice net. Enfin, les plus-values immobilières sont généralement taxées à 15 % en cas de revente à court terme. Des exonérations existent pour la résidence principale (occupée au moins deux ans) ou pour les biens détenus depuis plus de dix ans.
Une confusion classique consiste à mélanger ces règles avec celles d’autres pays de l’UE et à croire, par exemple, que la plus-value est systématiquement exonérée après trois ans, ou que les revenus locatifs peuvent être aisément “oubliés”. La Lituanie applique pourtant des règles précises, et le non-respect peut déclencher contrôles, pénalités et intérêts de retard.
Croire que l’achat ouvre un droit automatique de résidence
L’un des malentendus les plus répandus chez les acheteurs non lituaniens est de penser que l’achat d’un appartement ou d’une maison donne automatiquement accès à un titre de séjour, voire à la citoyenneté.
La Lituanie n’offre pas de titre de séjour lié à l’achat immobilier. Posséder un bien peut servir à prouver sa solvabilité ou son ancrage dans le pays, ce qui peut renforcer une demande de résidence pour d’autres motifs (emploi, création d’entreprise, regroupement familial). Cependant, l’achat en soi ne confère aucun droit automatique de résidence.
Ignorer ce point mène à une double erreur stratégique. D’abord, investir en pensant s’installer sans prévoir un véritable projet de visa ou de permis de séjour. Ensuite, surpayer un bien en considérant à tort qu’il “achète” un statut migratoire.
Pour les investisseurs hors UE, il est crucial de dissocier complètement la stratégie immobilière et la stratégie de résidence. L’une ne remplace pas l’autre.
Négliger la due diligence et les vérifications de base
Sur le plan juridique, la Lituanie offre un cadre assez transparent, avec un registre foncier public et des notaires obligatoires pour toute vente. Beaucoup d’acheteurs y voient – à tort – la garantie que “tout est vérifié automatiquement”.
Le notaire contrôle certes l’existence du bien, l’identité des parties et l’absence d’hypothèques ou d’inscriptions évidentes contraires à la vente, mais son rôle reste limité à la forme et à certaines vérifications de base. Il ne mène pas un audit global du bien ni de son environnement.
Se contenter du filtre minimal sans avocat est une erreur. En Lituanie, plusieurs facteurs spécifiques rendent une due diligence juridique complète absolument nécessaire.
– des traces encore complexes de la période soviétique et des restitutions de propriété (litiges anciens, héritiers réapparus, enchevêtrement de droits) ;
– des problèmes de conformité urbanistique ou de permis de construire, surtout pour des extensions ou des reconstructions ;
– des servitudes, droits de passage, baux longue durée ou préemptions mal compris.
Une bonne due diligence couvre à la fois la situation juridique, financière et technique du bien.
Éléments-clés d’une due diligence souvent oubliés
| Domaine | Vérifications essentielles |
|---|---|
| Juridique | Titre de propriété, encumbrances (hypothèques, servitudes), préemptions |
| Urbanisme | Conformité aux règles de zonage, permis de construire, statut patrimonial |
| Fiscal | Situation des taxes foncières, impôts locaux, éventuels arriérés |
| Technique | Structure, réseaux, isolation, conformité sécurité et incendie |
| Voisinage | Projets de développement, nuisances, taux de criminalité, accès transports |
Ne pas mener ces contrôles expose à des déconvenues lourdes : impossibilité de transformer un local en logement, interdiction de location de courte durée, surprise d’une hypothèque ancienne non levée, ou mise en conformité coûteuse.
Faire l’impasse sur l’audit technique, surtout dans l’ancien
Autre erreur très fréquente : se fier uniquement à ses impressions lors de la visite, sans audit technique approfondi, alors qu’une grande partie du parc immobilier lituanien date d’avant 1990, souvent des années 1960–1980.
Ces immeubles nécessitent un entretien constant. Les problèmes typiques sont bien documentés : toits qui fuient, façades dégradées, canalisations bouchées, ponts thermiques massifs, installations électriques obsolètes. Les charges de chauffage sont notoirement élevées dans les bâtiments anciens mal isolés, et l’augmentation de près de 100 % des coûts de chauffage en 2022 a rappelé brutalement l’importance de la performance énergétique.
Un audit technique pré-achat permet de détecter ces défauts :
Les éléments essentiels à vérifier lors d’un examen approfondi d’un bâtiment, pour en évaluer l’état et la conformité.
Inspection des murs porteurs, des planchers et de la présence de fissures pour évaluer la solidité de l’ouvrage.
Vérification des installations d’électricité, d’eau, d’évacuation et de chauffage pour assurer leur bon fonctionnement.
Examen de la toiture, de la cage d’escalier, de l’ascenseur et du sous-sol, éléments partagés de l’immeuble.
Contrôle de l’alarme incendie et des issues de secours pour garantir la sécurité des occupants.
Évaluation de la qualité des murs, sols, menuiseries et fenêtres à l’intérieur des logements.
Cet audit ne se limite pas à la technique : il inclut aussi la consultation des documents tenus par l’administrateur de l’immeuble (rapports d’inspection, plan de travaux, appels de fonds, niveau de participation des copropriétaires, etc.). Beaucoup d’acheteurs ignorent qu’en Lituanie, les copropriétaires votent les travaux et qu’un faible taux de participation (30 % en moyenne aux réunions) retarde parfois les rénovations nécessaires.
En l’absence de cet audit, il est facile d’acheter un appartement à prix apparemment attractif, puis de se voir réclamer quelques mois plus tard 3 000 ou 5 000 € de participation à un fonds de rénovation ou à des travaux d’urgence non anticipés.
Sous-estimer la fragilité juridique des immeubles anciens
Les biens construits avant l’indépendance sont particulièrement exposés aux complexités historiques : propriétés nationalisées, restitutions incomplètes, successions mal réglées. Même si le registre immobilier lituanien est désormais bien structuré, des litiges ou droits anciens peuvent subsister en toile de fond.
L’achat d’un appartement dans le centre historique de Vilnius, ou dans toute autre zone soumise à une protection patrimoniale, sans avoir vérifié ce statut au préalable, est une erreur fréquente. Ce statut impose de fortes contraintes, pouvant empêcher certains travaux de rénovation, les rendre beaucoup plus coûteux, ou interdire des changements d’usage comme la location touristique de courte durée.
Enfin, il ne faut pas oublier les prérogatives de certains tiers : copartageurs en indivision, voisins agricoles disposant de droits de préemption, voire État lui-même pour certains terrains stratégiques, zones frontalières, parcs nationaux, littoraux, dunes, etc. Là encore, l’absence de vérification en amont peut bloquer ou annuler une transaction.
Se fier aveuglément aux estimations de valeur
Autre piège courant : considérer que la valeur du bien figure déjà dans les documents officiels, notamment via l’évaluation de masse réalisée chaque année par le Centre des registres, et ne pas demander d’expertise indépendante.
Le système lituanien de “mass appraisal” sert essentiellement à la taxation foncière. Il ne reflète pas toujours les prix réels du marché. Des études montrent que dans certaines villes, comme Kaunas, les écarts entre valeurs de masse et prix transactionnels pouvaient atteindre de 7 % à 98 %, avec une moyenne autour de 40 %.
Réutiliser ces chiffres comme base de négociation, ou les croire “officiels”, est donc une erreur. À l’inverse, il ne faut pas non plus accorder une confiance aveugle à un rapport d’évaluation individuelle sans vérifier le sérieux de l’expert. Une décision de la Cour suprême lituanienne a ainsi mis en cause un évaluateur dont le rapport surestimait la valeur d’un bien “des dizaines de fois”, causant un préjudice important à une banque qui avait accordé un prêt disproportionné.
Cour suprême lituanienne
Une stratégie plus saine consiste à :
Pour une évaluation fiable, demandez un avis de valeur indépendant conforme aux standards internationaux (IVS/TEGoVA). Comparez ensuite ce résultat aux prix de vente réellement conclus (et non seulement affichés) pour des biens similaires dans le même quartier. Enfin, prévoyez que les négociations aboutissent généralement à des rabais de 2 à 5 % sur le prix demandé, pouvant être plus élevés pour les biens en périphérie ou en mauvais état.
Dans certains quartiers très prisés de Vilnius, comme Naujamiestis ou Paupys, les marges de négociation sont plus réduites. À l’inverse, une maison rurale ou un appartement défraîchi pourra se négocier 5 à 10 % en dessous du prix initial, voire plus si le vendeur est pressé et que l’acheteur dispose de liquidités.
Faire l’impasse sur le risque de change et de financement
Même si la Lituanie utilise l’euro, le risque de change n’est pas nul pour les acheteurs dont les revenus sont dans une autre devise. Une variation défavorable entre la signature du compromis et le transfert final des fonds peut coûter plusieurs milliers d’euros.
Par ailleurs, beaucoup de non-résidents surestiment la facilité d’accès au crédit local. Dans la pratique, les banques lituaniennes se montrent prudentes à l’égard des étrangers sans permis de séjour ni revenus stables sur place. Lorsqu’un financement est accordé, il impose souvent :
– un apport plus élevé (30–40 % pour un non-résident, contre 15–20 % pour un résident) ;
– un ratio d’endettement strict (mensualités limitées à environ 40 % des revenus) ;
– un examen détaillé des revenus et de la situation fiscale, parfois sur plusieurs années.
Partir du principe que l’on obtiendra sans difficulté les mêmes conditions de crédit qu’un acheteur local conduit à sous-estimer les fonds propres nécessaires. Cette erreur peut se payer cher si l’on a déjà versé un acompte de 10 ou 15 % dans le cadre d’un avant-contrat, acompte généralement non remboursable en cas de défaillance de l’acheteur.
Mal comprendre le rôle du notaire et se passer d’avocat
En Lituanie, l’intervention d’un notaire est obligatoire pour toute vente immobilière. Beaucoup d’étrangers, habitués à confier l’intégralité de la sécurité juridique au notaire dans leur pays, projettent la même attente ici et renoncent à engager un avocat, pensant “faire doublon”.
C’est l’une des erreurs les plus dangereuses.
Le notaire lituanien a un rôle de garant de la forme et de certaines vérifications de base : identité des parties, existence du bien, inscription au registre, absence d’hypothèques manifestes, conformité formelle de l’acte. Il ne mène ni audit historique complet, ni analyse fiscale personnalisée, ni négociation contractuelle approfondie.
L’avocat, lui, peut : assurer la défense de ses clients dans les procédures judiciaires, conseiller sur des questions légales, rédiger des contrats et d’autres documents juridiques, représenter ses clients devant les tribunaux, et négocier des règlements.
– analyser le passé juridique du bien (chaîne des titres, restitutions, litiges en cours) ;
– vérifier la cohérence entre les caractéristiques réelles et les enregistrements cadastraux ;
– négocier et rédiger des clauses plus protectrices pour l’acheteur (garanties, conditions suspensives, pénalités de retard) ;
– vérifier les implications fiscales selon la situation personnelle de l’acheteur (résident / non-résident, structure d’acquisition, objectifs de revente ou de location) ;
– représenter le client à distance via une procuration, dans une langue qu’il maîtrise.
Renoncer à cet accompagnement pour “économiser” quelques centaines ou milliers d’euros, alors que l’on engage de 100 000 à 300 000 € sur un bien, est un faux calcul.
Confondre compromis de vente et simple réservation
La pratique lituanienne prévoit généralement la signature d’un accord préliminaire (preliminarioji sutartis) avant l’acte définitif. Ce document, souvent négligé, est pourtant juridiquement contraignant et s’apparente davantage à un compromis qu’à une simple “réservation”.
On y mentionne le prix convenu, les délais, les conditions (obtention d’un prêt, par exemple) et surtout le montant de l’acompte, fréquemment de 10 % voire 15 % du prix de vente. En cas de désistement injustifié de l’acheteur, cet acompte est en principe perdu.
Il est risqué de signer un avant-contrat sans traduction complète ou avant d’obtenir une simulation de crédit sérieuse, car cela peut limiter les possibilités de retrait et engager financièrement sur une promesse de prêt incertaine.
Avant toute signature, il est indispensable de :
– faire traduire intégralement le document par un professionnel ;
– confier sa relecture à un avocat local ;
– conditionner clairement l’efficacité de la promesse à l’obtention d’un financement, lorsqu’un prêt est nécessaire ;
– encadrer les cas de force majeure et les délais de réalisation.
Sous-estimer les contraintes liées à la location courte durée
De nombreux acheteurs misent sur la location touristique pour rentabiliser leur investissement, surtout dans les villes très demandées (Vilnius, Kaunas, Klaipėda) ou dans les stations comme Palanga et Nida. Ils projettent des rendements élevés, en se basant sur des taux bruts de 10–15 % constatés en haute saison sur la côte ou 7–9 % dans certains quartiers étudiants.
L’erreur est de ne considérer que le potentiel brut, sans vérifier :
Avant de se lancer, il est crucial de considérer : les réglementations locales (autorisations, règles de copropriété, limites municipales) ; la saisonnalité extrême sur le littoral, concentrant les revenus sur quelques mois ; les obligations fiscales (déclaration des revenus, TVA, retenues à la source pour non-résidents) ; ainsi que l’usure accélérée du bien et les coûts de gestion (ménage, accueil, maintenance).
À cela s’ajoute une réalité souvent occultée : la sous-déclaration endémique des loyers dans certains segments du marché. Beaucoup de statistiques “de rendement” qui circulent sont en fait calculées sur des loyers bruts non déclarés, alors que l’application effective d’un impôt de 15 % sur les revenus locatifs réduit mécaniquement le rendement net de 2 à 3 points.
Un calcul réaliste doit intégrer toutes ces données, sous peine de bâtir un plan de cash-flow sur des hypothèses irréalistes.
Ignorer les restrictions spécifiques pour les étrangers
Le cadre lituanien est ouvert aux investisseurs, mais il contient des restrictions ciblées que certains acheteurs étrangers découvrent trop tard.
Les citoyens de l’UE et de l’Espace économique européen peuvent acheter sans restriction la plupart des biens résidentiels et commerciaux. Les étrangers hors UE le peuvent également pour les appartements, maisons et bureaux, mais les choses se compliquent quand il s’agit de terrains agricoles ou de forêts. Dans ces cas, des autorisations spéciales sont nécessaires, avec parfois des conditions d’exploitation agricole sur plusieurs années.
L’acquisition de certains biens, comme dans les zones frontalières, les parcs nationaux, les dunes côtières, les sites militaires ou la Curonian Spit, peut être strictement réglementée, interdite aux non-résidents, ou nécessiter une autorisation ministérielle (ex : Défense).
Autre point d’actualité : la Lituanie a suspendu, par une loi spécifique, le droit de citoyens russes (et d’entités qu’ils contrôlent) à acheter de l’immobilier, sauf cas particuliers (résidence ou héritage). Ne pas vérifier ces restrictions en amont peut tout simplement rendre impossible la transaction.
Acheter hors-plan sans balises de sécurité
L’attrait pour les immeubles neufs est très fort en Lituanie, où beaucoup de ménages préfèrent des logements modernes, plus sobres en énergie et mieux équipés. Les développeurs commercialisent souvent les appartements sur plan, parfois bien avant la fin des travaux.
Acheter hors-plan n’est pas spécifiquement lituanien, mais le contexte local cumule plusieurs risques :
– défaillance financière du promoteur ;
– retards importants liés à la hausse des coûts de construction, à la pénurie de main-d’œuvre ou à des changements réglementaires ;
– modifications de projet (matériaux, finitions, surfaces, vues) par rapport aux plans initiaux ;
– obtention tardive ou contestable de certains permis de construire ou d’exploitation.
De nombreux acheteurs signent des contrats standards favorables au promoteur, acceptant des clauses qui permettent à la société de se retirer unilatéralement en cas de ‘difficultés économiques’. Dans ce scénario, ils ne bénéficient souvent que d’un remboursement nominal des sommes versées, une somme qui peut être érodée par l’inflation ou les variations du marché, sans garanties solides pour protéger leur dépôt.
Pour sécuriser un achat hors-plan en Lituanie, il est prudent de : vérifier la légitimité du vendeur, consulter un notaire ou un professionnel de l’immobilier, effectuer des recherches sur le bien et demander des documents légaux.
– contrôler de manière indépendante le titre de propriété du terrain et tous les permis nécessaires ;
– vérifier le track-record du promoteur (projets livrés, contentieux éventuels) ;
– inclure des clauses détaillant les spécifications techniques, les délais, les pénalités de retard, les conditions de résolution du contrat et le sort du dépôt ;
– privilégier, lorsque c’est possible, les schémas où les dépôts sont placés sur un compte séquestre et libérés par étapes.
Sous-estimer les coûts d’exploitation sur le long terme
Beaucoup d’investisseurs se concentrent sur le prix d’achat et les frais initiaux, sans bâtir un budget pluriannuel pour l’exploitation du bien. Or en Lituanie, certains postes récurrents peuvent peser lourd :
Au-delà du prix d’achat et du crédit, l’investissement locatif génère des dépenses régulières et obligatoires qu’il faut anticiper pour une gestion sereine.
Frais mensuels pour les parties communes, souvent entre 30 et 100 € pour un appartement, et plus dans les résidences haut de gamme.
Provision pour travaux futurs, généralement de 0,03 à 0,05 €/m² minimum. Le montant peut être augmenté si les copropriétaires décident d’accélérer les travaux.
Poste de dépense particulièrement coûteux dans les immeubles anciens, souvent à cause d’une mauvaise isolation.
Taxe foncière due pour les biens dont la valeur dépasse les seuils d’exonération en vigueur.
Coût annuel indispensable, surtout si le bien est financé, généralement compris entre 50 et 150 €.
Dans un immeuble soviétique non rénové, les factures de chauffage d’hiver peuvent parfois dépasser largement celles d’un appartement récent en classe énergétique A ou B. Ne pas intégrer cette réalité dans ses projections, c’est risquer de transformer un rendement théorique attractif en investissement tout juste équilibré.
Ne pas prendre en compte les dynamiques d’infrastructure et de quartier
La Lituanie investit massivement dans ses infrastructures : projets ferroviaires comme Rail Baltica, amélioration des lignes de bus électriques à Vilnius, extension des pistes cyclables, modernisation autoroutière sur l’axe Vilnius–Kaunas, etc. Certaines opérations, comme la requalification de Naujamiestis à Vilnius ou l’extension du port de Klaipėda, influent déjà sur les prix.
Avant un achat immobilier, il est crucial de vérifier que la valorisation d’un bien correspond à sa desserte réelle. Évitez d’acheter au prix fort dans un quartier mal connecté, éloigné des pôles d’emploi ou des campus, pour ne pas parier sur un développement futur incertain ou tardif.
Inversement, refuser a priori un quartier en mutation, comme Šnipiškės hier ou certaines franges urbaines aujourd’hui, par simple méconnaissance, peut faire manquer des hausses de valeur significatives.
Une bonne préparation consiste à : prévoir les détails, s’organiser, et anticiper les imprévus.
– consulter les plans d’urbanisme auprès de la municipalité ;
– vérifier la présence ou le projet de transports structurants (bus, rails, pistes cyclables) ;
– regarder la dynamique démographique du quartier (jeunes ménages, étudiants, entreprises tech, etc.) ;
– évaluer la profondeur du marché locatif local (demande stable ou très saisonnière).
Se contenter d’une traduction approximative des contrats
Tous les actes authentiques sont rédigés en lituanien. De nombreux étrangers s’en remettent à une traduction orale sommaire pendant le rendez-vous chez le notaire, ou à une version anglaise non officielle, et signent sans maîtriser réellement les engagements pris.
Les risques sont multiples :
Les acheteurs doivent être vigilants face à plusieurs clauses fréquemment mal comprises : les clauses limitant la responsabilité du vendeur, la répartition des travaux entre les parties, les mécanismes de pénalité ou de résiliation, et les références au droit local concernant les garanties légales, les délais de prescription et les règles sur les vices apparents ou cachés.
Le droit lituanien prévoit d’ailleurs que l’acheteur ne peut pas réclamer ultérieurement une indemnisation pour des défauts qui étaient visibles et auraient pu être détectés lors de la visite. Signer sans comprendre ce qu’on accepte, c’est renoncer d’avance à certaines protections.
La prudence impose de disposer d’une traduction écrite complète des documents-clés (avant-contrat, promesse, acte de vente) et de les faire relire par un avocat indépendant, pas par l’agent mandaté par le vendeur.
Négliger la gestion à distance et l’assurance
Pour un investisseur non résident, l’achat d’un bien ne représente que la première étape. La gestion quotidienne (relocation, encaissement des loyers, suivi des charges, interventions urgentes) nécessite soit une présence locale, soit un gestionnaire.
Lors de l’achat d’un bien locatif, il est crucial de budgéter dès le départ les frais de gestion, souvent sous-estimés. Ces frais peuvent prendre la forme d’une commission sur les loyers ou d’un forfait annuel si vous déléguez la gestion à une agence locale. Par ailleurs, il ne faut pas négliger de souscrire une assurance adaptée. Celle-ci est fortement recommandée pour couvrir les risques tels que l’incendie, l’inondation, le vandalisme, ainsi que la responsabilité civile envers les voisins.
Là encore, la législation lituanienne, plutôt protectrice des propriétaires, n’exonère pas d’une bonne couverture assurantielle. Omettre ce poste peut transformer un incident banal (dégât des eaux, court-circuit) en litige coûteux.
Conclure sans plan de sortie
Enfin, beaucoup d’acheteurs se concentrent exclusivement sur l’acquisition et la mise en location, sans réfléchir à la stratégie de sortie : revente à moyen terme, transmission, arbitrage vers un autre type de bien.
En Lituanie, certains avantages fiscaux sont liés à la durée de détention (exonération potentielle de plus-value après dix ans, par exemple), d’autres à la qualité de résidence principale. À l’inverse, des ventes régulières dans une optique purement spéculative peuvent être assimilées à une activité professionnelle, avec un traitement fiscal différent.
Ne pas intégrer ces paramètres dans sa stratégie dès le début expose à plusieurs risques : une revente au mauvais moment, des conditions fiscales défavorables non maîtrisées, ou la découverte tardive de la complexité d’une transmission ou d’une cession transfrontalière.
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L’achat immobilier en Lituanie offre des opportunités avec un droit de propriété solide, des registres transparents et des rendements attractifs. Cependant, il ne faut pas l’aborder comme un marché simplifié. Une préparation méticuleuse est essentielle pour maîtriser ses spécificités historiques, techniques, fiscales et administratives.
Les erreurs les plus coûteuses ne sont pas celles que l’on voit – le carrelage à changer ou la cuisine vieillotte – mais celles que l’on ne cherche pas : titres obscurs, contraintes de zonage, fiscalité mal comprise, charges de copropriété explosives, contrats signés sans véritable compréhension. S’entourer de professionnels locaux (avocat, expert technique, éventuellement gestionnaire), prendre le temps de la due diligence et intégrer tous les coûts sur le long terme reste la meilleure assurance pour transformer un projet immobilier en Lituanie en véritable réussite, plutôt qu’en source de litiges et de déceptions.
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