Comment recruter du personnel au Guatemala

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

Recruter au Guatemala, ce n’est pas seulement publier une annonce en espagnol et attendre que les CV arrivent. Le pays combine un marché du travail jeune, des coûts salariaux compétitifs et un cadre juridique très spécifique, avec une forte proportion d’emplois informels et une culture professionnelle marquée par la hiérarchie et les relations personnelles. Pour une entreprise étrangère comme pour un employeur local structuré, réussir ses recrutements suppose de maîtriser à la fois le droit du travail, les canaux de sourcing, les niveaux de salaire, les usages culturels et, le cas échéant, les questions d’immigration.

Bon à savoir :

Cet article fournit un guide complet et pratique pour recruter du personnel au Guatemala. Il aborde les aspects de conformité légale, d’efficacité opérationnelle et d’adaptation aux spécificités du marché local.

Comprendre le marché du travail guatémaltèque

Le Guatemala est la plus grande économie d’Amérique centrale, avec un PIB d’un peu plus de 102 milliards de dollars et un PIB par habitant d’environ 4 500 dollars. La population avoisine les 18 millions d’habitants, dont une majorité est en âge de travailler et très jeune (âge médian proche de 21–23 ans). Le pays est officiellement classé à revenu intermédiaire supérieur, mais la pauvreté reste très répandue et le marché du travail présente de forts contrastes.

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Les services représentent environ 60 % du PIB du Guatemala, dominant ainsi son économie.

De l’autre, environ trois quarts des travailleurs sont employés dans l’économie informelle. L’agriculture reste un employeur majeur en milieu rural, avec une productivité par tête nettement inférieure à celle de l’industrie et des services. Le chômage officiel est faible (souvent autour de 2–3 %), mais le sous‑emploi est massif : beaucoup de personnes travaillent peu d’heures, pour de très faibles revenus. La création d’emplois formels ne suit pas la croissance de la population active, qui augmente de près de 2 % par an, ce qui impose de générer au moins 132 000 nouveaux postes chaque année pour absorber ce flux.

Attention :

Pour un recruteur, les profils débutants sont nombreux, mais les postes qualifiés (bilingues, techniques, managériaux) sont très disputés, notamment dans les principaux pôles économiques que sont Guatemala City, Mixco, Villa Nueva, Quetzaltenango et Antigua.

Cadre légal de l’emploi : ce qu’un recruteur doit absolument savoir

Le droit du travail guatémaltèque repose sur la Constitution, le Code du travail (Código de Trabajo), les conventions de l’OIT ratifiées, la réglementation de sécurité sociale et des décisions judiciaires. Le ministère du Travail et de la Prévoyance sociale (Ministerio de Trabajo y Previsión Social) supervise l’application des règles.

Types de contrats et langue obligatoire

Tous les contrats de travail doivent être rédigés en espagnol. Même si vous gérez votre organisation en anglais, c’est la version espagnole qui fait foi en cas de litige. Trois exemplaires sont requis : un pour l’employeur, un pour le salarié et un destiné à l’administration du travail.

Le contrat doit notamment préciser : les obligations des parties, les délais d’exécution, le montant et les modalités de paiement, les conditions de résiliation, et les clauses de confidentialité.

la durée (à durée indéterminée, déterminée ou pour une tâche/projet spécifique),

– l’horaire et l’organisation du temps de travail,

– le mode de calcul et de versement de la rémunération,

– le lieu de travail, la date de signature, l’identification des parties,

– les avantages et les principaux droits et obligations.

Le contrat à durée indéterminée reste la norme ; les contrats à durée déterminée ou par projet sont admis, mais ne doivent pas être utilisés de façon répétitive pour contourner les protections associées au CDI.

Une période d’essai de deux mois est prévue pour les contrats à durée indéterminée ; durant cette phase, l’employeur peut mettre fin au contrat sans motif et sans indemnité de licenciement, tout en respectant les formalités de base.

Temps de travail, heures supplémentaires et repos

La semaine de travail légale est de 44 heures pour les horaires diurnes (entre 6h et 18h), soit généralement 8 heures par jour. Pour le travail de nuit, la limite est de 36 heures hebdomadaires et, pour les horaires mixtes (jour/nuit), 42 heures. La durée maximale quotidienne, heures supplémentaires comprises, ne peut dépasser 12 heures.

Astuce :

Tout travail effectué au-delà de 44 heures par semaine, ou réalisé les jours de repos et les jours fériés, est considéré comme des heures supplémentaires. Ces heures doivent être payées à un taux majoré de 150 % du salaire horaire habituel. De plus, le travail effectué spécifiquement un jour férié donne droit à une rémunération doublée.

Les salariés ont droit à un jour de repos hebdomadaire payé, généralement le dimanche, et à un repos d’au moins 12 heures entre deux journées de travail.

Congés payés, congés maladie et maternité

Les droits à congé sont encadrés de manière stricte. Après 12 mois de service continu (ou 150 jours de travail), les salariés bénéficient de 15 jours ouvrables de congé annuel payé. Ces congés doivent être pris, et ne peuvent en principe pas être convertis en paiement, sauf à la fin du contrat.

Les congés maladie sont en grande partie gérés via l’Institut guatémaltèque de Sécurité sociale (IGSS). Pour y avoir droit, le salarié doit avoir cotisé au moins trois des six derniers mois. L’IGSS peut prendre en charge jusqu’à 180 jours d’indemnisation (avec un plafond), et jusqu’à 52 semaines sur deux ans au maximum, généralement à hauteur des deux‑tiers du salaire moyen. L’employeur complète souvent pendant une période initiale en fonction de l’ancienneté (par exemple 50 % du salaire pendant un mois après deux mois d’emploi, puis davantage pour les salariés plus anciens).

Les salariées enceintes ont droit à 84 jours de congé maternité payé, généralement 30 jours avant et 54 jours après l’accouchement. L’IGSS couvre une partie du salaire, l’employeur pouvant compléter selon les politiques internes. Le droit du travail est très protecteur pour les femmes enceintes ou allaitantes : leur licenciement requiert une autorisation judiciaire préalable. Pour les pères, la loi prévoit deux jours de congé paternité payé, même si de nombreuses entreprises se contentent du minimum légal.

Exemple :

Le droit du travail prévoit divers congés spécifiques, notamment : le congé pour mariage (d’une durée de cinq jours), le congé pour deuil (trois jours accordés en cas de décès d’un conjoint, d’un parent ou d’un enfant), les congés pour fonctions syndicales (pouvant aller jusqu’à six jours par mois pour les membres des comités syndicaux), ainsi que des congés non rémunérés dont les modalités sont convenues par accord entre l’employeur et le salarié.

Salaire minimum, primes et structure de rémunération

Le salaire minimum est fixé chaque année par le gouvernement et varie selon le secteur d’activité (agricole, non agricole, maquila/export) et la zone géographique (district économique 1, qui regroupe le département de Guatemala, et district 2 pour le reste du pays). En pratique, le minimum mensuel se situe autour de 3 300 à près de 4 000 quetzales selon l’activité et la zone, soit plusieurs centaines de dollars selon le taux de change.

Il existe également des références de salaire minimum journalier, qui peuvent se situer entre environ 94 et 122 quetzales selon l’année et le secteur.

Au‑delà du salaire de base, le système guatémaltèque comprend plusieurs éléments obligatoires :

un bonus de productivité mensuel d’au moins 250 quetzales pour les salariés rémunérés au minimum légal,

– un « 13e mois » (Aguinaldo), équivalent à un mois de salaire, payé en deux fois : moitié dans la première quinzaine de décembre, moitié dans la deuxième quinzaine de janvier,

– un « 14e mois » (Bono 14), également équivalent à un mois de salaire, versé dans la première quinzaine de juillet.

Ces deux bonus annuels constituent des droits acquis, et ne sont pas soumis aux cotisations sociales dans certains cas. Ils doivent être pris en compte dans le calcul du coût global du travail.

En complément des obligations légales, beaucoup d’employeurs, en particulier dans les secteurs compétitifs (IT, télécoms, finance, conseil), offrent des avantages supplémentaires : assurance santé privée, assurance vie, indemnités de transport, chèques‑repas, formations, jours de congé additionnels, plans de retraite complémentaires, véhicules de fonction ou aides à la scolarité.

Cotisations sociales et fiscalité

Les contributions à la sécurité sociale sont partagées entre employeur et salarié, et gérées par l’IGSS, complétées par d’autres organismes para‑publics. Du côté de l’employeur, l’effort global atteint environ 12,67 % du salaire, dont :

Cotisations sociales obligatoires au Guatemala

Les employeurs au Guatemala sont tenus de prélever des cotisations sociales sur les salaires de leurs employés. Ces contributions sont destinées à financer divers régimes de protection sociale et de formation.

Sécurité sociale

10,67 % du salaire pour couvrir les risques maladie, maternité, professionnels, invalidité, vieillesse et les survivants.

Institut de loisirs (IRTRA)

1 % du salaire pour financer les activités de loisirs et récréatives des travailleurs du secteur privé.

Formation technique (INTECAP)

1 % du salaire pour contribuer au financement de la formation technique et professionnelle des travailleurs.

Le salarié contribue à hauteur de 4,83 % de son salaire pour la sécurité sociale. Aucune cotisation sociale n’est prélevée sur les 13e et 14e mois, ce qui allège légèrement la charge globale.

L’impôt sur le revenu des personnes physiques (ISR) applique un barème simple : 5 % sur les revenus annuels jusqu’à 300 000 quetzales, et 7 % sur la tranche au‑delà. L’impôt est prélevé à la source par l’employeur. La TVA standard est fixée à 12 %, ce qui impacte la structure des coûts, mais pas directement les salaires bruts.

Rupture du contrat, préavis et indemnités

La résiliation d’un contrat à durée indéterminée obéit à des règles de préavis graduées selon l’ancienneté :

moins de six mois d’emploi : préavis d’une semaine,

de six mois à un an : dix jours,

d’un à cinq ans : deux semaines,

plus de cinq ans : un mois.

Ces délais s’imposent à l’employeur. Le salarié, lui, peut démissionner sans préavis légal spécifique, sauf clause contractuelle contraire.

En cas de licenciement sans cause justifiée, l’employeur doit verser une indemnité équivalente à un mois de salaire par année de service (ou fraction d’année), calculée sur la moyenne des six derniers mois. À cela s’ajoutent le règlement des jours travaillés et non payés, les congés non pris, ainsi que la part proportionnelle des 13e et 14e mois. Les avantages en nature peuvent aussi entrer dans l’assiette de calcul à hauteur d’environ 30 % du salaire si la pratique de l’entreprise le justifie.

Le salarié dispose de 30 jours pour contester un licenciement qu’il estime abusif. Un élément particulier du système guatémaltèque : une fois un litige de licenciement tranché, l’employeur ne peut pas réembaucher ce salarié.

Il est indispensable d’intégrer ce risque juridique dès la phase de recrutement, en soignant la description de poste, la période d’essai, la documentation des performances et la rédaction des clauses de résiliation.

Sourcing : où et comment trouver des candidats au Guatemala

Le Guatemala offre une palette de canaux de recrutement, des job boards de masse aux cabinets spécialisés en passant par les réseaux sociaux et les partenariats éducatifs. Le choix dépend de votre budget, du type de poste et de votre capacité interne à filtrer les candidatures.

Job boards locaux et plateformes en ligne

Plusieurs sites sont devenus incontournables pour diffuser des offres et explorer la base de talents locale. Parmi eux, Computrabajo, Opcion Empleo et Tecoloco occupent une place centrale.

Computrabajo, par exemple, opère dans 19 pays d’Amérique latine, dont le Guatemala, et affiche des centaines de milliers d’annonces à l’échelle régionale, avec des dizaines de millions de visites mensuelles. Pour les entreprises, il est possible de créer un compte, de publier des offres (souvent gratuitement dans leur version de base), de filtrer les profils, de gérer les candidatures et de contacter les personnes présélectionnées. Le site propose aussi des ressources de formation et une application mobile, ce qui élargit son audience.

Tecoloco se targue de disposer de la plus grande base de CV de la région – plus d’un million de profils – et d’être très utilisé en Amérique centrale. Opcion Empleo agrège des offres depuis différents sites, ce qui peut donner une bonne visibilité aux annonces.

Tecoloco et Opcion Empleo

Pour des besoins plus ciblés, des plateformes comme Torre ou Get on Board se spécialisent respectivement dans les recrutements nearshore diversifiés et dans les profils technologiques (développeurs, designers, DevOps). Torre intègre un système de matching par IA qui analyse des dizaines de traits comportementaux par candidat. Get on Board, quant à lui, fonctionne sur un modèle de publication payante et propose des outils d’évaluation de l’adéquation culturelle.

Parallèlement, LinkedIn joue un rôle croissant au Guatemala, avec près de 1,3 million d’utilisateurs. C’est l’outil privilégié pour toucher des cadres, des spécialistes IT, des profils finance ou marketing. L’option de recherche par localisation, par secteur, par niveau d’expérience et par compétences (Python, SQL, AWS, etc.) permet de constituer rapidement des short‑lists.

Enfin, Facebook demeure extrêmement populaire dans le pays. Des groupes dédiés à l’emploi et à l’expatriation – comme « LifeinGuatemala » ou « Xela Expats » – peuvent servir de relais, notamment pour des postes orientés tourisme, enseignement des langues ou travail à distance.

Agences de recrutement et Employer of Record

Pour des postes qualifiés, critiques ou confidentiels, il est souvent plus efficace de passer par une agence de recrutement locale ou régionale. On trouve à Guatemala City de nombreuses structures de headhunting et de placement, comme A‑Talent, Orange Talent Group, Head Hunter Guatemala, Smart Talent, Happy Mondays, ou encore des firmes plus généralistes telles que LG Consultores, HR Center, Miscorp S.A. (orientation tech et finance), ou PersoTemp Empleos.

Certaines, comme Orange Talent Group, se concentrent sur les profils cadres en Amérique centrale et annoncent avoir pourvu plus de 1 500 postes de management dans la région. D’autres misent sur des évaluations psychométriques poussées et des entretiens approfondis pour sécuriser les recrutements.

Dans une logique plus globale, plusieurs acteurs offrent des services d’Employer of Record (EOR) ou de staffing international pour le Guatemala : Remote People, METEOR, Near (Hire With Near), Revelo, 1840 & Company, Hire South, HireLATAM, Virtual Latinos, Howdy, entre autres. Le principe est d’employer localement votre talent, tout en vous laissant garder la main sur la direction opérationnelle (sélection, formation, performance) :

l’EOR signe le contrat guatémaltèque, gère la paie, les cotisations à l’IGSS, l’impôt sur le revenu, les congés et le respect du Code du travail ;

– vous définissez le profil, validez les candidats présélectionnés et pilotez le quotidien.

Bon à savoir :

Une entreprise étrangère peut légalement embaucher au Guatemala sans créer de filiale locale. Certaines agences proposent de présenter trois candidats présélectionnés sous 3 à 5 jours, avec des taux de réussite élevés et des garanties de remplacement de plusieurs mois.

Réseaux, universités et autres canaux

Le rôle du réseau personnel est central au Guatemala. Le concept de confianza (confiance) et de respeto (respect) veut que les affaires se fassent souvent par relations interposées. Les recommandations internes fonctionnent donc très bien, à condition de structurer le processus pour limiter le favoritisme et garantir l’égalité de traitement.

Le pays compte une douzaine d’universités de référence, qui peuvent être des viviers intéressants pour des recrutements de juniors : organisation de forums métiers, partenariats pour des stages, interventions dans des cours professionnalisants. Des initiatives comme les programmes de certification de développeurs (par exemple les certifications Java Spring Boot ou React développées avec l’appui d’organisations comme Swisscontact, ADA School et AGEXPORT) constituent aussi des canaux privilégiés pour trouver des profils techniques standardisés.

Dans certains secteurs – tourisme, santé, enseignement de l’anglais – des organisations internationales (UNDP, UNICEF, FAO, OIM, ONG) publient régulièrement des offres à Guatemala City et dans d’autres villes. Observer leurs attentes et leurs grilles salariales permet d’affiner ses propres propositions.

Rémunération : se positionner sur les salaires au Guatemala

Fixer une grille salariale réaliste est l’un des points les plus délicats pour un employeur étranger. La tentation est grande de se baser uniquement sur le salaire minimum, très bas par rapport aux pays développés, mais cela risque d’éloigner les meilleurs candidats et d’augmenter fortement le turnover.

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Un diplômé de master gagne en moyenne près de 30 % de plus qu’un titulaire de licence au Guatemala.

L’expérience joue aussi fortement : deux à cinq ans d’expérience permettent en moyenne une hausse de 32 % par rapport à un premier emploi, plus de cinq ans augmentent encore le revenu d’environ 36 %, puis les gains se modèrent (21 % pour dix ans d’expérience par rapport à cinq ans, 14 % au‑delà de quinze ans).

Pour donner des ordres de grandeur, voici quelques salaires moyens mensuels (en quetzales) pour des postes qualifiés :

PosteSalaire moyen mensuel (GTQ)Équivalent approximatif (USD)
Directeur financier19 3002 460
Directeur général17 8002 270
Responsable développement15 9002 030
Analyste financier12 8001 630
Business analyst12 6001 610
Chef de projet10 8001 380

Dans les professions, on trouve par exemple :

ProfessionSalaire moyen mensuel (GTQ)
Dentiste23 400
Directeur marketing18 000
Directeur commercial15 000–17 900
Responsable RH12 100–14 800
Développeur web9 580–10 800
Graphiste6 020
Enseignant de maternelle3 670
Téléopérateur / call center3 500–4 000

Pour des grilles plus générales en dollars, on observe souvent :

Niveau de posteFourchette mensuelle (USD, brut)
Administratif débutant400 – 700
Service client bilingue600 – 1 000
Support IT intermédiaire800 – 1 500
Comptable expérimenté1 000 – 2 000+
Cadre supérieur / direction2 000 – 4 000+

Les hausses de salaire sont en général modestes mais régulières : on évoque une augmentation type de 7 % tous les 19 mois en moyenne, avec des taux plus bas pour les juniors (3–5 %) et plus élevés pour les cadres dirigeants (jusqu’à 15–20 %).

Bon à savoir :

Les secteurs les mieux rémunérés sont généralement le pharmaceutique, l’environnement, l’IT, les télécommunications, la banque, la finance et le développement commercial. À l’inverse, les secteurs de la construction, du transport, de l’hôtellerie-restauration, de l’éducation, du textile et du voyage offrent en moyenne des salaires plus bas.

Il est donc pertinent de : agir avec prudence et de prendre en compte les différentes perspectives avant de prendre une décision.

comparer ses offres avec les salaires moyens par secteur et par ville,

intégrer les 13e/14e mois et les obligations sociales dans le coût total,

– proposer des avantages distinctifs (assurance santé privée, formation, flexibilité, télétravail partiel),

– se positionner légèrement au‑dessus du marché pour attirer les profils bilingues et technologiques les plus recherchés.

Immigration et travailleurs étrangers : visas et permis de travail

Si vous envisagez de recruter des étrangers pour travailler physiquement au Guatemala, la question des permis de travail est centrale. Deux grands types de permis existent :

le permis pour les personnes ayant des liens familiaux avec le Guatemala,

le permis pour les étrangers disposant d’un contrat de travail guatémaltèque.

Dans la pratique, le second type est le plus fréquent pour les recruteurs. La procédure implique deux étapes majeures :

Attention :

Le candidat doit d’abord obtenir un visa de résidence temporaire auprès de l’Institut guatémaltèque de migration ou d’une ambassade. Une fois ce titre obtenu, il doit déposer une demande de permis de travail auprès du ministère du Travail.

L’employeur est responsable de la gestion de ce processus, depuis la fourniture du contrat jusqu’au suivi administratif. Le salarié ne peut commencer à travailler qu’une fois la résidence temporaire et le permis de travail approuvés.

Bon à savoir :

Les permis de travail sont généralement valides pour un an et sont renouvelables. Pour certains postes très spécialisés, l’obtention du permis peut être conditionnée à un engagement de former du personnel local. Bien qu’il n’existe pas de quotas généralisés, les autorités veillent à ce que le recrutement de travailleurs étrangers ne se fasse pas au détriment des nationaux pour les postes qu’ils peuvent occuper.

Une alternative, pour des missions ponctuelles ou de courte durée, consiste à employer le collaborateur depuis l’étranger en télétravail, via un EOR qui l’embauche dans son pays de résidence. Cela permet d’éviter les démarches de visa guatémaltèque, tout en profitant de la proximité horaire avec l’Amérique centrale.

Culture professionnelle : adapter son processus de recrutement

Au‑delà du droit et des chiffres, le succès d’un recrutement au Guatemala se joue aussi sur le terrain culturel. Le pays est une société à forte hiérarchie, marquée par son héritage maya et hispanique, avec une communication plutôt indirecte et un sens prononcé de la dignité personnelle.

Hiérarchie, titres et respect

Les structures hiérarchiques sont très visibles et respectées. Les titres professionnels ont une grande importance : on s’adresse volontiers à un diplômé universitaire en l’appelant Licenciado ou Licenciada, à un ingénieur comme Ingeniero ou Ingeniera, et l’on emploie les formules Señor, Señora, Don ou Doña dans un registre formel.

En entretien ou en réunion, les interlocuteurs de rang inférieur évitent de contredire directement un supérieur. Le management reste souvent de type top‑down. Pour un recruteur, il est crucial de :

traiter les candidats avec une grande politesse formelle,

montrer de la déférence envers les figures de pouvoir dans l’entreprise,

éviter de mettre un participant en difficulté devant les autres (les critiques publiques sont très mal perçues).

Communication indirecte et non verbale

La communication est de type « haute contextualisation » : beaucoup de choses se disent par allusions, ton, gestes, plus que par des formulations explicites. Un simple « vamos a ver » (on verra) ou « sí, pero… » (oui, mais…) peut en réalité signifier un refus poli.

Astuce :

Au Guatemala, pour préserver l’harmonie et éviter de faire perdre la face à son interlocuteur, il est courant d’éviter un refus ou une opposition frontale. En contexte de recrutement, un candidat peut ainsi affirmer avoir compris une consigne, même s’il ne l’a pas entièrement assimilée, afin de ne pas paraître incompétent. Il est donc recommandé au recruteur de vérifier activement la compréhension, par exemple en demandant au candidat de reformuler la consigne avec ses propres mots ou d’en donner un exemple concret.

Le ton de voix reste modéré, les gestes trop démonstratifs ou le volume sonore élevé peuvent être interprétés comme agressifs. On privilégie un contact visuel équilibré : fuir totalement le regard peut passer pour de la gêne, mais fixer intensément peut être pris pour une confrontation.

Entretien d’embauche : évaluer la compétence et l’adéquation culturelle

Au Guatemala, l’entretien ne sert pas seulement à jauger les compétences, mais à tester l’aptitude du candidat à s’insérer dans un collectif. La réussite se juge au trabajo en equipo (travail en équipe), à la loyauté, à la capacité à respecter la hiérarchie.

Bon à savoir :

En contexte francophone, il est recommandé de mettre en avant ses réussites en utilisant le collectif (‘nous’) plutôt que l’individuel (‘je’), un discours trop centré sur soi pouvant être perçu comme arrogant. Valoriser sa capacité à collaborer, à solliciter l’avis d’un manager ou à résoudre des conflits par la médiation est apprécié.

Le small talk sur la famille, le quartier, les traditions locales ou des événements d’actualité neutres fait partie intégrante de l’entretien. Le zapper pour aller droit au but peut donner une impression de froideur ou de manque de considération. En revanche, les sujets politiques ou liés à l’histoire violente du pays restent à éviter.

Apparence et codes vestimentaires

Pour un entretien ou une réunion d’affaires, la tenue est conservatrice : costume foncé et chemise repassée pour les hommes, tailleur ou robe/pantalon sobre pour les femmes. Les couleurs criardes ou les signes ostentatoires de richesse sont déconseillés. La sobriedad est valorisée comme marque d’intégrité.

Intégrer discrètement un élément de culture locale – par exemple un accessoire textile d’inspiration maya ou un bijou en jade discret – peut être apprécié, surtout si cela s’accompagne de quelques mots en espagnol ou, pourquoi pas, d’un salut dans une langue maya (un « Saqarik » en kakchiquel, par exemple).

Processus de recrutement : de l’offre à l’intégration

En pratique, un cycle de recrutement complet pour un poste de bureau ou technique au Guatemala suit souvent les étapes suivantes :

définition du besoin et de la description de poste en espagnol (et éventuellement en anglais si le poste exige le bilinguisme) ;

publication sur un ou plusieurs job boards (Computrabajo, Tecoloco, LinkedIn) et mobilisation du réseau interne (cooptation, contacts universitaires, cabinets) ;

– présélection des CV, en vérifiant les compétences techniques, la maîtrise linguistique et la stabilité du parcours (les changements fréquents d’employeur peuvent alerter sur la loyauté) ;

– entretiens téléphoniques ou en visioconférence pour un premier filtre (évaluation de la communication, de la motivation, du niveau d’anglais pour les postes BPO/IT/tourisme) ;

– un ou plusieurs entretiens en personne ou en visio, avec le manager direct et parfois un représentant RH, incluant du temps de conversation informelle ;

– tests pratiques ou techniques (langue, informatique, finance, logique, etc.), voire évaluations psychométriques via un cabinet ;

– vérification de références et, si nécessaire, de certains antécédents dans le respect de la législation (le recours aux casiers judiciaires pour restreindre l’accès à l’emploi est strictement encadré) ;

– offre écrite détaillée en espagnol, précisant le salaire, les bonus légaux, les avantages, la période d’essai et les principales clauses de résiliation ;

– signature de trois exemplaires du contrat et enregistrement auprès des autorités du travail dans les délais requis ;

– inscription du salarié à la sécurité sociale (IGSS) et à l’administration fiscale (SAT), paramétrage de la paie mensuelle, remise des bulletins de salaire détaillés.

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Le délai maximal de recrutement pour un poste technique ou de direction peut atteindre douze semaines.

L’intégration ne doit pas être négligée. Dans un contexte où la confiance et la relation personnelle sont clés, prévoir un onboarding structuré – présentation des équipes, mentorat, formation au fonctionnement interne, rappel des droits sociaux – améliore la rétention et facilite l’appropriation des exigences de performance.

Choisir sa stratégie : entité locale, EOR ou cabinet de recrutement ?

Pour une entreprise étrangère, la question n’est pas seulement « comment recruter du personnel au Guatemala », mais « sous quelle structure légale et avec quel niveau d’engagement ».

Plusieurs scénarios sont envisageables :

Exemple :

Pour recruter au Guatemala, plusieurs options existent : créer une entité locale (solution idéale à long terme pour une équipe solide, mais exigeante en temps et expertise) ; utiliser un Employer of Record (EOR) ou un PEO (solution rapide pour tester le marché, avec un surcoût et un lien contractuel triangulaire) ; combiner les deux approches en démarrant avec un EOR puis en basculant vers une entité propre ; ou sous-traiter des profils ponctuels via des agences spécialisées ou des freelances, avec un contrat de prestation.

Le choix dépend de la volumétrie d’embauches envisagée, de l’horizon temporel, du budget, du niveau de contrôle souhaité et de la tolérance au risque juridique. En règle générale, les agences recommandent :

Bon à savoir :

Pour un recrutement ponctuel (1-2 personnes) avec du temps disponible (40 à 60 heures de tri par poste), privilégiez les job boards et l’auto-recrutement. Pour plusieurs recrutements par an, un temps limité, des candidats pré-sélectionnés ou une délégation de la conformité (paie, contrats), tournez-vous vers un cabinet de recrutement ou de staffing.

Particularités sectorielles : centres d’appels, IT, enseignement de l’anglais

Certains secteurs méritent un focus particulier, car ils concentrent la demande de talents et attirent beaucoup d’investissements étrangers.

Les services de centres de contacts et de BPO profitent de la main‑d’œuvre bilingue espagnol/anglais et du fuseau horaire adapté aux États‑Unis. Un téléopérateur gagne typiquement autour de 3 500–4 000 quetzales par mois, soit bien plus que le minimum agricole, mais nettement moins que ses homologues nord‑américains. L’enjeu pour les recruteurs est de proposer des environnements de travail attractifs (stabilité, bonus de performance, progression interne) pour limiter un turnover structurellement élevé.

Bon à savoir :

Les secteurs de l’IT, du développement logiciel et des services numériques connaissent une croissance rapide, avec certains sous-secteurs affichant une croissance à deux chiffres pendant la pandémie. Les profils les plus recherchés sont les développeurs (back-end, front-end, full-stack), les spécialistes cloud (AWS, Kubernetes, Docker), les analystes data et les ingénieurs QA. Des programmes de certification (ex. Java Spring Boot, React), soutenus par des ONG, agences de développement et associations professionnelles, améliorent l’adéquation formation-marché, mais la demande reste supérieure à l’offre.

Dans l’enseignement de l’anglais, des organisations comme Maximo Nivel, à Antigua, recrutent régulièrement des professeurs et des profils de gestion de programmes. Les exigences peuvent inclure une certification TEFL/TESOL/CELTA d’au moins 120 heures, un an d’expérience, un anglais natif ou proche natif, et, parfois, un engagement minimum de six mois à deux ans. Ce type de poste intéresse souvent des expatriés ; les employeurs doivent donc maîtriser les questions de visa, de permis de travail et d’intégration culturelle.

Conclusion : recruter au Guatemala, une opportunité à condition d’être structuré

Le Guatemala offre un terrain attractif pour le recrutement : population jeune et en croissance, coûts salariaux compétitifs, proximité avec l’Amérique du Nord, main‑d’œuvre bilingue et dynamique, surtout dans les services, les technologies et le BPO. Mais tirer parti de ce potentiel demande une approche structurée, qui combine :

Astuce :

Pour réussir un recrutement en Espagne, il est essentiel de maîtriser plusieurs aspects. Tout d’abord, une parfaite compréhension du droit du travail local est nécessaire, incluant la rédaction des contrats en espagnol, la gestion des 13e et 14e mois, des congés, des préavis, des indemnités et des obligations sociales. Ensuite, il faut déployer une stratégie de sourcing adaptée, utilisant les job boards locaux, LinkedIn, les agences de recrutement, les Employeurs de Record (EOR) et les réseaux universitaires. Une politique salariale réaliste et attractive, qui dépasse le simple minimum légal, est également cruciale pour séduire les talents. Une bonne maîtrise des procédures d’immigration pour les candidats étrangers, lorsque cela est nécessaire, est un prérequis administratif. Enfin, une sensibilité culturelle aux codes de communication, à la hiérarchie, au respect et à la construction de la confiance sur le long terme est fondamentale pour une intégration réussie.

En investissant dans la conformité, la relation humaine et le développement des compétences, les employeurs peuvent se positionner comme des acteurs de référence sur un marché en pleine transformation, tout en contribuant à créer des emplois formels de qualité dans un pays qui en a un besoin crucial.

Pourquoi il est préférable de me contacter ? Voilà un exemple concret :

Un retraité de 62 ans, avec un patrimoine financier supérieur à un million d’euros bien structuré en Europe, souhaitait changer de résidence fiscale pour optimiser sa charge imposable et diversifier ses investissements, tout en gardant un lien avec la France. Budget alloué : 10 000 euros pour l’accompagnement complet (conseil fiscal, formalités administratives, délocalisation et structuration patrimoniale), sans vente forcée d’actifs.

Après analyse de plusieurs destinations attractives (Guatemala, Costa Rica, Panama, Portugal), la stratégie retenue a consisté à cibler le Guatemala pour sa fiscalité territoriale (imposition principalement sur les revenus de source guatémaltèque), l’absence d’impôt sur la fortune, un coût de vie nettement inférieur à la France (Guatemala Ciudad ~40% moins cher que Paris) et un accès facilité à toute l’Amérique centrale. La mission a inclus : audit fiscal pré‑expatriation (exit tax ou non, report d’imposition), obtention de la résidence par investissement ou revenus stables, transfert de résidence bancaire, plan de rupture des liens fiscaux français, mise en relation avec un réseau local (avocat, immigration, bilingues) et intégration patrimoniale (analyse et restructuration si nécessaire).

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A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Expert en gestion de patrimoine internationale depuis plus de 20 ans, j’accompagne mes clients dans la diversification stratégique de leur patrimoine à l’étranger, un impératif face à l’instabilité géopolitique et fiscale mondiale. Au-delà de la recherche de revenus et d’optimisation fiscale, ma mission est d’apporter des solutions concrètes, sécurisées et personnalisées. Je conseille également sur la création de sociétés à l’étranger pour renforcer l’activité professionnelle et réduire la fiscalité globale. L’expatriation, souvent liée à ces enjeux patrimoniaux et entrepreneuriaux, fait partie intégrante de mon accompagnement sur mesure.

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