Histoire Du Monténégro : Racines Et évolutions Majeures

Publié le 15 mars 2025 et rédigé par Cyril Jarnias

Le Monténégro, petit joyau des Balkans niché entre la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie, le Kosovo et l’Albanie, possède une histoire riche et mouvementée qui remonte à l’Antiquité. Pour les expatriés qui s’installent dans ce pays aux paysages spectaculaires, comprendre son passé est essentiel pour saisir la complexité de son identité et de sa culture.

Des racines antiques : Illyriens, Grecs et Romains

L’histoire du Monténégro commence bien avant que le pays ne porte ce nom. Les premiers habitants connus de la région étaient les Illyriens, qui s’y sont installés au milieu du IIIe siècle avant notre ère. Ils ont créé un État centré autour de la baie de Kotor et du lac de Skadar, posant ainsi les premières pierres de la civilisation dans cette région montagneuse.

Au cours des VIIe et VIe siècles avant J.-C., des colonies grecques s’établissent le long de la côte monténégrine, apportant avec elles leur culture et leur commerce. Les Celtes suivent au siècle suivant, ajoutant une nouvelle couche à la mosaïque culturelle de la région.

L’influence romaine marque profondément le territoire. Vers 168 avant J.-C., Rome conquiert la région et l’intègre à sa province d’Illyrium. Plus tard, en 297, le territoire est rattaché à la province de Dalmatie supérieure. Cette période romaine laisse des traces indélébiles, notamment dans l’architecture et l’organisation administrative du pays.

La naissance de Duklja : Premiers pas vers l’identité monténégrine

Après la chute de l’Empire romain d’Occident, la région connaît une période trouble marquée par les invasions barbares. C’est au VIIe siècle que les Slaves s’installent massivement dans les Balkans, modifiant profondément le paysage ethnique et culturel de la région.

Au Xe siècle, une entité politique distincte émerge : la principauté de Duklja. Ce nom, dérivé de l’ancienne cité romaine de Doclea, marque les débuts d’une identité propre à la région. Duklja connaît son apogée au XIe siècle, notamment sous le règne du roi Mihailo Vojislavljević, qui obtient la reconnaissance de son royaume par le pape en 1077.

Cette période voit l’émergence d’une culture unique, mêlant influences slaves, romaines et byzantines. C’est le début d’une tradition d’autonomie et de résistance qui caractérisera l’histoire future du Monténégro.

Zeta : L’ancêtre direct du Monténégro

À partir du XIIe siècle, la principauté de Duklja devient connue sous le nom de Zeta. Ce changement de nom s’accompagne d’une évolution politique et culturelle significative. La Zeta, bien que souvent sous l’influence des royaumes serbes voisins, maintient une certaine autonomie.

C’est durant cette période que se forge véritablement l’identité monténégrine. Les dirigeants de Zeta doivent naviguer habilement entre les puissances régionales, notamment l’Empire serbe de Dušan au XIVe siècle et l’Empire ottoman en expansion.

La dynastie des Balšić, puis celle des Crnojević, règnent sur Zeta, consolidant son indépendance et sa culture distincte. C’est Ivan Crnojević qui, en 1482, déplace la capitale à Cetinje, dans les montagnes, pour mieux résister aux Ottomans. Ce geste symbolique marque la naissance du Monténégro tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Crna Gora : La naissance du Monténégro

C’est à partir du XVe siècle que le nom « Crna Gora » (Montagne Noire en serbe) commence à être utilisé pour désigner la région. Ce nom, qui donnera plus tard « Monténégro » en italien, fait référence aux denses forêts qui recouvraient les montagnes du pays.

La période qui suit est marquée par une lutte constante contre l’Empire ottoman. Contrairement à la plupart des Balkans, le Monténégro réussit à maintenir une large autonomie face aux Turcs, grâce à sa géographie montagneuse et à la résistance farouche de ses habitants.

À partir de 1516, le Monténégro est dirigé par des princes-évêques, les vladika, qui combinent pouvoir temporel et spirituel. Cette théocratie unique en Europe dure jusqu’au milieu du XIXe siècle et joue un rôle crucial dans la préservation de l’identité et de l’indépendance monténégrines.

De la principauté à l’indépendance : Le Monténégro moderne

En 1852, Danilo II Petrović-Njegoš sécularise le pouvoir et devient le premier prince laïc du Monténégro. Cette modernisation se poursuit sous son successeur, Nicolas Ier, qui obtient la reconnaissance internationale de l’indépendance du Monténégro au Congrès de Berlin en 1878.

En 1910, Nicolas Ier se proclame roi, marquant l’apogée de l’indépendance monténégrine. Cependant, cette période est de courte durée. Après la Première Guerre mondiale, le Monténégro est intégré au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, qui deviendra plus tard la Yougoslavie.

Pendant la période yougoslave, le Monténégro est une république fédérée, conservant une certaine autonomie tout en étant étroitement lié à la Serbie. La dissolution de la Yougoslavie dans les années 1990 conduit à une période d’union avec la Serbie, avant que le Monténégro ne choisisse finalement l’indépendance par référendum en 2006.

Le Monténégro aujourd’hui : Entre héritage et modernité

Depuis son indépendance, le Monténégro s’efforce de trouver sa place sur la scène internationale. Le pays a rejoint l’OTAN en 2017 et est candidat à l’adhésion à l’Union européenne.

L’histoire complexe du Monténégro se reflète dans sa diversité culturelle et ethnique actuelle. Le pays abrite des communautés monténégrines, serbes, bosniaques, albanaises et croates, chacune contribuant à la richesse culturelle du pays.

Le Monténégro moderne doit relever de nombreux défis, notamment le développement économique, la lutte contre la corruption et la préservation de son environnement exceptionnel. Cependant, il peut s’appuyer sur une histoire riche et une identité forte pour construire son avenir.