Les réglementations sur la propriété étrangère au Guatemala : ce qu’un investisseur doit vraiment savoir

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

Acheter une maison coloniale à Antigua, un terrain agricole, ou un immeuble de bureaux à Guatemala Ciudad est parfaitement possible pour un non‑résident. Mais au Guatemala, le diable se cache dans les détails juridiques. Entre zones interdites aux étrangers, régime particulier des rives de lacs et de rivières, cadastre incomplet et fiscalité spécifique, un investisseur mal préparé peut rapidement se retrouver face à des litiges de propriété ou à une expropriation pure et simple.

Bon à savoir :

La propriété immobilière par des étrangers au Guatemala est encadrée par un cadre légal spécifique. Cet article détaille ce qui est autorisé, ce qui est interdit, et les meilleures pratiques pour sécuriser un investissement, en s’appuyant exclusivement sur les textes de loi et les données factuelles disponibles.

Un cadre général plutôt ouvert aux étrangers

Le point de départ est étonnamment favorable : la loi guatémaltèque autorise les étrangers à acheter et posséder de l’immobilier, y compris du foncier nu ou agricole. Le principe d’égalité de traitement est inscrit dans la Constitution et confirmé par la loi sur l’investissement étranger (Décret 9‑98), qui garantit aux investisseurs étrangers des droits équivalents à ceux des nationaux.

Concrètement, un étranger peut acquérir des maisons, appartements, condominiums, immeubles commerciaux ou terrains en son nom propre, sans obligation de résidence, sans plafond de surface ni exigence de partenaire local. Il peut vendre, louer, développer son bien, ou le transmettre. Il n’existe pas de montant d’investissement minimum imposé par l’État pour accéder à la propriété.

Attention :

Le système foncier guatémaltèque, de type « Torrens », repose sur le droit civil qui exige un acte notarié et une inscription au Registro General de la Propiedad pour toute transaction. Le titre enregistré constitue en théorie une preuve forte de propriété. Cependant, en pratique, la fiabilité des registres, particulièrement en zone rurale, peut être inégale, ce qui affecte la sécurité juridique réelle.

La première chose à intégrer est que l’achat d’un bien ne donne aucun droit automatique à la résidence ou à la citoyenneté. Les régimes d’immigration et les règles foncières fonctionnent sur deux rails distincts : posséder un appartement à Antigua ne vous dispense pas des démarches de visa si vous souhaitez résider à plein temps dans le pays.

Les grandes zones de restriction : frontières, littoraux et rivages

L’autre face du tableau est nettement moins libérale. Dès qu’on s’approche d’une frontière, du littoral ou d’un plan d’eau, les règles se durcissent au nom de la souveraineté et de la protection des réserves territoriales. C’est là que beaucoup d’investisseurs mal informés se font piéger.

La Constitution, notamment les articles 122 et 123, pose des bornes très claires. Les terres proches des frontières terrestres et des côtes sont soumises à des limitations fortes, tout comme les terrains « en façade » sur un plan d’eau, que ce soit un océan, un lac ou un fleuve navigable.

Frontières et littoraux : interdiction de propriété directe

Les règles varient selon les sources en termes de distances exactes, mais le principe est constant : un étranger ne peut pas être propriétaire direct de terres situées à proximité immédiate des frontières ou des côtes. Les plafonds les plus couramment cités sont :

Zone concernéeDistance de restriction la plus citéePrincipe juridique clé
Frontières internationales15 km (certaines sources évoquent 3 km)Propriété réservée aux Guatémaltèques de naissance ou à leurs sociétés
Littoral maritime50 km de la côtePropriété directe interdite aux étrangers
Zones de réserve spécifiques (Petén, etc.)Variables selon décrets particuliersAccès réservé à des Guatémaltèques de naissance remplissant des critères

Dans ces bandes, seuls les Guatémaltèques de naissance, ou des sociétés dont le capital est entièrement détenu par ces derniers, peuvent détenir directement des titres fonciers. Une exception historique subsiste pour certains biens urbains ou enregistrés avant une date ancienne (comme 1956) dans les zones frontalières, qui peuvent encore être détenus par des étrangers, mais ce sont des cas particuliers qui nécessitent une analyse juridique pointue.

Astuce :

Pour un acheteur étranger, l’acquisition de terrains en nom propre n’est pas autorisée dans les bandes de protection situées le long des frontières (comme avec le Mexique ou le Honduras) ou sur les grands domaines côtiers. Ces zones sont soumises à des restrictions spécifiques qui excluent cette forme de propriété directe.

Façade sur un plan d’eau : propriété bannie, bail d’État obligatoire

Les terrains « en façade » sur un plan d’eau constituent un cas à part, encore plus encadré. La Constitution considère les bandes de terre le long des océans, des lacs et des rivières navigables comme des « réserves territoriales de l’État ». Le décret 126‑97 vient préciser ce régime en détail, et confie la gestion de ces zones à une agence spécialisée : l’OCRET (Oficina de Control de Áreas de Reserva Territorial del Estado).

Bon à savoir :

Le long de certaines largeurs de rivage, le sol ne peut être possédé en pleine propriété, que ce soit par un Guatémaltèque ou un étranger. Ces terres appartiennent à l’État et leur utilisation n’est possible que par le biais d’un bail administratif.

Les distances de bande publique les plus fréquemment mentionnées sont les suivantes :

Type de plan d’eauBande de réserve publique typiqueRégime juridique
Océans3 km à partir de la ligne de côtePropriété d’État, usage via bail OCRET
Lacs200 m depuis la rivePropriété d’État, usage via bail OCRET
Rivières navigables100 m depuis la rivePropriété d’État, usage via bail OCRET

Dans ces zones, un étranger ne peut donc jamais être propriétaire foncier au sens strict. Il peut seulement acquérir des droits d’usage – un bail (arrendamiento) – octroyés par l’OCRET. Le bail donne un droit de jouissance, transmissible et cessible, mais le sol reste propriété de l’État. Le coût annuel de ces baux est souvent modeste, parfois moins de 100 dollars US, mais le défaut de paiement peut conduire à une confiscation pure et simple des droits d’usage.

Ce détail technique a de lourdes conséquences : un très beau « titre » en façade sur le lac, signé entre particuliers, sans mention claire du statut OCRET, peut en réalité n’être qu’une cession de droits précaires et non opposables à l’État. L’intervention d’un avocat et la consultation du registre OCRET sont donc incontournables dès que l’on s’intéresse à un bien au bord de l’eau.

Contourner les limitations : société locale, fiducie et bail OCRET

Face à ces verrous, les investisseurs étrangers ne sont pas totalement démunis. Le système prévoit plusieurs leviers pour structurer les acquisitions dans les zones sensibles, à condition de respecter la lettre de la loi.

La méthode la plus éprouvée consiste à n’être pas propriétaire directement, mais à passer par un véhicule guatémaltèque : une société de droit local ou une fiducie. La société la plus utilisée est la Sociedad Anónima (S.A.), l’équivalent d’une société par actions, très souple et bien adaptée à l’investissement immobilier.

Société guatémaltèque : outil central de structuration

Créer une S.A. guatémaltèque est relativement rapide et peu coûteux. La loi exige au moins deux actionnaires (qui peuvent être des personnes physiques ou morales, résidentes ou non) et un capital minimum très faible, de l’ordre de 200 quetzales, soit à peine quelques dizaines de dollars. Il n’y a pas de limite de nationalité pour les actionnaires ou les administrateurs, tant que la société respecte les règles spécifiques applicables à certains secteurs.

Bon à savoir :

Une fois immatriculée au Registro Mercantil, une Société Anonyme (S.A.) guatémaltèque peut acquérir des biens immobiliers, y compris dans des zones normalement interdites aux étrangers. Cependant, pour les zones frontalières ou côtières sensibles, la structure du capital doit respecter les exigences constitutionnelles, comme être détenu entièrement par des Guatémaltèques de naissance. Les montages avec prête-nom existent mais sont juridiquement fragiles et peuvent être contestés par les autorités.

L’usage d’une S.A. présente plusieurs avantages additionnels : limitation de responsabilité des actionnaires, souplesse pour la transmission (cession de parts plutôt que de biens, ce qui peut avoir des effets fiscaux), accès facilité au système bancaire local, capacité à embaucher et signer des contrats commerciaux, ou encore possibilité d’intégrer l’investissement immobilier dans une structure d’affaires plus large (hôtel, location saisonnière, agriculture, etc.).

Caractéristique clé d’une S.A. guatémaltèqueDétail principal
Nombre minimum d’actionnaires2 (personnes physiques ou morales, de toute nationalité)
Capital minimum libéréEnviron 200 GTQ (environ 27 USD)
ResponsabilitéLimitée au montant des apports
Usage courant en immobilierDétention de terrains, immeubles, projets de développement
Coût annuel de maintenanceEnviron 200 à 500 USD (selon structure et conseils juridiques/comptables)

Fiducies et baux : autres leviers juridiques

Outre la société commerciale, il est possible de recourir à un fidéicomis (trust) guatémaltèque. Dans ce schéma, un fiduciaire local (souvent une banque ou une entité autorisée) détient le bien pour le compte du bénéficiaire étranger, en respectant le cadre spécifique fixé par le contrat de fiducie. Ce mécanisme est parfois utilisé pour sécuriser des opérations complexes ou organiser une succession.

Bon à savoir :

Dans les zones OCRET (zones côtières et riveraines), la pleine propriété privée du terrain est interdite, même pour les citoyens guatémaltèques. Le seul droit légal est un bail administratif (arrendamiento) avec l’État, géré par l’OCRET. Pour un étranger souhaitant exploiter un hôtel en bord de lac ou de rivière, les options sont : acquérir les droits d’un bail existant ou négocier un nouveau bail directement avec l’OCRET. Il est crucial de payer scrupuleusement la redevance annuelle pour éviter la résiliation du contrat.

Comment se déroule une transaction immobilière en pratique ?

Au‑delà des grandes interdictions géographiques, la pratique quotidienne d’un achat ressemble à celle d’autres pays de droit civil, avec quelques spécificités qui méritent attention. L’une d’elles : le rôle central du notaire, qui est à la fois avocat et officier public.

Une acquisition typique suit plusieurs étapes : identification du bien, négociation du prix, vérification du titre, signature d’un contrat de vente, rédaction de l’acte de transfert en forme authentique, paiement des taxes puis inscription au Registro General de la Propiedad.

Le recours à un avocat local spécialisé en immobilier est fortement recommandé, souvent considéré comme indispensable, tant les risques de titres bancals ou de situations litigieuses sont importants.

Diligences préalables : vérifier le titre, la fiscalité, le cadastre

Avant même de penser à verser un acompte, il est crucial de vérifier que le vendeur est bien propriétaire du bien et que ce dernier est exempt de charges, hypothèques, servitudes non déclarées ou conflits. Cette vérification passe par une Búsqueda de Títulos de Propiedad approfondie auprès du Registro General de la Propiedad, complétée au besoin par des recherches au cadastre (RIC, DICABI) et en mairie.

Exemple :

Le système d’enregistrement foncier au Guatemala, notamment en zone rurale, reste fragmenté avec de nombreuses parcelles non correctement cadastrées. Malgré la loi de 2005 sur le Registro de Información Catastral, des lacunes persistent, entraînant des chevauchements de titres, des revendications de terres par des communautés indigènes et l’existence de zones « ejido » (communales) inaliénables individuellement.

L’avocat doit aussi vérifier la situation fiscale : absence d’arriérés d’impôt foncier (IUSI), conformité des déclarations, délivrance d’un certificat de solvabilité municipale, et obtention d’un certificat de titre à jour. Un géomètre peut être mandaté pour confirmer les limites physiques du terrain, cruciales dans un pays où les litiges de bornage sont fréquents.

Rôle du notaire : pivot légal de la transaction

Au Guatemala, toute mutation immobilière doit être formalisée par une escritura pública rédigée et passée devant notario público. Le notaire, généralement avocat de formation, assume plusieurs fonctions clés : vérification du titre, rédaction du contrat de vente (Contrato de Compraventa) et de l’acte de transfert, constatation de l’identité et de la capacité des parties, calcul des impôts de mutation, puis présentation de l’acte au registre foncier.

10 à 20

Pourcentage du prix d’achat représentant le dépôt d’acompte, ou arrhes, typiquement géré par le notaire lors d’une transaction immobilière.

Étape clé de la transactionRôle du notaire / avocat
Vérification du titreConsultation du registre, contrôle des hypothèques et charges
Rédaction du contrat de venteDéfinition du prix, modalités de paiement, conditions suspensives
Formalisation de l’acte (escritura)Acte authentique, lecture et signature devant notaire
Paiement des taxes et fraisCalcul du droit de mutation, de la TVA ou du timbre fiscal
Enregistrement au Registro de la PropiedadDépôt et suivi de l’inscription jusqu’à obtention du nouveau titre

La présence de l’acheteur n’est pas obligatoire le jour de la signature. Un pouvoir (poder) donné à un représentant local permet de boucler l’ensemble à distance, à condition que le mandat soit correctement légalisé ou apostillé selon le pays d’origine.

Documents indispensables

Une transaction correctement structurée repose sur un ensemble de pièces, dont certaines doivent être notariées ou accompagnées de traduction assermentée :

Document requisFonction principale
Passeport valide de l’acheteurIdentification de l’investisseur étranger
NIT (Numéro d’Identification Fiscale)Enregistrement fiscal obligatoire pour tout contribuable
Escritura pública de venteActe authentique constatant le transfert de propriété
Certificat de titrePreuve officielle de propriété et d’absence de charges
Déclaration fiscale du bienBase de calcul de l’IUSI et du droit de mutation
Solvabilité municipaleAttestation d’absence de dettes locales
Certificat cadastralConfirmation des limites et de la désignation cadastrale
Pouvoir (si achat à distance)Mandat permettant au représentant de signer en lieu et place de l’acheteur

Fiscalité immobilière : des taxes modérées, mais nombreuses

La fiscalité immobilière guatémaltèque est construite pour rester attractive. Les taux sont généralement faibles comparés à de nombreux pays développés, en particulier pour l’impôt foncier. En revanche, l’empilement des taxes de transaction, frais d’actes et honoraires peut alourdir sensiblement le coût total d’acquisition.

On peut regrouper les principaux postes de coût en quatre catégories : impôts de mutation, TVA et timbres, impôt foncier annuel et impositions sur les revenus (loyers, plus‑values).

Impôts à l’acquisition : transfert, TVA, timbres

Lors de l’achat d’un bien, l’acquéreur doit s’acquitter de plusieurs taxes. Le cœur du dispositif est l’impôt de transfert (Impuesto de Transferencia de Bienes Inmuebles), généralement assis sur la valeur déclarée du bien.

Impôt / taxeTaux courant ou fourchetteObservations principales
Impôt de transfert immobilierEn pratique souvent autour de 3 %Fourchette théorique 1–12 % selon type et historique du bien
TVA (IVA) sur bien neuf12 % du prix de venteS’applique aux constructions neuves, non aux reventes
Timbre fiscal (Impuesto de Timbres)En général 3 % pour les reventesPeut s’appliquer à certaines cessions de parts liées à des projets immobiliers

Le choix entre TVA et timbre fiscal dépend surtout du caractère neuf ou non du bien. Un appartement fraîchement livré par un promoteur sera soumis à la TVA, tandis qu’une maison de seconde main passera plutôt par un droit de timbre. L’acquéreur doit aussi régler les frais de registre, qui s’élèvent à environ 0,15 % de la valeur du bien, ainsi que les honoraires de notaire et d’avocat, généralement chiffrés autour de 1 à 2 % chacun.

Impôt foncier (IUSI) : un outil d’attraction des capitaux

L’IUSI, impôt unique sur les immeubles, est perçu annuellement par les municipalités sur la base de la valeur cadastrale du bien, souvent nettement inférieure à la valeur de marché. Le barème est progressif mais reste modeste.

Tranche de valeur cadastraleTaux IUSI indicatif
Jusqu’à un certain seuil bas0 %
Tranche intermédiaire0,2 % environ
Tranche supérieure moyenne0,6 % environ
Au‑delà d’un seuil élevé0,9 %

Cette pression fiscale très limitée est volontaire : l’État maintient un impôt foncier bas pour attirer l’investissement, y compris étranger. Pour un propriétaire de long terme, le coût annuel de détention reste donc faible, ce qui favorise les stratégies de conservation et de mise en location.

Revenus locatifs et plus‑values : taux simples, logique territoriale

Le Guatemala applique un système d’imposition territorial : seuls les revenus générés dans le pays sont taxés. Pour un étranger, les deux principaux flux imposables liés à l’immobilier sont les loyers et les plus‑values lors de la revente.

Bon à savoir :

Un propriétaire étranger est généralement soumis à un impôt d’environ 25 % sur le revenu net locatif (loyers moins charges). De plus, une TVA de 12 % sur le loyer brut peut s’appliquer, notamment pour les locations commerciales. Cette TVA doit être facturée au locataire.

La plus‑value réalisée lors de la vente d’un bien immobilier est taxée à 10 % sur la différence entre prix de vente et coût d’acquisition (ajusté éventuellement des travaux d’amélioration documentés). Pour les sociétés, ces gains sont souvent traités comme une catégorie spécifique de revenu, toujours à 10 %.

Type de revenu immobilierRégime fiscal typique pour un non‑résident
Loyers (revenu net)Impôt de 25 %
TVA sur loyers (le cas échéant)12 % sur le loyer brut
Plus‑value à la revente10 % sur le gain net

L’absence de convention fiscale avec de nombreux pays, dont les États‑Unis, signifie que les investisseurs doivent gérer eux‑mêmes la coordination entre leurs obligations fiscales guatémaltèques et celles de leur pays de résidence, avec pour seule soupape un éventuel crédit d’impôt national pour impôt étranger payé au Guatemala.

Financement : un marché surtout dominé par le cash

Si acheter est légalement possible pour un étranger, se financer localement est une autre affaire. Les banques guatémaltèques proposent bien des crédits hypothécaires, mais les conditions pour un non‑résident sont généralement strictes : demande de permis de séjour, preuve de revenus stables, historique de crédit solide, et surtout apport personnel substantiel, souvent compris entre 30 et 40 % du prix du bien.

7.5 à 12

Il s’agit de la fourchette des taux d’intérêt fréquemment appliqués aux étrangers pour un financement immobilier, avec des durées de prêt pouvant atteindre 20 ans.

Certaines opérations reposent aussi sur des montages de financement vendeur, où le cédant accorde un crédit directement à l’acheteur, en échange d’une hypothèque sur le bien. Ce type de structure exige une rédaction contractuelle très soignée et un suivi juridique rigoureux pour éviter tout abus.

Risques et angles morts : titres flous, expropriations, corruption

Même correctement accompagné, un investisseur étranger doit accepter que le risque juridique et institutionnel au Guatemala est plus élevé que dans de nombreuses juridictions occidentales. Le problème le plus cité par les praticiens est celui des titres de propriété incertains.

Le registre foncier n’a pas toujours été exhaustif ni synchronisé avec le cadastre. Dans les régions rurales ou dans des zones à forte présence de communautés indigènes, il n’est pas rare que plusieurs revendications coexistent pour une même terre : un titre ancien jamais mis à jour, des droits coutumiers communaux, des occupations de fait depuis des décennies, ou encore des terres classées comme ejido, théoriquement inaliénables.

Attention :

L’État dispose d’un droit d’expropriation pour utilité publique, pouvant être exercé sans préavis et parfois sans indemnisation adéquate, notamment pour des projets d’infrastructure, des zones protégées ou des intérêts stratégiques, ce qui peut remettre en cause les biens d’un investisseur.

La corruption, omniprésente dans les évaluations internationales du pays, représente un autre vecteur de risque. Des fonctionnaires malhonnêtes peuvent faciliter ou bloquer un transfert, « accélérer » un enregistrement, ou même manipuler des enregistrements au registre foncier. Cette réalité rend d’autant plus cruciale la sélection d’un avocat expérimenté et réputé, et, idéalement, d’un intermédiaire local de confiance pour les négociations avec vendeurs, municipalités et administrations.

Marché et pratiques : forte culture de la négociation

Au‑delà du droit stricto sensu, la culture immobilière guatémaltèque surprend souvent les étrangers. Les prix d’affichage sont typiquement gonflés en prévision de négociations serrées, et les réductions de 25 à 30 % par rapport au prix initial sont fréquentes, en particulier pour les biens sur le marché depuis plus de six mois.

Bon à savoir :

Le marché immobilier est fluide, avec un délai moyen de vente d’environ trois semaines. Pour un investisseur étranger, cela signifie qu’un bien qui semble surévalué peut devenir une opportunité après une négociation ferme, mais aussi que les décisions d’achat doivent parfois être prises rapidement.

Des destinations comme Antigua Guatemala ou la région du lac Atitlán concentrent une grande partie de l’intérêt étranger. L’attrait touristique, la présence d’une communauté d’expatriés et la possibilité de revenus locatifs saisonniers y nourrissent une dynamique de valorisation, tout en accentuant les tensions sur le foncier et les enjeux juridiques autour des rives et des terrains communautaires.

Propriété et résidence : deux dossiers à ne pas confondre

Beaucoup d’investisseurs espèrent qu’un achat immobilier servira de tremplin vers une résidence permanente ou même la citoyenneté. Au Guatemala, ce lien est loin d’être automatique.

Le simple fait de posséder un bien ne donne aucun statut migratoire privilégié. La résidence permanente est accordée sous d’autres critères : liens familiaux avec des Guatémaltèques, durée de résidence légale, mariage avec un citoyen, origine centre‑américaine, ou statut de retraité avec revenus stables.

Bon à savoir :

Le Guatemala propose des programmes de résidence pour investisseurs, nécessitant un investissement généralement compris entre 50 000 et 100 000 USD dans l’immobilier ou des activités productives. Ce dispositif permet d’obtenir une résidence temporaire renouvelable, pouvant mener à la résidence permanente. Après environ cinq ans de résidence légale et sous condition de maîtrise linguistique et culturelle, la naturalisation est envisageable.

Un investisseur étranger doit donc distinguer clairement ses stratégies : l’immobilier comme outil patrimonial et financier d’un côté ; l’immigration comme processus administratif autonome de l’autre.

Ce que cela implique concrètement pour un acheteur étranger

À la lumière de ce cadre réglementaire, investir dans la pierre au Guatemala reste possible et potentiellement attractif, mais ce n’est pas un marché pour les amateurs. La combinaison de droits théoriquement protecteurs, de taxes modérées et de restrictions géographiques fortes impose une approche méthodique.

Astuce :

Tout projet devrait intégrer au minimum les réflexes suivants : vérification rigoureuse de la localisation par rapport aux frontières, littoraux et plans d’eau ; clarification du statut OCRET si le bien a une façade sur l’eau ; analyse approfondie du titre et du cadastre ; recours à un avocat‑notaire local spécialisé ; anticipation des coûts fiscaux et de clôture ; et réflexion sur l’opportunité de loger le bien dans une S.A. locale plutôt qu’en nom propre.

À défaut, un achat séduisant sur le papier – par exemple, un bungalow « pieds dans l’eau » au bord d’un lac ou un grand ranch à proximité d’une frontière – peut se transformer, au mieux, en bail précaire dépendant du bon vouloir de l’OCRET, au pire, en litige de propriété impossible à trancher en votre faveur.

Pour un investisseur patient, prêt à accepter un environnement institutionnel parfois chaotique mais doté d’un potentiel de rendement, les règles sur la propriété étrangère au Guatemala ne sont pas un obstacle infranchissable. Elles sont plutôt un garde‑fou à connaître par cœur pour éviter que le rêve d’une villa tropicale ne se termine devant un juge ou dans les couloirs d’une administration opaque.

Pourquoi il est préférable de me contacter ? Voilà un exemple concret :

Un chef d’entreprise français d’environ 50 ans, avec un patrimoine financier déjà bien structuré en Europe, souhaitait diversifier une partie de son capital dans l’immobilier résidentiel au Guatemala pour chercher du rendement locatif et une exposition au quetzal / dollar. Budget alloué : 400 000 à 600 000 dollars, sans recours au crédit.

Après analyse de plusieurs marchés (Guatemala Ciudad, Antigua Guatemala, Quetzaltenango), la stratégie retenue a consisté à cibler un immeuble résidentiel ou une maison individuelle dans un quartier en développement, combinant un rendement locatif brut cible proche de 10 %plus le rendement est grand, plus le risque est important – et un potentiel de valorisation à moyen terme, avec un ticket global (acquisition + frais + travaux légers) d’environ 500 000 dollars. La mission a inclus : sélection du marché et du quartier, mise en relation avec un réseau local (agent immobilier, avocat, fiscaliste), choix de la structure d’investissement la plus adaptée (propriété directe ou société locale) et définition d’un plan de diversification dans le temps.

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A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Expert en gestion de patrimoine internationale depuis plus de 20 ans, j’accompagne mes clients dans la diversification stratégique de leur patrimoine à l’étranger, un impératif face à l’instabilité géopolitique et fiscale mondiale. Au-delà de la recherche de revenus et d’optimisation fiscale, ma mission est d’apporter des solutions concrètes, sécurisées et personnalisées. Je conseille également sur la création de sociétés à l’étranger pour renforcer l’activité professionnelle et réduire la fiscalité globale. L’expatriation, souvent liée à ces enjeux patrimoniaux et entrepreneuriaux, fait partie intégrante de mon accompagnement sur mesure.

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