Ouvrir un compte bancaire d’entreprise au Guatemala : guide complet pour les sociétés locales et étrangères

Publié le et rédigé par Cyril Jarnias

Installer son activité au Guatemala sans compte bancaire d’entreprise, c’est un peu comme vouloir exporter sans douane : techniquement possible sur le papier, mais impraticable dans la réalité. Le pays dispose d’un système bancaire solide, très encadré par les autorités, mais l’ouverture d’un compte professionnel, surtout pour une société détenue par des étrangers, reste une démarche exigeante, documentée et rarement 100 % à distance.

Bon à savoir :

Ce guide détaille les étapes et exigences pour ouvrir un compte d’entreprise au Guatemala. Il couvre l’environnement bancaire local, les prérequis juridiques, les différents types de comptes disponibles et les documents nécessaires. Il aborde également les spécificités pour les non-résidents, fournit des conseils pour choisir la banque adaptée et liste les pièges courants à éviter.

Un système bancaire solide, très régulé et de plus en plus digital

Le secteur bancaire guatémaltèque est supervisé par la Superintendencia de Bancos (SIB), qui contrôle la stabilité du système, la transparence des institutions et l’application des règles prudentielles. La Banque du Guatemala (Banco de Guatemala, souvent abrégée Banguat) joue un rôle de banque centrale : elle émet la monnaie nationale, le quetzal (GTQ), surveille l’ensemble du système financier et suit de près les flux internationaux pour lutter contre le blanchiment.

Le pays compte 18 banques commerciales qui gèrent collectivement autour de 37,3 milliards de dollars US d’actifs, avec une forte concentration : quelques grands groupes dominent le marché. Le système inclut également des compagnies d’assurance, des sociétés financières, des maisons de change et une bourse locale, la Bolsa de Valores Nacional.

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C’est le pourcentage d’adultes ayant un compte bancaire, illustrant la faible pénétration bancaire malgré une évolution rapide du paysage financier.

Le revers de cette modernisation, couplée à la lutte contre le blanchiment (AML/CFT), est un renforcement très net des contrôles. Pour les étrangers, ouvrir un compte – même d’entreprise – est plus long et plus encadré que dans de nombreux autres marchés émergents.

Pourquoi un compte bancaire d’entreprise est incontournable

D’un point de vue légal comme opérationnel, ouvrir un compte bancaire d’entreprise au Guatemala n’est pas un luxe mais une obligation quasi systématique.

Le Code de commerce impose aux sociétés commerciales de disposer d’un compte bancaire dès que leur capital initial dépasse un certain seuil en espèces. Concrètement, dès la constitution de la société, les apports en numéraire au‑delà de 2 000 quetzals (environ 267 USD) doivent être déposés sur un compte ouvert au nom de l’entité en formation. C’est ce dépôt qui vient démontrer la réalité du capital social.

Attention :

Le compte bancaire professionnel constitue la colonne vertébrale financière de l’entreprise. Il est indispensable pour régler les dépenses d’exploitation et les salaires, facturer et encaisser localement, honorer les obligations fiscales et sociales, et gérer la trésorerie. Il permet également d’accéder aux financements bancaires (découvert, crédit, leasing) et de justifier la provenance des fonds en cas d’audit ou d’inspection.

Un compte local renforce par ailleurs la crédibilité de la société vis‑à‑vis de ses partenaires guatémaltèques – clients, fournisseurs, autorités – et donne accès à des produits adaptés au marché : crédits en quetzals ou en dollars, solutions de cash management, services de commerce international, placements à terme, etc. Pour un investisseur étranger, c’est aussi une façon de s’intégrer dans l’économie locale tout en réduisant les coûts liés aux transferts internationaux récurrents.

Avant la banque : constituer la société et obtenir un NIT

Les banques exigent que l’entreprise soit dûment constituée et identifiée fiscalement avant d’ouvrir un compte. Il est donc impossible d’ouvrir un compte strictement « pré‑incorporation » comme on le voit parfois en Europe : la logique guatémaltèque est plutôt que la constitution et l’ouverture de compte avancent de concert.

Enregistrement au Registro Mercantil

Première étape, l’immatriculation de la société auprès du Registro Mercantil (Registre du Commerce). C’est là que l’on enregistre la création de l’entité, que l’on obtient la patente de commerce (le « brevet » commercial) et que l’on fait reconnaître la personnalité juridique de l’entreprise.

Exemple :

Pour les investisseurs étrangers, les formes sociales les plus courantes au Guatemala sont la Sociedad Anónima (S.A.), similaire à une société par actions, et la Sociedad de Responsabilidad Limitada (S.R.L.), équivalente à une SARL. Dans les deux cas, la constitution nécessite un minimum de deux associés, qui peuvent être des personnes physiques ou morales, résidentes ou non dans le pays.

Le capital minimum légal reste très bas : 200 quetzals, soit environ 25 dollars. Cependant, les pratiques de marché conduisent souvent à afficher un capital plus élevé, notamment pour les S.R.L. où un seuil courant de 5 000 quetzals est recommandé et doit être entièrement libéré à la création.

Pour une S.A., l’acte constitutif doit détailler le nom commercial, l’objet social, le capital souscrit et autorisé, la structure de gouvernance, le domicile fiscal et désigner au moins un représentant légal résident au Guatemala. Cet acte est établi par un notaire guatémaltèque et déposé au Registro Mercantil, qui, après contrôle, approuve la constitution et délivre les brevets commerciaux.

Inscription fiscale et obtention du NIT

Parallèlement à l’immatriculation commerciale, l’entreprise doit s’inscrire auprès de la Superintendencia de Administración Tributaria (SAT), l’administration fiscale, pour obtenir son Número de Identificación Tributaria (NIT).

Astuce :

Le Numéro d’Identification Tributaire (NIT) est l’identifiant fiscal unique d’une entreprise au Guatemala. Il est indispensable pour l’émission de factures, les déclarations fiscales, l’enregistrement de la TVA, les opérations bancaires, la signature de contrats et toutes les procédures administratives. Une loi récente a étendu son champ d’application : le NIT doit maintenant figurer sur une large gamme de documents civils, commerciaux, financiers et notariés. Toute omission ou erreur dans son inscription est passible d’une amende pouvant atteindre 100 quetzals par infraction.

Le NIT pour une entité est lié aux pièces d’identité de son représentant légal (DPI ou passeport) et aux données juridiques de la société (statuts, patente, adresse fiscale). Sans NIT, aucune banque ne procédera à l’ouverture d’un compte d’entreprise. À l’inverse, disposer d’un NIT actif et correctement enregistré dans le RTU (Registro Tributario Unificado) facilite beaucoup la vérification par la banque.

Quels types de comptes bancaires d’entreprise au Guatemala ?

Les banques guatémaltèques proposent globalement la même gamme de comptes pour les entreprises, avec des déclinaisons selon la taille du client et son profil de risque. Trois catégories dominent : les comptes courants, les comptes d’épargne et les dépôts à terme.

Compte courant (cuenta monetaria)

Le compte courant d’entreprise est l’outil de base pour gérer le flux quotidien de paiements et d’encaissements. Il permet de :

réaliser des virements locaux et internationaux, en quetzals ou en dollars ;

recevoir des paiements clients ;

payer salaires, fournisseurs, impôts, loyers ;

utiliser des cartes de débit professionnelles ;

– émettre des chèques, quand la banque l’autorise.

Dans la pratique, de nombreuses banques offrent ces comptes sans frais mensuels élevés, mais peuvent facturer au coup par coup certaines opérations (virements, chèques, retraits aux guichets tiers). Pour les clients étrangers, il peut arriver que la banque limite les moyens de paiement (par exemple carte et virements, mais pas de chéquier, pas de découvert) tant qu’elle ne dispose pas d’un historique suffisant.

Compte d’épargne d’entreprise

Le compte d’épargne peut servir de réserve de trésorerie : les bénéfices non immédiatement réinvestis y rapportent des intérêts, souvent à condition de maintenir un solde minimum et parfois de respecter des délais de préavis en cas de retrait important.

Comptes d’épargne pour PME au Guatemala

Options bancaires pour gérer et faire fructifier les liquidités stratégiques des petites et moyennes entreprises

Banques proposant des comptes progressifs

Certaines banques, comme Banco Industrial ou Banco G&T Continental, offrent plusieurs familles de comptes d’épargne avec des taux d’intérêt qui augmentent en fonction du montant déposé.

Disponibilité en devises

Ces comptes d’épargne sont disponibles en quetzals (monnaie locale) et en dollars américains, offrant une flexibilité pour gérer les risques de change.

Utilité pour la trésorerie PME

Pour une PME, ce type de compte est idéal pour séparer les fonds opérationnels (sur le compte courant) des liquidités stratégiques destinées à des projets ou des investissements futurs.

Dépôts à terme et comptes d’investissement

Les dépôts à terme (parfois appelés cuentas de inversión) permettent de placer des montants significatifs pour des durées fixes (3, 6, 12 mois ou plus) en échange d’un taux d’intérêt supérieur. Au Guatemala, les rendements mentionnés dans les offres bancaires grand public vont d’environ 1,5 % à 6,5 % par an selon le montant, la durée et la devise.

Le principe est classique : on s’engage à laisser les fonds bloqués jusqu’à l’échéance ; un retrait anticipé entraîne des pénalités, parfois lourdes pour une entreprise. Ces produits sont adaptés aux sociétés disposant d’un excédent de trésorerie prévisible et souhaitant sécuriser un rendement sans complexité financière.

Comptes en quetzals ou en dollars

La quasi‑totalité des banques proposent leurs comptes en quetzals (GTQ) et en dollars américains (USD). Le Guatemala maintient un régime de change ouvert, sans contrôle strict des mouvements de capitaux : il est possible de détenir des comptes en devises, de recevoir des paiements étrangers, de rapatrier des dividendes et du capital librement, sous réserve des obligations de déclaration statistiques.

Le quetzal est réputé très stable en Amérique latine, avec un taux flottant dirigé : la banque centrale n’intervient que pour limiter les à‑coups. Dans la pratique, de nombreuses entreprises choisissent un double dispositif : un compte en GTQ pour les opérations locales et la masse salariale, et un compte en USD pour les transactions internationales, les contrats d’exportation ou d’importation et la gestion du risque de change.

Étapes concrètes pour ouvrir un compte bancaire d’entreprise

Les procédures varient d’une banque à l’autre, mais le schéma général est assez homogène. On peut le résumer en quatre grandes étapes.

1. Constituer la société et rassembler la documentation juridique

Sans entité enregistrée, il n’y a pas de compte d’entreprise. Une fois la S.A. ou la S.R.L. immatriculée au Registro Mercantil et dotée de sa patente de commerce, il faut réunir l’ensemble des documents de constitution et d’identification :

acte constitutif et statuts à jour ;

certificat de nomination du représentant légal ;

– brevets commerciaux (patente de comercio de la société et, le cas échéant, de l’établissement) ;

– inscription au RTU/SAT et attestation de NIT ;

– pièces d’identité du représentant légal et des signataires autorisés ;

– justificatifs d’adresse de l’entreprise (facture d’eau, d’électricité ou de téléphonie au nom de la société).

Bon à savoir :

Les banques exigent généralement que les documents soient en espagnol et dûment notariés. Pour les investisseurs étrangers, cela implique de faire apostiller et traduire en espagnol les documents de la maison mère ou des actionnaires si la banque souhaite vérifier la structure de propriété jusqu’aux bénéficiaires effectifs.

2. Choisir le type de compte à ouvrir

Avant même de se présenter à la banque, il est utile de réfléchir au schéma de comptes dont l’entreprise a réellement besoin à court et moyen terme : un seul compte courant pour démarrer ? Un compte d’épargne pour loger le capital et les réserves de trésorerie ? Un dépôt à terme pour un excédent ponctuel de liquidités ?

Le choix de la devise doit être posé clairement dès le départ, car les banques vous demanderont si le compte sera en quetzals, en dollars, ou si vous comptez combiner les deux. Une société exportatrice facturant en USD privilégiera souvent un compte principal en dollars, tandis qu’un commerce de détail local travaillera surtout en quetzals.

3. Sélectionner la banque la plus adaptée au profil de l’entreprise

Toutes les banques guatémaltèques peuvent, en théorie, ouvrir un compte d’entreprise. En pratique, certaines sont plus ouvertes aux clients étrangers, ou mieux équipées pour les besoins complexes (cash management, commerce international, crédit d’investissement).

Banques pour entreprises

Présentation simplifiée de quelques établissements bancaires souvent cités pour les entreprises, avec leurs atouts principaux.

Banque A

Atouts principaux : Solutions de financement innovantes et accompagnement personnalisé pour les startups.

Banque B

Atouts principaux : Réseau d’agences étendu et expertise dans le financement de projets d’exportation.

Banque C

Atouts principaux : Plateforme digitale performante et tarifs compétitifs pour les TPE/PME.

Banque D

Atouts principaux : Services de gestion de trésorerie avancés et conseil en fusion-acquisition.

BanquePositionnement clé pour les entreprisesPoints notables pour un compte d’entreprise
Banco IndustrialPlus grande banque du pays, forte capacité crédit et remesasLarge réseau (500+ agences), bonnes solutions digitales et internationales
Banco G&T ContinentalBanque universelle, forte orientation PMEPlateforme digitale avancée, culture de transparence et bonne gouvernance
BanruralBanque de développement rural, forte présence hors des grandes villesMicrocrédit, proximité territoriale, services aux petites entreprises
BAM (Banco Agromercantil)Spécialiste agricole, services complets pour entreprisesComptes 100 % digitaux, app Bamvirtual/Bamapp, solutions d’assurance
BAC CredomaticGrande banque régionale, focus cartes et paiementsBons services de commerce international et de trésorerie
BantrabBanque orientée vers les travailleurs et PMEProduits dédiés aux petites structures et forte logique d’inclusion
Citibank GuatemalaBanque de réseau mondial, clientèle corporateAccès aux marchés internationaux, produits de banque d’investissement
Scotiabank GuatemalaGroupe canadien, offre complète aux entreprisesIntéressant pour les groupes nord‑américains

Pour un investisseur étranger, choisir une banque déjà connue dans un autre pays (par exemple BAC, Citi ou Scotiabank) peut simplifier la relation, surtout si le groupe a un historique avec ces institutions. À défaut, il est utile de rencontrer plusieurs banques pour comparer leur réceptivité aux clients non résidents, leurs procédures et leurs frais.

4. Déposer le dossier et passer par l’onboarding KYC/AML

Une fois la banque choisie, débute la partie la plus sensible : l’analyse de conformité. Les réglementations guatémaltèques imposent aux banques de connaître en détail leur client (KYC), d’identifier les bénéficiaires effectifs (UBO), de comprendre l’origine des fonds et la nature de l’activité commerciale, et de documenter l’ensemble dans un dossier d’ouverture.

Parmi les pièces et informations couramment demandées aux sociétés :

Bon à savoir :

Pour ouvrir un compte, l’entité doit fournir : une copie de la nomination du représentant légal et des signataires, l’acte constitutif et les statuts, le certificat d’inscription fiscale (NIT, RTU), les pièces d’identité du représentant légal et des signataires, une facture de services publics comme justificatif d’adresse, une description détaillée de l’activité (modèle économique, marchés, principales contreparties), des références commerciales ou bancaires, et un organigramme de propriété remontant aux bénéficiaires effectifs ultimes.

Pour les entreprises détenues par des étrangers, il faut compléter ce socle par les documents de la maison mère (extraits K‑bis, certificats d’incorporation, statuts, rapports financiers) et par la documentation permettant d’identifier les UBO au‑delà de la structure guatémaltèque.

Les banques peuvent exiger une présence physique du représentant légal lors de l’ouverture pour signature des formulaires originaux et vérification d’identité en personne. Certaines acceptent l’intervention d’un avocat local muni d’une procuration (Power of Attorney), mais considèrent ce montage comme plus risqué et procèdent alors à une analyse plus approfondie.

Le délai généralement constaté pour l’activation du compte est d’environ deux à trois semaines, sous réserve que le dossier soit complet et que les réponses aux demandes d’informations complémentaires soient rapides. Dans quelques cas simples, des délais plus courts (de l’ordre de quelques jours) sont possibles, mais ce n’est pas la norme pour une entreprise étrangère.

Documents types exigés par les banques : ce qu’il faut prévoir

Les exigences exactes varient, mais le noyau dur de la documentation reste très similaire d’un établissement à l’autre. Le tableau ci‑dessous synthétise les principales pièces généralement demandées pour ouvrir un compte bancaire d’entreprise au Guatemala.

Catégorie de documentExemples de pièces attendues
Constitution de la sociétéActe constitutif / statuts, brevets de commerce (entité et établissement)
Représentation légaleCertificat de nomination du représentant légal, pouvoirs, éventuelles procurations
Identification des personnes clésDPI ou passeport du représentant légal et des signataires autorisés
Identification fiscaleCertificat NIT, enregistrement au RTU (Registro Único Tributario)
Adresse de l’entrepriseFacture d’eau, d’électricité ou de téléphone au nom de la société
Activité et modèle économiqueDescription écrite de l’activité, principaux marchés, produits, flux financiers
Références et historiqueLettres de référence bancaires ou commerciales, éventuellement bilans récents
Bénéficiaires effectifs (UBO)Organigramme de propriété, pièces d’identité et coordonnées des UBO
Documentation additionnelle pour étrangersDocuments de la maison mère, attestations de régulation, apostille et traductions

Deux points pratiques méritent une attention particulière. D’abord, la nécessité de traduire en espagnol l’ensemble des documents étrangers par un traducteur assermenté, puis de les faire apostiller (ou légaliser via le consulat pour les pays hors Convention de La Haye). Ensuite, l’importance du justificatif d’adresse de l’entreprise : dans un pays où de nombreuses activités fonctionnent encore de manière informelle, les banques veulent s’assurer que la société dispose d’une base opérationnelle claire et traçable.

Cas particulier des sociétés étrangères et des non‑résidents

Le Guatemala autorise totalement la propriété étrangère des sociétés locales, hors rares exceptions (télévision en clair, terrains à proximité immédiate des frontières). Les investisseurs peuvent détenir 100 % du capital d’une S.A. ou d’une S.R.L. sans partenaire guatémaltèque. En revanche, la pratique bancaire est plus restrictive dès qu’il s’agit d’ouvrir un compte au nom d’une entreprise contrôlée depuis l’étranger.

Représentant local obligatoire

La plupart des banques exigent qu’une société étrangère ait un représentant légal résidant au Guatemala, qu’il soit citoyen ou détenteur d’un permis de résidence. Ce représentant devient l’interlocuteur direct de la banque, engage la société par sa signature et reçoit les notifications officielles.

Attention :

Sur le plan fiscal, le SAT exige qu’un représentant légal se présente en personne pour enregistrer la société et ses obligations, renforçant ainsi l’importance cruciale de ce rôle dans la relation bancaire.

Rigidité des procédures KYC pour les étrangers

En raison des lois anti‑blanchiment, les banques sont particulièrement prudentes avec les non‑résidents. Certaines institutions choisissent purement et simplement de ne pas ouvrir de comptes à des étrangers sans historique local. D’autres acceptent, mais imposent des conditions supplémentaires :

lettre de recommandation d’une banque du pays d’origine ;

parrainage par un résident guatémaltèque (parfois exigé pour les comptes personnels mais pouvant influencer la perception globale de risque) ;

– limitation des services (pas de chéquier, pas de découvert, pas d’accès au crédit) au moins au début ;

– demandes détaillées sur les flux attendus, les pays d’origine et de destination des fonds, la nature des opérations.

Astuce :

Face à un refus bancaire souvent peu justifié, dû aux politiques internes d’appréciation du risque, le recours à un cabinet local ou à un avocat disposant d’un réseau établi auprès de plusieurs banques peut s’avérer déterminant pour une entreprise étrangère.

Ouverture à distance : possible mais rare

Sur le papier, il est possible d’ouvrir un compte bancaire d’entreprise au Guatemala sans se déplacer, via une procuration donnée à un avocat ou à un mandataire guatémaltèque. En pratique, ce montage reste l’exception : la plupart des banques privilégient une rencontre en personne avec le représentant légal, ne serait‑ce que pour des raisons de conformité.

Quand une ouverture à distance est acceptée, la banque exigera que tous les formulaires originaux, signés à l’étranger, soient envoyés en version papier au Guatemala, avec apostille et traduction, et que le mandataire local effectue les démarches en agence. Le processus sera souvent plus long et plus scruté qu’en cas de présence physique, et certaines fonctionnalités pourront être restreintes dans un premier temps.

Combien de temps et combien ça coûte ?

Les autorités guatémaltèques ne fixent pas de délai légal d’ouverture de compte. Tout dépend du profil de l’entreprise, de la banque choisie et de la qualité du dossier. Les retours d’expérience font toutefois apparaître quelques grandes tendances.

Bon à savoir :

Pour une société locale détenue par des résidents et exerçant une activité simple (commerce, services), l’ouverture de compte peut parfois se faire en quelques jours, surtout si la banque connaît déjà les actionnaires. Pour une société contrôlée par des étrangers sans historique local, le délai réaliste est de deux à trois semaines, le temps nécessaire aux vérifications de conformité.

Du côté des coûts, plusieurs composantes entrent en jeu :

Bon à savoir :

L’ouverture d’un compte nécessite un dépôt minimum, variant de quelques centaines de quetzals pour un compte simple à environ 500 USD pour un compte corporate. Les frais mensuels de tenue de compte sont souvent faibles ou nuls sur les comptes de base, mais peuvent être plus élevés pour des formules premium. Les commissions sur les opérations (virements, retraits, services internationaux, cartes) diffèrent selon les banques. Les investisseurs étrangers doivent anticiper des coûts annexes : apostille et traduction de documents, honoraires de notaire et d’avocat, ainsi que les frais de déplacement.

Le tableau ci‑dessous illustre, à titre indicatif, certains montants d’ouverture de compte observés dans le réseau retail des grandes banques (principalement pour des comptes individuels, mais révélateurs du niveau de seuil).

BanqueMontant initial typique (comptes simples)
Banco IndustrialEnviron 200 GTQ pour un compte courant ou épargne ; 5 000 GTQ pour dépôt à terme
Banco G&TEnviron 100 GTQ pour un compte courant ; 200 à 25 000 GTQ pour épargne ; 5 000 GTQ ou 1 000 USD pour un dépôt à terme
BanruralEnviron 500 GTQ ou 100 USD pour un compte courant ; 100 GTQ ou 25 USD pour épargne

Ces montants sont indicatifs et s’appliquent surtout aux produits standard. Pour un compte corporate, la banque discutera souvent au cas par cas en fonction de la taille de l’entreprise et du volume d’activité attendu.

Digitalisation, fintech et alternatives complémentaires

Le Guatemala connaît une accélération rapide de la digitalisation financière. Le taux de pénétration des smartphones dépasse 60 %, les paiements numériques progressent, et le pays compte déjà plusieurs dizaines de fintechs, surtout dans les paiements et le crédit en ligne.

Les grandes banques traditionnelles ont développé leurs propres écosystèmes digitaux : Dig&tal chez Banco G&T Continental, Bamvirtual et Bamapp chez BAM, plateformes mobiles avancées chez Banrural ou BAC. Certaines s’appuient sur des prestataires spécialisés dans l’onboarding digital et la vérification d’identité (comme Mobbeel), ce qui pourrait, à terme, simplifier les processus d’ouverture, même pour les entreprises.

Bon à savoir :

Pour les actifs Web3 ou les transactions internationales, des néobanques comme OneSafe offrent des comptes multi-devises, des conversions instantanées crypto-fiat et prennent en charge les virements ACH et internationaux. Ces solutions ne remplacent pas un compte bancaire local (pas d’ancrage réglementaire équivalent) mais peuvent être un complément utile pour gérer des flux globaux, une trésorerie en USD ou des encaissements en cryptomonnaies.

De même, certains entrepreneurs guatémaltèques choisissent d’ouvrir un compte d’entreprise aux États‑Unis (par exemple via des banques en ligne comme Mercury) après avoir créé une LLC américaine. Cette approche facilite l’accès au système financier US, mais ajoute une couche de complexité réglementaire et fiscale (obligations de reporting aux États‑Unis et au Guatemala). Là encore, ce type de compte reste complémentaire à un compte local, et non un substitut acceptable pour les obligations commerciales et fiscales guatémaltèques.

Après l’ouverture : obligations continues et bonnes pratiques

Une fois le compte ouvert, un certain nombre d’obligations continuent de peser sur l’entreprise, tant vis‑à‑vis de la banque que des autorités.

D’un point de vue conformité, les sociétés sont censées mettre en place leur propre programme de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme (AML/CFT), avec un responsable conformité dédié, des procédures de connaissance client (CDD) et des mécanismes de déclaration de transactions suspectes à l’IVE (unité de renseignement financier de la SIB) lorsque l’activité de l’entreprise le justifie (banques, assurances, cabinets d’avocats, agents immobiliers, etc.).

Bon à savoir :

L’entreprise doit respecter un calendrier fiscal strict incluant : la déclaration et le paiement mensuel de la TVA (12 %), les retenues à la source et les contributions sociales. L’impôt sur les sociétés varie selon le régime choisi : 25 % sur le bénéfice ou un régime simplifié de 5 à 7 % du chiffre d’affaires. La désignation d’un auditeur fiscal peut être requise, et la tenue d’une assemblée générale annuelle est obligatoire.

La banque, elle, garde un œil sur la cohérence entre le profil déclaré du client et ses flux réels : une société annoncée comme prestataire de services locaux qui commence à recevoir des montants importants en provenance de juridictions à risque attirera logiquement l’attention des équipes de conformité. Pour éviter blocages et demandes incessantes de justificatifs, il est essentiel de :

prévenir la banque avant toute opération inhabituelle ou de grande ampleur ;

fournir spontanément des documents justificatifs en cas de changement majeur (nouveaux actionnaires, extension d’activité, contrats significatifs) ;

– maintenir à jour les informations d’identification (adresse, téléphone, email, représentant légal, bénéficiaires effectifs).

Comment maximiser ses chances de succès ?

L’expérience des investisseurs déjà présents montre que l’ouverture d’un compte bancaire d’entreprise au Guatemala est largement une question de préparation et de gestion du risque perçu par la banque. Quelques principes augmentent considérablement les chances de succès.

D’abord, anticiper. Commencer à réunir les documents bien avant de solliciter une banque, identifier les pièces devant être apostillées et traduites, clarifier la structure de propriété, préparer une présentation claire de l’activité et des flux attendus.

Astuce :

Pour ouvrir un compte bancaire d’entreprise au Guatemala, il est crucial de sélectionner avec soin ses interlocuteurs. Évitez de déposer des demandes de manière dispersée. Privilégiez plutôt de cibler deux ou trois banques reconnues pour leur ouverture aux clients corporate étrangers. Prenez le temps de rencontrer un chargé d’affaires, de lui expliquer votre stratégie et de vérifier tous les prérequis avant d’engager la procédure formelle. Les recommandations d’un cabinet local ou d’un partenaire guatémaltèque peuvent s’avérer déterminantes pour le succès de votre démarche.

Enfin, accepter une certaine progressivité. Dans de nombreux cas, la banque commencera par offrir des services de base (compte courant en quetzals, carte de débit, accès en ligne) et élargira ensuite la palette (compte en dollars, facilités de crédit, produits de commerce extérieur) une fois un historique de fonctionnement sain établi.

Bon à savoir :

L’environnement financier est solide, en croissance et en digitalisation, offrant un ancrage dans la première économie d’Amérique centrale. Cependant, les exigences réglementaires sont strictes, surtout pour les structures étrangères, nécessitant une rigueur documentaire, un accompagnement local et de la patience.

Pourquoi il est préférable de me contacter ? Voilà un exemple concret :

Un chef d’entreprise français de 45 ans, expérimenté et doté d’un patrimoine financier bien structuré en Europe, souhaitait diversifier ses activités en créant une société au Guatemala pour optimiser sa fiscalité internationale et développer une activité de holding ou de services numériques (IT/tourisme) tournée vers l’Amérique centrale.

Budget alloué : 50000 à 100000 €, couvrant capital initial, frais de création, conseil local et mise en place opérationnelle, sans recours au crédit. Après analyse de plusieurs juridictions latino-américaines (Panama, Costa Rica, Guatemala), la stratégie retenue a consisté à opter pour une Sociedad de Responsabilidad Limitada (SRL, LLC locale), forme flexible pour les non-résidents, avec un régime d’impôt sur les sociétés compétitif et accès privilégié au marché régional. La mission a inclus : sélection du secteur (IT, immobilier, tourisme), vérification du nom et statuts en espagnol, dépôt du capital en banque guatémaltèque, enregistrement au Registro Mercantil, obtention du NIT et immatriculation TVA, mise en relation avec un réseau local (avocat, comptable, domiciliation ~2500 €/an) et choix de la structure de gérance franco‑guatémaltèque, en intégrant la convention fiscale France–Guatemala dans une stratégie patrimoniale globale.

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A propos de l'auteur
Cyril Jarnias

Expert en gestion de patrimoine internationale depuis plus de 20 ans, j’accompagne mes clients dans la diversification stratégique de leur patrimoine à l’étranger, un impératif face à l’instabilité géopolitique et fiscale mondiale. Au-delà de la recherche de revenus et d’optimisation fiscale, ma mission est d’apporter des solutions concrètes, sécurisées et personnalisées. Je conseille également sur la création de sociétés à l’étranger pour renforcer l’activité professionnelle et réduire la fiscalité globale. L’expatriation, souvent liée à ces enjeux patrimoniaux et entrepreneuriaux, fait partie intégrante de mon accompagnement sur mesure.

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