Créer son Entreprise en Norvège : Guide pour Expatriés

Publié le 12 novembre 2025 et rédigé par Cyril Jarnias

S’installer en Norvège pour y créer son entreprise constitue une formidable opportunité pour les entrepreneurs en quête de nouveaux horizons. Ce pays scandinave, reconnu pour sa stabilité économique et son environnement d’affaires favorable, offre un cadre idéal pour développer des projets innovants.

Cependant, naviguer dans un paysage juridique et administratif inconnu peut s’avérer complexe pour les expatriés, d’autant plus lorsque l’on considère les exigences spécifiques liées à la création d’entreprise en Norvège.

Ce guide vise à fournir aux entrepreneurs les outils nécessaires pour réussir leur implantation en comprenant les étapes clés, depuis l’obtention des visas jusqu’au décodage des obligations fiscales, en passant par la compréhension de la culture d’affaires norvégienne, afin de transformer cette aventure en véritable succès entrepreneurial.

Les étapes clés pour créer une entreprise en Norvège en tant qu’expatrié

Démarches administratives pour la création d’entreprise en Norvège :

• Rédiger un plan d’affaires détaillé.
• Choisir la forme juridique de l’entreprise.
• Vérifier la disponibilité du nom d’entreprise et le réserver.
• Ouvrir un compte bancaire professionnel et y déposer le capital social (pour une AS, minimum 30 000 NOK).
• Préparer et déposer les documents constitutifs (statuts, preuve de capital, etc.).
• Remplir le formulaire d’enregistrement auprès du Brønnøysundregistrene via la plateforme Altinn.
• Obtenir un numéro d’organisation (nécessaire pour la fiscalité, la facturation, etc.).
• S’enregistrer auprès des autorités fiscales et demander un numéro de TVA si le chiffre d’affaires dépasse 50 000 NOK/an.

Principaux types de structures d’entreprise et conditions spécifiques pour expatriés :

Type de structure	Abréviation	Capital minimum	Responsabilité	Conditions pour expatriés
Entreprise individuelle	ENK	Aucun	Illimitée	D-nummer ou F-nummer requis
Société à responsabilité limitée	AS	30 000 NOK	Limitée au capital investi	Capital social, adresse norvégienne
Filiale de société étrangère	NUF	Aucun	Variable	Adresse en Norvège, respect des règles locales
Coopérative	SA	Variable	Variable	Membres, statuts spécifiques

• Les ressortissants de pays hors UE/EEE doivent obtenir un permis de résidence spécifique pour entrepreneur.
• Une adresse norvégienne est obligatoire.
• D-nummer (résidence temporaire) ou F-nummer (résidence permanente) requis.

Autorisations et licences selon le secteur d’activité :

• Certaines activités sont réglementées (restauration, santé, transport, etc.).
• Il faut vérifier si une licence spécifique est nécessaire auprès des autorités compétentes avant de démarrer l’activité.
• Les permis peuvent exiger la preuve de qualifications professionnelles et un casier judiciaire vierge.

Considérations fiscales et obligations sociales :

• Déclaration et paiement des impôts sur les sociétés ou revenus selon la structure.
• Inscription obligatoire à la TVA si chiffre d’affaires > 50 000 NOK/an.
• Déclaration de la TVA et des revenus via le portail Altinn.
• Sécurité sociale : inscription de l’entreprise et des salariés auprès de la NAV (administration norvégienne du travail et de la protection sociale).
• Paiement des cotisations sociales, contributions patronales et salariales.

Ressources et aides pour entrepreneurs étrangers :

• Programmes de subventions et aides à l’innovation, notamment via Innovation Norway.
• Accès à des incubateurs et accélérateurs (StartupLab, Angel Challenge, etc.).
• Plateformes de conseil et accompagnement (Altinn, Brønnøysundregistrene, UFE Norvège).
• Services d’assistance pour la domiciliation, le recrutement, la fiscalité (consultants spécialisés).

Conseils pratiques sur la culture d’affaires norvégienne et réseaux professionnels :

• La communication est directe, transparente et égalitaire.
• L’accent est mis sur la confiance, la ponctualité et la responsabilité individuelle.
• Les décisions sont souvent prises de manière collégiale.
• Il est recommandé de rejoindre des réseaux professionnels comme la Chambre de Commerce Franco-Norvégienne, ou de participer à des événements locaux (meetups, forums, clusters).
• La maîtrise de l’anglais est suffisante dans la plupart des secteurs, mais l’apprentissage du norvégien facilite l’intégration et les relations d’affaires.

À retenir :

Créer une entreprise en Norvège exige rigueur administrative, adaptation à la culture locale et anticipation des obligations fiscales et réglementaires. Les dispositifs d’accompagnement et la transparence du système norvégien sont des atouts pour les entrepreneurs étrangers motivés.

Structures juridiques et démarches administratives en Norvège

Structure juridique	Caractéristiques principales	Avantages	Inconvénients	Exigences légales et financières
Enkeltpersonforetak (Entreprise individuelle)	Un seul propriétaire. Responsabilité illimitée. Pas de capital minimum requis.	Formalités simplifiées. Gestion flexible.	Responsabilité personnelle illimitée. Accès limité au financement.	Pas de capital minimum. Immatriculation obligatoire.
Aksjeselskap (AS, Société à responsabilité limitée)	Entité distincte. Responsabilité limitée aux apports. Capital minimum : 30 000 NOK. Un actionnaire minimum. Conseil d’administration requis.	Protection du patrimoine personnel. Structure adaptée à la croissance.	Coûts de création plus élevés. Obligations comptables et administratives.	Capital minimum 30 000 NOK. Dépôt des statuts. Conseil d’administration.
Allmennaksjeselskap (ASA, Société publique à responsabilité limitée)	Entité pour grandes entreprises. Capital minimum : 1 million NOK. Actions transférables et cotées en bourse. Conseil d’administration requis.	Accès aux marchés financiers. Possibilité d’appel public à l’épargne.	Formalités lourdes. Gouvernance stricte. Coûts élevés.	Capital minimum 1 million NOK. Conseil d’administration. Commissaire aux comptes.

Autres structures possibles

• Ansvarlig selskap (ANS/DA, Société en nom collectif/à responsabilité partielle) : Minimum deux associés, responsabilité illimitée (ANS) ou partielle (DA), pas de capital minimum.
• NUF (Norskregistrert Utenlandsk Foretak, Succursale de société étrangère) : Extension d’une société étrangère, pas de personnalité juridique propre, obligations allégées pour certaines activités.

Démarches administratives pour l’enregistrement d’une entreprise en Norvège

1. Obtention d’un numéro d’identification norvégien (D-nummer ou Fødselsnummer)
   • Indispensable pour tout fondateur ou représentant légal non résident.
   • Démarche à effectuer auprès de la police ou d’une ambassade norvégienne.
2. Choix et vérification du nom commercial
   • Recherche d’un nom unique via le registre Brønnøysundregistrene.
3. Enregistrement au registre du commerce (Brønnøysundregistrene)
   • Dépôt des statuts constitutifs et autres documents requis.
   • Attribution d’un numéro d’organisation (Organisasjonsnummer).
   • Inscription obligatoire pour la plupart des formes juridiques.
4. Ouverture d’un compte bancaire professionnel
   • Dépôt du capital social requis (selon la structure choisie).
5. Enregistrement à la TVA
   • Obligatoire si le chiffre d’affaires dépasse 50 000 NOK sur 12 mois.
6. Obtention des licences et permis sectoriels
   • Certains secteurs (restauration, transport, santé, etc.) exigent des autorisations spécifiques délivrées par les autorités compétentes.

Ressources et services pour les expatriés

• Plateformes officielles multilingues proposant guides et assistance à la création d’entreprise.
• Services de conseil (juridique, fiscal, administratif) spécialisés pour les étrangers.
• Centres de contact (Brønnøysundregistrene, Innovation Norway) offrant orientation et support.
• Accompagnement pour l’obtention du D-nummer, la rédaction des statuts et la conformité réglementaire.

Conseils pratiques pour naviguer dans le système administratif norvégien

• Préparer en amont tous les documents nécessaires (passeport, justificatifs de domicile, statuts…).
• Utiliser les services numériques du Brønnøysundregistrene pour accélérer les démarches.
• Se faire accompagner par un expert local (avocat, comptable) pour garantir la conformité.
• Vérifier les exigences spécifiques à votre secteur d’activité dès la phase de préparation.
• Anticiper les délais de traitement pour l’obtention des numéros d’identification et des licences.
• Privilégier la communication par e-mail avec les administrations, qui répondent généralement rapidement et en anglais.
• Profiter des ressources offertes aux nouveaux entrepreneurs, comme les webinaires, ateliers et consultations gratuites.

La clé d’une implantation réussie en Norvège réside dans la préparation, la compréhension des obligations locales, et l’utilisation optimale des services d’accompagnement proposés.

Considérations fiscales et accès au financement pour expatriés entrepreneurs

Implications fiscales pour les expatriés entrepreneurs en Norvège

Les entrepreneurs expatriés qui créent une entreprise en Norvège font face à plusieurs obligations et spécificités fiscales :

Type d’imposition	Taux / Règle principale	Remarques clés
Impôt sur les sociétés	22 %	S’applique sur les bénéfices réalisés
TVA (MVA)	25 % (taux standard)	Taux réduit de 12 % ou 15 % pour certains secteurs. Obligation d’enregistrement dès 50 000 NOK de CA annuel
Cotisation sociale	11,1 % pour les indépendants	À payer en plus de l’impôt sur les bénéfices
Gains en capital	22 % (biens), 37,84 % (actions/dividendes)	Taux majoré pour les plus-values sur actions et dividendes
Impôt PAYE (étrangers)	25 % (revenu jusqu’à 642 950 NOK/an)	Simplifie la gestion fiscale pour les séjours temporaires

Exemptions et régimes particuliers

• Déduction de 10 % pour étrangers : valable deux ans après l’arrivée, en remplacement d’autres déductions (notamment frais de déplacement/logement)
• Abattement sur prêts immobiliers : système d’abattement fiscal applicable
• Double imposition : conventions fiscales existantes, notamment avec la France, pour éviter la double imposition

Options de financement pour entrepreneurs étrangers

Source de financement	Description	Points à retenir
Subventions gouvernementales	Programmes de soutien à l’innovation, aides locales	Conditions strictes, souvent sectorielles
Prêts bancaires	Accès via banques locales, garantie de l’État possible	L’État norvégien garantit jusqu’à 90 % de certains prêts en cas de crise
Investisseurs privés	Business angels, fonds de capital-risque norvégiens	Réseau dynamique à Oslo et Bergen

Conseils pratiques pour la gestion des obligations fiscales

• Conserver une comptabilité rigoureuse et utiliser un logiciel de gestion adapté
• Estimer et verser ses acomptes d’impôts trimestriellement (mars, juin, septembre, décembre)
• S’enregistrer auprès du registre TVA dès 50 000 NOK de chiffre d’affaires
• Faire la déclaration annuelle des revenus avant le 31 mai pour éviter les pénalités
• Demander un numéro KID pour les paiements d’impôts

Stratégies pour optimiser l’accès au financement

• Préparer un business plan clair et documenté, en norvégien ou anglais
• S’appuyer sur les incubateurs locaux pour être accompagné dans la recherche de financements
• Privilégier les secteurs innovants ou prioritaires pour la Norvège (énergie, tech, environnement)
• Explorer les dispositifs de garantie de l’État pour rassurer les banques

Témoignages et anecdotes

Un entrepreneur français installé à Bergen raconte : « La Norvège offre un système fiscal transparent, mais la rigueur comptable est indispensable. J’ai pu bénéficier d’un prêt bancaire garanti par l’État lors de la crise énergétique, ce qui a sauvé mon activité. Les incubateurs locaux ont été précieux pour accéder à des subventions à l’innovation. »

Une entrepreneure marocaine à Oslo témoigne : « L’enregistrement à la TVA a été une étape clé : il faut s’y préparer dès que le chiffre d’affaires approche 50 000 NOK. Les démarches sont digitalisées, ce qui facilite beaucoup la gestion. »

Ressources utiles

• https://www.skatteetaten.no/
• https://www.innovasjonnorge.no/
• https://www.altinn.no/
• https://www.dnb.no/
• https://www.connectnorge.no/

À retenir

Créer une entreprise en Norvège en tant qu’expatrié implique de bien anticiper l’imposition sur les bénéfices, la TVA, et les cotisations sociales. Les options de financement sont variées mais nécessitent une préparation minutieuse. L’accompagnement par des structures locales et une gestion rigoureuse sont les clés de la réussite.

Culture d’entreprise en Norvège et ressources d’accompagnement

Valeurs clés de la culture d’entreprise norvégienne

• Égalité : La société norvégienne repose sur le principe fondamental d’égalité, aussi bien entre les sexes qu’entre les niveaux hiérarchiques. Cette égalité s’incarne dans la loi de Jante, qui valorise la modestie, la solidarité et décourage toute forme d’individualisme ou d’ostentation. La reconnaissance du groupe prime sur celle de l’individu.
• Confiance : Le management norvégien accorde une confiance a priori aux employés. On attend de chacun qu’il s’autodiscipline et atteigne les objectifs sans contrôle excessif. Cette confiance se traduit par une culture du résultat, où la présence physique importe moins que l’atteinte des objectifs fixés.
• Équilibre vie professionnelle/vie personnelle : L’équilibre entre travail et vie privée est essentiel. Les entreprises privilégient la flexibilité des horaires et respectent le temps personnel, ce qui contribue à un fort sentiment de bien-être et d’engagement.
• Transparence et communication ouverte : La transparence est valorisée à tous les niveaux, avec une communication directe, honnête et factuelle. Les échanges sont francs, sans exagération ni détour, et chacun est encouragé à exprimer son point de vue.

Hiérarchie plate et interactions professionnelles

• Les entreprises norvégiennes fonctionnent selon une hiérarchie très plate. Il y a peu de niveaux de gestion, ce qui rend la direction accessible et favorise la participation de tous aux décisions importantes.
• L’utilisation des prénoms, y compris avec la direction, est la norme. Les managers laissent souvent leur porte ouverte, symbolisant leur accessibilité.
• Les décisions sont souvent prises par consensus. Chacun peut donner son avis, et la parole de l’employé est valorisée autant que celle du dirigeant.
• L’autonomie et la responsabilité individuelle sont encouragées : il est attendu que chacun prenne des initiatives dans son domaine de compétence.

Valeur clé	Illustration concrète en entreprise
Égalité	Utilisation des prénoms, refus des titres hiérarchiques
Confiance	Pas de contrôle horaire, culture du résultat
Équilibre	Flexibilité horaire, respect du temps personnel
Transparence	Communication ouverte, accès à l’information

Ressources d’accompagnement pour entrepreneurs expatriés

• Incubateurs et accélérateurs :
  • StartupLab : Incubateur majeur basé à Oslo, offrant mentorat, espaces de coworking et accès à un vaste réseau d’investisseurs.
  • Antler : Accélérateur international présent à Oslo, accompagnant les entrepreneurs dès la phase d’idéation jusqu’à la levée de fonds.
• Organisations entrepreneuriales :
  • Innovation Norway : Organisme public de référence, offrant conseils, subventions, formations et accompagnement personnalisé aux entrepreneurs étrangers et locaux.
  • Norwegian Business Association : Réseau facilitant le réseautage, l’accès à des événements sectoriels et des ressources pratiques.
• Services gouvernementaux :
  • Altinn : Plateforme officielle d’information et de démarches administratives en ligne pour créer ou gérer une entreprise.
  • NAV : Agence norvégienne de l’emploi, propose des programmes d’aide au recrutement et à la formation.

Exemples d’accompagnement concret

Un entrepreneur étranger peut rejoindre StartupLab pour accéder à des locaux, à des ateliers sur la législation norvégienne et à des investisseurs locaux.

Innovation Norway accompagne dans la recherche de financement, l’export et l’accès au marché norvégien, avec des services en anglais et des conseillers dédiés aux étrangers.

Conseils pratiques pour s’intégrer dans l’environnement professionnel norvégien

• Privilégier la modestie et l’écoute active, éviter toute forme de vantardise.
• Prendre des initiatives, faire preuve d’autonomie et respecter les délais sans attendre des instructions détaillées.
• S’adresser à tous, y compris à la direction, par leur prénom et adopter une attitude informelle mais respectueuse.
• Être ponctuel et respecter les horaires convenus.
• Privilégier la communication directe, exprimer son opinion de façon honnête et factuelle.
• S’intéresser à la vie en dehors du travail, participer aux activités sociales proposées par l’entreprise (sorties, ski, dugnad).

S’intégrer en Norvège, c’est adopter la discrétion, valoriser le collectif, et s’engager avec confiance dans une culture qui privilégie l’autonomie, la transparence et le respect de l’équilibre de vie.